Le mois de novembre sous le signe de l‘Espérance

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2020

Par Anne-Marie Colandrea | Photo: DR

Le calendrier liturgique rythme le mois de novembre des fêtes de tous les Saints, de la mémoire de tous les fidèles défunts, à l’entrée dans le temps de l’Avent. Ne serait-ce pas une certaine illustration des promesses de l’Espérance ? Mais qu’est-ce que l’Espérance ?  

L’une des plus belles odes à l’espérance demeure celle de Péguy dans Le Porche du Mystère de la deuxième vertu, dont voici un extrait. 

« La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance. La Foi ça ne m’étonne pas. Ce n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas. Ça n’est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres. Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas. L’Espérance est une toute petite fille de rien du tout. […] La Foi voit ce qui est. La Charité aime ce qui est. L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. […] Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne, et qui fait marcher le monde. » 

L’espérance en acte, n’est-elle pas également illustrée à l’occasion de fêtes liturgiques que nous célébrons tout simplement en assemblée paroissiale ? Ainsi, nous nous sommes retrouvés pour la fête patronale, autour de la « Petite Thérèse », ce dimanche 4 octobre qui s’annonçait avec sobriété : nous ne pouvions pas envisager de repas paroissial, ni d’animations pour les enfants. Et pourtant, la joie d’être réunis s’est pleinement manifestée dans la simple et belle célébration eucharistique, quoi de plus ? Elle réunissait des représentants de nos 3 communautés : Sainte-Thérèse, Saint-Joseph et la communauté polonaise. La présence des enfants de tous âges et de leur famille rassemblant toutes les générations. Et les regards pétillants des tout-petits découvrant l’histoire de cette enfant qui voulait passer son ciel à envoyer des grâces sur la terre comme des pluies de roses. De même, les célébrations des premières communions attendues depuis le mois de mai ont touché une fois de plus les fidèles paroissiens comme les nouveaux visages venus accompagner les familles et les amis des communiants. Même si ce sont des rendez-vous habituels, fort heureusement il n’y a pas de routine pour la grâce ! Au cours des deux jours de « retraite » des enfants, nous voyons les changements, les grâces dans l’émerveillement qui traverse leur regard. Par petites touches, ils s’approprient l’expérience de la rencontre dans l’eucharistie. La routine n’envahit pas non plus le cœur à l’ouvrage de tous ceux et celles qui offrent de leurs talents au cours de ces journées pour que la Beauté et la Bonté se manifestent parmi nous.

Que faire du Notre Père?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2020

Photos: Photothèque Unige, lachristite.canalblog.com

Le Notre Père est la prière chrétienne par excellence. Les évangiles de Matthieu et de Luc rapportent que c’est Jésus lui-même qui l’enseigna à ses disciples. Prière commune à toutes les confessions chrétiennes, enseignée, récitée, pastichée, elle fait partie de notre patrimoine culturel. Pourtant, les récents débats sur la traduction française du Notre Père ont rappelé les difficultés posées par la lettre du texte ; et l’appellation même de Père n’est plus consensuelle. La récitation du Notre Père appartient-elle dès lors aux temps anciens ? Cette prière est-elle à reléguer dans les mémoires d’un christianisme (dé)passé ?

Pour tenter de répondre à ces questions, le cours public de la Faculté de théologie de l’Unige donnera la parole, cet automne, à des spécialistes des différentes disciplines de la théologie (voir programme https://www.unige.ch/theologie/actualites/que-faire-du-notre-pere-cours-public/).

En ouverture de ce cours, Andreas Dettwiler, professeur de Nouveau Testament à l’Unige, s’est posé cette question : le Notre Père est-il une prière chrétienne ? Voici un bref aperçu de ses réflexions.

Un étrange paradoxe

En prélude, le professeur Dettwiler a donné lecture d’un extrait de la première strophe du Qaddish (sanctification), qui est une des rares prières araméennes de la liturgie synagogale : « Que soit magnifié et sanctifié son grand nom… Et qu’il fasse régner son Règne… ». 

Il l’a mise en parallèle avec Matthieu 6.9.10 : « … Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne… ». 

Pour le professeur Dettwiler, le constat est sans appel, le Notre Père est une prière juive, ni plus ni moins. Toutes les affirmations du Notre Père, sans exception aucune, s’inscrivent dans le judaïsme de l’époque. Alors, comment se fait-il que cette prière juive soit devenue la prière par excellence du christianisme ? Toute prière, y compris le Notre Père assume une fonction identitaire. Dis-moi quelle prière tu récites et je te dirai à quel groupe religieux tu appartiens. 

Le Notre Père remonte-t-il au Jésus de Nazareth historique ?

Tout plaide en faveur de cette thèse, pour le professeur Dettwiler qui a rappelé que Jean Zumstein, théologien, a ainsi résumé les arguments principaux qui soutiennent la thèse de l’authenticité historique de cette prière : « Le Notre Père s’intègre parfaitement dans le monde juif du Ier siècle… Sa langue, les images et les notions qu’il utilise sont profondément enracinées dans la pratique juive de la prière et la liturgie de la synagogue. Seul un Juif nourri par la piété et la foi de son peuple peut s’être exprimé de cette manière. Et Jésus était précisément ce Juif-là. » Autre argument : « Le Notre Père ne contient aucune affirmation sur la personne de Jésus, sur la foi qui serait liée à son nom, sur la signification de sa mort et de sa résurrection. Elle ne fait pas davantage appel à des notions centrales pour les premiers chrétiens, telles que l’Esprit saint… ou l’Eglise. » Enfin, le Notre Père s’intègre harmonieusement dans ce que nous savons de la prédication de Jésus (conviction de l’avènement imminent du Règne de Dieu, etc.). Jésus aurait-il récité lui-même cette prière ? Pour le professeur Dettwiler, rien n’interdit de le penser.

Le Notre Père : quelle vision de Dieu et de l’être humain ?

Ulrich Luz, bibliste et théologien protestant suisse récemment disparu, en a donné la version suivante, a rappelé le professeur Dettwiler : « Le Notre Père commence par trois demandes centrées sur Dieu lui-même. Ce sont elles – et non mes demandes pour la réalisation des désirs humains – qui ouvrent la voie. Le fait que ces trois demandes centrées sur Dieu n’excluent pas l’être humain, mais incluent ce qui constitue le fondement de sa vie, devient immédiatement perceptible dans ce qui suit. Dieu n’est jamais sans l’être humain ; il est toujours son Créateur, le fondement de la vie, son partenaire et son vis-à-vis aimant. »

Dieu est donc un souverain bienveillant – métaphore familiale du « père » – et un souverain tout puissant – métaphore du « ciel ». L’humain, pour sa part, ne maîtrise pas sa vie, il est dépendant, fragile, faillible, tout en étant cependant capable du pardon et d’une confiance élémentaire (prière), a ajouté le professeur Dettwiler.

Le jeu des comparaisons : pièges et promesses

« Le Notre Père est tout sauf – en anglais – “naive” selon Hans Dieter Betz, spécialiste du Nouveau Testament, a rappelé le professeur Dettwiler. Malgré son extrême brièveté et son caractère polysémique, il condense en quelques lignes plusieurs éléments essentiels de la théologie de Jésus de Nazareth, sa manière de comprendre Dieu et l’être humain. Faudrait-il dès lors prendre le Notre Père pour un ABC de l’enseignement de Jésus ? Le professeur Dettwiler dit hésiter. Ulrich Luz, également spécialiste du Nouveau Testament, s’est ainsi prononcé sur le lien entre le Notre Père et son locuteur : “Est enfin typique de Jésus l’eschatologie, la vision de l’avenir, du Notre Père. Elle correspond à celle des paraboles de Jésus sur le Règne de Dieu, des paraboles qui ne veulent pas parler sur le Règne de Dieu, mais qui veulent, à partir (de l’expérience) du Règne de Dieu, éclaircir la vie quotidienne”. »

A qui appartient le Notre Père ?

A Jésus ? Jésus a partagé le sort de tous les auteurs d’hier et d’aujourd’hui qui, au moment de diffuser leurs textes, leurs idées, leurs pensées font l’étrange expérience que ce qu’ils ont produit ne leur appartient plus. Certes les Eglises ont eu le mérite d’avoir transmis ce texte de génération en génération. Mais en préservant cette mémoire, a conclu le professeur Dettwiler, les Eglises ont pris un risque considérable : elles ont décidé de maintenir en vie une parole qui les mettait constamment en question, une parole qui sollicitait le pardon divin mais exigeait également des gestes de pardon entre les humains, une parole enfin qui évoquait l’énigme du mal sans fournir de solutions très rassurantes, une parole qui, du coup, dénonçait la volonté illusoire de la maîtrise sur tout, de nous-mêmes et de nos vies.

Mort et vie

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2020

Par Thierry Schelling | Photo: DR

Mourir : trépasser, succomber, s’éteindre, décéder, expirer, mais aussi caner, clamser, claquer, calancher…

Un jour. Une fois. Une seule fois ?

Mourir à des idées, des préjugés, des projets, des relations. Mourir à soi, un peu chaque jour. Pour (re)naître. Selon le cycle non pas tant naturel – éternel recommencement… – mais « résurrectionnel » – toujours vers l’après… –, à l’image du Christ, « mort une fois pour toutes », et « vivant éternellement ». Et si nos morts étaient en fait des passages vers plus de reviviscence ?

Mourir, nourrir, sourire, pourrir… pour ne citer que quelques rimes dans un champ sémantique élargi. Entre réalisme et espérance. « Il y a quelque chose après, j’en suis sûr », me confient des parents de défunt lors de la préparation de ses obsèques. Fin espoir, rai d’un lendemain, mince comme un cheveu d’ange ?

La mort brutale, cruelle, violente, sanglante, comme celle de martyrs ou de défenseuses et -eurs des Droits humains interpelle. Dérange. Fragilise. Mobilise, aussi : ACAT, Amnesty International…

La mort inattendue, comme celle de l’abbé Marc Passera, déconcerte, rend aphone. La mort, seul.e, comme celle d’un.e conjoint.e lors du confinement strict, déchire, chamboule, « tsunamise » les survivant.e.s.

La mort, plus attristante quand elle prend la chair d’êtres que j’aime : Esther Cordero, ma grand-mère ? Annie Cordy ? Sari, le chien de mon voisin…

« Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu », assure saint Paul. Telle est notre foi. Rien, donc y compris la mort, la souffrance, la solitude. Ni la haine, la calomnie, la diffamation, l’insulte qui sont des armes mortelles… Les mots tuent, parfois.

Or, on peut aussi mourir… de rire, d’aimer, de chagrin, de faim, au monde (pour qui entre dans un ordre religieux), au péché… Mourir conduit aussi à la vie… à plus de vie… Pourquoi pas à la « mieux-vie » ?

Les messes et repas interculturels de la paroisse Saint-Joseph à Lausanne-Prélaz

 

Par Pascal Ortelli
L’interculturalité fait partie de l’ADN de la paroisse Saint-Jo- seph du quartier Prélaz-Malley à Lausanne. Depuis trois ans et sous l’impulsion de l’abbé Boniface Bucyana (curé modérateur de l’UP Prilly-Prélaz), des messes et repas interculturels sont organisés pour partager les richesses des uns et des autres.

Chacun reçoit, chacun donne
Au départ, les différentes communautés linguistiques célébraient la messe dans leur coin, « un peu comme un cheveu sur la soupe », déplore l’abbé Boniface. Les habitués de la paroisse regardaient cela de loin. Pour favoriser un rapprochement, le prêtre a proposé alors à ces communautés d’animer à tour de rôle chaque deux mois, la messe ordinaire du dimanche matin avec des chants dans leur langue et quelques gestes liturgiques propres à leur culture.

«C’est formidable! L’organiste a même accepté de jouer des partitions tirées de leurs musiques traditionnelles. On échappe ainsi à l’ostracisme d’une célébration faite dans son coin et cela nous fait voyager, tout en restant sur place», précise l’abbé Boniface. La recette fait mouche.

Aujourd’hui, il peut compter sur la présence régulière des communautés camerounaise, vietnamienne, érythréenne, italienne et rwandaise, tandis que de nouvelles demandes lui parviennent de la part des communautés indonésienne, polonaise et tamoule.

La communauté qui anime la messe prépare ensuite un repas typique. Cela permet de vivre en acte ce que l’on vient de célébrer en prolongeant le partage dans la convivialité.

Même si la pandémie empêche encore de se réunir, la paroisse ne perd pas espoir; en plus de cela, elle souhaite proposer au plus vite des repas solidaires interculturels à intervalle régulier.

Une paroisse haute en couleurs
La paroisse Saint-Joseph ras- semble les catholiques de l’Ouest lausannois. Elle est composée de plus de 80 nationalités et cultures différentes. Elle a été voulue dès 1934 dans ce quartier en pleine expansion, sous l’impulsion du curé Jacques Haas (1934-1958), à qui l’on doit la création du Centre catholique de radio et de télévision devenu aujourd’hui Cath-Info.

Nous sommes tous appelés à servir

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Val d’Hérens (VS), octobre 2020

Par Laurent Ndambi | Photo : DR

Les changements inattendus que nous venons de connaître au sein de notre secteur pastoral du Val d’Hérens avec la démission de l’abbé Claude Pauli et l’accueil du nouveau vicaire, abbé Andrien Taha, nous invitent à être à l’écoute de l’Esprit. Ces mêmes changements nous invitent aussi à ne pas oublier que l’irruption de Dieu dans l’histoire des hommes a été accueillie comme une bousculade. L’homme a senti que ses assurances étaient tombées ! Il s’est senti désinstallé, déménagé, renversé ! 

Tout changement avec ses inconnues nous plonge quelque part dans une certaine incertitude. Mais, celle-ci est toujours du côté de l’homme dans la mesure où il est incertain de lui-même et de son avenir. C’est une bonne chose que pareille incertitude puisse nous permettre de compter sur la certitude de la foi dans l’action de Dieu, dans notre abandon en sa divine providence. Ce n’est pas un abandon aveugle, si ces changements pouvaient être une occasion de nous rendre compte que le service de l’Eglise n’est pas seulement l’apanage des prêtres, mais de chaque communauté où des paroissiens n’ont pas besoin de la présence du prêtre pour se réunir et prier le chapelet, pour faire l’adoration du Saint Sacrement, pour un partage biblique, une visite des malades, pour accompagner les familles éprouvées, pour apprendre la vie chrétienne en famille, pour aller à la messe dans une autre paroisse car l’heure est à la mobilité, ou encore pour vivre une solidarité avec les plus pauvres, etc.

Bref, ne nous interrogeons pas sur l’avenir de notre Eglise, mais prenons-en tous, en tant que chrétiens, la responsabilité.

Mission salésienne en terre octodurienne ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), octobre 2020

Par André et Valérie Pianta | Photo: DR

Pourquoi Don Bosco s’intéresserait-il à Martigny ? Forts de ces mots de leur Père spirituel Don Bosco qui dit : « Les jeunes sont la partie la plus délicate et la plus précieuse de notre société », André et Valérie Pianta, Salésiens Coopérateurs de Don Bosco, ont décidé d’ouvrir une mission salésienne : Les Ateliers Jean Bosco.L’Office fédéral de la statistique relève que « les jeunes qui renoncent prématurément aux études représentent potentiellement une population à risque parce que les perspectives sur le marché du travail sont limitées pour des personnes sans formation postobligatoire ». Or, ce même office constate qu’en 2019, 5% des jeunes âgés entre 18 et 24 ans sont sans diplôme et ne fréquentent pas un cycle de formation ! Les éducateurs de rue de Martigny estiment que « près de 150 jeunes âgés de 16 à 25 ans sont sans formation et, très souvent, sans emploi. Le risque est donc qu’ils se marginalisent et se replient sur eux-mêmes ». 1

Agé de 19 ans, Jérôme * a déjà un parcours de vie difficile : à 15 ans, c’est la fin de la scolarité obligatoire. Il en fait voir de toutes les couleurs à ses enseignants car il ne comprend rien : étant dyslexique, les textes lui sont incompréhensibles. En maths, il ne comprend pas les consignes des problèmes à résoudre ; en français, il n’aime pas lire. Il occupe donc son temps en classe à bien d’autres choses ; en autres à faire des bêtises. Il a redoublé en classe primaire, et à 15 ans, on lui dit qu’il ne peut pas continuer l’école. Ouf ! Enfin la liberté. Mais il n’a pas de diplôme, pas le niveau scolaire pour commencer un apprentissage : c’est la galère qui commence. Il traîne dans la rue, fait de mauvaises rencontres : la spirale infernale débute : vivre la nuit, dormir le jour, le dimanche et le mercredi, c’est la même chose ! Il sort quand ses parents rentrent du travail, et rentre pour dormir quand ils partent au travail… Certains de ses copains ne sortent même plus, accrochés à leur smartphone sur des jeux et des réseaux sociaux qui les coupent de toute vie sociale réelle.

On lui propose des programmes d’insertion, sans succès ; des cours qui sont toujours semblables. Il ne gagne pas d’argent mais en dépense pour assouvir sa consommation de drogue ! Aujourd’hui, il veut s’en sortir : il demande à pouvoir réapprendre à se former. Il rêve de décrocher un CFC, de trouver du travail et vivre de manière indépendante, avec ce qu’il a gagné.

Les structures officielles d’orientation et de placement lui ont proposé des stages en entreprises, des cours. Mais son désintérêt, son découragement et son instabilité ont fait échouer toutes ses tentatives d’insertion. Il réalise que toutes les portes lui sont progressivement fermées et il ne lui reste plus que le service social pour lui permettre d’avoir un toit et de quoi vivre chichement. Jérôme exprime maintenant clairement sa volonté de s’investir dans une formation car il sait qu’il peut apprendre, mais qu’il a tout perdu et il a conscience qu’il lui manque de nombreuses connaissances qu’il n’a pas assimilées au Cycle d’Orientation. Malheureusement, plus grand monde ne croit en lui et en ses capacités à rebondir dans une démarche de formation. Il se retrouve sans aucune ressource financière car il n’est plus à charge des parents et il n’a jamais exercé une activité professionnelle rémunérée.

Les Ateliers Jean Bosco (AtJB) lui proposent le regard de Don Bosco, qui lui permettra peut-être enfin de croire en un avenir. Comme l’a fait et enseigné Don Bosco, notre mission est de chercher cette petite lumière de vie qui existe et qui est parfois enfouie et protégée au plus profond de chacun. Celle-ci permettra au jeune de reprendre confiance en lui et de se sentir aimé de l’amour de Dieu. Grâce à ce regard qui relève, il peut commencer à sortir de cette spirale de l’échec, de la désocialisation, voire de la délinquance et envisager de réapprendre à vivre en société et à acquérir les compétences scolaires, sociales et psychologiques nécessaires pour débuter et réussir une formation professionnelle.

Les AtJB proposent aussi un Accueil Sénevé destiné aux enfants dès 8 ans pour les accompagner dans leurs devoirs scolaires et offrir un espace d’écoute aux parents.

Les Ateliers Jean Bosco font partie du Réseau Don Bosco Action Sociale, mais ne reçoivent aucun soutien financier public. Ils ne peuvent donc exister qu’avec l’aide de fonds privés. L’avenir de cette mission ne peut être assuré qu’avec la participation de personnes bénévoles convaincues de cette présence auprès de ces enfants et de ces jeunes, ainsi que de donateurs apportant leurs soutiens financiers.

Poussez la porte des Ateliers Jean Bosco, Rue d’Octodure 1, à 50 m de l’église de Martigny-Ville. Nous vous accueillerons avec plaisir.

1 Le Nouvelliste, 4.12.2019

* Nom d’emprunt

«On n’est jamais heureux que dans le bonheur qu’on donne. Donner c’est recevoir»*

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), octobre 2020

Par Marie-Noëlle Favre, responsable du magasin solidaire | Photo: DR

Combien de familles, de personnes seules ont été aidées par le magasin solidaire NOLOCOPARTAGE depuis son ouverture en novembre 2016 ?

Grâce aux communes, aux églises, aux bénévoles, chauffeurs, commerces de la région, fondations, et vous qui nous aidez lors des récoltes, par vos dons, nous arrivons à rendre des gens heureux…

Proches & solidaires
Contact : Marie-Noëlle Favre – 079 818 45 86

Noble et Louable Contrée Partage 
Fournir nourriture, habits, régler des factures urgentes, donner la possibilité à des enfants de vivre sans honte et tristesse.

La faim, la peur, l’angoisse, la solitude, le mal vivre, la rage, tout cela on le côtoie au magasin et pourtant les bénévoles ont compris qu’en plus de leur travail, de leur écoute, de leur joie à fournir de la nourriture :

«Un sourire coûte moins cher que l’électricité, mais il donne autant de lumière. *»

Que dire de la joie des chauffeurs lorsqu’ils nous apportent tous les lundis, mercredis et vendredis les invendus des commerces ? Ils savent que cela sera utile pour des familles. Combien de fois nous entendons « mais si nous n’allons pas chercher cette marchandise? »

«Il ne faut pas attendre d’être parfait pour commencer quelque chose de bien. *»

Vous qui êtes dans le besoin, vous qui pouvez aider bénévolement et qui avez envie de le faire, venez, nous sommes là.

«Le plus grand échec c’est de ne pas avoir le courage d’oser. *»

* Citations de l’abbé Pierre.

30 ans de sacerdoce pour l’abbé Dominique Theux

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs Monthey et Haut-Lac (VS), octobre 2020 Par Sandrine Mayoraz | Photos: Pascal Theux, Bernard Cachat«Viens, suis-moi», pouvait-on lire sur les cartes d’ordination de Dominique Theux le 10 juin 1990. Après trente ans de sacerdoce, il est toujours heureux d’être prêtre, à la suite de notre Seigneur. Ordonné prêtre à la […]
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Le Rocher de la Dame (VD)

Entre Chexbres et Rivaz, le séculaire chemin de la Dame offre l’un des plus beaux points de vue sur le Léman et les Alpes.

Texte et photos par Bénédicte JollèsLe chemin de la Dame débute au bas du village de Rivaz et serpente entre les parcelles de vignes ourlées de murets de pierres. En le parcourant, vous traversez le domaine du Dézaley, un grand cru du Lavaux. Au XIIe siècle, les moines cisterciens développent leurs cultures sur ces coteaux ensoleillés. Profitez des paysages à couper le souffle, sources d’inspiration de nombreux peintres. Dans le prolongement du chemin de la Dame, un sentier herbeux conduit au Rocher de Notre-Dame surplombé d’une croix métallique. C’est un lieu de pèlerinage fréquenté jusqu’en 1863 : il permettait aux pèlerins qui ne pouvaient aller jusqu’à la cathédrale de Lausanne, interdite au culte catholique, de la contempler, particulièrement lors de la fête de l’Annonciation. 

En redescendant dans le village de Rivaz, siège du Conservatoire mondial du chasselas, poussez jusqu’au village viticole de Saint-Saphorin. Il compte parmi les plus beaux villages suisses, son centre historique aux ruelles pavées et sinueuses mérite le détour. L’église gothique renferme des restes gallo-romains, en particulier une splendide colonne romaine milliaire de l’an 53 (à droite de la porte d’entrée). Au sous-sol, profitez de son petit musée.

Itinéraire et durée du parcours

Gare de Rivaz, Rocher de la Dame : aller-retour 1 heure, dénivelé : 300 mètres

1. Rejoindre la gare de Rivaz, à 20 minutes de Lausanne. En voiture, places de parking autour du village.

2. Remonter la route de Sallaz vers le centre du village, tourner à gauche et prendre la rue du Collège puis à droite le chemin du Forestay.

3. Passer le pont, monter à gauche le chemin du Dézaley et continuer sur le chemin de la Dame.

4. Arrivé en haut du chemin de la Dame, traverser la route de la Corniche et prendre en face le petit escalier de pierre et le chemin herbeux dans les vignes. 

5. Monter sur 200 m et prendre le chemin à gauche vers la porte métallique. L’ouvrir, vous êtes à 50 mètres du rocher de la Dame surplombé d’une grande croix.

Variante jusqu’à Saint Saphorin : 45 minutes aller et retour

Dans Rivaz rejoindre le chemin du Rosset et passer devant le cimetière, suivre les indications fléchées en jaune.

Les Jeunes Bénévoles

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs Monthey et Haut-Lac (VS), octobre 2020

Par Emilie Hohenauer | Photo: Gaëtan Steiner

Pour un adulte, être bénévole en paroisse, c’est assez simple, on reçoit 2-3 consignes et hop c’est bon ! Mais pour un ado ou un jeune, ce n’est pas si simple ! A l’âge des incertitudes et des doutes, même si la motivation est là, il est bon de se former. Le Service Diocésain de la Jeunesse l’a bien compris et a mis en place une solide formation pour nous ! Ce challenge est relevé par Gaëtan Steiner et son équipe sous le nom de JB comme « Jeunes bénévoles ».Les jeunes ont tous entre 11 et 18 ans (voire même plus) et se rencontrent le temps d’un week-end dans le but de devenir aides-animateurs et même animateurs. Cette formation se divise en quatre catégories d’âge.

JB START : pour les jeunes qui sont dans leur 8e année Harmos ; ils travaillent sur l’initiation et une découverte de ce qu’est réellement la fonction d’animateur ou aide-animateur.

JB1 : pour les jeunes à partir de 12 ans ; ils approfondissent leurs connaissances sur la façon d’animer un petit groupe pour la catéchèse par exemple.

JB2 : pour les jeunes à partir de 14 ans ; ils développent des compétences personnelles ainsi que des connaissances sur la Bible qui sont plus développées. Ils apprennent aussi à animer des messes et des moments de prière comme l’adoration du Saint-Sacrement. Ils apprennent aussi à organiser un camp avec des activités.

JB3 : pour les jeunes adultes à partir de 18 ans ; ils participent à six journées de formation sur la Bible et la théologie et prennent la responsabilité d’un nouveau projet dans leur paroisse ou secteur. La première volée avec ses six JB3 obtiendra son attestation de responsable-animateur en juin 2021. 

Rencontres de formation
La rencontre de formation est organisée en général à l’internat du collège de l’Abbaye de Saint-Maurice. Au programme, après des jeux pour faire connaissance, les sujets suivants : la connaissance de soi, le développement personnel, le fonctionnement et la gestion d’un groupe. Un programme vaste et varié, qui n’empêche pas la rigolade et la joie pendant ce super week-end !

Les moments de prières comme la procession du samedi soir jusqu’à la chapelle des martyrs de Vérollier, une messe et des moments de réflexion viennent enrichir ce formidable week-end. 

Un envoi pour s’investir en paroisse
A la fin de cette formation, tous les jeunes reçoivent une attestation. Comme un envoi à s’investir plus dans nos paroisses ! Mais le jeune n’est pas « largué », au contraire, car chacun a un référent de formation qui le suit tout au long de son parcours en paroisse : une aide pour l’assurer à s’investir davantage.Une nouvelle formation JB1 et JB2 est organisée sur le week-end des 14 et 15 novembre à l’Abbaye de Saint-Maurice. 

Info et renseignements : sdj@cath-vs.ch, Gaëtan Steiner au 077 446 31 09.

Infos et inscriptions jusqu’au 25 octobre : Sandrine Mayoraz au 079 739 24 22 et Valentin Roduit au 079 855 44 39.

«Tu aimeras le Seigneur et ton prochain»

Par François-Xavier Amherdt
Photo: Pixabay
Au fond, c’est dans le grand commandement de la Bible que les communautés religieuses puisent leur élan d’engagement. Elles se mettent au service des autres pour que nous fassions tous de même.

La vie religieuse par ses trois vœux de pauvreté, obéissance et chasteté anticipe ce à quoi nous sommes tous promis dans la vie éternelle et rappelle à l’ensemble des baptisé-e-s le sens de l’existence chrétienne : Dieu seul nous comble, il nous rend totalement libres et son amour nous suffit.

Puisqu’elles sont dans le monde sans être du monde, les congrégations de consacré-e-s recréent des liens dans la société pour que l’amour de Dieu se donne à voir concrètement.

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » correspond à « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. » (Marc 12, 30-31)

Telle est la vraie « religion », du latin « religare », relier : en tissant des relations entre les êtres, nous imitons à notre humble mesure ce qui fait l’essence même de Dieu Trinité des Personnes.

« Si quelqu’un jouissant des biens de ce monde voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait en lui ? » (1 Jean 3, 17)

Affirmer servir Dieu et ne pas servir ses frères et sœurs en humanité, c’est s’installer dans le mensonge. C’est en actes et en vérité, pas seulement en mots et en langue, que nous sommes invités à nous aimer les uns les autres. Un véritable programme de vie « reliée – religieuse » !

Le temps et l’écoute

Par Sœur Catherine Jerusalem
Photo: DRServir Dieu pour servir l’autre ! Je pense que l’on peut tout à fait le formuler ainsi. Les fondatrices et fondateurs de communautés religieuses, tout en cherchant Dieu, ont voulu mettre en pratique le premier alinéa du Catéchisme de l’Eglise catholique : Dieu appelle l’homme, l’aide à Le chercher, à Le connaître et à L’aimer de toutes ses forces… Ceux qui à l’aide de Dieu ont accueilli l’appel du Christ et y ont librement répondu, ont été à leur tour pressés par l’amour du Christ d’annoncer partout dans le monde la Bonne Nouvelle.

Mais comment aimer et servir Dieu, le grand invisible, sinon dans le prochain ? L’Evangile nous donne des pistes (Mt 25). Traverser la vie en ayant les yeux ouverts, sauter dans la brèche, s’engager là où personne n’est disponible, c’est ce que les communautés religieuses ont su faire tout au long des siècles. Et quand l’Etat et la politique ont compris un peu mieux le « Droit de l’homme », les communautés religieuses ont su se retirer humblement pour trouver d’autres lieux d’apostolat. La différence du travail d’une religieuse par rapport à un salarié c’est l’écoute, c’est le temps… A la religieuse on ne demande pas un dévouement en rapport avec son salaire, elle peut donner un plus sans rendre de comptes à l’Etat.

Service, François!

Par Thierry Schelling
Photo : Jean-Claude GadmerMini-révolution dans la nomen­clature de l’Annuario Pontificio 2020 : des usuels huit titres pontificaux, seul celui d’évêque de Rome reste en première page sous le nom de François ; les autres sont regroupés sous « titres historiques »… dont celui de Servus Servorum Dei, Serviteur des serviteurs de Dieu 1… Le Pape servant autrui serait-il donc un détail de l’histoire ecclésiastique ?

Servir vraiment les pauvres
François conjugue le mot « service » à tous les temps : service des migrants d’abord, avec ses visites à Lampedusa et Lesbos, ses innombrables (r)appels de leur drame en Méditerranée aux Angélus dominicaux, l’élévation inédite au cardinalat 2 du sous-secrétaire de la section « Migrants » du dicastère correspondant 3. Service des pauvres évidemment : rôle redimensionné du jadis très cérémonial 4 Elemosiniere di Sua Santità (aumônier de Sa Sainteté), désormais envoyé auprès des barboni (clochards) à qui ils offrent douches, centre dentaire, soirée ciné, sortie à la plage, et même des glaces ! Service des souffrants également : coups de téléphone à une veuve, à des parents dont l’enfant est décédé, à une victime de racket, etc. Enfin – et non des moindres –, service des personnes en marge de la bonne catholicité : divorcés, personnes homo et transsexuelles, prêtres en difficultés personnelles, en essayant de les intégrer et non de les stigmatiser. La personne concrète avant la théorie de la personne… L’Eglise, hôpital de campagne…

La joie du service !
Il l’a écrit : « L’Evangile invite avant tout à répondre au Dieu qui nous aime et qui nous sauve, le reconnaissant dans les autres et sortant de nous-mêmes pour chercher le bien de tous. […] Si cette invitation ne resplendit pas avec force et attrait, l’édifice moral de l’Eglise court le risque de devenir un château de cartes, et là se trouve notre pire danger. » (Evangelii gaudium, 39)

Roma locuta, causa finita !

1 On attribue à Grégoire I (590-604) l’invention de ce titre pour un pontife romain.
2 Le choix d’un cardinal reste souvent une façon de donner un message sur sa vision de l’Eglise.
3 Le nom du dicastère est d’ailleurs « pour le service du développement humain intégral » !
4 François avait dit au titulaire, le cardinal Krajewski : « Tu ne marcheras plus derrière moi aux cérémonies ! »

Servir l’autre pour servir Dieu…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2020

Par Karin Ducret

Qu’est-ce que cela signifie finalement de « servir Dieu » ? Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. » Les disciples se souviennent bien du plus grand commandement de la loi : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là.  Mais comment aimer Dieu en vérité ? Dans notre vie de tous les jours avec nos mille occupations et responsabilités ? Voici le conseil de Thérèse d’Avila 1, une figure majeure de la spiritualité chrétienne : « Le Seigneur nous demande seulement deux choses : que nous l’aimions et que nous aimions notre prochain. Si nous nous efforçons à cela, nous accomplissons sa volonté. Il nous est difficile de savoir si nous aimons Dieu, mais nous pouvons savoir avec certitude que nous aimons notre prochain ! Soyez certains de ceci : plus vous ferez des progrès dans l’amour du prochain, plus vous en ferez dans l’amour de Dieu ! » Quel conseil lumineux ! Ne rencontrons-nous pas constamment des personnes engagées dans un service d’amour du prochain ?

Voici Germaine. Elle avait appris de son père que « c’était une honte d’accepter un salaire pour rendre service. » ! Infirmière, elle s’était occupée de ses parents malades, a fait du catéchisme et s’occupe encore aujourd’hui de la grotte de Notre-Dame, du service à la sacristie, de l’animation hebdomadaire de l’Adoration eucharistique, du nettoyage du linge liturgique avec Madeleine…. Et voici Aïda. Cette ancienne assistante sociale réunit en 2013 ses connaissances protestant-e-s et catholiques autour du projet d’une « épicerie solidaire ». Aujourd’hui une quinzaine de bénévoles et quelques requérants d’asile distribuent des denrées alimentaires et produits d’hygiène à une centaine de familles envoyées par l’Hospice général… Et encore Pierre. Pour lui c’est une évidence, « c’est dans ses gènes » de vivre tous les jours ce que l’Evangile nous enseigne le dimanche… Enfant de chœur, scout, catéchiste, président de CC, féru d’œcuménisme, il était membre il y a déjà 25 ans d’un groupe œcuménique s’occupant de requérants d’asile, il était membre actif du Groupe œcuménique Tiers-Monde, et encore aujourd’hui est de tous les combats pour aider son prochain – Epi-Sol, SORA, 3ChêneAccueil… Quand nous servons l’autre, nous servons Dieu !

1 Prière extraite du Château Intérieur (Ve demeures – ch. III) de sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), une religieuse espagnole, réformatrice des Couvents Carmélites, Docteur de l’Eglise catholique et Sainte patronne de l’Espagne.

Petite révolution dans l’Eglise

Première femme à occuper le poste de déléguée épiscopale «au nom de l’évêque» pour la partie germanophone du canton de Fribourg, la nomination de Marianne Pohl-Henzen reste encore assez exceptionnelle dans l’Eglise catholique. Rencontre avec une «vicaire épiscopale» pas comme les autres.

Par Myriam Bettens
Photos : Myriam Bettens, DRUne agréable fraîcheur enveloppe le visiteur dès son entrée au 38 du boulevard de Pérolles. Après une première volée de marches, la porte vitrée du premier étage s’entrouvre sur le regard interrogateur de Marianne Pohl-Henzen. La surprise laisse rapidement place à un chaleureux sourire. Elle avoue qu’avec cette soudaine notoriété, beaucoup de journalistes ont pris contact avec elle. Quelques instants lui ont donc été nécessaires afin de se remémorer lequel d’entre eux se trouvait face à elle. Depuis le 1er août dernier, cette théologienne engagée occupe le poste de déléguée épiscopale « au nom de l’évêque » pour la partie germanophone du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Cette nomination féminine est un fait encore rare au sein de l’Eglise catholique. Elle a d’ailleurs provoqué quelques haussements de sourcils en Suisse et à l’étranger, le poste ayant toujours été occupé par des hommes, et prêtres de surcroît.

De multiples missions

Bien que ce choix s’inscrive dans une volonté de donner plus de responsabilités aux laïcs et aux femmes, « s’il y avait eu un prêtre remplissant toutes les conditions, peut-être que je n’aurais pas obtenu le poste », avance prudemment Marianne Pohl-Henzen. Aucune velléité de pouvoir ne l’anime, affirme-t-elle, et rien dans son parcours professionnel ne la destinait à occuper une telle fonction. Elle entame des études de philologie classique et ce n’est que plus tard qu’elle se forme en théologie et s’engage en paroisse. Sa route la conduit ensuite à assister trois vicaires épiscopaux en tant qu’adjointe. Aujourd’hui, outre l’administration du vicariat et les ressources humaines, la déléguée épiscopale est chargée de promouvoir une pastorale en adéquation avec les besoins du terrain. « Nous avons par exemple discuté de la possibilité de poursuivre les messes télévisées initiées durant la période du coronavirus ou encore de l’organisation de l’aumônerie dans les homes pour personnes âgées », indique-t-elle. Un autre volet, plus délicat, lui incombe aussi. Celui de veiller à prévenir toute forme d’abus (sexuel, spirituel ou d’autorité) dans la partie germanophone du diocèse. Marianne Pohl-Henzen est à la fois personne de contact lorsqu’un abus est soupçonné, mais aussi en charge de l’élaboration d’un code de conduite afin de les prévenir à l’avenir.

Outre l’administration du vicariat et les ressources humaines, elle est chargée de promouvoir une pastorale en adéquation avec les réalités du terrain.

Du changement, mais en douceur

Marianne Pohl-Henzen a été nommée par Mgr Morerod, évêque du diocèse.

Les premiers temps de l’engagement de la Fribourgeoise d’adoption ont été marqués par les chamboulements induits par la pandémie. Avec le relatif retour à la normale, un rattrapage des événements annulés ces derniers mois a pu se mettre en place. Les diverses réunions et rencontres se sont donc enchaînées, souvent jusque tard dans la soirée. Elle est souvent sollicitée pour animer les rencontres des équipes pastorales. Au début de l’été dernier, Marianne Pohl-Henzen a été invitée à en coanimer une à Morat. « Cette rencontre a commencé à 9h30. L’équipe ne se connaissait pas encore très bien et souhaitait ma présence afin de faciliter le démarrage », relate-t-elle. De retour à Fribourg une séance avec les curés modérateurs de la partie alémanique du diocèse l’a occupée la majorité de l’après-midi. Ce n’est qu’aux alentours de 16h qu’elle s’est attelée à la préparation du Conseil pastoral qui s’est tenu le soir même à Saint-Antoni. La nouvelle déléguée épiscopale apprivoise encore son cahier des charges et n’exclut pas que ce dernier, déjà chargé, se remplisse encore ! Marianne Pohl-Henzen considère que sa nomination marque un petit changement dans l’Eglise et que l’engagement de femmes à des postes à responsabilités pourrait changer la vision des jeunes vis-à-vis de l’institution.

Un tour d’horloge

→ 8h
Traitement des affaires courantes au vicariat

→ 9h30-12h30
Coanimation de la rencontre de l’équipe pastorale à Morat

→ 13h30-16h
Réunion des curés modérateurs à Fribourg

→ 16h
Préparation du conseil pastoral

→ 18h30 à 22h
Conseil pastoral à Saint-Antoni

Religieuse parmi des personnes séparées ou divorcées

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), octobre-novembre 2020

Par Sœur Anne-Roger Prétôt | Photo: Père Francis Zufferey

Membre de la congrégation des Sœurs de charité de la Sainte Croix d’Ingenbohl, Sœur Anne-Roger Prétôt fait partie de ces religieuses et religieux dont le parcours de vie reste tout orienté par le service incarné de multiples manières. Elle témoigne ici d’un engagement particulier en faveur de personnes séparées ou divorcées.Elle est probablement vraie la parole du Psalmiste qui nous dit : « Que les voies de Dieu sont impénétrables. » (Psaume 139)

C’est le 14 mai 2008, après déjà un long parcours en Eglise que je suis nommée par Mgr Bernard Genoud « Juge-auditeur » auprès de l’Officialité diocésaine du Diocèse de Lausanne, Genève, Fribourg et Neuchâtel. Appel d’Eglise qui me surprend. Projet d’Alliance avec Dieu qui ajoute à mon ministère une autre couleur, un autre grand défi. Une mission pour accueillir ceux et celles qui souffrent et se font mutuellement souffrir, pour que les larmes versées ne coulent plus en vain. « Mon divorce est un tsunami » me confiait un jour une personne concernée par ce dernier. Une vague de fond qui bouleverse tout soudain un amour promis pour la vie et dont on aspire à retrouver les eaux calmes de la sérénité et de la paix. La place de la religieuse dans un tel ministère, c’est tout d’abord la place de la femme. Celle qui dans un corpus majoritairement ecclésiastique est celle qui entend autrement, qui perçoit différemment, qui décode les messages reçus avec une acuité toute particulière pour déceler la fine brisure de la blessure. Et sa consécration religieuse donne à l’échange un autre éclairage d’une « vie amoureuse » vécue dans le don total de la chasteté.

Avec le temps, mon ministère à l’Officialité s’est élargi à la pastorale des familles qui me donne l’occasion d’approcher les groupes « Revivre » dans la mouvance des rencontres « Alphalive ». Ces parcours « Revivre » s’adressent à toute personne séparée qui vit ou a vécu un divorce. Il donne à la personne de rencontrer, d’échanger avec d’autres personnes divorcées. Au sein de ces parcours, j’anime des groupes de paroles et chemine plus longuement avec celles qui le souhaitent.

Une religieuse avec les personnes divorcées ou séparées. Une femme d’abord témoin de l’invisible présence.Au sein de l’Unité pastorale Sainte-Claire, le groupe « Ensemble séparé-e-s » propose rencontres et loisirs destinés à des personnes ayant vécu une rupture de couple. Sœur Anne-Roger a joué un rôle important dans la mise en route de ce groupe. Renseignements concernant les activités proposées : www.paroisse.ch ou auprès de Joël Bielmann (joel.bielmann@cath-fr.ch / ( 079 718 55 56)

Religieux, religieuses et autres baptisés: merveille des vocations!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), octobre-novembre 2020

Par le Père Alain Voisard | Photo: Joël Bielmann

« Ce qui m’émerveille en ton Eglise, c’est le nombre de congrégations religieuses, ayant chacune un but particulier, et tous ensemble, vous êtes une seule Eglise. » Parole d’un ami pasteur.

Les congrégations religieuses sont nées, au cours de l’histoire de l’Eglise, en réponse aux faims des gens, à la misère et la pauvreté. Les fondateurs des communautés ont été sensibles à certains de ces aspects et ont tout fait pour que l’Eglise puisse être présente, de façon particulière, à telle ou telle catégorie de personnes : auprès des malades, dans les hôpitaux, les prisons, les écoles, les orphelinats, au service de la catéchèse, de la prédication, des missions, de la charité… Leur but profond est de rendre l’Eglise proche de ces personnes, qui, dans la foi, sont présence de Dieu parmi nous. D’autres congrégations ont un but de présence au monde par le silence, la prière.

La présence d’une communauté religieuse en un lieu peut être pour les familles un lien de paix et de confiance. Pour l’Eglise, une force de témoignage, à côté des prêtres souvent seuls avec 3, 4 ou 5 paroisses ou même plus.

Il y a 50 ans, l’évêque avait fait appel à notre congrégation pour une présence priante au cœur de la capitale des Philippines. Dans les premiers mois de leur présence en ce lieu, les gens se disaient :
« Viens voir, il y a des hommes qui prient. »

Un évêque français, lui aussi religieux d’une autre congrégation, a fait appel à notre congrégation, il y a 6 ans, pour que 3 de nos religieux soient à la tête d’une paroisse au cœur de la ville principale.
« Pour moi, il est très important que dans une paroisse de la ville il y ait une présence religieuse ! »

Avec le temps, l’Etat a pris en charge ce que religieuses et religieux avaient si bien mis en route. Ce qui permet aux communautés religieuses de s’engager ailleurs, dans de nouvelles situations en ce monde qui change et qui fait naître d’autres lieux appelés à devenir terrain d’Evangile.

En notre Europe, même si certaines congrégations arrivent au bout de leur engagement, faute de relève, il est d’autres congrégations nouvelles qui peuvent éclore en réponse aux faims de notre temps.

Je ne puis parler des communautés religieuses sans m’émerveiller en même temps de la place des baptisés dans la vie de l’Eglise aujourd’hui. Notre Concile a ouvert un formidable puits de jeunesse de l’Eglise en permettant aux baptisés de vivre pleinement leur foi. Le nombre de prêtres diminue, certaines congrégations ont fini leur engagement, mais il y a cette merveilleuse place donnée aux laïcs pour poursuivre le chemin de vie de l’Eglise.

Congrégations religieuses, paroisses, laïcs engagés, la chance de l’Evangile dans le monde ! L’Esprit Saint n’est pas moins présent qu’autrefois au cœur de l’Eglise. A nous de l’écouter. A nous de suivre son chemin.

Où en suis-je face à cette pandémie?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), octobre 2020

Par Dominique Perraudin | Photo: ldd

Ne disait-on pas des premiers chrétiens: «Voyez comme ils s’aiment?» Aujourd’hui on pourrait se dire: «Voyez comme ils ont peur!» Lors du confinement j’ai ressenti comme un abandon, comme si j’avais été mis en quarantaine de Dieu… Plus de bergers!Beaucoup ont organisé des chaînes ou des groupes de prières. J’en ai fait partie… Merveilleuse initiative. Mais il y a tout de même des choses incompréhensibles : pas de possibilité de communier ! Les épiceries vendaient bien du pain alors pourquoi ne plus pouvoir goûter au Corps du Christ ? Et surtout pourquoi ne pas avoir pu aider des personnes qui se sentaient vraiment abandonnées en leur apportant la communion évidemment avec certaines règles précises ?

Par ailleurs, j’ai lu deux articles dans l’Echo Magazine. Le premier celui d’un prêtre jurassien, l’abbé Bernard Miserez, qui expliquait que l’Eglise et ses ministres avaient très peur et ont eu tendance à se renfermer sur eux-mêmes. Le deuxième, du Père Nicolas Buttet, qui explique que l’Eglise a manqué son rendez-vous avec le Covid-19. Je ne juge pas ces prises de positions. Il y a certainement du vrai au cœur de ces textes. Mais je pense qu’il n’y a pas de fumée sans feu ! En fouillant internet sur ce sujet, j’ai trouvé cette interview du pape François 1 dont je vous livre quelques extraits :

Conseils du pape François
« Comment le vivre spirituellement ? Je prie plus, parce que je pense que je dois le faire, et je pense aux gens. […] Je pense à mes responsabilités actuelles et aux conséquences… Les conséquences ont déjà commencé à être tragiques, douloureuses, alors il vaut mieux y penser maintenant. Ma plus grande préoccupation – du moins, celle que je ressens dans la prière – est de savoir comment accompagner le peuple de Dieu et être plus proche de lui. »

En ce qui concerne l’attitude des évêques et des prêtres, le Pape a redit que « le peuple de Dieu a besoin que le pasteur soit proche de lui, qu’il ne se protège pas trop… La créativité du chrétien doit se manifester en ouvrant de nouveaux horizons, en ouvrant des fenêtres, en ouvrant la transcendance vers Dieu et vers les hommes, et elle doit être redimensionnée dans le foyer. Il n’est pas facile d’être enfermé à la maison ».

Les défis de l’Eglise après la crise. A propos de l’Eglise d’après-crise, François confie : « Il y a quelques semaines, un évêque italien m’a appelé. En détresse, il m’a dit qu’il allait d’un hôpital à l’autre pour donner l’absolution à tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur, en se mettant dans le hall. Mais certains canonistes qu’il avait appelés lui ont dit non, que l’absolution n’est permise que par contact direct. « Père, que pouvez-vous me dire ? », m’a demandé l’évêque. Je lui ai dit : « Monseigneur, faites votre devoir de prêtre. » Et l’évêque me dit : « Merci, je comprends. » Puis j’ai appris qu’il donnait l’absolution partout. »

« En d’autres termes, l’Eglise est la liberté de l’Esprit en ce moment face à une crise, et non une Eglise enfermée dans des institutions… Le dernier canon dit que tout le droit canonique a un sens pour le salut des âmes, et c’est là que la porte nous est ouverte pour sortir et apporter la consolation de Dieu dans les moments de difficulté », explique le Pape. L’Eglise et le reste de la société doivent donc tout faire pour « prendre en charge l’Histoire ». « Ce que je demande aux gens de faire, c’est de prendre en charge les personnes âgées et les jeunes », et toutes les personnes « dépouillées » ou « escroquées » en ce temps de crise.

Enfin, j’en reviens à la peur. Jésus n’a-t-il pas affirmé : « Si vous ne revenez pas comme ces enfants vous n’entrerez pas au royaume des cieux. » Et moi ai-je la foi et la confiance d’un enfant envers Jésus ? 

1 Interview avec le journaliste britannique Austen Ivereigh publiée dans plusieurs médias anglophones et dans La Civiltà Cattolica.

Servir l’autre pour servir Dieu

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), octobre-novembre 2020

Texte et photo par Jean-Bastien Mayoraz 

« Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. » (Mat 25, 40)

Ce passage de l’Evangile peut nous amener à penser que servir l’autre est un « devoir » inhérent à la vie chrétienne. Cependant, une telle conception comporte deux dangers. Le premier est de réduire la notion du service à des fins intéressées, c’est-à-dire en vue d’obtenir ou de ne pas perdre quelque chose, comme l’approbation de Dieu ou, tout simplement, son « ticket d’entrée » au ciel. Servir l’autre dans le sens d’un devoir nous amène finalement à ne servir personne d’autre que nous-même. Le deuxième danger est d’envisager qu’en servant l’autre, Dieu nous aimera davantage. Or, avec un tel raisonnement, nous réduisons Dieu à notre amour conditionnel et limité, et Dieu est beaucoup plus grand que cela, Il est Amour sans limite. Inutile donc de servir son prochain dans l’espoir de gagner l’Amour de Dieu, puisque nous l’avons déjà dans son infinité, malgré tout ce que nous faisons ou ne faisons pas ! Servir l’autre ne doit, par conséquent, pas être compris comme un devoir chrétien ou une condition pour que Dieu nous aime, mais comme la conséquence inévitable de son Amour pour nous et de notre amour pour Lui.

Servir l’autre implique également de renoncer à certains concepts propres à la rationalité humaine, comme l’efficacité, le rendement ou l’utilité. Ces notions qui nous sont si chères dans le contexte professionnel risquent, en effet, de dénaturer la gratuité du service et d’en supprimer la dimension essentielle. Dieu ne demande pas de « comptes » ou de « chiffres verts », Il demande simplement un cœur aimant, avec toutes les conséquences qui en découlent. A cette fin, évitons de nous convaincre que nous sommes capables de disposer d’un cœur aimant par nos propres forces, comme nous pouvons, par exemple, contracter un muscle. Avoir un cœur aimant demande, au contraire, un lâcher-prise de notre part, puisqu’il requiert avant tout de se laisser aimer par Dieu. Ce n’est qu’en nous laissant aimer profondément par Lui, que nous pourrons alors aimer un peu plus comme Lui. Plus nous nous laisserons bronzer par son Amour infini et inconditionnel, et plus nous pourrons, consciemment ou non, le diffuser autour de nous, que ce soit à travers notre regard, nos paroles ou nos actes. Ce n’est que rempli de l’Amour de Dieu que nous pourrons aimer véritablement l’autre. Et ce n’est qu’en aimant véritablement l’autre que nous servirons Dieu.

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