Christ est ressuscité !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), avril 2021

PAR ISABELLE VOGT | PHOTO : MARIE-ANGÈLE CARRON

Il y eut la Passion, la Croix, et le tombeau.

Ils crurent que tout était perdu, ils ne comprenaient plus rien.

Ils avaient tant espéré en ce Jésus de Nazareth,

Le prophète successeur d’Elie et de Jean le Baptiste.

Et puis plus rien, le néant, la nuit, la peur.

Jusqu’à ce qu’une femme vienne leur dire :

« Il est ressuscité, le Vivant, je l’ai vu ! »

Ils ne crurent pas Marie de Magdala

et coururent à leur tour au tombeau – vide.

De cette absence, Dieu a fait une présence.

Il n’est plus là, l’homme Jésus, mais Christ, le Fils de Dieu,

est présent, hier comme aujourd’hui, tout au fond de nos cœurs.

Chacun.e de nous est le corps du Christ,

Et toutes et tous ensemble, nous sommes son Eglise.

C’est ça, le message de Pâques :

Christ est ressuscité, il vit pour toujours, dans nos cœurs,

alléluia !

OpenSky,le pari fou est lancé

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), avril 2021

Chaque deux ans, le festival OpenSky rassemble, en temps normal, plus de mille trois cents jeunes de toute la Suisse romande sur un week-end à Fully pour prier, danser, chanter et louer Dieu.

Cette année, le festival aura bien lieu. Mais différemment.

PAR YVES CRETTAZ

Infos et inscriptions

sur www.opensky-fully.ch

 

Dans l’édition du mois de mars, on vous rapportait un interview de Pauline et Aurélie, deux sœurs croyantes, pratiquantes mais aussi récentes finalistes de la mythique émission Pékin Express sur M6. Elles devaient être les grandes invitées du festival OpenSky les 19 et 20 mars à Fully pour témoigner de leur parcours sur la chaîne française et de leur foi devant plus d’un millier de jeunes. Malheureusement, coronavirus oblige, elles n’ont pas pu se rendre dans le Bas-Valais.

Aujourd’hui, à la lecture de cet article, on peut donc en déduire que le festival OpenSky a été tout simplement annulé. Eh bien, non, détrompez-vous : le festival s’est réinventé et se passe actuellement, en mode corona-compatible bien évidemment. Les organisateurs ont décidé de maintenir cette quatrième édition dans un but d’évangélisation.

Se déroulant du 19 mars (jour de la Saint-­Joseph) au 23 mai (jour de la Pentecôte), la manifestation s’organise en présentiel à travers tout le Valais francophone.

Plus d’une vingtaine d’activités sur inscriptions et gratuites sont proposées, principalement réparties sur les week-ends. Les jeunes Valaisans (entre 16 et 30 ans) peuvent donc vivre différents temps d’adoration, de veillées, de célébrations, de témoignages, d’ateliers, mais également de formations.

En ce qui concerne la programmation, toutes les dates ne sont pas encore sorties mais on peut déjà vous confirmer la présence des deux sœurs lilloises Pauline et Aurélie. De plus, le groupe de pop louange français Be Witness sera également de la partie pour animer différents ateliers et célébrations, tout comme l’évêque suisse des jeunes, Alain de Raemy, qui revient pour célébrer une grande messe des jeunes. Plusieurs autres invités, principalement de la région, seront présents pour animer cette quatrième édition répartie sur plus de soixante-cinq jours.

Comme aiment bien dire les organisateurs, cette manifestation est « une porte d’entrée à la foi » pour permettre de montrer à chacun-e que la foi catholique sait aussi être jeune et dynamique. Cette année encore, malgré la pandémie et l’organisation différente, le comité a réussi le pari fou de faire vivre la foi aux jeunes dans un esprit jeune et solidaire… et en présentiel !

 

Il n’y a pas de mort

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), avril 2021

LE BILLET DE PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL | PHOTO : DR

Je viens de visionner le Temps présent consacré aux expériences de mort imminente (EMI). Les scientifiques s’intéressent à ce phénomène vécu par tant de personnes, de provenances si différentes, mais qui concordent en parlant d’une sortie du corps, d’une lumière étincelante mais pas éblouissante, d’un sentiment de profond bien-être, d’une sortie du temps (puisque certaines voient défiler toute leur vie), de proches qui les accueillent, etc. Les études montrent qu’environ 4% de la population ont vécu une EMI ; peut-être l’avez-vous vécue vous-même, ou du moins connaissez-vous une personne qui est passée par là. Une paroissienne m’a raconté qu’elle s’était vu partir ; elle se sentait si bien. Puis, elle a entendu ses enfants pleurer, et pour eux, elle est revenue. Cela m’avait bouleversé.

Un « experiencer » proche de Genève, Jean-Paul Duc, auteur d’Entre la vie et la mort, mon cœur balance, témoignait : « Avant, j’avais une peur abominable de la mort. Aujourd’hui, cette peur a disparu. Complètement. Avez-vous peur d’un ciel bleu ? Si quelqu’un a peur de la mort, qu’il sache au moins que c’est inutile : il n’y a pas de mort. Quand vous la verrez, vous comprendrez. »

Est-ce que cela ne rejoint pas profondément notre foi en la Résurrection, que nous fêtons en ce début du mois d’avril ? La mort n’est pas le dernier chapitre de notre vie, mais un passage, une pâque vers la vie qui nous attend.

C’est justement ce que m’a dit un confrère, à qui j’ai rendu visite aujourd’hui à l’hôpital, peut-être pour la dernière fois : « Pascal, maintenant je vais consacrer les dernières forces qui me restent pour me préparer à ce passage qui m’attend. » Alors qu’il insistait sur ce mot de passage, son regard s’illuminait.

Bonne fête de Pâques, dans la joie du Ressuscité… orientés avec confiance et sérénité vers notre propre pâque !

 

Le chanoine Bernard Gabioud

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), avril 2021

En ce début d’année 2021, les paroisses d’Entremont accueillent un nouveau desservant,
le chanoine Bernard Gabioud qui a rejoint officiellement la communauté occupant la cure d’Orsières. C’est l’occasion rêvée d’une rencontre. Celle-ci se déroule dans la grande salle
de la cure, si belle avec son plafond voûté et si chaleureuse avec sa cheminée dans laquelle
le feu crépite. Un moment privilégié qui favorise les confidences…

PAR MICHEL ABBET | PHOTOS : BERNARD GABIOUD

Bernard Gabioud : venir habiter

à Orsières, c’est un retour aux sources ?

C’est un lieu chargé de vie pour ma famille : mes parents ont vécu leur jeunesse dans cette commune, un chalet à Commeire a d’ailleurs maintenu et développé des liens forts entre notre « tribu » et cette région.

La famille a une grande importance

pour vous ?

Oh oui ! Je suis l’aîné d’une fratrie de dix enfants. Donc j’ai appris très jeune ce que voulait dire vivre en communauté, se frotter aux personnalités et aux caractères différents. Et surtout s’aimer très fort, au point d’être un peu malheureux quand l’autre était absent ! Ce qui n’empêchait pas une dispute sitôt que l’on se retrouvait…

Un prélude à la vie religieuse ?

Il y a quelques similitudes. Dans une famille comme dans une communauté, on ne se choisit pas, on s’accueille, avec ses qualités, ses défauts, ses capacités ou ses incapacités… On apprend à mettre son ego au deuxième plan, ce n’est pas un mal.

Votre vocation ?

Le premier souvenir marquant me vient de mes 11 ans, lorsque j’étais seul à travailler aux champs, suite à une dispute avec mon frère qui nous avait valu une punition paternelle. J’étais en rage contre mon frère, quand, soudain, une grande paix m’a envahi au moment où j’ai ressenti le désir de devenir prêtre… sans savoir très bien ce que cela signifiait. Le soir, je me suis confié à ma maman, qui a « accueilli » cette nouvelle un peu à la manière de Marie : tout en douceur !

Devenir prêtre, (il a été ordonné en 1970)

c’est donc l’aboutissement d’un long

cheminement ?

Cela signifierait qu’on aurait atteint un sommet… Oh non, le cheminement continue, c’est l’œuvre de toute une vie. En fait chacune de nos vies demande de « cheminer » pour parvenir à l’aboutissement qui ne viendra qu’en bout de course…

En plus de la vie religieuse, vous avez

un amour fort pour la montagne,

ce qui vous a poussé à devenir guide.

Je dirais que le métier de guide m’a appris à être prêtre au milieu et au service de mes frères et sœurs… Oui, la montagne a eu une énorme importance dans mon existence… A travers elle, j’ai pu vivre pleinement ma vie de prêtre et de religieux

Comment ?

J’avais besoin de ces espaces silencieux pour ressentir pleinement ma vocation. Gravir une montagne à deux ou trois, atteindre un sommet, ce n’est pas anodin. On « rentre » ensuite transformé, riche d’une expérience nouvelle.

L’idée d’un exploit vous a titillé ?

Une première par exemple…

L’exploit pour être connu ou reconnu ne m’a jamais tenté. Mais la montagne a fait éclore en moi le désir… du désert, cet endroit dépouillé de tout, espace de solitude et de conditions extrêmes qui annihile vanité et superficialité pour permettre la rencontre avec son Seigneur en vérité !

Le désert ?

Oui. J’ai été marqué par une personne : Charles de Foucauld que j’ai eu l’occasion de « connaître » en préparant et prêchant une retraite à des petites sœurs de Jésus, au début de mon ministère. Son regard m’a frappé et interpellé. Dans ses yeux, il me semblait pouvoir lire une Présence immense et fascinante… D’où cette envie irrésistible d’aller au désert, pour rejoindre cette Présence en moi et mieux me connaître.

Qu’est-ce que cela signifie

« se connaître » ?

Vaste question… C’est aller chercher au plus profond de soi-même pour trouver son essence. Etty Hillesum dit cela beaucoup mieux que moi.

Etty Hillesum ?

Une personnalité incroyable, juive hollandaise qui a tenu un journal intime de 1941 à 1943, année de sa mort dans le camp d’Auschwitz. Sa relation intime avec Dieu, dans les conditions atroces qui étaient les siennes lors de la guerre, est pour moi une source inépuisable d’émerveillement. Voici un court passage qui pourrait nous éclairer : « Il y a en moi un puits très profond. Et dans ce puits, il y a Dieu. Parfois, je parviens à l’atteindre. Mais plus souvent, des pierres et des gravats obstruent ce puits et Dieu est enseveli. Alors il faut le remettre au jour. » Ces mots sont une invitation pour chacun à quitter la superficialité pour faire silence afin de trouver ou retrouver l’« être » qui est relation avec Dieu.

Une dernière confidence…

Quel sera votre ministère ici ?

J’ai passé le temps d’agir, d’ailleurs mes forces actuelles ne me le permettent plus. Je ne désire plus « faire », mais « être ». Alors, je serai « avec » les paroissiens d’Entremont comme Jésus est « avec » nous, dans un ministère de compassion.

 

Tobit: enterrer les morts

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR

Déporté à Ninive en Assyrie, le Galiléen Tobit, père de Tobie le héros du livre qui porte son nom, se fait un point d’honneur de « récupérer » les corps de ses compatriotes exilés et tués pour les enterrer, selon les rites de leurs pères. En effet, le roi assyrien Sennakérib, de retour de Judée où il n’avait pas remporté le succès militaire escompté, entreprit de se venger en exécutant un grand nombre d’Israélites qu’il faisait ensuite jeter par-dessus les remparts de Ninive. Avant que le souverain ne pût retrouver les corps, Tobit s’empressait de les dérober pour les ensevelir.

Cette pratique de « fossoyeur clandestin », dénoncée au monarque par un Ninivite, lui valut ensuite d’être dépossédé de ses biens et le contraignit à la fuite. Mais il put revenir dans la cité assyrienne après le décès du tyran, grâce à l’intercession de son neveu Ahikar, maintenu comme échanson, garde du sceau, administrateur et maître des comptes par Asarhaddone, le fils de Sennakérib (Tobie 1, 15-22).

La fidélité de Tobit à l’Alliance se traduisait donc par l’accomplissement de démarches concrètes mettant en pratique les commandements. A côté de la sépulture procurée aux morts, il exerçait
en effet également l’aumône, remontait à Jérusalem en pèlerinage et s’acquittait de la dîme (Tobie 1, 3-9). Eloigné de sa terre et de son peuple, Tobit se maintenait donc dans « le chemin de la vérité » (1, 3) par la mise en œuvre des prescriptions prévues par la Loi, celles-ci pouvant être accomplies dans n’importe quel contexte, même en exil.

C’est tout l’enjeu de la réalisation et de l’évolution des rites. Rester attaché à ceux issus de la Tradition permet de conserver un sentiment d’appartenance et de communion : cela donne une identité, structure la foi, facilite l’expression extérieure des convictions et sentiments intérieurs. Mais en même temps, il convient de savoir les adapter aux cadres nouveaux auxquels nous sommes confrontés à chaque époque, afin que les formes renouvelées mises en place correspondent à l’esprit fondamental des rituels. Et ainsi procurer une sépulture digne a constitué dans la Tradition chrétienne issue de l’Ecriture l’une des « sept œuvres de miséricorde corporelle », quelle que soit la forme qu’elle ait prise
au long des siècles.

 

Rites à la carte

On pourrait presque polémiquer : vu le nombre important de baptêmes, mariages, confirmations célébrés pour des non-« pratiquants réguliers », ne brade-t-on pas un peu vite ces sacrements ? Essai de réponse.

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTOS : CIRIC, DR

« Dans notre famille, explique Emma, on est tous baptisés, alors c’est important que je le sois aussi. » Les motifs qui acheminent ces jeunes adultes au secrétariat d’une cure sont divers. Et il convient d’y répondre, car l’Eglise est un service, quitte à surprendre : « Quoi, six mois de préparation ? Mais on veut juste se marier, nous ! », s’exclame Mario lorsqu’on lui explique le programme…

Sens d’un sacrement

Aux questions : « Croyez-vous en Dieu ? L’évangile vous inspire-t-il ? Priez-vous ? », les réponses sont souvent vagues : « Je crois mais je ne pratique pas… Je suis croyant, mais l’Eglise, vous savez… ». Du coup, la notion que par un sacrement « le chrétien participe au sacerdoce du Christ et fait partie de l’Eglise » 1 est un peu chahutée car souvent, baptiser, communier ou confirmer est vécu comme un « happening » sans lendemain, voire un trophée de fin de course…

Rigueur par cohérence

Comment réagir ? « La grande majorité des mariages sont nuls », avait déclaré le pape François lui-même (2016), précisant que les fiancés « ont la bonne volonté mais pas la conscience » de ce qu’ils demandent. Alors pourquoi n’osons-nous pas dire non, non par « eugénisme religieux » mais par cohérence tout simplement ? « Ah oui, la Bible, ce gros livre… Non, je ne l’ai pas lue, pourquoi, c’est intéressant ? », m’avait dit un fiancé en toute candeur…

Qui prépare aux sacrements est souvent confronté à un paradoxe : le leitmotiv de ces dernières décennies (« les églises se vident… »), vérifié certes en partie si l’on s’en tient au lieu traditionnel de célébration qui est l’église paroissiale, est contredit par les nouveaux « lieux de pratique », parfois surpeuplés, que sont les chemins de pèlerinages, les monastères, les JMJ, les communautés nouvelles, les mille et une formes de solidarités humaines – pour ne parler que du catholicisme contemporain.

Accueil, d’abord !

« La seule vraie raison, c’est Dieu qui
les attire », répond Fabienne Gapany,
formatrice en catéchèse et coordinatrice du catéchuménat sur Vaud, « tout simplement Dieu toujours déjà là, comme disait Zundel ».

La demande d’un sacrement a toujours une issue concrète : mariage prochain, devenir marraine/parrain, curiosité, recherche de sens… ; elle est une première réponse à cet appel de Dieu, « bien avant que les « demandeurs » ne prennent conscience de leur désir », précise Fabienne Gapany. « J’essaie d’être bien à l’écoute pour comprendre ce qui motive les demandes, explique Elvio Cingolani, curé modérateur de l’UP Plateau, Genève. « Il y en a une multitude: grands-parents, traditions, visions magiques… Mais Jésus n’a-t il pas commencé avec les personnes là où elles en étaient dans leur vie ? » demande-t-il.

L’importance d’un accueil sans préjugé – « positif et bienveillant », aime à dire Elvio Cingolani – permet d’entamer un dialogue, une rencontre, un échange. Les gens sont dès lors mis en route : « Ils découvrent peu à peu que leur demande est arrivée à un moment où ils sont prêts à se laisser conduire par Dieu », témoigne Fabienne Gapany. Une naissance, une déclaration d’amour, un décès sont des temps forts de la vie qui immanquablement chamboulent les personnes, corps et esprit ! Les accompagner vers un sacrement leur permet d’apprendre « à relire leur vie avec Dieu, découvrant comment il les accompagne depuis toujours ».

Accompagner

Comment comprendre la notion d’agrégation au Corps ecclésial que le sacrement implique : vaine, si aucune suite n’est donnée ? « Non, rétorque Fabienne Gapany, ce serait considérer le sacrement sous un jour « utilitaire ». Le sacrement, c’est un don purement gratuit. Dieu se débrouille avec les personnes qu’il choisit pour vivre les sacrements ; s’il veut les envoyer à la messe, il les envoie à la messe. »

Se préparer à un sacrement peut être vécu selon le schéma d’une « conversion paulinienne » 2 : un « temps fort » (demande en mariage, naissance, etc.) qui nécessite un accompagnement pour être vu à la lumière de Dieu… « Grâce à l’abbé Marc 3, puis à vous, j’ai apaisé ma peur de ne pas savoir beaucoup de choses lors de ma demande de baptême… Mais j’ai une telle foi, vous savez, et j’adore organiser les Repas solidaires ! », confiait Marie-Ange, 37 ans, baptisée le 30 janvier dernier dans la paroisse Saint-Joseph à Genève. « Mon cœur est ardent, mais vous m’avez nourri l’esprit ! » Accompagner signifie bien « aller manger le pain ensemble » 4 en prenant la cadence de l’autre. « Si les baptisés (confirmés, « eucharistiés ») viennent à la messe et fréquentent leur paroisse (ou un groupe de jeunes, ou une aumônerie, ou je ne sais quoi), tant mieux, renchérit Fabienne Gapany. Mais j’ose espérer que la vie chrétienne et ce que les sacrements nourrissent « débordent » largement la messe ».

Besoin de rites

« En général je pense que nous ne devrions pas commencer par imposer nos conceptions toutes faites, mais partir de la pauvre réalité pour tendre vers plus haut, conseille Elvio Cingolani. Et à partir de là, j’ »évangélise ». Et tant pis si je dois adapter les rites officiels. » Ajuster pour se faire comprendre : « Oui, notre langage peut paraître étrange, partage l’abbé Philippe Matthey, curé modérateur des Rives de l’Arve et engagé dans la pastorale du mariage à Genève depuis 20 ans, mais ils sont curieux, « preneurs » même, alors qu’il fut un temps où l’étrange était à bannir. » Et Philippe Matthey de conclure : « Leur demande d’un mariage à l’église ou de la confirmation réveille souvent quelque chose dans leur conscience : leur bonheur est d’une façon ou d’une autre lié à Dieu. »

Une vérité de foi universelle : « Pour les personnes souffrant de toute sorte de précarités, explique Inès Calstas, responsable de la Pastorale des milieux ouverts sur Genève, les sacrements, ces gestes visibles et concrets, sont très importants : malgré l’exclusion sociale qu’elles vivent au quotidien, par notamment la célébration de leurs sacrements, elles appartiennent à la communauté humaine… » Et de conclure : « La foi qu’ils vivent en cachette peut être partagée, ils sont reconnus fils et filles de Dieu. »

Cheminer

Dès lors, à la suite d’une demande « simple » d’un baptême ou d’un mariage, selon l’accueil et la préparation, il s’ensuit parfois des questionnements, de nouvelles rencontres, voire une envie d’approfondir sa foi : « Les sacrements nous ouvrent les yeux sur l’invisible et nous révèlent la vérité des choses », conclut Fabienne Gapany. Comme pour les disciples d’Emmaüs en somme…

1 Catéchisme de l’Eglise catholique, article 1121.

2 Ananie accueille Paul, aveuglé sur le chemin de Damas, chez lui ; il reverra au bout de trois jours… cf. Ac 9.

3 Il s’agit de l’abbé Marc Passera, décédé en mars 2020, accompagnateur du catéchuménat
à Genève pendant de nombreuses années.

4 Etymologie de « ad cum panis », accompagner.

 

Une Maison pour la Diaconie et la Solidarité

Ouverte à Sion il y a déjà plus d’un an, la Maison de la Diaconie et de la Solidarité 1 est portée conjointement par le Diocèse et l’Eglise réformée. Grâce au soutien de la Fondation Casa Juan Diego 2 , ce lieu qui grouille de vie est entièrement voué au service des plus vulnérables d’entre nous.

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La joie de marcher avec les réfugiés

Formée en travail social, Clotilde Perraudin partage son activité professionnelle entre
plusieurs institutions : responsable de la halte-jeux pour la Fondation Trait d’Union, elle
est aussi engagée en pastorale de rue dans la Riviera vaudoise et, depuis quelques années,
à la paroisse de Martigny. Chargée des « mercredis » du Foyer Abraham, Clotilde s’engage pour créer du lien et favoriser la rencontre avec les réfugiés…

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La douleur transcendée

Nuria Wipfli-Parrot est une jeune femme d’origine espagnole. Je l’ai remarquée en raison d’un rayon de lumière qui a traversé son visage au moment où je l’ai aperçue… Si un jour vous vous retrouvez sur la place Centrale à Martigny et que vous remarquez la présence d’une personne au large sourire, sur sa chaise roulante avec des lunettes rondes, accompagnée d’un grand chien blanc : c’est Nuria !

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Des rites « à la carte » ?

Il n’est pas rare d’entendre un ancien dire, avec un brin de nostalgie : « Tout a changé. » Le changement a sans doute toujours existé, mais il est aujourd’hui plus perceptible par le fait que tout est accéléré. Parfois, nous pouvons regretter certains aspects de la vie passée et parfois nous réjouir de progrès.

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Un pasteur « Bleu Ciel »

TEXTE ET PHOTOS

PAR MYRIAM BETTENS

La Maison Bleu Ciel est un espace de spiritualité chrétienne ouvert aux «chercheurs spirituels» de toutes provenances. Actuellement au centre de Genève, elle se définit comme un rassemblement de personnes qui cheminent ensemble et partagent des démarches d’approfondissement spirituel, dans la joie de l’échange.

Rejoindre les « distanciés » des églises

« Les difficultés de vie m’ont amené à tout remettre en question. C’est au cours de ces crises que j’ai découvert des chemins et des personnes qui font partie de cet univers des chercheurs spirituels. Mon expérience nourrie de ces rencontres a donné la Maison Bleu Ciel », raconte Nils Phildius, pasteur de l’Eglise protestante de Genève (EPG) et responsable de la Maison Bleu Ciel. Initialement situé dans la maison de paroisse aux volets bleu ciel du Grand-Lancy, l’espace de spiritualité fondé en 2016 s’est aujourd’hui déplacé dans les locaux du Temple de Plainpalais. « Environ deux-tiers des participants aux activités de la Maison se distancient des églises institutionnelles ou n’ont aucune attache avec elles », détaille le pasteur. Il note aussi que de nombreux catholiques participent aux formations ou même à « l’Heure Bleu Ciel », une célébration religieuse chrétienne proposée une fois par mois.

A la jonction de deux mondes

« L’intensité de la recherche spirituelle des participants me frappe particulièrement. Ils vivent cette quête de bonheur et d’unité intérieure comme si leur vie en dépendait », relate encore Nils Phildius. Même si les attentes sont élevées, la tâche ne l’effraie pas. En toute humilité, il révèle que sa mission consiste avant tout « à chercher avec eux ». Pour ce faire, la Maison Bleu Ciel propose différents parcours à la jonction entre le monde séculier et la foi chrétienne. « Nous offrons des activités en lien avec la méditation, le théâtre, la créativité ou le travail corporel. Notre spécificité réside dans le fait de réunir ces propositions séculières avec la foi chrétienne et finalement c’est cela que les gens viennent chercher. »

« Rites à la carte »

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse catholique de langue française de Berne , novembre 2021

«Traditionis custodes», la lettre apostolique, publiée le 16 juillet 2021 par le pape François, remet à jour certains rites de l’Eglise; c’est une occasion de nous interroger sur le rôle des rites et leurs significations. Commentaires et portrait de l’abbé Antonio Ruggiero, prêtre remplaçant à la paroisse catholique de langue française de Berne.

PROPOS RECUEILLIS PAR XAVIER PFAFF | PHOTO : RP

Une présence internationale

Originaire d’Italie, mais né en Belgique et de langue maternelle italienne puis flamande, l’abbé Antonio a fait ses études à Louvain et connait très bien la Belgique. Actuellement, l’abbé Antonio Ruggiero vit en Suisse depuis 20 ans.

« J’ai été responsable de la Mission catholique italienne de Bienne pendant plus de 17 ans. La MCI comptait chaque année environ 200 enfants au catéchisme ; j’ai par exemple lancé et motivé avec succès une structure d’aides-catéchistes. Les jeunes sont très importants dans la vie d’une paroisse. » L’abbé Antonio a rejoint la paroisse catholique de langue française de Berne en septembre 2019 et en juillet 2021.

Rites et sacrements

« Les rites s’expriment particulièrement par les sacrements, mais il faut d’abord savoir que le sacrement par excellence c’est l’être humain lui-même, femme
et homme. Le Seigneur qui a créé l’être humain,
ne sait faire qu’une chose : aimer. Il nous aime tels
que nous sommes, d’un amour immuable et inconditionnel, au-delà de celle ou celui que nous voudrions être. »

Le reste, et donc les rites de l’Eglise, sont d’origine humaine et peuvent à tout instant être changés.

« Les rites sont une nécessité pour l’homme. Ils nous font du bien, ils nous ouvrent le cœur quand ils sont accompagnés de mots qui donnent Vie. Par exemple, pour le baptême, on observe des rites précis autour du cierge : remise du cierge, le père allumant le cierge, puis père, mère et parrain-marraine touchant le cierge pendant la lecture. Ils symbolisent la lumière du Christ présente dans la vie de l’enfant. La confirmation est un rite important dans le sens où la personne devient officiellement chrétienne et adulte. Et c’est lorsque l’on essaie de vivre la loi de l’Amour qui est le Christ, que l’on devient un chrétien adulte ; les autres rites sont alors sources d’inspiration.

Ils sont présents aussi en fin de vie, par exemple par le sacrement des malades, ou l’accompagnement des personnes en fin de vie. « Le prêtre qui donne ce sacrement entre en relation avec la personne malade ou mourante, ainsi qu’avec les proches présents. Les cœurs s’ouvrent en la présence du Seigneur. »

D’autres rites sont à mentionner, tels le baptême à l’âge adulte, la tradition de la crèche et du sapin de Noël, ou les rites associés au sacrement du pardon.

Au-delà des rites

La vie du chrétien est jalonnée par toutes sortes de rites exprimés principalement par les sacrements. Ils sont importants car ils répondent à des besoins humains. Mais plus que de suivre les rites, la vocation du chrétien, point majeur, est de « vivre l’Amour du Christ au quotidien. Le passé avec ses rites, son histoire et sa culture est primordial ; le futur, avec tout ce qu’il peut nous apporter, l’est tout autant. Mais c’est dans le présent que le Seigneur crée et donne Vie. Et c’est dans ce présent que je veux essayer de vivre authentiquement ma foi au sein de l’Eglise ».

Jeux, jeunes et humour – avril 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Qu’est-ce que l’octave de Pâques ?
L’Eglise aime faire la fête et la prolonger ! L’octave désigne les huit jours qui suivent une fête chrétienne importante, comme Noël ou Pâques. La fête de la Résurrection de Jésus se prolonge sur une semaine où chaque jour est considéré comme jour de Pâques jusqu’au dimanche suivant anciennement appelé In albis (en blanc). Là les nouveaux baptisés quittaient alors leur vêtement blanc porté durant toute l’octave.

Par Pascal Ortelli

Humour

Lors de l’eucharistie dominicale, un curé porte un pansement sur sa joue gauche. A la fin de la messe, un paroissien lui demande ce qui est arrivé. « Ce matin, je préparais mon homélie tout en me rasant. Une seconde de distraction et le rasoir m’a coupé la joue. » Le paroissien, du tac au tac : « M. le Curé, dimanche prochain, vous vous concentrez sur le rasoir et vous coupez le sermon ! » 

Par Calixte Dubosson

Permanence des rites

PHOTO : DR

PAR CALIXTE DUBOSSON

Lors d’une session réunissant plusieurs prêtres, un intervenant, le
sociologue Bernard Crettaz, nous a surpris en conseillant de ne pas abandonner certains rites au sujet des funérailles, mais de les renforcer. Ils permettent de bien faire son deuil et s’inscrivent dans la continuité d’une pratique ayant fait ses preuves.

J’ai connu l’époque où, dès le décès d’une personne, on commençait par sonner le glas. Le curé et le président étaient avertis. On appelait le menuisier pour le cercueil. Dans la maison, on préparait la veillée alors qu’un voisin prenait soin du bétail ou des travaux à terminer. Dans un tiroir, on trouvait les instructions pour habiller le défunt qui reposait dans sa chambre. Jusqu’au jour de la sépulture, il était veillé
jour et nuit par la famille et les amis dont certains abusaient de la dive bouteille à tel point que, le matin venu, seul le défunt était de sang-froid !

Ces pratiques rendaient la mort la plus naturelle possible. Alors, c’était mieux avant ? Dans cette perspective, certainement. A nous de relever le défi, de maintenir ou d’inventer des rites qui dédramatisent l’évènement de la mort et surtout qui traduisent l’espérance chrétienne de la résurrection.

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