La culture et le christianisme

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2021

PAR ANNE-MARIE COLANDREA | PHOTO : DR

Le cahier romand de ce mois nous interroge sur la culture chrétienne. Et nous, lecteurs de L’Essentiel, paroissiens de la rive gauche de Genève, comment entendons-nous la culture chrétienne ?

La culture est définie par différentes disciplines – philosophie, anthropologique, sociale, etc. – comme le terreau commun d’un groupe d’individus, ce qui le soude, ce en quoi ils se reconnaissent, ce que les personnes ont acquis ou produit et transmettent.

L’UNESCO, dans le sens le plus large, énonce que la culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société, un groupe social, nous pouvons même dire le terreau d’un peuple.

La culture est différente de la nature, donc de l’essence des choses et des êtres, en ce qu’elle manifeste l’œuvre de l’être humain, son génie, son mode de vie, son langage, son savoir-faire, son art dans le travail, comme dans toutes les formes intellectuelles aux plus artistiques. Elle se transcrit jusque dans les lois et les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances… et même dans un calendrier de fêtes et temps forts.

La culture est aussi bien la transmission des us et coutumes d’un peuple que ceux qui se transmettent de génération en génération dans les familles en commençant par les habitudes culinaires et domestiques.

Le christianisme par nature même de l’Incarnation – le Verbe fait chair – s’est révélé à une époque précise que nous pouvons documenter, sur les racines du peuple hébreu, puis valorisant le patrimoine hellénique. L’évangélisation elle-même ne peut que s’appuyer sur les cultures des peuples et des pays ; le fil de l’histoire, en notre modernité, a conduit l’Eglise à adopter le thème de « l’inculturation » (Exhortation apostolique Catechesi tradendae en 1979).

« Il n’est de véritable présence de l’Evangile dans une société donnée que par une pénétration de la foi chrétienne à l’intérieur même des cultures. Par là se trouvait entériné le concept de culture tel que l’a introduit l’anthropologie du XIXe siècle. Ce n’est pas avec la culture mais avec des cultures que la religion entretient nécessairement un rapport qui selon les cas sera plus ou moins positif. » (G. Piétri, Culture et religion, les nouveaux enjeux, Revue Etudes, décembre 2010)

La foi devient créatrice de culture : elle est vie et ainsi la culture chrétienne se renouvelle. Elle écoute l’être humain dans sa quête de sens, dans sa confrontation à la réalité, en vérité, avec raison. Elle nous porte à suivre le Christ, venu affirmer l’Homme pour lui-même, et révéler sa nature en relation avec le Père. La rencontre du Christ présent, ici et maintenant, ne peut qu’engendrer la passion pour l’autre par l’Autre.

A nous de vivre notre foi en Béatitudes…

 

Culture chrétienne, où es-tu?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unité pastorale Sainte Marguerite Bays (FR), mai 2021

PAR L’ABBÉ THEOPHIL MENA

PHOTO : DR

En Suisse, plus particulièrement dans le canton de Fribourg, les statistiques officielles nous révèlent que notre canton est de tradition chrétienne. L’Eglise catholique constitue la communauté principale, suivie de l’Eglise protestante (reformée). Le paysage religieux a fortement évolué
au cours des dernières décennies : la part de personnes sans appartenance religieuse a progressé tandis que d’autres religions et sectes chrétiennes sont apparues.

Aujourd’hui, culture chrétienne, où es-tu ? Il est vrai que cette dernière ne jouit plus de l’intérêt général ; elle est devenue une langue étrangère voire inconnue pour une grande partie des jeunes générations dans notre Eglise. Si nous nous demandons ce qu’il reste des connaissances de base de
la religion catholique, sa doctrine, son enseignement, ses dogmes, ses rites, ses prières, ses fêtes religieuses (Noël, Pâques…) et surtout leur sens, on constate une sécularisation exacerbée de notre société. Les études officielles récentes menées à ce sujet nous montrent que la culture chrétienne dans notre canton de Fribourg se maintient, même elle connaît une baisse importante chez les jeunes, phénomène qui n’épargne pas non plus
les catholiques pratiquants. De plus en plus, on rencontre des jeunes et aînés dans la foi qui manquent de repères pour bien appréhender la société dans laquelle ils évoluent et à laquelle ils sont confrontés.

En effet, cela nous interroge sur la transmission de notre culture chrétienne. Dans nos familles, on parle de moins en moins, rarement voire jamais de la religion ou de la foi chrétienne. A l’heure où les parents catholiques se questionnent sur l’enseignement religieux à l’école, reconnaissons que le canton de Fribourg est le seul canton qui conserve encore un enseignement religieux scolaire confessionnel (facultatif). Mais pour combien de temps encore ?

Tous, nous savons bien que la survie de l’Eglise repose sur les générations futures, mais le défi est de taille. Le Saint-Père mise beaucoup sur une nouvelle évangélisation pour reconquérir l’âme de nos sociétés. C’est notre mission à tous. C’est sur nos familles et paroisses qu’il faut compter pour favoriser des cheminements de foi et pour transmettre l’héritage précieux que nous avons reçu.

Introduction au Livre de Joël

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), mai 2021

Après Osée, je vous emmène à la découverte du Livre de Joël, l’un des douze petits prophètes. Vous l’avez entendu en première lecture le Mercredi des cendres et vous l’entendrez encore les vendredi 8 et samedi 9 octobre. Nous verrons ensemble ce que ces textes nous disent aujourd’hui.

TEXTE ET PHOTO PAR ISABELLE VOGT

Continuons notre balade parmi les douze petits prophètes. Cette fois-ci, nous allons parler de Joël, dont le nom signifie « Yahvé est Dieu ». Il s’agit d’un petit livre de quatre chapitres (73 versets), dont le titre (Jl 1, 1) ne nous donne aucune indication permettant de situer ce prophète. Nous savons juste qu’il est le fils de Petouël.

Petit rappel d’histoire

Avec Osée, nous avions vu qu’à l’époque monarchique, il y avait deux royaumes, Israël au Nord, avec Samarie pour capitale, et Juda au Sud, avec Jérusalem pour capitale. Israël avait été envahi par les Assyriens et sa population déportée (prise de Samarie en 722 av. J.-C.). Puis le royaume de Juda a été envahi par les Babyloniens, Jérusalem a été prise en 587, le Temple détruit et la population déportée. En 538, l’édit de Cyrus, roi de Perse qui a pris Babylone, permet aux juifs de Babylonie de retourner à Jérusalem. Dans le livre de Joël, il semble que le pays soit unifié avec Jérusalem (Sion) comme seul centre religieux et politique ; il n’est plus question de roi, ce sont les anciens et les prêtres qui dirigent une communauté religieuse et un culte s’est mis en place après la reconstruction du Temple (la « Maison de YHWH » [Jl 4, 2-3]). Nous nous situons donc entre le Ve et le IIIe siècle avant J.-C.

Les thèmes du livre

Dans la première partie de son livre (chap. 1 et 2), Joël évoque un terrible fléau qui frappe la terre de Juda, une sècheresse et une invasion de sauterelles, criquets et autres insectes qui ravagent tout sur leur passage et ruinent le pays. La seconde partie du livre (chap. 3 et 4) présente une nouvelle perspective, dite eschatologique : Joël décrit l’ère de salut qui est attendue, avec le « Jour de Yahvé », jour du jugement non plus d’Israël mais des « nations » (les ennemis de Juda, Phénicie, Philistie, Egypte, Edom), et temps de prospérité retrouvée pour Israël.

Les « découpages » liturgiques

Comme pour le livre d’Osée, la liturgie n’a retenu que quelques passages lus les années impaires : 1, 13-15 et 2, 1-2 le vendredi de la 27e semaine du temps ordinaire ; 2, 12-18 le Mercredi des cendres ; 4, 12-21 le samedi de la 27e semaine du temps ordinaire. A nouveau, cela ne facilite pas la compréhension de ces passages, car on n’a pas le contexte, par exemple l’invasion de sauterelles du début du chapitre 1 dont on pourra comparer la description à celle de la huitième plaie d’Egypte dans le chapitre 10 du Livre de l’Exode. Nous y reviendrons dans L’Essentiel de juin, tout comme nous verrons comment ce petit livre se retrouve évoqué à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament.

D’ici là, je vous souhaite un beau mois de Marie, notre mère à toutes et tous !

 

Des jeunes !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), mai-juin 2021

Les adolescents et les jeunes ont de nombreuses possibilités de vivre leur foi sur nos paroisses…

TEXTE ET PHOTOS PAR ALINE JACQUIER

… des après-midi fun et foi

Le groupe composé de jeunes dès la 8H, se retrouve un samedi après-midi par mois, à la salle paroissiale de la Cathédrale. Pour le côté « Foi », la rencontre débute par un enseignement et se termine par la célébration de la messe à laquelle les jeunes participent activement à travers les lectures. La partie « Fun » intervient en cours de route avec le goûter suivi d’un film, un bricolage ou un jeu. Un pèlerinage à Rome est agendé début 2022, affaire à suivre !

… les Relais

Il s’agit d’un mouvement issu de l’Action Catholique qui s’adresse aux adolescents (11-15 ans) et propose des rencontres sous forme d’activités, jeux, discussions, échanges et prières. Deux groupes sont actuellement actifs sur nos paroisses. Le premier, du côté de la paroisse de St-Guérin, se retrouve régulièrement depuis bientôt trois ans et planche actuellement sur un projet de jardin solidaire en lien avec l’encyclique Laudato si’ du pape François. Quant au deuxième, il regroupe des jeunes Léonardins dont le projet, lui aussi inspiré par le texte du Saint-Père, consiste à aménager un local paroissial avec du matériel de seconde main.

… des chorales

Le Chœur des Jeunes de Bramois, tout comme celui de St-Guérin, la Schola ou l’Ecole Maîtrisienne comptent dans leurs rangs des jeunes qui mettent leurs talents musicaux au service la liturgie. Nous pensons bien à toutes ces chorales réduites publiquement au silence depuis novembre dernier, en raison de la situation sanitaire. Nous espérons les retrouver très bientôt !

… des soirées Fun & God

Cinq fois par année, un peu moins cette année en raison des restrictions dues à la pandémie, des ados et des jeunes se retrouvent à la salle paroissiale de St-Guérin pour des rencontres, soirées jeux, films, témoignages… Un pèlerinage d’un jour ou deux est également au programme.

… des Jeunes Bénévoles en Eglise

Une dizaine de jeunes œuvrant comme aide animateur dans un groupe, directeur d’une chorale ou responsable des servants de messe ont suivi la formation « Jeune Bénévole » JB2 ou suivent actuellement celle du JB3. Ces parcours sont diocésains et permettent d’acquérir des compétences et d’enrichir ses expériences.

… et encore

Une présence dans les aumôneries d’école (Collège de la Planta, des Creusets, ECCG-EPP) ainsi que diverses activités organisées pour et par les jeunes dans notre diocèse et en Suisse romande : DJP, Cure Ouverte, JMJ, OpenSky…

Une de ces propositions t’intéresse ?

Tu souhaiterais obtenir plus d’informations ou soumettre une idée ?

N’hésite pas à prendre contact par e-mail jeunesse.sion@gmail.com ou par téléphone au 079 325 74 04.

 

Culture chrétienne, où es-tu ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), mai-juin 2021

PAR L’ABBÉ PHILIPPE AYMON

PHOTO : PIXABAY

Une amie polonaise m’a raconté cette histoire de la procession de Notre-Dame de Jasna Góra. Une année, sous le communisme, les autorités décidèrent d’empêcher la traditionnelle procession en obligeant le clergé à conserver l’image de la Vierge à l’intérieur du sanctuaire. Le jour de la fête, une procession aussi importante que les années précédentes se mit en route. L’icône de la Mère de Dieu resta bien à l’intérieur du sanctuaire, mais les fidèles portèrent en procession le cadre vide qui entourait habituellement le tableau. Et la Vierge fut acclamée avec autant d’enthousiasme que les années précédentes ! Notre-Dame de Jasna Góra est le fruit de la foi et de la résistance des Polonais au cours de leur histoire. Elle a façonné leur culture, et même si l’image est interdite, la foi demeure : c’est bien la foi qui modèle la culture.

Une culture aussi bien présente chez nous. En conduisant les visites de la Cathédrale, c’est cette culture chrétienne que l’on découvre au travers les œuvres d’art. Mais qu’il est triste de noter une si grande ignorance religieuse dans la découverte des vitraux, tableaux et autels. La culture se donne à voir, mais la foi n’est plus là pour la comprendre. Qui peut nommer la scène biblique d’un vitrail, les symboles représentés sur le triptyque, le pourquoi des objets qui permettent de nommer le saint qui se trouve sur le tableau ? Qu’il est difficile alors à la culture de conduire à la foi.

Au Moyen Age le peuple ne savait pas lire, mais les prédications lui permettaient de reconnaître à coup sûr ce que l’art lui donnait à voir. Et ceci à travers toute l’Europe. Aujourd’hui nous savons lire, mais notre analphabétisme religieux nous laisse silencieux devant une œuvre qui exprime la foi.

Quant à l’art religieux abstrait, il semble nous dire qu’il n’a plus rien à dire. En effet : « Culture chrétienne, où es-tu ? »

 

Les enfants et la Semaine sainte

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), mai-juin 2021

PAR MICHEL ABBET | PHOTOS : BÉNÉDICTE BENDER

Semaine sainte animée pour le secteur des paroisses d’Entremont. Si les adultes doivent toujours ronger leur frein et attendre que la situation se normalise, les enfants ont pu, dans le respect des règles sanitaires, prendre conscience à travers divers ateliers de la dimension spirituelle de cette semaine à nulle autre pareille pour les Chrétiens. Ainsi, près de 80 enfants du secteur ont pu s’imprégner de la Passion, d’adoration, de fabrication de pain azyme ou ont pu transmettre en décorant des palettes la joie de Pâques dans le village d’Orsières. Et cela grâce à une quinzaine de mamans et à des jeunes qui ont offert leur temps et leur enthousiasme pour que tous ces projets deviennent réalité. Un tout grand merci et un non moins grand bravo pour la richesse des activités proposées.

 

Le tour des chapelles

La chapelle de Notre-Dame de la Garde

h5>Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur du Val d’Hérens (VS), mai 2021

PAR GISÈLE PANNATIER | PHOTOS : MONIQUE GASPOZ

Combien de sanctuaires édifiés sur le territoire de nos paroisses témoignent de la foi des habitants ! Sur un éperon rocheux surplombant les rochers et les éboulis du défilé de la Garde fut construite vers 1620 la chapelle de Notre-Dame de la Garde. C’est sur le flanc abrupt et escarpé de la vallée, au bord de l’ancien chemin muletier qui remontait jusqu’à ce replat pour relier Evolène à la partie inférieure de la vallée et à la limite naturelle qui séparait les paroisses d’Evolène et de Saint-Martin, que s’élève le sanctuaire dédié à la Vierge afin d’implorer la protection des voyageurs.

L’architecture y est exceptionnelle : la blanche chapelle est érigée sur un plan hexagonal et abritée par un toit conique couvert d’ardoises. Le porche, placé à l’est, repose sur deux colonnes. A l’intérieur, l’autel de style baroque date de la seconde moitié du XVIIIe siècle et comporte au centre une grande statue de Notre Dame portant l’Enfant. Elle est vêtue d’une robe blanche et parée du tsapèlètt.

Parmi les autres statues en bois polychrome figurent celle de sainte Catherine, patronne du Valais, et celle de saint Gothard, évêque. En effet, vers 1700, la chapelle, bâtie pour protéger les voyageurs, fut aussi dédiée à ce saint. En outre, l’antependium le présente encore dans un médaillon peint sur du bois. De chaque côté de l’autel, deux huiles sur toile sont accrochées aux murs, l’une représentant saint François et l’autre saint Martin.

Depuis quatre siècles, les générations de croyants expriment leur dévotion entière à Notre Dame de la Garde et lui confient leurs demandes d’intercession et de protection. Le pèlerinage et la messe du mois de mai rassemblent toute la paroisse quand le coronavirus ne s’invite pas.

 

Culture en quête de sens

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mai 2021

Dès sa naissance l’homme est intégré dans une culture, une tradition. Celle-ci oriente sa vie et ses comportements. Chaque culture prône une philosophie et des valeurs clés. Quelles sont les valeurs de la culture chrétienne et quelle est l’influence de la Foi ?

PAR SERGE LILLO | IMAGE : LDD

La culture chrétienne met en avant les valeurs de vérité, de justice et de liberté pour la recherche avec sagesse du bien commun et de la paix.

Foi et raison au service de la vérité

La recherche de la vérité et la compréhension du monde qui l’entoure occupe
l’esprit de l’homme quelle que soit la culture dans laquelle il vit ; de la réponse aux questions de fond qui caractérisent le parcours de l’existence humaine dépend l’orientation qu’il va donner à son existence. « Qui suis-je ? D’où viens-je et où vais-je ? Pourquoi la présence du mal ? Qu’y aura-t-il après cette vie ?

Pour la culture chrétienne, cette recherche de la vérité fait appel à la raison et à la Foi, comme l’écrivait saint Jean-Paul II dans Fides et Ratio : « L’Eglise est partie prenante à ce parcours de recherche de la vérité. En effet, depuis ses débuts, Elle est en pèlerinage sur les routes du monde pour annoncer que Jésus Christ est  » le Chemin, la Vérité et la Vie  » (Jn 14, 6). » (Fides et ratio, 1-2) Il ajoutait : « la foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le désir de connaître la vérité et, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même. »

La justice n’est pas l’égalité :

Quant à la justice, l’Eglise la définit comme « la vertu morale qui consiste dans la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû ». (CEC §1807) Pour comprendre cette définition, rien de telle que la parabole des talents, dans laquelle Dieu n’exige pas la même chose de tout le monde, mais il exige plus de ceux à qui il a donné plus. A l’image de la photo ci-contre, la justice éclairée par l’Amour, recherche donc plutôt l’équité et la complémentarité que l’égalité.

Le « oui » libre de Marie

Enfin la culture chrétienne prône la liberté. En effet, Dieu nous a créés libres pour que nous puissions répondre à ses appels de façon volontaire et sans contrainte. Et ceci tant au niveau de nos activités, que dans le domaine de la foi. Jésus dit en effet : « Qu’il te soit fait selon ta foi. »
(Mt 9, 29) Il montre ainsi que la foi appartient en propre à l’homme, puisqu’elle relève de sa décision personnelle. L’exercice de notre liberté requiert donc bon sens et sagesse, car l’homme tire également les conséquences de ses choix libres. Nous nous en rendons bien compte, lorsque nous regardons dans le rétroviseur de notre vie : de bons choix augmentent notre liberté et portent du fruit, alors que de mauvais choix nous enchaînent.

Qui mieux que Marie pour nous guider vers un bon usage de notre liberté ? En ce mois de Marie, laissons-nous inspirer par son « oui » libre à l’ange Gabriel qui a conduit à la naissance de notre Sauveur : « Voici la servante du Seigneur ; Qu’il me soit fait selon ta parole. » (Lc 1, 38) Saint Jean-Paul II concluait d’ailleurs son encyclique Fides et Ratio avec ces mots : « Puisse Marie, Trône de la Sagesse, être le refuge sûr de ceux qui font de leur vie une recherche de la sagesse ! Puisse la route de la sagesse, fin ultime et authentique de tout véritable savoir, être libre de tout obstacle, grâce à l’intercession de Celle qui, engendrant la Vérité et la conservant dans son cœur, l’a donnée en partage à toute l’humanité pour toujours ! » (Fides et ratio, 108)

 

Une communauté coréenne à Nyon

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mai-juin 2021

Après avoir mis en lumière, dans le numéro de mars-avril, les communautés espagnole et portugaise, nous présentons la communauté coréenne de Nyon. L’occasion, tout en présentant la réalité des familles catholiques coréennes de Suisse romande, de revenir sur une Eglise à l’histoire atypique.

PAR NAHEE KIM, PRÉSIDENTE DE LA COMMUNAUTÉ CORÉENNE, TRADUIT DU CORÉEN PAR MARCELLINO SEONG | PHOTOS : HYUKWOO KWON, YONHAP NEWS

En langue coréenne

Saurez-vous identifier à quels paragraphes du texte en français correspond cet extrait en version originale ?

Cet extrait en langue coréenne correspond aux deux paragraphes en français qui suivent l’intertitre En Suisse romande.

L’Eglise catholique coréenne a été fondée au XVIIIe siècle et d’une manière unique puisqu’elle n’a pas été créée par des disciples ou des missionnaires. A l’origine, on trouve des intellectuels coréens qui ont introduit dans le pays la Bible et divers livres de théologie venus de Chine. Ainsi, l’Eglise coréenne est considérée comme la seule communauté de foi laïque autonome dans le monde, comme un «miracle de la foi».

Des siècles de persécution

Les premiers missionnaires sont arrivés sur la péninsule suite à des demandes répétées de cette communauté laïque adressées au Vatican et réclamant l’envoi de prêtres en Corée. Du XVIIIe au XXe siècle, les catholiques coréens ont connu des vagues incessantes de persécution. Des familles et des villages entiers ont été massacrés et on estime que dix mille croyants ont perdu la vie à cause de leurs convictions. Miraculeusement, la flamme de leur foi n’a jamais vacillé, et aujourd’hui la Corée compte plus de 250 saints et personnes béatifiées, des martyrs en majorité.

Au XXIe siècle, l’Eglise catholique coréenne se bat pour la démocratie et la justice sociale et environnementale et le nombre de croyants continue d’augmenter.

En Suisse romande

La communauté catholique coréenne est présente à Genève depuis 1980. Elle est guidée par des prêtres étudiants ou missionnaires qui viennent d’Italie, de France ou d’Allemagne. La paroisse de Nyon leur a ouvert ses portes en 1995. Depuis, nous avons la grâce de pouvoir célébrer la messe dans l’église de la Colombière.

Le Père Han Hyun-taek Augustino est notre curé depuis 2018. Ordonné pour le diocèse de Daejeon en 2011, il travaille dans la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Notre communauté célèbre la messe en coréen à Nyon tous les quinze jours et nous avons un groupe de la Légion de Marie.

Une communauté jeune et dynamique

Notre communauté est composée non seulement de familles coréennes, mais aussi de personnes travaillant au niveau international : elle reflète ainsi la diversité de l’Arc lémanique. Tous sont unis dans un amour commun pour Dieu et la culture coréenne. Les baptêmes, les premières communions et les mariages sont nombreux, car la communauté est particulièrement jeune. En moyenne, une cinquantaine de fidèles participent à la messe à la Colombière. Pendant la Covid-19, plus d’une quinzaine de foyers ont suivi la messe dominicale en ligne.

Avant la pandémie, nous partagions traditionnellement un repas coréen tous ensemble après la messe. Le menu privilégié était le « bibimbap », un savoureux plat similaire à une salade de riz composé d’une dizaine d’ingrédients alliant équilibre et harmonie. Lorsque l’épidémie sera terminée, la communauté coréenne espère vivement partager un moment festif autour d’un « bibimbap » avec toutes les communautés de l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte.

Le retour de Marie

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mai 2021

Il y a peu, une ancienne statue de la Vierge a retrouvé son lustre et une place à l’église Sainte-Catherine. Nous avions confié une œuvre datée de la fin du XIXe siècle en très mauvais état à la restauratrice d’art Claudia Guntern. Notre statue nous est revenue « comme neuve ». Rencontre avec celle qui a su lui redonner son aspect d’origine.

PAR LÉONARD BERTELLETTO

PHOTOS : HERBERT HEISS, LÉONARD BERTELLETTO

C’est grâce à notre confrère Herbert Heiss que nous avons pu restaurer cette statue de la Vierge. Le curé de la paroisse germanophone de Sierre connaissait Claudia Guntern pour lui avoir déjà confié du travail. Claudia habite Geschinen dans la vallée de Conches. Son atelier de restauration d’art se trouve à 3 kilomètres de là, dans le village de Reckingen, dont l’église baroque est bien connue. Claudia avait commencé sa formation à Brigue puis l’a continuée à Berne et à Rome.

Ses clients

Ses clients sont des paroisses, qui désirent rénover leur patrimoine, ou des particuliers. Claudia redonne une nouvelle jeunesse à des statues, des tableaux, des fresques, des maîtres-autels dorés à la feuille… La Vallée de Conches recèle un très vaste patrimoine religieux, qui trouve son origine dans la Contre-Réforme catholique du XVIe siècle.

Un travail d’exception

De quel travail garde-t-elle un souvenir particulier ? Sans doute de la châsse du saint pape Jean XXIII que Claudia a dorée quand elle était en stage à Rome. Cette œuvre destinée à présenter aux fidèles le corps du bon pape Jean se trouve maintenant dans la basilique Saint-Pierre. Plus proche de nous, citons la rénovation de l’autel à l’église de Ze Hoheflüe (Mörel), ou encore des travaux à l’église d’Ernen, dans le village d’origine du cardinal Schiner. Quant à la rénovation de notre statue de la Vierge, elle a nécessité 17 heures de travail. Puisse-t-elle soutenir notre dévotion et notre affection filiale envers la Mère de Jésus et notre Mère. Grand merci à notre ami Jean Formaz pour la réalisation du socle en bois.

Que le présent se fasse Présence

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mai-juin 2021

Le carême est une période d’introspection durant laquelle nous sommes appelés à réfléchir à la place que nous accordons à Dieu dans nos vies. En ces temps tumultueux, il est ressourçant de faire le calme dans nos cœurs pour nous mettre à l’écoute du Seigneur.

PAR SYLVIE HUMBERT | PHOTO : GRAVURE DE JOHANN WOLFGANG BAUMGARTNER SUR WELLCOME COLLECTION

Lors du dernier carême, nous pouvions prendre la prière de saint Nicolas de Flüe en même temps que nous donnions notre nom en vue de la traçabilité des paroissiens au début de la messe :

« Mon Seigneur et mon Dieu,
éloigne de moi tout ce qui m’éloigne de toi.
Mon Seigneur et mon Dieu,
donne-moi tout ce qui me rapproche de toi.
Mon Seigneur et mon Dieu,
détache-moi de moi-même pour me donner tout à toi ».

Cette prière, si simple et qui résume pourtant si bien le chemin du carême, est entrée en résonance avec les textes de Maurice Zundel que j’ai relus avec émotion tout au long de la montée vers Pâques. Car, comme il le dit dans « L’Evangile intérieur » (Editions Saint-Augustin, 1997), « Dieu est une rencontre que chacun doit faire en soi. Et, en vérité, tout être est croyant qui s’efface devant cet Autre en soi, qui vaut infiniment mieux que soi et qui lui est plus intime que son âme : quelque nom qu’il donne à la Présence lumineuse qui l’habite ».

Il n’y a de place pour l’autre et le Tout-Autre en moi et dans ma vie que dans la mesure où j’ai pu me déprendre de moi-même et creuser ce silence, cet espace qui permet d’accueillir une présence, la Présence. A l’heure où chacun cherche à vivre le moment présent, puisque la plupart de nos projets tombent à l’eau, que ce qui nous semblait possible hier ne l’est plus aujourd’hui à cause d’un virus invisible, nous sommes appelés à aller encore plus loin. Que le présent se fasse Présence…

Creuser un espace en soi

La prière de Frère Nicolas appelle deux questions : qu’est-ce qui m’éloigne de la Présence ? Mon brouhaha intérieur ou une plaque de chocolat ?

Qu’est-ce qui me rapproche de la Présence ? Une balade en forêt ? Une suite de Bach ? La prière ? L’eucharistie ? Ce qui pourra pour un moment me détacher de moi-même et me rendre présent à la Présence. La réponse est différente pour chacun de nous, car Dieu nous a voulu uniques.

La montée vers Pâques nous a permis de creuser en nous cet espace pour recevoir le Tout-Autre afin que nous continuions, tout au long de cette année étrange, à nous laisser habiter par cette présence qui nous détache de nous-mêmes et nous appelle au don de soi.

Pour la fête de la Pentecôte soyons suffisamment pauvres de nous-mêmes pour accueillir l’Esprit Saint qui nous transforme !

Chapeau l’artiste !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mai-juin 2021

La construction de la nouvelle église de Gland avance. Il est temps de réfléchir au mobilier liturgique. Le 9 février, un jury d’une dizaine de membres s’est réuni pour choisir parmi les créations de plusieurs artistes celle qui correspondra le mieux à la nouvelle construction. Alain Dumas a remporté le concours: la nouvelle église de Gland accueillera ses œuvres.

PHOTOS : BRIGITTE BESSET ET CHRISTINE POUPON

Retour sur les mois ayant précédé la séance du jury

Par Brigitte Besset

C’est le 7 juillet 2020 que la commission liturgique décide d’organiser un concours pour le mobilier liturgique
de la future église. Des recherches sont effectuées et le 8 octobre 2020,
la commission retient quatre noms : Christian Bregnard, Alain Dumas, Jean-
François Ferraton et Thérèse Nègre Van Dessel.

Un chemin de réflexion pour le mobilier liturgique est écrit par la Commission liturgique en étroite collaboration avec Jean-Marie Duthilleul. Architecte et enseignant en architecture liturgique à Paris, il nous dévoile de nombreuses richesses et nous aide à cheminer dans nos réflexions quant à l’aménagement de la future église.

Fin novembre, un dossier complet est constitué : il comprend notamment un chemin de réflexion, un cahier des charges, des éléments techniques et un budget. Il est envoyé aux quatre artistes avec la demande de déposer leurs projets au plus tard pour le 31 janvier 2021 minuit.

Mardi 9 février 2021, après avoir reçu les quatre projets, les membres du jury se réunissent pour arrêter leur choix. Ils relèvent « la qualité et un beau travail général de tous les artistes, la diversité des projets et la bonne symbolique de ceux-ci, la bonne intégration des objets proposés dans l’architecture de l’église ». Nous dévoilerons les œuvres de l’artiste gagnant dans un prochain numéro de L’Essentiel.

Faites fructifier vos talents

Un don à faire fructifier, de la beauté à offrir, un échange de générosité: chacune et chacun de nous a reçu un don et peut se faire une joie de le partager.

Vous aimez peindre, écrire des icônes, coudre, faire du tricot, confectionner des bougies, faire de la poterie, etc.
La confection de magnifiques gâteaux ou de succulents biscuits n’a plus de secrets pour vous.
Vous pouvez offrir à la communauté de Gland une de vos œuvres pour qu’elle soit mise en vente au profit de la nouvelle église. La somme récoltée grâce à la beauté de vos créations servira à rémunérer l’artiste qui va réaliser le mobilier liturgique de la nouvelle église. Une exposition-vente aura lieu vendredi 12, samedi 13 et dimanche 14 novembre dans la grande salle de La Colombière à Nyon.

Pour tout renseignement et proposition de dons :
Isabelle Pepe : 079 603 82 38, isabelle.pepe@gmx.net – Françoise Merlo : 079 374 32 35, fr.merlo@bluewin.ch

Une expérience d’Eglise

Par Sœur Marie-Brigitte Seeholzer, ursuline de Fribourg

Mardi 9 février, par un matin froid et gris, je quitte Fribourg pour Nyon. De belles rencontres et une grande tâche m’attendent: choisir avec un jury ad hoc le mobilier liturgique de la future église de Gland. Au sortir du tunnel après Palézieux : l’émerveillement ! Les vignes, le Léman et un ciel bleu ! J’ai l’impression d’être passée de l’hiver au printemps en quelques minutes.
L’abbé Dunand m’accueille à la gare à Nyon. Nous nous rendons à la salle paroissiale pour le dîner, puis visitons le chantier de l’église à Gland. L’architecte nous fait l’honneur d’une visite commentée; dans quelques jours, la charpente sera posée. J’admire le travail déjà fait, j’imagine ce qui doit encore se faire. Ce sera beau, accueillant, priant, lumineux, me dis-je intérieurement.

Passer de l’hiver à la lumière
Puis commence la séance du jury. Nous découvrons quatre projets de mobilier liturgique. Je suis perplexe : comment allons-nous choisir ? Tout est fort bien présenté. Chaque projet a son originalité ; mais laquelle sera le plus en harmonie avec les critères liturgiques et la future église ? L’observation, la réflexion et les échanges nous font retenir deux projets avant le choix final.
Le travail et le cheminement du jury ressemblaient finalement à mon voyage du matin : passer de l’hiver au printemps, de la complexité et des questionnements à la clarté. Toutes proportions gardées, c’est ce que la liturgie nous fait vivre à Pâques : passer de l’obscurité à la lumière, de la mort à la vie, du Vendredi-Saint au dimanche de la Résurrection. La nouvelle église de Gland permettra à la communauté paroissiale, aux visiteurs et aux chercheurs d’absolu de vivre ce même passage ! Merci à toutes et tous pour cette expérience de vie ecclésiale !

Etre membre du jury

Par Brigitte Besset

Je suis très reconnaissante pour ce que j’ai pu vivre en cette journée du 9 février. Faire partie d’une commission de liturgie en vue de la construction d’une nouvelle église est un évènement si rare que c’est avec grand plaisir que j’ai accepté cet honneur.

Ce sont neuf personnes qui, ensemble, ont choisi l’un des quatre artistes ayant participé au concours pour le mobilier liturgique de la future église. Des membres très différents de par leur histoire et de par leur fonction et venant de divers horizons.

Durant ces moments forts, j’ai apprécié les échanges, l’écoute, et le respect mutuel qui nous ont permis de parvenir petit à petit à un consensus et à un choix unanime. Arriver à l’unité dans la diversité me montre bien que nous n’étions pas seuls au sein
de cette petite équipe. C’est le signe que l’Esprit Saint a soufflé et qu’il a fait son œuvre en nous. Ce qui a permis ce résultat.

Etre un des artistes qui a tenté le concours

Par Alain Dumas, de Manson (France)

En novembre 2020, la découverte de ce projet a stimulé en moi le processus de création. J’aime travailler sur commande, en écho à l’architecture et en dialogue avec les communautés paroissiales ou religieuses. J’ai consacré deux mois à cette étude, et ce fut un temps dynamique malgré la tension due à la mise en concurrence. J’ai réalisé deux études, ce qui m’a permis de laisser libre cours à ma créativité tout en prenant en compte les souhaits du cahier des charges transmis par le règlement du concours. Lorsque j’ai appris que c’était une de mes propositions qui avait été retenue, j’ai ressenti une joie très profonde.

S’ouvre maintenant une étape nouvelle pour moi, une étape d’écoute et de déplacement intérieur: m’ajuster aux orientations choisies par la commission liturgique en poursuivant mon travail de recherche. En cette fête de l’Annonciation, je confie ce beau projet à Marie et remercie la communauté de Gland et la paroisse de Nyon pour la confiance qu’elles m’accordent.

Culture moderne et culture chrétienne

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mai – mi-juin 2021

TEXTE ET PHOTO PAR RÉMY DELALAY

La culture européenne est indéniablement imprégnée par le christianisme qui a façonné la notion de personne, le respect qui est dû à chaque être humain au nom de son inaltérable dignité qu’aucune épreuve ne peut briser. Transmettre la culture, c’est aussi l’enseignement du fait religieux. Mais alors qu’il ne viendrait à la pensée de personne de nier l’influence de l’hindouisme en Inde, de l’animisme en Afrique, de l’islam au Moyen Orient, associer christianisme et culture fait parfois naître chez nous toutes sortes de suspicions et de cabales. Cela freine malheureusement sa transmission et appauvrit les jeunes générations qui en ont tant besoin, car la culture chrétienne leur permet de s’interroger sur Dieu, l’Homme, la vie, la mort, le bien et le mal, ainsi que sur les autres grandes questions que l’Homme se pose de tout temps ; elle leur donne également des connaissances élémentaires pour mieux comprendre notre héritage chrétien : patrimoine religieux, monuments, icônes, peintures, sculptures… La disparition de la culture chrétienne signifierait l’affaiblissement de la culture générale. De plus, dans un monde où l’immédiateté devient une « règle de vie », la culture religieuse, qui ouvre au temps long en enjambant allègrement les siècles, est indispensable, surtout pour les jeunes esprits qui cherchent les repères qui les aideront à construire solidement leur
avenir.

Notre époque a créé un monde virtuel et toute une manière de vivre dans l’image avec les conséquences sociales qui en découlent. Voilà notre culture moderne, nous en sommes tous responsables pour nous et pour la génération qui vient. Comment vivre dans cette culture ? C’est la question cruciale aujourd’hui. Notre manière de vivre doit sanctifier cette culture et y semer les vertus chrétiennes, alors la grâce agira et celle-ci deviendra une culture christianisée, source de bonheur et de paix pour notre société moderne comme elle l’a été dans les siècles passés.

 

Messe d’envoi des auxiliaires de l’eucharistie

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mai-juin 2021

Les auxiliaires de l’eucharistie de la communauté de la Colombière ont vécu une messe d’envoi en mission à l’église Notre-Dame samedi 27 mars. L’occasion de prendre conscience qu’apporter la communion aux personnes âgées, isolées ou malades est une responsabilité, un honneur et une joie.

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET | PHOTOS : PHILIPPE ESSEIVA

Ils étaient vingt à avoir répondu à l’invitation du Conseil de communauté de la Colombière pour vivre une messe d’envoi en mission à l’église Notre-Dame de Nyon samedi 27 mars, veille des Rameaux. Une messe présidée par l’abbé Jean Geng. Chevilles ouvrières de cet événement, Anne de Tréverret, nouvelle présidente du Conseil de communauté, et Danilo de Simone, membre. Un temps pour rappeler à chacun qu’apporter la communion à domicile, dans un EMS ou à l’hôpital est à la fois un service et une mission.

Un trait d’union

« Les auxiliaires de l’eucharistie sont au service de nos frères et sœurs les plus vulnérables et âgés », a souligné en ouverture Olivier Minniti, membre du Conseil de communauté, après l’accueil par Anne de Tréverret. « Le Christ nous appelle, nous accueille, nous nourrit de sa Parole et de son Pain de Vie et nous envoie dans le monde ». Car « nous sommes toutes et tous des membres du corps mystique du Christ ». Ainsi, « nos frères et nos sœurs malades, âgés, vulnérables font réellement partie de notre communauté ». Et la communion vécue à la messe « ne peut prendre son sens que dans l’intégration de tous ».

Apporter la communion à domicile est indissociable de la célébration de l’eucharistie : « Vous êtes le trait d’union entre la messe paroissiale et les membres dispersés de notre communauté. Vous êtes l’image même de ce lien que le Christ a tissé avec nous. Vous le prolongez en allant visiter nos frères et sœurs malades ; en partageant avec eux la Parole de Dieu qui vient nourrir nos cœurs et le Pain de Vie qui vient nous renforcer ». Enfin, à travers l’action des auxiliaires de l’eucharistie, le Christ « peut se manifester dans notre monde » et « le Royaume de Dieu peut s’accomplir ici même et dès aujourd’hui ».

Dans son homélie, l’abbé Jean Geng a rappelé qu’apporter la communion est « une responsabilité : l’évêque me fait confiance et la communauté paroissiale m’envoie comme auxiliaire de l’eucharistie » ; un honneur, car « le Seigneur laisse son Corps dans mes mains, il vient chez nous prendre son repas avec nous » ; « une joie: nous nous approchons du Seigneur, il nous parle, il nous nourrit de sa Parole et de son Corps. Le repas de l’eucharistie rassemble tous les amis de Jésus ». Ainsi, « ouvrons nos cœurs pour accueillir le Corps du Christ dans nos mains afin de nourrir ceux qui ont faim ».

Confiance et charité

Trois auxiliaires ont ensuite témoigné de leur expérience. Alessandra Cibrario a d’abord rappelé avec émotion l’importance, dans sa décision de suivre le cours de préparation d’une journée, de l’appel d’un paroissien qu’elle accompagne aujourd’hui : « J’ai pu suivre ce cours sans prétériter ma famille, et j’y ai vu la volonté de Dieu. Aujourd’hui j’ai une joie immense à me sentir la servante du Seigneur qui m’emmène chez qui il veut aller, ceux qui ont besoin de lui ».

Pour Liliane Blanchard, « apporter la communion à quelqu’un qui ne peut se déplacer est un acte de confiance et de pleine charité. Confiance de la paroisse puisque l’on vous connaît, que vous êtes déjà envoyé pour vous former » ; et de l’évêque qui vous délivre un mandat. La confiance est aussi « ce qui vous fait ouvrir la porte par la personne à qui vous apportez l’eucharistie ou vous permet d’entrer dans sa chambre d’hôpital ou de résidence ». Au moment d’entrer, Liliane fait cette demande, que lui a confiée un pasteur : « Seigneur, passe le premier ». Enfin, « lorsque nous apportons le Corps du Christ, nous ‘portons’ Dieu contre nous. Mais combien nous nous sentons aussi… portés ! ».

Un fois chez la personne, Liliane allume une bougie et dépose la Parole à proximité de la custode qu’elle ouvre. Elle transmet la Parole au nom de la communauté qui vient de l’écouter à l’église, créant une atmosphère de proximité fraternelle. La communion se fait en silence, suivie d’un « Je vous salue Marie » et d’un échange informel. « Une expérience qui point ne se dit… mais qui se vit. »

Des instants de grâce

A 76 ans, Malou Cherpillod a derrière elle une vie de service comme aide hospitalière, puis pour Pro Infirmis et dans le service d’aumônerie de l’hôpital de Nyon. Ces différents engagements ont permis de belles rencontres et des moments très intenses qui ont développé son sens de l’écoute. Aujourd’hui, Malou offre des temps de prière « toujours dans le respect et le souhait » des personnes visitées. « Leur apporter la communion dans ces moments difficiles fut vraiment vécu comme des instants de grâce. »

Car là « personne ne triche, les malades sont vrais et Jésus vient les rencontrer dans leur maladie, leur fatigue, leur réalité. Il vient et se fait petit dans le creux de leurs mains. Ce si grand cadeau là, dans leurs mains ! ». L’auxiliaire est appelé à « être vrai », à « oser parler de la miséricorde infinie d’un Dieu qui nous aime, de cet amour infini qui nous accompagne
et qui nous dit : ‘Ne crains pas… Je suis
là’ ». Responsable pour la région du Mouvement chrétien des retraités, Malou donne la communion aux membres qui ne peuvent plus se déplacer, faisant ainsi
le lien avec la communauté et avec les prêtres s’ils le demandent. C’est pour elle « un honneur, une responsabilité et une très grande joie ».

Custodes offertes

Après la communion, le prêtre a béni chacun en lui remettant une custode : « Que le Seigneur vous bénisse, lui que vous allez servir en allant partager le Pain de Vie ». A suivi un temps de questions durant lequel il a rappelé en quelques mots les étapes qui jalonnent une visite, mais « l’essentiel est d’être vrai et simple ». Il a enfin proposé trois livrets pour les auxiliaires désireux d’approfondir le sens de leur mission.

Vous ne pouvez pas vous rendre à l’église ? Vous souhaitez recevoir la communion à domicile ? Vous connaissez des personnes âgées ou malades qui souhaitent recevoir la communion ? Vous pouvez prendre contact avec un auxiliaire de l’eucharistie. Vous trouverez leurs coordonnées et leurs disponibilités sous la communauté de la Colombière sur le site internet de l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte ainsi qu’au fond de l’église.

Intéressé à devenir auxiliaire de l’eucharistie ? Il vous suffit de contacter la cure de Nyon au 022 365 45 80. Site internet : www.catho-nyon.ch. On vous indiquera les prochaines possibilités de vous former (un samedi).

 

Les cours d’éthique et de culture religieuse: un enseignement multiculturel

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs Monthey et Haut-Lac (VS), mai 2021

Les cours d’ECR, éthique et culture religieuse, sont donnés par des laïcs dans les écoles primaires. Ils ont pour but l’enseignement de valeurs universelles et la découverte des religions du monde. Astrid Amaya Voirol est intervenante en ECR à l’école primaire de Vouvry dans les classes de 6H et 8H: «Si dans mes cours je parviens à transmettre aux enfants la valeur du respect des autres, de soi-même et des différences, j’ai atteint mon but», confie-t-elle.

PAR YASMINA POT | PHOTO : DR

Dans le cours d’éthique et de culture religieuse donné aux enfants de l’école primaire de Vouvry, on leur présente les grandes religions existant dans le monde : le christianisme, l’islam, le judaïsme, le bouddhisme, l’hindouisme. On y parle aussi de l’agnosticisme et de l’athéisme. Par le biais de récits, on y aborde les questions existentielles. «Le but du cours est d’apporter
aux enfants les connaissances qui vont leur permettre de se forger leur propre opinion», explique Astrid.

Textes sacrés, personnages et actualité

La Suisse ayant une tradition chrétienne, on fait découvrir aux enfants les textes judéo-chrétiens ; on leur parle de Jésus et de son enseignement. Comme l’explique Astrid, il y a des textes qui suscitent chez les enfants un intérêt particulier comme le texte fondateur des Dix Commandements dictés à Moïse, au sujet duquel ils posent de nombreuses questions. «Afin de placer ces textes dans un contexte actuel et pour illustrer les messages qu’ils portent, on aborde les diverses religions par la découverte de personnages de l’époque moderne: l’abbé Pierre, frère Roger, Ghandi ou encore Martin Luther King. Ce dernier par exemple nous a permis d’avoir avec les enfants une discussion privilégiée sur la question de la discrimination raciale, dont ils avaient envie de parler.»

Connaître les autres pour mieux les comprendre

«Les messages transmis en cours s’adressent à tous les enfants, qu’ils soient croyants, agnostiques ou athées. Il s’agit pour moi de leur montrer qu’il n’y a pas de « juste ou de faux » dans les croyances; je ne dévoile d’ailleurs pas ma propre religion. Cela donne aux enfants la liberté de poser des questions, de choisir de s’exprimer ou non. L’idée est de leur permettre de découvrir les autres et ainsi de mieux les comprendre»,
souligne Astrid.

Un moment de partage entre les enfants

Astrid remarque que les cours d’ECR sont un véritable moment d’échange. «Les enfants sont heureux de partager leurs propres expériences comme lorsqu’un servant de messe a spontanément expliqué la tâche qu’il accomplit pendant la célébration religieuse; ou lorsqu’une enfant a présenté à la classe son Coran, dans une édition pour enfants. Ils ont aussi du plaisir à voir l’intérêt manifesté par leurs camarades à l’égard de leur propre culture, comme lorsque nous étions en train d’étudier l’architecture sacrée et que des photos de beaux monuments religieux ont suscité dans la classe des exclamations d’admiration.»

Etre à l’écoute

«Je prends énormément de plaisir à enseigner cette branche: le contact avec ces jeunes est pour moi comme une bouffée d’air frais. C’est un sujet où il faut être ouvert et particulièrement à l’écoute; le fait de pouvoir transmettre aux enfants des valeurs universelles est en quelque sorte une manière de donner de l’amour», conclut Astrid avec enthousiasme.

Veiller en peinture et en poésie

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mai-juin 2021

La troisième veillée « Saveurs de Dieu », animée par Catherine Menoud jeudi 11 février à l’église de la Colombière à Nyon et retransmise sur YouTube, a permis à chacun d’entrer dans la prière par le biais de la peinture et de la poésie. Une soirée riche d’impulsions.

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET
PHOTOS : CATHERINE MENOUD

On aurait aimé admirer les aquarelles de Catherine Menoud disposées avec soin autour de l’autel de la Colombière et se laisser porter par la poésie de ses propos, échanger avec elle, la remercier pour tant de beauté. Pandémie oblige, chacun s’est installé devant son écran le 11 février pour vivre la troisième veillée « Saveurs de Dieu » intitulée « Quand la peinture devient prière ». Un authentique voyage intérieur soutenu par des œuvres belles, sobres et pleines de sens.

Pour Louis Evely, « quand on vit d’amour, de beauté, de vérité et de prière, on vit de Dieu même si on ne le nomme pas ». Notre Dieu se laisse découvrir et approcher par la peinture et la poésie, il se dit à travers la beauté. Catherine Menoud, assistante pastorale dans l’Unité pastorale des Rives de l’Aire, à Genève, en fait l’expérience à travers son travail d’artiste-peintre. C’est cette expérience qu’elle a partagée avec les paroissiens de l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte lors de cette veillée.

Eclats de beauté

« Dieu a déposé sa sensibilité créative dans les gènes de l’humain. Son désir de partager ses émotions est plein de beauté et rempli d’amour. J’en ai reçu un tout petit éclat. C’est alors qu’au fil du temps, avec la diversité des liens et à l’écoute de sa Parole, la peinture est devenue pour moi prière », a témoigné en ouverture Catherine Menoud, invitant chacun à la suivre dans cette aventure commencée dès l’enfance qui mêle « le goût et le don ».

Mots, musique et aquarelles se sont complétés tout au long de la soirée avec un fil rouge : les liens. « J’ai choisi de tirer les fils qui touchent aux liens, j’ai choisi d’enraciner quelques étapes de ce parcours dans la Parole de Dieu, inspirée par les ‘Exercices spirituels’ de saint Ignace » sur fond d’aquarelles. Car « la peinture est une poésie muette et la poésie une peinture parlante », dit le poète grec Simonide de Céos.

Catherine a commencé par un hymne aux oiseaux, si présents par leurs chants lors du premier confinement. Un temps où, en l’absence de célébrations, s’est posée la question du lien avec les paroissiens. Chargée de réfléchir à une carte pour faire signe, Catherine a imaginé un hymne aux oiseaux, représentés par la mésange, qu’elle a croquée dans des aquarelles lumineuses. « Vous les oiseaux, vous nous reliez à l’infini de la vie, de la beauté, de l’amour », s’est-elle exclamée.

Richesse des liens

La pandémie nous a maintenus à distance mais reliés. L’occasion de réfléchir aux liens qui nous ont construits, tissant chacun un bout de notre toile. Pour Catherine, c’est d’abord sa tante Canisia : « J’avais 8 ans lorsque j’ai fait ma confirmation. Environ dix ans plus tard, je me suis retrouvée semaine après semaine chez elle pour faire de la peinture ». Des temps de créativité et de partage : « Parfois nous peignions beaucoup et parlions peu, parfois nous parlions beaucoup et peignions peu ».

De fil en aiguille, la nièce et la tante suivent un cours d’écriture d’icônes et Catherine choisit l’image du Christ pantocrator, Parole qui porte la Parole « comme pour dire qu’elle est l’essence de notre foi ». Puis, à l’invitation d’une amie, Roselyne, Catherine vit un week-end sur le thème « Aquarelle et prière ». Un bout de chemin que résume ce passage de la Bible : « Le Royaume de Dieu ressemble à une graine de moutarde qu’un homme prend et plante dans son jardin. Elle pousse et devient comme un arbre et les oiseaux du ciel font leurs nids dans ses branches » (Luc 13, 18).

Reliés à la création

Reliés entre nous, nous sommes aussi reliés à la création. Car, écrit le poète François Cheng, « chaque expérience de beauté, si brève dans le temps, tout en transcendant le temps, nous restitue chaque fois la fraîcheur du matin du monde ». Pour Catherine, « toute expérience de beauté nous donne de vivre un moment de contemplation qui nous donne de goûter à Dieu », « un créatif original et ingénieux » qui contemple sa création : « Et Dieu vit que cela était bon » (Gn 1, 12). « Ne pouvant garder ce sentiment pour lui tout seul, il dépose sa sensibilité créative dans les gènes de l’humain. Nous en avons, j’en suis sûre, toutes et tous reçu un petit éclat, que ce soit dans un domaine ou dans un autre », a poursuivi l’animatrice.

« La peinture me permet d’exprimer ce qui m’anime et m’habite. Elle me connecte à la création et à ses créatures. Tous les sujets ouvrent à la contemplation, à l’émerveillement. » Et à la beauté de la lumière : « Je ne me lasse pas des effets de la lumière dans la nature, de la variété de ses couleurs et de ses ombres ». Car, lui disait un jour une moniale, « un tableau sans ombres ne révèle rien ».

Enracinés dans la Parole

Catherine participe à un nouveau stage d’écriture d’icônes, lors de la Semaine romande de musique et de liturgie à Saint-Maurice. Cette fois-ci, elle choisit la figure de Jean Baptiste : « J’ai toujours été fascinée par ce personnage plutôt original et saisissant de clairvoyance et d’humilité», «un passeur qui montre le chemin. Il est un facilitateur, il ouvre la voie. Mais pour cela il doit se dessaisir de sa mission. Elle ne lui appartient plus».

Catherine découvre alors les «Exercices spirituels» de saint Ignace de Loyola: «Ils mobilisent tous les sens. C’est une spiritualité de l’incarnation. Contempler le Christ dans sa vie, dans ses actes, dans son enseignement, dans ses liens, dans ses combats, sur son chemin de croix, … c’est trouver en soi, en l’autre, en les autres, l’empreinte de sa présence». Car «la foi est d’abord une expérience», celle d’un Dieu qui nous veut libres et désire «nous conduire à la fin pour laquelle nous sommes nés». Ignace l’avait compris, ayant expérimenté que «ce n’est pas l’abondance de la science qui rassasie et satisfait l’âme, mais c’est de goûter et de sentir les choses intérieurement ».

Catherine a ensuite convié les paroissiens à méditer l’épisode évangélique des disciples d’Emmaüs (Lc 24, 15) par le biais de quatre aquarelles : étroitesse, accueil de l’Autre, Ecriture, ouverture.

Visages, don de vie

En 2018-2019, Catherine prend un temps sabbatique de quatre mois à Québec. Elle y vit les « Exercices spirituels » sur un mois avec des temps de méditation quotidiens consacrés à la marche, la découverte et la peinture. Ce qu’elle peint – des illustrations tirées de revues composant un poster et qui reflètent son état d’âme du moment – sont l’occasion de belles réflexions.

Pour conclure la veillée, des visages en réponse à notre quête : « Qui es-tu, Jésus ? ». Car « qui serions-nous sans le regard, sans les regards, seuls capables de nous envisager ? Seul l’amour envisage. Le visage de l’autre vérifie mon cœur ».

Successivement sont proposés à la méditation des paroissiens sept visages : visage du Christ arrêté, visage du Christ jugé, visage mouillé, visage voilé, visage du Christ crucifié, visages attristés, visage du Christ enfermé. Mais « à l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. […] c’est là qu’ils déposèrent Jésus » (Jn 19, 41-42). « Un vent d’espérance y soufflait déjà, comme une caresse à tout jamais fleurie de tendresse, d’amour et de fidélité », a commenté Catherine. Des visages de la Vierge, enfin, accompagnés du poème « La Vierge à midi » de Paul Claudel, pour dire la fidélité et ouvrir sur la face du Christ.

Merci à Catherine Menoud d’avoir feuilleté avec nous, le temps d’une soirée, son album de souvenirs et partagé son chemin de foi, façonné par la peinture.

 

Parcours Siloé : enthousiasme et envie d’avancer

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mai-juin 2021

Un parcours Siloé a été organisé à Nyon de 2017 à 2020. Cette formation sur trois ans a offert aux participants de nouveaux outils pour approcher la Bible et approfondir leur foi ainsi que des moments de convivialité enrichissants. Plusieurs d’entre eux partagent leur expérience.

PHOTOS : ESTHER BÜRKI, LILIANE BLANCHARD,
JOSÉPHINE BILARDO-PALANO ET OLIVIER CAZELLES

Un parcours en entraîne un autre

Par Esther Bürki

Lorsque mes enfants étaient petits, j’ai été invitée, comme beaucoup de mamans, à prendre en charge un groupe de catéchèse. Après bien des hésitations, je me suis dit : « Pourquoi pas moi ? ». Ce qui m’a grandement aidée dans ma décision, c’était la qualité des formations proposées par l’équipe de Nyon aux parents catéchistes. Aussi, lorsqu’un parcours Alphalive a été organisé à la Colombière, je m’y suis tout naturellement inscrite. Cette expérience m’a permis de rencontrer des paroissiens et des bénévoles engagés et pas seulement les parents d’enfants catéchisés. Le succès des soirées Alphalive repose sur la qualité des intervenants, mais également sur la convivialité vécue à travers les échanges et les repas partagés. L’accueil chaleureux des responsables et la découverte de la communauté m’ont donné envie de participer plus activement à la vie paroissiale.

Dès lors, j’ai continué à suivre mes enfants en catéchèse et à animer des rencontres avec une plus grande motivation. J’ai aussi réalisé que j’avais des lacunes qui m’empêchaient d’être tout à fait à l’aise avec les enfants qui m’étaient confiés. Cependant, les formations pour catéchistes m’étaient d’un grand soutien. Je me souviens particulièrement d’une formatrice du service de catéchèse dont les explications étaient une
véritable catéchèse d’adultes. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’interroger sur le contenu de ma foi.

Le parcours Siloé est arrivé à point nommé même si m’engager pour trois ans me semblait très long. Les moteurs étaient une nouvelle fois la convivialité et les participants. Siloé m’a permis de revoir les fondamentaux de notre foi, de déconstruire certaines idées reçues et d’actualiser ma foi. J’y ai trouvé des réponses à mes doutes, ce qui m’a permis d’animer des rencontres de catéchèse en toute confiance et de m’engager dans une autre activité bénévole afin de témoigner et de partager ce que j’avais reçu.

S’il était important de recevoir cet apport théologique, ma foi a besoin d’être nourrie au quotidien. Ma nourriture c’est la Parole, la prière, la liturgie, les sacrements et la richesse de ce qui se vit dans nos communautés. Ainsi, je chemine avec le Christ tous les jours dans les moments heureux et ceux qui le sont moins.

Trois ans pour me tremper dans la piscine de la foi

Par Liliane Blanchard

Lorsque la formation Siloé a été proposée par une annonce dans le feuillet dominical, je me suis dit que ce serait sûrement intéressant, et je n’ai pas été déçue! L’approfondissement de ma foi, la découverte des différentes saveurs de la Bible, l’occasion de faire le point sur les grands dogmes chrétiens, la structure et les dernières évolutions de l’Eglise, voilà qui était assez tentant. Il y a eu des moments forts pendant ces trois ans et les plus belles expériences restent sans aucun doute les rencontres avec les participants et la qualité de nos animateurs. Passionnants, passionnés et d’une fabuleuse compétence.

Cette véritable mise en bouche m’a permis de continuer à m’engager naturellement dans ma paroisse, mais m’a aussi donné envie d’aller plus loin. C’est pourquoi je me suis inscrite à un cours mensuel sur les Pères de l’Eglise offert par le vicariat du canton de Vaud et donné par un de nos animateurs!

En résumé, Siloé c’est trois ans de bonheur fraternel, une belle découverte de soi et des autres. Ils ont passé… comme l’éclair en surfant sur la vague de l’Esprit. Si on vous le propose, il serait vraiment dommage de ne pas répondre « Fiat » !

Nourrir ma spiritualité comme mon corps

Par Joséphine Bilardo-Palano

Depuis fort longtemps, ma croyance religieuse est la source dans laquelle je puise et ma foi le pilier sur lequel je peux m’appuyer dans les moments les plus durs. Je me suis toujours dit qu’au même titre que mon corps, ma spiritualité avait besoin d’être nourrie. Cette quête de nourriture m’accompagne depuis des années et j’essaie de la transmettre par le catéchisme et le bénévolat. C’est pourquoi j’ai participé à différentes formations, conférences, réunions, étapes catéchétiques et au parcours Siloé, que j’ai suivi avec un grand plaisir. Quelle chance d’avoir pu suivre ce parcours sans trop me déplacer !

J’ai également eu l’occasion de rencontrer sur mon chemin des personnes qui m’ont donné le goût d’aller plus loin dans ma recherche spirituelle. Je ne puis qu’encourager tous ceux qui en ont envie à suivre les parcours qui nous sont proposés. Ils ont enrichi mes connaissances et raffermi ma confiance à m’investir dans ma mission de disciple. De plus, ils m’incitent à partager ma foi dans ma vie de tous les jours et en paroisse.

J’en garde un très bon souvenir. J’ai encore soif d’approfondir certains textes bibliques comme le livre de Job. Les malheurs de cet homme me paraissent toujours aussi injustes: je peine à comprendre le pourquoi de toutes les épreuves qui lui sont infligées.

Un parcours arrivé au bon moment

Par Olivier Cazelles

Il y a des moments où je ressens le besoin de mettre de l’ordre dans mon quotidien, de le dépoussiérer. Mon parcours de deux ans à l’Atelier œcuménique de théologie à Genève très proche du parcours Siloé, est tombé au bon moment : j’étais disponible. Ce furent des mois d’enthousiasme et de redécouverte de ma foi. Je me suis même surpris à souhaiter devenir un des disciples de Jésus. Enthousiasme un peu naïf ! Lire et méditer les évangiles me permettaient de retrouver en moi une certaine actualité. Les psaumes me devenaient accessibles : surmontant la difficulté du langage, je pus m’identifier au psalmiste qui se plaint, loue le Seigneur, comprend un peu l’histoire du peuple juif et donc notre histoire sainte.

Le salut proposé par Jésus perdait un peu de son caractère théorique pour devenir libération de mes faiblesses. La résurrection de Jésus après la Passion, ça me parlait. Mais pourquoi Jésus devait-il souffrir la Passion pour nous dire son amour et nous sauver ?

En paroisse, j’ai besoin de la présence des autres, d’amis qui sont en recherche comme moi. C’est pourquoi j’ai tellement de plaisir à vivre les rencontres de l’Evangile à la maison ; et j’apprécie les partages d’Esther, de Joséphine et de Liliane.

Les premiers communiants

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), mai 2021

La pandémie n’a pas facilité la tâche des catéchistes pour préparer les enfants à leur première communion. Elles y sont tout de même parvenues, preuve en sont les photos des futurs premiers communiants des différentes paroisses !

Les célébrations ont elles aussi dû être repensées pour respecter les directives sanitaires : plusieurs messes en petits groupes, réservées aux familles. Nous sommes loin des grandes célébrations des années précédentes, mais l’émotion des enfants qui ont déjà passé leur première communion était bien palpable, et leur joie de recevoir le corps du Christ pour la première fois a effacé tout le reste. Belle fête à celles et ceux qui passeront leur première communion ce mois-ci et un grand merci aux familles, aux catéchistes, aux prêtres et, bien sûr, à tous ces enfants !

PHOTOS : MARGUERITE CARRUPT, ANNICK VERCELLONI, MYRIAM UDRY

Atelier œcuménique de théologie

Reconstruire son lego

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2021

L’Atelier œcuménique de théologie (AOT) lance sa 25e volée en septembre 2021 (voir l’annonce dans le n° du mois d’avril de Vie de l’Eglise à Genève). Sur le thème « Dieu aujourd’hui ? Entre incertitudes et confiance », le parcours de formation de l’AOT s’interroge sur la place de Dieu dans notre monde.
Rencontre avec Anne Deshusses-Raemy, responsable du Service de la formation à la mission écclésiale (ForME) de l’Eglise catholique romaine à Genève, enseignante et codirectrice catholique de l’AOT.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL GONDRAND | PHOTO : DR

Anne Deshusses-Ramy, l’AOT ça sert à quoi ?
L’AOT c’est ouvrir le questionnement des gens. Donc, non, nous ne répondrons pas à cette question « Dieu aujourd’hui ? » mais nous la poserons et nous la reposerons pour que les participants y réfléchissent et que nous cherchions ensemble comment y répondre. La seule vérité du christianisme c’est le Christ. C’est un Dieu qui se compromet dans l’humanité, qui vient vivre avec nous, qui vient pleurer avec nous, qui vient manger avec nous, qui meurt et qui nous dit que la mort n’est pas la fin de tout puisqu’Il est vivant ! C’est pour moi la seule vérité. Cela étant, nous n’assénons pas cette vérité sur la tête des gens sous prétexte que c’est notre foi. Chacun peut y adhérer ou non. Notre objectif n’est pas de formater mais de faire théologie ensemble.

Que fait-on lorsque l’on achève le parcours de l’AOT au bout de deux ans ? Que retirent les gens qui ont passé deux ans à réfléchir sur les thèmes que leur propose l’AOT, est-ce que cela change leur vie ? Avez-vous reçu des témoignages de participants, certains ont-ils changé, choisi de nouvelles orientations ?
Presque la moitié des participants de l’AOT s’engagent ultérieurement dans des actions ecclésiales ou au service de la cité. Et comme réussite, c’est extraordinaire. Mais le but n’est pas de les contraindre à aller à la messe ou au culte…
Je ne veux pas parler à la place des participants, mais allez jeter un coup de l’œil sur le site web de l’AOT (aotge.ch), vous y trouverez des témoignages. Nous avons toutes sortes de participants, il n’y a pas de prérequis. Ils arrivent comme ils sont, avec ce qu’ils croient et ce qu’ils ne croient pas. Il y a des agnostiques, des athées, comme des traditionalistes, fondamentalistes, tous sont accueillis à l’AOT. La seule chose que l’AOT leur demande, c’est d’accepter de discuter de leurs convictions et de ne pas chercher à convaincre les autres. Tous arrivent avec des attentes différentes. Certains parce qu’ils ne comprennent rien à la Bible, parce qu’ils ont ouvert le bouquin et essayé de le lire dans l’ordre ; mais la Bible, ce n’est pas un livre, c’est une bibliothèque, et donc ça ne marche pas. Bien sûr, l’AOT transmet un savoir, c’est une formation, pas uniquement un débat. Nous recevons parfois des participants qui viennent pour être confortés dans leurs idées de la foi et qui doivent comprendre que notre formation bouscule les idées reçues, la pensée toute faite. Alors… si l’on a peur d’être bousculé…

Un exemple ?
Je vais témoigner d’une personne qui pendant les trois premiers mois de la 23e volée est rentrée chez elle en pleurant tous les lundis soir, et qui, en groupe, ne pouvait pas s’exprimer. A l’époque je me suis fait beaucoup de souci pour elle. Elle m’a répondu que je ne devais pas car elle-même commençait à comprendre pourquoi elle pleurait. Après ces premiers mois, elle est alors arrivée dans son groupe et a déclaré que jusqu’à présent, sa foi était un lego. Tout au long de sa vie elle avait construit son lego avec différentes pièces et elle s’était fabriqué son Dieu, sa foi, sa croyance, sa religion. Et l’AOT lui a cassé son lego. « Je me suis retrouvée comme une petite fille devant un jouet cassé. Et c’est pour cela que j’ai pleuré, m’a-t-elle dit. Mais maintenant je suis en train de le reconstruire, autrement ! » A la suite de sa formation, cette personne s’est engagée comme animatrice de groupe. Il s’agit de quelqu’un qui peut témoigner du fait que cette expérience a été très « bousculante » pour elle.

Faudrait-il recommander cette formation à toutes les personnes qui doutent ?
Oui, à ceux et celles qui doutent de leur foi, qui doutent de Dieu, de ce qu’ils entendent dans les Eglises, mais aussi aux personnes qui sont heureuses dans leurs paroisses et qui y trouvent beaucoup de choses. Et surtout, ce qui est extraordinaire, c’est que tout ce petit monde si différent se rencontre, s’écoute, discute, dans le respect. Nos groupes sont totalement mixtes. Nous équilibrons les âges, les sexes, les professions, les confessions.

Est-ce que cela ne fait pas un peu peur aux candidats de penser qu’ils vont devoir s’engager pour deux ans ? Ce n’est pas un séminaire de trois jours.
Oui et non. C’est un peu comme un cours de gym, quelquefois on est fatigué et on n’a pas envie d’y aller mais on se pousse et l’émulation se crée entre les participants. Il s’agit bien d’un engagement qu’on demande à chaque participant, un engagement qui peut paraître énorme au début. Et pourtant, à la fin, beaucoup sont très déçus que cela se termine.

Si je ne crois pas en Dieu, puis-je suivre cette formation ?
Bien sûr, mais il faut être prêt à écouter ce qui se dit dans cette formation et à en débattre dans le respect. Le mot « œcuménique » ne doit pas porter à confusion. Il faut l’entendre au sens d’un dialogue entre chrétiens. Il ne s’agit pas d’une formation interreligieuse.

Les participants sont-ils plutôt enclins à écouter les théologiens de leur propre confession ?
Non, ceux et celles qui suivent la formation le font aussi avec une certaine curiosité des autres confessions. Ils ont une envie de découvrir, d’apprendre. Et les enseignants apprennent aussi des autres enseignants.
La volée qui s’achève a comme thème : « Découvrir la beauté de l’autre : chemins vers Dieu ? » Depuis quelques années tous les thèmes de volée contiennent un point d’interrogation.

Bonne route…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2021

TEXTE ET PHOTO PAR VÉRONIQUE BENZ

La majorité des catholiques, tout comme moi, ont été baptisés bébé et ont reçu les sacrements de l’initiation chrétienne (première communion et confirmation) entre l’enfance et l’adolescence. Notre catéchèse scolaire terminée et les sacrements reçus ne signifient pas la fin de notre cheminement de foi, bien au contraire ce n’est que le début de l’aventure. En effet, durant toute notre vie nous avons à découvrir, redécouvrir et approfondir les grâces reçues.

Nous pouvons le faire simplement par la fréquentation des sacrements et la participation aux fêtes de l’année liturgique, à l’exemple des jeunes qui ont vécu cette année la Montée vers Pâques à Saint-Jean.

Il y a également d’autres manières d’approfondir sa foi. Vous le découvrirez à travers les témoignages d’un couple du Chemin néocatéchuménal et des participants au parcours Alphalive.

Ce numéro conduira également vos pas sur les ermitages troglodytes des environs de Fribourg et des ermites pas toujours saints qui y vivaient. Enfin, en ce mois de mai, mois de Marie, nous vous proposons une vision artistique de Notre-Dame de Bourguillon, une autre manière d’aborder ce sanctuaire où de nombreux pèlerins viennent se ressourcer.

Quels que soient nos choix de vie et notre vocation, nous avons tous à faire fructifier les grâces reçues lors de notre baptême, lors de notre confirmation, lors de notre première communion, lors de notre mariage ou de notre ordination. Chacun a son propre chemin de foi, l’essentiel est de se mettre en route à la suite de Marie et des disciples.

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