Permanence des rites

PHOTO : DR

PAR CALIXTE DUBOSSON

Lors d’une session réunissant plusieurs prêtres, un intervenant, le
sociologue Bernard Crettaz, nous a surpris en conseillant de ne pas abandonner certains rites au sujet des funérailles, mais de les renforcer. Ils permettent de bien faire son deuil et s’inscrivent dans la continuité d’une pratique ayant fait ses preuves.

J’ai connu l’époque où, dès le décès d’une personne, on commençait par sonner le glas. Le curé et le président étaient avertis. On appelait le menuisier pour le cercueil. Dans la maison, on préparait la veillée alors qu’un voisin prenait soin du bétail ou des travaux à terminer. Dans un tiroir, on trouvait les instructions pour habiller le défunt qui reposait dans sa chambre. Jusqu’au jour de la sépulture, il était veillé
jour et nuit par la famille et les amis dont certains abusaient de la dive bouteille à tel point que, le matin venu, seul le défunt était de sang-froid !

Ces pratiques rendaient la mort la plus naturelle possible. Alors, c’était mieux avant ? Dans cette perspective, certainement. A nous de relever le défi, de maintenir ou d’inventer des rites qui dédramatisent l’évènement de la mort et surtout qui traduisent l’espérance chrétienne de la résurrection.

Via Jacobi: Romont-Moudon

Notre-Dame des Pauvres.

Texte et photos par Pascal Ortelli

Le mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà des sentiers battus, la Via Jacobi regorge de curiosités. Chaque mois, L’Essentiel prend son bâton de pèlerin et en réalise un tronçon sous forme d’une balade familiale à faire sur la journée. Aujourd’hui, cap sur Moudon pour une longue étape, idéale à vélo.

Départ depuis la gare de Romont, 4h30 aller simple, 18 km

1. Depuis la gare, montez dans le bourg pour découvrir la collégiale où vous retrouverez une sculpture de saint Jacques sur les stalles.

2. Sortez de la ville par le sud-ouest jusqu’à la zone industrielle que vous traverserez pour vous rendre à l’oratoire de Notre-Dame des Pauvres. Poursuivez sur la droite sur un chemin de campagne.

3. A Billens, prenez à gauche le long de la route goudronnée et attaquez la montée. Arrivé sur la crête d’Hennens, frontière entre Fribourg et Vaud, prenez à gauche dans l’herbe jusqu’à l’antenne et attaquez la descente.

4. A Curtilles, ne manquez pas de visiter le temple, une ancienne église dont la reconstruction date de 1231.

5. Quittez ensuite le tracé de la Via Jacobi pour vous rendre à Lucens. La ville avec son imposant château mérite le détour. Au pont routier, remontez la Broye, en direction de Moudon jusqu’à la passerelle qui rejoint le chemin officiel.

6. Dans la ville basse de Moudon, les stalles de l’église Saint-Etienne valent le détour.

Les plus motivés et à vélo seulement (15 km) peuvent rentrer par Siviriez et la Pierraz pour découvrir la maison natale de Marguerite Bays (no 7) et la chapelle du Bois (no 8) avant de rejoindre Romont par la route principale.

Curiosité

L’église de Curtilles, dédiée à saint Pierre et dont la première construction remonterait à 1055, est considérée comme l’une des plus anciennes du diocèse de Lausanne.

Coup de cœur

Le musée Sherlock Holmes 
Sir Adrian Conan Doyle, le fils du romancier, fit du château de Lucens où il résida un musée dédié à l’œuvre de son père, qui se trouve aujourd’hui en contrebas dans la « Maison rouge ».

En librairie – avril 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Choisis la Vie !
Timothy Radcliffe

A propos de la pandémie du Covid, le philosophe André Comte-Sponville s’est écrié : « Ne sacrifiez pas l’amour de la vie à la peur de la mort ! » Par ce livre-confession, le frère dominicain Timothy Radcliffe rappelle que le chrétien doit témoigner et être du côté de la vie. Dans un monde où l’on parle d’aide au suicide, d’euthanasie et d’avortement, nous sommes invités à choisir la vie. « Je mets devant vous la vie et la mort : choisissez la vie », demande Dieu. « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et l’aient en abondance », répond Jésus.

Editions Cerf

Acheter pour 34.00 CHF

Entre tradition et décision
Sophie Tremblay

Un jeune couple doit décider de faire baptiser ou pas son enfant. Entre les parents, au bagage religieux différent, s’engage un dialogue sur la nature de la foi chrétienne qui s’étend peu à peu à leurs proches aux itinéraires spirituels tout aussi variés. A partir de cette mise en scène inspirée d’histoires vraies, et qui vise à demeurer au plus près de l’expérience, Sophie Tremblay développe sa réflexion sur la transmission de la foi dans une société plurielle et laïcisée. Ce livre qui jette des ponts entre tradition et modernité pose des bases solides pour repenser l’initiation chrétienne dans le contexte actuel.

Editions Médiaspaul

Acheter pour 30.20 CHF

L’Esprit renouvelle tout
Nathalie Becquart

A partir de sa riche expérience pastorale auprès des jeunes, Sœur Nathalie Becquart, nouvelle sous-secrétaire du synode des évêques, propose avec ce livre un véritable GPS, capable d’orienter une pastorale qui leur soit adaptée.

L’auteur donne également des exemples concrets et des conseils pratiques. Ces pages aideront ceux qui, dans l’Eglise, souhaitent accompagner les jeunes vers un renouveau, en lien avec leurs cultures et leurs nouveaux langages, dans un réel esprit de coresponsabilité. 

Editions Salvator

Acheter pour 27.60 CHF

Saint Irénée de Lyon
Etienne Piquet-Gauthier – Pascal Vitte

Après la mort de Jésus, les apôtres décident d’aller répandre la Bonne Nouvelle dans bien des pays, dont la Grèce. Touché par le message du Christ, Irénée, un érudit du IIe siècle, va partir jusqu’en Gaule. Porté par son zèle missionnaire, il souhaite encourager les chrétiens à entretenir une unité. Il deviendra par la suite évêque de Lyon. Le IIe et le XXIe siècle connaissent la tentation de la pensée scientifique qui en fait un absolu au mépris de la foi du simple croyant. Pétri de la Parole de Dieu, Irénée fait partie de ceux qui combattent l’erreur non par la sentence de la condamnation mais par la raison et la foi. Cette bande dessinée nous en dépeint les contours.

Editions Signe

Acheter pour 28.80 CHF

Pour commander

Parrain et marraine, pour quoi faire ?

La mission de parrain ou marraine dans l’Eglise catholique est plus qu’une reconnaissance affectueuse, elle est aussi un engagement.

PAR BÉNÉDICTE DROUIN-JOLLÈS

PHOTO : CIRIC

Le jour où l’on vous a demandé d’être parrain ou marraine, sans doute avez-vous été flatté si vous avez accepté. Mais honnêtement, une fois la cérémonie de baptême passée, qu’est-ce que cela a changé mis à part le fait que vous ayez rajouté un nom sur la liste des destinataires de vos cadeaux de Noël ? Parrains et marraines ont plus ou moins de bonne conscience vis-à-vis de leur filleul, friand d’une relation privilégiée qu’ils tentent d’inventer. Pour le croyant, cette mission n’est pas banale.

« Pour qu’une complicité grandisse avec chacun de mes filleuls, je les ai beaucoup vus petits, je me sens un peu comme leur ange gardien, explique Rose, dynamique célibataire, deux fois marraine. Je veux les choyer et aussi les aider à regarder le Ciel. » Pour elle, répondre positivement aux questions du prêtre qui s’apprête à baptiser, c’est s’engager pour aider les parents à éduquer chrétiennement leur enfant. Aussi, en plus des cadeaux qui lui parlent, elle essaie de poser des petits gestes qui l’éveilleront à la présence de Dieu. « C’est tout simple, par exemple visiter une église pendant une balade en vacances, y allumer une bougie signe d’une prière commune, ou encore offrir un crucifix pour une première communion et pas simplement une montre », témoigne-t-elle.

Jamais trop tard pour accomplir ce « job » de parrain ou de marraine, en particulier grâce à la prière. « Tous les jours, je confie mes enfants et mon filleul », reconnaît Jean, conscient qu’il n’est pas facile pour un jeune
d’intégrer les valeurs chrétiennes. « J’ai eu la chance d’avoir une
marraine débordante de bonté, de malice et de foi, je m’en inspire, c’est grâce à elle que j’ai gardé un contact avec l’Eglise. J’essaie de poursuivre cette chaîne d’amour et de foi. »

Christ glorieux…

… cimetière de Massongex (Valais)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Représenter un Christ glorieux dans un cimetière peut surprendre. On serait tenté de dire que ce n’est ni le lieu ni le moment pour un cours de théologie et qu’on préférerait un Christ qui pleure avec ceux qui pleurent. Et pourtant…

La résurrection, aussi éclatante que Madeline Diener ait pu la représenter, implique nécessairement la mort. Contempler le Christ écarter les portes de la mort, c’est contempler un témoignage de ce « jusqu’au bout » de l’amour de Dieu.

Si le Christ peut repousser les portes de la mort, c’est parce qu’il s’y est rendu. Il n’a pas reculé devant la souffrance et le sentiment de solitude.

Nous l’avons tous déjà entendu : depuis la mort et la résurrection du Christ, nous ne sommes plus jamais seuls. Notre Dieu s’est fait homme pour habiter chacune de nos expériences et nous rejoindre dans chaque étape de notre vie. Le dire un jour ensoleillé est une chose, s’en souvenir et en être convaincu au jour de la tristesse en est une autre. Et c’est peut-être là que l’art de Madeline Diener prend tout son sens.

La voie du cœur

Le Christ glorieux n’est qu’une des œuvres que l’artiste a réalisées pour le cimetière de Massongex. La mosaïque qu’elle a créée ne cache rien de la détresse des femmes qui avaient suivi Jésus. Elle nous entraîne ainsi dans un chemin vers la consolation, nous guidant du chagrin à la joie.

Là où les mots peinent parfois à rejoindre, la beauté trouve la voie du cœur.

Ce Christ glorieux, s’il peut surprendre au premier regard, est porteur d’un sens profond. Il nous rappelle qu’aucun des gouffres dans lesquels nous pouvons tomber n’est trop profond pour notre Dieu dont les bras viennent toujours nous repêcher.

Retraité à mi-temps

Après quatre législatures au Conseil national, Dominique de Buman a pris sa retraite politique en 2019. Le « retraité à mi-temps » évoque des mandats professionnels correspondant à ses convictions, des engagements politiques qui lui tiennent à cœur et un « C » qui disparaît…

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

La retraite d’un politicien, ça ressemble à quoi ?

Ce n’est pas une vraie retraite. Les mandats purement électifs sont terminés, mais j’ai des activités professionnelles qui sont le prolongement de mon engagement politique. Proche de l’âge légal de la retraite, je n’y étais pas encore formellement et surtout pas moralement prêt. J’ai eu en amont un certain nombre de contacts afin de pouvoir poursuivre des mandats qui correspondent à mes convictions, à mon expérience et à ma vision de l’éthique dans les affaires.

La vôtre est plutôt celle d’un homme engagé, puisque vous avez prêté votre image à l’initiative pour des multinationales responsables ?

L’initiative a été déposée lorsque j’étais encore à Berne. La cause me semblait juste. J’ai réalisé qu’un bon nombre d’élus manquaient de courage par rapport à cette question. Nous avons tout intérêt à ce que les mécanismes économiques soient sains et les entreprises assujetties aux mêmes règles d’éthique. Il y a bien entendu l’aspect environnemental et humain. Pour ce dernier, il me paraissait important d’offrir une protection aux laissés-pour-compte.

On a beaucoup parlé de la nouvelle étiquette du PDC (le Centre), mais qu’en est-il du contenant et du contenu ?

J’ai beaucoup hésité sur l’opportunité de changer le nom du parti. D’un côté, je trouvais que nos prises de position n’étaient peut-être pas toujours en adéquation avec l’Evangile – donc est-ce juste de se dire encore chrétien ? – de l’autre, je ne voulais pas être acteur du démantèlement d’une étiquette chargée d’histoire. Finalement, j’ai voté pour le maintien du nom. Concernant le « flacon », j’ai une petite crainte qu’il n’y ait pas de projets nouveaux. Changer l’étiquette, c’est une chose, mais il faut aussi s’occuper de la qualité du contenu.

Un nouveau nom pour un nouvel élan : voyez-vous poindre ce nouveau souffle ?

C’est trop tôt pour le dire. Il faudra voir avec le temps si cette nouvelle appellation attire vraiment le public visé. C’est-à-dire ceux qui ne désirent pas de mélange entre le politique et le religieux.

N’y a-t-il pas un risque que ce changement de nom pousse aussi à une dilution des valeurs chrétiennes du parti ?

Bien sûr ! Je crains qu’il y ait encore moins de références aux valeurs chrétiennes à l’avenir. La dilution est un risque, puisque le but avoué est d’attirer une nouvelle tranche d’électorat qui aurait eu peur d’une étiquette chrétienne. Mais si la référence chrétienne dissuade, les nouveaux arrivants risquent bien de ne pas avoir d’attachement à ces valeurs-là et donc de diluer celles qui subsistent encore.

Est-ce que cela signifie que la politique et la foi ne font pas bon ménage ?

Non, je ne dirais pas cela. Il est possible de faire de la politique avec honnêteté et conviction, indépendamment du nom du parti. La responsabilité personnelle de chacun est engagée par rapport à sa conscience. Mais la foi est très exigeante, et si on la met en œuvre, on ne peut pas se comporter dans les décisions politiques comme un non-croyant.

Après la difficile année 2020, quels objectifs devraient se fixer vos collègues en fonction pour 2021 ?

La priorité du monde politique devrait être d’assurer la cohésion sociale. Finalement, ne pas laisser les gens sur le bord de la route. Ce devrait d’ailleurs être un but en tant que tel.

Ce dont je suis convaincu en tant que croyant : cette crise doit nous inciter à prier toujours davantage. Elle nous
a donné la preuve de notre fragilité, il nous faut donc demander les forces, le comportement
adéquat et la vision juste pour assumer cette crise. La pandémie nous interpelle, mais elle doit surtout nous pousser à nous améliorer.

 

Biographie express

Dominique de Buman est né

le 28 avril 1956 à Fribourg.

Il y grandit et effectue une maturité latin-grec au Collège Saint-Michel.

Il obtient ensuite une licence

en droit à l’Université de Fribourg.

1986 : Conseiller communal de la Ville de Fribourg (-1994) et député au Grand Conseil du Canton

de Fribourg (-2003)

1988 : Secrétaire politique

du PDC fribourgeois (-1993)

1994 : Syndic de la Ville

de Fribourg (-2004)

2001 : Président du Grand Conseil

2002 : Président du Groupe PDC

du Grand Conseil (-2003)

2003 : Conseiller national (-2019)

2004 : Vice-président du PDC Suisse (-2016)

2017 : Président du Conseil national (-2018)

 

Comprendre la liturgie et les sacrements

PAR CHANTAL SALAMIN | PHOTO : DR

Sacrements, sacramentaux, bénédictions, célébrations, rites, etc. sont là pour nous, mais en avons-nous conscience ? Ce mois-ci, découvrons-les à travers les enseignements et propositions du site liturgie.catholique.fr, édité par le Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle de la Conférence des évêques de France.

Non, la liturgie, ce n’est pas seulement le job du curé . Elle est là pour que nous puissions accueillir les dons de Dieu qui nous sont essentiels pour une vie pleine.

Ce site nous invite à nous laisser interpeller par ce que Notre Père veut pour nous, il nous invite à nous ouvrir à la liturgie et nous en donne les moyens.

S’ouvrir à la liturgie

Prendre le temps d’entrer dans la signification de la liturgie (lire « La participation active des fidèles durant la messe »), c’est entrer dans le combat spirituel sachant que Dieu nous accompagne, donc un combat dont nous ressortirons vainqueur d’une vie plus pleine (lire « La liturgie entraîne au combat spirituel »), en communauté (lire « En l’absence de rassemblement dominical, garder la communion entre nous ! ») en mettant nos pas dans ceux qui nous précèdent, membres de nos familles, de nos communautés, bienheureux et saints.

« Chaque année, le temps liturgique nous fait parcourir tout le mystère du Christ. A travers le cycle pascal, les fêtes fixes, la succession des dimanches, ce sont les grands mystères de la foi que les chrétiens sont invités à célébrer […] qui permet aux baptisés de se réapproprier toutes les dimensions de leur foi, au cœur de leur propre histoire et de celle de l’humanité. » (lire « L’année liturgique, chemin de conversion »).

Et se laisser creuser

Le site propose de nombreux éclairages par divers contributeurs (prêtres, religieux, laïcs), notamment une bibliothèque de dossiers avec des sujets qui nous interpellent aujourd’hui et creusent notre soif de découverte. Par exemple : « Prier et célébrer au temps du coronavirus », « La « Saison de la Création » : un temps pour protéger l’héritage du Créateur », « L’Eglise et l’art contemporain, un dialogue fécond », « Redécouvrir la prière du Notre Père », « « Protection, délivrance, guérison » : présentation et réflexions », « La pénitence a-t-elle un sens ? », « La Semaine sainte : une unité à l’épreuve du temps et de l’espace ».

Carême

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE) mars 2021

PAR JOEL AKAGBO | PHOTO : DR

« Seigneur, avec toi, nous irons au désert… »

Ce chant de Carême nous révèle le sens profond du Carême. Que signifie pour nous chrétiennes, chrétiens, « aller au désert ? ».

Le Carême est souvent associé à la notion du « désert » à cause des 40 ans du peuple élu au désert avant d’entrer en terre promise (Nb 11, 1-25, 18), aussi des 40 jours de jeûne et de prière de Jésus au désert après son baptême ( Mt 4, 1-11).

« Aller au désert » est perçu par le prophète Osée comme un temps de fiançailles : « Voici que moi je la séduis et la conduirai au désert et je parlerai à son cœur… Et je te fiancerai à moi pour toujours. » (Os 2, 14.16)

Si la période du désert est donc envisagée chez le prophète Osée comme une préparation au mariage, durant le Carême Dieu attend son peuple comme un fiancé attend avec impatience sa future épouse. Le désert est donc le temps d’attente et de préparation en vue d’un événement magnifique. En hébreu, le mot « désert » ressemble au mot « parole », c’est pourquoi durant le Carême, nous sommes appelés à ouvrir notre cœur pour écouter la voix du Seigneur et à manger sa parole.

Ces quarante jours sont le temps de grâce, le moment favorable que l’Eglise met à notre disposition afin de repartir d’un bon pas, réorienter notre marche, purifier notre cœur et secouer notre torpeur.

Le Carême nous invite à une démarche de réconciliation avec Dieu et avec notre prochain (2 Co 5, 20), à la prière persévérante, au partage généreux, à la miséricorde et à la compassion.

Il n’est rien d’autre qu’un chemin d’amour vers le Père. Ce temps fort commence le Mercredi des cendres et s’achève avec la Semaine sainte et le dimanche de Pâques.

En ce temps de crise généralisée, il nous faut simplement nous tourner vers notre Père, vers nos frères et sœurs avec une grande charité par l’intercession de saint Joseph.

Le pape François nous rappelle que notre vocation chrétienne est de faire connaître l’amour miséricordieux que le Christ porte à chacune et chacun de nous : « Tant de cœurs ont besoin d’être réchauffés à la flamme de son amour ! »

Bon et fructueux Carême et bonne Montée vers Pâques !

La Sagesse, notre divine Compagne pour 2021 ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

PAR MARIE VERENNE

« La sagesse de ce monde est folie auprès de Dieu. » (1 Co 3, 19)

La sagesse, voilà un mot qu’on n’utilise plus guère. Sait-on encore ce qu’il signifie ? On parle plutôt intelligence, performance, compétitivité…, dans notre culture athée, qualités requises pour prospérer sur terre en vue du succès et de la richesse. Jésus le dit, dans le domaine profane, « les fils de ce monde-ci sont plus avisés envers leurs propres congénères que les fils de la lumière ». (Lc 16, 8)

« Yahvé prend les sages au piège de leur ruse ; leurs habiles conseils se trouvent dépassés. Ils butent en plein jour contre l’obscurité, tâtonnant dans la nuit, alors qu’il est midi. » (Jb 5, 13-14)

La Sagesse avec un grand S, le Don le plus élevé de l’Esprit, n’a rien de commun avec cette « habileté » qui dévie trop souvent vers la malignité. Elle s’y oppose même, requérant les Vertus premières de la Foi : humilité, charité, pureté, douceur, obéissance…

« … mettez-vous à Mon école, car Je suis doux et humble de Cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. » (Mat 11, 29)

Etre sage selon la Bible, c’est se reconnaître créature pécheresse, entièrement redevable au Dieu d’Amour et au Sacrifice Rédempteur de Jésus, puis travailler à se soumettre toujours plus authentiquement à Sa Volonté très parfaite, exprimée par Sa Loi, avec le cœur d’un enfant aimant. Pourquoi ? Parce que l’homme est fait pour le bonheur et que c’est là l’unique voie qui y conduise. Il faudrait être fou pour se condamner à l’horreur éternelle ou même à un dur Purgatoire, quand Jésus nous propose les Félicités indicibles du Royaume !

Si nous nous confions corps et âme à Marie, Trône de la Sagesse, Elle nous rendra disponibles à l’accueil de ce Trésor divin et nous ramènera au Bien quand nous dévierons, tentés par les suggestions alléchantes de Satan.

La Sagesse est plus précieuse que tout l’or de la terre, préférable à la santé et à la beauté 1, car Elle est « un effluve de la Puissance de Dieu, émanation toute pure de la Gloire du Tout-Puissant » (Sg 7, 25) qui éclaire l’esprit et le cœur, conseille et console, sanctifie et apporte le Salut.

« Elle enseigne la modération, le discernement, la justice et la force. Dans la vie, il nest rien de plus utile aux humains. »
(Sg 8, 7)

Dans Sa grande Tendresse, le Père a voulu qu’Elle « se laisse trouver par ceux qui la cherchent » (Sg 6, 12), afin que les plus petits n’aient pas de peine à La prendre pour Maîtresse : « Elle se laisse facilement contempler par ceux qui Laiment… Elle va au-devant d’eux et… leur apparaît avec bienveillance. » (Sg 6, 12-16)

Y a-t-il plus beau et noble projet pour l’année nouvelle que de convoiter l’intimité avec la Sagesse ?

« Cest Elle que jai chérie et recherchée dès ma jeunesse ; jai désiré faire d’Elle mon épouse et je suis devenu amoureux de sa beauté. » (Sg 8, 1-2)

1 Cf. Sg 7, 10-11.

 

 

Le Notre Père, ses traductions

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

Dans le cycle de cours publics de la faculté de théologie de l’Unige, Anne-Catherine Baudoin, maître d’enseignement et de recherche en Nouveau Testament et christianisme ancien, a proposé une lecture du Notre Père sous trois angles : la transmission, la traduction et la transposition. Voici un bref aperçu de sa vision des traductions de cette prière.

PAR PASCAL GONDRAND | PHOTOS : WIKIMEDIA COMMONS

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

 

Le Notre Père est connu dans le christianisme indépendamment de sa position dans le Nouveau Testament, a rappelé Anne-Catherine Baudoin. Cette prière appartient tant à la culture orale qu’à la culture écrite, à la culture liturgique et spirituelle autant qu’à la Bible. La professeure a posé l’hypothèse que ce statut particulier la place dans une situation stratégique et facilite sa pénétration dans des domaines très divers. Un de ces domaines est sa traduction.

Au XVIe siècle, le premier savant à avoir recueilli des traductions de cette prière dans le but d’étudier et de présenter chacune d’entre elles est le Zurichois Conrad Gessner (1516-1565), un savant contemporain de Zwingli, qui a publié en 1555 un traité sur les différences entre les langues intitulé Mithridate. Sur les différences entre les langues.

Conrad Gessner a rappelé dans son introduction que Mithridate, celui que nous connaissons par la mithridatisation, roi de 22 peuples, était, selon Pline l’Ancien, capable d’haranguer chacun d’entre eux dans sa langue respective. On notera que dans la Zurich de la Réforme le multilinguisme était une arme pour diffuser le christianisme. D’ailleurs, dans son introduction, Conrad Gessner précisait que « Dans notre cité, toute limitée qu’elle soit, c’est en latin, en grec, en hébreu, en allemand, en italien, en français, en anglais et dans certaines autres langues qu’on lit, à la gloire de Dieu, les Saintes Ecritures, qu’on en acquiert la connaissance, qu’on les célèbre. » Comme on le voit dans le titre de son ouvrage, Differentis Linguarum, il met l’accent sur les différences entre les langues alors que d’autres humanistes, à la même époque, se lancent dans des études pour trouver une langue originelle, la langue d’avant Babel. Conrad Gessner présente dans son recueil 110 langues, par ordre alphabétique, en donnant pour 27 d’entre elles, celles dans lesquelles le christianisme s’est implanté, le Notre Père, à savoir son texte, ou sa transcription. Il pose ainsi les fondements de la linguistique comparée, sans faire lui-même œuvre de linguiste mais plutôt d’encyclopédiste. Cette pratique de la présentation des langues du Notre Père, accompagnée de ses traductions, a fait école et s’est étendue au XVIIe et au XVIIIe siècles. L’un des recueils qui a eu beaucoup d’influence est celui d’Andreas Müller (1630-1694), orientaliste berlinois spécialiste de la langue chinoise, qui a publié en 1680, sous un pseudonyme, un recueil de 83 versions du Notre Père, Oratio Orationum s s. Orationis Dominicae Versiones. Il n’a pas classé ces versions par ordre alphabétique comme l’avait fait Gessner mais par zones géographiques : langues asiatiques, langues africaines, langues européennes, etc. L’ouvrage fut notamment réédité en 1715 et cette dernière édition, due à John Chamberlayne (c. 1668-1723) est la plus étoffée – plus de 140 langues. Cet ouvrage conserve la présentation par régions, qui va permettre à Gottfried Hensel (1687-1765), dans sa Synopsis Universae Philologiae publiée en 1741, de proposer quatre superbes cartes qui ont été reproduites par la suite de manière indépendante.

Anne-Catherine Baudoin a rappelé que le Carmel du Pater, à Jérusalem, construit au XIXe siècle sur les ruines de la basilique constantinienne dite de l’Eleona, en raison de sa situation sur le Mont des Oliviers, est orné de plaques de céramique polychrome sur lesquelles figurent différentes traductions du Notre Père, plaques qui se sont multipliées au fil du temps dans un grand esprit de Pentecôte. Ce lieu est associé dans la tradition, en particulier à partir des croisades, à l’enseignement de Jésus. Au début du XXe siècle, sur le Monument de la Réformation, à Genève, on a fait la même chose. Autour des grands réformateurs, le Notre Père a été gravé dans la pierre en français et en anglais, puis plus tardivement en allemand. Avec le Carmel du Pater et le Mur des Réformateurs, Anne-Catherine Baudoin a alors fait un bond dans
le temps et a rejoint l’époque contemporaine.

En conclusion elle a lu le Notre Père dans quelques langues qui nous sont familières :

« Notre Père qui êtes au cieux… Restez-y » (Jacques Prévert, 1900-1977),

« Hallowed be thy Name »,

« Dein Reich komme »,

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »,

« Dacci oggi il nostro pane quotidiano »,

« Forgive us our trespasses as we forgive our debtors »,

« Und führe uns nicht in Versuchung » (la fameuse tentation),

« But deliver us from evil »,

« Dein ist das Reich »,

« The power is Yours »,

« Et la gloire »,

« Forever and ever »,

« Amen ».

Ainsi peut-on réciter le Notre Père, à condition bien sûr d’être multilingue !

 

 

Année Saint Joseph !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : DR

C’était le 8 décembre dernier, le pape François signe et édite une Lettre apostolique pour marquer les 150 ans de la proclamation de saint Joseph comme patron de l’Eglise universelle.

Un peu d’histoire

C’est le pape Pie IX qui, le 8 décembre 1870, signe une Lettre proclamant Joseph patron de l’Eglise universelle, chahutée par mille vents contraires – on est à moins de deux mois après la suppression officielle des Etats Pontificaux et de la non-fin 1 du Concile Vatican I ! – et qui cherche un équilibre spirituel dans le refuge auprès de la paternelle figure de Joseph. Ce sont les prélats qui avaient participé au Concile et dû fuir à l’entrée des troupes italiennes, qui pétitionnent le pape pour une telle démarche.

C’est également par cette Lettre que le
19 mars fut déclaré solennité à saint Joseph, comme « double rang de première classe » dans la hiérarchie des jours liturgiques 2. L’Eglise luthérienne et la communion anglicane le commémorent également le 19 mars, alors que l’Orthodoxie byzantine le fête le jour de clôture du cycle de Noël ! Et c’est Pie XII qui inscrivit la fête de saint Joseph, patron des travailleurs, au 1er mai, pour coïncider avec la Journée internationale des travailleurs…

Joseph pour le XXIe siècle

Le pape François commence sa lettre par Patris corde, « avec un cœur de père », ou, en paraphrasant un peu, « par une tendresse paternelle »… Tout un programme à l’heure du questionnement de la place du père dans la société, de son congé après l’arrivée d’un enfant, de la mode du coaching en masculinité et en paternité… La tendresse n’est donc pas l’apanage du sexe féminin, mais bien également de tout être humain ! Déjà une bonne nouvelle : on imagine que cette tendresse paternelle a servi l’enfant Jésus tout autant que celle de sa mère, qui plus est, n’était certainement pas réduite aux tâches ménagères !

Sept chapitres, ou sections, qui décortiquent sept façons pour Joseph d’être « plein de tendresse »… Chaque section est ciselée de manière adéquate pour une lecture par étape, une méditation fructueuse, et une rencontre : avec celui que l’on a trop longtemps laissé dans l’ombre de Marie, sujette d’une piété populaire parfois exacerbée… et qui n’aurait eu aucune légitimité à être ce qu’elle fut si Joseph l’avait répudiée selon la Loi de Moïse ! Combinaison des charismes, en somme !

1 Les troupes italiennes pénètrent dans Rome le 20 septembre 1870, et 15 jours plus tard, par plébiscite, le reste des Etats Pontificaux est incorporé au nouveau Royaume d’Italie…
Le pape Pie IX suspend alors
sine die le Concile qui avait cours…

2 C’est depuis 1479 qu’à Rome est célébrée la Saint-Joseph, étendue à toute l’Eglise de rite romain en 1570 par le pape dominicain Pie V.

 

 

Carême, car… aime !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mars 2021

Voilà plus d’une année que la terre entière vit une grande épreuve. Cette pandémie nous fait prendre conscience de l’incohérence de notre mode de vie qui rend les riches toujours plus puissants, et les pauvres toujours plus nombreux. C’est un appel à toute l’humanité à vivre d’une manière plus sérieuse.

PAR MARIE-FRANÇOISE SALAMIN
PHOTO : ACTION DE CARÊME, PAIN POUR LE PROCHAIN

Pour en savoir plus et soutenir :
actiondecareme.ch
Bulletin de versement dans le calendrier, CCP 10-26487-1
IBAN CH11 0900 0000 1002 6387 1
www.goodplanet.org

 

Qu’apprenons-nous ?

Chaque famille, de près ou de loin, est impactée par la situation sanitaire actuelle. Nous avons compris que la vie est précieuse, qu’elle est fragile, que la solidarité en famille, entre voisins, entre amis est un cadeau inestimable. Nous voyons aussi, plus que jamais, que notre système économique s’effrite et laisse là aussi, les plus modestes dans la précarité.

Justice climatique, maintenant !

Comme chaque année, Action de Carême et Pain pour le Prochain nous proposent, entre autres, un calendrier pour nous aider à progresser dans notre « savoir vivre » sur cette terre, avec les autres.

Certes, notre vie n’est pas simple et nous avons des soucis. Mais qu’en est-il du reste du monde ? Un monde où 1% de la population possède plus que les autres 99% ! Un monde qui va à sa perte si on ne fait pas dès maintenant des changements significatifs !

Alors qu’elles sont les moins responsables du dérèglement climatique, les populations des pays du Sud subissent des conditions météorologiques extrêmes de plus en plus fréquentes : cyclones, inondations, sécheresses, incendies ravagent certaines régions, menaçant l’environnement et les moyens de subsistance des plus démunis.

Comment faire ?

Procurons-nous le calendrier de Carême – au fond des églises. C’est un bon outil pour trouver des pistes pour opérer un changement, pour construire ensemble un monde nouveau dans la justice, la paix et la sauvegarde de la Création. Pour l’avenir de notre planète, il faut « décarboner * » nos vies en réduisant, chaque année de 5%, notre consommation d’énergie fossile (donc moins rouler en voiture, mieux isoler nos maisons, veiller à éteindre les lumières quand ce n’est pas nécessaire). Revoyons à la baisse notre manière d’acheter parfois compulsive, réparons, recyclons, prêtons…

Mangeons moins de viande produite industriellement, au détriment des cultures nourricières des populations pauvres. Cela aura un impact significatif sur notre santé et celle de la planète. Il y a d’autres manières de manger des protéines. Et si nous pouvons partager, soutenons les nombreux projets de l’Action de Carême et Pain pour le Prochain.

« La seule énergie durable, c’est l’amour. * »

* Citations de Yann Arthus-Bertrand,
auteur des films Home et récemment Legacy, notre héritage.

 

L’onction des malades

Qu’est-ce que c’est ? Pour qui ? Quand la recevoir ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mars 2021

PAR VÉRONIQUE DENIS
PHOTOS: BERNARD HALLET, JEAN-CLAUDE GADMER

Le sacrement de l’Onction des malades fait partie du rituel « Les sacrements pour les malades » 1. En effet, l’Eglise offre à la personne atteinte par l’épreuve de la maladie, plusieurs manières pour faire face à cette difficulté et à la souffrance :

la visite des malades : moment privilégié pour la personne en souffrance de rester reliée au monde

la communion aux malades : instant de communion intime avec le Seigneur, proposée régulièrement par les équipes de visiteurs de nos paroisses

l’onction des malades dont nous allons parler ci-dessous

le viatique : pain de Vie pour l’éternité offert à la personne qui se prépare à vivre le passage de la mort vers la Vie.

Autrefois on parlait « d’extrême-onction », à la dernière seconde avant de mourir, c’était en quelque sorte la porte ouverte sur le ciel. Dès le Concile Vatican II, la perspective a changé, puisque l’Onction des malades peut être reçue plusieurs fois dans la vie : avant une opération, au moment de la découverte d’une maladie, pendant la durée de la maladie, au moment de la vieillesse, pour les personnes âgées dont les forces déclinent, même si aucune maladie grave n’est diagnostiquée, aux enfants s’ils ont un usage de la raison suffisant.

Le sacrement de l’Onction des malades montre toute la sollicitude de l’Eglise entière envers ceux qui sont dans une situation de maladie ou de vieillesse. Son origine est très ancienne, car il est l’un des 7 sacrements institués par le Christ lui-même, suggéré dans l’Evangile de Marc (Mc 6, 13), promulgué par Jacques, apôtre : Si l’un de vous est malade, qu’il appelle ceux qui exercent dans l’Eglise la fonction d’Anciens : ils prieront sur lui, après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et s’il a commis des péchés, il recevra le pardon. (Cf. Jc 5, 14-15)

Le rite actuel reprend ce qui est évoqué par l’apôtre Jacques, en mettant en évidence les deux gestes :

l’imposition des mains par les prêtres avec une prière inspirée par la foi

le rite de l’onction sur les mains et le front avec l’huile sanctifiée par la bénédiction de Dieu, huile bénite au cours de la messe chrismale par l’évêque.

Par la prière prononcée par le prêtre, la personne malade reçoit le courage et la force pour tenir bon dans ces moments de souffrance, vaincre l’angoisse de la mort et vivre l’espérance de la résurrection. La grâce du Sacrement, c’est la force donnée par Dieu à la personne en souffrance pour être en paix, garder l’espérance, lutter contre le mal et la maladie, continuer à vivre et à témoigner de sa foi.

Par cette onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. AMEN !

Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève. AMEN !

Dans notre diocèse, le premier dimanche de mars est appelé « dimanche des malades ».

A cette occasion, même si les contacts humains seront toujours limités, nous pourrons accompagner les malades de notre entourage, les soutenir, veiller sur eux, prier avec et pour eux, et peut-être envisager une courte visite ou l’envoi d’une carte, d’un message d’espérance.

 

1 Sacrements pour les malades, pastorale et célébrations, Editions Chalet-Tardy, Paris, 1997.

 

Ma vie n’est pas une vie manquée

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), mars 2021

PAR LE PÈRE PIERRE LYONNET S.J. | PHOTO : PIXABAY

Seigneur, je Te supplie
de me délivrer de cette tentation harcelante,
de considérer le temps de ma maladie
comme une mesure pour rien dans ma vie,
une période creuse et sans valeur…

Que je revienne à la santé
ou que j’aille peu à peu à mon éternité,
je dois avant tout rester à la barre;
ma vie, je dois la vivre au jour le jour
et Te la donner tous les jours.

Il ne s’agit point de partir à la dérive…
Je n’ai pas à attendre un lendemain incertain
ni à me bercer de rêves ou de regrets:
je suis malade, je Te sers malade.

Vais-je attendre, pour T’aimer,
des circonstances qui, peut-être, ne se produiront jamais ?
Et s’agit-il pour moi de T’aimer
à mon goût ou de Te servir là où Tu m’attends ?…

Seigneur, ma vie n’est pas manquée
pour être une vie de malade.
Je veux la remplir à déborder,
avec Ta grâce qui se joue du temps
et n’a que faire des actions glorieuses pour le monde.

Ainsi soit-il.

Carême pour notre guérison et notre salut

Le Mercredi des cendres ce sera l’entrée en Carême, comme chaque année. Les cendres, c’est une mise en évidence de la fragilité humaine et surtout d’une réalité devenue taboue : la mort. On en parle le moins possible et, quand on est endeuillé, tout est fait pour déranger le moins possible les amis et connaissances.

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La Passion du Christ n’est pas un mythe …

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Vallée d’Illiez (VS), mars 2021

Le Christ souffrit sa Passion jusqu’à mourir sur la Croix par Amour pour les hommes de tous les temps afin de leur ouvrir les portes du ciel.

PAR DENYSE GEX-COLLET – INSPIRÉ DE JOËL GUIBERT : LA SAGESSE DE LA CROIX
PHOTOS : INTERNET / « PASSION »

Il y a quelques années, avant la fête de Pâques, une catéchiste partageait la lecture de la Passion avec les enfants d’une classe primaire. A un moment, elle lève les yeux et constate que les enfants sont captivés par le récit. Elle remarque qu’un petit garçon essuie furtivement ses yeux mouillés de larmes. Elle continue la lecture, en relevant que Jésus a souffert pour nous parce qu’il nous aime et pour le pardon de tous les péchés. A la fin de la leçon, c’est la débandade vers la récréation. Le petit garçon se lève pour sortir et en passant près d’elle, il lui glisse tristement : « C’est trop injuste comme Il a souffert. Il n’avait rien fait de mal. C’est de notre faute. »

Il avait ressenti jusqu’au fond de son cœur la réalité de la souffrance de Jésus.

La Passion : souffrance hu­maine jusqu’à en mourir

Sainte Angèle de Foligno (1248-1309) relate dans ses visions, la révélation qu’elle reçut de Jésus :

« Une autre fois, c’était le quatrième jour de la semaine sainte, j’étais plongée dans une méditation sur la mort du Fils de Dieu, et je méditais avec douleur, et je m’efforçais de faire le vide dans mon âme, pour la saisir et la tenir tout entière recueillie dans la Passion et dans la mort du Fils de Dieu, et j’étais abîmée tout entière dans le désir de trouver la puissance de faire le vide, et de méditer plus efficacement.

Alors cette parole me fut dite dans l’âme : « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée. »

Cette parole me porta dans l’âme un coup mortel, et je ne sais comment je ne mourus pas ; car mes yeux s’ouvrirent, et je vis dans la lumière de quelle vérité cette parole était vraie. Je voyais les actes, les effets réels de cet amour, jusqu’où en vérité il avait conduit le Fils de Dieu. Je vis ce qu’il supporta dans sa vie et dans sa mort pour l’amour de moi, par la vertu réelle de cet amour indicible qui lui brûlait les entrailles, et je sentais dans son inouïe vérité la parole que j’avais entendue ; non, non, il ne m’avait pas aimée pour rire, mais d’un amour épouvantablement sérieux, vrai, profond, parfait, et qui était dans les entrailles. »

Le mystère de la Croix, mystère d’AMOUR

Tout ce qui précéda la mort de Jésus sur la Croix fut un long processus de tortures morales et physiques. La crucifixion était un supplice atrocement douloureux et la mort ne survenait que tardivement. Objectivement, il est indéniable que Jésus souffrit cruellement.

Jésus n’a pas endossé la croix contre son gré, Son Père ne la lui a pas imposée. Il en a accepté volontairement la souffrance et Il nous propose, à nous ses frères, de l’aider à la porter comme moyen de sanctification et de salut qui, grâce à la communion des Saints, nous permet, à notre petite place, de participer à la rédemption du monde.

Notre propre existence est placée sous le signe de la Croix

Il nous le dit clairement : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. » (Mt 16, 24)

Pour cela, il faut apprendre à voir la main de la Providence en tout ce qui nous arrive car Dieu a, sur notre vie, un plan d’amour caché à notre entendement « humain ».Et les calamités qu’Il permet que nous rencontrions et contre lesquelles nous luttons, permettent un Bien plus grand et certainement autre que ce que nous attendions.

Lors du Jugement dernier nous comprendrons les chemins admirables par lesquels sa Providence aura conduit toute chose vers sa fin ultime. Le Jugement dernier révélera que la justice de Dieu triomphe de toutes les injustices commises, que son amour est plus fort que la mort. (CEC, nº 1040).

 

Prière de guérison et de conversion

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mars 2021

PRIÈRE PROPOSÉE PAR L’ÉQUIPE DE SAILLON
TIRÉE DU SITE DES DOMINCAINES D’ESTAVAYER-LE-LAC | PHOTO: LAURENCE BUCHARD

Seigneur Dieu,
je viens à toi comme un enfant qui s’égare
mille fois le jour,
comme un être tiraillé entre mille soucis
et préoccupations, entre rêves et imaginations.
Prends pitié de moi et aide-moi.

Guéris ma mémoire pour que je ne ressasse
plus ces souvenirs qui me font tant de mal,
mais que je te rende grâce pour chacun
des événements de ma vie
et à travers eux pour ton amour qui me construit.

Eclaire mon intelligence pour qu’en toute réalité
je découvre ton dessein d’amour sur moi
et sur le monde.

Bénis ma volonté pour qu’oubliant tous mes échecs,
je me lance joyeusement chaque jour sur la voie
de l’amour.

Je te consacre mon imagination.
Tu le sais, Seigneur, elle m’a souvent fait errer loin de toi.
Qu’elle soit maintenant à ton service et à ta gloire.

Montre-moi les actes que je peux poser
pour marcher jour après jour sur tes chemins.

 

Carême : un temps de manque

PAR LUCIENNE BROILLET-PAGE
PHOTOS : PIXABAY

« Elie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! »

Marc 2, 4-5

 

En ce temps de pandémie, nous sommes d’autant plus conscients de ce qui nous manque : les contacts humains, la convivialité, le partage de rires et d’émotions, les fêtes petites ou grandes, les rencontres autour d’un café, les soirées où l’on refait le monde, les répétitions, le cinéma, les visites, les concerts… sont autant de moments précieux dont nous avons été privés depuis longtemps. Pourtant, ils sont vitaux et leur absence a creusé en nous un mal-être et une souffrance, plus ou moins diffus.

Car « il est bon que nous soyons ici ! » dit Pierre. Sous-entendu : « Ici, ENSEMBLE ! »

En effet, l’être humain est un être de relation, il ne peut vivre seul. Bien des expériences et des observations, qui nous concernent directement ou ont été étudiées scientifiquement, nous prouvent que sans vis-à-vis l’humain vit mal, son élan vital est fondamentalement amoindri.

Le temps du Carême nous invite habituellement à réfléchir sur nos dépendances, sur les choses qui encombrent nos vies. Cette année, le temps particulier de la pandémie nous a fait prendre conscience que des éléments de notre vie qui paraissaient acquis, comme le droit de se rencontrer en groupes, par exemple, peuvent disparaître et nous manquer cruellement.

Cette absence de rencontre en direct, par le vide qu’elle nous a créé, peut cependant nous ouvrir à une nouvelle réflexion : si je suis croyant-e, dans quelle mesure la distance que je peux prendre avec Dieu engendre-t-elle un manque ? Si mon ami est absent, il me manque. Mais si je tiens Dieu éloigné de moi, me manque-t-il ?

Lorsque tout va bien, il est facile d’oublier la présence de Dieu. Lorsque les choses sont plus difficiles, nous nous tournons peut-être alors vers Lui, ne serait-ce que pour nous plaindre et récriminer… Pourtant, comme le dit Pierre : « il est bon que nous soyons ici ! » Dieu se rend présent à nous comme un Père, il veut nous accompagner, nous guider et nous illuminer, quel que soit notre chemin.

Profitons de ce Carême pour nous rapprocher de Dieu, qui attend toujours à la porte de notre cœur, et lui murmurer quotidiennement notre amour et notre foi. Avec lui, pas besoin de Skype ou de Zoom ou Teams ! Il n’attend que nous et nous offrira confiance et courage.

Bonne route vers Pâques !

 

Opération sauvetage

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mars 2021

Le but ultime de notre vie terrestre est d’être sauvé et d’obtenir la Vie éternelle. Comment y parvenir dans notre société actuelle ? Quelles sont les pistes de réflexion proposées par l’Eglise ?

PAR SERGE LILLO
IMAGE : BERNA LOPEZ

Au soir de cette vie, je paraîtrai devant Vous les mains vides, car je ne Vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux.
Je veux donc me revêtir de votre propre Justice et recevoir de votre Amour la possession éternelle de Vous-même…

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Acte d’offrande à l’Amour miséricordieux

Saint Jean-Paul II a repris tous les écrits de ses prédécesseurs en matière de vivre en société pour éditer le « Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise » (CDSE) ; ce recueil peut nous éclairer sur ce sujet. En effet, ces enseignements de l’Eglise s’adressent à tous les hommes et femmes de notre temps ; ils servent à prolonger le style de dialogue par lequel Dieu lui-même, en son Fils unique fait homme, s’adresse à des amis dans les Evangiles, « il s’entretient avec eux. » (Ba 3, 38) L’homme est au cœur de ces enseignements qui ne visent qu’un seul but : « continuer, sous l’impulsion de l’Esprit consolateur, l’œuvre même du Christ, venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi. » (CDSE 13)

Par la constitution pastorale « Gaudium et spes », issue du concile Vatican II, l’Eglise apporte une éloquente démonstration de sa solidarité, de son respect et de son amour envers la famille humaine en instaurant avec elle un dialogue sur de nombreux problèmes, « en les éclairant à la lumière de l’Evangile, et en mettant à la disposition du genre humain la puissance salvatrice que l’Eglise, conduite par l’Esprit Saint, reçoit de son Fondateur. C’est en effet l’homme qu’il s’agit de sauver, la société humaine qu’il faut renouveler ». (CDSE 18)

Le salut qui, à l’initiative de Dieu le Père, est offert en Jésus-Christ, se réalisant et se diffusant par l’œuvre de l’Esprit Saint, est salut pour tous les hommes et de tout l’homme : c’est un salut universel et intégral. Il concerne la personne humaine dans chacune de ses dimensions : personnelle et sociale, spirituelle et corporelle, historique et transcendante. » (CDSE 38)

Etre sauvé en donnant notre vie

Le message est clair : chacun de nous est appelé à être sauvé par Dieu en Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui s’est fait l’un de nous. Il ne s’agit pas de se sauver soi-même, mais bien de se laisser transformer au contact de Jésus-Christ, en apprenant à le connaître, à l’aimer et à l’imiter. C’est tout un programme et ce n’est pas facile !

Il n’y a pas de formule magique, mais un long chemin ardu de transformation. Au cœur de celle-ci se trouve la charité, comme nous le dit Saint Jean-Paul II : « Seule la charité peut changer complètement l’homme. » Et il continue : « Un tel changement ne signifie pas l’annulation de la dimension terrestre dans une spiritualité désincarnée. » (CDSE 583) La charité est bien quelque chose de très concret : « La charité représente le plus grand commandement social. Elle respecte autrui et ses droits. Elle exige la pratique de la justice et elle seule nous en rend capables. Elle inspire une vie de don de soi :  » Qui cherchera à épargner sa vie la perdra, et qui la perdra la sauvegardera  » (Lc 17, 33). » (CEC, 1889)

Et comme la justice éclairée par l’Amour de Dieu nous renvoie à l’Evangile où l’Amour de Dieu s’est incarné en Jésus-Christ, la boucle est bouclée. Bon carême à tous.

Pour poursuivre…
Le CDSE (2006) est téléchargeable sous www.vatican.va. Plusieurs livres sont également disponibles aux librairies Saint-Augustin pour comprendre ses enseignements,
comme « Comprendre la Doctrine Sociale de l’Eglise » de Anne Despaigne et Jean de Saint Chamas (2007).
Une version plus jeune et revisitée a également été éditée en 2016 « Docat – Que faire ? ».
Enfin un guide pour approfondir le lien avec Jésus : « L’imitation de Jésus-Christ » par Marcel Michelet (2020)

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