Le temps du changement

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP du Gros-de-Vaud (VD), juillet-août 2020

Par Marie-Gaëlle Caullet-Pieren, membre bénévole de l’équipe pastorale
Photo: Danielle Voisard

Le changement est inévitable, vraiment ? Dans tous les domaines, la crise du coronavirus n’aura jamais appelé à autant de changements majeurs. Nous ne sommes plus dans l’utopie mais dans une réelle nécessité. Mais changer fait peur, l’inconnu angoisse, interroge. Les habitudes se voudraient immuables car elles sont rassurantes malgré parfois l’inconfort d’une situation.

Nous avons été frappés de plein fouet durant ce semi-confinement, toutefois il nous faut rendre grâce pour cette « pause » offerte, cette possibilité de se recentrer, enfin ! Découvrir le manque de l’Autre, de l’importance de sa présence alors que nous étions dans l’impossibilité de Le rencontrer. N’oublions pas trop vite cette « pause » afin d’éviter l’étouffement. Finalement, le terme de changement n’est-il pas superflu ?

Au regard des personnages de la Bible, tel Paul, ne devrions-nous pas abandonner le verbe « changer » par le plus bousculant verbe « transformer » ? La période estivale nous permettra de méditer à cette indispensable conversion.

Initiatives de confinement

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Barnabé (VD), juillet-août 2020

Par une paroissienne

Petits courriers pour de grands cœurs!Fétigny, mi-mai 2020

Durant la période de confinement, nous avons connu des situations peut-être difficiles, mais pas tragiques, avec une nouvelle normalité.

Il est bien de se rappeler ce qu’est l’Homme : une créature intelligente certes, mais avec ses limites. Nous qui aimons tout organiser, selon notre bon vouloir, nous avons été bien remis en place. Cette expérience nous a rendus peut-être plus sensibles à ce que d’autres traversent.

L’esprit libre avec une conscience quelque peu fragilisée par la chance d’être confinées dans une maison à la campagne, deux paroissiennes bien intentionnées ont décidé spontanément, chacune de sa propre initiative, de soutenir et de donner un peu d’espoir à nos aînés pendant cet isolement familial.

Chaque semaine, l’une d’entre elles a écrit une carte à deux personnes âgées ou isolées de sa paroisse ou de ses connaissances d’ailleurs, par solidarité et soutien durant cette phase sanitaire. L’autre, lors des fêtes de Pâques déjà, a envoyé des pensées et des vœux à chaque choriste de Fétigny-Ménières, leur assurant ainsi de l’esprit familial régnant au sein de la société. Ensuite, elle a transmis un courrier aux dix mamans les plus âgées de sa commune lors de la Fête des mères, pour égayer cette journée avec un peu d’amour à partager, éloignées de ceux qu’elles aiment.

Le lot d’aventures va se refermer, ce qui ne signifie pas la fin du voyage… Simplement, certaines restrictions s’arrêtent là. Soyons sûrs que les jours prochains nous apporteront de l’énergie. Mais il n’est pas certain que demain soit différent d’aujourd’hui. Les modalités de déconfinement nous occupent beaucoup l’esprit, avec un peu de crainte, il faut le dire. Poursuivons donc ce parcours avec cette Force supérieure qui nous guide et nous appuie intérieurement et indéfiniment.

Que chacun et chacune de vous reste en bonne santé et garde le moral quoi qu’il advienne !

Les savons du monastère orthodoxe des Sciernes d’Albeuve

 

Par Pascal Ortelli

En matière d’œcuménisme, la Gruyère n’est pas en reste: sur ses verts pâturages, le monastère orthodoxe des Sciernes d’Albeuve se niche en plein cœur de l’Intyamon. Les sœurs y fabriquent des savons artisanaux et des huiles de massage.

Renforcer la vie spirituelle des paroisses
Voilà presque sept ans que le monastère de la Protection de la Mère-de-Dieu s’est installé en terre fribourgeoise. La communauté, jeune et dynamique, dépend de l’évêché orthodoxe de Roumanie dont l’évêque siège à Paris. Sa fondation revêt une importance particulière dans le contexte de la diaspora.

Depuis de nombreuses années, la communauté orthodoxe roumaine de Suisse souhaitait disposer d’un monastère pour renforcer la vie spirituelle de ses paroisses. L’association AMORS – Ami du Monastère roumain en Suisse – qui a pour but de favoriser l’implantation et le développement du monastère, existe depuis 2009. Après une étape à Grolley, la chapelle a été officiellement consacrée le 28 septembre 2019 aux Sciernes d’Albeuve, où l’ensemble des bâtiments a été aménagé par des iconographes roumains.

Un vaste choix de savons
«En plus d’une vie intense de prière et de lecture, nous fabriquons des savons artisanaux», précise Mère Antonia, l’hygoumène, autrement dit la supérieure des lieux. La fabrication est réalisée sur place, à la main, grâce à des huiles essentielles bio qui viennent de Grèce et du beurre de karité.

Les produits sont vendus dans le magasin du monastère et dans d’autres lieux, comme le marché monastique de Saint-Maurice. Il est aussi possible de passer commande par téléphone ou par e-mail et de compléter son assortiment de savons par des huiles de massage.

Point de vente

Plus d’infos:

Les langages de l’amour

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Vallée d’Illiez (VS), juin 2020

Par Denyse Gex-Collet, d’après Gary Chapman | Photo: Denyse Gex-Collet, DR

(En lien avec le thème central de ce mois «Sexualité et Eglise»)

Aimer… que signifie ce mot finalement? La définition: éprouver, par affinité naturelle ou élective, une forte attirance pour quelqu’un ou quelque chose, est floue et imprécise. Donc on peut aimer : sa femme, les confitures, faire du sport…♦ Arrêtons-nous à l’AMOUR, le sentiment qui trouve ses racines dans notre cœur et notre tête.

Le besoin de se sentir aimé est pour l’humain un besoin affectif primordial. 

Le coup de foudre est parfois le début d’une relation amoureuse : une rencontre soudaine et violente qui projette les amoureux sur une autre planète où émotions, sensations et désir sont à leur paroxysme !

Beaucoup de vraies, belles et longues histoires d’amour commencent par un coup de foudre… mais d’autres s’étiolent et meurent en cours de route ! Pour que l’histoire continue, il faut que les sentiments soient réciproques : amour, estime et respect ; qu’une communication s’installe de manière sincère, honnête et respectueuse.

♦ Gary Chapman, né en 1938, est un auteur, conseiller conjugal, pasteur baptiste et conférencier américain. Ses livres prodiguent des conseils pour réussir son mariage, sa vie de couple, l’éducation des enfants. Il a publié, en 1997,  un best-seller : « Les langages de l’Amour ».

Sa première constatation est que « Nous avons tous, depuis l’enfance un « réservoir émotionnel » qui ne demande qu’à être rempli d’Amour. Si nous avons manqué d’Amour pendant notre enfance, nous aurons encore plus besoin d’affection dans notre vie d’adulte. »

Quand ce réservoir est vide, nous ne nous sentons pas aimés et lorsqu’il est plein, notre besoin de nous sentir aimé est complet.

Pour alimenter ce réservoir émotionnel, il y a plusieurs façons, plusieurs langages d’amour à connaître qui sont différents selon les individus. Gary Chapman en définit cinq. L’idéal selon lui serait d’en détecter deux chez son partenaire. Ainsi par des gestes, des paroles ou des actes en rapport avec son (ou ses) langage préféré il serait possible de toucher sa sensibilité, d’entretenir une relation harmonieuse et durable en réapprovisionnant son réservoir affectif.

Mais encore faut-il que ce procédé ne soit pas à sens unique. Il faut aussi que nous connaissions notre propre langage d’amour. Le meilleur moyen de le détecter, c’est d’examiner les paroles dites ou les actes faits pour notre conjoint. Logiquement c’est certainement ce que nous voudrions qu’il fasse pour nous. 

Nous avons chacun notre langage, qui ne correspond pas forcément à celui de notre conjoint, ce qui peut poser problème dans notre couple. D’après Gary Chapman, il faut donc savoir comment il fonctionne afin d’utiliser son ou ses langages.

1. Les paroles valorisantes
C’est le langage d’amour dans lequel les mots d’appréciation et les compliments  sont de puissants communicateurs de tendresse. Une seule condition : il faut qu’ils soient sincères et qu’ils cherchent à faire plaisir. Il ne faut pas dire à l’autre ce qu’il veut entendre afin d’obtenir ce que l’on désire. Une parole encourageante et aimable est toujours bien perçue. Ce langage d’amour laisse de côté les remarques désagréables et les remontrances car l’amour doit être désintéressé et non égoïste.

2. Les moments de qualité
Utiliser ce langage d’amour, c’est privilégier les moments passés ensemble lors de vacances ou d’un voyage, même d’une petite promenade. Se parler, s’écouter, se regarder, s’aimer tout simplement. Les moments de qualité sont propices à des dialogues constructifs et positifs, moments où chacun échange ses idées, écoute l’autre avec bienveillance.

3. Les cadeaux
Voilà le langage d’amour le plus utilisé pour prouver sa tendresse à son conjoint. Des fleurs cueillies en chemin, un joli caillou ramassé lors d’une balade font autant plaisir qu’un cadeau coûteux. Offrir quelque chose et voir le plaisir de celui ou de celle qui reçoit, c’est cadeau aussi pour celui qui donne. Si votre conjoint parle ce langage, n’attendez pas une occasion particulière pour lui offrir un cadeau : offrez-en-lui n’importe où et n’importe quand ! Il y a aussi le cadeau inestimable de soi-même dans les moments importants ou difficiles de l’existence. Pouvoir compter l’un sur l’autre, c’est aussi un cadeau ! La présence physique de l’être aimé peut remplir de bonheur celui qui parle le langage des cadeaux.

4. Les services rendus
Une autre façon de parler le langage d’amour s’exprime dans les services rendus. Décharger votre conjoint des tâches qui, en principe, lui sont assignées peuvent le toucher. Un service doit être rendu dans un état d’esprit positif, avec gentillesse, sans attendre un « retour » et non à contre-cœur. Et si vous ne savez pas ce qu’il voudrait que vous fassiez, demandez-le-lui simplement afin de ne pas le vexer, le blesser ou simplement l’agacer !

5. Le toucher physique
Se tenir par la main, s’accrocher à son bras, les enlacements et les étreintes sont autant de façons de faire ressentir à votre conjoint qu’il est aimé.

Il y a certaines personnes qui sont tactiles, câlines et d’autres qui le sont beaucoup moins. A vous de détecter la manière de votre conjoint.

Il y a de nombreuses possibilités pour montrer votre amour à une personne qui parle le langage du toucher. A vous de découvrir lesquelles !

Conclusion
Gary Chapman relève trois points importants à la fin de son livre :

♦ Si les deux membres du couple ont un réservoir d’amour plein, cela crée un climat propice à la résolution des conflits.

♦ Tout être est différent, chacun a des désirs différents et un passé à lui. Cette diversité est présente dans tous les couples.

♦ Il n’est pas utile d’être d’accord sur tout.

Corpsfeminin.com

Par Chantal Salamin
Photo: DR
Un site bien loin de ne s’intéresser qu’au corps de la femme ! Les bénévoles de l’association Lights In The Dark traitent des questions que se posent les familles d’aujourd’hui et dont les réponses de l’Eglise sont souvent mal accueillies, car mal comprises. Avec tact et compétence, des articles et interviews bien choisis partent de la revalorisation des désirs et vont jusqu’à apporter les éléments d’une réflexion éthique sur les débuts de la vie en passant par les préoccupations des couples (sexualité, contraception, crise). Deux éclairages parmi tant d’autres provenant de ce site…

Des désirs humains chemins vers le bonheur
Sophia Kuby, philosophe chrétienne allemande, dans l’interview « Il comblera tes désirs… même les plus intimes », nous dit que si « les désirs peuvent nous tirailler dans tous les sens, derrière, il y a toujours la même recherche de bonheur. La vraie question n’est pas si le désir est bon ou pas, car l’homme désire toujours un bien. La vraie question est comment nous cherchons à le combler. […] Cette soif de bonheur est une preuve magnifique que Dieu nous a faits pour nous combler dans l’éternité – et il nous donne plein de moments ici sur terre, où nous pouvons goûter à ce bonheur ».

Dans son livre « Il comblera tes désirs », elle veut tracer un chemin qui prend en compte l’importance du désir, mais aussi de sa conversion. « Sans désir, nous serions des chrétiens à moitié morts. Les évangiles nous montrent sans cesse des êtres de désir, ceux qui crèvent de rencontrer le Messie, d’être guéris, touchés, aimés par Jésus. […] Le désir n’est pas un obstacle à la vie chrétienne, il en est la condition. »

Des progrès techniques qui tuent le bonheur ?
Dans les deux articles « FIV, PMA, GPA… vers des bébés « sur mesure » ? », Blanche Streb, docteur en pharmacie nous alerte : « On observe un véritable effet toboggan : les maladies graves et incurables justifient le tri embryonnaire. Puis le glissement s’opère : on recherche ensuite des anomalies moins graves, puis de simples prédispositions. […] Ce sont ensuite des critères esthétiques qui peuvent être recherchés. […] Le désir naît car la technique le permet. Et cela va jusqu’au choix du sexe. […] Refuser l’imprévisible « par avance » en pensant programmer au mieux son bébé, c’est se donner les meilleures chances de tuer le bonheur dans l’œuf ! »

Le site: corpsfeminin.com

Peut-on encore parler de sexe dans l’Eglise?

Interpellés par les besoins d’accompagnement en matière affective et sexuelle, des chrétiens et des chrétiennes se mobilisent.

Par Bénédicte Jollès
Photos: Pixabay, DR

Faire grandir harmonieusement son couple n’est pas toujours évident.

Les chrétiens et les chrétiennes peuvent-ils encore oser une parole sur la sexualité à l’heure des scandales sur la pédophilie de certains prêtres ? Pour Thierry Collaud professeur de théologie morale à Fribourg, « il serait dommage de se taire. Ces drames doivent pousser l’Eglise à réfléchir sur son rapport à la sexualité et sa façon de parler. Il faudrait sortir du couple interdit-transgression pour travailler une morale sexuelle tenant compte de la complexité des humains fragiles et pécheurs ».

Pour le théologien, ancien médecin, il est urgent de valoriser incarnation et sexualité, ce qu’a fait le pape Jean-Paul II avec sa théologie du corps. « Combien de chrétiens savent que, dans la Bible, le Cantique des cantiques est consacré à la beauté de l’amour érotique, image de l’amour divin ? » interroge Thierry Collaud. Conscient que cette recherche de l’amour est parfois difficile, le Père Michel Fontaine, professeur honoraire à la Haute Ecole de santé La Source et curé de Saint-Paul à Genève, propose, avec ses frères dominicains, des soirées portes ouvertes : lieux d’accueil et d’écoute. « Chacun, quel que soit son parcours, doit se sentir accueilli. Faire découvrir que Dieu a un projet d’amour pour lui et combien le pardon sort de l’enlisement est essentiel », précise-t-il. En effet, faire grandir harmonieusement son couple ou vivre la fidélité n’est pas évident aujourd’hui, en Suisse ; le taux de divorce dépasse 41 %. Pas simple parfois non plus de garder sa liberté face à la pornographie qui s’invite sur nos écrans. 

Un accompagnement

A Pensier près de Fribourg, les week-ends organisés par le Verbe de Vie pour les couples sont complets à l’avance. Floriane et Jean, parents de deux préadolescents, les fréquentent : « Nous avions chacun besoin d’apprendre à faire des concessions. Les tensions rejaillissaient dans notre intimité physique », expliquent-ils en se prenant la main. Ils reconnaissent avoir appris souplesse et tendresse. Leur soutien quand les choses se crispent ? « La prière ensemble qui aide à rester dans l’humilité. »

Le contexte médiatique réducteur sur la sexualité et l’Eglise, empêche de découvrir l’originalité et la profondeur de sa réflexion. Conscients de sa richesse, des prêtres et des laïcs s’engagent pour proposer un accompagnement : ils rappellent la beauté et le sens de la sexualité, don de Dieu confié à l’homme.  « L’acte d’amour dans sa réalité sexuée est une coparticipation à l’œuvre d’amour du Père, il nous renvoie à la vérité et à la signification de la sexualité », souligne le Père Michel Fontaine. Ainsi, chaque canton est pourvu d’une équipe de pastorale familiale qui propose préparation au mariage et accompagnement de couples. Elle s’appuie sur le savoir-faire de nombreux mouvements : Equipe Notre-Dame, Elle et lui, Vivre et aimer… 

Chacun, à sa façon, permet au couple de faire le point, de trouver des outils pour surmonter ses problèmes et aborde à un moment ou à un autre des notions clés telles que le pardon, la communication, la sexualité ou la fécondité. En  Valais, Florence Gabioud, animatrice de la pastorale familiale avec son mari, explique : « Il faut aller à la rencontre des jeunes : quand les difficultés s’installent et que l’on évoque le divorce c’est trop tard. » D’autres couples les anticipent : « Ils viennent vers nous quand ils veulent aller mieux », constate Nicole Delitroz de l’Avifa à Fully, avant de préciser : « Certains peinent à parler de leur intimité. »

Travailler ensemble

La pastorale familiale oriente vers des thérapeutes spécialisés si besoin : conseiller conjugal, psychologue ou sexologue. Des personnes ressources accompagnent sur des questions particulières telles que l’aide à la conception, la régulation naturelle des naissances ou la lutte contre la pornodépendance. 

« La Bonne Nouvelle apportée par le Christ renouvelle notre façon d’aimer, elle permet de voir le sens de notre sexualité » explique Bertrand Georges, diacre marié et responsable avec son épouse de la pastorale familiale à Fribourg. « Seul le don de chacun permet l’épanouissement, il est source de communion, de plaisir, de joie et de fécondité », poursuit-il en s’appuyant sur le catéchisme de l’Eglise catholique. « Le Seigneur nous veut heureux dans toutes les dimensions de notre mariage y compris la sexualité, il donne son soutien aux époux qui le lui demandent. » Avec son épouse et la communauté de l’Emmanuel il propose le Parcours Oxygène.

A Fribourg et dans le Tessin, des groupes d’études sur l’amour approfondissent la théologie du corps qui a fait sortir l’Eglise du puritanisme. Ils attirent couples, célibataires ou consacrés. Un groupe de jeunes vient de démarrer. Preuve que tous ont intérêt à travailler ensemble.

Pour les jeunes aussi

Les adolescents ne sont pas oubliés des formateurs chrétiens. Le parcours Teen Star est fréquemment proposé. Sophie, 13 ans, le suit à la paroisse Saint-Nicolas à Lausanne : « J’aime échanger avec des adultes autres que nos parents qui répondent à nos questions », explique-t-elle. Ce parcours inspiré par une religieuse, gynécologue américaine, aide à se connaître et à se préparer à un amour durable. « Sur Youtube la sexualité est présentée de façon caricaturale et ne respecte pas ce que l’on veut vivre, là je trouve d’autres informations », explique Sophie. 

« Notre société est hypersexualisée, la pornographie est partout », constate Nicole Delitroz de l’Avifa, « les parents peinent à parler avec leurs jeunes qui ont besoin de repères ». Et pourtant des formules peuvent les aider : dans le Valais les ateliers Mère&fille ou CycloShow s’adressent à des duos mère-fille et abordent les changements corporels de l’adolescence. « L’équivalent existe pour les garçons à travers l’atelier XY évolution proposé par CorpsEmoi en Suisse romande et à Fribourg. « Le fait que parent et jeune entendent la même chose fait grandir la confiance mutuelle et facilite ensuite la conversation en cas de besoin », se réjouit Nicole Delitroz.

Des propositions en Suisse romande

• Avifa Suisse romande :
pour les jeunes et les couples qui cherchent à donner un sens à l’amour et à la famille. Avifa.ch

• Oxygène :
pour les couples mariés, proposé par la communauté de l’Emmanuel et la pastorale familiale de Fribourg. Fribourg.pastorale-familiale.ch

Vivre et Aimer :
pour un couple plus vivant : vivre-et-aimer.org

Elle&lui :
un couple ça se construit, pour faire le point sur son couple et avancer… Ellelui.ch

Revivre :
pour se relever suite à une séparation ou un divorce. Cours-revivre.ch

theologieducorps.ch :
l’amour humain dans le plan divin, à partir des textes de Jean-Paul II. 

Teen Star :
parcours sur l’affectivité et la sexualité pour adolescents de 13 à 15 ans. Teenstar.ch

Corpsemoi.ch :
ateliers pour accompagner les 10-14 ans sur le thème de la sexualité et la fécondité. Père et fils (XY évolution), mère et fille (Cycloshow). Neutre religieusement, compatible avec une approche chrétienne.

Entre plénitude et errements

Par Thierry Collaud *
Photo: DR
L’Eglise catholique a-t-elle un problème avec la sexualité ? Les scandales qui se suivent depuis plusieurs années peuvent nous le faire penser. Qu’y voit-on ? Une sexualité qu’on avait voulu ignorer qui soudain ressort de manière sauvage. Un désir perverti qui n’a pour objet que sa propre satisfaction, fût-elle acquise en piétinant l’autre.

Le danger est alors d’être conforté dans l’idée que la sexualité est chargée de négativité, qu’elle est à placer du côté des bas instincts de l’humain qui doivent être bridés et que l’Eglise n’avait pas tort de s’en méfier durant des siècles. Mais ce n’est pas ce que nous dit la Bible. Dieu a créé l’humain en duo, « mâle et femelle » (Gn 1, 27), pour que ces deux deviennent « une seule chair » (Gn 2, 24). La sexualité est inscrite au plus profond de notre chair, elle est là « dès l’origine » comme le rappelle Jésus (Mt 19, 4). Etant créée par Dieu elle est fondamentalement une réalité bonne. Inscrite au plus profond de notre humanité, elle peut être le lieu privilégié où se dit l’humain en plénitude, mais aussi le lieu où se marquent dramatiquement ses errements. La sexualité nous révèle à nous-mêmes. Sur elle peut venir se greffer ce que nous avons de meilleur comme ce que nous avons de pire. Attention, alors, à ne pas faire de contresens : elle n’est pas le péché, elle ne fait que nous le révéler.

* Professeur de théologie morale à Fribourg.

Panser aujourd’hui pour penser demain

En temps normal, Rachel Wicht arpente les couloirs des hôpitaux universitaires de Genève (HUG) pour prodiguer un accompagnement spirituel aux patients hospitalisés et à leurs familles. Depuis, la pandémie de Coronavirus a chamboulé le quotidien de l’aumônière et de l’entier de l’hôpital.

Par Myriam Bettens
Photos : Myriam Bettens, Sophie Scalici

Rachel Wicht en prière au travail.

Serrer la main d’un patient, prier avec lui ou soutenir une famille en deuil, afin d’être à l’écoute de sa peine et de ses questionnements : des élans naturels pour Rachel Wicht, aumônière catholique aux hôpitaux universitaires de Genève. 

Depuis le début de la pandémie du Covid-19, tous ces rapprochements sont proscrits afin d’éviter une possible contamination. « Cette absence de contact est extrêmement difficile à vivre pour moi, mais plus encore pour les patients. » La privation de proximité se traduit aussi par une absence totale des familles, qui ne peuvent plus être au chevet de leurs proches pour une raison de sécurité sanitaire. « Nous devenons messagers de mots qui ne nous appartiennent pas. » L’aumônière illustre son propos par l’exemple de cette femme lui ayant demandé, par téléphone, de transmettre à son mari atteint du virus et dont le pronostic vital était engagé : « Je suis tellement reconnaissante pour les 60 années de bonheur passées avec lui. Je l’aime, il peut partir en paix. »

Confinement quotidien

L’aumônerie des HUG a pris la mesure du travail qui l’attendait bien en amont. « Nous avons réorganisé le quotidien pour nous rendre disponibles aux équipes de soins et aux patients à toute heure du jour et de la nuit », décrit Rachel Wicht.

Organisés par binômes, les aumôniers de garde sont soit « en première ligne », soit de renfort. Les premiers répondent aux appels des équipes soignantes et s’engagent à être sur le site le plus rapidement possible. Les seconds assurent la relève en cas de surplus d’appels.

S’ajoutent à cela des mesures d’hygiène drastiques lors de leur passage dans les chambres. Des contraintes temporaires qui, pour la majorité de la population, prendront fin avec la disparition du virus. 

Une autre catégorie de patients demeure, quant à elle, soumise au confinement et mesures d’hygiène, virus ou pas. C’est le cas dans l’unité d’oncopédiatrie, dont Rachel Wicht est l’aumônière répondante permanente. Ce service continue de fonctionner « normalement » malgré la pandémie. Il accueille de jeunes enfants et adolescents atteints de cancers et tributaires de traitements chimiothérapeutiques lourds. « Les petits patients doivent rester dans des « isolettes » (chambres d’isolement) en permanence du fait d’un système immunitaire réduit à néant par le traitement », précise-t-elle.

Le difficile deuil

Les traitements prennent du temps, les séjours hospitaliers sont fréquents et s’étalent généralement sur plusieurs mois, « il se noue alors une relation intime et de confiance avec ces patients et leurs parents », développe l’aumônière. Au début du week-end pascal, alors qu’elle n’est pas de garde, Rachel Wicht est informée par l’infirmière responsable de l’unité du décès d’un adolescent qu’elle avait accompagné durant plusieurs mois. « J’ai reçu son appel à 8h30. Le décès de ce jeune de 16 ans avait été constaté à 6h30 », raconte-t-elle sobrement. Peu avant 10h, elle se rend à l’hôpital. Le personnel a proposé à la maman que l’aumônière vienne bénir son fils et prie avec elle dans la chambre. « Vers 11h, nous avons quitté l’hôpital, et sommes allées aux pompes funèbres ensemble. Cette mère effondrée avait besoin de soutien et d’aide, pour accomplir toutes les formalités administratives liées à ce décès », témoigne Rachel Wicht. « L’écoute et l’accompagnement des familles sont essentiels, surtout en ces temps de pandémie », car les obsèques sont limitées à cinq personnes, sans possibilité de gestes de réconfort. 

Une difficulté supplémentaire à surmonter pour les familles endeuillées. C’est pourquoi, un moment de recueillement laïque sera organisé le jour des funérailles du jeune homme. L’aumônière note tout de même que la gravité ambiante en ces temps de pandémie est parvenue à raviver la flamme d’une solidarité nouvelle. « La vision de la luminosité de notre humanité m’émerveille. C’est un phare qui dirige le bateau dans lequel nous sommes tous embarqués. »
A l’écoute en tout temps » css= ».vc_custom_1589377608260{background-color: rgba(180,36,59,0.1) !important;*background-color: rgb(180,36,59) !important;} »]8h30 Appel de l’infirmière cheffe de l’oncopédiatrie des HUG.
10h Arrivée à l’hôpital pour procéder aux derniers sacrements du défunt.
11h Accompagnement de la famille aux pompes funèbres.
14h Retour à la maison

En librairie – juin 2020

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Le veilleur
Christophe Hadevis / Rodéric Valembois 

Cette BD, aussi belle que spirituelle, nous raconte d’abord la vie de saint Joseph, en restant au plus près des évangiles et de la réalité historique. Elle nous invite ensuite dans une famille d’aujourd’hui qui, dans ses joies et ses épreuves, se confie à Joseph.

Vie, dévotion, fioretti nous dévoilent le visage de celui qui prend soin de nous comme il a pris soin de la Sainte Famille, en épousant le projet de Dieu.

Emmanuel

Acheter pour 22.50 CHFNe gâchez pas votre plaisir, il est sacré
Olivier Florant

Non, le plaisir sexuel n’est pas un tabou pour la foi catholique. A contre-courant des ouvrages pieux sur le couple, Olivier Florant, sexologue, conseiller conjugal mais aussi théologien nous offre un texte libérateur. Qu’est-ce que l’amour ? le plaisir ? l’orgasme ? Que dit véritablement la Bible sur les relations sexuelles ? Qu’en est-il des autres grandes religions ? Les fameux « tabous judéo-chrétiens » existent-ils vraiment ? Comment le plaisir sexuel peut-il être « sacré » ? Voilà les questions auxquelles l’auteur répond avec beaucoup de bonheur.

Renaissance

Acheter pour 30.20 CHFBonne nouvelle sur le sexe et le mariage
Christopher West

Dans son premier best-seller, Christopher West offre une présentation claire, sûre et accessible de la théologie du corps. L’auteur américain regroupe les nombreuses questions qui sont le fruit de ses échanges avec son public de tous âges. Indissolubilité du mariage, masturbation, pornographie, chasteté… il aborde de front les questions qui dérangent et sur lesquelles nombre de catholiques restent démunis. Le style est direct, jamais moralisant, souvent humoristique. « Si vous voulez vraiment « prendre votre pied », commencez par inviter Dieu qui est amour dans votre chambre. Ne vous inquiétez pas, Il ne sera pas gêné c’est Lui qui a créé le sexe. » On se réjouit d’un tel livre, qui peut être facilement offert, y compris à des lecteurs qui n’ont pas une culture chrétienne très poussée.

Emmanuel

Acheter pour 30.00 CHFLibre pour aimer
Eric Jacquinet

Nous croyons et nous constatons que la consommation de pornographie conduit beaucoup d’hommes et de femmes à la tristesse et à la désespérance. Pour trouver la vraie paix du cœur, la vraie joie et la sérénité affective nécessaires à chacun, il faut sortir de ce nouvel esclavage. Beaucoup n’y arrivent pas et se sentent enfermés dans la honte et la tristesse. Pourtant, être libéré de cette addiction est possible ! Un parcours spirituel pour aider à sortir de la consommation d’images pornographiques. Initié par le Père Eric Jacquinet avec la collaboration de thérapeutes, 40 jours pour retrouver la liberté et le goût du bonheur.

Emmanuel

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Un cantique érotique

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR« – Que tu es belle, ma bien-aimée ! Tes yeux sont des colombes. Tes lèvres, un fil d’écarlate. Tes deux seins, des faons jumeaux d’une gazelle qui passent parmi les lis. Tu me fais perdre le sens par un seul de tes regards. Que ton amour a de charmes, ma sœur, ô ma fiancée. L’arôme de tes parfums est délicieux plus que tous les baumes. – Que mon bien-aimé entre dans son jardin et qu’il en goûte les fruits savoureux. » (Cantique 4, 1.3.5.9.10.16)

Telle une perle dans un écrin, le Cantique des cantiques (c’est-à-dire le plus beau des poèmes, comme on dit « pour les siècles des siècles ») a trouvé sa place au sein des Saintes Ecritures après bien des péripéties. Cela n’a pas été tout simple, car il s’agit d’un véritable poème érotique qui chante le don mutuel et charnel des époux, comme image représentative de la tendresse indéfectible de Dieu pour l’humanité. La tradition spirituelle en a également fait le modèle des liens mystiques entre l’âme et son Seigneur, appelé précisément « Mon bien-aimé ».

Différentes perspectives
Ce qui montre parfaitement bien que la dimension corporelle et sexuée, inscrite dans notre condition par le Créateur, caractérise pleinement notre intimité avec le Christ. Si bien que celui-ci se présente comme l’Epoux de sa bien-aimée, l’Eglise. Perspectives spirituelle, ecclésiale, théologale et charnelle s’interpénètrent donc. De sorte que chaque couple, par la fidélité et le don mutuel des corps et des cœurs dans la relation sexuelle, offre une image plénière et saisissante de l’amour dont Dieu veut tous nous combler (voir l’exhortation Amoris laetitia du pape François, « Un amour
passionné. La dimension érotique de l’amour », n. 142-162).

A cet égard, il est regrettable que la liturgie dominicale ne le retienne jamais dans les lectionnaires actuels : le Cantique n’est lu « que » lors des célébrations de mariage. S’il était également proclamé le dimanche, il pourrait donner lieu à de belles catéchèses sur la sexualité comme lieu d’épanouissement évangélique et biblique !

Le baptistère de Chermignon-d’en-Haut

De Dominique Châtelain et Jean-Stéphane Rey (VS)

Par Amandine Beffa
Photo: Jean-Claude Gadmer

Le baptistère indique que le baptême est la porte des sacrements.

Le baptistère est traditionnellement le lieu (un bâtiment distinct à l’origine) réservé à la célébration du baptême. L’évolution des pratiques a souvent mené à son remplacement par des cuves baptismales, plus pratiques. Celui de Chermignon-d’en-Haut (VS) nous permet de redécouvrir la richesse du sacrement. 

Conçu pour permettre les baptêmes par immersion, il nous rappelle que le sacrement nous plonge dans la mort avec le Christ pour nous permettre de ressusciter avec lui. Le choix d’un socle sombre symbolise cette noirceur que nous laissons au fond de l’eau. Le cercle de lumière au-dessus signifie cet appel vers la lumière. Saint Paul ne dit-il pas : « Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Vivez en enfants de lumière » (Eph 5, 8) ?

La base octogonale va dans le même sens : selon les Pères de l’Eglise, le chiffre huit est celui de la Résurrection. En effet, le « premier jour de la semaine », évoqué dans l’Evangile (Jn 20, 1 par exemple) est le huitième jour. C’est le jour qui annonce un nouveau commencement. Mais le jour de la Résurrection est aussi celui où retentit l’appel à annoncer la Bonne Nouvelle. Le baptême est porteur de cet envoi en mission.

Les huit scènes autour du bassin sont des épisodes bibliques dévoilant des aspects du baptême. On retrouve ainsi : l’Arche de Noé (Gn 6-9), l’Exode (le passage de mer en Exode 14) la guérison de Naaman le Syrien (2 R 5), une vision d’Ezéchiel (Ez 47), le baptême de Jésus (Mt 3, 13-17), l’eau et le sang sortant du côté de Jésus (Jn 19, 34), le baptême de l’Eunuque (Ac 8, 26-40) et la Samaritaine (Jn 4).

Finalement, la disposition du baptistère à proximité du tabernacle nous rappelle que le baptême est la porte des sacrements et qu’il nous conduit à une intimité toujours plus grande avec le Seigneur.

L’ermitage de Longeborgne (VS)

Par Myriam Bettens
Photo: Association des Amis de LongeborgneNiché dans une falaise des gorges de la Borgne, à deux pas de Sion, l’ermitage de Longeborgne semble retiré du monde. Ce haut lieu de pèlerinage mêle beauté pittoresque et piété populaire.

L’ermitage a vu le jour en 1522, confié à l’Ordre des Frères mineurs (les Franciscains). Aujourd’hui, ce sont les Bénédictins qui en assurent la desservance. Eté comme hiver, le Père François Huot, seul résident permanent, accueille les pèlerins venus confier prières et désirs d’enfant à la sainte patronne du lieu, Notre Dame de Compassion. Les nombreuses œuvres en remerciement d’une grâce, ou ex-voto, exposés dans la chapelle attestent d’ailleurs d’une dévotion ininterrompue.

Ces témoins du patrimoine religieux et artistique du Valais, une collection de 185 ex-voto, ont été rénovés entre 1997 et 2000 avec le concours de l’Association des amis de Longeborgne. Une dizaine d’années plus tard, de nombreux autres aménagements ont été entrepris pour le bien-être et la sécurité de l’ermite et des pèlerins, dont la sécurisation des falaises en amont du chemin de croix et de l’ermitage.

Accès possible
1. Depuis la gare de Sion, prendre le bus B5 direction Bramois, Institut et descendre à Bramois, Pont de Bramois (15 minutes). Aller en direction du restaurant Les Pélerins (10 minutes).
2. Depuis l’autoroute A9, prendre la sortie Sion-Est No 27. Continuer sur la route d’Hérens, puis la route de Bramois en direction du chemin du Creux-de-Nax. Laisser la voiture.

La visite

1. Attaquez la montée depuis le restaurant. Le sentier est escarpé. Vous aurez d’un côté un chemin de croix et de l’autre les flots de la rivière la Borgne (10 minutes).

2. Passez le porche d’entrée de l’enceinte de l’ermitage. Depuis le promontoire, on peut admirer la vue sur les gorges de la rivière.

3. Continuez sur le côté gauche du parvis. Les deux chapelles dédiées à Notre Dame de Compassion et saint Antoine de Padoue sont logées dans une grotte naturelle.

4. Admirez les ex-voto admirablement restaurés. Laissez-vous envelopper par la quiétude du lieu.

L’homme, la femme, richesses de l’amour de Dieu

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Marguerite Bays (FR), juin 2020

Par Vincent Lathion | Photo: Vincent Lathion, Martial Python

L’être humain, perle précieuse de la création
Souvent, nous contemplons avec émerveillement la nature, tant elle est belle, sagement conçue et nous avons bien raison. Le chrétien ne saurait cependant s’arrêter en si bon chemin et sa foi lui permet de pousser plus loin sa réflexion : si le monde est admirable et harmonieux, c’est parce qu’il est créé par Dieu, source de toute bonté et de toute sagesse. En effet, la beauté et la finesse de la réalité ne souffrent aucune comparaison, pas même avec l’œuvre de l’artisan ou de l’artiste le plus habile, car le génie du Créateur surpasse incomparablement le génie de l’homme.

Si cette vue est juste du monde en général, elle l’est bien plus encore de la personne humaine. A ce qui est visible s’ajoute une dimension psychologique et spirituelle, une part de mystère. Ce surplus d’âme pour ainsi dire, confère à l’être humain une dignité et une noblesse unique qui le placent à part dans l’univers matériel. Ainsi, si comme la plupart des autres espèce, l’espèce humaine se divise en deux genres, cette distinction n’est pas seulement chez elle d’ordre biologique voire comportemental, mais d’abord et surtout d’ordre psychologique et spirituel. L’homme et la femme, d’égale dignité, diffèrent donc tant par leur corps, que par leur manière de ressentir et d’appréhender la réalité. Il y a là un fonds commun que partagent toutes les sociétés, mais qui se décline encore de bien des manières selon l’éducation et la culture reçues.

L’homme et la femme dans les Ecritures
Si nous nous penchons à présent sur la tradition judéo-chrétienne, nous remarquons que la Bible s’intéresse d’emblée au rapport de l’homme et de la femme dans le récit riche de symbolisme des premiers chapitres de la Genèse. Que veut-elle nous en dire ?

D’abord, que ni l’homme, ni la femme ne se suffisent à eux-mêmes et que la place qu’ils occupent l’un pour l’autre est irremplaçable. En effet, après avoir affirmé : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. » (Gn 2, 18) Dieu présente tous les animaux de la création à l’homme, mais en vain. Ce dernier ne trouve nulle aide qui lui corresponde. Ce n’est qu’en présence de la femme, qu’Adam se sentira comblé. Ce secours de la femme pour l’homme n’est pas d’abord d’ordre pratique, de l’ordre de l’agir, mais il vient remplir un manque existentiel. Pour le dire autrement, l’homme et la femme, séparés l’un de l’autre, éprouvent une solitude et une incomplétude dans leur être même : et ce sont elles que Dieu a précisément voulu leur éviter.

Ces observations mettent en lumière la complémentarité des deux genres. Dans le dessein divin, l’homme se construit en vis-à-vis de la femme et inversement. Voilà pourquoi la femme aide l’homme à devenir homme et réciproquement. Et la promesse de Dieu se rattache précisément à cette relation de complémentarité qui unit l’homme et la femme : leur lien est source de vie, de lui jaillira une descendance.

Mais très vite, nous dit la Genèse, la chute met à mal cette bienheureuse concorde : l’homme et la femme se détournent de Dieu et c’est tout l’ordre que le Seigneur avait établi qui s’en trouve bouleversé. Le rapport de l’homme à la terre, de laquelle il avait été modelé, se mue en peines et douleurs ; le rapport de la femme à l’homme, duquel elle avait été tirée, se transforme en rapport de force et de domination.

Intéressons-nous donc plus avant aux conséquences du refus de Dieu : la Bible nous indique que la relation de l’homme et de la femme s’en est trouvée fragilisée : à l’enrichissement réciproque qu’avait voulu Dieu s’est substituée la volonté de posséder l’autre et de l’asservir, sous les modalités diverses du pouvoir et de la séduction. Comment s’étonner alors que l’homme et la femme que Dieu avait appelés à un don fidèle et exclusif en leur enjoignant de ne former « qu’une seule chaire » peinent dès lors à respecter cet engagement désormais privé de sa sève naturelle ?

La Bible ne manque pas d’exemples pour illustrer ce thème. Ils sont parfois magnifiques et nous dépeignent des personnes aux vertus nobles et héroïques ; ils sont parfois malheureux, dressant un tableau sombre, d’hommes et de femmes dominés par des passions qu’ils ne savent plus maîtriser. Nous pouvons songer entre autres à Joseph en Egypte, qui refuse les avances de la femme de Potiphar et qui est jeté en prison ; aux deux vieillards qui accusent faussement Suzanne de tromperie, parce qu’eux-mêmes brûlent de désir pour elle ; ou encore à David, qui fait tuer Uri pour lui ravir sa femme Bethsabée. Et la liste pourrait encore s’allonger… Chacune de ces histoires, nous replace devant les questions auxquelles n’échappe nul amour : quelle était l’intention de ces personnes ? Ont-ils pris en considération le bien de celui qu’il prétendait aimer ?

La charité, forme de tout amour
Concluons ce survol rapide en rappelant le principe fondamental de tout amour, d’une simplicité toute biblique pour ainsi dire et pourtant si profond : ce qui est au cœur de la droite relation de l’homme et de la femme, ce qui doit la régir, en couple comme en société, c’est la charité, qui est l’amour de Dieu dans le cœur de ses fidèles. C’est un amour qui ordonne les autres amours et qui ne signifie nullement le rejet des passions amoureuses. Tout au contraire, il invite à les purifier et à discerner dans la prière comment les accueillir, comment les diriger pour que, débarrassées de toute appropriation égoïste, elles soient les aides heureuses de l’amour vrai. Ainsi, l’homme ou la femme qui se laisse guider par la charité, obtiendra toujours son propre bien ainsi que celui de la personne aimée et ce, avec le secours de Dieu et grâce à l’amour divin lui-même.

Education: donner le goût de la vérité

Le jeune enfant souvent tenté par l’affabulation, voire le mensonge, doit apprendre petit à petit à dire la vérité. Il a besoin d’adultes attentifs et bienveillants pour l’accompagner.

Par Bénédicte Jollès
Photo: Pxhere« Mon père, il a trois Tesla », lance Baptiste, 6 ans, à la cantine. Le petit qui grandit a facilement des raisons de mentir : besoin de se valoriser, peur d’être grondé, paresse, jalousie… Pas de panique avant l’âge de raison, autour de 7 ans, il est normal que son imaginaire soit fertile ; il a du mal à distinguer ses rêves de la réalité. Il revient aux parents de le ramener au réel, de l’aider à mûrir pour qu’il réalise les bénéfices de relations basées sur la confiance. 

Le petit enfant teste la crédulité des adultes, si son mensonge n’est pas démasqué, s’il en tire des bénéfices, il le renouvellera. 

La vérité apaise
Un des enjeux de l’éducation chrétienne est de transmettre le goût de la vérité : source de joie, elle libère et apaise. Plus les parents sont transparents, plus les enfants apprennent à l’être. Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, l’exemple est premier. Vigilance donc face à nos pieux « arrangements » ou nos omissions douteuses.

« Je t’ai caché mes mauvaises notes, tu me punis trop fort », lance Charlotte, 10 ans, entre deux sanglots. Sans renoncer à l’exigence, une certaine souplesse parentale aide les jeunes à vivre loin du mensonge. Au contraire, les éducations trop sévères favorisent la dissimulation. Nos enfants peuvent-ils s’exprimer sans être trop fortement rabroués ?

L’expérience de la miséricorde
Impossible d’acquérir ce goût pour la vérité sans faire l’expérience de la miséricorde et du pardon parental. Celui-ci libère, surtout s’il souligne le courage dont l’enfant fait preuve en avouant le vrai. En cas de grosses difficultés, après un temps d’écoute et de discussion, l’adulte peut aussi proposer le sacrement de la réconciliation si lui-même le reçoit. Il ne s’agit pas d’une punition bien sûr, mais d’une aide du Seigneur. « Quelle expérience magnifique pour celui qui peine d’être pardonné et fortifié par Jésus lui-même ! » avoue Marion, maman de deux enfants et catéchiste.

Sexualité, vraiment?

Par Thierry Schelling
Photo: DR

Le pape François a pris le parti de ne pas thématiser directement la sexualité mais de l’évoquer plus discrètement, comme dans Amoris Laetitia.

Il est loin le temps où Paul VI pouvait proclamer l’Eglise « experte en humanité ». Les affaires de pédophilie révèlent tout sauf un comportement adéquat de la part de bien des clercs à l’égard de tant de victimes. Le long pontificat de Jean-Paul II avait pourtant produit une théologie du corps devenue référentielle pour maints théologiens et moralistes catholiques… Et dire qu’il en parlait, les mercredis d’audience à Rome, pendant que Maciel et ces autres monstres abusaient sans vergogne sous couvert d’autoritarisme et par perversité égoïste…

Discrétion
Du coup, le pape François a pris le parti, dès le début de son pontificat, de ne pas thématiser directement la sexualité comme telle, mais – comme dans Amoris Laetitia par exemple – d’évoquer certes les beautés de l’amour hétérosexuel mais aussi les divorcés. Sur la pointe des pieds, pourrait-on dire. D’ailleurs, qui se souvient des initiatives pour les 50 ans d’Humanae Vitae en 2018 ? Discrétion oblige, dirait-on…

En substance, Papa Bergoglio rappelait à la Curie romaine en janvier 2020 que « nous avons besoin […] d’autres paradigmes, qui nous aident à repositionner nos manières de penser et nos attitudes : nous ne sommes plus en chrétienté, nous ne le sommes plus ! » Et cela vaut aussi pour la doctrine et la discipline catholiques en matière de sexualité.

Espoir
Et, comme il le rappelait à cette même occasion, « [l’Eglise] est appelée à témoigner que, pour Dieu, personne n’est « étranger » ou « exclu ». » Il y a sacrément du pain sur la planche : vis-à-vis de la femme et de la personne LGBTQ+… L’espoir fait vivre…

Jeux, jeunes et humour – juin 2020

Par Marie-Claude Follonier[thb_image image= »4901″ img_link= »url:/wp-content/uploads/2020/05/Fete_Dieu. »]

Pourquoi Dieu n’a pas empêché le coronavirus ?

Dieu veut pour nous un monde bon et beau ainsi que notre bonheur. Il n’est pas l’auteur des maux qui nous frappent. Le mal reste une énigme. Jésus n’est pas venu l’expliquer. Sur la croix, il a pris tout le mal sur lui et l’a déjà vaincu. Il nous invite à le combattre à sa suite. Dieu est avec nous dans cette épreuve : il nous donne sa force et son Esprit pour nous aider les uns les autres et en ressortir meilleurs qu’avant. Malgré les pertes et la tristesse, nous sommes assurés de sa victoire sur la mort et la maladie.

Par Pascal Ortelli

Sophie est à l’église avec sa maman, en prière devant le tabernacle. La prière silencieuse d’adoration dure, dure… Sophie n’en finit pas de fixer des yeux la lampe rougeoyante du sanctuaire puis lâche soudain : « Dis, maman, quand est-ce que le feu passe au vert ? »

Par Calixte Dubosson

Le couple et notre société

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Marguerite Bays (FR), juin 2020

Par Vincent Lathion

L’esprit d’une société s’identifie à différents indices, notamment aux grands principes qu’elle pose au fondement de son ordre et à travers la manière dont ses membres les vivent. Or, de cet ensemble transparaît souvent une certaine vision du monde, ainsi qu’une compréhension de l’homme et de la femme bien définie. C’est ce dernier point qui va retenir notre attention dans ce qui suit.

A l’Etat, nous attribuons surtout le rôle de garantir deux droits fondamentaux : la liberté et l’égalité. Ceux-ci sont d’une grande importance et marquent profondément le rapport de l’homme et de la femme dans notre société. Concernant les couples, la liberté et l’égalité des individus assurent la libre contraction des mariages et la reconnaissance des mêmes droits aux deux conjoints. Ces deux principes sont donc bons et portent de beaux fruits.

Néanmoins, la lecture que fait parfois notre société de ces deux principes appelle quelques réserves.

En effet, lorsque la liberté est comprise comme ouverture à tous les possibles – alors qu’en son fond elle est plutôt capacité à choisir le bien – elle peut amener à considérer tout engagement comme de droit révocable. Et ce risque est d’autant plus grand que cet état d’esprit est renforcé par le consumérisme de notre société : dans le secteur des achats et des services notamment, nous sommes habitués à pouvoir revenir à tout moment sur notre décision. Ainsi, le danger demeure d’envisager le mariage et la relation de couple sur le même mode et que les futurs époux soient peu préparés à honorer avec persévérance leur promesse.

De son côté, l’égalité de l’homme et de la femme peut aussi être source de mécompréhension. Certains courants de pensée actuels voudraient la placer exclusivement dans le domaine du faire et de l’agir. Ils conçoivent en quelque sorte l’égalité comme une uniformité. C’est une vision par trop étroite. L’égalité des deux genres se situe aussi au cœur de l’être-homme et de l’être-femme. Ainsi, reconnaître et promouvoir l’égalité, ce n’est pas gommer les différences entre hommes et femmes, mais bien plutôt les mettre en valeur comme ce qui fait leur richesse et leur génie propres.

Le mariage: sous quel regard

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), juin-juillet-août 2020

Texte par Danièle Cretton-Faval | Photo: DR

Le mariage… Quelle belle affaire…
Qu’on ne veut plus faire…
Parce que c’est l’enfer…
Voilà, encore une rumeur populaire qui a passablement d’audience !
Réveillons-nous, le père Noël n’existe pas.

En effet, le mythe du prince charmant fait encore trop de ravages. Tant de jeunes commencent leur vie d’adulte en imaginant trouver le bonheur en l’autre « idéalisé » et paré de prodigieuses qualités qui va leur apporter, et en prime, l’âme sœur incomparable.

Le bonheur ne peut s’acheter, ni se donner. Le bonheur est un petit truc qu’on travaille, point après point, au fil d’or, comme une broderie de prix. Là, il faut y mettre un véritable amour, mais un amour gratuit. La grande cause de nos désillusions en amour, c’est que nous attendons tout de l’autre et surtout le retour de ce que l’on a donné. C’est du commerce donnant-donnant. Alors que l’amour gratuit rend libre, et nous grandit. 

 Le bonheur n’existe pas en tant que tel, et ne s’achète pas, il se façonne, silencieusement, au gré des joies, des rires, des pleurs, des échecs, des souffrances, des tragédies, des petits miracles  de patience, de persévérance.
Ainsi, la petite broderie précieuse  fera partie de toi, et c’est à ce moment-là que tu pourras rayonner, transmettre sur l’autre le bonheur construit de tes mains. 

Etre en relation avec l’autre, c’est aussi comprendre que l’on est faillible, des êtres en « apprentissage », un couple en croissance avec un vide intérieur à remplir à DEUX. Et savoir que personne n’est parfait. Et ne pas tout attendre de l’autre comme si l’autre était un magicien. Il y a parfois, des magiciens… mais c’est l’exception (5% à 10%). Chaque jour est un jour nouveau, rien n’est acquis.

Est-on obligé d’accepter la souffrance dans le mariage ? Oui, c’est une aventure à l’image du navigateur qui décide de participer à la traversée d’un océan, et sait à l’avance, qu’il faudra arriver au but final sans sous-estimer : les efforts gigantesques, les tempêtes qui pourront l’engloutir, la mort le frôler, le froid le paralyser et la solitude à gérer. Mais le navigateur ne voit que le but de son idéal et la joie d’y parvenir.

Mais sous le regard de Dieu, l’aventure est possible. Ne nous dit-il pas : « Venez à moi vous qui peinez, et parlez-moi de vos soucis. Votre fardeau sera plus léger car je prends soin de vous. »

L’œuvre de Dieu à travers nous

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Protais (FR), juin 2020

Par Lucienne Broillet-Page | Photo: LBP

Comme une icône en cours d’écriture, le visage de Dieu est à préciser chaque jour.

Nous sortons tranquillement d’une situation de confinement due au coronavirus, et cette période d’incertitude, d’isolement et de souffrance a peut-être insinué en nous des doutes et des questions : pourquoi Dieu permet-il cela ? où est-il alors que tant de personnes souffrent et meurent ? Dieu répond-il à nos prières ? 

Nous sommes comme les disciples de Jésus qui, devant un homme né aveugle, lui posent la question : « Maître, pourquoi cet homme est-il né aveugle : à cause de son propre péché ou à cause du péché de ses parents ? » Nous cherchons une cause, une origine, voire un bouc émissaire. Nous cherchons « en arrière » une responsabilité afin de comprendre pourquoi le malheur frappe. 

Or, devant cette question du péché, Jésus répondit : « Ce n’est ni à cause de son péché, ni à cause du péché de ses parents. Il est aveugle pour que l’œuvre de Dieu puisse se manifester en lui. » (Jean 9, 1-3)

Jésus nous renvoie à nous-mêmes, et nous oblige à regarder « en avant » : le malheur est présent « pour que » l’œuvre de Dieu puisse se manifester. Dieu est présent partout, dans les difficultés comme dans la joie et son œuvre est à découvrir en toute situation.

Nous sommes responsables de faire du malheur qui nous frappe une œuvre de Dieu. Nous pouvons voir alors les traces de Dieu dans tous les actes bons qui sont posés, et réaliser que Dieu s’inscrit partout dans notre histoire.  

Cela ne veut pas dire que la souffrance est niée, mais bien qu’elle est habitée par Jésus qui l’a prise avec lui sur la croix et qui la porte avec nous. Alors que nous avons dû vivre Pâques sans célébrations,  rappelons-nous que Jésus, par amour, a traversé tous nos tourments et qu’ils sont d’ores et déjà vaincus par sa Résurrection. Sachons trouver dans nos peines ce que Dieu veut que nous y trouvions : un surcroît d’amour, de compassion et de joie profonde…

En conclusion, retrouvons l’Evangile, dans lequel Jésus guérit un malade, et « les Juifs persécutaient Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.

Jésus leur déclara : «  Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre.  » » Jn 5, 15-17

Lorsque nous aurons la joie de nous retrouver dans nos églises, souvenons-nous de tous ces gestes d’humanité qui ont magnifié ces derniers mois, et sachons maintenir vivante et active la solidarité qui s’est créée. C’est l’œuvre de Dieu à travers nous !

Dieu ne nous abandonne pas

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Sacré-Cœur, Ouchy-Lausanne (VD), juin 2020

Par Alice Jossi-Zamora | Photo: Pixabay

La pandémie due au Covid-19 qui a touché le monde entier marquera durablement nos esprits. Cela a été une épreuve terrible pour ceux qui ont dû se séparer d’un être cher sans un dernier au revoir ; pour ceux qui, impuissants, ont assisté à la souffrance de leur enfant, leur conjoint, leur parent. Angoisse également pour ceux qui, à cause du confinement, ont vu en péril le futur de leur magasin, leur restaurant, leur affaire, fruit de tant de sacrifices.

Comme à chaque fois que des grands malheurs nous accablent, nous sommes tentés de nous demander : où est Dieu ? que fait-il ? ne voit-il pas ce qui se passe ? pourquoi nous abandonne-t-il ?

Dans les religions de l’Antiquité, le rapport des hommes aux dieux se concevait sous la forme d’un contrat : le sage était récompensé pour sa justice et sa fidélité, tandis que le pécheur recevait la punition de ses fautes. Cependant, dès le début du monothéisme, l’homme se met à réfléchir différemment. Que devient notre foi lorsque le malheur frappe l’homme juste ? Lorsque la souffrance atteint l’innocent ?

Le livre de Job essaie d’expliquer ou de justifier l’action ou l’inaction de Dieu dans la destinée humaine.

Job est un homme riche et heureux, craignant Dieu et le servant. Pourtant, il subira la ruine, la maladie et l’angoisse de se sentir abandonné par Dieu. A travers cette légende, c’est toute la problématique inhérente à notre existence terrestre et notre relation à la foi dans les épreuves qui est analysée :

Le caractère aléatoire de notre existence terrestre : celui-là est frappé par la maladie et cet autre épargné, sans aucune logique.

Les inégalités sociales : le confinement est certainement plus vivable dans un grand espace de vie et entouré de sa famille que seuls ou entassés.

Mais le silence de Dieu et l’angoisse de l’incertitude sont les mêmes pour tous. La peur, la souffrance, la maladie et la mort sont indissociables de la vie, mais nous pouvons les transcender par la foi en Dieu, l’espérance et la charité. La réaction de Job est la même que celle du Christ sur la croix et la même que la nôtre dans la détresse :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34)

La réponse est là, devant nos yeux ; elle est dans la beauté de Sa création, comme Il le montre à Job. Elle est sur la croix, avec son Fils donné pour nous sauver. Elle est dans cette chambre d’hôpital, dans le lit du malade et dans la compassion des soignants. Et elle est aussi parmi nous, lorsque nous sommes capables de nous entraider et de nous aimer. Non, Il ne nous a pas abandonnés, au contraire, Il nous porte dans ses bras et nous soutient.

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