Un temps de jeûne!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mars 2020

Texte et photo par Robert Zuber

Rien que de parler du jeûne, il me semble que mon estomac crie famine ! Je ne sais pas pour vous, mais moi, je bannirais volontiers ce mot du dictionnaire…

C’est en arrivant dans le secteur qu’on m’a proposé d’accompagner le groupe de jeûneurs, en précisant que je n’étais pas obligé de faire l’exercice.

En réfléchissant, je me suis rendu compte qu’accompagner des personnes sans faire avec eux cette expérience n’avait pas beaucoup de sens, alors je me suis lancé un défi : vivre la semaine de jeûne.

Bien sûr, je vis en communion avec l’Eglise les deux jours de jeûne recommandés, le Mercredi des Cendres et le Vendredi saint, mais vivre une semaine complète de jeûne, ça me semblait une autre histoire.

Aujourd’hui, je ne regrette pas d’avoir relevé ce challenge, car cette semaine est une semaine de grâce.

Oh, je ne dis pas que c’est facile, mais la communion entre les participants et le soutien mutuel par la prière et les rencontres sont une grande aide.

Ne pas se préoccuper de manger libère du temps pour prier, méditer la Parole de Dieu, se promener, découvrir et s’émerveiller de l’Œuvre de Dieu, de sa présence agissante.

Et Dieu nous travaille avec amour, il nous éclaire sur le sens de notre vie, sur les ajustements à faire pour mieux être en relation avec lui et avec les autres. Il nous rend attentifs à la beauté de la création et à la valeur des aliments.

Je dois vous avouer qu’au moment de commencer la semaine de jeûne, je prends une grande inspiration pour me motiver, mais une fois commencé, ce n’est que du bonheur !

Je vous invite donc et vous encourage à faire le pas. Rejoignez notre groupe de jeûneurs et soyez sûrs que Jésus vous donnera toutes les grâces nécessaires pour vivre cette belle aventure avec Lui.

A vous tous, bon Carême, belle route vers le matin de Pâques.

«Ensemble, faisons vivre l’Eglise»

Ils étaient une centaine de bénévoles de l’unité pastorale Nyon-Terre Sainte à se retrouver pour le forum sur le bénévolat sur le thème «Ensemble, faisons vivre l’Eglise» samedi 1er février à Nyon. L’occasion de tisser des liens et, pour les responsables, de remercier chacun pour son travail qui construit l’Eglise.Par Geneviève de Simone-Cornet
Photos: Walter Hauser 

Ce forum était l’aboutissement d’un an et demi de réflexion sur le bénévolat menée dans notre unité pastorale (UP) par Fabiola Vollenweider Gavillet, ancienne de l’Equipe pastorale. Il voulait rassembler les bénévoles de l’UP, nourrir et stimuler leur réflexion et les inviter à célébrer dans la joie et la reconnaissance sur le thème « Ensemble, faisons vivre l’Eglise ».

Tout a commencé par un repas offert aux bénévoles – il y avait 110 inscrits – dans les salles sous l’église de la Colombière servi par les « tabliers rouges », les salariés de l’UP : un moment de convivialité pour resserrer les liens ou faire connaissance.

Puis trois invités ont aidé les bénévoles à réfléchir, dans la salle de paroisse, au sens de leur engagement, à reconnaître sa valeur et à faire des suggestions et des propositions : l’abbé Joël Pralong, supérieur du séminaire de Sion à Givisiez (FR), Isabelle Vernet, coordinatrice du Département bénévolat de la Fédération ecclésiastique catholique romaine du canton de Vaud (FEDEC), et Cédric Pillonel, secrétaire général de la FEDEC.

Pratiquer l’amour charité

L’abbé Pralong a prononcé deux interventions sur « Le bénévolat, un appel de Dieu à vouloir prendre soin de la communauté », invitant ses auditeurs à s’interroger sur le bénévolat et sur le sacerdoce baptismal, qui fait de chaque baptisé un prêtre, un prophète et un roi. Puis, à partir de la parabole des talents, à prendre conscience que pour Dieu l’essentiel c’est d’aimer, non de calculer et d’être dans la course à la performance. Il a vite conquis son public par sa simplicité et son humour.

Bénévolat ? Le mot vient du latin « benevolus », « bonne volonté » : « C’est vouloir du bien et faire du bien à l’autre indépendamment de ce que l’on ressent pour lui ». Pour le pape François, c’est plus qu’éprouver du plaisir en présence de l’autre, plus que se faire du bien. Ce n’est ni l’éros, l’amour captatif qui vise la reconnaissance, ni la philia, l’amitié, l’amour où on se fait du bien mutuellement. Mais l’amour charité, l’amour évangélique, « gratuit comme une lampe qui éclaire, le seul qui bâtit la communauté, où nous sommes donnés par Dieu les uns aux autres ». C’est, a dit le prêtre valaisan, « poser des actes de bien, des actes de volonté indépendamment de ce que nous ressentons pour l’autre (sympathie ou antipathie) » et ainsi « rendre Dieu présent dans tout ce que nous faisons ».

Cet amour se manifeste de cinq façons : bénir autrui, ce qui libère de la rancœur ; prier pour ceux qui nous persécutent, faire du bien à ceux qui nous haïssent ; pardonner à nos ennemis, vider notre cœur des amertumes ; rendre le bien pour le mal ; faire du bien à autrui.

Prêtres, prophètes et rois

Cet amour a été répandu dans nos cœurs au baptême : « Mon Moi humain s’emboîte dans le Moi divin comme une poupée russe et mon action est alors reliée au Moi divin qui se manifeste par trois fonctions : royale, sacerdotale, prophétique. »

Car le baptisé est roi, « il a un pouvoir, une autorité, une force pour faire régner la justice, la paix et l’harmonie. La fonction royale est d’abord de se gérer soi-même, de mettre de l’ordre dans sa vie selon l’Evangile pour gérer son groupe de manière humaine et chrétienne en ne cherchant pas seulement le résultat, le bon fonctionnement, le rendement, mais le bien des personnes – la paroisse n’est pas une entreprise qui doit faire du chiffre », a affirmé l’abbé Pralong. C’est cette fonction que mettent en valeur les bénévoles qui ont des postes à responsabilité, « appelés à prendre soin de ce qu’il y a de plus fragile en l’autre».

Le baptisé est aussi prêtre : « En participant à la prière dont le sommet est l’eucharistie et en offrant, en union avec le Christ, ses contrariétés quotidiennes pour sauver des âmes ». « Ce geste d’offrande est celui des malades, des handicapés, des souffrants, des personnes âgées qui, au lieu de se replier sur eux-mêmes, deviennent féconds pour le monde. La fonction sacerdotale se révèle le mieux dans « les visiteurs de malades, ceux qui sont engagés pour les plus pauvres, qui ont conscience qu’eux aussi sont blessés. On ne peut ramasser le blessé sur le chemin que si on a été soi-même ramassé ». Comme chez les personnes qui décorent l’église ou préparent les liturgies.

Enfin, le baptisé est prophète : « Il éprouve la douleur de l’autre, pose une parole, un geste qui encouragent. » En conclusion de la première partie, l’abbé Pralong a invité chacun à « être le parfum de l’Eglise qui apaise ».

Ne pas se comparer aux autres

Dans un deuxième temps, il a relu la parabole des talents pour en dégager la logique. Gare à une lecture moralisatrice qui « engendre la course à la réussite, à la performance, à l’esprit de comparaison, à la jalousie » ! « Que l’on soit un camion-citerne ou un dé à coudre, l’essentiel est d’avoir aimé, d’avoir au moins essayé, car Dieu regarde le travail, la bonne volonté, le don de soi et non le résultat. »

« Ai-je reconnu que je n’ai pas tous les talents ? Je peux exister par mon engagement, mais est-ce que je laisse passer Dieu ? », s’est interrogé le conférencier. « L’important est d’être bien dans son talent » et d’avoir conscience que « nos vrais talents naissent de nos blessures ». Et puis, nos talents, « ce sont les autres qui les reconnaissent » !

En conclusion, l’abbé Pralong a proposé plusieurs points de réflexion concrets. « Ce n’est pas le nombre de cordes à son instrument de musique qui compte, c’est la caisse de résonance afin que chacun donne un son mélodieux », et mes talents, je les fais résonner par la charité. Emerveillons-nous : s’émerveiller « c’est reconnaître l’identité de l’autre, c’est l’antidote au soupçon ». « Nous ne sommes pas jugés par Dieu, c’est nous-mêmes qui nous jugeons : Dieu est un Père avec qui nous pouvons dialoguer, non un patron qui commande. » Tous nous sommes fils et filles de ce Dieu, « capables de Dieu, capables d’amour, de réflexion profonde, de don de soi ». « A partir de là, on peut accueillir toute personne sans la juger, en portant sur elle un regard positif, car évangéliser n’est pas faire la morale ou imposer sa vérité. » Nous sommes appelés à nous laisser façonner et aimer par Dieu dans la confiance, à « aller au bout du possible et laisser l’impossible à Dieu ».

Enfin, l’abbé Pralong a mis en garde les bénévoles : « Attention : nos talents, nous pouvons les utiliser pour nous grandir et n’attendre que de la reconnaissance ! Il ne faut jamais perdre le but : représenter Dieu, le faire connaître, le laisser agir. Etre au service de sa gloire et non de la nôtre. »

L’oxygène de l’Eglise

Les participants se sont aussi retrouvés en ateliers pour s’interroger : qu’est-ce que j’aimerais donner ? Qu’est-ce que j’aimerais recevoir ? Quelles sont mes suggestions et mes propositions ? Beaucoup de bonnes idées ont surgi, soulignées par Isabelle Vernet lors de la remontée : les bénévoles voudraient donner le goût de vivre, faire sans rien attendre en retour, savoir dire non ; recevoir quelque chose qui nourrit pour aller plus loin, de la gratitude, des échanges vrais, des espaces de discussion, un soutien; ils aimeraient revivre une telle journée et savoir accueillir les jeunes et les jeunes retraités, accepter les idées nouvelles, rester ouverts, vaincre leurs peurs.

Une table ronde animée par Cédric Pillonel a réuni les abbés Joël Pralong et Jean-Claude Dunand, Isabelle Vernet et Brigitte Besset, qui a témoigné de son engagement comme bénévole (voir encadré). Le curé modérateur de l’UP, l’abbé Dunand, a rappelé que « le bénévolat donne sens à l’Eglise » et souligné l’importance du sacerdoce baptismal : « Chacun a sa place et c’est le Christ qui donne la reconnaissance. » Citant le jésuite Pierre Teilhard de Chardin, il a lancé : « Le bénévolat est l’oxygène de l’Eglise. » Les questions qui ont suivi ont souligné le besoin de formation et le désir de rejoindre les jeunes pour leur donner le goût du bénévolat et leur montrer qu’on y apprend beaucoup.

Des flammes d’espérance

La messe a rassemblé les bénévoles, la communauté paroissiale et les communautés linguistiques dans l’église pour la messe de l’UP en français, espagnol et portugais. L’occasion, pour Fabiola Vollenweider Gavillet, de souligner que « l’Eglise ne peut vivre que par nous, les bénévoles », que « le bénévolat est le poumon de l’Eglise ». Elle a ensuite remercié les bénévoles « pour leur cœur ouvert à la présence du Christ et leur regard fraternel sur leurs frères ». Elle a rappelé les quatre piliers du bénévolat, représentés par quatre bougies apportées en procession et déposées sur l’autel : la formation, la célébration, la diaconie et la communion.

Dans son homélie, l’abbé Pralong, comparant notre vie à une bougie, a constaté que « nous avons tous beaucoup à donner » avec la mèche fragile de notre foi, la flamme de notre espérance et la cire de notre charité. Notre mission : « Etre dans ce monde la flamme qui redonne espoir. »

La messe s’est terminée par la bénédiction solennelle des bénévoles tandis que défilaient sur l’écran les différents domaines où ils s’engagent. L’abbé Dunand les a remerciés d’« avoir pris le temps de faire Eglise ensemble » en ce jour. Un signet leur a été remis à la sortie. Et un apéritif dans la salle de paroisse a clôturé le forum.

Une plante à arroser

Bénévole depuis presque 38 ans, Brigitte Besset a témoigné de ce qui la motive. Elle fait de la catéchèse et est engagée dans plusieurs autres activités dans la communauté de Gland. « Le plus dur, je crois, c’est cette étape, le premier pas avant la découverte, et le saut dans l’inconnu… » Un choix personnel et libre. Pourquoi est-elle toujours bénévole ? Pour « la confiance que l’on me témoigne ». La joie. La gratitude. L’amitié : « On se retrouve entre bénévoles, on organise des actions, on compare nos idées, on se met en route ensemble. »

Le temps donné « est un enrichissement personnel, un épanouissement. [… Quelle joie pour moi de voir des visages rayonnants après une célébration, un sourire après les larmes d’une personne âgée, un enfant qui s’émerveille, un merci si grand qu’il m’envahit ! ».

« Quoi de plus naturel pour moi ? Le Christ a tout donné gratuitement. Il m’invite à me mettre au service des autres comme il l’a fait. Pour moi, c’est vivre l’Evangile. » « Il y a aussi cet élan naturel du cœur que je sens très fort en moi qui m’incite à aider mon semblable, à prendre soin de lui, à organiser des rencontres, à vivre des temps de convivialité en Eglise, à écouter le prochain et ses besoins… Je sens aussi très fort que je ne suis pas seule dans ce que je vis dans le bénévolat, mais bien accompagnée. Je sens la présence du Christ à mes côtés: il me donne la force et les dons nécessaires à mes engagements. »

Le bénévolat a aussi ses peines et ses tristesses : « Il m’arrive d’être touchée, voire blessée, par une remarque, un commentaire, une décision, une attitude ; d’être frustrée et démunie. » Brigitte Besset a terminé par ce constat : « Mon engagement est fragile… comme une plante que je dois songer à nourrir et arroser. Cela implique des moments de recul, de relecture à la lumière de la Parole de Dieu. » Mais le bénévolat est avant tout « une richesse humaine, une expérience spirituelle profonde, un don de soi, un temps d’amitié et de fraternité ».

Faire tout le bien qu’on peut faire au nom du Christ

Connaissez-vous le chanoine Benoit Vouilloz? Peut-être l’avez-vous rencontré au Simplon, quand il était prieur de l’hospice, ou au Saint-Bernard, durant les années où il était Prévôt… Ou encore à Orsières, Martigny ou Bagnes, plus récemment… Moi, j’ai eu l’immense plaisir de le rencontrer pour l’Essentiel… Je vous livre ici quelques-unes des réflexions qu’il partage avec nous.
Ce contenu n'est disponible que pour les abonnés.
S'abonner

Retrouvailles ados de Lourdes

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Protais (FR), mars 2020

Texte et photo par Philippe Valax, responsable des Ados de Lourdes

Le dimanche 8 décembre 2019, 22 ados (15 Valaisans et 7 Fribourgeois) ayant vécu le pèlerinage d’été de la Suisse romande 2019 se sont rencontrés à Rossens pour une journée retrouvailles. En début de matinée, nous avons commencé par un temps de réflexion orientée sur différents signes à Lourdes : le rocher, l’eau, la lumière, la foule. Super ambiance et partage ! Après un bon morceau de pizza, nous avons visionné un extrait du film : « Lourdes » de Thierry Demaizière et Alban Teurlai. Film plein d’émotion et d’humanité, à voir absolument !

Grâce à un riche échange, nous nous sommes préparés pour la messe de l’Immaculée Conception. Durant la messe, quelques ados ont témoigné sur les différents signes de Lourdes en lien avec leur expérience vécue à Lourdes. La soirée s’est terminée par un magnifique moment de convivialité, 60 personnes à la salle Saint-Rémy avec une excellente raclette. Merci à tous pour cette amitié partagée autour de Marie notre Mère.

Pèlerinage d’été à Lourdes 2020

Du samedi 11 au samedi 18 juillet

Pour les Ados: départ vendredi 10 juillet +- 22h 

Retour en Suisse samedi 18 juillet +-9h (voyage de nuit) 

Les Ados de notre UP (12-15 ans) qui le souhaitent peuvent prendre part à ce magnifique événement. Pour les encourager, ils sont soutenus financièrement pour la moitié du coût de la semaine ! Profitez de vivre ces moments de grâce dont on garde toujours un souvenir profond et vivace. 

Renseignements et inscriptions sur le site : http://www.pele-ete-lourdes.ch/

Responsable des Ados de Lourdes au niveau Romand et responsable dans notre unité pastorale :
Philippe Valax
Av. des Invuardes 12
1530 Payerne,
philippe_valax@bluewin.ch
079 733 07 83

Soirée d’informations : mardi 28 avril 2020 de 19h15-20h15 salle de paroisse Rossens.

Jeûner?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), mars-avril 2020

Par Vincent Lafargue | Photo: DR

Le jeûne est un pilier de notre foi chrétienne, tout comme pour les Juifs et les Musulmans, ainsi que pour la plupart des grandes religions du monde. Il est recommandé notamment comme une action déterminante au temps du Carême. Mais est-il toujours bien compris ?

Le chocolat ? Mauvaise pioche !
J’entends souvent, au moment du Carême, des gens se priver du petit carré de chocolat quotidien « parce que c’est bon ». Se priver de ce qui est bon n’a rien à voir avec un jeûne. Cela vient de la mauvaise compréhension du péché capital lié à la nourriture et qu’on a catastrophiquement traduit en français par « gourmandise », alors que dans toutes les autres langues, il s’agit de la « gloutonnerie ». Ce qui est mal, c’est d’abuser, à l’excès, de ce qui est bon. Et non pas d’aimer ce qui est bon ! Sinon, comme Dieu est bon, cela reviendrait à dire qu’il ne faut pas aimer Dieu !

Si vous vous privez de chocolat parce c’est bon, vous n’avez – pardonnez-moi – strictement rien compris à la démarche du jeûne.

Un moins pour un plus
Jeûner, c’est d’abord se priver de quelque chose qui nous éloigne de Dieu. Et s’en priver pour se rapprocher davantage de Dieu à travers une action qui remplace cette privation. Un moins pour un plus, en quelque sorte.

Si tel ou tel repas nous éloigne de Dieu parce qu’il est pour nous l’occasion d’excès de table, il est bon de jeûner parfois d’un repas. Mais faisons quelque chose de ce temps ou de l’argent que nous aurions mis dans ce repas. C’est le sens de nos pochettes de Carême qui recueillent l’argent que nous aurions mis dans autre chose. Si nous jeûnons toute une semaine pour l’exploit ou pour maigrir, nous risquons bien de passer à côté de la démarche spirituelle (et de reprendre aussi vite les kilos perdus, d’ailleurs).

Rappelons que le droit canon précise que seuls sont tenus au jeûne alimentaire les personnes majeures et seulement jusqu’à soixante ans (canon 1252). Le Catéchisme de l’Eglise Catholique précise, lui, au numéro 2043, que ce commandement de l’Eglise qu’est le jeûne « nous prépare aux fêtes liturgiques et nous dispose à acquérir la maîtrise sur nos instincts et la liberté du cœur ». Mais le jeûne ne concerne pas forcément la nourriture !

Jeûner d’autre chose que de nourriture
Un célèbre poème propose, si nous voulons jeûner, de commencer par jeûner de paroles blessantes, de critiques, de mécontentements divers, de ressentiment contre notre prochain, de rancune, d’égoïsme, de pessimisme, de préoccupations et d’inquiétudes inutiles, d’occupations superficielles, de paroles futiles ou calomnieuses, et même de jugements dans notre cœur.

Ce jeûne-là vous fera passer un sain Carême et sera profitable aux autres. Bien plus que de vous priver de ce petit carré de chocolat qui fait toute la saveur d’une journée.

Entre ciel et terre

La dépression, le burnout, la solitude et le suicide sont des problématiques bien réelles dans le monde agricole, bien que souvent sous-estimées. Car c’est un monde où l’on a appris à travailler sans se plaindre. Maria Vonnez, aumônière et paysanne diplômée, vient apporter une écoute et un soutien à ces passionnés de la terre en détresse.

Par Myriam Bettens
Photos: Thierry Porchet, DRUne première sonnerie retentit, une seconde, puis une troisième. Le répondeur s’enclenche, personne au bout du fil. Deux tentatives infructueuses plus tard, c’est la voix chaleureuse de Maria Vonnez qui m’accueille, mais elle ne semble pas situer la raison de mon appel. A la mention de l’article en cours, la mémoire lui revient : « Je vous avais complètement oubliée, s’excuse-t-elle. Je suis à l’école d’agriculture de Granges-Verney durant deux jours pour accompagner les futurs agriculteurs. » Habituellement vers 14h, cette assistante pastorale pour le monde agricole est déjà au volant de sa voiture. Elle sillonne les routes du canton de Vaud à la rencontre des passionnés de la terre en quête d’une oreille attentive.

Accepter de se faire du bien

Passionnés par leur métier, les exploitants agricoles font trop souvent primer le travail au détriment de leur bien-être.

Suite à une vague de suicides dans le canton de Vaud en 2015, le projet « Sentinelle Vaud – Promotion de la Vie » est né afin de mettre en place un dispositif pour accompagner et soutenir les exploitants en difficulté. « Généralement, une personne a vu que quelqu’un n’allait pas bien et nous contacte », indique-t-elle. Ces « sentinelles » peuvent être des conseillers agricoles, des épouses, des grand-mères ou même le vétérinaire. Pascale Cornuz, pour l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud, et Maria Vonnez, pour l’Eglise catholique, prennent ensuite le relais. « Aujourd’hui les agriculteurs sont beaucoup plus seuls qu’avant. Parfois ils ne voient personne de la journée, alors ils ruminent leurs idées noires », développe l’aumônière. Passionnés par leur métier, les exploitants agricoles font trop souvent primer le travail au détriment de leur bien-être : « Ils ne se permettent pas de se faire du bien », affirme-t-elle. Le burnout, la dépression et les idées suicidaires existent toujours, mais sont devenus moins tabous grâce à l’écoute attentive de Maria Vonnez et de sa collègue. « La preuve, ils nous acceptent et se confient », lance-t-elle encore.

En route vers l’autre

Chaque matin elle téléphone donc à ces agriculteurs en détresse. « Ce matin à 8h15, j’ai appelé un agriculteur qui n’allait pas bien. Il a déjà tenté de mettre fin à ses jours », raconte-t-elle pudiquement. « Ils apprécient que je prenne de leurs nouvelles. Partager avec une autre oreille leur fait du bien », ajoute la paysanne diplômée. Ensuite vers 9h, elle s’installe au volant de sa voiture pour rendre visite aux exploitants avec lesquels elle a fixé un entretien. Ce temps de trajet est aussi pour Maria Vonnez l’occasion de confier au Christ les situations difficiles de ces agriculteurs. Souvent l’entretien se prolonge jusqu’en fin de matinée. Aux alentours de 11h30, l’aumônière regagne son domicile pour se restaurer et reprend ensuite le chemin d’une seconde visite. Puis, lorsque l’agriculteur a terminé le gros de son travail à 17h, l’aumônière reprend du service par téléphone.

Entouré du vivant

Ces tranches de vie ne ressemblent peut-être pas à L’amour est dans le pré, mais recèlent aussi leur part de joie. « Beaucoup me disent par exemple combien leurs épouses sont fantastiques », note-t-elle. Puis elle conclut par quelques mots tirés du film Au nom de la terre : « Les paroles du réalisateur du film, Edouard Bergeon, disant que l’agriculteur est entouré du vivant, m’ont beaucoup touchée. Je trace un parallèle avec notre ministère qui consiste à rencontrer le vivant (en parlant de l’humain, ndlr) afin de l’aider à retrouver le chemin de ce qui le fait vivre. »

Temps forts d’une journée

8h –> Premier entretien téléphonique de la journée

9h-11h30 –> L’assistante pastorale prend la route pour se rendre sur les lieux de ses visites, soit chez des agriculteurs/trices soit à l’école d’agriculture

11h30 –> Retour à la maison pour manger avant de reprendre la route

14h –> Après-midi dévolue à d’autres rencontres avec les agriculteurs ou des entretiens téléphoniques

17h –> Coups de fil à des agriculteurs rencontrés en entretien afin de prendre de leurs nouvelles

La 3G!

Par Thierry Schelling
Photo: DRLa 3G dans notre assiette.

G comme glouton ! L’une des insultes contre Jésus par le parti des « bien-mangeant » (cf. Mt 11, 19). En opposition à l’ascèse du prophète qui jeûne et s’abstient. Mais Jésus déclare la manducation et toute nourriture comme bonnes (cf. Mc 7, 19), faisant éclater les règles alimentaires de sa propre société théocratique. Dieu, pain eucharistique, se consomme.

G comme grignotage. Insupportable au ciné quand les doigts raclent le paquet de pop-corn juste sous ton oreille ; ou que le Napolitain te crie : « Viens ! » alors que tu sirotes ton espresso de 10h. Quel prix au plaisir du palais ? Dieu, plus pacotille que produit naturel, se consume.

G comme gaspillage. Honteux sur les chariots lors d’une session diocésaine où l’esprit de Laudato si’ passe à la poubelle ! Regarde ton compost à domicile : ne tries-tu pas encore tes déchets ? Dieu, consonne et voyelles, solide et liquide, se déguste avec modération.

Du souffle dans l’assiette

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mars 2020

Texte par Catherine Amos | Photo: LDD

Ce mois réunit en Suisse romande de nombreux groupes de jeûneurs. Rencontre avec Catherine Poscio qui animera un de ces groupes, au monastère de Géronde.

Catherine Poscio animera la semaine de jeûne à Géronde du 4 au 11 mars prochain.

Elle soutient, encourage les jeûneurs, mais aussi… leur partage un texte essentiel pour elle, qui permet à chacun-e de cheminer intérieurement. Même si l’Action de Carême et Pain Pour le Prochain chapeautent ces semaines particulières, chaque organisateur est libre de choisir le thème qui va accompagner ces jours de « pause ». Pour Catherine, « nous sommes tous en chemin, nous sommes animés et même perfusés en continu par la Présence d’Amour ». 

Le sentiment du manque dans le jeûne amène à ressentir d’autres manques : de reconnaissance, d’être compris, de temps… Le jeûne nous incite à ralentir : une pause corporelle et psychique durant laquelle chacun-e peut ressentir les émotions agréables ou désagréables qui parcourent son corps. Durant les retrouvailles du soir, elle invite les jeûneurs à laisser passer le Souffle en eux. Ce Souffle divin, qui à travers le souffle physique (la respiration), permet de défaire les nœuds, les résistances intérieures… pour devenir plus léger et plus perméable à cette Présence qui nous transforme et nous offre la paix. 

Etre attentif à nos inquiétudes, nos amertumes, nos colères, nos tristesses, nos attentes… les déposer à la lumière du Christ pour les pacifier… nous amènent à penser et agir différemment.    

Apprendre à se mettre sur « pause » pour changer intérieurement, puisqu’on ne peut changer les circonstances extérieures. Comme le disait déjà le Christ « ce ne sont pas les coupes et les ustensiles qu’il faut purifier, mais l’intérieur de l’homme ».

Pour animer ces rencontres, elle a choisi certaines années des textes d’Anselm Grün, d’Eckhart Tolle ou les Accords Toltèques. Elle propose à ceux qui seraient intéressés de lire le livre qui lui sert de fil rouge. 

Cette année le thème qu’elle a choisi est « notre (bien) être est contagieux », avec l’idée de lâcher les obligations à courir après le bien-être ! Pour cela elle s’appuie sur le livre « Conversations avec Dieu » de Neale Donald Walsch.

En ce temps de « Car-Aime », invitation à chacun-e à suivre le Christ pour plus de Lumière dans nos vies !

Vivre une semaine de jeûne ?
Hélas le groupe de Sierre est complet pour ce Carême.
Plus d’infos auprès de Catherine Poscio, 027 455 69 18
Appel à celles et ceux qui seraient intéressés à suivre une formation pour animer une semaine de jeûne, des cours sont mis sur pied avec les objectifs suivants :
• Volet Santé : Connaissance approfondie sur la physiologie du jeûne, person–nes à risque, comment encadrer au niveau de la santé les participants-es.
• Volet Solidarité : Intégration de la semaine de jeûne à la campagne œcuménique.
• Volet Spiritualité : Eléments de conduite spirituelle pour une semaine de jeûne.
• Volet Administratif : Que doit-on faire avant, pendant et après une semaine de jeûne.

Pour tout renseignement : Katrin Fabbri (079 332 38 09)

«Vous êtes le sel de la terre», nous dit Jésus

Par Marie-Claire Gay-des-Combes
Photo: DR

Quelle image audacieuse nous donne à vivre Jésus ! Le sel, cet aliment invisible, mais qui change complètement nos préparations culinaires, est utilisé pour apporter une saveur divine à notre vie.

J’ai toujours été touchée par cette image. Est-ce parce que j’aime bien cuisiner ? Ou est-ce parce que le plat préparé avec amour, servi aux convives me parle aussi beaucoup ? Quoi qu’il en soit, je trouve incroyable que nous revient, à nous, pauvre humanité, la touche finale de la saveur de Dieu.

Si nous laissons germer, grandir et s’épanouir cette petite phrase de l’évangile au fond de notre cœur, comment ne va-t-elle pas irradier tous nos gestes quotidiens ? Dieu présent au fond de notre cœur va déployer tout son amour, sa beauté, en petites doses de saveur. Quelle merveille ! Et oui, c’est bien Lui qui vit en nous, Lui qui nous donne l’impulsion de laisser passer sa Lumière. Dieu ne force pas, Il est patient et il aime notre humanité. A nous donc de laisser de l’espace pour que puisse émerger sa lumineuse Présence. 

En vivant au quotidien « Je suis le sel de la terre », nous nous rendons assez vite compte que ce n’est pas le « j’ai fait ceci ou cela » qui donne de la saveur à notre plat, mais bien sa réalisation avec amour, son service discret et surtout la vue du visage qui s’illumine au-devant de nous. Oui, il faut un vis-à-vis pour que vive ce geste, il faut un visage qui puisse le recevoir et ainsi la saveur déploiera tous ses arômes. Nous sommes vivants avec l’autre et à travers l’autre, dans le don et non dans le faire.

Etant catéchiste, en lien avec les enfants et leurs familles, il m’a semblé évident d’offrir un espace où la saveur du don, nourri par la prière, puisse se déployer 😉 . Nous avons pu confectionner une soupe relevée de sel, confectionnée avec amour, liée avec l’eucharistie, offerte à la communauté et servie par des enfants heureux et fiers.

Restons en lien incessant avec cette lumière intérieure d’amour, renforçons-la par la prière, laissons-la émerger à travers nos mains, nos yeux… et les personnes que nous rencontrerons, toucheront du bout des doigts, cette saveur invisible du goût de Dieu.

L’hostie comme seule nourriture

Marthe Robin, c’est la Présence totale de Dieu aux côtés de toute l’Humanité dans une chambre d’un petit bled de France, Châteauneuf-de-Galaure. Plus de trente ans après sa mort, son rayonnement est international.

Par Chantal Salamin
Photo: DR

Marthe ne pouvait avaler que l’hostie.

A 16 ans, Marthe, petite fille généreuse et joyeuse, tombe dans un coma de quatre jours qui la laisse paralysée des jambes. Sa maladie, l’encéphalite léthargique, se manifeste par crises et va paralyser ses voies digestives à 28 ans, l’empêchant de manger et boire, seule l’hostie peut être avalée. Le Christ devient sa seule nourriture, et c’est en Lui qu’elle puise sa force. Elle fait l’expérience dans sa chair et dans son âme d’une union toujours plus grande avec Dieu.

Douleur et empathie
Marthe transforme sa douleur en empathie pour les autres qui mène nombre d’entre eux à une authentique expérience de conversion. Plus de 100’000 personnes l’ont visitée : camionneurs, compositeurs, agriculteurs, journalistes, théologiens et philosophes et ont témoigné :

Louisette : « Lorsque ça ne va pas, je pense au rire, à la joie de Marthe et ça me redonne du courage. » 

Jean Vanier : « Marthe faisait tomber tout préjugé qu’on pouvait avoir de quelqu’un de très mystique. Le plus important n’est pas tellement ce qu’elle disait… c’est ce qu’elle était en elle-même : une présence de Dieu, une présence de Jésus. »

« Ranimer dans le monde l’amour qui s’éteint »
« Je voudrais être partout à la fois pour dire et redire au monde combien le Bon Dieu est bon, combien il aime les hommes, et se montre pour tous tendre et compatissant », disait Marthe Robin.

A 31 ans, elle reçoit du Christ la demande de créer « les Foyers de Charité, des foyers de lumière, de charité et d’amour ». Fondés avec le Père Georges Finet, ces foyers de vie rassemblant célibataires, couples et prêtres sont « comme un refuge des grandes détresses humaines », « des pécheurs, des sceptiques viendront y puiser la consolation et l’espérance, donc c’est fait pour que des gens se récupèrent, fassent une forme de cure d’âme pour retrouver la santé, retrouver la vie et finalement le salut », comme nous le dit le père Jean-François Hue, prêtre au foyer de La Flatière. Aujourd’hui, 76 Foyers de Charité sont répandus dans 40 pays.

Le site: martherobin.co

Célébration de l’unité

Quelle chance! A l’heure de la messe, à 10h15 dimanche 19 janvier, l’église de la Colombière accueillait la célébration œcuménique pour l’unité des chrétiens sur le thème «Ils nous ont témoigné une humanité peu ordinaire».Texte et photos Par Olivier Cazelles

Bien des paroissiens étaient présents avec des membres des sept Eglises chrétiennes de Nyon pour cette prière annuelle en vue de l’unité : l’église était comble. Eric Monneron, diacre de la paroisse catholique, a accueilli chacun avec sa chaleur communicative et présenté à l’assemblée les pasteurs et laïcs qui interviendraient dans cette liturgie.

Le chant, confié à un groupe choral, était soutenu par des instrumentistes. Alternant recueillement, louange et appel à l’Esprit Saint, la musique créait les conditions pour écouter la Parole de Dieu et participer activement à la prière.

Au début de la célébration, Catherine Albrecht, diacre de l’Eglise réformée évangélique du canton de Vaud, a invité les enfants à une animation adaptée. Les tout-petits étaient accueillis à la garderie par Eulalia Valea et son équipe, de la Colombière.

Evangélisation de Malte
Le thème de cette année faisait référence à l’histoire de l’apôtre Paul qui, avec ses compagnons de route, a fait naufrage sur les côtes de l’île de Malte. Les naufragés ont été accueillis et soignés par la population locale. Dans sa prédication, Jean-François Bussy, de l’Eglise du Réveil, est revenu sur la mise en place de la Pastorale nyonnaise il y a trente ans pour souligner l’importance toujours actuelle de transmettre la Bonne Nouvelle de Jésus. Une Bonne Nouvelle qui génère la joie dans la confiance en Jésus.

« N’ayons pas honte de l’Evangile, et d’y croire ! », a-t-il dit. Car saint Paul le constate : la proclamation de l’Evangile agit avec une puissance miraculeuse susceptible de transformer nos cœurs et les situations que nous vivons. L’annonce de l’Evangile aux habitants de Malte commence par une catastrophe, un naufrage. Et Jean-François de s’écrier : « Alors courage ! L’avenir de l’Eglise à Nyon est devant nous avec cette garantie : « Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » »

Intercession et partage
La prière d’intercession a souligné la nécessité de ramer pour faire avancer la barque de l’Eglise. Porteuses d’une symbolique forte, des rames se sont élevées du sein de l’assemblée avant d’être appuyées sur l’autel. Chaque rame a apporté sa sensibilité: générosité, hospitalité, réconciliation, illumination, force, espérance, confiance.

L’offrande a été répartie entre le Service Pâques Nyon, qui encourage les chrétiens à s’investir dans l’espace public au service de leurs concitoyens, et l’association Compassion international, qui parraine des enfants démunis.

Autour de tables enrichies des préparations de chaque communauté, l’apéritif a permis de se parler, de faire connaissance, d’échanger des nouvelles. Comme on aimerait que ce soit possible au hasard des rencontres tout au long de l’année !

Avec Eric Monneron, au micro, les ministres des Eglises nous bénissent.

L’homme et la nourriture: histoire d’un rapport complexe

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), mars-avril 2020

Texte et photo par Vincent Lathion

Un animal pas comme les autres
Si les animaux pouvaient parler, ils ne manqueraient pas de s’exclamer au sujet de l’homme : « En voici un, qui ne fait rien comme les autres ! » En effet, pour la nourriture comme en d’autres domaines de la vie, l’homme est un cas unique dans le règne animal.

Il faut, pour commencer, convenir que l’alimentation occupe une place essentielle dans la vie humaine. Elle est nécessaire. Elle possède de plus une forte dimension sociale : pourrait-on s’imaginer une réunion de famille, une fête de village ou encore une sortie d’entreprise où l’on ne mange ni ne boit ? Ou bien s’acquitter de son devoir d’hospitalité, sans servir quoi que ce soit à son hôte ? Qui dit social, dit aussi réglementé, codifié : les règles de bienséance au cours d’un repas peuvent certes varier d’une culture à l’autre, d’un milieu social à l’autre, mais force est de reconnaître qu’elles existent toujours.

Sans tordre le sens des mots, nous pouvons donc dire que le rapport de l’homme à la nourriture relève de l’art : un art qui commence en cuisine dans la confection des plats, qui touche aussi à la manière de dresser une table et qui se poursuit dans l’art du service et dans celui de manger. Parler d’art signifie en d’autres termes que l’homme se sert de son intelligence dans ces activités.

La nourriture dans le monde religieux
Mais la relation de l’homme à la nourriture n’est pas seulement investie par sa raison, elle l’est encore par son sens religieux. Pensons ici, entre autres, aux prescriptions nombreuses de l’Ancien Testament sur les aliments ou aux interdits qui touchent certaines viandes dans le judaïsme et l’islam. Le christianisme a abrogé une grande partie de ces lois et dans le régime instauré par le Christ, il n’y a plus de nourriture interdite en soi.

Citons ici l’Evangile de Marc (7, 18-19) :
« Alors il [Jésus] leur dit : « Etes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors, ne peut pas le rendre impur, parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, pour être éliminé ? » C’est ainsi que Jésus déclarait purs tous les aliments. »

Il reste, bien sûr, que le chrétien associe aussi son corps à sa quête de Dieu : il est donc encouragé, à certains moments, à jeûner et à mener une vie d’ascèse. Les périodes par excellence pour de tels exercices sont le Carême et l’Avent. Ces temps liturgiques possèdent en effet une dimension pénitentielle, car ils invitent les croyants à se préparer aux grandes fêtes de l’année en s’éloignant de tout ce qui les détourne de Dieu. 

Le jeûne y aide, puisqu’il permet d’une part de prendre conscience de la faiblesse de son corps – et par là de notre dépendance à Dieu – et d’autre part de réaliser que l’homme ne vit pas seulement de nourriture, mais qu’il aspire à quelque chose de plus grand. Par ailleurs, en canalisant le désir de la nourriture, le jeûne donne à la personne une meilleure maîtrise sur l’ensemble de ses envies, ce qui favorise un certain dépouillement et une attitude de prière.

Relevons cependant que l’ascèse n’est pas propre au christianisme, qu’elle est parfois même davantage pratiquée dans d’autres religions. Il faut néanmoins noter que sa particularité en christianisme tient à la dimension de charité dans laquelle elle s’inscrit. Le but que le disciple du Christ vise à travers l’ascèse n’est pas un exploit physique, pas même une soumission parfaite des sens à sa volonté. Il recherche plutôt un regain de charité, une foi plus grande et une relation plus étroite à la Trinité. Voilà pourquoi le chrétien peut offrir un jeûne pour un autre que lui-même ou pour une intention particulière. Il sait que Dieu écoute les cœurs contrits et que faire pénitence pour quelqu’un est aussi une manière d’imiter le Christ dans son sacrifice pour nous.

Les pratiques alimentaires dans le monde actuel
Enfin, nous sommes parfois surpris par le zèle de nos contemporains à se priver de certains aliments et à choisir des régimes particuliers. Ces démarches sont en revanche rarement entreprises pour des motifs religieux, mais davantage pour des raisons écologiques, quelquefois pour une santé meilleure, ou encore pour le bien-être animal.

Il est pourtant judicieux de se demander si ces causes n’ont pas été réinvesties par un sentiment religieux dans quelques cas. Le risque d’une catastrophe écologique sonne alors un peu comme l’annonce prophétique d’une apocalypse toute proche, tandis que le comportement de certaines personnes dans ce domaine évoque la ferveur des fidèles les plus pieux.

Est-ce à dire que l’homme, même athée ou agnostique, demeure profondément religieux ? La question est ouverte !

Comment vivre le temps de Carême?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse Saint-Laurent Estavayer / Au large (FR), mars 2020 Par l’abbé Julien Toulassi, vicaire de la paroisse Saint-Laurent Estavayer | Photo: DRLe temps de Carême est avant tout un temps de grâce pour tout chrétien qui le vit intensément selon les propositions de notre Eglise. Les quarante jours du Carême sont […]
Ce contenu n'est disponible que pour les abonnés.
S'abonner

«Pâqu’et Surprises»: Montée vers Pâques des jeunes

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs Monthey et Haut-Lac (VS), mars 2020 Par Céline Sallin, animatrice | Photo: Mauro Cortese, Céline SallinJudas qui trahit Jésus, mauvaise surprise… Pierre qui renie Jésus, mauvaise surprise… Jésus meurt sur la croix, très mauvaise surprise. Puis Marie Madeleine et Marie de Magdala qui reviennent du tombeau, surprise!!!Jeune du Chablais valaisan, […]
Ce contenu n'est disponible que pour les abonnés.
S'abonner

Carême: un temps de conversion

Par Jean-Michel Girard, prévôt du Grand-Saint-Bernard
Photo: pontifexenimages.com

Dans un programme de réflexion sur la manière d’utiliser les ressources de notre monde, je lisais ce titre : « Conversion écologique ». Le terme « conversion » qu’utilisent les chrétiens s’applique tout à fait dans le domaine de notre comportement envers la création : se détourner du mal pour se tourner vers le bien (ou le Bien). 

En fait, il convient à tous les domaines de notre vie. Notre manière d’agir est toujours entachée d’une certaine connivence avec le mal que saint Paul décrit pour lui-même avec cette formule : « Je fais le mal que je ne voudrais pas faire et je ne fais pas le bien que je voudrais faire. Qui me délivrera de ce corps de péché ? » (Rm 7, 19) 

Quand Jésus parle du bon grain et de l’ivraie qui poussent ensemble durant le temps de ce monde, il est bien conscient du mélange qui nous habite. C’est la réalité. Il ne s’agit pas de se décourager ou de se culpabiliser. Jésus dit qu’il faut « accepter » ce mélange, ne pas prétendre à une vie irénique où seul le bien subsiste. 

Il nous donne, cependant, l’orientation : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». C’est tout un chemin ; c’est le chemin, c’est l’entreprise de la vie. Selon les forces du moment, les inspirations de l’Esprit, les lumières qui nous viennent, changer d’attitude. Que ce soit vis-à-vis de telle ou telle personne, dans des habitudes qui nous nuisent… mais aussi par rapport à l’écologie. Le mélange est partout. Il ne faut pas s’étonner que dans l’usage que nous faisons des biens communs de la création, nous ayons réussi des choses magnifiques au service de l’humanité, mais que s’y soient mêlés tant d’intérêts égoïstes.

La conversion écologique est une belle conversion, parce que la création est belle, parce que le projet de Dieu de nous faire vivre dans une maison commune est beau, parce que la vie des générations futures peut, doit être belle.

La louange pour remplir les églises?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mars 2020

Texte par Gauthier Tschopp | Photo: Yves Crettaz

Cela fait plus d’une année que le concept des soirées de louange contheysannes est en marche et cela n’est pas près de s’arrêter. Samedi 8 février dernier, c’était la huitième soirée #EgliseContheyCentre où plus de six cents personnes étaient réunies pour louer Dieu aux sons et aux sourires des différents groupes invités.Le principe, tiré de l’Eglise Lyon Centre, est de proposer une soirée chaque deux mois à travers laquelle on peut vivre une belle célébration, des temps conviviaux, un concert de pop-louange et une adoration animée. L’objectif des organisateurs est de remettre au centre le caractère humain de l’église car « l’église, avant d’être un bâtiment, est un réseau de personnes partageant une foi et une amitié profonde avec Dieu ». L’abbé Pierre-Yves Pralong qui organise ces soirées avec plusieurs jeunes, n’a pas oublié de le rappeler durant son homélie.

Pour ce faire, les jeunes ont mis la main à la pâte, avec un chaleureux accueil des paroissiens à l’entrée de la soirée, la pose d’un grand écran pour suivre les chants de la soirée ou encore l’espace apéro à la sortie de la célébration.

Pour cette huitième du nom, les organisateurs ont invité trois groupes pour l’animation de cette soirée. Le chœur Oundikwé pour la messe, le groupe Adoray Brig pour l’adoration ainsi que le groupe français de pop louange Antydot. Ce dernier est un groupe professionnel qui se produit régulièrement dans des paroisses pour annoncer la Bonne Nouvelle sous une autre forme : la musique jeune.

« Le plus beau dans ces soirées est de voir danser une personne âgée avec un jeune sur ces morceaux de Antydot » relève un jeune organisateur. Il a raison : tous ces sourires à la sortie de la soirée furent merveilleux. 

Au-delà des spots, écrans ou groupes musicaux, une telle soirée permet de valoriser les talents de chacun tout en laissant agir l’Esprit Saint. C’est ça l’Eglise de demain : chacun y trouve sa place !

#EgliseContheyCentre, ça te branche ? Rendez-vous le 18 avril prochain pour une nouvelle soirée !

Les interdits alimentaires

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Sacré-Cœur, Ouchy-Lausanne (VD), mars 2020

Par Alice Jossi-Zamora | Photo: DR

Selon le judaïsme, les lois de cacherout ou prescriptions alimentaires, furent dictées par Dieu à Moïse lors de l’Exode. Comprises dans la Torah (Lévitique 11 et Deutéronome 14), ou dans la tradition (Torah orale), leur rédaction ne s’est faite que vers le VIe siècle av. J.-C., à un moment particulier de l’histoire juive : l’exil à Babylone. Ce contexte explique, peut-être, leur diversité.

Ces lois peuvent avoir différentes interprétations :

Premièrement, par nécessité sanitaire : interdiction de manger de la viande de porc ou d’un animal prédateur pouvant transmettre des maladies ; abattage après contrôle de l’état de l’animal ; examen minutieux des végétaux afin qu’ils ne contiennent aucun insecte, ni parasite ; lavage des mains.

Deuxièmement, par nécessité sociale : que ce soit lors de l’arrivée au pays de Canaan, à la fin de l’Exode, ou pendant la période de l’exil à Babylone, les Juifs étant peu nombreux par rapport aux peuples les côtoyant, pour maintenir leur cohésion et empêcher leur dissolution, les Juifs observants ne devaient pas manger avec les Gentils ou les païens. 

Et finalement par spiritualité : on doit rendre louange à Dieu par l’étude de la Torah, par la prière et par l’observation de ses commandements à travers tous les actes de la vie. Dieu en ayant dicté les règles, les repas doivent permettre la sanctification intérieure et être action de grâce pour les biens reçus.

Evidemment, ces règles contraignantes entraînaient l’exclusion de l’état de pureté d’une partie des Juifs eux-mêmes, trop pauvres pour pouvoir les respecter. En effet, comment appliquer le commandement de séparation entre mets carnés et mets lactés lorsqu’on ne possède pas assez d’ustensiles de cuisine ? Comment cachériser une casserole en la trempant dans l’eau bouillante alors que les combustibles coûtent cher ? Toutes ces règles divisaient la société entre observants et ceux qui ne le pouvaient pas, entre purs et impurs, entre Juifs et Gentils. 

C’est tout cela que Jésus a voulu changer n’hésitant pas à partager la table des impurs. A sa suite, ses disciples mangeaient avec des non-juifs ou ne se lavaient pas toujours les mains. Aux pharisiens choqués, Jésus a magistralement répondu :  

« Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de sa bouche, voilà ce qui souille l’homme. » (Mat 15, 11)

Pour le monde juif, l’enseignement de Jésus est révolutionnaire car il vise l’universalité et il accueille inconditionnellement tout le monde.

La faim justifie les moyens

Les régimes «sans» ont la cote, mais que l’on veuille éliminer le gluten, les produits laitiers, la viande n’est pas uniquement un effet de mode. Au-delà de la simple restriction alimentaire, ces interdits peuvent aussi résulter d’une réelle nécessité ou de convictions profondes. Analyse de notre assiette.

Par Myriam Bettens
Photos: DRImaginez la Cène, Jésus convie tous ses disciples à un repas qu’il sait être le dernier. La table est dressée, le vin tiré et les mets proposés viennent déjà titiller les papilles des convives. Brusquement, Jean se penche vers le Christ : « En fait, je ne mange pas de viande. » A la suite du « disciple bien-aimé », les autres s’enhardissent et exposent leurs doléances alimentaires. La représentation dépeinte peut prêter à sourire. Pourtant, si Jésus vivait aujourd’hui, elle serait certainement courante. Le renoncement à un aliment, bien connu des fidèles catholiques durant la période précédant Pâques, n’est plus l’apanage du catholicisme. La société séculière a vu émerger nombre de petits carêmes laïques, tels que le Dry January (janvier sans alcool) ou encore le Vegan Month (mois végane en novembre). De fait, que les motivations soient sanitaires, éthiques, environnementales ou même économiques, les régimes alimentaires spécifiques ont grandement gagné en popularité au cours des dernières années.

Séparer le bon grain de l’ivraie

Zoé et sa maman ont dû adapter leurs recettes de cuisine.

« C’était le 17 mai 2017. Un mercredi, je crois », lance Zoé. Alors âgée de 11 ans, le diagnostic tombe, elle est cœliaque. Les maux d’estomac et les ennuis gastriques récurrents de l’adolescente alertent sa maman, Laurence, sur une possible intolérance au gluten. Un test en pharmacie, puis un examen sanguin en cabinet confirment ses soupçons et l’intolérance dont souffre Zoé est sévère. Un véritable tsunami pour sa maman. « C’est une maladie auto-immune avec un impact important au niveau social. On se demandait toujours si on pouvait aller manger dehors ou accepter une invitation », expose-t-elle. La famille a dû aménager petit à petit son quotidien en adaptant les recettes de cuisine ou en s’approvisionnant en desserts sans gluten. « Nous avons trouvé des solutions à tout. Mon plus grand truc c’était les caracs, et maintenant une boulangerie en produit aussi sans gluten », précise Zoé.

Pour une bouchée de pain

Marguerite s’est armée de volonté et de discipline.

Pour Marguerite, ce n’est pas uniquement le gluten qu’il fallait bannir, mais aussi la caséine (protéine de tous les produits laitiers, ndlr). Cette octogénaire souffre depuis quarante ans de polyarthrite rhumatoïde, ce qui la handicape dans certaines de ses tâches quotidiennes, mais « la maladie est sous contrôle depuis deux ans et sans devoir prendre de médicaments », expose-t-elle avec un sourire. Pour arriver à ce résultat, Marguerite a dû s’armer de volonté et de discipline. « Dans les années quatre-vingts, mon médecin m’a proposé de suivre le régime Seignalet pour améliorer les symptômes de ma polyarthrite », affirme-t-elle. Il lui faut donc abandonner la consommation du gluten et de tous les produits laitiers, supposés inflammatoires pour les articulations. Elle suit donc ce régime quelque temps et constate que ses symptômes s’améliorent. La tâche était plus compliquée que pour Zoé, car « il n’existait presque pas de produits sans gluten à l’époque, alors qu’aujourd’hui je trouve même du pain ! » s’enthousiasme l’aînée.

Ne pas manger «de la daube»

Les régimes dits « sans » ne concernent pas strictement ce qui se trouve dans notre assiette, mais peuvent aussi s’apparenter à un mode de vie. En janvier dernier, un tribunal britannique a reconnu au véganisme éthique le droit d’être protégé au même titre que toute religion. Que cela soit pour le bien-être animal ou la réduction de son empreinte carbone, les arguments en faveur d’une alimentation exclusivement végétale ne manquent pas. Dans le cas de Malena Azzam, c’est surtout le sort des animaux qui a été le déclencheur. Végétarienne depuis qu’elle est petite, puis végétalienne pour des raisons de santé, elle a supprimé petit à petit tous les produits d’origine animale, autant dans son alimentation que dans le choix de ses vêtements et de ses cosmétiques. « Je suis tombée sur une vidéo montrant la manière choquante dont la laine pour les vêtements était produite, et depuis j’ai décidé d’être radicale dans mon mode de vie », déclare-t-elle. Aujourd’hui, elle a repris la direction de la crémerie végane cofondée avec son père et son compagnon à Genève. Elle note que la demande pour ce type de produits est en pleine croissance : « Si certaines personnes suivent un effet de mode, peut-être par bonne conscience, une majorité est convaincue par des arguments que nous ne pouvons plus ignorer et qui nous obligent à faire des choix responsables notamment en changeant le contenu de notre assiette. » D’autre part, elle voit aussi une nouvelle population intéressée par l’alimentation végane : celle de parents cherchant une alternative à ce que propose l’industrie agro-alimentaire pour nourrir leurs enfants. 

Malena Azzam a repris la direction de la crémerie végane cofondée avec son père et son compagnon
à Genève.

De la viande ou de l’oseille

Le manque de ressources financières peut aussi pousser à ne plus acheter de viande. « Je ne cuisinais que très peu de viande à mes enfants. Les produits carnés étaient trop chers pour moi », révèle Denise *. Cette sexagénaire indique que personne dans sa famille n’était végétarien à proprement parler, mais que la viande était souvent remplacée par des légumineuses ou d’autres sources de protéines moins coûteuses. Ses enfants, maintenant adultes, mangent de la viande sans pour autant en consommer à tous les repas, une question d’éducation et d’habitude selon elle. Changer d’alimentation et donc de mode de vie n’est pas anodin et entraîne un certain nombre de sacrifices. Heureusement, il existe en Suisse un plat qui met tous les régimes alimentaires au diapason. Qu’elle soit sans pain ou même sans fromage, maintenant qu’elle est aussi produite à base de noix de cajou, la fondue a plus d’un tour dans son caquelon !

* Nom d’emprunt

Un sain(t) rapport à la nourriture

Alessandra Roversi, collaboratrice de Biovision, une fondation en lien avec le développement écologique en Afrique, en Suisse et au niveau global, s’occupe du secteur de la consommation durable. Elle porte un regard perspicace sur notre rapport à la nourriture : « Si l’on prend l’étymologie de religion, religio, « lien moral, inquiétude de conscience », nous devons certainement être plus conscients des impacts de nos choix alimentaires sur nos corps et sur notre environnement et transformer un peu notre approche individuelle et collective. » Elle poursuit : « La nourriture est un champ d’action important dans un monde où on sent que l’on a de moins en moins de prises sur la réalité et sur nos choix. Cela reste un domaine où l’on peut choisir, personnaliser. » Selon ses dires, il nous faut « réapprendre une certaine frugalité et une certaine simplicité dans notre approche de ce que l’on mange, dans le respect de celles et ceux qui produisent, de la terre et voir tout cela de façon plus holistique. »

Un forum réussi

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photo: Jean-Claude Gadmer

Camion-citerne ou dé à coudre ? Peu importe, car Dieu regarde le cœur, le désir de bien faire, la bonne volonté et non la performance. L’image est parlante : elle a été donnée par l’abbé Joël Pralong, supérieur du séminaire de Sion à Givisiez (FR), lors du forum sur le bénévolat, qui a rassemblé à la Colombière samedi 1er février une centaine de bénévoles engagés sur notre unité pastorale (voir pages 4-7). Le succès était au rendez-vous : des visages joyeux et des cœurs contents, une ambiance de fête et l’envie de recommencer. Bravo et merci à l’Equipe pastorale et à Fabiola Vollenweider Gavillet, qui ont porté ce projet avec persévérance et donné de leur temps dans la joie et l’enthousiasme.

Ainsi, sur les 400 bénévoles que compte notre unité pastorale, une centaine avait répondu à l’invitation. Et ils ont vécu un temps fort qui restera gravé dans leur mémoire. Ils ont partagé des moments de convivialité, de réflexion, de partage et de célébration dans une ambiance festive. Qu’il est bon parfois de se retrouver ainsi pour constater que l’on n’est pas seul, que beaucoup donnent de leur temps et de leurs compétences pour faire vivre l’Eglise à Nyon et Founex ! Pour se dire qu’être bénévole est un enrichissement humain et spirituel, un don de soi qui apporte beaucoup, un engagement qui crée un réseau de solidarité. Car c’est cela aussi, l’Eglise : un grand nombre de bonnes volontés qui se rejoignent et se complètent pour former un tissu aussi coloré qu’utile.

Chacun a ses compétences à apporter pour le bien de la communauté. Il importe de discerner et de ne pas vouloir tout faire : tous n’ont pas tous les talents – les « bénévoles bouche-trous » s’épuisent vite. Et n’oublions pas de temps en temps, comme en ce 1er février, de reconnaître le travail accompli et de remercier, car la gratitude est le carburant du bénévolat.

C’est au nom de leur baptême que les bénévoles s’engagent : leurs multiples activités mettent en valeur le sacerdoce baptismal et lui donnent tout son sens. En un temps de crise pour l’Eglise, il est heureux que les baptisés aient toujours plus conscience de leur vocation au service de la communauté et prennent la place qui leur revient. Car avant d’être laïcs, religieux, religieuses ou prêtres, nous sommes tous baptisés : le sacerdoce baptismal est la vocation première de tout chrétien, le terreau de tous ses engagements.

Nous sommes tous égaux dans l’Eglise. Engageons-nous, forts de cette conviction, pour bâtir des communautés vivantes et ouvertes.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp