Des «pierres» vivantes

Depuis plus d’un siècle, les communautés chrétiennes du Moyen-Orient sont confrontées à de nombreux défis. A l’occasion d’une conférence, au printemps dernier, la paroisse du Christ-Roi de Lancy a vécu un voyage exploratoire dans le berceau géographique de la chrétienté. Interview de l’orateur de la soirée, Pascal Maguesyan.

Par Myriam Bettens 
Photos : Pascal Maguesyan

L’Association Chemin de solidarité avec les chrétiens d’Orient et les populations victimes des violences au Moyen-Orient (CSCO) a invité Pascal Maguesyan à venir s’exprimer sur la situation des chrétiens d’Orient et ce qu’il restait encore de leur patrimoine, dans une région où ils sont confrontés au défi de leur propre survivance. Le chargé de mission pour l’association Mesopotamia connaît sa partition, mais nous l’interpellons tout de même pour répondre à quelques questions en marge de son intervention.

Les attentats du Bataclan ont plus marqué les esprits que les perpétuels massacres des chrétiens d’Orient, pourquoi ?
Cela fait bien longtemps que les chrétiens d’Orient disent que l’islamisme progresse, aussi en Europe. Suite à l’attentat de la Cathédrale Sayidat al-Najat, en 2010, à Bagdad [préfigurant, par la violence et la méthode employées, l’attaque du Bataclan en 2015, ndlr.] il y a eu une vraie prise de conscience du drame que vivaient les chrétiens d’Orient. Mais nous étions encore loin d’imaginer que les actions criminelles de Daesh pourraient se porter également sur notre sol et de cette manière-là.

De quelle manière se positionner entre un angélisme qui prévaut parfois dans les relations avec le monde musulman et une méfiance tous azimuts ?
Le dialogue est un processus très exigeant. Il existe, à mon sens, une troisième voie. Celle-ci repose sur l’intelligence collective dont la société est capable pour dépasser les clichés. Cette capacité est nourrie par un grand nombre de représentants de l’islam appelant à la modération tout en dissociant l’Islam de ceux qui l’instrumentalisent à des fins criminelles.

Quelle est aujourd’hui la situation des chrétiens d’Orient et leurs perspectives ?
Par chrétiens d’Orient, je pense aux communautés natives dans ce territoire « source » de l’Alliance, qui va du Nil au Tigre. Les chrétiens qui y vivent sont pour l’essentiel des populations autochtones de traditions et de langues copte, guèze, syriaque, grecque, hébraïque, arménienne, turque, perse et arabe. Leurs espaces territoriaux s’y réduisent drastiquement et le 20e siècle a précipité ce mouvement : destruction des communautés arméniennes, assyro-chaldéennes et syriaques de l’Empire ottoman (1915-1918), cession par la France de la Cilicie (1921) et du Golfe d’Alexandrette (1939) à la Turquie, guerre civile (1975) et exil incessant des chrétiens libanais. Le 21e siècle prolonge cette tendance avec une pression fondamentaliste-islamiste croissante, comme en Syrie (depuis 2011) et en Irak (2003-2017). A cela s’ajoute la politique de l’Azerbaïdjan, qui vise l’éradication de l’identité arménienne par le blocus et l’asphyxie des 120’000 habitants de l’Artsakh. En définitive, les chrétiens d’Orient sont des résistants. Ils luttent pour se maintenir sur leurs terres. Cependant, comme en Irak depuis 2017, un nouvel horizon d’espérance s’est ouvert, là où les chrétiens ont pu reprendre racine. C’est le cas dans la plaine de Ninive et dans le Kurdistan d’Irak.

Un héritage immémoriel

L’association Mesopotamia réalise des missions culturelles et patrimoniales au cœur de la Mésopotamie, notamment en Irak, où le patrimoine a subi des outrages révoltants. 

Mesopotamia a notamment réalisé un inventaire du patrimoine des communautés fragilisées à l’extrême (chrétiennes et yézidies) au travers d’un site web qui recense aujourd’hui plus d’une centaine d’édifices emblématiques irakiens. Mesopotamia organise également des expositions et des conférences. L’association mène également des programmes de restauration. Elle met en place enfin un ambitieux programme de camion du patrimoine en Irak. 

Ces initiatives contribuent à la revitalisation de ces communautés autochtones confrontées à des destructions massives, parfois irréversibles. 

A consulter sur mesopotamiaheritage.org

Monastère syriaque de Mar Moussa. 2010. Syrie.

Les questions de Gabriel Le Bras

Gabriel Le Bras (1891-1970).

Par Pierre Guillemin
Photo : DR

Gabriel Le Bras (1891-1970) est un universitaire, juriste, sociologue des religions et en particulier sociologue de la religion catholique.

La sociologie catholique étudie la place du catholicisme dans les sociétés avec des méthodes scientifiques en y associant un objectif partiellement spirituel ou pastoral.

Gabriel Le Bras publie ses objectifs et ses interrogations autour de la question de la pratique de la religion catholique au début des années 1930. Mais la sociologie catholique ne prend son essor qu’après 1945, avec le concours d’hommes d’Eglise, au premier rang desquels figure Fernand Boulard. 

Outils modernes

La sociologie catholique peut se caractériser par une démarche et la production de connaissances à partir de l’enquête de terrain et non par simple spéculation. Elle utilise des outils modernes d’investigation comme les sondages, le recours aux statistiques en cherchant à donner une vision la plus objective possible aux travaux menés. Mais c’est aussi une intention, car elle souhaite fournir les éléments scientifiques permettant d’infuser les principes du catholicisme dans l’espace social.

Dans son article fondateur de 1931, Gabriel Le Bras nous donne le fil directeur de sa pensée au travers des questions suivantes :

1) Qui (où, combien) sont les conformistes saisonniers qui viennent à l’église pour les grandes étapes de la vie ?

2) Qui (où, combien) sont les pratiquants qui assistent à la vie religieuse ?

3) Qui (où, combien) sont les personnes engagées dans des associations confessionnelles ?

4) Qui (où, combien) sont les personnes étrangères à la vie religieuse catholique ?

De nos jours, la sociologie catholique telle que pratiquée précédemment n’est plus en vogue. Si elle décrit les phénomènes, elle est incapable par ses méthodes d’expliquer ces mêmes phénomènes. Le sujet de la déchristianisation des sociétés occidentales en est un parfait exemple. 

Mais les questions demeurent

En particulier, il sera intéressant de voir si l’évolution actuelle d’une partie de l’Eglise catholique, privilégiant, dans le sillage du pape François, une approche plus inductive sera à même de fournir les réponses qui nous manquent aux questions soulevées par la sociologie catholique. 

Rappelons-le, la méthode inductive est une méthode de travail scientifique qui part d’un fait avec des données brutes, réelles et observables pour expliquer un phénomène. 

L’intérêt de cette méthode est de trouver des explications grâce à des observations plus concrètes et moins théoriques des sociétés.

Un nouveau convoi!

Par Thierry Schelling
Photos : Sviatoslav Horetskyi

Quelle ténacité, quelle dévotion, quel enthousiasme même, malgré l’intolérable enlisement de cette guerre qui n’en finit pas – mais c’est malheureusement le propre d’une guerre, non ? Pas juste sa « perdurance » dans le temps, mais aussi parce qu’elle génère des solidarités, meut des personnes, agite des cœurs, réveille des générosités qui dormaient… Oui, au fond de l’humain se love un trésor de bonté. Et même le pire ne peut rien contre cette pugnace envie d’aider, d’aimer…

Le pèlerinage de Sviatoslav à Lourdes pour y rejoindre ses confrères des éparchies d’Allemagne et de France & Benelux a été l’occasion de déposer les fatigues au pied de Marie et de recevoir du Fils bien-aimé le sourire du devoir accompli. Dans l’humilité de nos faibles moyens. Mais avec l’arme de la foi…

La première des confessions pour les enfants de la communauté de Lausanne a été une autre façon de célébrer la vie… Sviatoslav est porteur de Celui qui est la Vie ! Merci à sa famille et aux paroissien.ne.s qui le soutiennent !

Un monument et un nom

Considérée comme sainte par beaucoup, Eva Calay ne sera probablement jamais officiellement canonisée. La religieuse belge a néanmoins reçu post mortem la plus haute distinction honorifique attribuée par l’Etat d’Israël et son nom est gravé sur le « Mur d’Honneur » dans le « Jardin des Justes » au mémorial de Yad Vashem de Jérusalem.

Eva Calay en 1931, à son entrée dans la congrégation.

Par Myriam Bettens | Photos : DR

Eva Calay s’oriente très tôt vers la vie religieuse et entre, en 1931, chez les Filles de la Croix, à l’âge de 23 ans. Son papa a néanmoins tenu à ce qu’elle achève des études avant son engagement dans la vie religieuse. Diplômée en littérature et en sténographie, elle est envoyée à Bèfve, dans la province de Liège, pour enseigner. La congrégation y dirige une école de filles avec pensionnat et une maison de repos pour personnes âgées. Durant la guerre, Eva et une de ses consœurs cachent des enfants juifs en les intégrant sous de faux noms au pensionnat. Elle restera à Bèfve jusqu’en 1955, date à laquelle elle retourne à Liège pour y prendre les fonctions d’économe, à la maison mère. 

En tant qu’économe générale, Eva a beaucoup de relations et se sent à l’aise partout. En 1965, la communauté la charge donc de mener à bien les travaux de construction et d’aménagement d’une nouvelle clinique gérée par les sœurs. Celle-ci sera ouverte en 1971. Or les médecins décident de la boycotter, car Eva s’attaque de front à leurs privilèges. Elle ne négocie pas, cette clinique destinée à soigner les gens dans le besoin n’est pas là pour enrichir les médecins. La faculté de médecine de Liège, désireuse de former ses stagiaires dans cette clinique d’avant-garde finit par accepter toutes les conditions d’Eva. La religieuse aura la gestion de cet hôpital pratiquement jusqu’à la fin de sa vie. Décédée en 1992 d’un infarctus, elle repose dans le caveau de la congrégation sous une dalle sans nom. En 2010, Eva est honorée du titre de « Juste parmi les Nations » pour avoir protégé et caché des enfants juifs dans le pensionnat de Bèfve, durant la guerre.

Foi et éthique médicale

De saints médecins.

Par David Roduit
Photo: éd. Téqui

Comme tout chrétien (et peut-être plus qu’un autre), le médecin se trouve confronté à des questions difficiles d’éthique. Comment sa foi chrétienne l’aide-t-elle dans son combat pour la vie ?

Ce sont les questions proposées par la rédaction de L’Essentiel pour la préparation de ce présent numéro. Avec le groupe local du décanat de Sion, nous avons tenté d’approcher des chrétiens issus du milieu de la santé.

Avec l’aide du mouvement des Focolari, nous avons pu recueillir quelques échos d’un sujet pour lequel, après enquête, il ne semble pas si évident de parler.

Une médecin de famille avouait se sentir mal à l’aise avec ce sujet, ne se sentant pas légitimée à imposer sa propre éthique à ses patients.

Un ancien responsable d’EMS, maintenant retraité, ne pensait pas maîtriser ce sujet, mais cependant connaissait un prêtre vers qui se tourner pour obtenir un éclairage plus autorisé.

Voici comment de son côté s’exprimait une infirmière : « Personnellement, pour moi être un thérapeute chrétien, c’est plus par la vie que par la parole si on peut dire. C’est rare les personnes avec qui je parle de religion, mais je cherche plutôt à découvrir quelles sont leurs valeurs profondes, ce qui fait sens pour eux ou leur transcendance, leur ressource intérieure pour surmonter une épreuve. Nous avons aussi un service d’aumônerie avec des personnes laïques qui offrent un espace d’écoute ou de partage aux personnes qui le désirent. Pour moi l’accompagnement spirituel aujourd’hui est plus vaste que seulement chrétien. C’est l’ouverture comme on le vit dans le mouvement : « se faire un avec l’autre ». »

Dans un monde marqué par le pluralisme des convictions comme nous le dévoile ces quelques propos, quel défi exigeant pour un médecin de concilier professionnalisme, fraternité universelle et fidélité à l’Evangile de la vie !

En librairie – septembre 2023

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Nous veillerons sur votre dignité
Elisabeth de Courrèges

A travers son métier d’ergothérapeute auprès de personnes âgées et malades, Elisabeth de Courrèges s’engage au quotidien auprès de patients en fin de vie. Elle est le témoin de ces derniers instants qui changent les cœurs et les ouvrent à la Lumière. Et elle se bat sans relâche pour qu’ils se déroulent dans la paix et la dignité. « J’espère qu’un jour, nous n’entendrons plus parler d’euthanasie. Pas seulement parce que cela me semble indigne de l’être humain, mais aussi parce que nous n’en aurons plus besoin. Parce qu’il y aura suffisamment de moyens, financiers et humains, pour veiller et prendre soin de toute vie qui, naturellement, s’éteint. »

Editions Mame

Acheter pour 14.70 CHF

Un art de vivre et d’aimer par temps de catastrophe
Jean-Yves Leloup

Dans un monde où l’activité humaine maltraite l’environnement et malmène l’individu, où les crises économiques et sociales se succèdent, comment rester lucide sans être désespéré ? Inspiré par les grands penseurs de l’Antiquité (Epicure, Aristote, Socrate, Epictète, Philon d’Alexandrie ou le Bouddha), Jean-Yves Leloup propose un ensemble de conseils accessibles à tous pour construire une vie libérée de l’inquiétude. Son enseignement, soutenu par une quinzaine de méditations concrètes, nous appelle à surmonter les obstacles, vivre avec nos maux, écouter notre corps, respecter nos émotions et nos désirs.

Editions Points

Acheter pour 11.10 CHF

Les médecines alternatives.
Des clés pour discerner

Pascal Ide

Comment choisir une thérapie ? L’interrogation face aux médecines dites alternatives et complémentaires, douces ou traditionnelles est complexe tant il est difficile de s’y retrouver entre les avis tranchés qui émanent du corps médical, la prudence légitime des autorités religieuses et l’enthousiasme des heureux bénéficiaires, sans compter les informations glanées sur internet… Plutôt que de dresser une liste des bonnes et mauvaises thérapies, le père Pascal Ide offre des critères de discernement en se demandant : ces médecines sont-elles compatibles avec la méthode scientifique ? Avec la foi ? Avec l’enseignement du Magistère ? Favorisent-elles une influence démoniaque ?

Editions Artège

Acheter pour 21.70 CHF

Les soignants en BD
Les chercheurs de Dieu en BD

Un nouvelle BD autour de médecins engagés au service des personnes fragilisées par la maladie. Albert Schweitzer, Françoise Dolto et Frère Luc de Tibhirine : trois figures de soignants, trois bons samaritains qui ont marqué leurs contemporains au XXe siècle et peuvent nous inspirer dans le soin à apporter à son prochain. Chacune de ces trois figures incarne à sa manière l’engagement du médecin au XXe siècle : au Gabon, auprès des enfants et en Algérie (enfants à partir de 7 ans).

Editions Bayard Jeunesse

Acheter pour 17.80 CHF

Pour commander

Médecin et chrétien

Par Leonidas
Photo : Marie-Paule Dénéréaz

Ensemble, soigner les cœurs. « Mon Fils, mets en Dieu ta confiance, et il te viendra en aide. Suis droit ton chemin et espère en lui. » (Si 2, 6) Les enfants et les jeunes viennent de reprendre le chemin de l’école. Ils ont eu la joie de passer des vacances ou des pèlerinages en différents lieux. Les parents et leurs enfants ont certainement eu l’occasion de visiter des musées, des paysages romantiques ou de belles églises où tant d’artistes ont manifesté leur piété religieuse. 

Nous sommes reconnaissants du rôle prépondérant que les parents ont continué à manifester vis-à-vis de leurs enfants, en matière religieuse. Ce rôle des parents ou membres familiaux est à revaloriser au-dedans et au-dehors. Un proverbe africain dit : 

« Il faut tout un village pour éduquer un enfant. »

En effet, plusieurs acteurs et institutions interviennent pour l’éducation d’un enfant. Nelson Mandela disait : « L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde. » Si la communauté entière s’implique pour élever un enfant, les parents sont moins isolés, moins stressés et ainsi plus disponibles pour cheminer avec leur enfant. 

Au cours de notre pastorale : prêtres, parents, agents pastoraux, professeurs, nous sommes interpellés pour avancer ensemble en cette noble mission éducative, intellectuelle et surtout religieuse. Pensons aussi à l’adage : une âme saine dans un corps sain. 

Puisse le Seigneur nous donner les grâces nécessaires d’avancer ensemble en prenant soin des jeunes que le Seigneur nous confie en cette année 2023-2024. 

L’Eglise, c’est toi, c’est moi…

En pleine pandémie, le 22 novembre 2020, le pape François invitait les jeunes du monde entier à « ne pas renoncer aux grands rêves » que le Seigneur veut pour nous. Comme jeune curé de Martigny permettez-moi de vous partager deux grands rêves que je porte pour notre belle communauté chrétienne de Martigny, à partir des paroles du pape François aux JMJ de Lisbonne.

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Troisième visite pastorale de notre évêque dans le secteur de Monthey du 30 septembre au 6 octobre

Mgr Jean-Marie Lovey et son Vicaire général, Pierre-Yves Maillard, seront en visite pastorale chez nous la première semaine d’octobre, pour la troisième (et dernière fois). La semaine débute avec les messes de confirmation. Mais qu’est-ce que la visite pastorale ?

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La foi et les soins infirmiers

« Prendre soin des autres… deux jeunes blouses racontent »

Depuis trois ans, Mélanie Rais de Chamoson, et Sébastien Gauye de Sion, étudient les soins infirmiers à la HES-SO. Ils témoignent aujourd’hui pour nous. 

Texte et photo par Mélanie Rais et Sébastien Gauye

De nature dynamique et joviale, Mélanie Rais, 22 ans, est engagée dans de nombreux milieux qu’ils soient sportifs, villageois, associatifs, etc. Passionnée par l’humain elle explique : « J’ai choisi les soins car pour moi, il est important que l’on puisse prendre soins les uns des autres. Parfois, lorsque je vais travailler, je me demande qui soigne qui. » Sébastien Gauye, 23 ans, est un jeune chrétien engagé au service des plus fragilisés de notre société. Naturellement empathique et passionné de l’humain, il aime s’occuper des autres et prendre soin d’eux. 

Pour apprendre le métier d’infirmier, Mélanie et Sébastien ont opté pour le modèle de la Nursing Team Academy. Cette approche pédagogique innovante propose une nouvelle manière d’apprendre et d’acquérir les compétences nécessaires pour devenir un-e professionnel-le de la santé. Ce mode d’apprentissage valorise et construit toute la capacité d’autonomie et de responsabilité de l’apprenant-e à pouvoir assumer pleinement son processus d’apprentissage. Le corps enseignant s’y inscrit comme ressource à part entière. Les étudiant-es y évoluent majoritairement en groupe, à l’image d’une équipe de soin. Au sortir de cette formation, Sébastien et Mélanie sont plutôt ravis de leur expérience : « Cette voie de formation nous a fait grandir, nous a comblés au-delà de nos aspirations. Elle est devenue une véritable école de vie pour nous .»

La foi et les soins infirmiers ? Nombre de personnes recherchent dans leur processus de guérison un sens à leur maladie. Il n’est pas toujours simple pour elles de le faire… D’autant plus que la question du sens reste personnelle et sacrée à chacun. La question du sens est multiple. En tant qu’infirmier-ère, nous pouvons essayer d’accompagner au mieux ce vécu bouleversé ou fragilisé. C’est ici que le prendre soin s’inscrit : il exprime autant une façon de faire que d’être avec la personne soignée. Pour atteindre pleinement autrui, il est essentiel de le reconnaître et de l’accueillir dans toutes ses dimensions. Prendre soin c’est donc accueillir, aimer, rejoindre, soigner l’autre tel qu’il-elle est… dans ses questionnements, ses doutes, ses douleurs, ses affinités, ses choix, ses joies, ses peines, sa manière d’être et de faire aussi. C’est une rencontre entre deux humanités. Pour y parvenir, il y a cette part de confiance envers autrui qui est nécessaire, ce qui n’est pas sans rappeler la démarche de la foi qui développe ce même esprit d’engagement et de confiance mutuelle. Dans le soin, la foi c’est cette petite flamme qui est en chacun de nous pour transcender nos infirmités et nous aider ainsi à accomplir pleinement nos humanités respectives.

« Au cœur de l’Église, je serai l’Amour », disait sainte Thérèse de Lisieux. Et si nous pouvions transposer ce même appel au domaine des soins ? 

Prenez soin de vous…

Je m’en vais comme un pauvre très riche!

Une valise n’est pas un « outil de départ » mais de déménagement. Elle prend les valeurs les plus importantes pour les utiliser dans un autre endroit. Après 48 ans de service sacerdotal, je dois refaire ma valise. Je me rends compte que je suis un homme très riche. Non de mérites accumulés, mais de cadeaux et d’expériences accueillis.

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Sacrements de guérison

Texte et photo par Marius Stulz

Croix ancienne de l’église d’Aumont-Aubrac (GR65).

Le thème du journal de ce mois portera sur la trame « médecin et chrétien ».

Il est très étonnant de voir combien les grandes figures du christianisme : la petite Thérèse, Bernadette Soubirous, Bienheureux Frédéric Ozanam, Marthe Robin, saint Damien, saint François d’Assise et même notre sainte Glânoise, Marguerite Bays, ont souvent dû lutter contre des maladies de toutes sortes et ceci malgré leur proximité avérée et leurs liens très étroits avec le Seigneur. Sainte Bernadette de Lourdes a même reçu un message étonnant de Marie : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre. » Maladies, handicaps et souffrances ne sont pas absents de la vie chrétienne.

Et pourtant nous avons reçu deux magnifiques sacrements de guérison : le sacrement de la réconciliation et le sacrement des malades.
A travers eux et par d’autres manières encore, Jésus nous soigne et nous guérit même parfois. Certes, Jésus est notre médecin, il a guéri de nombreux malades, nous pouvons lire de nombreux témoignages dans les Evangiles et il guérit encore aujourd’hui pour le bien de l’Annonce de sa Bonne Nouvelle ; mais surtout, il guérit notre être profond, notre âme ; il guérit notre force intérieure de vie persécutée par le mal auquel nous avons succombé ou que nous subissons. Par le pardon il nous libère des conséquences désastreuses du mal dans nos vies et par le sacrement des malades il nous offre sa force, son Esprit d’Amour qui nous permettra d’affronter toutes les épreuves auxquelles nous sommes appelés à faire face dans nos vies. Grâce à lui et avec lui, nous savons que dans n’importe quelles situations de souffrance, comme pour lui sur la croix, il nous donne son Esprit d’Amour qui nous permettra de transcender la souffrance, de passer au-delà de nos blessures, pour laisser à ce qui est vie en nous prendre la première place, pour mettre au centre la force d’Amour qui nous permettra de tenir debout malgré nos paralysies, nos béquilles, nos tumeurs et nos désespoirs.

L’espérance revivifiée qui n’est autre que le renouvellement de la confiance au Christ, reste le chemin de guérison le plus accessible et le plus efficace pour tous. Il nous guérit intérieurement, nous ouvre aux autres et nous permet d’accueillir l’aide de nos frères dont nous avons besoin, quels que soient leurs charismes et leur spécialisations médicales ou autres.

Bon chemin de guérison à tous, bonne route avec le Christ.

La première place pour Marguerite

Par Françoise Besson | Photo : pexels

« Chez nous, il n’y en avait que pour mon frère ! » J’avais fini par bien la connaître cette phrase qui revenait souvent quand nous abordions le thème des souvenirs d’enfance. « Chez nous, il n’y en avait que pour mon frère ! » Il y avait dans cette phrase une forme d’âcreté bien particulière, une âcreté de pamplemousse, presque désagréable, mais fraîche et qui faisait plisser les yeux de Marguerite quand elle la disait, comme lorsqu’on mord un fruit trop acide. 

Cette phrase lui donnait un véritable « coup de jeunesse » en lui faisant remonter au visage une maussaderie d’adolescente. Les mois ont passé, les années peut-être, et Marguerite a de moins en moins fréquenté les discussions de groupe… 

Un jour, dans l’intimité de sa chambre, la jeunesse revient au centre de la discussion. Marguerite se souvient du souhait de ses parents qu’elle aille en Suisse alémanique pour apprendre la langue. Elle raconte le départ de Lancy, l’arrivée à Bâle, la grande maison des hôtes, leur pingrerie, leur froideur hautaine, la dignité blessée de cette toute jeune fille, et l’ennui… l’ennui qui s’installe, qui serre la gorge, coupe l’appétit et empêche de dormir. 

En rentrant du cours d’allemand, un jour, Marguerite n’y tient plus… elle se rend chez la logeuse d’une camarade genevoise plus chanceuse qu’elle et téléphone au bureau de l’entreprise paternelle. La commission sera faite au patron quand il reviendra de livraison. Voilà, c’est dit… Je suis tellement malheureuse ici ! 

Au matin du jour suivant, Marguerite est réveillée par un drôle de bruit, des cailloux, des petits cailloux qui résonnent aux volets de bois… Elle ouvre la fenêtre et voit son père, là dans la cour, souriant et fatigué… Il s’est mis en route dès qu’il a appris les nouvelles de sa fille… Il n’a pas fermé l’œil dans le train entre Genève et Bâle…

Le silence s’installe entre nous, plein, nostalgique et curieusement mêlé de contentement : dans le geste chevaleresque de son père brille une tendresse brute, non taillée, infiniment précieuse… Et toutes ces années plus tard, Marguerite se rend compte que ce matin-là, « il n’y en avait que pour elle… ».

Rencontre avec Romaine Pouget

Soigner, guérir et prendre soin des frères et sœurs en humanité.

Propos recueillis par Alessandra Arlettaz | Photos : Romaine Pouget

Le thème est « Médecin et Chrétien », me dit-on, en me demandant d’écrire cet article. En ce qui me concerne, ce serait plutôt « Chrétienne et Médecin », puisque c’est une chrétienne, intérieurement déjà consacrée au Seigneur, qui a débuté avec enthousiasme des études de médecine à l’âge de 19 ans. A cette période, je me savais déjà en « état de vie consacrée », bien que ne voyant pas encore sous quel type d’engagement cela allait « s’officialiser ». 

Le Seigneur ne m’a fait découvrir l’existence de l’Ordre des Vierges consacrées que 11 ans plus tard, alors que déjà médecin depuis 5 ans, il me tardait vraiment de pouvoir Lui dire « OUI » officiellement. Dans le même temps, je savais tout à fait clairement que j’étais faite pour être médecin. Je dirai donc que je suis une enfant de Dieu qu’Il a appelée à une double vocation, celle de consacrée et celle de médecin, ceci se mariant très bien à la vocation de vierge consacrée.

A partir du moment où une rencontre personnelle et profonde avec Dieu a lieu, toute la perception de la vie est fortement imprégnée de cette dimension. Les études, et l’activité professionnelle, ont un sens différent et peuvent être vécues comme une mission donnée par le Seigneur pour vivre, selon Son Cœur, notre « stage d’Amour » sur la terre. De fait, si le but perçu de la vie sur la terre est d’apprendre à aimer, notre façon de percevoir nos journées, les interactions avec nos frères et sœurs en humanité (y compris professionnelles) en a nécessairement la « couleur et l’odeur », en dépit de nos limites personnelles et des épreuves qui agitent la surface. La vie consacrée qui nous fait « élan d’amour » en réponse à un « Elan d’Amour » touche ainsi naturellement toutes les dimensions de notre vie, activité professionnelle comprise.

Soigner, guérir, quelle mission magnifique et hautement privilégiée !

Personnellement, il m’est donné d’aimer « prendre soin ». Plus j’avance, plus j’aime d’ailleurs « prendre soin » de mes frères et sœurs en humanité, plutôt que simplement « soigner ». En effet, au-delà de la passionnante dimension scientifique, il y a toujours la rencontre d’une personne tout à fait inédite dans sa dimension corporelle, psychique et spirituelle. Et je pense que le Seigneur (si on le veut bien) essaye toujours d’ouvrir notre intelligence sur chacune de ces dimensions, pour que le soulagement apporté soit le plus large possible et s’opère dans le plus grand respect possible de la personne unique et sacrée qui nous est confiée. Ainsi, quand on ne peut pas guérir, on peut toujours être un « baume sur les blessures de nos frères », une présence de Vie auprès de ceux qui sont « en fin de cette vie », …

Je conclurai par une immense action de grâce envers Celui qui nous a aimés le premier et qui nous accompagne avec tant de patience et de délicatesse dans les missions qu’Il nous a confiées pour notre plein épanouissement, pour la joie de tous et pour que notre vie soit une vivante louange à la gloire de Son Nom.

(Cf. Wikipédia et Catéchisme de l’Eglise catholique)

Dans l’Eglise catholique, une vierge consacrée est une femme qui, par amour de Dieu, s’est engagée à vivre dans le célibat et la chasteté, et a été consacrée au nom du Seigneur par l’évêque de son diocèse de domicile.

L’Ordre des Vierges consacrées remonte aux temps apostoliques. « Dès les temps apostoliques, des vierges chrétiennes, appelées par le Seigneur à s’attacher à Lui sans partage dans une plus grande liberté de cœur, de corps et d’esprit, ont pris la décision, approuvée par l’Eglise, de vivre dans l’état de la virginité «  à cause du Royaume des cieux  » » 

(Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 922)

«Sauvons des vies avec un sourire!»

Ludmila, l’enseignant Aristide et Valentine.

C’est la devise de l’association Africa Smile. De retour du Togo où elles ont travaillé comme enseignantes bénévoles, deux Octoduriennes, Ludmila Becerra et Valentine Rey, nous livrent leur témoignage.

Par Anne-Laure Martinetti | Photos : DR

Ludmila Becerra, présentez-nous Africa Smile.
LB : Fondée en 2014 à Lomé, les objectifs de l’association sont la lutte contre la pauvreté et l’aide au développement rural. Active dans l’éducation, la culture, le sport, la santé, l’environnement, elle a fusionné en 2019 avec l’Association de Volontariat International Djidudu autour du projet O-Vie (Orphelins Vie). Africa Smile apporte son soutien toutes confessions confondues. Latévi Lawson et Reine Dayalor en sont les piliers.

Vous êtes enseignante. Quelles sont les différences principales entre l’école ici et au Togo ?
LB : Nous avons travaillé avec des élèves de CE1 (7-8 ans) sur un projet d’expression et de lecture. Il y a de grandes disparités : peu de matériel, un enseignant pour 120 élèves et donc des cours uniquement en frontal. Le cours est donné puis recopié et l’oral a une moindre place.

A quoi ressemble la journée type d’une stagiaire ?
VR : L’été, l’horaire est plus léger avec des cours de 8 à 12h, mais l’école reste ouverte sauf pour deux semaines. On débute en chansons avec des enfants très motivés puis il y a une pause repas de 30 minutes durant laquelle nous leur donnons des poches d’eau. Régulièrement, le repas est payé et préparé par les stagiaires aidés de Zobré. C’est un moment festif avec du riz et des pâtes en sauces, des haricots et le traditionnel foufou. Après le repas, Aristide, notre enseignant, sort le tam-tam et place à la danse ! Le retour se fait ensuite à pied pour tous.

Quels autres projets concrets avez-vous réalisés ?
VR : Nous avions lancé une cagnotte avant le départ. Sur place, nous avons remarqué le manque d’eau : les enfants reçoivent des poches d’eau de 5 dl pour deux. A l’aide de la cagnotte d’un troisième stagiaire et la réactivation des réseaux, le total a pu financer la construction d’un forage à la petite école. C’était le besoin primaire le plus urgent. A peine la somme reçue, les ouvriers sont venus creuser un puits de 39 m. Avec le surplus, deux salles de classe supplémentaires ont pu être construites.

Quels sont vos plus beaux souvenirs ? 
LB / VR : Les danses, les chants comme « Kékéli » (trad. lumière), les sourires, les causeries avec les responsables et les stagiaires, les moments passés avec Hola, le chauffeur, à la découverte des paysages luxuriants de Kpalimé et dans la ferme de la maman de Latévi Lawson qui s’occupe de cinq orphelins, les balades au marché entourées de chèvres et de taxis-motos à la recherche de pagnes, les séances de tressage, dire « bonsoir ! » à midi, se faire souhaiter la « bonne arrivée ! », être surnommées « les tatas »… L’Afrique quoi ! Le premier jour du forage a aussi été un moment émouvant avec cette satisfaction d’apporter un bien aussi précieux que l’eau. 

Qu’est-ce qui vous a marquées dans le mode de vie au Togo ? 
LB / VR : La perception différente du temps, des déplacements, la cordialité, la cohabitation des religions (christianisme, animisme, islam) avec l’appel à la prière puis les cloches des églises, les plats traditionnels vendus dans la rue… Outre le positif, il y a malheureusement trop de déchets plastiques et des routes de sable difficilement praticables.

Que répondez-vous au reproche souvent formulé aux jeunes bénévoles occidentaux : « Il y a assez à faire ici, pourquoi aller à l’autre bout du monde ? »
LB : L’un n’empêche pas l’autre mais quand des besoins élémentaires manquent, nous réalisons notre chance et puis, la rencontre avec une autre culture est un plus. Soyons reconnaissants et, quand nous partageons, peu importe où.
VR : Le niveau de pauvreté n’est pas comparable et le filet social quasi inexistant. Il faut aussi savoir sortir de sa zone de confort pour adopter d’autres perspectives et perdre nos habitudes chronophages.

Continuez-vous à soutenir l’association ?
LB : Nous aidons à distance la petite école et l’orphelinat en proposant des idées et en trouvant un financement. Sinon, via les réseaux, on peut participer à des cagnottes, parrainer un enfant (25 € par mois pour nourrir sa famille), acheter des chouchous, des tote bags de l’association, devenir bénévoles ou stagiaires, en parler. De mon côté, par le biais de ma petite entreprise (fabrication de chouchous avec des tissus neufs et recyclés), j’aide chaque mois l’association : mes créations avec des tissus du marché de Lomé sont vendues à Fr. 4.– et j’assure le suivi aux abonnés. 

Enfin de l’eau !
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