Alexandre Frezzato: un Martignerain chez les Dominicains !

Né en 1992 d’un père d’origine italienne et d’une mère valaisanne, Alexandre Frezzato a grandi à Martigny. Il est passé par le Collège de Saint-Maurice et le Collège des Creusets à Sion. Après une année de service civil comme éducateur au Foyer Don Bosco à Sion, il commence l’Université à Fribourg en 2013 en philosophie et histoire, puis l’année suivante en philosophie et théologie, au moment où il opère «un retour à la foi». Alexandre Frezzato, frère dominicain, a prononcé ses vœux définitifs le 12 février dernier: «Un don total à Dieu pour la vie», résume-t-il… Il est aussi, depuis peu, adjoint de la représentante de l’évêque pour la région diocésaine de Fribourg francophone.

PAR GRÉGORY ROTH, CATH.CH (TEXTE ADAPTÉ) | PHOTO : CATH.CH

A la veille de prononcer vos vœux définitifs, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Je suis totalement serein. Car, dans le concret de ma vie au quotidien, je sais à quoi je m’engage. J’ai eu six ans pour vivre, expérimenter et éprouver ce qu’est une vocation dominicaine. Ce sont six ans de fiançailles, en quelque sorte. J’ai attendu que le fruit soit mûr et que je sois en eaux calmes pour prendre ma décision. La pandémie a également fait retarder le processus. En fait, la pandémie m’a permis de me poser plus sérieusement la question. Et de conclure que je ne donne pas ma vie à l’Ordre dominicain parce que ma vocation sera utile, mais plutôt, parce que c’est ce que Dieu veut pour moi.

Qu’est-ce qui vous fait tenir dans la foi, sur ce chemin de vie consacrée ?

C’est lié à mon caractère et à ma personnalité. Dans tout ce que j’ai fait, peu importe le domaine, j’ai toujours cherché une sorte d’absolu, à aller au bout des choses, sans témérité, mais de manière un peu jusqu’au-boutiste. Si Dieu est la plus grande réalité vers laquelle on peut tendre, quels moyens puis-je me donner pour être le plus disponible à son service ? Pour moi, la réponse a clairement été la vie consacrée : donner tous les aspects de mon existence pour l’amour de Dieu, au service du prochain.

Quel sens donnez-vous à votre profession solennelle : un mariage, un contrat… ?

C’est une promesse et une réponse à la promesse que Dieu fait à l’Homme. Dans toutes les pages de la Bible, Dieu promet sa fidélité à son peuple et à ceux qui Le suivent. J’essaye, à mon niveau, de répondre à cette promesse le plus fidèlement possible.

La promesse d’obéissance est primordiale dans l’Ordre dominicain…

Nous faisons les trois vœux religieux : l’obéissance, la pauvreté et la chasteté. Mais au moment de prononcer la formule de profession, on ne verbalise que celui d’obéissance. Une promesse que l’on fait à Dieu, à la Vierge et au Maître de l’Ordre, représenté par le Provincial.

Depuis quelques mois, vous devez aussi « obéissance » à Mme Céline Ruffieux, la représentante de l’évêque à Fribourg. En quoi consiste cette fonction ?

L’adjoint est là pour soutenir les actions et les décisions prises par la représentante. Comme elle n’est pas théologienne de formation, elle a souhaité pouvoir compter sur un adjoint qui possède quelques compétences dans ce domaine. C’est, à mon sens, une belle manière d’intégrer un regard théologique dans les décisions pastorales. Nous essayons de trouver la manière la plus ajustée et appropriée de répondre aux situations concrètes.

Comment cela se passe concrètement ?

Céline va sur le terrain pour rencontrer des prêtres et des équipes pastorales. Généralement, à son retour, nous en débriefons. Il s’agit ensuite de réfléchir ensemble aux différentes solutions à apporter, afin qu’elle retourne sur le terrain avec du solide. Il me semble que notre binôme fonctionne bien ainsi, toujours enrichi par cet échange. Nous essayons de trouver la manière la plus ajustée, appropriée et « catholique » si je puis dire, de répondre aux situations concrètes.

Comment conjuguez-vous la vie religieuse avec cet engagement pastoral ?

Du point de vue de la vie dominicaine, je ne suis pas prêtre. Je suis encore frère étudiant et en formation. A ce stade, on confie habituellement un apostolat pour « faire ses armes », comme donner le caté à des jeunes.

Paradoxalement, ce que je fais à la Maison diocésaine implique de sérieuses responsabilités : tout simplement car j’ai accès à de nombreuses informations, y compris des dossiers sensibles. Il y a donc de vraies attentes qui supposent une vive conscience professionnelle. En revanche, ce qui est pratique, c’est que les horaires sont réguliers, ce qui me permet de composer facilement avec la licence canonique à l’Université et les différents apostolats liés au couvent.

Vitraux du Père Kim En Joong…

… chapelle Notre-Dame-de-Compassion (Martigny)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

La chapelle de La Bâtiaz à Martigny est depuis longtemps un lieu de prière et de pèlerinage pour la région. Les nombreux exvoto datant des XVIIIe et XIXe siècles qui ornent les murs de l’édifice consacré à Notre Dame de Compassion en sont un témoignage. Lors de la restauration de 2012, Léonard Gianadda1 est sollicité. Il offre alors des vitraux du Père Kim En Joong.

Né en Corée en 1940, l’artiste est élevé dans la tradition taoïste. Il étudie les beaux-arts à Séoul et enseigne le dessin au séminaire de la ville. C’est là qu’il découvre la religion catholique, notamment grâce à ses élèves. Il est baptisé en 1967 et devient dominicain quelques années plus tard. Il est connu comme le peintre blanc de la lumière.

L’œuvre de Kim En Joong est pensée comme l’irruption de la lumière dans les ténèbres. Il affirmait ainsi dans une émission sur KTO, en mai 2016: «Mon travail est d’être chasseur de ténèbres.» L’artiste fait le choix de ne pas nécessairement donner de légende ou d’explications pour laisser chacun libre de son interprétation. Il perçoit néanmoins son œuvre comme une invitation à découvrir Dieu. Il utilise son art pour prêcher, dans la lignée de ses prédécesseurs de l’Ordre des Prêcheurs qui utilisaient leurs mots. Il fait sienne une phrase de Stendhal selon qui la beauté est comme une promesse du bonheur.

Kim En Joong explique: «Les parties blanches sont importantes dans ma peinture et elles sont un héritage de ma culture coréenne. Peut-être sont-elles l’essentiel de mes créations. Ce qui compte dans une œuvre d’art, en musique, au théâtre, en littérature ou en poésie, c’est la résonance. C’est le rôle des grandes parties blanches. Cela renvoie au mystère, à l’écho en nous. […] L’espace libre n’est pas vide, mais plénitude.»2

1 Ecouter Léonard Gianadda présenter les vitraux: www.gianadda.ch/a_decouvrir_aussi/vitraux_de_martigny/kim/

2 Les vitraux des chapelles de Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 2014, p. 63.

Vivre en vérité

POUR L’ÉQUIPE PASTORALE: SOPHIE DUVILLARD
PHOTO : PIXABAY

Il y a encore quelques semaines, alors que nous étions au plein cœur de la vague, au beau milieu d’une crise sanitaire interminable, nous nous demandions si nous allions finalement être submergés. Emportés dans un tourbillon vertigineux, nous avons dû chercher au plus profond de nous les forces pour ne pas sombrer. Cette crise a eu cela de bon qu’elle nous a obligés à nous questionner au sujet de ce qui était essentiel pour nous, à propos de nos modes de vie, de consommation, nos responsabilités dans les enjeux climatiques, la qualité de nos relations humaines, le sens de nos pratiques religieuses, nos désirs pour le monde de demain, nos rêves. Nous avons pris conscience de ce que nous voulions, et aussi et surtout, de ce que nous ne voulions plus. Tout en espérant que cette prise de conscience soit durable…

Notre Eglise aussi a été bouleversée. Alors que nous ne pouvions plus nous rassembler comme avant autour de la Parole et pour l’Eucharistie, nous avons dû inventer d’autres moyens pour nourrir notre foi. Beaucoup ont pris l’habitude des messes télévisées notamment et y ont trouvé de quoi répondre à certaines de leurs attentes. Aujourd’hui, les églises ont rouvert leurs portes.
Y trouvons-nous toujours ce dont nous avons besoin ? Alors que nous commençons à sortir la tête de l’eau, nous réalisons que nous avons soif. Soif de vérité.

Pour nous, chrétiens, notre vérité c’est celle du Christ ressuscité, Dieu devenu humain, mort sur la croix et revenu à la vie. Mais si c’est juste une croyance, alors cet événement ne sert à rien. Pour nous chrétiens, il ne suffit pas d’y croire, il s’agit d’en vivre.

Vivre en vérité, c’est penser, agir, être en conformité avec ce que l’on croit. Vivre dans la vérité de la résurrection, de ce qui fait de nous des chrétiens, c’est donc choisir la vie. Dans nos pensées et dans nos actes quotidiens, c’est s’éloigner du mensonge et de l’hypocrisie, c’est opter pour ce qui nous élève plutôt que ce qui nous rabaisse. C’est aussi dans notre Eglise, à l’heure du prochain synode, la remise en question de notre fonctionnement, l’examen de nos pratiques à rajeunir, la redéfinition de notre mission dans ce monde. Rêvons d’une Eglise en marche, en mouvement parmi les hommes. Une Eglise proche de leurs besoins, porteuse d’espérance. Une Eglise vraie !

«L’Eglise, c’est l’Evangile qui continue»

Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg,
à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est Mgr Charles Morerod qui prend la plume.

PAR MGR CHARLES MOREROD OP, ÉVÊQUE DU DIOCÈSE DE LAUSANNE-GENÈVE-FRIBOURG
PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER, DR

La phrase que j’ai le plus répétée (dans quatre lettres pastorales) est: «L’Eglise, c’est l’Evangile qui continue »1. Si je tiens à le répéter, c’est que ce n’est pas évident, mais que c’est absolument souhaitable. Il me semble qu’on ne peut pas lire l’Evangile sans être très frappé par la personne de Jésus et que ce choc initial pousse à un approfondissement jamais achevé de cette rencontre. C’est Jésus lui-même qui nous répète: «Venez et voyez.» (Jean 1, 39)

Si on demande ce qu’est l’Eglise, peu de monde pense à citer le Christ, ou l’Evangile. On nous répond généralement en termes de morale. Bien sûr qu’il y a une morale dans l’Evangile ! Mais elle commence par cette conversion qu’est la vie avec Jésus, sans laquelle les « valeurs chrétiennes » ne signifient pas grand-chose.

L’Evangile garde toujours une nouveauté, car le Saint-Esprit est source de jeunesse permanente, même là où l’Eglise donne l’impression d’être déjà connue, voire trop connue, voire même nocive. Et certes nous lisons l’Evangile dans l’Eglise, sans avoir à refaire tout le chemin de la foi sur des questions comme « qui est-il, celui-là ? » (Luc 5, 21 ; 7, 49 et 8, 25), « qui est-il, Seigneur, que je croie en lui ? » (Jean 9, 36), « Mais pour vous, […] qui suis-je ? » (Matthieu 16, 15) et « où demeures-tu ? » (Jean 1, 38)… Nous lisons l’Evangile dans l’Eglise, mais ce n’est pas une raison pour vivre dans l’Eglise sans lire l’Evangile.

«Tous les renouveaux dans l’histoire de l’Eglise ont été des renouveaux de sainteté, marqués par un retour à l’Evangile. C’est ce dont nous avons besoin. Lisons l’Evangile, constamment, écoutons-le et que notre vie en soit marquée.»

En cette période de chemin synodal, demandons ensemble au Saint-Esprit, qui a inspiré les auteurs des Evangiles, de nous permettre d’en découvrir les richesses et d’en vivre!

Charles Journet, L’Eglise et la Bible, Editions Saint-Augustin, Saint-Maurice, 1960, p.45.

Sur un malentendu…

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: DR

Vårfrudagen… à vos souhaits! Mieux vaut ne pas avoir un ch’veu sur la langue pour prononcer le nom de la fête de l’Annonciation en suédois. Chez nous, il est normalement d’usage de manger du poisson ce jour. En Suède, pays de spécialités marines et de surcroît protestant, il est coutume de préparer… des gaufres.

Quittons un peu nos romandes contrées pour nous diriger vers le pays du prinsesstårta, du surströmming et des våfflor suédoises. L’anecdote liée à cette tradition culinaire se base pour ainsi dire… sur un malentendu. La fête de l’Annonciation se traduit par Vårfrudagen, le jour de Notre Dame. La gaufre se dit, quant à elle, våffla, dont la forme våffel n’est utilisée que dans les mots composés. Entre la pronon- ciation de vårfru et våffel, il n’y a qu’un pas… le peuple suédois a fait l’amalgame entre les deux. Le 25 mars, commémorant normalement l’annonce de la mater- nité divine de la Vierge Marie par l’archange Gabriel, s’est donc transformé au fil du temps en Våffeldagen: le jour des gaufres!

Mieux vaut deux fois qu’une!

Une chose tout à fait étonnante concernant la fête de l’Annonciation en Suède: le culte à la Vierge Marie n’y est pas très présent, mais les calendriers comportent pourtant deux jours dédiés à cette célébration. Le Marie bebådelsedag ou Våffeldagen (dont nous avons parlé plus haut) toujours fêté le 25 mars, et le Jungfru Marie bebådelsedag qui, dans l’Eglise de Suède, se célèbre le dimanche qui tombe entre le 22 et le 28 mars, sauf si c’est le dimanche des Rameaux ou celui de Pâques.

Petit vocabulaire culinaire suédois

Prinsesstårta: gâteau suédois traditionnel, composé de couches de génoise, de confiture de framboise, de crème pâtissière vanillée et enveloppé d’une fine couverture de pâte d’amandes verte. Le gâteau «IKEA» par excellence!

Surströmming: hareng fermenté durant plusieurs mois et traditionnellement dégusté à Noël ou à Pâques. L’odeur très prononcée de ce met retient souvent d’y goûter…

Våfflor: pluriel de gaufre.

Recette: Les gaufres de Vårfrudagen / Våffeldagen

Temps de préparationTemps d’attentePortions
30 minutes30 minutes8

Ingrédients pour la pâte à gaufres

  • 3,5 dl de farine de blé – vetemjöl
  • 2 c. à c. de levure chimique – bakpulver
  • 4 dl de lait – mjölk
  • 100g de beurre fondu – smör
Våffeldagen: le jour des gaufres

Préparation des gaufres au gaufrier

  1. Dans un saladier, mélanger la farine et la levure.
  2. Ajoutez le lait, fouettez pour obtenir une pâte homogène. Versez-y le beurre fondu.
  3. Faites chauffer le gaufrier. Badigeonnez d’un peu de beurre pour la première gaufre.
  4. Versez une louche de pâte dans le gaufrier, fermez le battant et patientez quelques minutes.
  5. Servez avec de la crème fouettée et de la confiture de fraise pour manger votre gaufre à la suédoise.

Préparation des gaufres à la poêle

  1. Suivez les étapes 1 à 3 de la préparation « au gaufrier ».
  2. Versez une louche de pâte au milieu d’une poêle de façon à la cuire comme des pancakes.
  3. Dorez la pâte de chaque côté jusqu’à ce qu’elle se soulève un peu de la surface de la poêle.

Préparation à la machine à croque-monsieur

  1. Suivez les étapes 1 à 3 de la préparation « au gaufrier ».
  2. Versez une louche de pâte dans la cavité normalement réservée au sandwich, fermez le battant et patientez quelques minutes.

Entrer en résonance avec la Parole

Faire résonner la Parole de Dieu, voilà le grand défi de la catéchèse.
C’est au travers de gestes, de vie partagée toute simple mais en vérité que la résonance de l’amour infini de Dieu peut être visible. En ce temps un peu spécial pour partager la vie d’une façon spontanée, la catéchèse est bien vivante…

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Semaine sainte dans nos deux UP et Saint-Paul

Voici la tabelle des célébrations de la Semaine sainte dans les 6 paroisses de nos deux unités pastorales et à Saint-Paul.
Il y a le choix !

PHOTO : CHRYSTOPHE RAKOTODRANAIVO

Dimanche des Rameaux (10 avril)
9h30 à Thônex
10h à Saint-Joseph
10h30 à Saint-Paul
11h à Presinge
11h à Saint-Joseph
11h à Sainte-Thérèse
18h à Choulex
18h30 à Saint-Paul

Jeudi saint (14 avril)
8h Office des ténèbres à Saint-Paul
19h à Puplinge
20h à Saint-Paul
20h à Saint-Joseph
20h à Sainte-Thérèse

Vendredi saint (15 avril)
8h Office des ténèbres à Saint-Paul
10h à Saint-Joseph
15h à Choulex
15h à Saint-Paul
15h à Sainte-Thérèse
19h Chemin de croix à Thônex

Vigile pascale (samedi soir 16 avril)
8h Office des ténèbres à Saint-Paul
20h à Chêne-Bourg
20h30 à Saint-Joseph
21h à Sainte-Thérèse

21h à Saint-Paul

Dimanche de Pâques (17 avril)
9h30 à Thônex
10h à Puplinge
10h à Saint-Joseph
10h30 à Saint-Paul
11h à Saint-Joseph
11h à Sainte-Thérèse
18h à Choulex

18h30 à Saint-Paul

Découvrir la bible, cent textes essentiels commentés

Durant le confinement, des membres des Editions Robert Laffont se sont rendu compte
que les libraires vendaient un nombre de bibles plus important que d’ordinaire. Les lecteurs cherchaient peut-être des clés pour comprendre ce moment de crise particulier, seulement voilà… en ouvrant la bible, ils ne comprenaient rien !

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Le diacre Christian Thurre, ambassadeur diocésain pour l’écologie

Inciter toutes les entités paroissiales et ecclésiales à penser et agir écologie : c’est, en résumé, le mandat que l’évêque de Sion a confié à Christian Thurre, diacre, ordonné en juin dernier. Une mission qui permet à ce scientifique de conjuguer écologie et spiritualité. Rencontre.

PAR CLAUDE JENNY | PHOTOS : GÉRARD RAYMOND, RAPHAËL ZBINDEN / CATH.CH

Comme tous les diacres permanents, Christian Thurre parcourt son chemin diaconal d’abord dans le cadre de son univers professionnel, en l’occurrence le Service de l’environnement de l’Etat du Valais. En tant que collaborateur scientifique, il participe aux études d’impacts écologiques pour que les projets mis à l’enquête soient conformes aux exigences légales. Il assure évidemment aussi régulièrement, comme tout diacre, un service à l’autel aux côtés du célébrant. Mais il fonctionne depuis quelques mois également comme mandataire de Mgr Lovey pour effectuer tout un travail de sensibilisation auprès des entités diocésaines pour qu’elles se soucient d’écologie.

Appliquer « Laudato Si’ ». – Un rôle qui est désormais dévolu à tous les diocèses par le Pape lui-même qui s’est souvent exprimé sur le thème de la protection de la Création, de cette « Maison commune » qui ne nous appartient pas mais qu’il nous incombe de protéger. L’encyclique papale « Laudato Si’ » est un texte de référence sur le sujet. Même si son expérience est encore brève, Christian Thurre est à l’évidence l’homme qu’il fallait pour remplir cette mission de sensibilisation que le Pape appelle les « intendants responsables du jardin de la Création ».

Agir via des éco-diagnostics. – Le délégué de l’évêque est, par son mandat, le seul délégué du diocèse au sein d’EcoEglise, l’organe œcuménique qui œuvre au niveau national à favoriser cette prise de conscience que les Eglises ont également leur rôle à jouer en matière d’écologie. Pour Christian Thurre, c’est une évidence : « Les Eglises doivent interpeller leurs communautés ! Chacun doit apporter sa pierre pour avoir une attitude éco-responsable. » Ainsi, l’organisme EcoEglise ( https://ecoeglise.ch) est spécialisé dans l’établissement d’éco-diagnostics qui conduisent à des propositions de mises en œuvre de mesures éco-responsables. Ce qui peut toucher au matériel pour les célébrations et l’administration, aux bâtiments, aux espaces verts gérés par les paroisses, etc.

Opération « Maison de la diaconie ». – Christian Thurre, en collaboration avec son épouse Marie-France, a effectué une première démarche dans ce sens début janvier 2022 avec la « Maison de la Diaconie » à Sion qui abrite notamment l’établissement Verso-l’Alto. Il trouve excellent que ce soit ce lieu diocésain qui lui permette de démarrer son action. Il espère que d’autres communautés, paroisses, etc. feront appel à lui. Il est disponible pour aller à la rencontre de ceux qui veulent agir à leur échelle dans une démarche qu’il qualifie non seulement d’écologiste, mais aussi de spirituelle.

Une dimension spirituelle. – Il cite la parabole du colibri qui apporte sa gouttelette, juste ça, mais déjà ça ! « Dans cette protection de la « Maison commune », il y a quelque part une dimension de conversion spirituelle, de se laisser blesser par cette réalité d’une nature insuffisamment respectée et de décider d’agir, à son échelle, individuelle, associative, paroissiale, etc. » s’enflamme Christian Thurre qui peste contre certains abus, comme la multiplication des canons à neige, par exemple, qui entraîne un gaspillage d’eau : « Nous ne pouvons pas, plus, nous comporter en enfants gâtés. Mais je suis optimiste : je crois qu’il y a une prise de conscience que l’on ne peut pas continuer à surexploiter la nature. De plus en plus de personnes se laissent toucher et décident d’agir ».

Méditer autour de la tenture de Carême

André Besson, de Charrat, a été choisi par les responsable de la Campagne œcuménique 2022 pour écrire la méditation autour de la tenture de Carême. Il s’est laissé inspirer par cette image, ce pied dont l’ossature est blessée, brisée… Il élargit ici sa réflexion sur notre humanité souffrante, à notre terre meurtrie par l’homme. Voici quelques textes sur ce thème, en complément du carnet de méditation de la tenture de Carême 2022.

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Jeux, jeunes et humour – mars 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Que fête-t-on le 25 mars ?
Célébrée depuis le VIIe siècle, l’Annonciation est une fête importante qui passe souvent inaperçue en plein Carême. On y commémore l’annonce faite à Marie par l’ange Gabriel comme quoi elle serait la mère du Sauveur. Comme l’Eglise a fixé la naissance de Jésus au 25 décembre, il est logique que le moment de sa conception virginale dans le sein de la Vierge ait été arrêté neuf mois plus tôt, signe d’une grande régularité dans les cycles… liturgiques.

par Pascal Ortelli

Humour

Deux vignerons vaudois sont attablés dans une auberge de Saint-Saphorin. Au même moment, entre un couple d’adeptes de la course à pied ruisselants de sueur. 
Ils s’installent près de nos deux viticulteurs et appellent le garçon. Celui-ci leur propose trois décis de Saint-Saphorin pour étancher leur soif. Le couple surpris leur rétorque :
– Mais dis donc garçon, le vin ne fait pas passer la soif, vous le savez bien !
Et les deux vignerons de s’exclamer : 
« Heureusement ! »

par Calixte Dubosson

Chemins de traverse

PAR PASCAL ORTELLI
PHOTOS : PXHERE, DR

Les jeunes sont en quête d’absolu, dit-on. Pour ma part, cela s’est traduit à l’époque par un attrait pour la vie sacerdotale: Dieu me voulait là illico prestissimo, au risque sinon de rater ma vie de foi et ma vie tout court. C’est du moins la perception binaire que j’avais alors de la «vocation»: y répondre ou passer à côté, en ayant manqué de sauter dans le train en marche.

Comme dans la Bible, les choses ne se passent pas comme prévu quand Dieu – et non l’image qu’on s’en fait ! – s’y mêle vraiment. Discerner sa vocation pour répondre à un appel – et choisir un état de vie – ne consiste pas à suivre aveuglément un ordre de marche ou un « plan de carrière » arrêté de toute éternité. Dieu nous parle et nous guide au cœur du quotidien et des circonstances parfois tumultueuses de nos existences avec beaucoup plus de subtilité, de pédagogie, de patience et d’humour qu’avec les gros sabots et les ornières que nous endossons bien souvent quand nous le prions.

J’ai mieux compris par la suite qu’il n’y a pas une voie avec ou sans Lui, mais un sens unique. Quel que soit finalement l’itinéraire emprunté (prêtrise ou mariage), nos pas sur les chemins de traverse sont à coup sûr inscrits dans les siens. « Je suis le chemin », nous dit Jésus. L’important n’est-il pas dès lors de ne pas perdre pied sur la route ?

Le groupe de jeunes en plein réveil

Ces derniers mois, le groupe de jeunes de l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte (GDJ) a vécu plusieurs expériences de foi et d’amitié importantes. Entre les soirées thématiques et les soirée chill du vendredi soir, la messe des jeunes et les autres projets, difficile de s’ennuyer. Les restrictions dues à la pandémie n’ont pas empêché les jeunes de notre région de se retrouver pour manger, prier, marcher et partager.

PAR JEAN-CLAUDE DUNAND, ARMELLE, DAVYD, MATTHIEU, STÉPHANE
PHOTOS : CHARLOTTE OBEZ

« Des jeunes aux parcours de vie fort différents invités à se réunir pour partager des moments de vie qui font du bien. Ils apportent ce qu’ils sont, échangent, prennent un petit repas, prient parfois. L’animatrice, Charlotte Obez, leur ouvre de riches pistes de réflexion et témoigne de sa foi, joyeuse et dynamique. »

Jean-Claude Dunand, curé modérateur

Convivialité et amitié soudent le groupe

Soirées chill

Le quatrième vendredi du mois, un temps libre est proposé au local pour permettre aux jeunes de se rencontrer, de prier et de construire ensemble des projets pour l’avenir du groupe. Chacun est libre d’apporter des idées, mais aussi d’être simplement présent pour partager un moment convivial.
« J’ai rencontré pour la première fois de ma vie des jeunes animés par la foi catholique. Leur existence et leur présence me font chaud au cœur. Le groupe de jeunes est un lieu convivial où je me sens juste bien. »

Davyd

Messe des jeunes

Depuis de nombreuses années, les jeunes animent la messe du soir le premier dimanche du mois à la Colombière. Cette dynamique de prière se poursuit cette année avec de nouveaux visages dans l’équipe d’organisation.
« Ça me fait plaisir de retrouver des jeunes de mon âge qui partagent ma foi. C’est un vrai phare dans ce monde antichrétien et nos conversations sont riches. »

Matthieu

Autres projets

De nombreux moments de convivialité ont été vécus en dehors des soirées et de la messe des jeunes: la rénovation du local, la journée graffiti, la soirée de prière pour l’unité des chrétiens, le week-end randonnée à Crans-Montana ou encore la soirée cocktail-débat qui a réuni une quinzaine de jeunes pour discuter de leur place dans l’Eglise et dans le monde.
Tout chrétien a besoin de rencontres, de joie et de partage autour du Christ. Ce que veut construire le groupe de jeunes, c’est une Eglise qui donne envie de rencontrer Jésus et de vivre avec lui chaque jour.
« Le groupe de jeunes est un lieu d’échange. La fraternité, le soutien et le respect sont ses valeurs centrales, auxquelles je souscris et qui me font venir aux différentes soirées. Celui qui veut frotter les cervelles – je me permets de paraphraser Montaigne – trouvera absolument sa place dans ce groupe à l’occasion d’un cocktail-débat ou d’un autre événement. »

Stéphane

Rien de tel qu’une randonnée en montagne pour partager et s’entraider.

Histoire d’une vocation

Je m’appelle Lucie Moullet; en religion Sœur Anne-Cécile.

PAR SŒUR ANNE-CÉCILE MOULLET
PHOTOS : ANDRÉ BISE

Je suis née le 29 novembre 1939 à Châbles (FR) dans une famille très chrétienne. C’était au début de la guerre. Je suis arrivée en sixième position, remplaçant un frère – si l’on peut parler ainsi – décédé à l’âge de 10 mois. Lors de mon baptême, mes parents me prénommèrent Lucie comme ma marraine. J’ai grandi dans une famille harmonieuse, où l’on s’aimait.

Le Vendredi saint 1945, je fus emmenée à l’hôpital d’Estavayer-le-Lac, atteinte d’une méningite cérébro-spinale foudroyante, sans grand espoir de me sauver. Je me rappelle d’une seule chose; je disais: «J’ai mal à la tête, je veux de l’eau.» La Sœur Hubertine dit à maman: «Allez lui chercher de l’eau de Bonnefontaine.» J’ai guéri: Notre Dame avait intercédé auprès de son Fils.

Ayant terminé ma scolarité à Pâques 1955, j’ai été engagée pour travailler à l’hôpital d’Estavayer-le-Lac. Là, au contact des Sœurs de la Charité que je voyais se dévouer jour et nuit au service des malades, je me posais la question : quel sens donner à ma vie? Un jour, Sœur Marie Cécile Lottaz me taquine: «Dans trois ans, tu seras bonne pour faire comme moi .» Le soir, impossible de dormir jusqu’à ce que j’aie dit: «Et bien, Seigneur, si tu veux, dans trois ans je viendrai.»

Mes parents m’ont conduite chez les Sœurs de la Charité pour entrer au postulat le 16 septembre 1958. Après la formation religieuse, les Supérieures m’ont envoyée à l’école normale de Sainte Agnès, tenue par les Sœurs Ursulines, pour y acquérir le brevet froebélien (ndlr, enseignement pédagogique). En septembre 1963, je fus envoyée à Domdidier pour y enseigner en première année primaire. Là, pendant 23 ans, j’ai donné le meilleur de moi-même, ainsi que dans d’autres activités parascolaires.

De 1986 à 1988, me revoilà sur les bancs de l’école… deux ans d’étude à l’Ecole de la Foi et des ministères, à Fribourg. Au terme, Sœur Elisabeth Grebex, supérieure provinciale, m’a posé la question: «Te sentirais-tu de partir en Afrique?» J’ai beaucoup prié, me suis fait aider par un Père Jésuite pour le discernement et, sentant un appel du Seigneur, j’ai répondu oui. Pendant 12 ans, à Bocaranga, en République Centrafricaine, j’ai œuvré dans la formation des catéchistes, dans la formation à la vie religieuse des jeunes filles demandant leur entrée dans notre Congrégation. Depuis l’an 2000, je suis à Yaoundé dans notre communauté pour les jeunes Sœurs étudiantes préparant leur mission pour mieux servir leurs frères et sœurs africains.

Je veux simplement témoigner que, malgré les difficultés inhérentes à toute vie, je suis heureuse et je n’ai jamais regretté mon choix.

Si vous souhaitez soutenir  le projet de formation de jeunes filles et de jeunes religieuses porté par Sœur-Anne-Cécile, vos dons sont les bienvenus sur le CCP 10-248349-5.

En librairie – mars 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Vivre en Dieu
Claire Dumont

Dans la tradition chrétienne, diverses formes de vie consacrée sont apparues pour répondre à la quête humaine et spirituelle. Certaines ont développé davantage le service évangélique de la charité envers les pauvres. D’autres se sont tournées résolument vers la recherche d’absolu inscrite dans nos cœurs. Toutes, à leur source, ont bénéficié d’une expérience bouleversante des fondateurs et des fondatrices. 
Dans ce livre, l’auteure s’applique avec bonheur à dévoiler les nouveaux visages de la vie consacrée, précieux trésor dans des vases d’argile. Elle ouvre à une vision plurielle et créatrice, où la quête de l’Absolu est première.

Editions Mediaspaul

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Le chemin des estives
Charles Wright

« Partout, il y avait trop de bruit, trop de discours. Un jour, j’en ai eu marre de cette frénésie et je suis parti. Certains vont chercher le bonheur en Alaska ou en Sibérie, moi je suis un aventurier de la France cantonale. » Sans le moindre sou en poche, misant sur la générosité des gens, un jeune aspirant jésuite s’échappe de la ville et de la modernité avec le désir de renouer avec l’élémentaire. Il s’offre une petite promenade de sept cents kilomètres à pied. Le chemin des estives, récit de ce voyage, est une ode à la liberté, à l’aventure spirituelle. On y croise les figures de Rimbaud, de Charles de Foucauld, mais aussi des gens de caractère, des volcans, des vaches. Au fil des pages, une certitude se dessine : le bonheur est à portée de main, il suffit de faire confiance et d’ouvrir les yeux.

Editions Flammarion

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Dieu passe tout près de nous
Bénédicte Delelis

D’une plume poétique et nourrie par les plus grands auteurs, Bénédicte Delelis nous entraîne dans une aventure spirituelle lumineuse. Ses méditations s’appuient sur l’exemple des saints comme sur les situations de notre vie ordinaire pour y découvrir, sous le poids des épreuves ou le voile du quotidien, la force de la Résurrection déjà à l’œuvre. Elle éclaire d’une manière aussi incarnée qu’enthousiasmante les mystères de la foi pour nous aider à en vivre.

Editions Emmanuel

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Dessine-moi la prière
Laure Enplume – Alba Ariza

« Dessine-moi un mouton », demande le Petit Prince. Et Saint-Exupéry s’en tire en dessinant la caisse où est le mouton. Avec Dessine-moi la prière, c’est le trésor de notre vie intérieure qui est donné à voir en dessins. Nous suivons deux adolescents : Pablo, plein de questions et Tim son ami enthousiaste qui vient de découvrir la vie spirituelle. Pour partager ses découvertes, Tim fait un résumé en dessins. Pablo a la mauvaise idée de les regarder en cours et se les fait confisquer. S’ensuit une recherche pleine de péripéties qui les conduit jusqu’à une abbaye…

Editions du Carmel

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Donner du sens à l’investissement

Après vingt-trois ans de carrière chez Nestlé et alors patron de la branche chinoise du groupe, Roland Decorvet quitte tout. En 2014, il part pour diriger bénévolement le navire-hôpital Africa Mercy. Aujourd’hui, il s’engage à traduire sa foi en un capitalisme responsable et social.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : DR

Pourquoi avoir laissé tomber le «meilleur job du monde» pour occuper une cabine aussi grande que votre garage ?

Au niveau professionnel, j’occupais aux yeux de tous « un des meilleurs jobs du monde », mais il y avait un stress énorme et j’avais atteint ce que je peux considérer comme mon sommet. Il valait mieux partir au sommet que continuer à faire la même chose encore pendant vingt ans. Du côté privé, le stress, les nombreux voyages et la pression me montraient clairement que continuer sur ce chemin-là aboutirait à sacrifier ma famille et mon couple. Je crois aussi profondément que chacun dans son domaine et sa profession doit refléter la gloire de Dieu. J’avais donc le besoin de retrouver un sens à ma vie en étant là pour les autres et en aidant mon prochain.

La responsabilité sociale et spirituelle fait donc partie intégrante d’une bonne gestion économique ?

Le but d’une entreprise devrait être le bien de toutes les personnes avec qui elle a des interactions. Dire qu’il n’y a que l’actionnaire qui compte n’est pas mon concept de l’économie. Aujourd’hui, les consommateurs veulent comprendre ce qu’il y a derrière les produits qu’ils achètent. Ce qui était à l’époque une sorte d’économie de niche est devenu la norme et c’est encourageant.

Une entreprise peut-elle produire de manière durable et équitable tout en étant extrêmement rentable ?

Un des problèmes que nous avons dans l’économie est ce besoin constant, dû à la pression des marchés, d’augmenter toujours plus la profitabilité. D’un autre côté, faire du bien a un coût et cela serait mentir que de dire le contraire. Pour investir dans l’équitable et le durable, il faut accepter d’être plus patient, de recevoir un retour sur investissement moins élevé. C’est un juste équilibre à trouver entre un
capitalisme sauvage et un autre beaucoup plus social.

Aujourd’hui, le continent africain est le seul à croître économiquement et au niveau de sa population. Pourquoi les investisseurs sont-ils si frileux ?

Les investisseurs européens n’investissent en Afrique que dans les domaines très rentables que sont les mines, la télécommunication ou la fintech (nouvelles technologies dont l’objectif est d’améliorer l’accessibilité ou le fonctionnement des activités financières, ndlr.), mais très peu dans l’industrie qui, elle, permettrait un vrai développement. Dans ce secteur, il faut être prêt à avoir moins de retour sur investissement avec un profil risque plus élevé. Très peu de gens sont prêts à sauter le pas. Il faut trouver un juste milieu entre les dons gratuits et un plus grand nombre d’investissements pour développer le pays.

Dans ce cas, de quelle manière aider sans verser dans la pitié ou par pure charité ?

Entendons-nous bien, je ne parle pas de couper l’aide d’urgence ou l’apport médical des ONG en Afrique, mais je pense que ce continent possède un réel potentiel économique. Cependant, il faut être conscient que le rendement sera moindre et le risque plus élevé. Par contre, l’impact social sera énorme et aura, par ricochet, aussi une incidence sur l’Europe. Sans alternative durable sur place, les jeunes Africains tenteront toujours de traverser la Méditerranée au péril de leur vie.

Biographie express

Né dans le canton de Vaud en 1965 de deux parents missionnaires, Roland Decorvet passe les premières années de sa vie à Kinshasa (RDC). Il garde de ces années-là une affection particulière pour l’Afrique. Celui qui vendait des nouilles Maggi à Bornéo pour Nestlé est propulsé patron de la branche chinoise du groupe pendant douze ans. En 2014, il quitte tout et part avec sa famille pour diriger bénévolement un bateau-hôpital de l’ONG Mercy Ships durant plus d’un an. Fondée à Lausanne et basée sur des valeurs chrétiennes, l’ONG prodigue gratuitement des soins médicaux dans plusieurs ports d’Afrique. Roland Decorvet devient le directeur général de l’Africa Mercy et gère les quelque 450 collaborateurs bénévoles attachés au navire. Aujourd’hui, convaincu que l’industrie agroalimentaire peut aider son prochain, il s’est installé avec sa famille en Afrique du Sud pour élaborer un modèle d’affaire « mi-Nestlé, mi-œuvre d’entraide » en adéquation avec ses valeurs chrétiennes.

Nous sommes Eglise

« Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. »
(Mt 16, 18)

PAR EMMANUEL MILLOUX, MEMBRE DE L’ÉQUIPE PASTORALE

Peu de chrétiens le savent, mais nous ne trouvons que trois fois le mot «Eglise» dans les évangiles. La première occurrence est le passage de Matthieu cité ci-dessus; les deux autres se trouvent dans le chapitre 18 du même évangile. En revanche, nous le trouvons trente-deux fois dans les lettres de Paul. Il est vrai qu’il a joué un rôle fondamental dans la fondation des premières communautés chrétiennes. Et c’est à lui que nous devons la toute première réflexion théologique sur le mystère de l’Eglise. Ce déséquilibre entre les évangiles et les lettres de Paul a donné à certains l’illusion qu’au fond, l’Eglise était plus ou moins une invention de l’apôtre. Jésus aurait prêché l’Evangile et le Royaume de Dieu, Paul aurait fondé l’Eglise.

Rare, donc précieux

Mais la rareté du mot « Eglise » dans les évangiles a peut-être une tout autre signification. Ce qui est rare n’est-il pas précieux ?

Dans la citation de Jésus qui figure en titre, ce qui est étonnant au premier regard, c’est l’adjectif possessif. Il y a de la tendresse dans ce possessif, comme un jeune époux qui parlerait de sa jeune épouse.

Jésus a donc bien voulu l’Eglise. On pourrait même dire qu’il l’a désirée. Ce n’est pas une invention des hommes. Et s’il l’a voulue, c’est qu’elle est hautement nécessaire au projet de Dieu.

De son côté, Pierre, dans sa première lettre, nous dit : « Vous-mêmes, comme pierres vivantes, prêtez-vous à l’édification d’un édifice spirituel […], vous êtes une race élue, un sacerdoce royal […] pour proclamer les louanges de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 5, 5-9).

Ce passage est d’une grande importance. Il nous montre que s’il existe un sacerdoce ministériel dans l’Eglise (prêtres et évêques), il y a aussi un sacerdoce baptismal, plus fondamental encore puisque partagé par tous les baptisés, laïcs, religieux et prêtres – on parle aussi de sacerdoce commun. C’est à partir de cette vérité théologique que le concile Vatican II a rappelé l’importance vitale de la mission des laïcs – décrets « Lumen gentium » et « Apostolicam Actuositatem ».

Bâtir l’Eglise ensemble

Jésus a promis à Pierre qu’il bâtirait son Eglise et ce dernier nous dit que nous devons tous prendre part à cette œuvre. Quelle que soit leur place dans la communauté chrétienne, tous les baptisés sont donc associés à cette édification. Nous sommes tous des collaborateurs, nous partageons tous la responsabilité d’édifier ensemble « la maison de Dieu pour tous les peuples » (cf. 1 Tm 3, 14 ; Is 56, 5-7). Non seulement nous y œuvrons mais, plus encore, nous en sommes déjà les pierres vivantes.

La prochaine conférence proposée par notre Unité pastorale, mercredi 9 mars à 19h30 dans la grande salle de la Colombière, nous aidera à approfondir notre compréhension du mystère de l’Eglise. Elle explorera la problématique de la coresponsabilité des baptisés avec Philippe Becquart, responsable du Département des adultes de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud, qui abordera le thème « Vivre l’Eglise en coresponsabilité ». Une veillée de prière aura lieu jeudi 31 mars à 19h30 à la Colombière. Le 5 mai à 19h30 dans la grande salle de la Colombière, Frère Benoît-Dominique de la Soujeole, dominicain, parlera de « Marie, mère de l’Eglise ».

Ils ont renoncé à la vie consacrée

La vie consacrée était un des chemins à prendre. Après quelques années de discernement, voici le cheminement en écho de deux témoins qui consacrent actuellement leur vie à autre chose…

PAR NICOLE CRITTIN | PHOTO : ANONYME

1. A quel âge vous êtes-vous dirigés vers une communauté et quelle était la place
de la vie chrétienne au sein de votre famille ?

Je suis entré dans la congrégation à l’âge de 26 ans. Je dirais que la vie chrétienne avait dans ma famille une place première. La prière en famille m’a beaucoup porté.

Ayant grandi dans une famille où la foi en Dieu avait une place centrale, j’ai toujours vécu dans une proximité avec Dieu. Nous priions quotidiennement le chapelet en famille et nous allions au moins deux fois par semaine à la messe. Une retraite silencieuse chez les Jésuites à l’âge de 17 ans m’a particulièrement marqué. Depuis, j’ai toujours eu soif de Dieu. A la fin de ma formation à
27 ans, j’ai pris du temps pour pérégriner. C’est durant ce temps que j’ai eu un appel pour m’engager dans une vie consacrée.

2. Est-ce que le choix de la communauté a été aisé?

Le choix de la communauté a été aisé. A l’écoute du pape François et à la lecture des écrits de Jean Vannier
(eh oui…), j’ai eu comme une incitation de m’y lancer…

Ce ne fut pas évident car j’étais attiré par plusieurs communautés. J’ai effectué des petits séjours dans des congrégations pour mieux vivre de l’intérieur. Afin d’effectuer un choix
définitif, j’ai fait une retraite lors de laquelle j’ai pu discerner où j’allais postuler.

3. Quels sont les facteurs qui ont déclenché la décision de ne pas formuler les voeux définitifs?

Le seul facteur a été la paix intérieure. J’appréciais la vie en communauté, la vie de prière, le contact auprès des gens, mais je n’avais pas la paix intérieure en vue de faire les vœux définitifs et c’est la base pour faire le pas.

En fin d’année, nous pouvons faire la demande pour quitter
la vie religieuse, prolonger le temps de noviciat ou pour prononcer des vœux temporels de trois ans. Pour mon cas,
j’ai senti le besoin de prendre un temps supplémentaire
pour approfondir ma vocation. Au final, j’aurai fait deux ans et demi de noviciat.

4. A l’heure actuelle, êtes-vous encore actifs au sein de la communauté chrétienne?

Oui et non. Etant étudiant, je donne des petits coups de main quand l’occasion se présente, spécialement pour
des activités avec des jeunes, des temps de louange ou des activités caritatives. Je suis « actif » par ma prière communautaire et personnelle.

Le Bon Dieu est bien présent dans ma vie et je Lui rends grâce pour ce chemin parcouru. Ne dit-on pas qu’Il écrit droit avec nos lignes courbes (Mt 1, 18-25) ? Ce verset fait vraiment écho chez moi.

Malgré le fait que ce temps de discernement a aussi été
une épreuve d’un point de vue spirituel, je reste toujours très attaché à la communauté catholique. Je trouve très important de pouvoir donner de mon temps et de ma personne pour
les autres, pour le bien commun. C’est pourquoi je me suis engagé comme responsable auprès des Scouts d’Europe, qui est pour moi une école de vie complète pour nos jeunes. On entend souvent dire que chanter c’est prier deux fois. Avec quelques autres jeunes, nous essayons d’embellir la liturgie de notre paroisse par nos voix. J’ai aussi beaucoup de plaisir à accompagner des retraites ou des camps en montagne.

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