Un parcours floral pour l’Avent

TEXTE ET DESSINS PAR BRUNO SARTORETTI

Chaque année, les fleuristes du secteur des Deux-Rives se mettent ensemble pour réfléchir à une mise en œuvre commune pour toutes les paroisses durant le temps de l’Avent et celui du Carême. Ces temps qui nous mènent vers la Vie.

Cette année, après avoir lu les textes bibliques, nous avons retenu l’idée que Dieu nous offre une création nouvelle en venant lui-même s’incarner dans l’humanité.

Le premier dimanche, le Christ nous montre que le monde est appelé à subir des catastrophes climatiques, sismiques, océaniques,… Mais au milieu de tout cela, l’homme est invité à rester fidèle à la Parole, à son Dieu ; et de son côté, Dieu nous donne un germe dans la maison de David. Au milieu du chaos, de la destruction, une petite pousse verte nous donne l’espérance.

Le deuxième dimanche, Jean-Baptiste prophétise, c’est-à-dire qu’il proclame la Parole de Dieu. Et cette parole nous met en route, elle propose de devenir témoin de Dieu en aplanissant les chemins de nos paroles, de nos sms, de nos réseaux sociaux. Nous pouvons aussi abaisser les montagnes de nos indifférences, combler les ravins de nos relations. Préparer le chemin, accueillir la Parole, c’est se convertir à la présence de Dieu.

Le troisième dimanche, le prophète Jean répond aux questions du peuple. Que devons-nous faire ? Et la réponse du Baptiste, écho de la Parole de Dieu, invite à être plutôt qu’à faire. Partage, humilité, patience, non-violence, voilà comment être afin que la Parole soit louange et joie, allégresse et bonheur. Etre révèle le bon grain qui séparé de la paille peut porter les fruits.

Le quatrième dimanche est celui de l’intériorité, celui de l’enfant qui tressaille, celui de l’enfant qui sauve. La terre s’ouvre afin de mettre au monde le Salut, la Paix, le fils de l’Homme. C’est le temps des entrailles, de l’intimité, de la présence. C’est l’Alliance qui se renouvelle, le monde nouveau est en gestation, près à naître. La Parole est gravée dans mon cœur, dans mon corps afin de me faire vivre le Salut.

C’est Noël ! Le monde devient berceau de Dieu. Couché sur la paille, le nouveau germe de David inaugure la présence de Dieu dans les entrailles de l’humanité afin d’y mettre la joie, l’amour et la vérité, chemins d’espérance et de salut. Joyeux Noël !

Joyeux nouveau Monde !

Vers une pluralité des mondes

Elle s’appelle 51 Pegasi b et flotte à quelque 51 années-lumière de la Terre. Cette exoplanète tourne autour d’un autre soleil que le nôtre. Depuis cette découverte, la science astronomique dissimule à peine le rêve de repérer un jour une vie autre que la nôtre. Entretien avec l’un des «découvreurs» de cette exoplanète.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

Pouvez-vous expliquer ce qu’on définit par pluralité des mondes ?

Cette notion est née dans le monde grec, chez les philosophes. On se posait déjà la question s’il existait un seul monde dans notre univers ou plusieurs. Elle s’est développée au même moment que l’hypothèse atomiste. En d’autres termes, elle définissait que le plus petit morceau qui garde la nature de la matière s’appelle l’atome. La conséquence directe de cette hypothèse les a amenés à penser que si le monde a été créé à partir d’atomes, alors pourquoi la nature n’en a créé qu’un seul ? Epicure introduit très clairement cette notion dans une longue lettre. Il dit qu’« il doit exister une infinité de mondes dans l’univers » et que « certains doivent avoir des espèces vivantes comme on les connaît, d’autres ne les auront pas ». C’est incroyable, car il faut se rappeler que c’était il y a plus de 2000 ans. Evidemment, la notion de monde n’est pas celle d’une exoplanète.

Quel impact a eu votre découverte en regard de cette question ?

En termes modernes, ma découverte démontre qu’il existe des exoplanètes : des planètes qui tournent autour d’autres étoiles dans la galaxie. Notre Voie Lactée compte deux cents milliards d’étoiles comme le soleil et pour leur immense majorité elles sont entourées de systèmes planétaires. La question est évidemment : combien de ces planètes sont susceptible d’avoir permis la vie ? Ce qui se cache derrière cette interrogation n’est autre que la place de l’homme dans l’univers et celle de la vie.

Le défi plus ambitieux reste bien de trouver de la vie en d’autres endroits de l’univers.

Oui, bien entendu. On analyse les atmosphères planétaires afin de chercher ce que l’on appelle des biomarqueurs. Ce sont des anomalies chimiques qui nous disent que la vie se développe. Cela ouvre sur un questionnement encore plus vaste de l’ordre du « pourquoi sommes-nous là ».

Que pensez-vous de la notion d’ajustement fin de l’univers (fine tuning), souvent mise à contribution par les défenseurs de la thèse spiritualiste du dessein intelligent ?

Imaginons que les choses aient été différentes et que nous ne soyons pas là. On ne se poserait même pas la question. Le fait que nous soyons là et que nous bénéficiions du fait que cela a fonctionné ne nous permet pas de faire des statistiques. De là à dire que cela a été voulu par une puissance supérieure… Nous n’avons aucun élément pour le dire. Il nous faut donc garder une certaine modestie. (En cosmologie, cette notion se trouve à la base du principe anthropique fort, postulant qu’une variation, même infime, de certaines constantes fondamentales, n’aurait pas permis à la vie d’apparaître dans l’univers, ndlr.)

Cela pousse à l’humilité et à l’acceptation que la science ne répond pas à toutes les questions…

A coup sûr ! La science ne répond en effet pas à toutes les questions. Il y a aussi des domaines en dehors de ceux de la science. Imaginez que nous ayons eu cette discussion il y a cinq siècles, basée sur les connaissances que nous avions à ce moment-là. Croire qu’on va répondre à tout me gêne beaucoup. D’ailleurs, il est même heureux que nous ne sachions pas tout, cela entretient la curiosité.

Biographie express

Michel Mayor, né le 12 janvier 1942 est astrophysicien. Il découvre, avec Didier Queloz, la première planète extrasolaire autour d’une étoile, 51 Pegasi b, en 1995. Il obtient avec Didier Queloz le Prix Nobel de physique en 2019 pour cette découverte.

Plusieurs mondes : une hérésie ?

« Contrairement à ce que beaucoup pensent, la chrétienté n’a jamais considéré ce phénomène comme une hérésie », affirme Michel Mayor. Au XIIIe siècle, l’archevêque de Paris, Etienne Tempier, demande l’autorisation au pape Jean XXI qu’il soit enseigné à la Sorbonne l’hypothèse de la pluralité des mondes. « Même au plus haut niveau de l’Eglise, c’était une question qui pouvait être discutée. On peut même dire que l’inverse était blasphématoire, car affirmer que Dieu n’aurait fait qu’un seul monde, c’était postuler son incapacité à en créer d’autres. » On peut aussi citer Albert le Grand, qui affirme que : « La plus belle, la plus exaltante question consiste en l’examen de la possibilité d’autres mondes dans l’univers. »

Pèlerinage d’été «Lourdes autrement»

Juillet 2021

TEXTE ET PHOTOS PAR PHILIPPE VALAX

En raison du Covid, le pèlerinage d’été à Lourdes 2021 n’a pas pu avoir lieu. Mais la commission pastorale a décidé de vivre ce pèlerinage annuel tout en restant en Suisse romande. A Lourdes, lors des pèlerinages, la priorité est donnée aux personnes malades. Le groupe des ados et des jeunes a l’habitude de les rencontrer pour vivre des temps d’animation et les aider dans leurs déplacements.

Nous avons voulu vivre ce même élan ici en Suisse.

Durant cette semaine, nous avons eu la joie de rencontrer des membres de la communauté de l’Arche à Fribourg. Tous les participants sont unanimes (personnes accueillies, assistants, ados, jeunes et accompagnants) pour dire que cette journée a été mémorable.

Au foyer de la Grotte

Arrivés au foyer de la Grotte, nous avons été accueillis dans la communauté par de jolis sourires et plein de super gâteaux. Les assistants nous ont montré un montage vidéo sur l’origine des foyers de l’Arche à Fribourg. Après un échange entre ados /jeunes et personnes accueillies nous avons eu le privilège de visiter la maison. Nous avons été très touchés par la joie que les personnes accueillies avaient de nous dévoiler leur lieu de vie. Chaque porte de chambre est personnalisée : cartes postales, photos de famille, photos de chanteurs, décorations…

Après notre pique-nique dans le jardin du foyer de la Grotte, nous nous sommes tous rendus la chapelle de Notre-Dame des Marches à Broc.

A la rencontre d’un groupe de scouts

Une fois la célébration terminée, nous avons été à la rencontre d’un groupe de scouts installé au bord de la Sarine près de Grandvillard. Pour atteindre leur campement, nous avons dû traverser un champ, franchir un cours d’eau sur deux troncs d’arbre mis en travers et encore marcher en frayant notre passage dans la forêt. Heureusement les scouts ont été de bons guides. Arrivés, ils nous ont présenté leur habitat : dortoirs sur pilotis, salle à manger en rondins, cuisine surélevée en pierre. Benoît (personne accueillie) s’est même exercé à faire un trou avec une tarière sous l’œil expérimenté d’un scout. Quelle joie quand il a réussi à passer au travers du rondin ! Pour le repas, des grillades étaient au menu ainsi que de la bonne polenta cuite dans la marmite au feu de bois, excellent !

Marche aux flambeaux à Grandvillard

Notre journée continue à l’église de Grandvillard. Nous vivons une procession mariale aux flambeaux en marchant d’un pas lent et méditatif jusqu’à la grotte (reproduction de la grotte de Lourdes). En méditant les mystères joyeux et en chantant nous sommes arrivés devant la grotte. Nous sommes saisis par l’atmosphère qui s’en dégage. Puis au revoir et retour à Fribourg.

Après ces moments intenses, j’aimerais remercier les Scouts et toute la communauté de l’Arche de Fribourg pour leur accueil chaleureux et pour nous avoir donné un peu de leur joie de vivre.

« L’Arche Fribourg est membre de la fédération internationale de L’Arche fondée par Jean Vanier. Elle regroupe trois foyers (la Grotte, Béthanie et Grains de Sel) situés au centre de Fribourg. Une trentaine de personnes, dont la moitié ont une déficience intellectuelle, y partagent une vie de type familial, simple et convivial. Les « personnes accueillies », sont le cœur et la raison d’être de la communauté. Elles y trouvent un lieu de vie où elles peuvent se sentir pleinement reconnues et développer un sentiment d’appartenance et de sécurité.
La vie des trois foyers est rythmée par l’activité professionnelle et les loisirs personnels de chacun, ainsi que par les repas pris en commun et les moments de convivialité. Une fois par semaine, une rencontre entre tous les habitants permet d’organiser la vie du foyer, de partager les nouvelles et de veiller à l’accompagnement des personnes accueillies.

Témoignage d’une jeune animatrice après la rencontre avec la communauté
Adeline Meuwly

La découverte et la rencontre avec les personnes de la communauté de l’Arche m’a fait prendre conscience que je pouvais accueillir ma différence comme un don.
J’ai remarqué, dans mon quotidien que les personnes différentes étaient parfois trop vite jugées, soit par leur apparence ou soit par leur façon d’être.
Je me suis sentie depuis l’enfance toujours un peu différente. Les enfants de mon âge me l’ont bien fait sentir. J’avais l’impression de ne pas être une fille « normale ». Pourquoi ce rejet ? Maintenant je comprends un peu mieux. J’étais simplement différente, avec des intérêts autres que la plupart de mes camarades. Aujourd’hui j’ai 18 ans. Je suis une mécanicienne sur voiture, je joue de la flûte, du piano, je chante, j’aime prier et me confier à la Vierge Marie.
Pour moi cette différence est devenue une force, alors osons la différence, elle est une richesse !
Merci pour cette belle journée vécue avec vous.
Adeline

Sans Dieu, la raison me perd

TEXTE ET PHOTO PAR ELSA WACK

Mon père Marc était un scientifique athée et membre de l’Union rationaliste.

Déjà quand j’étais assez jeune, nous nous heurtions à chaque fois que nous conversions sur la religion. C’était un dialogue de sourds. D’ailleurs, il est devenu sourd et ce sera peut-être aussi mon cas.

L’Union rationaliste publia «Légendes juives et chrétiennes », que mes parents achetèrent avec enthousiasme. Mais il n’y avait pas moyen de les lire: elles étaient bardées de commentaires historiques, de remises en contexte partisanes, d’une érudition ou pseudoérudition qui sapait toute possibilité de se plonger dans les récits.

Une légende a toujours un caractère sacré. Si on y réfléchit, c’est peut-être même le cas des textes de fiction en général. Seules les personnes un peu influençables («hypnotisables», diront certains), réussissent à s’identifier à leurs personnages sortis d’on ne sait quelle réalité de l’âme.

Mon père lisait peu de littérature. Pas le temps, sans doute. Il était chimiste, musicien et devait nourrir ses quatre enfants.

A propos de la méthode expérimentale, il nous parlait parfois de l’invention qu’il avait faite un peu par hasard, après s’être rendu compte que les hypothèses que lui dictait son imagination ne se confirmaient pas.

Son opinion des religions et des ésotérismes de tout poil se résumait probablement au refrain de Georges Brassens:

« Je ne crois pas un mot
de toutes ces histoires. »

Pourtant, il aimait visiter les églises. Pour moi, c’était une sorte de sacrilège : je m’y sentais mal à l’aise. Il a fallu que je me convertisse pour ne plus me sentir comme une intruse dans une église.

Son propre père Théophile était beaucoup plus mystique que lui. A l’enterrement de Théo, Marc a dit : « Nous n’avions pas les mêmes idées, mais il m’a toujours témoigné de l’affection. »

Si seulement science et religion pouvaient toujours se comprendre ainsi par le cœur !

Croire n’est pas savoir. Le scientifique expérimente, le croyant témoigne.

Nous sommes des témoins de petits bouts de choses : le grand tout divin nous échappera toujours et il est aussi vain de vouloir prouver l’existence de Dieu que son inexistence. Dialogue de sourds. Pourquoi chercher à expliquer ? C’est impossible.

Mon père m’a donné tant d’amour que la confiance que j’ai envers Dieu le Père souffre un peu de la comparaison ; la rançon du bonheur – sauf quand je considère que l’amour de mon père était peut-être une émanation de l’amour de Dieu.

***

La traduction de chansons est mon dada. Pour dire adieu à
L’Essentiel, dans lequel je n’écrirai plus, permettez-moi de publier ici une adaptation maison d’un chant choral de nos amis luthériens (Psaume 37, 5) :

Inspiré de « Befiehl du deine Wege »

(Paul Gerhardt, J.-S. Bach)

Quand tout te désenchante,
Confie ton cœur enfin
Au Dieu bon qui oriente
Là-haut le ciel sans fin
Les astres au bord du vide
Les nuages et les vents
Sur leur voie il les guide
Il te conduira en avant

Et en écho aux scandales de pédophilie, j’ai envie de détourner la Chanson de Gavroche:

Suis tombé dans le vide,
La faute à André Gide,
Au fond du caniveau,
La faute à Jean Cocteau

(Original de Victor Hugo : Je suis tombé par terre / C’est la faute à
Voltaire / Le nez dans le ruisseau / C’est la faute à Rousseau
)

Une Etoile dans les étoiles !

Mirka Dessauges, astrophysicienne d’Aigle

PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE BLUMENTHAL
PHOTOS : SYLVIE BLUMENTHAL, DR

Qui est Mirka ?

Je viens de Slovaquie et suis arrivée en Suisse, à Aigle, avec mes parents et ma sœur en 1984, où j’ai grandi et étudié. Attirée par le ciel, j’ai profité de la chance d’être proche des montagnes et d’être dans une ville sans trop de pollution lumineuse, pour observer le ciel. Je suis docteure en astrophysique depuis 2003 ; j’ai la chance d’avoir un poste de maître d’enseignement et de recherche en astrophysique à l’université de Genève, tout en habitant Aigle. J’ai ainsi pu rester dans ma région tout en exerçant le métier qui me passionne. Je suis mariée et maman de petites jumelles.

En quoi consiste votre métier ?

Le métier d’astrophysicien, qu’on appelait autrefois astronome, est très ancien. Déjà avant Jésus Christ, les gens observaient les astres dans le ciel pour comprendre la place de l’homme et de la terre dans l’univers. Ils étaient à la fois astronomes et philosophes. Actuellement, on étudie la physique de tout ce qui nous environne – planètes, étoiles, systèmes plus gros qu’on appelle galaxies et la formation et l’évolution de ces astres dans l’univers.

Qu’est-ce qui vous a motivée à choisir cette voie ?

Vers 10-11 ans, j’ai regardé tout à coup le ciel et j’ai vraiment eu envie de connaître et comprendre les étoiles. De plus, je pense qu’on aimerait bien savoir si la vie se trouve uniquement sur Terre ou non – des questions fondamentales qui n’ont pas encore de réponses aujourd’hui. Depuis la découverte des exoplanètes, on sait qu’actuellement il y a énormément de planètes orbitant autour d’autres étoiles que le soleil et on essaie toujours de comprendre s’il peut y avoir aussi de la vie. Vu leur grand nombre, il y a des milliers de possibilités.

La science place la création du monde à partir du big bang ; en tant que chrétienne, comment arrivez-vous à concilier science et foi ?

En astronomie, ce n’est pas trop difficile. C’est vrai qu’on arrive à expliquer énormément de choses. Tous les phénomènes observés dans l’univers – gravitation, effets quantiques, relativité générale, etc. – sont régis par des lois physiques scientifiquement expliquées, ce n’est pas du hasard. On a aussi des preuves observationnelles d’un big bang. On peut remonter jusqu’à quelques minutes /secondes après le big bang et expliquer ce qui s’est passé ; on ne peut donc pas en douter. Malgré tout, il reste de la place pour beaucoup de mystères ; par exemple, on sait que le big bang a eu lieu, mais pas ce qui l’a déclenché. Est-ce que le temps s’est créé à ce moment ou existait-il déjà avant ? Je dirais que dans ma carrière en astronomie, je n’ai pas de problème avec la foi chrétienne, car il reste ce mystère de la genèse de l’univers qu’actuellement on ne peut pas expliquer et qu’on n’arrivera probablement jamais à expliquer.

Après, au quotidien, la vie scientifique, c’est bien ; mais, si on veut grandir dans l’amour – on peut l’appeler christianisme, taoïsme, bouddhisme, islam, etc. – dans un monde où vivent plus de 8 milliards de personnes, il faut trouver une ligne de conduite, une morale importante, chrétienne ou autre, qui va au-delà de la science. C’est un fait d’expliquer la médecine, la biologie ou l’astronomie ; mais je pense que pour l’esprit humain, on a besoin de plus et cela, la science ne l’apporte pas forcément.

Pour observer les planètes il faut beaucoup de patience. Est-ce que vous arrivez à appliquer la même rigueur dans la pratique de la foi et comment la transmettez-vous ?

J’ai longtemps été une catholique très pratiquante, surtout grâce à mes parents. J’ai même fait partie des Focolari. Actuellement, avec moult occupations et mon métier très prenant, je ne suis plus assidue à la messe. Mais mes filles ont beaucoup de plaisir à aller à la catéchèse. J’essaie de leur transmettre ma foi en les éveillant à l’émerveillement face à la beauté de ce monde, lors de nos balades en montagne ou en observant le ciel, la nuit. On est très sensible au problème de la conservation de cette planète, ce cadeau qui nous a été confié. Comment la préserver ? Aimer son prochain même s’il n’est pas très agréable, trouver cette force dans l’Amour pour pouvoir pardonner, ne pas rendre le coup qu’on reçoit, sont des valeurs importantes qu’avec mon époux, nous essayons de vivre en famille. On se rend compte que pour une de nos filles, c’est important d’avoir Dieu dans la vie – cette tierce personne qui est là, à qui elle parle de ses soucis, à qui elle se confie. Avec Dieu, elle sait qu’elle n’est pas seule, même dans les moments difficiles, car Il est toujours présent.

Préserver la planète : est-ce que cela a un impact au niveau de l’astronomie ?

Non ! L’écologie ou l’effet de la sauvegarde de la planète en soi n’influence pas le reste de l’univers. On peut même dire qu’actuellement, le fait que la température augmente et qu’il y a des effets de serre sur la terre, c’est complètement indépendant du cycle solaire. Il est vrai que sur une très longue échelle géologique, des périodes chaudes et froides ont toujours existé. Mais actuellement, il y a une très forte accélération de ce phénomène d’augmentation de température, non par effet géologique, mais à cause de l’industrialisation et de l’activité humaine. Néanmoins, cela n’impacte pas encore l’observation des étoiles partout sur la terre. Par contre, la tendance actuelle d’envoyer de nombreux satellites en orbite gâche l’observation du ciel en créant des parasites dans nos images. C’est de nouveau l’impact humain, et vu qu’on est majoritairement tributaire de rester sur terre pour observer le ciel, ça peut devenir problématique.

Avez-vous un message à faire passer à nos lecteurs ?

Oui, un message en lien avec l’écologie, la préservation de notre monde. Je suis fondamentalement persuadée que l’univers est suffisamment vaste pour qu’il y ait de la vie ailleurs. Mais c’est impossible d’aller vers ces mondes, car ils sont simplement trop lointains. Même avec le développement scientifique, jamais on ne pourra atteindre une autre planète hors du système solaire et on ne pourra y vivre. Je dirais donc : prenons soin de ce qui nous a été offert et qui est là, à côté de nous, parce qu’on ne pourra pas voyager vers un autre monde. Ceci passe par notre comportement quotidien – le partage, la modération et aussi par une éducation chrétienne. Je crois qu’être chrétien, ça va avec le fait de vouloir rester humble et ne pas abuser de ce qu’on a.

 

3 questions à… Jésus !

Pourquoi pas ? Le mois de décembre est celui qui pointe vers la célébration de sa naissance – bien qu’Il ne soit pas né un 25 décembre ! Comment voit-il cette période ?

PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : DR

Cher Jésus, tu vas voir une fois encore les temples et les églises se remplirent de gens qui viendront écouter des concerts, des veillées, des Carols, des messes et des cultes bien préparés, pour familles ou avec chœur… qu’en penses-tu ?

Cela me réchauffe le cœur de voir que c’est par la beauté que l’être humain se laisse émouvoir et mouvoir… Pour ma part, c’était la beauté du lys dans les prés qui m’avait le plus ému. Et mu, car j’ai parcouru des kilomètres dans mon propre pays, jusqu’à ses frontières décriées par les bien-pensants et j’y ai toujours trouvé la beauté de la nature, simple et sobre, à l’image de Dieu…

Comment vis-tu le fait que toi et nous savons bien que tu n’es pas né un 25 décembre ?

Eh bien moi non plus, comme des milliers de personnes aujourd’hui dans le monde, spécialement dans des pays où l’administration est déficiente, je ne sais pas exactement ma date de naissance. Mes parents me disaient que c’est à 12 ans, lors de ma Bar Mistvah, que je suis né véritablement : à la communauté juive, à notre village, aux yeux de Yahvé. Pour ma part, il me semble être né des centaines de fois : quand, au matin, contemplant le soleil se lever de derrière les montagnes – j’aimais bien aller seul, tôt, dans la solitude des collines –, le premier rayon me caressait le visage comme un « Shalom » de Dieu mon Père ; quand, le jour où mon cousin Jean-Baptiste m’immergea dans les eaux du Jourdain ; quand mes disciples revenaient, fatigués et tout heureux d’avoir reçu l’annonce que le Royaume était tout proche et changeaient le cœur des écoutants ainsi que le leur…

Que souhaiterais-tu dire à la communauté de Saint-Joseph ?

Chaque matin est un Noël car je ne dors pas mais veille à tes côtés, ô paroisien.ne ! Chaque jour est un Noël car donner est facile et apprendre à recevoir encore mieux. Chaque soir est un Noël car la nuit n’est point ténèbre, mais appelle à la confiance et à l’espérance car demain me porte vers un nouveau jour… de Noël ! Et puis, fais simple cette année, tu veux bien ?

Ces sourds qui savent écouter

Marlène Pochon vit à Chamoson. Elle est maman et grand-maman. Elle a travaillé plus de 20 ans comme infirmière. Il y a 16 ans, elle a ressenti le besoin de changer d’orientation professionnelle. Marlène donc a choisi de se mettre au service des personnes sourdes et
malentendantes. Elle travaille comme codeuse interprète en LPC, c’est-à-dire langage parlé complété …

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Mosaïque d’Alexandre Blanchet

Eglise Saint-Joseph, Genève

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

L’œuvre que je vous présente ce mois-ci est toute particulière pour moi : Saint-Joseph est l’église de mon enfance. J’ai grandi, dimanche après dimanche, en regardant Jésus marchant sur un établi qui ressemblait beaucoup à celui qui se trouvait dans l’atelier de mon papa encadreur. Cette mosaïque nous parle précisément de cela : d’une histoire d’enfance, d’une photo de famille, de quelques instantanés de la vie d’un enfant et de ceux qui ont pris soin de lui.

Chaque année, pendant la période de l’Avent, nous écoutons les mêmes textes. Avec le temps, nous oublions peut-être de nous laisser émerveiller par l’extraordinaire message de l’ange : « Voici que la Vierge concevra et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit: ‘‘Dieu-avec-nous’’. » (Mt 1, 23)

L’œuvre d’Alexandre Blanchet nous invite à nous arrêter sur ce qu’est l’Incarnation. Le Dieu qui a fait le ciel et la terre, celui qui a fait sortir Israël du pays d’Egypte, qui a fait toutes ces grandes choses… nous rejoint sur terre. Il aurait pu venir directement en tant qu’adulte. Il choisit cependant de le faire, non comme Mary Poppins qui apparaît portée par le vent pour aider les familles qui en ont besoin, mais comme un bébé. Et même comme un embryon qui grandit dans le ventre de sa mère. Notre Dieu se remet, fragile parmi les fragiles, entre les mains de ses créatures. Il choisit de tout recevoir de deux êtres humains.

Ici, Jésus apprend à marcher, tenu par les mains de Joseph; la Sainte Famille est rassemblée autour de l’établi où Joseph travaillait. On rétorquera peut-être que ces scènes ne sont pas bibliques. C’est vrai, elles ne font pas partie de celles qu’il a semblé essentiel de transmettre par les Evangiles. Toutefois, elles nous aident à (re)découvrir des aspects auxquels nous ne pensons peut-être pas tous les jours. Cet enfant qui marche sur l’établi, c’est notre Dieu…

Sépulture dans l’intimité

PAR CALIXTE DUBOSSON | PHOTOS : CATH.CH/FLICKR

Paris 9 décembre 2017: le décès de Johnny Hallyday crée une émotion nationale. Lors de ses obsèques, un «hommage populaire» lui est rendu avec une descente des Champs-Elysées en musique, par le cortège funéraire, devant près d’un million de personnes. Suit une célébration religieuse en présence de nombreuses personnalités politiques, de la chanson, du cinéma et des médias. Le tout est retransmis en direct par les chaînes d’information, en continu.

Authon (France), samedi 5 dé­cembre 2020 : une quarantaine de personnes – famille et cercle proche – assistent à la messe de sépulture de M. Valéry Giscard d’Estaing. Une assemblée réduite, imposée par les mesures sanitaires, mais qui correspond au « souhait et à la volonté » d’intimité de l’ancien président de la République.

Sion, 11 janvier 2021 : « Je désire que ma mort soit annoncée et accueillie comme une fête, celle de la rencontre du Père dans les cieux, la troisième naissance », avait écrit le cardinal Henri Schwery dans son testament spirituel. Malgré ce désir, les normes imposées par la pandémie ont drastiquement limité la participation à ses funérailles : cardinal ou pas, c’était 50 personnes, pas plus.

L’intimité, une pratique de notre temps

Trois événements, trois manières différentes de vivre un deuil. La pandémie du Covid a contraint les familles à vivre leur deuil dans l’intimité. Pourtant, cette pratique n’est pas nouvelle. Elle était en progression constante depuis quelques années. Ce phénomène montre une approche totalement inédite de la façon d’appréhender et de vivre l’évènement de la mort. On assiste actuellement à une modification de l’attitude des gens face aux rituels qui accompagnent la mort ; les funérailles sont de plus en plus fréquemment célébrées dans l’intimité de la famille, voire dans la plus stricte intimité, dans une église, dans un centre funéraire ou dans les locaux aménagés des entreprises de pompes funèbres elles-mêmes. La dimension sociale est progressivement écartée. Par ailleurs, on ne fait plus systématiquement appel au prêtre pour la célébration.

Cette évolution est plus particulièrement perçue en milieu urbain. Dans un village où société civile et communauté religieuse se recoupent souvent plus largement, la sépulture est un événement qui revêt à la fois un caractère social et religieux. En effet, de près ou de loin, une large partie de la population se sent concernée par la mort d’un membre de la communauté villageoise, en raison de sa proximité avec lui. Très souvent, beaucoup ont partagé un bout d’histoire avec le défunt ou sa famille.

En ville, il en va autrement. Cela ne fait pas toujours sens de célébrer des funérailles à l’église si le défunt n’était pas croyant ou si sa proche famille ne l’est pas non plus. Après discussion avec les services funèbres, avec le prêtre, on opte alors pour une célébration dans l’intimité ou dans la plus stricte intimité. Cela met en évidence un élément qui m’interpelle : la famille ne prend plus nécessairement en compte le lien social de son défunt, aussi petit soit-il, pour laisser la possibilité aux personnes ayant, d’une manière ou d’une autre, été proches de celui-ci, de lui dire « à Dieu ». Cela n’est pas toujours bien accepté par ces personnes qui expriment parfois leur regret et leur désapprobation.

L’intimité vue par les professionnels

Comment en est-on arrivé là ? Pour un employé des pompes funèbres : « Certaines familles vivent des ruptures, des déchirures en leur sein et n’envisagent pas d’être exposées au regard de tous : comme mises à nu. La célébration dans l’intimité est alors une protection. » Pour un autre : « L’aspect financier pèse lourd : par exemple, l’argent manque et il apparaît impossible d’honorer la présence de chacun à travers une invitation à une agape largement ouverte. » Pour d’autres enfin, la participation importante ou faible aux obsèques risque de mettre à nu les bonnes ou mauvaises qualités relationnelles du défunt. Ils choisissent alors une cérémonie privée de public.

Georges Mottiez, ancien directeur de pompes funèbres, « considère que la perte, ou l’absence, de pratique religieuse parmi les jeunes générations explique en grande partie la demande d’intimité. Il n’y a plus aucun repère. Les gens viennent à l’église avec leur playlist pour la cérémonie, ignorant qu’il y a souvent un chœur pour l’enterrement. On se fait sa propre religion. C’est « à la carte » », précise-t-il. Même si le défunt était pratiquant, il arrive que les enfants changent parfois les dernières volontés du parent, en demandant l’intimité. La célébration n’a plus la même dimension. La famille souhaite une célébration simple, pas trop longue. Par ailleurs, on ne veut plus trop s’afficher à l’église dont on s’est éloigné ou qu’on n’a jamais fréquentée. Les gens ne participent plus à l’assemblée dominicale, notamment après avoir été forcés dans leur enfance ou leur jeunesse.

Citée par le Journal de Cossonay en 2013, la pasteure Christine Nicolet regrette cette situation : « Nous sommes tous touchés par l’individualisme de notre société, et nous nous en plaignons. Alors pourquoi contribuer encore à la montée de la solitude en demandant à partir tout seul ? La mort n’est pas une affaire privée, elle est affaire de société. En tout cas si on veut que cette société continue d’être humaine. »

L’intimité imposée

Voilà ce qui est pour une intimité choisie et assumée. Mais qu’en est-il lorsque celle-ci est imposée par les circonstances ? La pandémie du coronavirus a profondément impacté la façon de vivre de notre société et aussi celle de l’Eglise. Nous avons été contraints d’aller contre nos réflexes naturels de solidarité avec les familles en deuil en les laissant seules assumer une « double » peine : celle de perdre un être cher et celle de ne pas pouvoir célébrer avec la communauté des amis et des connaissances.

De tout temps, la réaction spontanée des personnes humaines a été de présenter à la famille endeuillée ses condoléances soit par une présence physique, soit par des messages et des offrandes de messes. Au temps de Jésus déjà, les sépultures rassemblaient une affluence considérable comme le souligne saint Luc : « Jésus se rendait dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on transportait un mort pour l’enterrer; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule considérable accompagnait cette femme. »

Soit en tant que prêtre, soit en tant que famille, lors des célébrations dans l’intimité, jamais nous n’avons autant cruellement ressenti l’absence de nos proches et connaissances ainsi qu’un désir d’être entourés et consolés par des poignées de main ou des accolades sincères. Il est donc précieux de redire ici le rôle essentiel de la communauté paroissiale dans le processus de deuil. Pourtant, j’ai ressenti que les brèves cérémonies vécues dans un décor plus restreint que l’église paroissiale, avec une approche plus personnalisée notamment avec des textes et des musiques que le défunt appréciait, a mis du baume au cœur des familles. Beaucoup ont quand même trouvé une réelle consolation dans ces moments de prière.

Quel avenir pour le processus de deuil ?

La question se pose donc : verra-t-on une augmentation de l’intimité amorcée avant la pandémie ? Ou au contraire, assistera-t-on à un retour de belles cérémonies vécues par de grandes assemblées ? Verra-t-on les célébrations comme celle de Johnny Hallyday devenir monnaie courante ou alors assistera-t-on à un renforcement de celle vécue pour Valéry Giscard d’Estaing et pour le cardinal Schwery qui auraient, à coup sûr, rempli trois églises ? La réponse est à lire d’ici peu dans les faire-part des familles endeuillées de nos quotidiens.

Une prière exaucée

Une dame de 90 ans, fille unique et célibataire, m’a confié qu’elle priait tous les jours pour qu’il y ait du monde à son enterrement. J’ai accueilli cette confidence sans lui rétorquer que c’était humainement impossible. Le jour de son décès, nous fixons la cérémonie pour le mercredi suivant.
Deux heures après, un autre décès m’est signalé. La famille désire également le mercredi. Je réponds que c’est impossible, la place est déjà prise. La famille insiste :
«Ne peut-on pas s’arranger avec la famille de la dame pour une cérémonie commune?» «Bien sûr», acquiesce le curateur de la nonagénaire. L’église fut remplie et la prière de la dame pleinement exaucée !

La veuve et la foule (Luc 7, 11-17)

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR

Quand il est question de funérailles, dans les évangiles, et que Jésus y est mêlé, la famille du défunt est toujours fort bien entourée: ainsi de nombreux Juifs sont venus auprès de Marie et Marthe, les proches du Christ, pour les consoler de la mort de leur frère (cf. Jean 11, 45). De plus, ils restent avec elles quatre jours après la mise au tombeau de Lazare. Si bien qu’ils peuvent assister au miracle du retour à la vie de ce dernier, grâce à l’intervention priante de Jésus : après avoir vu pleurer Marie et les Juifs qui l’accompagnaient, le Maître frémit, il pleure lui aussi, il invoque le Père et arrache son ami à la mort (cf. 11, 33-44). C’est devant l’assemblée des personnes présentes que le Fils de Dieu opère, si bien d’ailleurs que certains vont le dénoncer auprès des pharisiens pour qu’il soit arrêté et mis à mort.

Quand la veuve de Naïn porte en terre son fils unique, une foule considérable de la ville est là et fait route avec la femme désespérée (cf. Luc 7, 11-17). Les gens deviennent ainsi eux aussi témoins de l’acte de résurrection du Christ, lorsque celui-ci s’approchant, touchant le cercueil, intime l’ordre au jeune homme de se lever et qu’il le rend à sa mère. Le deuil et l’œuvre du Fils de l’homme se vivent en groupe.

C’est en peuple que le Seigneur sauve Israël, c’est en communauté que la populace se laisse alors saisir d’admiration devant l’événement inconcevable et glorifie Dieu pour le prophète qui s’est levé de la sorte et a visité la nation élue. C’est toujours en communauté que la Trinité nous rejoint, lorsque nous sommes frappés d’abattement et de malheur et qu’elle nous remet debout par l’espérance.

Ne restons jamais seuls, dans nos épreuves. L’Esprit nous donne des frères et des sœurs « con-solateurs » (c’est le sens du terme latin cum-solus, être avec ceux qui sont seuls). Laissons-nous porter et soutenir par eux. Et donnons à tous la possibilité de dire adieu à la personne décédée.

Steve Dunn, de la passion du Chant à la vibration de la Foi

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2021

PAR ANNE-MARIE COLANDREA
PHOTO : STEVE DUNN

Steve Dunn, dès sa plus petite enfance, a toujours été habité par la musique et de manière indissociable par le chant. Il avait une «bonne oreille»: on lui demandait souvent de préciser les accords pour ses camarades guitaristes et chanteurs. A l’âge de 11 ans, Steve arrive à Genève où il déploiera ses talents musicaux jusqu’à composer des chansons, et à chanter dans un groupe rock. Il choisira de poursuivre ses études en guitare classique, il se formera aussi à l’enseignement. Pour Steve, la direction de chœur manifeste le plaisir du partage : être avec des personnes qui aiment simplement chanter en amateur ou en professionnel, en église ou en concert. Son goût pour la musique sacrée croît et mûrit au fil de ses expériences et de sa formation. Il nous confie : « Pour moi la preuve que Dieu existe est que l’harmonie existe, que la musique existe, et chaque fois que l’on chante, on est en train de louer Dieu. »

Steve affirmera sa formation en direction chorale et en direction d’orchestre au Conservatoire supérieur de Genève (actuel HEM). Il y rencontrera un maître en la personne de Michel Corboz qui demeure pour lui une figure décisive dans l’approche de la musique sacrée et de la direction de chœur. A cette époque, il chante dans l’Ensemble vocal de Lausanne et devient l’assistant du maître. Steve vibre toujours de mille facettes et ne cesse de transmettre sa passion et son art : outre le chœur mixte et la Maîtrise de Sainte-Thérèse, il dirige, avec autant de professionnalisme, trois autres chœurs de Genève à Neuchâtel.

En 2002, il est appelé à la direction du chœur mixte de la paroisse Sainte-Thérèse composé de chanteurs de longue date, dont certains répondent toujours présents. L’atmosphère des répétitions se déroule sous le signe de la bonne humeur avec le plaisir de chanter et d’œuvrer pour vivre de beaux et grands moments de la liturgie. En 2013, il relance la Maîtrise de Sainte-Thérèse avec ce désir de donner aux enfants l’envie de chanter dans l’église. Les enfants de la Maîtrise animent avec Steve, Humberto et d’autres amis musiciens, les messes des familles de la paroisse.

Steve, vous l’avez compris, dévoile plus d’une corde… il est compositeur, il a créé trois messes ; il est fédérateur en participant à la création de la nouvelle Fédération des chœurs Genevois. Il ne manque pas d’initiative et de créativité même en « période covid » et ce grâce aussi aux talents de sa famille : chez les Dunn, la musique et surtout le chant représentent toute une histoire de famille ! Steve résume le vécu de cette dernière année comme un temps pour « réfléchir à ce qui compte dans ma vie : ma famille, mes amis, le chant, ma Foi, ma relation à Dieu… le tout ne faisant qu’un ».

Il souhaite encourager toute personne à chanter, sans hésiter, il y a de la place pour tous. Steve invite à venir, à voir et à vivre une répétition : il en est de même pour les enfants. Chanter ça s’apprend, ajoute-t-il, même si l’on chante faux. Il faut se donner le temps. La patience est l’art du chef de chœur. Le chant, précise-t-il avec enthousiasme, est quelque chose de créé, que l’on recrée avec l’interprétation. Le chef et le chœur se communiquent mutuellement l’énergie de la vie. Partager le sens du beau, permettre l’ouverture vers Dieu – qui s’avère immédiate chez l’enfant – autant de motivations et de passions qui animent Steve et qu’il transmet : « La musique et le chant m’ont aidé à retrouver ma Foi et sans cesse me portent à la vivre. »

Pour en savoir plus : voir sur le site https://saintetherese.ch; et notamment dans la rubrique « instant musical ».

Nous sommes Eglise

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), novembre-décembre 2021

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Belle célébration d’ouverture de l’année pastorale le 5 septembre à la Colombière : festive, priante, elle nous a permis de prendre conscience que « nous sommes Eglise » – le thème de l’année qui s’ouvre. Etre Eglise, qu’est-ce que cela signifie ? C’est, ouverts au souffle de l’Esprit, communiquer pour bâtir ensemble des communautés où il fait bon vivre et prier. C’est élaborer des projets ensemble pour la joie de tous. C’est nous engager, à notre mesure et selon nos talents, pour une Eglise qui appelle et accueille, une Eglise, aussi, qui répond aux questionnements de nos contemporains – nombreux et profonds.

Le 10 octobre, le pape François a inauguré le synode sur la synodalité, un processus qui durera trois ans. Objectif ? Redonner la parole au peuple de Dieu en réformant la gouvernance de l’Eglise. Reconnaître et promouvoir les compétences des laïcs pour lutter contre le cléricalisme et la rigidité. Synodalité veut dire « marcher ensemble » à l’écoute de l’Esprit pour discerner la volonté de Dieu. « Il s’agit de repenser la structure hiérarchique de l’Eglise pour qu’elle soit au service de la fraternité », écrivent Monique Baujard et Etienne Grieu dans la revue « Etudes » d’octobre. Tout un programme qui nous appelle à retrousser nos manches. Dès aujourd’hui !

Notre Unité pastorale s’est mise en route, manifestant son désir de synodalité, par l’envoi en mission de laïcs lors de la messe de reprise. Beau signe : c’est aux laïcs – en collaboration avec les prêtres – qu’est confiée l’Eglise de demain. Dans une société sécularisée et pluraliste, ils sont en première ligne pour témoigner de l’Evangile. Comment ? Il leur faut écouter le monde de ce temps pour entrer dans les questionnements de leurs contemporains et oser la rencontre et le dialogue pour ouvrir des chemins capables d’articuler le message de l’Evangile avec leurs interrogations. Car annoncer la Bonne Nouvelle, c’est d’abord partager la foi qui nous nourrit avec celles et ceux que nous croisons sur nos chemins de vie – « le centre de gravité de l’annonce de l’Evangile quitte les structures ecclésiales et passe aux  » simples laïcs  » ». En puisant dans l’eucharistie dominicale les paroles et le pain pour la route.

Au fil des mois, l’Equipe pastorale nous proposera aussi trois conférences et trois veillées de prière pour approfondir notre foi et mieux en vivre au quotidien. Autant d’occasions de nous retrouver, de réfléchir et de prier ensemble, autant d’occasions d’être Eglise. Ne manquons pas ces puits où nous désaltérer. Et partager, dans l’audace et l’ouverture, nos projets et nos rêves. Pour la croissance de l’Eglise et la joie de tous.

La prière ouvre à la communion avec les défunts

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), novembre 2021

L’abbé Rémy Delalay, prêtre de notre secteur, témoigne de la façon dont il accueille les familles qui viennent de perdre un proche.

TEXTE ET PHOTO PAR RÉMY DELALAY

Quand on me demande une sépulture, une des premières questions que je dois poser est de savoir si la famille la souhaite dans l’intimité ou avec toute la communauté paroissiale. De plus en plus souvent, on me répond qu’elle sera dans l’intimité. Je dois alors demander si elle sera à l’église paroissiale, dans la chapelle des pompes funèbres ou dans un centre funéraire. Il était autrefois évident que toute la vie chrétienne se déroulait dans l’église du village : du baptême à la sépulture. De nos jours, l’important est d’accompagner nos défunts de notre prière et de les confier à Dieu avec amour et dignité et cela est possible aussi en dehors de l’église paroissiale, que beaucoup de nos contemporains ne visitent plus forcément régulièrement. Ils en sont donc moins attachés.

Comme il n’y a pas de chorale pour animer la célébration, la famille s’investit et s’implique pour choisir un chant et une musique, pour faire la lecture et la prière universelle et dire quelques mots sur la personne qui nous a quittés. Comme l’assemblée est assez petite, on se sent plus proche les uns des autres, plus en famille, plus en sécurité, les larmes coulent ainsi plus facilement et simplement que dans une grande assemblée qui peut impressionner. Comme prêtre, comme pour une sépulture publique, je tente d’y apporter une parole d’espérance et de consolation en m’adressant directement aux personnes les plus éprouvées qui sont souvent à deux mètres de moi. Cette proximité rend la compassion et l’empathie encore plus fortes. Ma présence est signe de la présence du Christ à leur côté et aussi de la présence de la paroisse dans leur deuil. L’assemblée des fidèles prie en effet à chaque messe pour tous nos défunts. Prier pour les défunts et leurs familles dans la peine et l’épreuve du deuil est une œuvre d’amour et de charité. Même sans présence physique, par la prière et la foi, les paroissiens ont une présence spirituelle auprès des endeuillés.

Une sépulture dans l’intimité se déroule généralement sans la distribution de la communion. Celle-ci aura lieu lors de la messe de 7 e ou du souvenir que beaucoup de familles souhaitent vivre en paroisse. Là, surtout s’il n’y a pas eu de visites à la crypte, les connaissances et les membres de diverses sociétés peuvent s’associer au deuil des proches par une présence amicale et réconfortante.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles trépassés reposent en paix. Amen.

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