Dimanche des laïcs

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), janvier-février 2021

Par Geneviève de Simone-Cornet | Photo: DR

Le dimanche de l’apostolat des laïcs aura lieu le 7 février. L’occasion, pour des laïcs engagés en Eglise, de témoigner. Et pour chacun de connaître les mouvements d’apostolat qui composent la Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL).Les textes de la liturgie de ce dimanche font écho au temps de pandémie que nous avons traversé l’an dernier et dont les effets se prolongent aujourd’hui. Un virus est venu déranger la belle mécanique de notre société et nous rappeler brutalement notre vulnérabilité et notre interdépendance: oui, nous sommes fragiles, nous pouvons être touchés par la Covid-19.

En ce dimanche des laïcs, les textes nous invitent d’abord à écouter la plainte de Job : « Je n’ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance », « ma vie n’est qu’un souffle ». Combien sont-elles, les victimes de la Covid-19, à pouvoir reprendre ces mots à leur compte ? Frères et sœurs de Job, elles sont nombreuses à crier vers Dieu du fond de leur détresse. Ecoutons-les, tendons-leur la main, « prenons soin les uns des autres », surtout des plus faibles, nous dit le pape François dans sa dernière encyclique, « Fratelli tutti » (« Tous frères »), sur la fraternité et l’amitié sociale, publiée en pleine pandémie. Job crie encore aujourd’hui, sa plainte est plus actuelle que jamais. Et l’appel à la solidarité résonne encore plus fort à nos oreilles de laïcs baptisés engagés dans nos paroisses et nos mouvements : « Vivre dans l’indifférence à la douleur n’est pas une option possible », nous avertit le pape.

Une foi en actes
Cet appel traverse toute la Bible. Il nous est adressé chaque jour, et plus encore en ces temps difficiles. Les textes de ce dimanche nous invitent à annoncer l’Evangile d’abord auprès des souffrants de notre temps, des victimes de la Covid-19, en adoptant l’attitude de Paul : « Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous ». Et en faisant confiance à Jésus, qui guérit la belle-mère de Simon et beaucoup de malades, comme nous le rapporte l’Evangile.

Mais pour lui, annoncer et guérir vont de pair. N’est-ce pas une façon de nous dire que nous sommes appelés, nous chrétiens, à vivre une cohérence entre nos paroles et nos actes, à ne jamais séparer foi et amour du prochain ? Notre foi se vit dans nos actes et nos actes témoignent de notre foi. François nous le rappelle : le chrétien reconnaît « le Christ lui-même dans chaque frère abandonné ou exclu », et lui venir en aide c’est annoncer l’Evangile. Et si Dieu « guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures », nous dit le psaume, ce n’est pas sans nous. Là où nous sommes engagés, avec la diversité de nos charismes.

La CRAL vous offre une vaste palette de mouvements pour conjuguer annonce de l’Evangile et amour du prochain. Peut-être en trouverez-vous un à votre mesure.
Bienvenue !

Semence d’espérance et de vie

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), janvier 2021

Par Gildas Tchibozo | Photo: DR

Etre chrétien n’est pas une assurance tous risques.

Etre chrétien nous expose à d’éventuelles et perpétuelles persécutions dans le monde.

Cela est si vrai que, Jésus, en annonçant sa Passion à ses disciples, leur prédit :
« On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon Nom. » Lc 21, 12

Aussi, depuis ses origines, le christianisme a toujours été contesté, rejeté et combattu.

Les plus grandes et violentes persécutions ont eu lieu dans les quatre premiers siècles, sous l’Empire romain d’alors. A titre d’exemples, on peut citer : celles de Dèce en 250, de Valérien en 257-258, de Dioclétien en 303-305.

Mais bien avant ces périodes, il y a eu souvent des émeutes et effets de foules où les chrétiens sont victimes de violences sanglantes. C’est le cas d’Etienne, premier Martyr, mort par lapidation ; ou encore de Pierre et Paul, massacrés sous l’Empereur Néron vers l’an 64.

Ces premiers Martyrs de l’Eglise ont favorisé la foi chrétienne catholique. C’est ce qui fait dire à Tertullien : « Le sang des Martyrs est une semence de chrétiens. »

Du Moyen-Âge à nos jours, les persécutions ont pris diverses formes allant des représailles à l’interdiction de culte.

Aujourd’hui, la réalité est toujours présente, avec des persécutions physiques, morales, psychologiques, idéologiques et même médiatiques.

On se souvient encore du Martyre des sept moines de Tibhirine en Algérie en 1996, ou plus loin celui du Bienheureux Maurice Tornay en 1949 au Tibet…

Les chrétiens persécutés communient aux souffrances du Christ crucifié.

Les persécutions sont un chemin de sainteté et un moyen de salut :
« Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouisse-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » Mt 5, 11-12a

Martine Toffel Geinoz

Les élèves de l’école Saint-Nicolas en cours de catéchèse avec l’abbé Evrat.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), janvier-février 2021

Propos recueillis par Véronique Benz
Photo: DR

En vous promenant près de la place Georges-Python à Fribourg, vous croiserez certainement des enfants s’y amusant. Ce sont les élèves de l’École Saint-Nicolas en récréation. Cette petite école privée sise au cœur de la ville de Fribourg a fêté ses vingt ans en 2020. Elle accueille les enfants pour les deux années de préprimaire (1H et 2H) et les six ans de primaire (3H à 8H). Rencontre avec Mme Martine Toffel Geinoz, l’actuelle directrice de l’école.Depuis la première rentrée scolaire en septembre 2000, plus de 270 élèves ont pris le chemin de l’École Saint-Nicolas. Au départ de cette initiative un groupe de parents. « Beaucoup de choses ont évolué, voire changé, et il ne faut jamais généraliser. Nous étions alors un groupe de parents et d’enseignants désireux de donner des bases scolaires solides et un enrichissement spirituel à nos enfants. Nous avions décidé d’être positifs, de construire plutôt que de critiquer et de juger », souligne Martine Toffel Geinoz.

L’école désire offrir une bonne structure autant intellectuelle que religieuse et morale aux enfants. Les professeurs enseignent toutes les bases du cursus primaire au moyen de méthodes structurées ayant fait leurs preuves. « Nous utilisons également de nouvelles méthodes correspondant à nos besoins, ceci toujours dans un esprit catholique. » Cependant, l’école accueille les enfants de toutes confessions. Une commission de bourses ad hoc permet aux familles qui en auraient besoin de recevoir une aide financière.

Une école catholique
Pour Mme Toffel Geinoz, enseigner dans une école catholique est davantage une manière d’être qu’une manière de faire. « Chacun a son style, si je peux me permettre. On me disait, quand j’ai fait mes études, qu’on enseigne plus ce qu’on est que ce qu’on sait. C’est une grande chance de pouvoir travailler en étant en accord avec sa foi et les valeurs qui nous sont chères et de pouvoir les transmettre au fil des heures et des journées, comme Monsieur Jourdain, en somme : sans même s’en rendre compte. »

La directrice de l’école a des souvenirs plein son cartable. « Les souvenirs, c’est un peu comme le bonheur : il y en a plutôt beaucoup de petits qu’un seul et grand. » Elle cite en vrac : « La première invitation de notre évêque à participer à la Fête-Dieu, plusieurs baptêmes, des anciens élèves qui viennent nous voir, ceux qui se présentent dans la rue et discutent…, les enfants arrivés chez nous avec de grandes difficultés scolaires, ou autres à qui nous avons pu redonner confiance et qui vont bien, les fêtes de fin d’année, si conviviales et joyeuses. »Plus de renseignements sur:
www.saint-nicolas.ch

Je souhaite, j’espère…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), janvier 2021

Texte et photo par Jean-Christophe Crettenand 

« Appelés à l’espérance », tel est le titre de ce premier numéro de l’année. Au moment de rédiger cet édito qui est aussi l’occasion de vous souhaiter, à vous lecteurs et à vos proches, tout le meilleur pour 2021, je me demande bien que faire de cette espérance… Qu’espérer ? Que souhaiter ?

Evidemment, dans un contexte de fin d’année 2020, mon premier réflexe serait de dire tourner la page afin de découvrir un nouveau chapitre plus lumineux (j’allais écrire plus positif mais n’ai pas osé le faire…)

Puis, en prenant le temps de la réflexion, je me dis que cette coupure avec nos habitudes est là comme une sorte d’électrochoc. Un signal fort qu’il nous faut mettre à profit afin de ne pas retomber dans les « trains-trains » qui nous sont apparus, durant la première vague en particulier, comme plein de petits éléments que nous voulions changer…

Je souhaite à chacun de vivre les choses avec un regard neuf. Ce texte de l’Evangile qu’il me semble connaître par cœur, est-ce que j’en ai bien compris tous les mots, est-ce que j’en ai bien compris le sens, quelle est sa résonance « aujourd’hui », qu’est-ce qu’il peut m’apporter ? Idem pour les prières où là la sensation du par cœur est encore plus forte. Est-ce que je pense à ce que je dis ou est-ce que je récite à la manière d’une chanson en anglais dont je répète les sons sans me soucier du contenu ?

Voilà ce que je nous souhaite. Regardons les choses avec des yeux nouveaux, plein d’espérance… au risque d’y prendre goût.
Ma fille Léa (10 ans) m’a proposé de l’aide. Je lui ai donc demandé quels étaient ses vœux.
« Je vous souhaite du bonheur, de l’amour et de la joie et de rester positifs 1 dans les moments de joie comme dans les moments de peine. »

1 Elle a osé le « positif ». Bravo Léa !

Via Jacobi: Fribourg – Posieux

Cette année, la rubrique En marche vers évolue en marche Sur la Via Jacobi. Le mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà des sentiers battus, il regorge de curiosités. Une demi-étape est présentée chaque mois sous la forme d’une balade-découvertes réalisable sur la journée et accessible aux familles ainsi qu’aux randonneurs du dimanche.

Texte et photos par Pascal Ortelli

Départ depuis la gare de Fribourg, 2h15 aller simple, 8 km.

1. Sortez de la gare du côté du parking de bus souterrain puis empruntez sur la gauche le passage sous voie pour rejoindre l’avenue du midi ; bifurquez ensuite à droite, direction route de la Vignettaz.

2. Remontez les quartiers de Beaumont et admirez le domaine jésuite deNotre-Dame de la Route. https://www.domaine-ndr.ch/

3. Arrivé au bois de Belle-Croix, vous verrez sur un tronc un petit oratoire à la Vierge récemment restauré. Poursuivez pour rejoindre les quartiers résidentiels de Villars-sur-Glâne jusqu’à l’église paroissiale. De là, descendez à la gare et prenez à gauche direction Fribourg pour rejoindre après le rond-point un petit chemin forestier qui, le long d’un ruisseau, vous mènera au pont de Sainte-Apolline. https://sentiersdeleau.ch/fr/sentiers/tour-des-trois-rivieres/pont-de-sainte-apolline/

4. Traversez le pont historique et ne manquez pas de vous arrêter devant la petite chapelle avant d’attaquer la montée direction Froideville pour rejoindre le bois de Monterban.

5. Au sommet du bois, faites un petit détour pour contempler un vieux chêne pluri centenaire, revenez sur vos pas et prenez à droite en direction de la passerelle qui traverse la route. Vous êtes arrivés à Posieux.

6. De là, montez 100m et prenez sur la gauche pour rejoindre le centre en n’oubliant pas de vous arrêter à la chapelle du Sacré-Cœur et à l’auberge de la Croix-Blanche.

Pour le retour, si vous souhaitez faire une boucle, il est possible de rentrer par le circuit d’Hauterive et le sentier de l’eau.

  • Depuis, l’auberge de la Croix-Blanche, poursuivez le long de la route cantonale en direction de Corpataux. Au niveau de la station-service, quittez la Via Jacobi qui part à droite et empruntez, sur votre gauche, le chemin du Grabo.
  • Descendez aux prés d’en Bas et longez la Sarine jusqu’à l’Abbaye d’Hauterive. De là, regagnez leur ferme puis prenez à gauche le long de la Sarine, direction Marly. Ne manquez pas d’admirer les figurines sculptées par un moine sur les poteaux des barbelés
  • Après avoir longé l’usine électrique, poursuivez sur rive droite jusqu’au Port, lieu où la Glâne se jette dans la Sarine.
  • Remontez à l’entrée de Marly par les quartiers du Riedelet. De là, vous pouvez prendre le bus 1 pour rejoindre la gare de Fribourg.

Abbaye cistercienne d’Hauterive : https://www.abbaye-hauterive.ch/la-communaute

Circuit d’Hauterive : https://www.fribourgtourisme.ch/fr/V943/circuit-d-hauterive-via-la-tuffiere

Sentiers de l’eau : https://sentiersdeleau.ch/fr/

Curiosité: la chapelle du Sacré-Cœur

Construite en 1884, ce panthéon érigé à la gloire du parti conservateur fribourgeois rappelle un pan d’histoire politique moderne au temps où les affrontements avec les radicaux étaient légion.

https://saint-augustin.ch/blog/chapelle-du-sacr%C3%A9-c%C5%93ur-%C3%A0-posieux/

Coup de cœur

Une dégustation de bières artisanales à l’auberge de la Croix-Blanche.

https://www.brasserie-fribourg.com/

Chrétiens d’Orient persécutés

Par François-Xavier Amherdt
Photo: Cath.ch Bernard Hallet
En ce mois abritant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (18-25 janvier) et le Dimanche de la Parole de Dieu (24 janvier), il est opportun d’accueillir la dernière béatitude chez Matthieu (5, 11-12) en nous associant aux chrétiens violentés d’Orient, de quelque confession qu’ils soient : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persé­cuté les prophètes qui vous ont précédés. » Et dire que c’est cette phrase que le pape François a choisie pour libeller le titre de son exhortation Gaudete et exsultate sur la sainteté au profit de toutes et tous !

D’une part, c’est là la forme ultime du témoignage commun, l’œcuménisme du sang, ainsi que le répète le cardinal suisse Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité. Lorsque les chrétiens sont chassés ou éliminés au nom de leur foi, leurs persécuteurs ne s’attachent pas à déterminer à quelle Eglise ceux-ci appartiennent. Le signe « N », repris par certains, signifie « Nazaréens » et désigne tous les disciples de Jésus de Nazareth.

D’autre part, cette ultime déclaration de bonheur n’est audible dans la bouche du Fils de l’homme que parce qu’il l’a vécue et accomplie lui-même. Il est allé au bout de l’amour et du don de soi, et c’est pour cela qu’il peut être déclaré « bienheureux ». De même, à son exemple, tant de prophètes, tant de martyrs au long des siècles qui ont offert leur vie, par imitation du Fils de Dieu.

Enfin, pour les chrétiens d’Orient qui, aujourd’hui encore, subissent le même sort que le Christ dont ils portent le nom, cette parole surprenante n’est acceptable que dans la mesure où leur situation les identifie à Jésus-Christ. Leur configuration baptismale trouve alors sa réalisation plénière et ultime. C’est par cette identification au Christ prêtre, prophète et roi que nous sommes appelés à devenir des saints, dans le martyr du quotidien, en profonde solidarité avec nos frères et sœurs orientaux. Fratelli tutti, tous frères et sœurs.

L’espérance chrétienne au Moyen Orient

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), janvier 2021

Texte et photos par Mgr Raphaël Traboulsi (Beyrouth, Liban)

Jésus est oriental
Jésus est oriental ! Il a vécu en Orient au sein d’une famille et parmi ses disciples ! Sur la terre bénite de l’Orient, sont nées les premières communautés chrétiennes et se sont réunis les Conciles de l’Eglise naissante 1. 

Chaldéens, Arméniens, Grecs, Maronites, Coptes, Syriaques, Assyriens… ils sont quelques millions à former une communauté dynamique, assoiffée de paix, de justice, de stabilité et de respect.

L’Eglise chaldéenne à laquelle j’appartiens, évangélisée par l’Apôtre saint Thomas et dont saints Addaï et Mari furent au service toute leur vie, était la plus nombreuse de tout le christianisme au Xe siècle, avec plus de 250 diocèses, dont quelques-uns au cœur même de la Chine 2.

L’Eglise d’Abraham

L’Eglise chaldéenne, héritière des grandes civilisations de Sumer, de Chaldée, de l’Assyrie et de Babylone, porte avec fierté la houlette du Patriarche Abraham d’Ur, père du monothéisme, et s’inscrit dans la lignée des descendants de celui qui fut l’auteur du premier texte législatif de Hammurabi. Mon Eglise est la seule à prendre racine hors de l’empire romain. Elle se retrouve sur les pages brillantes de la Sainte Bible, car de nombreux passages de l’Ecriture sacrée, tels les livres de la Genèse, d’Esther et de Tobie, ont été rédigés en Mésopotamie, qui comprenait alors l’Iran actuel.

Les conflits israélo-arabes, la guerre libanaise, celle du Golf, la guerre « contre le terrorisme », mise au point par Bush 3 et la guerre en Syrie, ont fait des chrétiens orientaux de vrais otages. Les chrétiens ont souvent servi de boucs émissaires et ont souffert de façon terrifiante.

Par ailleurs, certains villages détruits ont pu être reconstitués, surtout à Mossoul et dans quelques régions de la Syrie, mais avec la succession d’évènements malheureux, voire dramatiques, en particulier au Liban et à Bagdad ; beaucoup de chrétiens sont tiraillés entre la volonté de rester en Orient, tant est grand leur attachement à cette terre de la Révélation et du Salut, et celle de trouver un asile rassurant à l’étranger – notamment en Europe, au Canada et en Australie 4.

Pionniers du réveil chrétien

Les Chrétiens d’Orient, témoins de la Mort et de la Résurrection du Christ, disciples de l’Apôtre Thomas qui découvrit dans les Saintes Plaies le rayonnement de la vie terrassant les ténèbres, sont les pionniers du réveil chrétien dans le monde. Leur rôle nous le savons, fut considérable dans la vie intellectuelle de l’Europe 5 alors plongée dans la nuit obscure de l’ignorance scientifique. De nos jours, ils restaurent le Christianisme énormément détérioré en Europe et au Canada, en retransformant les édifices religieux en des lieux de culte et en répandant la morale chrétienne dans les sociétés déshumanisées.

Les chrétiens orientaux portent la croix, unique moyen du Salut. Pour cela, ils sont coutumiers des persécutions, mais à chaque fois ils se relèvent. Ils restent toujours le « sel de la terre » et la « lumière du monde ». Certes, les blessures des guerres, des massacres, des génocides, des discriminations et des humiliations, ne peuvent être guéries, mais il est évident que près de vingt siècles après Pierre et Paul, si le monde chrétien se réveille quelque part sur la planète, c’est sans doute grâce aux Orientaux qui indiquent le chemin du Salut à l’humanité en désarroi.

Il y a mille et une façons pour les chrétiens orientaux de se manifester, et les marques tangibles de l’espérance se font remarquer graduellement sous l’action de l’Esprit Saint ; il sait mieux que nous redonner à cette terre un sort meilleur, digne de ce qu’elle a apporté à l’humanité entière !

Signe de contradiction pour le monde

Si vous me permettez l’expression, le christianisme oriental est le signe de contradiction qui provoque la division des esprits et leur prise de position. Le message du Christ faisant rayonner à travers ses Plaies la gloire de la Résurrection, atteint avec l’apparition à Thomas (Jn. 20, 24-29) son point culminant.

Au Moyen-Orient actuel, les portes sont fermées. Le soir de la Résurrection, alors que « toutes les portes étant closes » (Jean 20, 19), dans le lieu occupé par les Apôtres, le paradoxe du corps glorifié du Christ devient manifeste : d’une part réalité matérielle, d’autre part immatérialité mystérieuse et triomphe inexplicable de la vie et de l’espérance… que n’affectent ni la vérité matérielle des circonstances douloureuses, ni les lois de la logique humaine, ni la consistance de la matière tangible.

Nous savons bien que l’épisode de l’apparition à Thomas rédigée dans la dernière dizaine d’années du premier siècle chrétien, renferme un témoignage fort touchant : le mystère de la présence agissante du Christ dans son Eglise, alors que toutes les portes sont closes – … Voir et toucher l’humanité réelle de Jésus, son humanité crucifiée mais ressuscitée – telle est l’admirable audace des chrétiens d’Orient.

Dans la mesure où nous touchons l’humanité crucifiée en Orient, l’espérance chrétienne se révèle à nous comme la vérité et le chemin à suivre. Les chrétiens d’Orient ne cessent de mettre la main dans le côté sanglant du Seigneur, souffrant et glorifié.

L’Orient martyrisé a « touché cette plaie par laquelle l’immense blessure du genre humain est guérie » – comme le chante si bien l’office du dimanche de Thomas dans la liturgie byzantine.

Cachés dans le cœur transpercé du Christ

Pour cela, comme je l’avais dit auparavant, l’Orient martyrisé est ainsi capable de rechristianiser le monde, puisque ses fidèles sont désormais cachés dans le cœur transpercé du Christ – émerveillés par le sourire serein du Seigneur crucifié tel que l’iconographie orientale le représente, en écartant le caractère trop tragique de sa mort – pour souligner davantage son rôle salvifique, sa dimension pascale, ce « dépassement » de la mort à la vie, des douleurs à l’enfantement !

Les blessures de notre humanité, nous pouvons les voir partout, immédiatement ou médiatiquement, et en être émus ou désespérés, mais un regard différent nous est offert dans l’expérience chrétienne au Moyen-Orient 6 : la force de l’espérance qui, au-delà des expériences concrètes, atteint le cœur du mystère de Pâques.

Un noyau dur de témoins

Si le Christ a proclamé son message de joie et d’espérance sur notre terre, il avait pris soin de former un noyau dur de témoins qui devaient transmettre sa doctrine exactement et intégralement en mettant en pratique ses divins préceptes salvifiques 7. Les chrétiens d’Orient, ces authentiques témoins oculaires (Lc 1, 2), serviteurs de la Parole et annonciateurs de l’Espérance, ont traversé les siècles et les continents ! 

Aux yeux de quelques lecteurs, ces propos paraîtront d’une audace excessive – tandis que la plupart de ceux qui connaissent l’histoire de l’Eglise et guettent d’un œil vif les successions des faits menés par la Providence, pourront puiser dans cet article sa ligne de conduite, à la fois libératrice et réconfortante !

Au cœur de Beyrouth

Au cœur du diocèse chaldéen de Beyrouth, auprès de 2500 familles iraquiennes réfugiées, profitant des services d’un centre médico-social dédié à Saint-Michel, d’un centre social N. Dame de la Divine Miséricorde et d’une école gratuite Saint-Thomas, cette vérité se manifeste explicitement. Sous le patronage de S.E. Mgr. Michel Kassarji, Evêque Chaldéen de Beyrouth, un contact quotidien avec le corps crucifié et glorifié du Christ prend lieu dans une atmosphère « sacrée », « pascale » qui ne réfute pas, si j’ose dire, le caractère « eucharistique » de la rencontre et qui témoigne de la joie du Troisième Jour !

En offrant à ces membres du Corps mystique du Sauveur les soins du Bon Samaritain et ceux de Nicomède et de Joseph d’Arimathie affrontant de nouveaux « Pilates » et d’innombrables membres d’un « Sanhédrin » perfide et plutôt démoniaque, nous ressentons la joie des femmes myrophores, qui n’avaient rien dit à personne (Marc 16, 8) parce qu’elles avaient compris l’incompréhensible !

Liban, éternel phénix

Entre l’espoir et l’espérance au Moyen-Orient, il y a le Liban !

Le Liban vient de célébrer le 1er septembre 2020, les cent ans de la création du « Grand Liban », bien qu’il soit rongé non seulement par les peines et les souffrances causées par l’explosion inimaginable du port de Beyrouth, mais également par l’instabilité politique et sa grave crise économique. « Durant ces cent ans, il a été un pays d’espoir » comme l’a bien dit le pape François, le 3 Septembre 2020, à l’occasion de la journée de prière et de jeûne à l’intention du Liban.  

Au Liban est attribuée l’image du phénix, l’oiseau légendaire, doué d’une grande longévité et caractérisé par son pouvoir de renaître après s’être consumé dans les flammes, symbolisant ainsi les cycles de mort et de résurrection. 

C’est un pays qui ne perd jamais l’espoir, qui sait se relever chaque fois qu’il tombe, qui refuse de jeter les armes, qui combat, car il est de « ceux qui ont peu et qui donnent tout. Ceux-ci ont foi dans la vie et dans la générosité de la vie, et leur coffre n’est jamais vide. » selon l’expression de Jibran Khalil Jibran, le grand penseur libanais.

Liban, symbole de foi libératrice

Le Liban, symbole de liberté, carrefour du dialogue interreligieux, modèle de cohabitation, de tolérance et de respect du pluralisme, est aussi un témoin vivant de l’espérance vécue. 

La véritable force de ce petit pays stigmatisé et mutilé, réside dans la foi inébranlable des Libanais, qui reflète celle de tous les chrétiens du Moyen-Orient aujourd’hui : « Une foi qui n’a fait que se renforcer à travers les épreuves de l’Histoire, une foi solide, granitique, pour laquelle beaucoup ont versé leur sang et beaucoup le versent encore, une foi simple et forte, qui ne craint pas de s’affirmer et de se dire, sans éclat et sans violence, une foi qui se transmet de génération en génération avec fierté à travers les prières quotidiennes. »8  

Je voudrais terminer ce texte par les paroles éclairantes de feu P.  Jean Corbon, grand ami du Liban. Puissent ses paroles illuminer les âmes angoissées, confrontées sans cesse au « mystère d’iniquité », afin que rayonne pour tout le monde la lumière de l’Orient Ressuscité !

« En ces années noires où la plupart des visages sont assombris pour des raisons très valables, aimer consisterait à sourire. Ni béatement, ni parce que nous nous sentons bien… ce qui n’est pas de l’amour. 

Mais sourire gratuitement, même si je suis soucieux ou accablé, c’est plus simple et profond que des paroles plus ou moins réconfortantes. 

Soyons transparents à la lumière du Christ qui nous habite et nous pourrons être souriants… »9 

1 Jean-Michel Billioud, Les Chrétiens d’Orient en France, éd. Le Sarment / Fayard, Paris, 1997.
2 Mgr. Michel Kassarji, Le Nomocanon de l’Eglise Chaldéenne selon Elie de Damas (Elia Al Gawhari), édition critique traduction et commentaire, Publications Université La Sagesse, Beyrouth, 2017.
3 Suha Rassam, Christianity in Iraq, New edition, Gracewing, 2010.
4 Jean- Michel Cadiot, Les Chrétiens d’Orient, vitalité, souffrance, avenir, éd. Salvator, Paris, 2010.
5 « … A notre avis, cela nous aide à mieux comprendre l’importance des cadres intellectuels des chrétiens ; leur culture scientifique, leurs aptitudes et expériences administratives, grâce auxquelles ils étaient devenus les initiateurs dans tous les domaines : philosophique, littéraire, canonique… » (cf. Mgr. Michel Kassarji, Le Nomocanon de l’Eglise Chaldéenne selon Elie de Damas (Elia Al Gawhari), édition critique traduction et commentaire, Publications Université La Sagesse, Beyrouth, 2017.)
6 Pape Benoît XVI, Exhortation Apostolique Ecclesia in Medio Oriente, 14 Septembre 2012.
7 Pape Saint Jean Paul II, Exhortation Apostolique Une Espérance Nouvelle pour le Liban, 10 Mai 1997.
8 Mgr. Pascal Gollnisch, Prier avec les Chrétiens d’Orient, site de l’œuvre d’orient
9 P. Jean Corbon, Cela s’appelle l’aurore, éd. des Béatitudes, Burtin, 2004. 

Conseiller, accompagner et soutenir

Robert et un collègue en tenu d’aumônier militaire en 2019.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), janvier-février 2021

Par Danièle Moulin | Photo: Robert N.

Cela fait six ans que Robert Nzobihindemyi porte l’uniforme militaire, dans sa fonction de capitaine aumônier, lui qui, arrivé du Burundi en 1993, n’avait auparavant ni effectué son service militaire, ni aspiré à une telle fonction. Il nous parle de son activité d’aumônier militaire.« Chaque militaire a droit à une assistance spirituelle » stipule très clairement le règlement de service de l’armée suisse. Les aumôniers de l’armée, dont le blason représente une croix, sont présents sur le terrain et s’engagent auprès des militaires afin de répondre à leurs préoccupations, leur apporter écoute, conseil, accompagnement et soutien. Robert, incorporé dans une formation d’application de l’infanterie à l’école de recrues de Colombier (Neuchâtel), souligne que de nombreux jeunes, hommes et femmes, se retrouvant dans le cadre si particulier qu’est l’armée – un monde hiérarchisé, bien discipliné et très rigoureux, avec une cohabitation plus ou moins forcée – ressentent souvent le besoin d’en parler à une personne de confiance. Ce nouveau contexte peut en effet ébranler les jeunes recrues et exacerber certaines souffrances. L’aumônier de l’armée est tenu au secret professionnel et l’avantage pour le militaire, c’est qu’il peut s’adresser directement à lui sans passer par la voie hiérarchique. 

Une présence sur le terrain
Un aumônier de l’armée se doit d’être présent sur le terrain ou facile­ment atteignable. Il se rend disponible pour chaque militaire, indépendamment de sa confession ou de ses convictions religieuses. Durant les mois de mars, avril et mai, en plein confinement, Robert et son collègue se rendaient souvent à la caserne, organisant des célébrations destinées à ceux et celles qui le désiraient, dont celle de la Montée vers Pâques. Ce fut une très belle expérience ! Un aumônier de l’armée peut aussi, s’il le souhaite, participer au pèlerinage militaire international à Lourdes afin d’assurer son rôle auprès des pèlerins militaires Suisse. Robert et deux de ses collègues ont accompagné, en mai 2019, une soixantaine de militaires à Lourdes pendant une semaine. 

De ce service d’Église, Robert reçoit énormément. Considérables sont les retours positifs tels que des « Mercis ! », « Tu m’as sauvé ! » Lorsqu’une recrue demande un entretien avec lui, il reconnaît s’y rendre complètement démuni, n’ayant pas la moindre idée des questions ou des difficultés qui seront soulevées. Alors, il s’en remet entièrement à Dieu en s’acceptant pauvre et dépourvu, tout en sachant que Dieu peut tout ! Le simple fait de savoir qu’il peut aider autrui à se sentir mieux lui apporte beaucoup de joie. 

Comment faire pour devenir aumônier de l’armée ? Toute personne au bénéfice d’une formation théologique de base, d’un enracinement ecclésial et dotée de compétences humaines et sociales peut s’adresser au chef de l’aumônerie de l’armée à Thoune. Ce n’est pas une profession en tant que telle, mais bien plutôt un appel, un service ecclésial, une diaconie, qui demande d’ailleurs une recommandation de la part des autorités ecclésiastiques. Après une formation et un stage technique et pratique, l’aumônier est nommé et incorporé afin d’exercer ce précieux service de conseil, de soutien et d’accompagnement.

Communion après la messe: une bonne idée

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), janvier-février 2021

Texte et photo par Olivier Cazelles

Quelle chance ! Quelle bonne idée ! L’équipe pastorale a osé creuser l’idée de permettre aux paroissiens de recevoir l’eucharistie après la messe célébrée à huis clos.

Mais attention : ce n’est pas un service à l’emporter ! L’équipe pastorale balise cette démarche en demandant aux paroissiens de se préparer en suivant la messe retransmise sur YouTube ou à la télévision. Tout naturellement, nous quittons notre salon ou notre bureau pour achever cette célébration à la Colombière à pied, à vélo ou en voiture et y recevoir l’eucharistie.

Une file s’est formée sur le parvis. Nous entrons l’un après l’autre et le prêtre nous distribue le corps du Christ. Nous nous recueillons quelques brefs instants pour permettre aux suivants d’entrer à leur tour. Eh oui ! Nous ne sommes pas autorisés à être plus de cinq simultanément dans l’église.

Sur la route du retour, nous poursuivons notre recueillement, demandant au Seigneur de nous accompagner durant la semaine à venir. Nous avons tant à lui demander !

Un combat pour la liberté

Ouvrir sa Bible, se rendre à l’église ou prier. Des actes communs voire même ringards en Europe, mais d’une importance capitale dans d’autres régions du globe. Ces gestes en apparence anodins plongent de nombreux chrétiens dans les affres de la violence et peuvent même les conduire jusqu’à la mort.

Par Myriam Bettens
Photos : Portes Ouvertes, Ciric

La Corée du Nord détient depuis dix-huit ans le triste record du pays le plus répressif envers les chrétiens selon l’Index mondial de persécution des chrétiens. Ce pays, qualifié de prison à ciel ouvert, envoie en camps de concentration tous ceux qui sont suspectés de dissidence. Etre chrétien entre dans cette catégorie. Considéré comme une déviance, « le délit » est punissable des pires tortures. Portes Ouvertes, une ONG internationale chrétienne d’aide aux chrétiens persécutés (ndlr. voir en page VIII), estime qu’environ cinquante à septante mille d’entre eux sont emprisonnés en camps de travaux forcés.

De la vie à trépas pour la foi

Timothy témoigne lors d’une soirée « visioconférence avec l’Eglise persécutée » organisée par cette même organisation récemment. Aujourd’hui réfugié en Europe, il ne dévoile ni son visage, ni son identité. Il se sait surveillé même par-delà les frontières. Emprisonné quatre fois dans les geôles du régime communiste de Pyongyang, l’exilé ne s’étale pas sur ce qu’il s’y passe, mais parle de « conditions de vie inhumaines ». Ce que confirme un rapport publié cet automne par l’organisation britannique Korea Future Initiative. Ce dossier intitulé Persécuter la foi : documenter les violations de la liberté religieuse en Corée du Nord fait état de violences dépassant l’imaginable. On pourrait donc s’attendre à ce que le nombre de chrétiens diminue dans le pays le plus fermé de la planète. Or, le directeur de Portes Ouvertes suisse, Philippe Fonjallaz, affirme que « persécution n’est pas synonyme de disparition ». Au contraire, trois cent mille d’entre eux persévèrent dans leur foi et fréquentent des « assemblées souterraines » au péril de leur vie. Mais la situation reste préoccupante dans de nombreuses régions du globe.

Des causes multiples de persécution

L’Index mondial de persécution, publié chaque mois de janvier par l’ONG chrétienne ne cesse de virer au rouge, couleur utilisée pour indiquer les pays dans lesquels les persécutions demeurent les plus violentes. Cet instrument de mesure, fondé sur des avis d’experts, est ensuite croisé avec différentes sources afin d’en garantir l’objectivité. Les personnes consultées sont des chercheurs spécialisés de l’ONG et des ressources externes. Le constat reste sans appel : « D’année en année la situation se dégrade pour les minorités, déclare Philippe Fonjallaz. Trois facteurs principaux la favorisent : la montée des nationalismes, le développement de l’islamisme et les dictatures. » Dans le premier cas, il donne l’exemple de l’Inde avec l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi et son parti ultra-nationaliste, le Bharatiya Janata Party (BJP), très hostile aux chrétiens et à toute minorité non hindouiste. Le second critère concerne les groupes armés se réclamant d’un islam radical, « ils s’attaquent à tous ceux qui ne conçoivent pas la religion comme eux et déstabilisent des pays déjà fragiles politiquement ». La dernière raison pointe les Etats totalitaires cherchant un monopole sur la pensée comme par exemple en Corée du Nord ou en Erythrée. Le directeur attire l’attention sur le fait que lorsque la liberté religieuse est attaquée « c’est un signal clair de problèmes au niveau des droits humain en général ».

Le coupable idéal

En Europe, il paraît inimaginable de subir des pressions quant à la pratique de sa foi. La liberté de conscience, de rassemblement et de croyance semble garantie. Pourtant les persécutions peuvent parfois prendre un tour plus sournois. Certains événements récents nous l’ont montré à la faveur de la panique provoquée par l’émergence du coronavirus en France. Le 3 mars 2020 marque le début d’une « déferlante » pour l’Eglise évangélique La Porte Ouverte de Mulhouse. Une vague de haine sans précédent s’abat alors sur son pasteur, Samuel Peterschmitt, et ses fidèles. Sous le feu des critiques, la communauté évangélique alsacienne est accusée par tous les médias d’avoir favorisé la propagation du coronavirus dans la région Grand-Est et même au-delà à la suite d’un grand rassemblement de plus de deux mille personnes en février dernier. A la suite des nombreux articles parus dans la presse, le pasteur Samuel Peterschmitt et plusieurs de ses paroissiens essuient insultes à caractère christianophobe, coups de fil anonymes et menaces de mort. « Des appels « à cramer l’église » et à nous « descendre à la Kalashnikov » ont par exemple été diffusés sur les réseaux sociaux », décrit le prédicateur. Le pasteur alsacien affirme que le ressentiment à leur encontre a même franchi un cap. Il cite l’exemple de ce paroissien, renvoyé de son travail, car ouvertement adhérent de son assemblée. Puis encore cette femme, dont le choix se résumait à quitter définitivement la communauté ou ne plus jamais revoir ses petits-enfants.

Garder espoir malgré tout

Samuel Peterschmitt souligne que « l’hostilité nous concernant était certainement déjà présente, mais le coronavirus a agi comme un révélateur, libérant la parole et la haine ». Le pasteur évangélique demeure inquiet pour l’avenir. « Combien de temps pourrons-nous encore lire la Bible et la prêcher ? On ne peut pas faire semblant que cela n’arrivera jamais chez nous. » Plus optimiste, Philippe Fonjallaz indique : « Il est vrai que les chrétiens font face à de nouveaux défis liés au témoignage de leur foi dans nos pays, mais cela doit justement encourager l’Eglise à rester sel et lumière en toutes circonstances et à annoncer l’espérance attachée à l’Evangile malgré les difficultés ou les restrictions, comme les chrétiens persécutés nous l’apprennent. » Il est aussi convaincu du pouvoir de la prière et appelle sans relâche toutes les communautés chrétiennes à s’unir dans l’intercession pour les chrétiens persécutés. Le témoignage d’un chrétien nord-coréen ne le détrompe pas : « Je crois qu’au moment fixé par Dieu, toutes les prières seront exaucées et nous aurons la liberté de foi en Corée du Nord. »

Nuit des témoins, organisée par l’Aide à l’Eglise en détresse.

Organisations solidaires

Voici une liste (non exhaustive) de quelques autres organismes œuvrant auprès de l’Eglise en détresse :

  • Christian Solidarity International (CSI)
  • Action pour les chrétiens persécutés et les personnes dans la détresse (ACP)
  • Aide aux Eglises dans le Monde (AEM)
  • Aide à l’Eglise en détresse (AED)
  • Licht im Osten (LIO)
  • Persecution.ch: faîtière regroupant des organisations actives dans le domaine en Suisse, afin de plaider la cause des chrétiens auprès du monde politique

Une double identité »

Rébecca Rogers est collaboratrice de Portes Ouvertes pour le secteur des relations aux médias et des publications en lien avec cette thématique. Un terrain sensible dans certains Etats où aborder la question des droits humains n’est pas possible. Fait troublant la concernant, son patronyme est un pseudonyme. « Cette pratique remonte au fondateur, frère André, pour pouvoir voyager librement. » Tous les intervenants en rapport avec des personnes soutenues sur le terrain portent des noms d’emprunt. « Cela afin ne pas essuyer de refus lors de demandes de visa pour se rendre dans des pays sensibles » et également pour protéger les chrétiens aidés ainsi que les collaborateurs et leurs familles. « Avec le recensement internet il est facile de faire le lien entre un visage et l’identité correspondante. C’est la raison pour laquelle Rébecca n’a pas de visage », affirme-t-elle. « Cette politique s’applique aussi à l’image et aux publications privées (sur les réseaux sociaux, ndlr). » Ce qui peut sembler un sacerdoce ne l’est en fait pas : « Le sens de la mission était très important pour moi. C’est une petite part en comparaison des restrictions que subissent les chrétiens au quotidien. » Pour sa part, elle n’a jamais subi de pressions ici en Suisse, mais évoque la situation d’un homme rencontré dans un centre de requérants d’asile dans le cadre d’un article. Converti de l’islam au christianisme sur les routes de l’exil, il endure pressions et menaces quotidiennes de ses anciens coreligionnaires, cela jusqu’à devoir quitter le centre pour se protéger.

Messe de funérailles et hommages à l’abbé Claude Alméras, curé retraité de Chêne-Thônex (1983-2005), 8 décembre 2020 en l’église Saint-François de Sales (Chêne)

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), janvier-février 2021

Par Karin Ducret | Photos: Pascal Voide

La messe de funérailles solennelle a été concélébrée par : Mgr Charles Morerod, l’abbé Pascal Desthieux, l’abbé Joël Akagbo, l’abbé Alain-René Arbez, l’abbé Gilbert Perritaz, l’abbé Xavier Ling, le Père Joseph Hug et le curé Joseph Trong. Des représentant-e-s des autorités civiles, Mme Beatriz De Candolle, maire de Chêne-Bourg, et M. Bruno de Silva, conseiller administratif, et de nombreux paroissien-ne-s ont tenu à honorer la mémoire de leur curé et d’une mémorable personnalité.

Sa filleule et nièce, Mme Dominique Veuthey nous a renseignés sur sa vie : Claude est né le 30 avril 1930 à Ouchy et a étudié au collège Saint-Michel à Fribourg,  puis à l’école de commerce de Lausanne et enfin au Séminaire de Fribourg et sera ordonné prêtre le 7 juillet 1957. 

Claude a débuté son ministère en 1957 par la paroisse Saint-Antoine de Padoue à Genève et comme aumônier militaire – service qu’il accomplira avec le grade de capitaine jusqu’à ses 65 ans. Il devient vicaire en 1960 à la paroisse de Nyon, puis en 1964 vicaire de la paroisse d’Onex, où il participe à la construction de l’église Saint-Marc. De 1967 jusqu’à 1982 il est recteur du rectorat Saint-Marc d’Onex et de 1982 à 1983 curé de la paroisse Saint-Marc d’Onex. Enfin il sera curé de la paroisse de Thônex de 1983 à 2005, archiprêtre de l’archiprêtré Saint-Pierre-aux Liens dès 1983, conjointement curé de la paroisse de Chêne-Bourg dès 1990, et curé in solidum et modérateur des paroisses de Chêne-Bourg, Sainte-Thérèse et Thônex de 1996-2005. Lors de son homélie, l’abbé Alain-René Arbez a rendu un vibrant hommage à Claude Alméras : « […] j’allais durant dix ans partager les multiples tâches pastorales avec lui […] En effet, nous n’étions pas en accord sur tout, avec de réelles divergences de vue et de sensibilité pastorale, mais nous avons pu, malgré cela, collaborer de façon constructive et faire du bon travail pour unifier les deux paroisses de Chêne et de Thônex et répondre ensemble aux attentes des paroissiens […]. J’ai été témoin des relations d’amitié de Claude avec Germaine, Maria, Henri Trono et Luc Desjacques. Angelo, Noémie, Jocelyne et Gwyneth, Eric… De manière générale, Claude a eu un charisme particulier dans la rencontre des personnes. »  Mgr Morerod a également parlé tout ému de ses souvenirs de jeunesse et ses rencontres avec l’abbé Claude. L’abbé Vincent Lathion pour sa part se souvient : « C’est lui qui nous avait encouragés, avec un autre ami, à entrer parmi les servants de messe et nous y sommes restés de longues années, en partie je pense grâce à lui. Nous l’appréciions en effet beaucoup […] ; nous sentions qu’il était heureux de notre présence, qu’il nous aimait, qu’il était prêt à consacrer du temps pour nous et cela était très précieux à nos yeux. » Enfin, Isabelle Valticos, membre du Conseil de communauté, témoigne : « Claude, tu aimais nous secouer, nous déranger, nous réveiller et c’est grâce à toi que je me suis alors engagée comme catéchiste, ce qui a duré pendant une quinzaine d’années et ensuite animatrice depuis bientôt dix ans du Mouvement des chrétiens retraités. […] Merci pour tout, A Dieu Claude et repose désormais en paix…. »

Messe des funérailles en église Saint-François de Sales (Chêne).

Servant de messe à Orsières: on y croit!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), janvier 2021

Par Michel Abbet | Photos: Laure Rausis

Les servants de messe d’Orsières forment un joli groupe d’une vingtaine de jeunes de 9 à 11 ans qui, à tour de rôle, viennent accompagner et aider le prêtre lors de la messe dominicale. S’y ajoutent trois ou quatre aîné(e)s, qui se tiennent prêts à suppléer une éventuelle absence ou à étoffer le groupe lors des fêtes solennelles. La responsabilité de la bonne marche et de l’organisation a depuis longtemps reposé sur les épaules de mamans ou de bénévoles, en collaboration avec un prêtre de la paroisse. Après Valérie Lovey, Anne Formaz, Annette Buchard, Laure Rausis a repris le flambeau, en compagnie de son fils Tibor.

Deux personnes pour une même volonté, celle de permettre à des jeunes de se rendre utiles en vivant de manière active la messe du dimanche et de s’imprégner de la beauté de la liturgie.

Les tâches sont bien réparties, Tibor s’occupant exclusivement de la formation des servants ainsi que des nouveaux venus. Peut-être avez-vous vu un dimanche 5-6 enfants à l’autel ; pour qu’ils soient à l’aise avec leur tâche, il importe de bien la leur faire comprendre. Deux possibilités s’offrent au servant : seconder le prêtre dans la liturgie proprement dite, en lui apportant l’eau et le vin, ainsi que les hosties non consacrées, ou l’accompagner lors des lectures, être responsable de la quête et aller donner la paix du Christ. Cerise sur le gâteau, pour ceux qui le désirent, se familiariser avec des gestes plus « sophistiqués » comme la cérémonie de l’encens, réalisés lors des célébrations solennelles.

Laure, quant à elle, porte le souci de la relève, de l’organisation ainsi que la gestion du groupe. Pour elle, il importe que le servant se sente faire partie d’une équipe. D’où, l’organisation annuelle de loisirs, de rencontres, d’une sortie et d’un camp de deux jours, (voir ci-dessous) en compagnie des prêtres J. Voutaz et G. Chibozo, histoire de faire mieux connaissance et de fraterniser en dehors des relations officielles. A ce jour, huit nouveaux jeunes ont manifesté leur désir de venir servir la messe. Espérons que les restrictions liées au Covid ne leur auront pas brûlé les ailes ! 

Notre camp des servants 2020

Par Linda et Julie

Pour le camp de cet été, nous sommes montés à Tanay. Arrivés là-haut, la famille Rausis nous a accueillis. Nous avons ensuite profité du beau lac pour nous y baigner. A l’auberge nous avons pris nos chambres. La messe a été célébrée dans la petite chapelle du hameau, sous le regard de quelques curieux. Nous l’avons animée et chanté fort ! 

Le repas pris a l’auberge était excellent. La journée s’est doucement achevée avec une soirée jeux. Il était l’heure d’aller se coucher !

Le lendemain matin, le réveil fut un peu difficile… allez savoir pourquoi ! Après le déjeuner, nous avons enfilé nos chaussures de marche pour grimper jusqu’au Col du Vent. Un lieu magnifique qui donne une vue imprenable sur le Lac Léman. Nous avons à nouveau dit la messe, mais cette fois en plein air, à l’oratoire situé à deux pas du col, dans un lieu grandiose. Le pique-nique a eu lieu près d’une mare à grenouilles, les pauvres ont été persécutées par les servants ! Et c’est parti pour la descente !

A l’auberge, nous nous sommes précipités pour nous changer : nous voulions encore profiter d’une baignade dans le lac. Mais c’était compter sans la « roille » : un grosse et soudaine pluie nous a cloués sur place. Alors nous nous sommes consolés en mangeant une glace. Il était temps de conclure ce magnifique camp et de retourner à Orsières. 

Merci beaucoup à Laure, Alain, Joseph et Gildas pour l’organisation de ce camp !

… et à la pose photo durant le camp.

Fratelli tutti

Quand le pauvre nous délivre de notre égoïsme

Par Bénédicte Drouin Jollès
Photo: pxhere
Avez-vous remarqué que la dernière encyclique du pape François, Fratelli tutti, a été signée en octobre dernier sur la tombe du saint d’Assise ? En ce temps de Covid, il y a de quoi s’interroger : le jeune moine ne respectait guère les gestes barrières ; il a embrassé un lépreux et traîné avec les pauvres. 

Message explicite
Voilà un message explicite, François sait que la crise sanitaire nous recroqueville sur nous-même. « L’individualisme radical est le virus le plus difficile à vaincre… La peur nous prive du désir et de la capacité de rencontrer l’autre », écrit-il. Une fois de plus, il vient nous réveiller. J’aime son côté poil à gratter, sa liberté évangélique qui le rend inclassable. Il pointe nos aliénations, démasque l’hypocrisie de nos trop confortables organisations sociales. Sans naïveté, il éclaire les questions délicates qui divisent nos communautés et nos familles. C’est simple, il remet le pauvre au centre. Le voyons-nous dans nos églises, ailleurs qu’à la porte ? Vient-il partager la table familiale ou nos sorties paroissiales ? Comment en parlons-nous devant et avec les enfants ? S’il est un don de Dieu qui nous appelle à élargir nos cœurs, nous n’avons d’autre choix que de cultiver la fraternité. Il s’agit pour François d’une question de vie ou de mort, dans notre monde ébranlé par la pandémie et appelé à se reconstruire. 

Les appels de l’Esprit Saint
Les familles chrétiennes qui se laissent façonner par l’Evangile ont une puissance de rayonnement et d’inspiration qu’elles sous-estiment. Ici c’est une fratrie qui accepte de s’élargir pour accueillir un enfant du tiers monde abandonné dans un train et orphelin ; là c’est un bébé trisomique qui est adopté, ici encore c’est un couple qui choisit d’héberger un parent âgé et sénile plutôt que de le placer trop vite en EMS (toutes ces histoires sont vraies). A chacun d’écouter les appels de l’Esprit Saint pour discerner son chemin de vie, unique et personnel.

Jeux, jeunes et humour – janvier 2021

Par Marie-Claude Follonier[thb_image image= »5451″ img_link= »url:/wp-content/uploads/2021/01/Dessin. »]

Question d’enfant

Qui sont les rois mages ?

Matthieu, dans son évangile, est le seul à parler de trois sages venus d’Orient.
Les premiers chrétiens les associent d’abord à Abimélech, Ochozath et Phicol qui, dans le livre de la Genèse, rendent visite à Isaac, un personnage qui préfigure le Christ.
Puis, on les assimile à des rois. Les noms de Gaspard, Melchior et Balthazar apparaissent au VIe siècle dans un écrit non retenu dans la Bible : l’Evangile arménien de l’enfance ainsi que dans la traduction latine d’une Histoire universelle. La visite des mages qui n’étaient pas juifs souligne l’universalité de la naissance de Jésus.

Par Pascal Ortelli

Humour

Un patient se rend chez son médecin et lui fait part de ses soucis. « Docteur, j’ai mal partout. Quand je touche mes genoux avec mon petit doigt, j’ai horriblement mal, de même quand je touche mon front, mes pieds, mon nez, mon ventre, mon épaule. C’est insupportable. Pouvez-vous me dire ce qui m’arrive ? 

– Vous avez le petit doigt cassé », lui répond, imperturbable, le médecin.

Par Calixte Dubosson

…On ne peut réduire au silence une voix qui chante l’espérance…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), janvier 2021

Par Isabelle Minger, diacre protestante | Photo: DR

Cette petite phrase résume bien la situation de nos amis chrétiens d’Egypte. Nous l’avions utilisée lors des fêtes de Pâques du Printemps Arabe, en 2011 ! Bientôt 10 ans qu’un vendredi j’ai levé les bras sur la Place Tahrir, pas au milieu, plutôt bien au bord, mais nous y étions, Raymond et moi !

Persécutés les chrétiens ? Peut-être, mais sachons que le gouvernement a fait d’immenses efforts pour les protéger, car il faut admettre cette évidence, les Coptes sont les premiers croyants de l’Egypte, les cousins des pharaons, ils sont chez eux !

Ainsi les églises du quartier chrétien, en ruine depuis si longtemps, ont retrouvé leurs splendeurs et surtout leurs toits, cela fait bien aux yeux des touristes ! Peut-être, mais le résultat n’est pas négligeable, même si ces édifices sont gardés par des soldats en armes.

Persécutés les chiffonniers du Caire ? Peut-être ! Mais ils ont retrouvé leurs places d’éboueurs officiels sur la colline du Mokkatam, la Montagne qui bouge, celle de sœur Emmanuelle, car là-bas, on y croit que la foi déplace les montagnes.

Persécutés les enfants ? Peut-être ! Mais n’oublions pas Sœur Marie Venise, religieuse catholique et cairote, qui dirige  avec droiture, compétence et amour, une maison protestante accueillant 84 filles, dans un pays musulman ! Abonnée à la grâce de Dieu et aux miracles ma chère Sœur !

Persécutées les Eglises ? Oui, peut-être, mais nous avons aussi vécu la réouverture de la cathédrale Saint-Marc, y avons reçu la bénédiction du pape Tawadros, qui nous a demandé de la transmettre en Suisse !

Persécutés nos frères au Caire et à Alexandrie ? Peut-être mais pas abandonnés, le pasteur a la charge des deux paroisses, 500 kilomètres aller et retour ! Là-bas une communauté des plus vivantes a sa place grâce aux étudiants africains de l’université Senghor !

Persécutés nos amis égyptiens ? Peut-être ! Mais leur foi est vraiment à toute épreuve, vivante, chantante, résistante, elle ne faiblit pas, elle ne se contente pas de renverser les montagnes, elle traverse les frontières, les nuages, elle vient jusqu’à moi régulièrement, je vous la transmets avec l’énergie de l’espoir. Ils prient pour nous, rendons-leur ces divines demandes, persécutés que nous sommes par le confort, la sécurité, la paix de notre calme petit pays !

Conduire à une rencontre

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), janvier-février 2021

Par Esther Bürki | Photo: Pixabay

La catéchèse, qu’est-ce que c’est? Réflexion sur le sens d’une activité vitale pour l’Eglise qui engage toute la communauté chrétienne.Le Concile Vatican II n’a pas produit de document particulier concernant la catéchèse des enfants et des jeunes si ce n’est le Directoire général pour la catéchèse rédigé en 1971 et promulgué par le pape Paul VI. La référence, pour les acteurs de la catéchèse, est l’exhortation apostolique « Catechesi Tradendae » publiée par le pape Jean Paul II en 1979. Dans son introduction, il souligne que la catéchèse a toujours été une tâche importante de l’Eglise car, avant de remonter vers son Père, Jésus ressuscité a donné une dernière consigne aux apôtres : faire de toutes les nations des disciples et leur apprendre à observer tout ce qu’il a prescrit.

De ce fait, il leur confiait la mission et le pouvoir d’annoncer aux hommes ce qu’ils avaient eux-mêmes entendu, vu de leurs yeux, contemplé, touché de leurs mains du Verbe de Vie. En même temps, il leur confiait la mission et le pouvoir d’expliquer avec autorité ce qu’il leur avait appris, ses paroles et ses actes, ses signes et ses commandements. Et il leur donnait l’Esprit Saint pour accomplir cette mission. Le pape poursuit en rappelant que très vite, on a appelé catéchèse l’ensemble des efforts entrepris dans l’Eglise pour former des disciples, pour aider les hommes à croire que Jésus est le Fils de Dieu.

« Au cœur de la catéchèse nous trouvons essentiellement une personne, celle de Jésus de Nazareth, « Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité » qui a souffert et qui est mort pour nous et qui maintenant, ressuscité, vit avec nous pour toujours. C’est Jésus qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » et la vie chrétienne consiste à suivre le Christ… En ce sens, le but définitif de la catéchèse est de mettre quelqu’un non seulement en contact mais en communion, en intimité avec Jésus-Christ : lui seul peut conduire à l’amour du Père dans l’Esprit et nous faire participer à la vie de la Trinité sainte. » (Jean Paul II, exhortation apostolique « Catechesi Tradendae », n° 5, 1979).

Faire résonner la Parole
Dans un article du guide annuel « Points de Repère » 2016-2017, le Père Pietro Biaggi, directeur adjoint du Service national de la catéchèse et du catéchuménat (France), définit ainsi la catéchèse : « La catéchèse est une action vitale pour l’Eglise. Elle participe à l’annonce de la Bonne Nouvelle à tous. Le meilleur point de départ pour comprendre ce qu’est la catéchèse est son étymologie. C’est un mot grec provenant d’un verbe mystérieux, « catekeo », qui veut dire « faire résonner ». C’est un « écho », un son, une parole qui résonne d’une vallée à l’autre, qui couvre les distances grâce à la force de celui qui la prononce, grâce aussi à l’air, au vent qui permet la propagation des ondes. Ainsi, dans la catéchèse, deux dimensions doivent être toujours rappelées: la parole, l’énergie, le courage d’ouvrir son cœur et ses poumons pour annoncer quelque chose, pour révéler le nom de Quelqu’un. Et le vent qui dans la Bible figure l’Esprit, le vent qui permet à cette parole de rejoindre les autres, de franchir des obstacles et des distances bien plus grands que ce que nous pourrions imaginer. Témoignage de ce qu’on a découvert, action de l’Esprit, don de soi et don de Dieu… tout ceci anime la catéchèse face aux défis qui l’interpellent. La Parole de Dieu résonne dans la vie des catéchisés, elle les anime, les transforme, les engage à vivre, à parler, à témoigner de l’amour infini du Père. »

Avec la communauté
Il n’y a pas de catéchèse sans communauté chrétienne, sans liturgie, sans prière ni partage. Comme la catéchèse d’aujourd’hui doit initier à toutes les composantes de la vie chrétienne, il est important de favoriser les liens avec les acteurs de la vie paroissiale. Par ailleurs, pour nous aider lors des rencontres et des temps forts, nous avons grand besoin de catéchistes bénévoles. Témoigner de notre foi est notre vocation de baptisés. Elle nourrit notre foi.

En conclusion, la catéchèse c’est permettre aux adultes et aux enfants de rencontrer Jésus, de découvrir qu’ils sont aimés de Dieu, mais aussi de leur faire connaître la richesse de la tradition chrétienne. Les rencontres sont également l’occasion de réfléchir avec d’autres chrétiens (adultes, catéchistes, prêtres) aux questions que nous nous posons sur Dieu, le monde et nous-mêmes.

Portes Ouvertes

Au service des chrétiens persécutés

Par Chantal Salamin
Photo: DR

Couverture du document de présentation par Portes Ouvertes Suisse.

Portes Ouvertes, c’est un réseau de 25 associations en Europe et en Amérique qui apportent une aide spirituelle et matérielle là où la détresse est la plus grande. Ces associations veulent montrer une photographie mondiale la plus exacte possible de cette dure réalité quotidienne que sont les persécutions qui entravent la liberté religieuse dans la vie privée, familiale, sociale, civile et ecclésiale.

Le contrebandier de Dieu
C’est en 1955 que commence l’action des Portes Ouvertes, suite à l’appel reçu à Varsovie, derrière le Rideau de fer, par son fondateur le frère André. Depuis la parution de son livre autobiographique en 1967 « Le Contrebandier » jusqu’à aujourd’hui à 92 ans, le cœur de frère André n’a jamais cessé de battre pour l’Eglise persécutée. Pourquoi ce titre de « contrebandier » ? tout simplement, parce qu’avec sa petite « VW coccinelle », pleine de Bibles, il franchissait les frontières sous les yeux aveuglés des douaniers.

Aide à l’autonomie
Avec ses projets d’aide à l’autonomie, l’organisation aide les chrétiens persécutés et discriminés à gagner leur vie, un soutien orienté selon leurs besoins, en étroite collaboration avec des autochtones, car ils savent quelle aide est nécessaire. Elle veille au-delà des interventions, prépare l’Eglise des régions instables ou menacées et l’encourage à persévérer dans l’annonce de l’Evangile.

Agissez vous aussi en priant (des ressources sur le site, notamment un calendrier mensuel pour prier chaque jour avec un pays différent) et en informant pour mobiliser la population pour qu’elle soit solidaire de l’Eglise persécutée, notamment lors du dimanche de novembre qui lui est dédié.

Portes Ouvertes se déplace à votre demande près de chez vous pour une présentation.

Difficile et dangereux
Travailler avec des chrétiens persécutés est souvent difficile et dangereux et par conséquent relativement coûteux. Pour éviter de mettre les chrétiens encore plus en danger qu’ils le sont, Portes Ouvertes ne peut dévoiler que partiellement son travail.


Le site: portesouvertes.ch

Une année avec saint Joseph

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), janvier-février 2021

Par Mgr Alain de Raemy, évêque des jeunes, paru sur vocations.ch | Photo: MV

Le pape François a rendu hommage, le 8 décembre dernier, à saint Joseph, dans sa lettre apostolique Patris Corde, rédigée à l’occasion du 150e anniversaire de la proclamation de l’époux de la Vierge comme patron de l’Église universelle. À cette occasion, une « année spéciale saint Joseph » a été décrétée, elle se tiendra jusqu’au 8 décembre 2021.Cette lettre, le pape François en a eu l’intuition pendant la première vague de la pandémie. Il a vu en Joseph le modèle de toutes celles et tous ceux qui ont sauvé notre société par leur travail et leurs services et qui passent en temps normal inaperçus : « Saint Joseph nous rappelle que tous ceux qui, apparemment, sont cachés ou en « deuxième ligne » jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut. »

J’apprends en lisant cette lettre que saint Joseph est le saint le plus cité par les papes, après Marie. J’apprends que Jean XXIII aurait aimé prendre ce nom de Joseph, mais n’a pas osé, non pas parce que c’était son nom de baptême, mais parce qu’aucun pape ne l’avait fait avant lui. Mais il l’a introduit dans la liste des saints à toujours citer dans l’Eucharistie. Enfin, cette lettre me remémore que Pie IX le reconnaissait protecteur de l’Église il y a tout juste 150 ans, Pie XII celui des travailleurs, et Jean-Paul II le disait Gardien du Rédempteur.

Pour comprendre la force de la faiblesse
Le pape nous rappelle avec insistance que Dieu « peut agir à travers nos peurs, nos fragilités, notre faiblesse ». Dieu ne se sert pas seulement de nos qualités, mais tout autant de nos fragilités. Il regarde nos défaillances avec tendresse, sans jamais nous condamner. Combien de fois saint Joseph n’a-t-il pas été préoccupé, désarçonné. Mais toujours il a su faire confiance, ne pas en rester à ses difficultés, il a su s’en remettre à la providence. Sa faiblesse est devenue… sa force.

C’est ainsi que saint Joseph vit dans une double obéissance : obéissance à ce qui lui vient vraiment de Dieu (les songes) et obéissance aux choses de la vie comme elles sont, sans les fuir, mais au contraire en en faisant un chemin de nouvelles découvertes, un chemin de conversion. Ce qui s’appelle transformer nos problèmes en autant d’opportunes occasions !

Saint Joseph a dit et redit, autant que son épouse Marie : qu’il me soit fait selon ta Parole, ainsi soit-il !

Un soupçon…
Le pape est tellement émerveillé par le rôle que saint Joseph a pu jouer dans la croissance humaine de Jésus qu’il s’écrie : « Je veux imaginer que, pour la parabole du fils prodigue et du père miséricordieux, Jésus se soit inspiré des comportements de Joseph ! »

Dans le contexte actuel de harcèlements et de sexismes, le pape souligne combien les hommes dans leurs attitudes avec les femmes peuvent s’inspirer de lui, de Joseph avec Marie. En ce temps de crise économique, combien le chômage est contraire à la plus noble des aspirations humaines de contribuer à la vie, à la manière d’un simple charpentier dans un lieu reculé. En ce temps d’absence du père, combien ce rôle peut et doit être constructeur et libérateur. Et combien la chasteté n’est pas qu’une question d’affectivité, mais surtout, en toute chose, un savoir aimer qui se donne sans vouloir posséder.

Un appel !
Comme toute lettre, elle est écrite pour être lue. Mais en l’occurrence, elle pourra être lue et relue ! Ce ne sera pas du temps perdu. Je peux vraiment la recommander. Je n’ai jamais vu, en si peu de pages, un si grand condensé de sagesse chrétienne, et tout… sauf compliqué !

Merci, Saint-Père !

Bonne et Sainte Année 2021

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Haut-Lac (FR), janvier-février 2021

Texte par l’abbé Mietek | Photo: J.-B. Pauchard

Décidément, il n’y a pas de quoi pavoiser. Les nouvelles chaque matin, ne sont pas réjouissantes : le virus qui fait trembler le monde, le monde démoralisé par la pandémie.

L’Espérance a du mal à être au rendez-vous. Nous venons de fêter Noël, ce temps où se redit avec force cette Bonne Nouvelle: Dieu vient à la rencontre de l’homme ; en Jésus, il se fait le compagnon des hommes ; par l’Esprit, il leur apporte la Vie.
Si Dieu est avec nous, s’il nous soutient de sa présence et de la force de son Esprit re-créateur, pourquoi avoir peur ?

« Homme de peu de foi, pourquoi avez-vous douté, alors que je suis avec vous dans la barque. » dit Jésus à ses disciples (cf. Mc 4, 37-41). C’est cette présence qui fonde notre confiance. Et cette attitude profonde de confiance porte en nous ces fruits que sont l’espérance, la paix intérieure et la joie. Cette joie est un don de Dieu. Personne ne peut l’enlever (cf. Jn 16, 22). C’est la joie de la foi qui échappe au simple clivage psychologique entre optimisme et pessimisme.

Le disciple du Christ n’est ni un pessimiste désabusé ni un optimiste naïf. Il sait qu’avec Dieu, tout reste possible: l’avenir reste ouvert et la transformation du cœur des hommes est à l’œuvre aujourd’hui dans nos vies et dans le monde. Si Dieu est là, pourquoi avoir peur ? Confiance, la joie et la paix sont possibles.

Que la Nouvelle Année, malgré les difficultés, les épreuves, vous comble tous de Paix, de Joie, de Santé et de Bonheur.

Qu’il nous soit donné d’être habités et fortifiés par la promesse de Jésus :
« Je suis avec vous chaque jour jusqu’à la fin des temps. » (Mt 28, 20)
Et Celui qui fait cette promesse sait le prix et le poids, et les luttes et les déchirements, et les émerveillements d’une existence humaine !

Sois devant nous, Seigneur Jésus, pour nous ouvrir ta route !
A vous tous,
Bonne et Heureuse Année 2021 !

Suivre l’étoile?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg, janvier-février 2021

Par l’abbé Alexis Morard, doyen | Photo: Pixabay

En ce début de l’an nouveau, nous avons coutume de faire mémoire de ce mystérieux voyage qu’ont accompli des mages, suivant le désir de leur cœur qui les poussait à aller à la rencontre d’une nouveauté absolue dont ils ignoraient encore la réalité.

Ils ne se sont pas mis en route parce qu’ils ont vu l’étoile mais ils ont vu l’étoile parce qu’ils se sont mis en route, comme l’avait remarqué saint Jean Chrysostome (IVe siècle). Les mages « avaient le cœur ouvert sur l’horizon et ils ont pu voir ce que le ciel montrait parce qu’ils avaient en eux un désir qui les poussait. Ils reflètent l’image de tous les hommes qui, dans leur vie, ne se sont pas laissé anesthésier le cœur ». (Pape François)

Davantage que des « vœux pieux » qui n’engagent souvent pas à grand-chose – comme ces résolutions qui parfois révèlent par trop notre décourage­ment face à nous-mêmes ou au monde qui nous entoure – puissions-nous choisir véritablement de nous (re)mettre en route en osant écouter les grands désirs qui habitent notre cœur. Nous pourrons ainsi orienter notre marche, guidés sûrement par la tendresse de Celui qui nous donne rendez-vous dans l’humilité d’un Amour qui s’est fait chair et qui nous a rejoints d’une manière que nous n’aurions pu imaginer.

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