Rencontre avec Romaine Pouget

Soigner, guérir et prendre soin des frères et sœurs en humanité.

Propos recueillis par Alessandra Arlettaz | Photos : Romaine Pouget

Le thème est « Médecin et Chrétien », me dit-on, en me demandant d’écrire cet article. En ce qui me concerne, ce serait plutôt « Chrétienne et Médecin », puisque c’est une chrétienne, intérieurement déjà consacrée au Seigneur, qui a débuté avec enthousiasme des études de médecine à l’âge de 19 ans. A cette période, je me savais déjà en « état de vie consacrée », bien que ne voyant pas encore sous quel type d’engagement cela allait « s’officialiser ». 

Le Seigneur ne m’a fait découvrir l’existence de l’Ordre des Vierges consacrées que 11 ans plus tard, alors que déjà médecin depuis 5 ans, il me tardait vraiment de pouvoir Lui dire « OUI » officiellement. Dans le même temps, je savais tout à fait clairement que j’étais faite pour être médecin. Je dirai donc que je suis une enfant de Dieu qu’Il a appelée à une double vocation, celle de consacrée et celle de médecin, ceci se mariant très bien à la vocation de vierge consacrée.

A partir du moment où une rencontre personnelle et profonde avec Dieu a lieu, toute la perception de la vie est fortement imprégnée de cette dimension. Les études, et l’activité professionnelle, ont un sens différent et peuvent être vécues comme une mission donnée par le Seigneur pour vivre, selon Son Cœur, notre « stage d’Amour » sur la terre. De fait, si le but perçu de la vie sur la terre est d’apprendre à aimer, notre façon de percevoir nos journées, les interactions avec nos frères et sœurs en humanité (y compris professionnelles) en a nécessairement la « couleur et l’odeur », en dépit de nos limites personnelles et des épreuves qui agitent la surface. La vie consacrée qui nous fait « élan d’amour » en réponse à un « Elan d’Amour » touche ainsi naturellement toutes les dimensions de notre vie, activité professionnelle comprise.

Soigner, guérir, quelle mission magnifique et hautement privilégiée !

Personnellement, il m’est donné d’aimer « prendre soin ». Plus j’avance, plus j’aime d’ailleurs « prendre soin » de mes frères et sœurs en humanité, plutôt que simplement « soigner ». En effet, au-delà de la passionnante dimension scientifique, il y a toujours la rencontre d’une personne tout à fait inédite dans sa dimension corporelle, psychique et spirituelle. Et je pense que le Seigneur (si on le veut bien) essaye toujours d’ouvrir notre intelligence sur chacune de ces dimensions, pour que le soulagement apporté soit le plus large possible et s’opère dans le plus grand respect possible de la personne unique et sacrée qui nous est confiée. Ainsi, quand on ne peut pas guérir, on peut toujours être un « baume sur les blessures de nos frères », une présence de Vie auprès de ceux qui sont « en fin de cette vie », …

Je conclurai par une immense action de grâce envers Celui qui nous a aimés le premier et qui nous accompagne avec tant de patience et de délicatesse dans les missions qu’Il nous a confiées pour notre plein épanouissement, pour la joie de tous et pour que notre vie soit une vivante louange à la gloire de Son Nom.

(Cf. Wikipédia et Catéchisme de l’Eglise catholique)

Dans l’Eglise catholique, une vierge consacrée est une femme qui, par amour de Dieu, s’est engagée à vivre dans le célibat et la chasteté, et a été consacrée au nom du Seigneur par l’évêque de son diocèse de domicile.

L’Ordre des Vierges consacrées remonte aux temps apostoliques. « Dès les temps apostoliques, des vierges chrétiennes, appelées par le Seigneur à s’attacher à Lui sans partage dans une plus grande liberté de cœur, de corps et d’esprit, ont pris la décision, approuvée par l’Eglise, de vivre dans l’état de la virginité «  à cause du Royaume des cieux  » » 

(Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 922)

Rencontre avec Hannelore Luy

La Vierge noire à Einsiedeln, notre Dame des Ermites.

Texte et photos par Véronique Denis

La rencontre a lieu à son cabinet, au cœur de la ville de Martigny. Avec Hannelore, pas de demi-mesure. Elle est tout entière dévouée à sa tâche de médecin généraliste, médecin répondante pour les EMS de Charrat-Fully-Saillon-Leytron-Grimisuat. Célibataire par choix, elle considère son travail de médecin comme une véritable vocation au service de l’humain. Elle ne compte pas ses heures pour vivre à fond sa mission de médecin. 

Elle a été élevée dans une famille pratiquante, notamment lors de ses vacances d’été au Jura, chez ses grands-parents maternels. La messe quotidienne à 7h l’émerveillait et elle a participé plusieurs fois au pèlerinage à Einsiedeln avec les Jurassiens, auprès de la Vierge noire.  Aujourd’hui, elle entretient d’excellents contacts avec les chanoines du Grand-Saint-Bernard, responsables des communautés paroissiales du secteur de Martigny.

Ces souvenirs d’enfance l’ont confortée dans sa foi chrétienne et aujourd’hui encore, la prière quotidienne (elle passe tous les soirs à l’église paroissiale de Notre-Dame de la Visitation à Martigny-ville pour allumer un lumignon et confier les patients rencontrés durant la journée) et la messe du dimanche nourrissent sa vie de croyante. 

Lors de ses visites dans les EMS, au moment où les résidents vont vivre leur Pâque, le passage vers la Vie éternelle, elle invite toujours les familles chrétiennes à contacter le prêtre ou le pasteur pour une rencontre et recevoir les sacrements de l’Onction des malades ou le viatique. En tant que médecin-adjointe au médecin cantonal pour les districts de Martigny-Entremont, lors des morts violentes (suicide, Exit, accident, etc.), Hannelore est appelée avant la levée des corps. Durant le trajet en voiture, avant le constat, elle confie le défunt au Père des cieux et prie son saint « préféré », saint Antoine de Padoue. Elle invite parfois les patients, selon leur situation personnelle et leur religion, à recourir à la prière pendant le processus de guérison ou de fin de vie.  

Médecin – chrétienne, pour Hannelore, c’est un tout. Il n’y a pas de séparation. La foi chrétienne apporte à sa vie professionnelle une autre dimension : la relation à l’Autre, à Dieu qui est source de vie, d’amour et de bonté. 

Nous terminons l’entretien en évoquant ses merveilleux souvenirs vécus à Lourdes lors des pèlerinages d’été. Les contacts noués avec les résidents de la Castalie, fidèles pèlerins de Lourdes en été, l’ont même amenée à demander à la Fondation Annette et Léonard Gianadda de financer l’achat d’un nouveau bus pour les sorties des membres de Cérébral Valais. 

Merci Hannelore pour ta joie de vivre, ta foi intense qui t’habite et qui déborde d’espérance et de charité pour tous ceux que tu rencontres.  

La mort

Texte et photo par Jean-Christophe Crettenand

Si en lisant pour la première fois le titre de ce numéro – « Mortellement vôtre » –, ce sont les visages de Roger Moore et de Tony Curtis qui me sont venus à l’esprit – associés aux personnages de Lord Brett Sinclair et de Daniel Wilde (dit « Danny ») dans la série des années 70 « Amicalement vôtre » –, j’ai très vite recentré mes réflexions sur la mort, car c’est bien de cette thématique dont il est question dans la présente édition de notre magazine paroissial.

Je me suis d’abord focalisé sur l’expression complète utilisée pour ce titre avec ce « vôtre » qui m’avait fait dévier du sujet (cf. 1er paragraphe). Je ne suis pas allé très loin sur cette voie en me disant « Oui, bien sûr, ce «  mortellement vôtre  », cela fait allusion à Jésus qui a donné sa vie pour nous ». Mais comment développer cela ?

J’ai finalement décidé de partager avec vous deux aspects de « la mort » qui ont animé mes réflexions lors de la rédaction de cet édito : la célébration de la fête de la Toussaint et une expérience personnelle.

La fête de la Toussaint

Je reste impressionné, année après année, par la célébration de la fête de la Toussaint en tant qu’évènement rassembleur pour de nombreuses familles. L’église est quasi remplie ce jour-là et au moment de se rendre au cimetière, l’assemblée prend encore de l’ampleur. Je suis fasciné par ces liens qui se manifestent à cette occasion. Si l’on est avant tout en famille, on prend cette occasion pour partager tout particulièrement avec les autres familles « voisines de cimetière ». Je ressens à chaque fois un sentiment général de bienveillance encore plus fort qu’habituellement. Les familles qui ont perdu un être cher durant l’année peuvent alors se sentir membres à part entière d’une communauté solidaire. 

Peur de la mort ?

Quelques mois avant la mort d’un de mes oncles qui se savait condamné du fait de sa maladie (Edgar Challandes, qui habitait Fontaines, dans le canton de Neuchâtel, décédé en 2000), je me suis retrouvé seul avec lui dans le salon familial. A bien y repenser, je crois que c’est la seule et unique fois où j’ai eu une conversation sérieuse, seul à seul avec lui. Je me souviens parfaitement lui avoir demandé : « Tonton Edgar, est-ce que ça te fait peur de savoir que tu vas bientôt mourir ? » Il a réfléchi quelques instants et m’a répondu, avec son humour habituel : « Non, ça ne me fait pas peur. Il paraît juste que ça fait un peu bizarre la première fois ! »…

Les Journées Mondiales de la Jeunesse, une « fête de la foi »

Par Johan Salgat | Photos : Yves Crettaz

Les 36es Journées Mondiales de la Jeunesse auront lieu cet été à Lisbonne. Depuis la première édition en 1986, chaque évêque est invité à programmer un évènement annuel pour les jeunes dans son diocèse, des « JMJ régionales ». Tous les deux ou trois ans, cette rencontre est internationale et rassemble plusieurs centaines de milliers, voire quelques millions de jeunes du monde entier.

La structure globale de la semaine est généralement semblable d’année en année : une messe d’ouverture est célébrée avec l’évêque local le mardi, le Pape est accueilli le jeudi et le vendredi est proposé un chemin de croix. Le samedi, tous les pèlerins venus du monde entier marchent pour rejoindre le lieu de rassemblement final, qui comporte une veillée de prière, une nuit à la belle étoile, les laudes et la messe d’envoi, présidée par le pape. Durant ces quelques jours, les jeunes ont également la possibilité de suivre des enseignements, des concerts, des expositions et de découvrir la ville hôte.

Cette invitation du pape Jean-Paul II, reprise par Benoit XVI et François, qui s’adresse à tout jeune, quels que soient son pays et sa situation, est un temps fort. Cette rencontre est festive et joyeuse. Les rues sont envahies de jeunes, les visages illuminés, s’échangeant des goodies et brandissant leur drapeau, dansant et riant ensemble, bien qu’ils ne parlent pas la même langue. Mais l’amour se fiche des langues. L’Eglise universelle est rassemblée et célèbre ensemble le Christ vivant. 

Cette année les JMJ ont lieu à Lisbonne, au Portugal, du 1er au 6 août. Différentes variantes sont possibles, en fonction des disponibilités et envies de chacun. La proposition, à laquelle les jeunes sont plus particulièrement encouragés à participer, est de partir la semaine précédente dans le diocèse de Braga. Cette semaine permet de découvrir la culture locale, le groupe avec lequel nous partons et de se préparer à vivre la semaine suivante à Lisbonne. Il est aussi possible de s’inscrire pour une semaine supplémentaire, soit du 7 au 12 août, pour rentrer en douceur, débriefer et redescendre un peu de notre nuage en s’arrêtant dans le sud de la France. Toutes les infos se trouvent sur jmj.ch 

Le thème de ces JMJ 2023 est « Marie s’est levée et est partie en hâte » (Lc 1, 39). Alors, à l’exemple de Marie, levons-nous et partons avec empressement !

Questions et informations complémentaires : 
Johan Salgat / 076 576 91 89
salgat.johan@gmail.com

Messe d’envoi aux JMJ de Panama.

La solitude des prêtres

PAR JUDITH BALET HECKENMEYER
PHOTOS: JUDITH BALET HECKENMEYER, FRANK JULLIARD

Lorsque ce terme est évoqué, de suite vient à l’esprit le sujet du célibat des prêtres. Mais vivre avec quelqu’un au quotidien est-il gage de ne pas ressentir de la solitude? Même au milieu d’une foule, il est possible de ressentir une solitude extrême.

Mais la solitude peut aussi être une bénédiction, car elle permet de mieux se relier au fond de son être. Jésus n’est-il pas parti pour 40 jours dans le désert avant sa grande épreuve ?

Certains religieux vivent en communauté, mais bien souvent les prêtres vivent seuls.

Ils ne manquent certainement pas d’occasions de réunions, de conseils de tous ordres, de rencontres privées avec leurs paroissiens, mais la fonction qu’ils occupent mettrait-elle une barrière à de solides relations amicales, ou à oser demander de l’aide ?

Lorsque des difficultés surviennent dans la vie d’un prêtre, vers qui peut-il se tourner pour partager ? Comment se fait-il accompagner lorsque de grandes remises en questions le taraudent ? Car il ne doit pas toujours être facile d’accueillir les souffrances des autres, de porter leurs malheurs, de les accompagner dans la peine, les deuils, les maladies, leur propre solitude. Comme pour tous les frères humains, les prêtres ne sont pas à l’abri des dépressions, des dérapages (dont l’opinion publique avide de scandales se délecte tant actuellement), des suicides. Bref, des maux qui touchent au fond tous les êtres humains. Et lorsqu’il y a maladie, dans la fin de vie, la solitude leur est-elle plus grande encore ?

Ce n’est que lorsque la solitude est pesante, qu’il est nécessaire de la rompre. Pour aider, il faut une demande. Pour répondre, il faut une question.

Il est donc de la responsabilité de chacun, prêtre ou non, de chercher de l’aide, des soutiens lorsque la solitude devient difficile à vivre ! De même que lorsqu’elle est nécessaire, bienvenue ou appréciée, de la savourer avec délectation.

Témoignages de nos quatre prêtres

La solitude par Bernard Maire

Photo: Robert Zuber

D’après le dictionnaire, est solitaire non seulement celui qui est seul par obligation, mais aussi celui qui aime à être seul ou à vivre seul par désir ou par besoin. La solitude est donc l’état d’une personne seule, retirée du monde, qui la subit ou qui la cherche.

Je l’imagine pourtant comme une personne tout de noir vêtue : elle me rencontre lorsque je suis vulnérable, lorsque je n’ai pas pris le temps de méditer la parole de Dieu, ou encore de prier l’Office divin.

Elle est ingrate, sournoise et elle se trouve cachée quelque part en moi. Je n’ai pas de remède infaillible, ni de médicaments, aucune potion… rien si ce n’est de me remettre en route et de retrouver la puissance de la prière et de l’Evangile dans le quotidien de ma vie ! ou encore de me laisser faire par Dieu.

C’est Jean Rostand qui a dit : « Etre adulte, c’est être seul ! » On ne le dira jamais assez fort : cette solitude-là peut être féconde et enrichissante quand elle est choisie, souhaitée, voulue, à l’instar du Maître qui aimait à se retirer loin de la foule, pour méditer et prier.

Un temps pour soi par Bruno Sartoretti

Photo: Camp Biblique Œcuménique de Vaumarcuse

Est-il bien judicieux de parler de la solitude du prêtre ?

Le ministère qui nous est confié nous invite à la rencontre des personnes de la communauté afin de répondre à leurs désirs spirituels. Et ils sont nombreux ces désirs, et variés. Pour mieux réaliser la mission, il faut sortir des sentiers battus, de nos églises bâtiments afin de rencontrer l’Eglise vivante, donc prendre le temps d’aller en commissions au village, de prendre un café avec une personne rencontrée sur le chemin, de prendre le temps de discuter, … Il n’y a pas de sentiment de solitude, mais plutôt un sentiment de vie partagée, d’accompagnements mutuels, de soutiens et d’échanges comme dans une grande famille.

Mais il faut aussi des temps pour soi. Des temps pour se ressourcer, pour prier, pour lire la Parole de Dieu,… Des temps pour prendre soin de son corps afin de garder une santé qui permette les rencontres. Si ces temps demandent une certaine solitude, ils sont surtout des temps pour mieux vivre ensemble.

La solitude du prêtre n’est pas un poids qui m’opprime, mais des temps qui m’invitent à mieux préparer la vie de la grande famille de Dieu. La solitude n’est pas un temps où je me sens persécuté ou oublié, mais un temps que je mets à profit pour mieux laisser la place à Dieu, pour qu’Il puisse mieux vivre en moi afin que je puisse mieux le proclamer et en témoigner plus.

Merci donc à vous, les paroissiennes et paroissiens, qui êtes de ma famille. Vous me donnez beaucoup d’espoirs et d’envies par vos paroles et vos présences, par vos bonjours et vos questions, par vos sourires et vos saluts. Merci de faire de moi un homme debout, ressuscité, parce que vous me donnez la présence qui supprime la solitude.

La solitude par Robert Zuber

Photo: Robert Zuber

La solitude je l’ai vraiment rencontrée au moment du Covid où elle est devenue très négative, lourde et presque invivable. Il a fallu l’apprivoiser en donnant un sens à cette nouvelle réalité. Cela a été possible car j’ai osé ouvrir mon cœur à des proches et à un frère prêtre.

Ce qui m’a tenu et qui me pousse à continuer mon ministère dans la joie et la confiance ce sont tous les regards échangés, les sourires, les partages et les rencontres. Et aussi tous ces moments de prière, de célébration, de méditation de la Parole.

Pour moi l’essentiel c’est de rester en relation avec Dieu et avec les autres, c’est aussi la certitude que Jésus conduit son Eglise, les communautés et donc mon ministère.

Aujourd’hui la solitude est un chemin que je prends avec Jésus et Marie, en communion avec celles et ceux qui peinent et qui sont en souffrance.

J’ai encore mieux saisi qu’au cœur de ma solitude, il y a une Présence d’amour qui m’invite à m’ouvrir à Lui et aux autres pour mieux vivre et pour mieux aimer.

Apprivoiser la solitude par Rémy Delalay

Photo: Rémy Delalay

Durant mes 20 années de vie monastique, j’ai appris à apprivoiser la solitude. Comme dans ma cellule monastique, je n’ai à la maison ni radio ni télévision. Le silence à la maison apaise et aide à écouter son cœur et l’Esprit qui parfois se manifeste. J’ai l’habitude des repas en silence et du travail solitaire. Le silence extérieur n’est pas synonyme de solitude intérieure. Bien au contraire, il aide à porter ses proches et le monde dans la prière et les laissent se rendre présents par la communion des saints. Je ne me sens ainsi pas seul.

Dans le ministère, je suis bien entouré par les Conseils de communauté et les Conseils de gestion des différentes paroisses dont j’ai la référence. Les catéchistes, les sacristains et sacristines sont aussi importants et je les rencontre très souvent. On partage toujours un moment fraternel avant les célébrations.

Paradoxalement, c’est quand je suis avec beaucoup de monde que je peux me sentir très seul. Quand l’église est pratiquement pleine et que presque personne ne répond, quand je dois prier le Notre Père pratiquement seul au micro, alors oui, je me sens horriblement seul et triste. Quand je me suis retrouvé plusieurs fois à la messe de semaine seul avec la sacristine, alors oui, je me sens seul et triste. Ces moments sont des instants dans le brouillard, comme sur la photo, mais ils ne durent pas longtemps car le soleil brille en dessus. Et autour de moi, bien des personnes ont des fardeaux bien plus lourdes à porter.

Le langage de l’art sacré

PAR JUDITH BALET HECKENMEYER
PHOTOS: JUDITH BALET HECKENMEYER, CHRISTIANE MICHAUD

Comment représenter ce qui est sacré? Arrivera-t-on jamais à représenter cette flamme qui habite l’âme? Nos moyens sont dérisoires face à cette immensité d’amour qui emplit tout notre être. Ce langage est fait de symboles, de touches personnelles qui restituent la vision de chaque artiste et qui ne sera que partielle, momentanée. On ne peut pas prendre une photo d’une personne et prétendre que c’est toute sa vie! Le langage utilisé pour exprimer le sacré me semble donc être un cliché, un instantané de communion avec ce qui élève le cœur et l’âme de celui qui s’exprime par l’art.

En pensant à l’art sacré, je revois les magnifiques sculptures de Jean-Pierre Augier que j’ai découvertes au Grand-Saint-Bernard. Comment cet homme peut-il, avec des faux, des pièces de métal froides et coupantes, faire passer autant d’amour, de délicatesse et de sacré dans ses œuvres? Il en est une à Martigny, devant la maison de la visitation derrière l’église. Ce qui naît de ces pièces de métal, par les mains de M. Augier, est juste renversant, bouleversant.

Dans un autre registre et avec d’autres matériaux, Christiane Michaud (de Fribourg) peint. Depuis plusieurs années, ses toiles sont habitées, inspirées par la foi. Elle a peint nombre de suaires. Ses œuvres sont également empreintes de délicatesse, de finesse et laissent une belle place à la contemplation.

L’art sacré serait-il une invitation, un prétexte à la contemplation, au recueillement ? Certains parlent français, d’autres allemand. L’art sacré nous parle par des textes, de la musique, des chants, des sculptures, des peintures, des fresques, des bâtisses. Chacun y est sensible différemment et à sa manière, selon son tempérament, selon ce qu’il traverse, selon l’ouverture de son cœur au plus grand que soi, au meilleur de chacun qui s’exprime.

Ouvrons nos yeux et laissons-nous pénétrer par tout ce qui réveille le sacré en nous, surtout en ces temps de la nativité, ouvrons notre cœur à Dieu et ses multiples manifestations d’amour.

Mieux ou pas ?

PAR JEAN-CHRISTOPHE CRETTENAND
PHOTOS: JEAN-CHRISTOPHE CRETTENAND, MONIQUE CHESEAUX

A la lecture du thème central du présent numéro « Fin du monde, une histoire sans fin » ce n’est pas l’Apocalypse qui m’est venue à l’esprit, ni même la foule de perspectives peu réjouissantes se profilant dans le sillage du réchauffement climatique. Non. Rien de cela. La première phrase qui a fait écho à cette question dans mon esprit était « C’était mieux avant ».

Du coup, en cherchant le rapport entre ces deux phrases (je me suis dit qu’il y en avait forcément un), je me suis rendu compte que mon état d’esprit du moment avait fait rebondir mes pensées sur « une histoire sans fin », avant de les faire ricocher sur un « c’était mieux avant ».

En effet, ayant eu, peu avant ma lecture, des discussions sur la situation générale des sociétés villageoises et des cycles de hauts et de bas que l’on y rencontre, j’étais forcément exposé à ce type d’association (plus ou moins naturelle je l’avoue). Je pense ici tout particulièrement aux groupes de bénévoles qui « quittent »
parfois, par vagues, la société dans laquelle ils s’étaient engagés durant plusieurs années et dont la participation active était devenue quelque chose d’acquis. Ce phénomène nous met a priori devant un constat pessimiste car tout à coup les chiffres, à qui l’on a donné tant d’importance, chutent. La société qui avait des bases solides, nous apparaît tout à coup en péril, au bord du crash. On fait alors juste abstraction du fait que les membres de ce groupe qui s’en vont étaient arrivés en même temps dans cette société, ou engagés les uns par les autres, les uns envers les autres, justement par la force de leurs liens et intérêts de l’époque.

Pour ma part, je ne vois pas dans ce phénomène un signe de fin, mais bien un signe de renouveau. Immanquablement, de nouvelles forces vont prendre le relais, avec de nouvelles idées, de nouvelles attentes, une énergie nouvelle. Evidemment, il y a parfois un « vide » (la reprise peut prendre plus ou moins de temps), bien souvent des « c’était mieux avant », mais au bout du compte l’essentiel doit rester de répondre aux besoins et attentes du moment en vivant pleinement chaque nouveau cycle.

Synode: échos des réponses du diocèse de Sion

À PARTIR DE LA SYNTHÈSE DIOCÉSAINE ÉLABORÉE PAR L’ABBÉ PIERRE-YVES MAILLARD VÉRONIQUE DENIS | PHOTOS : CATH.CH

L’évêché de Sion a comptabilisé 270 retours de questionnaires, avec des réponses individuelles ou collectives, résultant de la réflexion d’institutions, groupements ecclésiaux. Même si la majorité des réponses émanaient des personnes engagées en Eglise, cela n’a pas empêché les remarques d’être critiques, mais dans un esprit constructif.

Le premier point qui ressort, c’est la grande attente d’une Eglise de proximité, ouverte, accueillante, simple, à l’écoute et en dialogue avec toute personne, sans discrimination. Cela rejoint les options pastorales fortes du pape François : l’attention aux pauvres, aux exclus et aux migrants, l’accueil des personnes en situation «irrégulière», la protection de l’environnement et la sauvegarde de la création, la reconnaissance de tous comme des frères et des sœurs.

Les obstacles ou les difficultés sont aussi relevés. Le langage et les rites de l’Eglise sont incompréhensibles pour beaucoup, même pour les personnes pratiquantes. La question des abus décrédibilise fortement l’institution ecclésiale. Le fonctionnement parfois trop hiérarchique, autoritaire, clérical de l’Eglise, est aussi mentionné.

J’ai eu la chance de participer à la journée synodale du 30 mai à Einsiedeln, comme déléguée du diocèse de Sion. Les réflexions de cette journée ont abouti à une synthèse suisse qui sera envoyée à Rome. Les mentalités suisses romandes et alémaniques sont très différentes. Nous les Romands sommes plus consensuels et moins revendicatifs. Un des points forts relevé est la prise de conscience de l’importance du baptême. De là découle la participation de tous à la mission : nous sommes tous coresponsables, chacun selon son charisme et sa vocation propre.

L’important ce sont les petits pas qui sont accomplis. Pour transformer notre Eglise, il en faut, de l’audace, du courage, de la conviction. Les récentes nominations de notre pape François en sont la preuve : il a nommé une religieuse secrétaire du dicastère pour le développement humain intégral ; trois femmes sont membres de la commission des évêques, commission chargée d’étudier les dossiers de nomination des évêques ; les vingt cardinaux nommés récemment ont des positions théologiques proches de celles du Pape.

Personne ne peut imaginer quelles seront les conclusions du synode qui se tiendra à Rome en 2023. Mais chacun est invité à garder confiance et à commencer à faire ces petits pas qui le mèneront là où l’Esprit Saint nous réserve quelques surprises.

Le rapport final suisse est disponible: https://www.eveques.ch/wp-content/uploads/sites/3/2022/07/220712-CH-rapport-synodal_f.pdf

Dieu au féminin

TEXTE ET PHOTOS PAR
JUDITH BALET HECKENMEYER

Le Pantocrator d’Arcabas: l’image du Christ avec une main d’homme et une main de femme.

En français, nous n’avons que deux genres : masculin et féminin. Dans les temps anciens, il n’était pas convenable de représenter Dieu, de le nommer même. Mais l’homme a besoin de se raccrocher à quelque chose de connu, à se faire une image pour mieux se représenter ce que Dieu est, mais on oublie souvent que ce ne sera que des facettes, car Il est bien plus que toutes nos représentations, que nos imaginations, que nos sens et notre intelligence ne peuvent percevoir. Alors il a été choisi que la représentation de Dieu soit plutôt masculine.

Dans les dialogues avec l’ange il est dit dans l’avant-propos : les anges n’aiment pas parler de « Dieu » – ce mot que des générations d’êtres humains ont usé, galvaudé, sali ; mais emploient pour Le désigner le pronom Ö – ici traduit par Lui- qui, dans cette langue archaïque qu’est le hongrois n’est ni masculin, ni féminin mais les deux à la fois ; transcendant la masculinité du Divin qui pèse si lourdement dans nos religions révélées. Ö est le masculin et le féminin, le Père et la Mère, force et sagesse, toute-puissance et tendresse ; et point n’est besoin de le compléter par des figures féminines, puisque la féminité fait partie de Son essence même, et nous le rend tellement plus proche…

J’aime cette approche, cette particularité linguistique qui ouvre un champ bien loin des querelles intestines de la dualité homme-femme. Par commodité nous utilisons la forme masculine. Parce que Jésus était homme et parlait de son Père. Mais rien ne nous empêche d’envisager le tout, de réaliser comme dans la nature même, masculin et féminin se complètent, vont de pair.

Le symbole du Tao est représenté par le masculin et le féminin, le noir et le blanc, avec en chacun une part de l’autre, un cercle où tout se rejoint, où tout est un.

Alors Dieu ? Masculin ou féminin ? Ou tout simplement bien au-delà de la dualité ?

Dieu au féminin

PAR GENEVIÈVE THURRE
PHOTOS TIRÉES DES SITES: monastere-geronde.ch et lapelouse.ch

Pour évoquer Dieu au féminin me sont venus à l’esprit les visages de sœurs religieuses qui ont traversé ma vie, à commencer par celui ma tante sœur Marie-Odile (Gisèle Roduit). Elle a été une caresse sur nos vies. Notre diocèse compte quatre communautés de sœurs religieuses, autant de visages de Dieu dans nos quotidiens, présents par la prière et le service.

Donner une voix et un visage à Dieu par le biais des médias: Louis Cergneux, chanoine à Saint-Maurice, a créé en 1906 la congrégation des sœurs de Saint-Augustin. Quelques sœurs sont actives dans le domaine de l’édition à travers la librairie de Saint-Augustin, tandis que les sœurs plus âgées sont actives par la prière et la simplicité de leur vie quotidienne.

«Il n’y a pas de plus grand amour que de DONNER SA VIE pour ceux qu’on aime.»

Maurice-Eugène Gard, prêtre de l’Abbaye de Saint-Maurice, bouleversé par la misère qui l’entoure, en particulier celle des enfants, réunit quelques jeunes femmes qui vont quitter leurs familles et mettre leur vie au service des pauvres.

La communauté des sœurs de Saint-Maurice vit actuellement dans le cadre magnifique de la Pelouse au-dessus de Bex. Leur quotidien est la bible – la liturgie – l’accueil – l’accompagnement – le service aux jeunes.

En 1622, saint François de Sales encourage un groupe de moniales cisterciennes qui fonde le couvent de Collombey. Les Bernardines de Collombey vivent selon la loi de saint Benoît. Elles cherchent Dieu dans la prière, la simplicité, le silence, le travail et l’accueil des personnes. Elles fabriquent les hosties et tiennent une sonothèque.

Rien n’est plus important que de dédier sa vie entière à la louange, mettre de côté tout ce qui n’est pas le Christ. Les premières sœurs de Géronde y sont arrivées en 1935, en provenance du monastère des Bernardines de Collombey. Comme ces dernières, elles font partie de l’ordre cistercien obéissant à la règle de saint Benoît. Elles vivent au sein de leur communauté, à l’écart de la vie ordinaire. L’équilibre de la journée repose sur le travail, la lecture, l’étude et l’accueil.

Après des années vouées à l’éducation des jeunes, la plupart des sœurs Ursulines de Sion ont accueilli une mission en pastorale paroissiale ou diocésaine. Elles s’y impliquent à travers la diaconie, la catéchèse, dans les équipes pastorales et les groupes paroissiaux.

« Se nourrir du pain de Vie, accueillir et servir le Christ dans son humanité », les sœurs Hospitalières de Sion restent porteuses du même désir que leurs fondateurs. Leur charisme s’incarne aujourd’hui dans l’accompagnement de leurs sœurs âgées au couvent. Leur mission d’évangélisation se vit dans la joie du don, dans la prière pour l’Eglise et pour le monde.

A la rencontre de Pauline Jaricot…

… «L’esprit d’entreprendre au service du Christ»

PAR ALESSANDRA ARLETTAZ
PHOTOS : OPM FRANCE, NEWSOUL, MISSIO AUTRICHE / CLEMENS FUCHS

En ce mois de Marie, je vous invite à aller à la rencontre de Pauline Jaricot, qui est née le 22 juillet 1799. Cette femme sera béatifiée le 22 mai 2022 à Lyon.

C’est une femme hors norme, son dévouement m’inspire énormément.

Elle vient d’une famille riche, où durant les premières années de sa vie de jeune femme elle en profite pleinement. Cependant, après un prêche sur la vanité, elle décide de tout laisser de ce luxe. Elle décide de s’habiller comme les ouvriers et de se mettre au service des pauvres.

Ayant un frère missionnaire, elle est mise au courant de la situation critique des missions. Elle prend l’initiative de faire connaître des missionnaires et leurs besoins et demande de les porter dans les prières. Ainsi, à 19 ans, Pauline a alors l’idée que chaque personne pourrait facilement trouver dans son entourage dix associés donnant un sou chaque semaine pour les missions. Elle invite donc à réciter un « Pater » et un « Ave Maria » chaque jour et à récolter « un sou » par semaine. S’ensuivrait ensuite un fonctionnement pyramidal organisé par groupe de 10, 100 et 1000 personnes. Chaque chef d’une dizaine récolterait les dons de ses associés, le chef de centaine ceux de dix chefs de dizaine et ainsi de suite, pour finir par alimenter un fonds commun. Ce « plan » de Pauline Jaricot aboutit à la création de l’œuvre de propagation de la foi en 1822.

Elle est aussi la fondatrice, en 1826, du « Rosaire Vivant ». Ce dernier regroupe ses membres par quinzaines dans une communion spirituelle en disant chaque jour une dizaine de chapelet pour prier tous ensemble le rosaire (à l’époque un rosaire compte 15 dizaines).

Un siècle après sa création son œuvre est élevée en œuvre pontificale par Pie XI. Pour la première fois toute l’Eglise est appelée à célébrer l’avant-dernier dimanche du mois d’octobre, le dimanche de la Mission Universelle.

Au-delà du Rosaire Vivant, son œuvre se résume à cette invitation qu’elle nous adresse aujourd’hui : « Unis-toi à cette mission : prie et fais prier ! »

Si vous voulez en savoir plus, voici un lien qui peut vous être utile:
http://paulinejaricot.opm-france.org/

Prière pour demander une grâce par l’intercession de Pauline

Seigneur,
Tu es venu sur la terre afin que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. A cette œuvre qui est la Tienne, Pauline-Marie Jaricot s’est dévouée tout entière.
Elle a établi la Propagation de la Foi pour les multitudes qui ne connaissent pas la Vie, le Rosaire Vivant pour ceux qui ne la possèdent pas dans son abondance.
Vénérable Pauline Jaricot, toi qui as consacré ta vie à répandre le Royaume du Christ en servant Dieu et les hommes, intercède pour nous et que Dieu daigne nous accorder la grâce que nous demandons humblement.
Amen.

Des cartes avec cette prière peuvent être commandées à Missio au 026 425 55 70 ou auprès de shop@missio.ch

Eglises désertées, fidèles vieillissants, oh là là

PAR JEAN-CHRISTOPHE CRETTENAND
PHOTOS : BENOÎT GAILLARD (BENGAIL)

Au fil des messes dominicales, il m’arrive de me dire qu’il y a de moins en moins de monde à l’église, du moins que le noyau que j’étais habitué à rencontrer dans les bancs de mon église, devient de plus en plus petit. Je ne vous parle pas des messes en semaine, car à ce que j’entends il n’y a pas grand monde…

Cependant, affirmer cela sans plus de considération, c’est oublier un peu vite que depuis quelques décennies il est devenu de plus en plus courant de choisir sa célébration en fonction de son agenda. Selon les activités du week-end, les cases libres sont identifiées et on trouve alors à coup sûr un horaire de messe qui permet de satisfaire tout le monde au coup par coup. Ainsi, le noyau est dispersé, mais il n’en reste pas moins fidèle.

De même si lors d’une messe en semaine dans une paroisse voisine je me dis qu’il y a vraiment du monde ici, c’est que je ne suis pas dans ma paroisse pour faire monter le compteur.

Dernièrement, avec mon copain Xavier (Rémondeulaz pour ceux qui le connaissent), nous nous sommes fait la réflexion, à la sortie d’une célébration, que nous étions les deux plus jeunes paroissiens du jour. Si cette perspective que deux quadragénaires représentent la base de la pyramide des âges des fidèles n’avait déjà rien de réjouissant, c’est lorsque nous nous sommes rendu compte qu’à nos 20 ans nous nous faisions déjà la même réflexion que nous nous sommes dit : « Oh là là. »

Pour aller au bout de mes théories des églises désertées et des fidèles vieillissants, basées sur mes constats sporadiques, il en faut tout de même un peu plus… Afin que ces dernières soient véritablement solides, il faudrait que je sois plus régulier dans la fréquentation des célébrations de ma paroisse. De cette façon, mes statistiques personnelles seraient réellement fiables et ne m’amèneraient pas à de bien trop hâtives conclusions…

Les gros cailloux

 

TEXTE ET PHOTOS : FAMILLE DELÈTRE SYLVIANE ET GRÉGORY

Dimanche 10h55. Les accords tonitruants de l’orgue retentissent dans l’église. La messe est finie. Le petit dernier, endormi dans mes bras, ne bronche pas. Sous un soleil radieux, le prêtre nous accueille sur le parvis avec sa bonne humeur et sa bienveillance habituelles. Il bénit le petit dormeur et m’interpelle : « Serais-tu d’accord d’écrire un article pour L’Essentiel : comment vivez-vous votre foi au quotidien ? » Et là, un temps d’arrêt.

Je me repasse le fil de la matinée. Dès le réveil, cette urgence : arriver à caser en une seule journée tout ce qui est à faire aujourd’hui, la dispute avec le cadet pour négocier un pantalon non troué, le chaos dans la maison au moment de partir
pour la messe, l’arrivée en retard, la frustration de vivre la célébration sur le parvis en raison du chahut des enfants, la liturgie qu’on peine à suivre, trop occupée à surveiller le benjamin qui tente ses premiers pas dans l’allée, mon cœur lourd des disputes du matin et des soucis professionnels. Et au milieu de tout cela, quand même, quelques mots de l’Evangile qui percent : « Heureux les doux… heureux les artisans de paix. »

En ce dimanche mouvementé, c’est Jésus qui m’interpelle sur ce parvis : toi qui cours sans arrêt après le temps, comment vis-tu ta foi, en famille et en communauté ? Où sont tes priorités ?

Dans le tourbillon de notre quotidien, nous avons quand même quelques bonnes intentions : transmettre à nos enfants une colonne vertébrale pour affronter un monde qui perd ses repères ; rendre grâce pour les merveilles en nos vies ; placer d’abord les gros cailloux dans le bocal de notre existence : l’eucharistie, la prière, la relation à Dieu, la relation à l’autre. Les graviers et le sable se glisseront dans les trous. Si nous commençons par le sable et les graviers, nous n’aurons jamais la place pour les gros cailloux. Enfin et surtout, face à nos faiblesses et nos difficultés : aller toujours puiser à l’unique source qui ne tarit jamais, l’Amour du Christ.

 

La joie vient du don

TEXTE ET PHOTO PAR JOHAN SALGAT

J’ai grandi à Fully dans une grande famille, où joie et humour sont très présents. J’aime beaucoup ma position de troisième: deux grands qui peuvent montrer l’exemple, et cinq frères et sœur plus jeunes, avec qui j’ai cette position de grand frère. Nous avons toujours vécu une belle foi au sein de la famille, de manière très personnelle, sans en discuter beaucoup entre nous.

Ma première rencontre avec Dieu s’est donc faite dans ma famille. C’est un beau cadeau que de recevoir le Christ par ses parents, même si je n’en avais pas vraiment conscience. Le parcours de confirmation a été pour moi marquant. Nous étions un beau et grand groupe sur le secteur, motivés. Après quelques années de cheminement, nous avons reçu ce sacrement vers la fin de notre scolarité. Un an plus tard, je partais aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Cracovie avec une centaine de Valaisans. Cela a été une expérience importante dans ma vie. J’ai rencontré d’autres jeunes du diocèse, de la Suisse, du monde ! J’ai découvert que la foi pouvait être festive et qu’elle se devait d’être partagée, sinon elle est en danger.

Avec le réseau des « DéJeune qui Prie », nous avons monté un spectacle sur Bienheureux Pier Giorgio Frassati. Ce jeune transalpin, montagnard, proche des pauvres et de Dieu, m’a particulièrement touché dans sa manière de vivre et sa simplicité.

Ma rencontre la plus touchante avec Dieu est certainement celle vécue sur mon chemin vers Compostelle. J’ai appris à voir Dieu au quotidien, dans chaque situation, en chaque personne rencontrée. Je l’ai senti proche de moi et je me suis senti proche de Lui. Aujourd’hui, j’essaie de continuer de voir ses actions dans chacune de mes journées.

Toutes ces rencontres m’invitent à me donner pour le Seigneur. En me mettant au service, je chemine avec Dieu. Cela est essentiel dans ma vie, Jésus est source de bonheur, j’en suis l’heureux témoin. Pour moi, il est évident que la joie vient du don. Car si rencontrer Dieu incite à le servir, c’est aussi en le servant qu’on le rencontre.

Rencontre avec Joëlle Carron La vie consacrée, une joie !

La vie consacrée, une joie !

Joëlle Carron, 40 ans, laïque consacrée Responsable de la Maison de la Diaconie et de la Solidarité, un pôle de compétences des Eglises pour le service des plus pauvres, et Déléguée épiscopale à la Diaconie. Dans mon vécu hebdomadaire:

  • Un avant-goût du Royaume au Verso l’Alto, le café social des Eglises
  • Plusieurs répétitions de chœurs
  • Une coloc de jeunes à Cana-Myriam
  • Une équipe incroyable, des frères et sœurs en ministère que j’admire
  • De multiples visages, quelques bouquins, des cours de travail social et beaucoup de crêpes

TEXTE ET PHOTOS PAR JOËLLE CARRON

Parfois on m’interroge sur ma bague d’alliance. Héritée de mes arrière-grands-parents, elle est double. Les deux alliances, aujourd’hui soudées, disent la longue fidélité de Benjamin et Amanda. Cette double alliance, ma marraine de confirmation me l’a offerte lors de ma consécration le 23 août 2015. Elle est signe que nous sommes bien deux à nous être engagés ce jour-là : Dieu et moi.

Peu de gens savent que je suis laïque consacrée. Un état de vie que beaucoup vivent en toute discrétion, dans leur cadre de vie habituel. Quant à moi, mon engagement comme laïque consacrée s’est fait dix ans après mes débuts comme animatrice pastorale. Ce choix de vie unifie mon être, dit quelque chose de ce que j’aimerais vivre, même si, bien sûr, tout n’est pas toujours simple. Il dit mon envie de donner ma vie, de Le suivre dans une certaine radicalité, à travers les mêmes vœux que les religieux.

Adopter une simplicité de vie, savoir que les biens matériels sont donnés à tous à travers nous, comprendre que mon essentiel est bien autre – c’est le vœu de pauvreté. La pauvreté n’est jamais bonne en soi. Et dans mon ministère, je lutte chaque jour pour en combattre les conséquences. Vécue comme un choix, le vœu de pauvreté libère pourtant. Il me permet de passer de l’avoir à l’être.

J’ai fait le choix aussi du célibat consacré, comme une disponibilité à tous, une possibilité de faire famille avec ceux qui n’en ont pas. De vivre pleinement cette fraternité d’Evangile, complémentaire à nos fratries biologiques et tout aussi forte. Je reçois de Dieu des frères à aimer, des sœurs à chérir. Avec la conviction que le lien, déjà tissé en creux, fleurira et qu’il n’y pas de hasard si la route se fait ensemble.

Enfin, mon engagement m’a permis de choisir qui j’ai envie de suivre. « Rabbouni »… dit Marie-Madeleine. Ce maître-là fait grandir ma liberté. A son école, j’apprends à devenir plus pleinement humaine, un peu plus à son image, tout cela avec mes ratés et ma fragilité. Heureusement, il est capable d’écrire droit avec mes lignes courbes.

Mon état de vie de consacrée me rend heureuse. Heureuse car je suis à ma juste place, en famille avec ceux que la société néglige. Heureuse d’expérimenter Sa fidélité – Il est toujours là, même si je ne le suis pas. Heureuse d’oser l’autrement de l’Evangile.

 

Rencontre avec Marie-Jeanne Seppey

En lien avec le thème «la joie de la vie consacrée», nous avons demandé à deux femmes, originaires de Saxon et de Fully, de témoigner de leur vie de consacrée. Merci à Marie-Jeanne et Joëlle de nous partager leur joie de servir et de se donner à la suite du Christ.

TEXTE ET PHOTO PAR MARIE-JEANNE SEPPEY

La joie du Seigneur est mon rempart ! Le retour d’exil des Israélites ressemble à notre quotidien : rebâtir une communauté, un lieu de vie. L’essentiel est ailleurs : le Seigneur cherche à vivre en nous. Telle est ma joie.

Joie de son choix qui surprend. J’ignorais ce qu’était un institut séculier. Je compris que là serait mon chemin. Etre saisi par l’absolu de Dieu en vivant comme tout le monde, par un travail. Je n’ai jamais regretté un seul jour cet engagement prononcé pour toujours. Ce n’est pas nous qui choisissons notre vocation, il nous revient de choisir le choix de Dieu.

Joie de sa présence dans mon histoire. Le pays et la famille où je suis née, les amis et les rencontres de mon village de Saxon, les professeurs lors de mes études, les personnes rencontrées : autant de médiations qui ont signifié l’attente du Christ à mon égard. Il n’a cessé de me regarder, de m’aimer, de me servir.

Joie des rencontres au quotidien. Tel élève qui découvre ce qu’est la vérité, le bien, qui prend conscience de la responsabilité de son libre-arbitre ; telle voisine qui va mourir et qui dit croire en ma foi ; tels amis invités avec qui nous cherchons à donner un sens à ce que nous vivons ; tel collègue de travail et tel membre de la famille avec qui nous échangeons : Il est là, présent.

Joie de l’expérience intérieure de sa Vie. En m’exerçant à lire la Parole de Dieu, je découvre que nous sommes les perles que le Seigneur cherche. Cela change mon regard. Il habite vraiment en moi, en chaque personne. Il passe par ma présence, mes paroles, mes actes, pour visiter et servir son peuple.

Joie de la prière d’alliance du soir. En faisant mémoire de la présence de Dieu dans ma journée, de mes parts d’ombre, je lui confie le lendemain. Ce qui advient est reçu comme de sa main. Je reste paisible et confiante, dans l’espérance.

Joie de le choisir même en exil. Parfois nous paraissons insensés pour les gens de ce monde, de nos communautés. Ce sont des moments où nous expérimentons différemment la liberté de Dieu. Tout est grâce : que ce soit le don ou la privation. C’est le moment d’offrir ma disponibilité, pour ce qu’Il veut, sans tout comprendre.

Le Christ est mon rempart. Telle est ma foi.

Au coeur de la pastorale spécialisée

Marie-Claire, en formation au parcours THEODULE, en stage au sein de la pastorale spécialisée

 

 

PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE DENIS | PHOTOS : GAËTAN STEINER

Marie-Claire, mariée et maman de deux enfants, a accepté de se former au parcours THEODULE avec un stage en pastorale spécialisée. Elle a découvert cette pastorale particulière qui respecte le rythme et la situation de chacun des enfants en situation de handicap, au moment où son fils Rémi accomplissait son cheminement vers les sacrements. Elle a accepté de se former pour donner à d’autres parents la chance de vivre ces démarches avec leurs enfants différents. Au fil de l’entretien, j’ai découvert que la patience – le respect du rythme de chacun – les adaptations – les répétitions – les expressions corporelles – le recours aux expériences sensorielles, etc. Autant d’attitudes qui caractérisent cette pastorale spécialisée. L’utilisation des personnages bibliques – les chants gestués – l’utilisation de symboles et d’autres techniques inventées et sans cesse renouvelées par les catéchistes, permettent à chacun des enfants d’entrer dans le mystère de la foi qui est toujours à explorer et à vivre.

Il est difficile pour Marie-Claire d’évoquer un souvenir en particulier. Chaque rencontre est un moment fort vécu simplement et en vérité. Elle souhaite évoquer le deuil récent de sa belle-maman. Marie-Claire a été touchée par le message reçu de son équipe qu’elle n’avait pas pu rencontrer en raison de l’enterrement.

En conclusion, elle formule un vœu : que la pastorale spécialisée soit de plus en plus connue : c’est une nécessité pour aujourd’hui pour permettre à tous les enfants et adultes différents, en situation de handicap de vivre leur foi, à leur rythme et en fonction de leur situation et vécu particuliers.

Pastorale spécialisée diocésaine

Propos recueillis par Véronique Denis auprès de Gaëtan Steiner,
responsable de la pastorale spécialisée diocésaine

La pastorale spécialisée diocésaine recouvre différents domaines d’activités :

  • Animations spirituelles dans les grandes institutions diocésaines : mise en œuvre des temps de célébrations tout au long de l’année.
  • Accompagnement spirituel des personnes en situation de handicap.
  • Propositions catéchétiques dans l’accompagnement des personnes vers les sacrements.
  • Accompagnement particulier lors des deuils ou dans les situations difficiles : écoute, accueil individuel selon les circonstances.
  • Soutien aux paroisses lorsque des enfants ou adultes en situation de handicap souhaitent cheminer vers les sacrements et être intégrés aux parcours paroissiaux.

Les lieux principaux accompagnés et suivis par la pastorale diocésaine :

  • Les lieux de vie et les institutions : La Castalie – la Fovahm – Cité Printemps – Foyer Anawim.
  • Les écoles : Institut Sainte-Agnès – Ecole de la Bruyère – Notre-Dame de Lourdes.
  • Les Associations : les Sourds et les Personnes malentendantes du Valais – Cérébral Valais – Foi et Lumière.

Pastorale des handicapés

PAR JUDITH BALET HAECKENMEYER
PHOTOS : JUDITH BALET HAECKENMEYER, PIXABAY

Dans les temps anciens, les personnes différentes en raison de soucis physiques ou mentaux étaient mises de côté, rejetées en quelque sorte de la société.

De nos jours heureusement, des efforts d’inclusion, d’acceptation des différences sont mis en œuvre, dans les écoles déjà. Cela ne simplifie probablement pas la tâche des enseignants, mais agrandit le cœur de tous. Me revient en mémoire les années où un enfant différent fréquentait la classe d’un des miens et de la richesse que ça avait amené à tous : écoute, bienveillance, colère parfois aussi, et surtout une plus grande ouverture aux différences, une plus grande ouverture du cœur.

Lorsqu’on regarde la vie d’Alexandre Jollien, quelle perte cela aurait été si on avait continué de cantonner cet homme merveilleux à son handicap! Plus près de chez nous, c’est Marie-Madeleine qui nous époustoufle, qui nous tire en avant. Ce sont ces voisins de la rue de la Taure ou du Home Pierre-à-voir qui nous saluent, timidement ou plus franchement. Comme nous a accueillis Dominique lorsque nous sommes arrivés dans ce village: ces «comme je suis content de te voir» accompagnés d’une franche accolade faisaient si chaud au cœur! Même si parfois les enfants étaient un peu gênés car il serrait fort! Certains de nos voisins sont plus timides, plus réservés. Mais au fait, qu’ils soient bien portants ou non!

Pourquoi dans ce cas parler de pastorale des handicapés ? N’est-ce pas une forme de condescendance de la part des «bien-portants»? Car au fond, nous sommes tous handicapés d’amour ! Ne serait-ce pas ce handicap-là qui serait à mettre en exergue dans la pastorale, plutôt que de marquer encore une fois une différence physique ou mentale ? Et là en toute humilité les bergers n’ont que quelques millimètres d’avance.

Mais l’important n’est-il pas de s’entraider à ouvrir nos cœurs? A tenter d’accueillir tous ces handicapés d’amour que nous sommes, et nous-mêmes en premier?

Un parcours floral pour l’Avent

TEXTE ET DESSINS PAR BRUNO SARTORETTI

Chaque année, les fleuristes du secteur des Deux-Rives se mettent ensemble pour réfléchir à une mise en œuvre commune pour toutes les paroisses durant le temps de l’Avent et celui du Carême. Ces temps qui nous mènent vers la Vie.

Cette année, après avoir lu les textes bibliques, nous avons retenu l’idée que Dieu nous offre une création nouvelle en venant lui-même s’incarner dans l’humanité.

Le premier dimanche, le Christ nous montre que le monde est appelé à subir des catastrophes climatiques, sismiques, océaniques,… Mais au milieu de tout cela, l’homme est invité à rester fidèle à la Parole, à son Dieu ; et de son côté, Dieu nous donne un germe dans la maison de David. Au milieu du chaos, de la destruction, une petite pousse verte nous donne l’espérance.

Le deuxième dimanche, Jean-Baptiste prophétise, c’est-à-dire qu’il proclame la Parole de Dieu. Et cette parole nous met en route, elle propose de devenir témoin de Dieu en aplanissant les chemins de nos paroles, de nos sms, de nos réseaux sociaux. Nous pouvons aussi abaisser les montagnes de nos indifférences, combler les ravins de nos relations. Préparer le chemin, accueillir la Parole, c’est se convertir à la présence de Dieu.

Le troisième dimanche, le prophète Jean répond aux questions du peuple. Que devons-nous faire ? Et la réponse du Baptiste, écho de la Parole de Dieu, invite à être plutôt qu’à faire. Partage, humilité, patience, non-violence, voilà comment être afin que la Parole soit louange et joie, allégresse et bonheur. Etre révèle le bon grain qui séparé de la paille peut porter les fruits.

Le quatrième dimanche est celui de l’intériorité, celui de l’enfant qui tressaille, celui de l’enfant qui sauve. La terre s’ouvre afin de mettre au monde le Salut, la Paix, le fils de l’Homme. C’est le temps des entrailles, de l’intimité, de la présence. C’est l’Alliance qui se renouvelle, le monde nouveau est en gestation, près à naître. La Parole est gravée dans mon cœur, dans mon corps afin de me faire vivre le Salut.

C’est Noël ! Le monde devient berceau de Dieu. Couché sur la paille, le nouveau germe de David inaugure la présence de Dieu dans les entrailles de l’humanité afin d’y mettre la joie, l’amour et la vérité, chemins d’espérance et de salut. Joyeux Noël !

Joyeux nouveau Monde !

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