Rencontre avec… Humberto Salvagnin

Titulaire des grands orgues de l’église Sainte-Thérèse à Genève

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2021

PAR ANNE-MARIE COLANDREA | PHOTO : DR

Cher Humberto, ceux qui ont l’occasion de t’écouter et de prier au fil des célébrations à la paroisse Sainte-Thérèse (et bien au-delà encore avec les concerts) savent t’apprécier et connaissent les dimensions de ton talent. Non seulement tu sers la liturgie, mais tu accompagnes aussi les talents de ceux qui collaborent avec toi. C’est l’occasion de découvrir d’autres musiciens. Je pense tout spécialement à Steve Dunn, Maître de chapelle à l’église Sainte-Thérèse qui dirige le Chœur mixte et la Maîtrise. J’ai aussi découvert ta patience et ton plaisir pédagogue à faire découvrir ton art et la magie de l’orgue. Ainsi, au cours de la retraite de préparation à la première communion, les enfants curieux et enthousiastes à l’idée de monter à la tribune et voir de plus près cette « chose énorme »… repartent impressionnés, émerveillés… et ils en redemandent !

Qu’est-ce qui t’a conduit à privilégier l’orgue ?

L’aspect visuel de l’instrument, et aussi le mystère qui entoure l’orgue : les sonorités, la technicité. Je dois dire que j’ai toujours été attiré par les mécanismes, en toute chose. Dans mon pays d’origine, le Brésil, l’orgue n’est pas si bien considéré, il est même ignoré dans le monde de la musique et également dans la sphère de l’église locale, malgré cela j’ai été fasciné.

Quel est le souvenir marquant que tu gardes de l’un de tes enseignants ?

J’ai commencé par étudier le piano à la maison avec des cours particuliers, puis je suis allé à l’école de musique. Au fil de ces pérégrinations, je suis très reconnaissant envers les enseignants que j’ai eus, également à l’Université et plus tard à la Haute école de Musique de Genève. Leurs conseils m’ont marqué, et parfois il resterait des regrets à ne pas les avoir écoutés davantage. J’ai également appris de collègues, et je continue à travers mon propre enseignement à me laisser surprendre. Il m’arrive aussi de retenir des conseils de mes élèves. A mes débuts, l’enseignement était plus « académique » et l’on ne poussait pas trop les élèves à se dépasser. Toutefois, cela m’a permis de recevoir un bon cadre de musicalité et de technicité.

Comment es-tu venu à la musique sacrée et surtout à servir la liturgie dans une paroisse ?

C’est très complexe. C’est tout un concours de circonstances. On pense toujours que pour jouer de l’orgue, il faut exercer dans un édifice religieux. Or, l’orgue est l’un des plus anciens instruments. Dans l’Antiquité, les Romains associaient l’orgue aux évènements publics et politiques. Dans les arènes, on jouait de l’orgue lors des combats. Les Grecs utilisaient un type d’orgue pour les jeux olympiques. Dans le domaine privé, les familles riches et de grande notoriété possédaient un orgue dans leur demeure ; ce qui a été perpétué jusqu’à une époque récente en Europe.

Aujourd’hui, le plus souvent pour pouvoir jouer de l’orgue, il faut se rendre dans une église ou un temple. Peu à peu le sens de la liturgie se développe ainsi que les connaissances en musique sacrée. Pour l’anecdote, j’ajouterai qu’il y a une différence dans la formation entre les pays latins et les pays anglo-saxons ou germaniques, chez ces derniers il existe une tradition de « musique d’église » en tant que telle.

Les concerts, même dans un temple ou une église, permettent aussi d’élargir les répertoires et de jouer des pièces moins « liturgiques ». La liturgie demande des adaptations y compris en accord avec le célébrant et avec sa manière de vivre l’office, la messe.

Comment aider l’art et la liturgie à survivre en cette année de pandémie avec les restrictions inhérentes ?

Même en période de confinement, le travail en distanciel, comme le suivi des enseignements par zoom, semblent avoir redoublé le travail. En même temps, on remarque des abandons notamment chez les tout jeunes élèves.

Cette période est aussi l’opportunité pour découvrir de nouvelles technologies comme appui à l’exercice de l’art de la musique. Ainsi, j’ai été motivé à enregistrer des vidéos où j’exécute des pièces sur les orgues de Sainte-Thérèse. Comme quoi on apprend toujours, en tout temps. Ce fut aussi l’occasion de travailler de nouveaux répertoires, de prendre de nouveaux cours : j’ai commencé à apprendre à jouer du tuba*.

Qu’est-ce que tu aimerais développer ou faire découvrir ?

Il y a toujours des choses à faire découvrir et à développer, il y a toujours des projets, et tout se fait au fur et à mesure des possibilités. Actuellement, il y a un projet de Festival César Franck que nous concevons avec d’autres collègues, il y a tout à déployer dans différents endroits et sous différentes formes.

Ma crainte serait de perdre l’enthousiasme ou la passion dans l’exercice habituel de mon art. J’ai tendance à m’ennuyer, cependant l’univers de l’orgue présente cet avantage d’offrir une grande variété de jeux, de sonorités qui peuvent combler cet ennui.

Qu’aimerais-tu dire aux paroissiens de Sainte-Thérèse ?

Merci de me supporter ! (rires) Je suis hyper content, au cours de ces 21 ans, de continuer à servir à Sainte-Thérèse avec un enthousiasme renouvelé.

* Invitation à découvrir la rubrique Instant musical sur le site Internet de nos paroisses : https://saintetherese.ch/category/instant-musical/ et voir aussi le site personnel https://salvagnin-orgue.ch

 

Tous accueillis

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2021

LE BILLET DE PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL | PHOTO : DR

La Pastorale des familles de notre canton est interpellée par des parents qui découvrent l’homosexualité de leur fils ou de leur fille. Il est bon que ces parents puissent trouver un lieu pour en parler, et sentir qu’ils sont bien accueillis. Une maman disait : « J’ai dû défendre mon fils auprès d’une dame de la paroisse parce qu’elle m’expliquait qu’il était condamné à cause de son homosexualité et que nous devions prier pour qu’il retrouve le droit chemin. »

Avec cette affiche placée en évidence dans nos églises, nous voulons faire passer le message que les personnes homosexuelles sont les bienvenues dans notre Eglise. Car nous savons que beaucoup ont pu se sentir à l’écart, et encore maintenant. Voici le témoignage d’un homme : « J’ai grandi dans une famille très pratiquante, et j’avais peur d’annoncer à mes parents que j’étais homosexuel. Mais par honnêteté envers eux et envers Dieu, je l’ai dit à mes parents, un soir, j’ai fait mon coming out, et à ma grande surprise, ils ne se sont ni anéantis ni mis en colère. Par contre, quand le curé de mon village l’a su, il a voulu me rencontrer plusieurs fois pour m’expliquer que je ne pouvais pas vivre comme ça. Depuis, je ne suis plus retourné à l’église, mais je prie très souvent. » Et celui d’une femme : « Je n’ai jamais perdu la foi, je sens Jésus-Christ qui m’accompagne, dans toutes mes rencontres, dans mes doutes, dans mes joies. Il est là, et me donne d’être qui je suis. Mais j’ai senti tellement de jugements dans ma paroisse, que je ne vais plus à l’église, et ça me manque. »

Il serait bon de vivre une « réconciliation » ! Humblement, nous ouvrons une ligne et un courriel où les personnes concernées par l’homosexualité peuvent appeler ou écrire, être écoutées, exprimer leurs interrogations, leurs reproches peut-être, et leurs souhaits.

Merci de porter avec nous ce message d’accueil. Car comme nous l’a si bien rappelé le pape François dans sa dernière encyclique, nous sommes « tous frères », filles et fils d’un même père qui nous aime de manière inconditionnelle.

Pour en savoir plus :
geneve.pastorale-familiale.ch/homosexualite

La culture et le christianisme

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2021

PAR ANNE-MARIE COLANDREA | PHOTO : DR

Le cahier romand de ce mois nous interroge sur la culture chrétienne. Et nous, lecteurs de L’Essentiel, paroissiens de la rive gauche de Genève, comment entendons-nous la culture chrétienne ?

La culture est définie par différentes disciplines – philosophie, anthropologique, sociale, etc. – comme le terreau commun d’un groupe d’individus, ce qui le soude, ce en quoi ils se reconnaissent, ce que les personnes ont acquis ou produit et transmettent.

L’UNESCO, dans le sens le plus large, énonce que la culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société, un groupe social, nous pouvons même dire le terreau d’un peuple.

La culture est différente de la nature, donc de l’essence des choses et des êtres, en ce qu’elle manifeste l’œuvre de l’être humain, son génie, son mode de vie, son langage, son savoir-faire, son art dans le travail, comme dans toutes les formes intellectuelles aux plus artistiques. Elle se transcrit jusque dans les lois et les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances… et même dans un calendrier de fêtes et temps forts.

La culture est aussi bien la transmission des us et coutumes d’un peuple que ceux qui se transmettent de génération en génération dans les familles en commençant par les habitudes culinaires et domestiques.

Le christianisme par nature même de l’Incarnation – le Verbe fait chair – s’est révélé à une époque précise que nous pouvons documenter, sur les racines du peuple hébreu, puis valorisant le patrimoine hellénique. L’évangélisation elle-même ne peut que s’appuyer sur les cultures des peuples et des pays ; le fil de l’histoire, en notre modernité, a conduit l’Eglise à adopter le thème de « l’inculturation » (Exhortation apostolique Catechesi tradendae en 1979).

« Il n’est de véritable présence de l’Evangile dans une société donnée que par une pénétration de la foi chrétienne à l’intérieur même des cultures. Par là se trouvait entériné le concept de culture tel que l’a introduit l’anthropologie du XIXe siècle. Ce n’est pas avec la culture mais avec des cultures que la religion entretient nécessairement un rapport qui selon les cas sera plus ou moins positif. » (G. Piétri, Culture et religion, les nouveaux enjeux, Revue Etudes, décembre 2010)

La foi devient créatrice de culture : elle est vie et ainsi la culture chrétienne se renouvelle. Elle écoute l’être humain dans sa quête de sens, dans sa confrontation à la réalité, en vérité, avec raison. Elle nous porte à suivre le Christ, venu affirmer l’Homme pour lui-même, et révéler sa nature en relation avec le Père. La rencontre du Christ présent, ici et maintenant, ne peut qu’engendrer la passion pour l’autre par l’Autre.

A nous de vivre notre foi en Béatitudes…

 

Atelier œcuménique de théologie

Reconstruire son lego

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2021

L’Atelier œcuménique de théologie (AOT) lance sa 25e volée en septembre 2021 (voir l’annonce dans le n° du mois d’avril de Vie de l’Eglise à Genève). Sur le thème « Dieu aujourd’hui ? Entre incertitudes et confiance », le parcours de formation de l’AOT s’interroge sur la place de Dieu dans notre monde.
Rencontre avec Anne Deshusses-Raemy, responsable du Service de la formation à la mission écclésiale (ForME) de l’Eglise catholique romaine à Genève, enseignante et codirectrice catholique de l’AOT.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL GONDRAND | PHOTO : DR

Anne Deshusses-Ramy, l’AOT ça sert à quoi ?
L’AOT c’est ouvrir le questionnement des gens. Donc, non, nous ne répondrons pas à cette question « Dieu aujourd’hui ? » mais nous la poserons et nous la reposerons pour que les participants y réfléchissent et que nous cherchions ensemble comment y répondre. La seule vérité du christianisme c’est le Christ. C’est un Dieu qui se compromet dans l’humanité, qui vient vivre avec nous, qui vient pleurer avec nous, qui vient manger avec nous, qui meurt et qui nous dit que la mort n’est pas la fin de tout puisqu’Il est vivant ! C’est pour moi la seule vérité. Cela étant, nous n’assénons pas cette vérité sur la tête des gens sous prétexte que c’est notre foi. Chacun peut y adhérer ou non. Notre objectif n’est pas de formater mais de faire théologie ensemble.

Que fait-on lorsque l’on achève le parcours de l’AOT au bout de deux ans ? Que retirent les gens qui ont passé deux ans à réfléchir sur les thèmes que leur propose l’AOT, est-ce que cela change leur vie ? Avez-vous reçu des témoignages de participants, certains ont-ils changé, choisi de nouvelles orientations ?
Presque la moitié des participants de l’AOT s’engagent ultérieurement dans des actions ecclésiales ou au service de la cité. Et comme réussite, c’est extraordinaire. Mais le but n’est pas de les contraindre à aller à la messe ou au culte…
Je ne veux pas parler à la place des participants, mais allez jeter un coup de l’œil sur le site web de l’AOT (aotge.ch), vous y trouverez des témoignages. Nous avons toutes sortes de participants, il n’y a pas de prérequis. Ils arrivent comme ils sont, avec ce qu’ils croient et ce qu’ils ne croient pas. Il y a des agnostiques, des athées, comme des traditionalistes, fondamentalistes, tous sont accueillis à l’AOT. La seule chose que l’AOT leur demande, c’est d’accepter de discuter de leurs convictions et de ne pas chercher à convaincre les autres. Tous arrivent avec des attentes différentes. Certains parce qu’ils ne comprennent rien à la Bible, parce qu’ils ont ouvert le bouquin et essayé de le lire dans l’ordre ; mais la Bible, ce n’est pas un livre, c’est une bibliothèque, et donc ça ne marche pas. Bien sûr, l’AOT transmet un savoir, c’est une formation, pas uniquement un débat. Nous recevons parfois des participants qui viennent pour être confortés dans leurs idées de la foi et qui doivent comprendre que notre formation bouscule les idées reçues, la pensée toute faite. Alors… si l’on a peur d’être bousculé…

Un exemple ?
Je vais témoigner d’une personne qui pendant les trois premiers mois de la 23e volée est rentrée chez elle en pleurant tous les lundis soir, et qui, en groupe, ne pouvait pas s’exprimer. A l’époque je me suis fait beaucoup de souci pour elle. Elle m’a répondu que je ne devais pas car elle-même commençait à comprendre pourquoi elle pleurait. Après ces premiers mois, elle est alors arrivée dans son groupe et a déclaré que jusqu’à présent, sa foi était un lego. Tout au long de sa vie elle avait construit son lego avec différentes pièces et elle s’était fabriqué son Dieu, sa foi, sa croyance, sa religion. Et l’AOT lui a cassé son lego. « Je me suis retrouvée comme une petite fille devant un jouet cassé. Et c’est pour cela que j’ai pleuré, m’a-t-elle dit. Mais maintenant je suis en train de le reconstruire, autrement ! » A la suite de sa formation, cette personne s’est engagée comme animatrice de groupe. Il s’agit de quelqu’un qui peut témoigner du fait que cette expérience a été très « bousculante » pour elle.

Faudrait-il recommander cette formation à toutes les personnes qui doutent ?
Oui, à ceux et celles qui doutent de leur foi, qui doutent de Dieu, de ce qu’ils entendent dans les Eglises, mais aussi aux personnes qui sont heureuses dans leurs paroisses et qui y trouvent beaucoup de choses. Et surtout, ce qui est extraordinaire, c’est que tout ce petit monde si différent se rencontre, s’écoute, discute, dans le respect. Nos groupes sont totalement mixtes. Nous équilibrons les âges, les sexes, les professions, les confessions.

Est-ce que cela ne fait pas un peu peur aux candidats de penser qu’ils vont devoir s’engager pour deux ans ? Ce n’est pas un séminaire de trois jours.
Oui et non. C’est un peu comme un cours de gym, quelquefois on est fatigué et on n’a pas envie d’y aller mais on se pousse et l’émulation se crée entre les participants. Il s’agit bien d’un engagement qu’on demande à chaque participant, un engagement qui peut paraître énorme au début. Et pourtant, à la fin, beaucoup sont très déçus que cela se termine.

Si je ne crois pas en Dieu, puis-je suivre cette formation ?
Bien sûr, mais il faut être prêt à écouter ce qui se dit dans cette formation et à en débattre dans le respect. Le mot « œcuménique » ne doit pas porter à confusion. Il faut l’entendre au sens d’un dialogue entre chrétiens. Il ne s’agit pas d’une formation interreligieuse.

Les participants sont-ils plutôt enclins à écouter les théologiens de leur propre confession ?
Non, ceux et celles qui suivent la formation le font aussi avec une certaine curiosité des autres confessions. Ils ont une envie de découvrir, d’apprendre. Et les enseignants apprennent aussi des autres enseignants.
La volée qui s’achève a comme thème : « Découvrir la beauté de l’autre : chemins vers Dieu ? » Depuis quelques années tous les thèmes de volée contiennent un point d’interrogation.

La Pastorale de Santé dans L’UP La Seymaz

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), avril 2021

Madame Barbara Zanni, référente régionale de la Pastorale de la santé dans le canton de Genève, a été nommée par Mgr Charles Morerod à 20%, pour l’UP La Seymaz, dès le 1er février 2021.

TEXTE ET PHOTO PAR KARIN DUCRET

Madame Zanni, que veut dire la « Pastorale de la santé » ?

La Pastorale Santé soutient les traversées de la vie, maladie, vieillesse, mort et deuil dans des lieux qui ne sont pas d’Eglise.
Mme Cathy Espy-Ruf, responsable cantonale de la Pastorale de la Santé, dans l’impossibilité de proposer une présence d’aumônerie dans les 54 EMS du canton de Genève, et redoutant que les bénévoles, de moins en moins nombreux.ses ne s’épuisent, souhaitait néanmoins répartir les forces de la pastorale de la santé dans tous les établissements du canton. Pour ce faire, elle nomme des
aumônier.ère.s « Référents Régionaux Santé » (RRS) en soutien aux bénévoles en place.

Madame Zanni, aumônière, qui êtes-vous ?

Je suis née à Genève et y ai fait toute ma scolarité. Après deux ans de droit, puis une formation commerciale, j’ai travaillé dans une banque pendant 17 ans en gestion de fortune. Très souvent, je me disais « Seigneur, ma vie n’a pas de sens ! »… J’avais reçu le don de la foi très jeune dans une famille peu croyante ! J’ai arrêté de travailler à la naissance du premier de mes 3 garçons et quand ils ont grandi, j’ai commencé à faire du bénévolat dans ma paroisse : catéchisme, équipe de prière à Belle Idée, visites au Foyer de Saint-Paul… Lors d’une rencontre avec Mme Espy-Ruf, je lui ai fait savoir mon souhait ardent de servir mon Eglise, si possible auprès des aînés. Elle me proposait alors de suivre le cursus de formation pour devenir aumônière : AOT, « Accompagnement des personnes malades, âgées et en fin de vie », « Ecoute centrée sur la personne et ses états du moi selon Carl Rogers », formation à la mission ecclésiale, à la gestion de groupes, ministre extraordinaire de l’eucharistie, célébration de funérailles et célébrations Parole, Prière et Communion… soit 3 mois de stage intensif au CHUV, puis 10 mois de stage bénévole à l’aumônerie de Val Fleuri, et sa reprise en tant que responsable le 1er février 2015. En automne 2017, je deviens membre du Bureau Santé, organe de décision de la Pastorale de la Santé composé de sept membres représentant différents secteurs et activité (HUG, EMS, Bénévoles).

Quelle est votre mission dans notre UP La Seymaz ?

Ma mission en tant que RRS dans l’UP La Seymaz est d’apporter notamment un soutien aux bénévoles et aux prêtres dans les lieux comme la Villa Mona, La Louvière, la Méridienne, la Coccinelle, et d’effectuer des remplacements lorsque les bénévoles ne sont pas disponibles. Le territoire de l’UP La Seymaz est très étendu et les paroisses vivent des réalités très diverses. Créons donc des liens entre nous, unissons nos forces et avançons tous vers un seul but, celui de servir ensemble, dans la joie et l’unité, un seul Dieu au service des plus faibles et des plus fragiles. Je me réjouis de vous rencontrer. (zannibar@hotmail.com)

 

Vestiaire solidaire de la Pastorale…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), avril 2021

… des milieux ouverts (PMo) à Sainte-Clotilde

Février 2021, la Pastorale des milieux ouverts (PMo) du vicariat épiscopal installe son vestiaire solidaire à Sainte-Clotilde.

A l’heure de l’ouverture, Inès Calstas, sa responsable, a bien voulu répondre aux questions de L’Essentiel.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL GONDRAND | PHOTOS : ERIC ROSET, PASCAL GONDRAND

Inès Calstas, un vestiaire solidaire à Sainte-Clotilde, c’est une première?
La PMo dans notre jargon, c’est la Pastorale des milieux ouverts, ou plus clairement la pastorale de rue. La PMo œuvre en faveur de personnes se trouvant dans une extrême précarité. Il y a quelques années nous avions mis en place un accueil pour des individus n’ayant pas accès à l’assistance sociale ou à d’autres institutions d’aide. Il s’agit donc d’une population « hors radar » qui ne souhaite pas vraiment se faire connaître. Cette population est dès lors difficilement identifiable. Il arrive que certaines personnes soient soutenues via d’autres canaux – des particuliers par exemple. C’est ce qui nous a poussés à ouvrir un vestiaire social à leur intention.

En raison de la pandémie de Covid-19, nous avons été surpris, lorsque la PMo a travaillé en « open chart » au printemps 2020 à la paroisse protestante de Montbrillant, après la fermeture du « sleep-in » et du vestiaire de la paroisse protestante de la Servette, de recevoir autant de vêtements, même de marque – Giorgio Armani, Dior, etc. –, d’excellente qualité. Nous sommes alors partis du principe que si nous recevions beaucoup de dons, nous pouvions également en distribuer beaucoup. Très vite un problème d’entreposage de tous ces dons s’est posé. Et en décembre 2020 la paroisse catholique de Sainte-Clotilde nous a fait savoir, au travers de sa présidente, Sandra Golay, qu’elle disposait de locaux pour accueillir un vestiaire, soit une salle de stockage au sous-sol de la cure, en cours d’aménagement, et une salle pour les distributions. Nous avons donc sauté sur cette opportunité, d’autant que pour la première fois, la PMo – catholique – était en mesure de s’enraciner dans une paroisse catholique. Et vraiment, nous en sommes très heureux.

Après l’expérience que nous avons vécue à Noël 2020 à Sainte-Clotilde – nous avions alors organisé une fête en faveur des enfants défavorisés au cours de laquelle nous avions pu distribuer des centaines de jouets et de jeux pour tous les âges – nous avons ouvert ce nouveau vestiaire en collaboration avec FiFlo, la Boutique Solidaire, sous la conduite de Floriane, une fille au punch incroyable, et Kits Hygiène qui collecte et distribue des produits d’hygiène via les associations pour les femmes afin de remédier à ce que l’on peut appeler « la précarité menstruelle ».

Les personnes qui nous aident, elles-mêmes dans le besoin, sont plus que des simples bénévoles, elles sont vraiment parties au projet. Et pour elles, il s’agit d’un véritable travail rémunéré grâce à une fondation qui nous a donné des sous. De plus, grâce à Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire émérite, nous avons pu entrer en collaboration avec des forains. C’est ainsi qu’une de leurs familles avec laquelle nous nous sommes liés d’amitié, Katia Crêpes, nous offre ses services – fabrication de crêpes et de barbes-à-papa.

Ce vestiaire paraît donc très féminin…
Effectivement, nous sommes une majorité de femmes, mais les hommes sont les bienvenus, nous en avons quelques-uns !

Donc aujourd’hui vendredi 12 février, c’est le grand jour ?
Il est 10h et nous sommes en train d’effectuer la mise en place des « rayons ». Nous allons inaugurer l’ouverture du vestiaire à midi et chacun pourra déguster une crêpe au sucre, au caramel ou au Nutella avant de faire son « shopping ». Par ce froid de canard la distribution des crêpes n’aura pas lieu à l’extérieur, devant la camionnette de Katia Crêpes, mais à l’intérieur de la cure de Sainte-Clotilde, où Katia et son équipe les confectionneront dans la cuisine. Le vestiaire sera ouvert une fois par
mois.

Combien attendez-vous de personnes ?
Lorsque nous étions à la Servette, nous recevions une soixantaine de personnes à chaque distribution. Nous allons recevoir ici ces habitués et, comme il se doit, le bouche-à-oreille va certainement développer tous ses effets.

Comment allez-vous gérer les contraintes liées au Covid-19 ?
Eh bien, j’ai été très étonnée car à la Servette, la discipline en matière de gestes barrières s’est imposée naturellement. Je suis absolument certaine qu’il va en aller de même, ici, à Sainte-Clotilde.

Cette action est-elle destinée à s’inscrire dans la durée ou devrait-elle demeurer ponctuelle ?
Nous nous sommes lancés au début du confinement, au printemps 2020, et je pense qu’elle devrait se poursuivre, en tous cas tant que les besoins perdureront.

Bravo à la PMo ! La paroisse Sainte-Clotilde vous souhaite plein succès dans votre action et tient à vous assurer de tout son soutien !

Découvrir la beauté vers l’autre…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), avril 2021

PAR DANIELLE SUTER

…chemins vers Dieu ? Témoignage

24e volée de l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT)

En me promenant dans la vieille ville j’ai croisé une amie avec qui j’avais fait le parcours de l’AOT il y a quelques années. Je lui ai dit que j’avais envie de (re)faire l’AOT… Cette dernière me répond : mais tu l’as déjà fait, tu n’as pas peur de t’ennuyer ?… Oui c’est vrai… mais il y a toujours une curiosité qui m’anime.

Je ne sais pas si c’est le thème, mais je pense que ce n’est pas le plus important.

Ai-je envie de m’engager pour deux ans ? La question me traverse l’esprit. Mais alors pourquoi recommencer :

Il y a dans ce parcours un approfondissement de la Bible ou peut-être une première approche de ce livre qui peut nous sembler d’abord difficile. Des explications des textes à partager avec des théologiens de différentes confessions, des regards croisées qui mettent en lumière ce qui peut nous opposer, ou alors nous réunir. Des discussions parfois animées nous emmènent peut-être à changer notre regard ou à nous conforter dans nos idées.

Quoi qu’il en soit, le plus important est de discuter, partager, poser des questions, dans les cours ou dans les petits groupes mensuels, les ateliers, avec de nouvelles rencontres, participants ou enseignants.

Je suis en chemin, l’AOT aussi, c’est une belle route.

La 25e volée de l’AOT aura pour thème : Dieu aujourd’hui ? Entre incertitudes et confiance
N’hésitez plus à vous inscrire !
www.aotge.ch

Il n’y a pas de mort

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), avril 2021

LE BILLET DE PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL | PHOTO : DR

Je viens de visionner le Temps présent consacré aux expériences de mort imminente (EMI). Les scientifiques s’intéressent à ce phénomène vécu par tant de personnes, de provenances si différentes, mais qui concordent en parlant d’une sortie du corps, d’une lumière étincelante mais pas éblouissante, d’un sentiment de profond bien-être, d’une sortie du temps (puisque certaines voient défiler toute leur vie), de proches qui les accueillent, etc. Les études montrent qu’environ 4% de la population ont vécu une EMI ; peut-être l’avez-vous vécue vous-même, ou du moins connaissez-vous une personne qui est passée par là. Une paroissienne m’a raconté qu’elle s’était vu partir ; elle se sentait si bien. Puis, elle a entendu ses enfants pleurer, et pour eux, elle est revenue. Cela m’avait bouleversé.

Un « experiencer » proche de Genève, Jean-Paul Duc, auteur d’Entre la vie et la mort, mon cœur balance, témoignait : « Avant, j’avais une peur abominable de la mort. Aujourd’hui, cette peur a disparu. Complètement. Avez-vous peur d’un ciel bleu ? Si quelqu’un a peur de la mort, qu’il sache au moins que c’est inutile : il n’y a pas de mort. Quand vous la verrez, vous comprendrez. »

Est-ce que cela ne rejoint pas profondément notre foi en la Résurrection, que nous fêtons en ce début du mois d’avril ? La mort n’est pas le dernier chapitre de notre vie, mais un passage, une pâque vers la vie qui nous attend.

C’est justement ce que m’a dit un confrère, à qui j’ai rendu visite aujourd’hui à l’hôpital, peut-être pour la dernière fois : « Pascal, maintenant je vais consacrer les dernières forces qui me restent pour me préparer à ce passage qui m’attend. » Alors qu’il insistait sur ce mot de passage, son regard s’illuminait.

Bonne fête de Pâques, dans la joie du Ressuscité… orientés avec confiance et sérénité vers notre propre pâque !

 

Le Notre Père, ses traductions

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

Dans le cycle de cours publics de la faculté de théologie de l’Unige, Anne-Catherine Baudoin, maître d’enseignement et de recherche en Nouveau Testament et christianisme ancien, a proposé une lecture du Notre Père sous trois angles : la transmission, la traduction et la transposition. Voici un bref aperçu de sa vision des traductions de cette prière.

PAR PASCAL GONDRAND | PHOTOS : WIKIMEDIA COMMONS

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

 

Le Notre Père est connu dans le christianisme indépendamment de sa position dans le Nouveau Testament, a rappelé Anne-Catherine Baudoin. Cette prière appartient tant à la culture orale qu’à la culture écrite, à la culture liturgique et spirituelle autant qu’à la Bible. La professeure a posé l’hypothèse que ce statut particulier la place dans une situation stratégique et facilite sa pénétration dans des domaines très divers. Un de ces domaines est sa traduction.

Au XVIe siècle, le premier savant à avoir recueilli des traductions de cette prière dans le but d’étudier et de présenter chacune d’entre elles est le Zurichois Conrad Gessner (1516-1565), un savant contemporain de Zwingli, qui a publié en 1555 un traité sur les différences entre les langues intitulé Mithridate. Sur les différences entre les langues.

Conrad Gessner a rappelé dans son introduction que Mithridate, celui que nous connaissons par la mithridatisation, roi de 22 peuples, était, selon Pline l’Ancien, capable d’haranguer chacun d’entre eux dans sa langue respective. On notera que dans la Zurich de la Réforme le multilinguisme était une arme pour diffuser le christianisme. D’ailleurs, dans son introduction, Conrad Gessner précisait que « Dans notre cité, toute limitée qu’elle soit, c’est en latin, en grec, en hébreu, en allemand, en italien, en français, en anglais et dans certaines autres langues qu’on lit, à la gloire de Dieu, les Saintes Ecritures, qu’on en acquiert la connaissance, qu’on les célèbre. » Comme on le voit dans le titre de son ouvrage, Differentis Linguarum, il met l’accent sur les différences entre les langues alors que d’autres humanistes, à la même époque, se lancent dans des études pour trouver une langue originelle, la langue d’avant Babel. Conrad Gessner présente dans son recueil 110 langues, par ordre alphabétique, en donnant pour 27 d’entre elles, celles dans lesquelles le christianisme s’est implanté, le Notre Père, à savoir son texte, ou sa transcription. Il pose ainsi les fondements de la linguistique comparée, sans faire lui-même œuvre de linguiste mais plutôt d’encyclopédiste. Cette pratique de la présentation des langues du Notre Père, accompagnée de ses traductions, a fait école et s’est étendue au XVIIe et au XVIIIe siècles. L’un des recueils qui a eu beaucoup d’influence est celui d’Andreas Müller (1630-1694), orientaliste berlinois spécialiste de la langue chinoise, qui a publié en 1680, sous un pseudonyme, un recueil de 83 versions du Notre Père, Oratio Orationum s s. Orationis Dominicae Versiones. Il n’a pas classé ces versions par ordre alphabétique comme l’avait fait Gessner mais par zones géographiques : langues asiatiques, langues africaines, langues européennes, etc. L’ouvrage fut notamment réédité en 1715 et cette dernière édition, due à John Chamberlayne (c. 1668-1723) est la plus étoffée – plus de 140 langues. Cet ouvrage conserve la présentation par régions, qui va permettre à Gottfried Hensel (1687-1765), dans sa Synopsis Universae Philologiae publiée en 1741, de proposer quatre superbes cartes qui ont été reproduites par la suite de manière indépendante.

Anne-Catherine Baudoin a rappelé que le Carmel du Pater, à Jérusalem, construit au XIXe siècle sur les ruines de la basilique constantinienne dite de l’Eleona, en raison de sa situation sur le Mont des Oliviers, est orné de plaques de céramique polychrome sur lesquelles figurent différentes traductions du Notre Père, plaques qui se sont multipliées au fil du temps dans un grand esprit de Pentecôte. Ce lieu est associé dans la tradition, en particulier à partir des croisades, à l’enseignement de Jésus. Au début du XXe siècle, sur le Monument de la Réformation, à Genève, on a fait la même chose. Autour des grands réformateurs, le Notre Père a été gravé dans la pierre en français et en anglais, puis plus tardivement en allemand. Avec le Carmel du Pater et le Mur des Réformateurs, Anne-Catherine Baudoin a alors fait un bond dans
le temps et a rejoint l’époque contemporaine.

En conclusion elle a lu le Notre Père dans quelques langues qui nous sont familières :

« Notre Père qui êtes au cieux… Restez-y » (Jacques Prévert, 1900-1977),

« Hallowed be thy Name »,

« Dein Reich komme »,

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »,

« Dacci oggi il nostro pane quotidiano »,

« Forgive us our trespasses as we forgive our debtors »,

« Und führe uns nicht in Versuchung » (la fameuse tentation),

« But deliver us from evil »,

« Dein ist das Reich »,

« The power is Yours »,

« Et la gloire »,

« Forever and ever »,

« Amen ».

Ainsi peut-on réciter le Notre Père, à condition bien sûr d’être multilingue !

 

 

Carême

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE) mars 2021

PAR JOEL AKAGBO | PHOTO : DR

« Seigneur, avec toi, nous irons au désert… »

Ce chant de Carême nous révèle le sens profond du Carême. Que signifie pour nous chrétiennes, chrétiens, « aller au désert ? ».

Le Carême est souvent associé à la notion du « désert » à cause des 40 ans du peuple élu au désert avant d’entrer en terre promise (Nb 11, 1-25, 18), aussi des 40 jours de jeûne et de prière de Jésus au désert après son baptême ( Mt 4, 1-11).

« Aller au désert » est perçu par le prophète Osée comme un temps de fiançailles : « Voici que moi je la séduis et la conduirai au désert et je parlerai à son cœur… Et je te fiancerai à moi pour toujours. » (Os 2, 14.16)

Si la période du désert est donc envisagée chez le prophète Osée comme une préparation au mariage, durant le Carême Dieu attend son peuple comme un fiancé attend avec impatience sa future épouse. Le désert est donc le temps d’attente et de préparation en vue d’un événement magnifique. En hébreu, le mot « désert » ressemble au mot « parole », c’est pourquoi durant le Carême, nous sommes appelés à ouvrir notre cœur pour écouter la voix du Seigneur et à manger sa parole.

Ces quarante jours sont le temps de grâce, le moment favorable que l’Eglise met à notre disposition afin de repartir d’un bon pas, réorienter notre marche, purifier notre cœur et secouer notre torpeur.

Le Carême nous invite à une démarche de réconciliation avec Dieu et avec notre prochain (2 Co 5, 20), à la prière persévérante, au partage généreux, à la miséricorde et à la compassion.

Il n’est rien d’autre qu’un chemin d’amour vers le Père. Ce temps fort commence le Mercredi des cendres et s’achève avec la Semaine sainte et le dimanche de Pâques.

En ce temps de crise généralisée, il nous faut simplement nous tourner vers notre Père, vers nos frères et sœurs avec une grande charité par l’intercession de saint Joseph.

Le pape François nous rappelle que notre vocation chrétienne est de faire connaître l’amour miséricordieux que le Christ porte à chacune et chacun de nous : « Tant de cœurs ont besoin d’être réchauffés à la flamme de son amour ! »

Bon et fructueux Carême et bonne Montée vers Pâques !

La Sagesse, notre divine Compagne pour 2021 ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

PAR MARIE VERENNE

« La sagesse de ce monde est folie auprès de Dieu. » (1 Co 3, 19)

La sagesse, voilà un mot qu’on n’utilise plus guère. Sait-on encore ce qu’il signifie ? On parle plutôt intelligence, performance, compétitivité…, dans notre culture athée, qualités requises pour prospérer sur terre en vue du succès et de la richesse. Jésus le dit, dans le domaine profane, « les fils de ce monde-ci sont plus avisés envers leurs propres congénères que les fils de la lumière ». (Lc 16, 8)

« Yahvé prend les sages au piège de leur ruse ; leurs habiles conseils se trouvent dépassés. Ils butent en plein jour contre l’obscurité, tâtonnant dans la nuit, alors qu’il est midi. » (Jb 5, 13-14)

La Sagesse avec un grand S, le Don le plus élevé de l’Esprit, n’a rien de commun avec cette « habileté » qui dévie trop souvent vers la malignité. Elle s’y oppose même, requérant les Vertus premières de la Foi : humilité, charité, pureté, douceur, obéissance…

« … mettez-vous à Mon école, car Je suis doux et humble de Cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. » (Mat 11, 29)

Etre sage selon la Bible, c’est se reconnaître créature pécheresse, entièrement redevable au Dieu d’Amour et au Sacrifice Rédempteur de Jésus, puis travailler à se soumettre toujours plus authentiquement à Sa Volonté très parfaite, exprimée par Sa Loi, avec le cœur d’un enfant aimant. Pourquoi ? Parce que l’homme est fait pour le bonheur et que c’est là l’unique voie qui y conduise. Il faudrait être fou pour se condamner à l’horreur éternelle ou même à un dur Purgatoire, quand Jésus nous propose les Félicités indicibles du Royaume !

Si nous nous confions corps et âme à Marie, Trône de la Sagesse, Elle nous rendra disponibles à l’accueil de ce Trésor divin et nous ramènera au Bien quand nous dévierons, tentés par les suggestions alléchantes de Satan.

La Sagesse est plus précieuse que tout l’or de la terre, préférable à la santé et à la beauté 1, car Elle est « un effluve de la Puissance de Dieu, émanation toute pure de la Gloire du Tout-Puissant » (Sg 7, 25) qui éclaire l’esprit et le cœur, conseille et console, sanctifie et apporte le Salut.

« Elle enseigne la modération, le discernement, la justice et la force. Dans la vie, il nest rien de plus utile aux humains. »
(Sg 8, 7)

Dans Sa grande Tendresse, le Père a voulu qu’Elle « se laisse trouver par ceux qui la cherchent » (Sg 6, 12), afin que les plus petits n’aient pas de peine à La prendre pour Maîtresse : « Elle se laisse facilement contempler par ceux qui Laiment… Elle va au-devant d’eux et… leur apparaît avec bienveillance. » (Sg 6, 12-16)

Y a-t-il plus beau et noble projet pour l’année nouvelle que de convoiter l’intimité avec la Sagesse ?

« Cest Elle que jai chérie et recherchée dès ma jeunesse ; jai désiré faire d’Elle mon épouse et je suis devenu amoureux de sa beauté. » (Sg 8, 1-2)

1 Cf. Sg 7, 10-11.

 

 

Année Saint Joseph !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : DR

C’était le 8 décembre dernier, le pape François signe et édite une Lettre apostolique pour marquer les 150 ans de la proclamation de saint Joseph comme patron de l’Eglise universelle.

Un peu d’histoire

C’est le pape Pie IX qui, le 8 décembre 1870, signe une Lettre proclamant Joseph patron de l’Eglise universelle, chahutée par mille vents contraires – on est à moins de deux mois après la suppression officielle des Etats Pontificaux et de la non-fin 1 du Concile Vatican I ! – et qui cherche un équilibre spirituel dans le refuge auprès de la paternelle figure de Joseph. Ce sont les prélats qui avaient participé au Concile et dû fuir à l’entrée des troupes italiennes, qui pétitionnent le pape pour une telle démarche.

C’est également par cette Lettre que le
19 mars fut déclaré solennité à saint Joseph, comme « double rang de première classe » dans la hiérarchie des jours liturgiques 2. L’Eglise luthérienne et la communion anglicane le commémorent également le 19 mars, alors que l’Orthodoxie byzantine le fête le jour de clôture du cycle de Noël ! Et c’est Pie XII qui inscrivit la fête de saint Joseph, patron des travailleurs, au 1er mai, pour coïncider avec la Journée internationale des travailleurs…

Joseph pour le XXIe siècle

Le pape François commence sa lettre par Patris corde, « avec un cœur de père », ou, en paraphrasant un peu, « par une tendresse paternelle »… Tout un programme à l’heure du questionnement de la place du père dans la société, de son congé après l’arrivée d’un enfant, de la mode du coaching en masculinité et en paternité… La tendresse n’est donc pas l’apanage du sexe féminin, mais bien également de tout être humain ! Déjà une bonne nouvelle : on imagine que cette tendresse paternelle a servi l’enfant Jésus tout autant que celle de sa mère, qui plus est, n’était certainement pas réduite aux tâches ménagères !

Sept chapitres, ou sections, qui décortiquent sept façons pour Joseph d’être « plein de tendresse »… Chaque section est ciselée de manière adéquate pour une lecture par étape, une méditation fructueuse, et une rencontre : avec celui que l’on a trop longtemps laissé dans l’ombre de Marie, sujette d’une piété populaire parfois exacerbée… et qui n’aurait eu aucune légitimité à être ce qu’elle fut si Joseph l’avait répudiée selon la Loi de Moïse ! Combinaison des charismes, en somme !

1 Les troupes italiennes pénètrent dans Rome le 20 septembre 1870, et 15 jours plus tard, par plébiscite, le reste des Etats Pontificaux est incorporé au nouveau Royaume d’Italie…
Le pape Pie IX suspend alors
sine die le Concile qui avait cours…

2 C’est depuis 1479 qu’à Rome est célébrée la Saint-Joseph, étendue à toute l’Eglise de rite romain en 1570 par le pape dominicain Pie V.

 

 

Le Notre Père: sa transmission

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), janvier-février 2021

Par Pascal Gondrand | Photos: Unige, DR

Dans le cycle de cours publics de la faculté de théologie de l’Unige, Anne-Catherine Baudoin, maître d’enseignement et de recherche en Nouveau Testament et christianisme ancien, a proposé une lecture du Notre Père sous trois angles : la transmission, la traduction et la transposition. Voici un bref aperçu de sa vision de la transmission de cette prière aux premiers siècles de notre ère.Anne-Catherine Baudoin a tout d’abord rappelé le statut particulier du Notre Père qui est à la fois un passage biblique et une prière chrétienne. Le Notre Père préexiste aux Evangiles. Il est enseigné par Jésus à ses disciples qui le mettront ensuite par écrit. Aujourd’hui, il est connu et récité par les communautés chrétiennes indépendamment de sa position dans le Nouveau Testament. Lorsque l’on récite le Notre Père, on ne pense pas à son contexte dans Matthieu ou dans Luc. Le Notre Père appartient autant à la culture orale qu’à la culture écrite, à la vie liturgique et spirituelle, que la Bible.

On se souviendra de cette enluminure tirée de la Bible illustrée, œuvre des scribes du monastère Saint-Bertin de Saint-Omer (F), qui date de la fin du XIIe siècle (voir photo page 3). Jésus prend ses disciples au « lasso » avec le Notre Père et ceux-ci se laissent enlacer. Le Notre Père est à la fois un texte et une prière, un prière orale devenue écrite, et un fait cultuel. Dans le phylactère que tient Jésus « Pater Noster qui es in caelis, sanctificetur nomen tuum, adveniat regnum tuum », le texte est en latin. Alors que les Evangiles l’ont transmis en grec et que Jésus l’a probablement enseigné en araméen. 

Ce que nous appelons le Notre Père est une prière bien enracinée dans le judaïsme, qui en utilise les termes, les images et les notions. Avec notre regard rétrospectif, il est évident que les formulations présentes dans cette prière se sont transmises du judaïsme au christianisme. Sa première transmission est celle de Jésus à ses disciples. Dans l’évangile de Matthieu comme dans celui de Luc, la prière est présentée comme un enseignement explicitement transmis par Jésus. Le Notre Père est transmis comme une prière reçue du Seigneur, et l’on fait mémoire de cette transmission par Jésus. « La doctrine du Seigneur transmise aux nations par les douze apôtres », en grec la « didachè », est le plus ancien texte qui nous soit parvenu contenant les règles de vie des communautés chrétiennes. Y est inséré le Notre Père, entre les prescriptions sur le baptême et celles relatives à l’eucharistie, sans toutefois être mentionné comme appartenant à l’une ou à l’autre. Le Notre Père ressortit donc plutôt de la pratique individuelle comme, par exemple, le jeûne auquel il est associé. Cette prière est le plus long texte qui soit commun avec les évangiles de Luc et de Matthieu. La transmission du Notre Père se trouve ainsi en lien avec la pratique religieuse, comme le montre la « didachè », et parole de Jésus rapportée dans les Evangiles.

Transmettre, c’est aussi expliquer
Les premiers commentaires chrétiens de l’Ecriture datent de la deuxième moitié du IIIe siècle mais c’est vers 200 qu’est écrit le premier commentaire d’un passage des Evangiles. Il est fait par Tertullien dans son traité « Sur la prière ». Il est ainsi apparu un premier commentaire du Notre Père avant même que ceux – nombreux – des Evangiles soient établis. Le traité de Tertullien s’intitule « De oratione », soit en français « De l’oraison dominicale », mais, erreur de traduction, ce n’est pas la prière du dimanche. Retenons cependant que le traité de Tertullien n’est pas une réflexion théorique sur la prière mais rappelle que c’est le Seigneur qui a enseigné aux chrétiens cette nouvelle formule de prière. Le Notre Père a donc répondu à une exigence catéchétique. La quatrième demande, par exemple, a pour Tertullien un sens autant spirituel « Donnez-nous notre pain de chaque jour », le pain c’est le Christ, que littérale car « … l’interprétation littérale, d’ailleurs parfaitement d’accord avec la discipline, est aussi admissible ; elle nous ordonne de demander du pain… ». En filigrane on devine que dans sa brièveté et dans son apparente simplicité, le Notre Père est un texte complexe et les demandes qu’il contient peuvent être comprises de différentes manières. Tertullien va jusqu’à dire qu’il s’agit d’un « abrégé de l’Evangile ».

Cette prière, telle qu’elle apparaît dans les textes les plus anciens, est bien le fruit d’une transmission orale. Le Notre Père n’apparaît jamais comme un texte théorique. Retenons qu’au IIIe siècle, trois traités sur la prière sont des commentaires du Notre Père. Celui de Tertullien déjà cité, et ceux d’Origène d’Alexandrie, « Sur la prière » (v. 234-235), et de Cyprien de Carthage, « Sur la prière du Seigneur » (v. 250). A propos de ceux-ci, on pourrait se référer à Hilaire de Poitiers, dans son « Sur Matthieu », qui date des années 350. Au moment de commenter le Notre Père, l’auteur se défile en renvoyant son lecteur à Cyprien, « homme de sainte mémoire, qui nous a dispensés de l’obligation de faire un commentaire ». Et il déconseille de suivre le commentaire de Tertullien qui, à sons sens, a fini sa vie dans l’erreur, en dehors de la droite route de l’Eglise.

Voyons encore : si ce n’est dans les com­mentaires des Evangiles, où peut-on en trouver aux IVe et Ve siècles, soit à l’âge d’or de la patristique ? Dans les homélies, bien sûr ! Au IVe siècle, qu’il s’agisse de Cyrille de Jérusalem, dans ses « Catéchèses mystagogiques » (v. 350), en grec, ou de Am­-broise de Milan, dans « Sur les sacrements » (v. 380), en latin. 

Un incontournable : Augustin
Dans son commentaire du Sermon sur la montagne, il propose une mise en parallèle des sept dons du Saint-Esprit, des sept demandes du Notre Père, des sept degrés de la vie spirituelle et des sept Béatitudes – huit en fait, mais pour lui, la huitième renvoie au point de départ dont elle montre l’achèvement et la perfection. Son commentaire a tellement plu dans l’Antiquité tardive et au Moyen Age qu’il a été repris par la plupart des commentateurs carolingiens.

Il est possible qu’Augustin ait été à l’origine du développement d’une pratique particulière en Afrique, qui a pénétré à Rome au VIe siècle, avant de gagner toute l’Eglise d’Occident, à savoir que dans l’initiation chrétienne le Notre Père ne soit plus enseigné aux néophytes après le baptême mais que son explication et son apprentissage fassent partie des étapes de la préparation au baptême, avec la confession de foi.

Le Notre Père est donc perçu autant comme un passage de l’Ecriture, commenté dans le cadre d’une lecture des Evangiles, que comme un élément autonome. A ces titres, Anne-Catherine Baudoin a fait valoir que cette prière fait à la fois partie de la vie des fidèles et de la vie liturgique ainsi que du texte biblique.

Les Amis des Enfants de Bethléem

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unité pastorale Sainte-Claire (FR), octobre-novembre 2019

Au nom du comité: Jacqueline Mardelle, présidente ; Jean-Bernard Livio, sj
Photos: DR

En 2005 lors d’un voyage en Terre sainte guidé par le Père Jean-Bernard Livio, jésuite, les pèlerins ont eu un coup de cœur en découvrant dans les institutions de Palestine de nombreux enfants en situation délicate. Pour leur venir en aide, nous avons alors fondé l’Association « Les Amis des Enfants de Bethléem ». Selon ses statuts, l’Association à but non lucratif a pour objectif d’aider les enfants défavorisés de Bethléem et de la région par tous les moyens juridiques, financiers et matériels, notamment par la formation d’un personnel spécialisé dans la petite enfance.

Nous nous sommes vite rendu compte que ce qui manquait le plus à ces enfants, c’est un cadre où ils puissent s’épanouir, développer leur esprit de créativité, jouer, rêver. L’expérience nous a amenés à introduire auprès de leurs éducatrices des techniques de psychomotricité, bien connues dans les milieux éducatifs européens, mais totalement inconnues là-bas. Notre Association s’est donc engagée dans le développement psychomoteur de la petite enfance, avec pour défi d’atteindre le plus grand nombre d’enfants possible, de 2 à 12 ans. Pari tenu, puisqu’avec notre équipe locale composée de cinq membres nous touchons actuellement près de 180 enfants chaque semaine, dans les différentes institutions où nous œuvrons, afin d’atténuer les traumatismes dus à la violence, à l’enfermement physique qu’impose la situation politique, au manque de respect qui les entoure.

En 2020, nous sommes actifs dans les institutions suivantes :

– Les Sœurs du Rosaire, congrégation de femmes arabes fondée par sainte Marie Alphonsine Ghattas, canonisée par le pape François le 17 mai 2015. 

– L’institution LifeGate, accueillant des enfants en situation de handicap est une organisation chrétienne allemande. Le travail de LifeGate est basé sur l’espoir et l’amour pour tous les peuples qui sont enracinés dans la foi chrétienne. 

– L’institution S.I.R.A. (Swedish International Relief Association) chrétienne œcuménique est une école spécialisée dans l’accueil des enfants rencontrant de grandes difficultés d’apprentissage et victimes de graves problèmes sociaux. 

– Le Centre culturel Ghirass, établissement laïque, accueillant des enfants de camps de réfugiés et de villages autour de Bethléem. 

Notre désir profond est de parvenir à changer petit à petit les mentalités, apportant aux institutions de nouveaux outils pour mieux encadrer l’enfant et montrer à la société combien il est important de prendre soin de leurs enfants qui deviendront les femmes et les hommes de demain.

Notre constat

La Palestine est étranglée entre un contexte politique difficile et des traditions patriarcales et familiales en plein bouleversement. La formation universitaire, de bon niveau, laisse des jeunes sans débouchés car le marché de l’emploi est saturé. Les grands-parents, voire les parents, n’acceptent guère cette situation sans autre espoir que de quitter le pays ; ils souhaitent offrir le meilleur à la jeune génération : mais les écoles officielles sont débordées, et les institutions privées coûtent cher.

L’aide pour une prise en charge de la petite enfance s’avère plus urgente que jamais, pour qu’une nouvelle génération se prépare à prendre en mains l’avenir du pays.

C’est pourquoi, en plus de notre présence dans les différentes institutions qui nous ont sollicités, nous constatons l’importance de donner aux éducatrices et éducateurs une formation qui leur permette de devenir des acteurs d’une communauté en construction en termes de principes d’éducation.

Ce constat est devenu notre motivation première : former, dans le plus possible d’institutions s’occupant de la petite enfance et tout spécialement d’enfants en difficultés physiques ou scolaires, du personnel capable de se prendre en charge, afin d’aller vers d’autres institutions, une fois formée l’équipe en place.

Convaincus que c’est l’approche et les techniques psychomotrices qui répondent le mieux aux besoins de la société locale, nous avons décidé de créer un Centre de formation, grâce à l’appui et les compétences de l’HETS (Haute Ecole de travail social) de l’Université de Genève, avec laquelle notre Association a signé un contrat de partenariat. 

Pour ce faire, nous privilégions l’engagement dans des institutions privées chrétiennes, seules, à notre connaissance, préoccupées de l’avenir de la petite enfance défavorisée dans ce pays.

Nos objectifs aujourd’hui

– Soutenir le développement des enfants par l’intermédiaire de l’enrichissement des compétences des professionnels qui les encadrent, plus précisément concernant l’importance du droit de jouer comme vecteur de développement ;

– promouvoir le droit d’apprendre à son rythme en tenant compte de l’épanouissement de sa personnalité autant que des apprentissages/prérequis scolaires ;

– favoriser une vision de l’éducation qui aide les enfants à grandir et à devenir des adultes de demain en contexte fragile ; 

– donner des moyens nouveaux à des professionnels engagés sur le terrain, en les soutenant dans leur compréhension des besoins des enfants qu’ils accompagnent ainsi que dans leurs capacités à élargir leurs moyens d’intervention ;

– soutenir un changement de regard sur l’enfant et son développement.

Les moyens à mettre en place

– Des interventions directes auprès de professionnels d’institutions spécialisées, de centres communautaires et d’écoles accueillant des populations d’enfants (de 2 à 12 ans) par des collaborateurs expérimentés de notre Association ;

– la préparation de la relève au niveau de l’Association par la formation de nouveaux collaborateurs ;

– la diffusion de l’expérience de l’Association – ainsi que des connaissances et compétences qui y sont associées – auprès des professionnels de la région de Cisjordanie, en collaboration avec la filière Psychomotricité de la HETS-Genève.

Une approche spécifique: la création d’un Centre de formation

La psychomotricité a été choisie, car elle est une approche qui contribue au développement de la personnalité en favorisant une vision des besoins de l’enfant qui s’appuie sur le rôle de l’expérience corporelle et du jeu. Pour cela, un programme de formation a été lancé dès l’automne 2019 : douze éducatrices, mandatées par leurs institutions ci-dessus mentionnées qui s’y sont engagées par contrat, vont suivre un parcours de dix-huit mois afin de devenir les animatrices de ces techniques pédagogiques au service de la petite enfance dans leurs institutions. Trois éducateurs ayant rejoint notre équipe locale suivent également cette première volée 2019-2021.

Pour cette première volée, notre Association s’est proposé d’offrir cette formation en en assumant entièrement les frais, car la nouveauté de la démarche et les difficultés financières des institutions concernées ne nous permettent pas pour l’heure d’exiger une contrepartie financière de leur part. Or notre Association ne vit que des dons de ses membres, sans aucun subside d’organismes d’Etat ni en Europe ni en Palestine.

Une formation honorée d’un diplôme

Le sérieux de la démarche est garanti par l’engagement de professeurs de l’HETS, un « diplôme » honorera les éducatrices et éducateurs qui auront suivi tout le parcours avec succès. Les mesures sanitaires imposées à cause du Covid-19 ont momentanément interrompu les sessions de formation. Nous espérons vivement pouvoir les reprendre dès le printemps prochain, afin de pouvoir décerner un diplôme à celles et ceux qui auront suivi avec succès l’ensemble du parcours.
Nous vous remercions de faire connaître notre travail autour de vous. Une certaine confusion règne parfois dans les milieux catholiques avec l’Hôpital des enfants de Bethléem, pour lequel la quête de Noël est recommandée par nos évêques sous le nom de « Bethléem – Secours aux enfants ». C’est pourquoi nous vous proposons d’intéresser les personnes qui le souhaitent, tout spécialement les familles, de nous envoyer leurs dons à l’occasion d’un mariage, d’un baptême, d’une confirmation, ou d’une fête de famille.

D’avance, nous vous adressons nos vifs remerciements pour l’intérêt que vous porterez à notre requête.
Vous en saurez plus en consultant notre site :
www.amisdesenfants-bethleem.net
IBAN : CH79 0900 0000 1757 4313 0

Le mois de novembre sous le signe de l‘Espérance

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2020

Par Anne-Marie Colandrea | Photo: DR

Le calendrier liturgique rythme le mois de novembre des fêtes de tous les Saints, de la mémoire de tous les fidèles défunts, à l’entrée dans le temps de l’Avent. Ne serait-ce pas une certaine illustration des promesses de l’Espérance ? Mais qu’est-ce que l’Espérance ?  

L’une des plus belles odes à l’espérance demeure celle de Péguy dans Le Porche du Mystère de la deuxième vertu, dont voici un extrait. 

« La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance. La Foi ça ne m’étonne pas. Ce n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas. Ça n’est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres. Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas. L’Espérance est une toute petite fille de rien du tout. […] La Foi voit ce qui est. La Charité aime ce qui est. L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. […] Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne, et qui fait marcher le monde. » 

L’espérance en acte, n’est-elle pas également illustrée à l’occasion de fêtes liturgiques que nous célébrons tout simplement en assemblée paroissiale ? Ainsi, nous nous sommes retrouvés pour la fête patronale, autour de la « Petite Thérèse », ce dimanche 4 octobre qui s’annonçait avec sobriété : nous ne pouvions pas envisager de repas paroissial, ni d’animations pour les enfants. Et pourtant, la joie d’être réunis s’est pleinement manifestée dans la simple et belle célébration eucharistique, quoi de plus ? Elle réunissait des représentants de nos 3 communautés : Sainte-Thérèse, Saint-Joseph et la communauté polonaise. La présence des enfants de tous âges et de leur famille rassemblant toutes les générations. Et les regards pétillants des tout-petits découvrant l’histoire de cette enfant qui voulait passer son ciel à envoyer des grâces sur la terre comme des pluies de roses. De même, les célébrations des premières communions attendues depuis le mois de mai ont touché une fois de plus les fidèles paroissiens comme les nouveaux visages venus accompagner les familles et les amis des communiants. Même si ce sont des rendez-vous habituels, fort heureusement il n’y a pas de routine pour la grâce ! Au cours des deux jours de « retraite » des enfants, nous voyons les changements, les grâces dans l’émerveillement qui traverse leur regard. Par petites touches, ils s’approprient l’expérience de la rencontre dans l’eucharistie. La routine n’envahit pas non plus le cœur à l’ouvrage de tous ceux et celles qui offrent de leurs talents au cours de ces journées pour que la Beauté et la Bonté se manifestent parmi nous.

Mort et vie

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2020

Par Thierry Schelling | Photo: DR

Mourir : trépasser, succomber, s’éteindre, décéder, expirer, mais aussi caner, clamser, claquer, calancher…

Un jour. Une fois. Une seule fois ?

Mourir à des idées, des préjugés, des projets, des relations. Mourir à soi, un peu chaque jour. Pour (re)naître. Selon le cycle non pas tant naturel – éternel recommencement… – mais « résurrectionnel » – toujours vers l’après… –, à l’image du Christ, « mort une fois pour toutes », et « vivant éternellement ». Et si nos morts étaient en fait des passages vers plus de reviviscence ?

Mourir, nourrir, sourire, pourrir… pour ne citer que quelques rimes dans un champ sémantique élargi. Entre réalisme et espérance. « Il y a quelque chose après, j’en suis sûr », me confient des parents de défunt lors de la préparation de ses obsèques. Fin espoir, rai d’un lendemain, mince comme un cheveu d’ange ?

La mort brutale, cruelle, violente, sanglante, comme celle de martyrs ou de défenseuses et -eurs des Droits humains interpelle. Dérange. Fragilise. Mobilise, aussi : ACAT, Amnesty International…

La mort inattendue, comme celle de l’abbé Marc Passera, déconcerte, rend aphone. La mort, seul.e, comme celle d’un.e conjoint.e lors du confinement strict, déchire, chamboule, « tsunamise » les survivant.e.s.

La mort, plus attristante quand elle prend la chair d’êtres que j’aime : Esther Cordero, ma grand-mère ? Annie Cordy ? Sari, le chien de mon voisin…

« Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu », assure saint Paul. Telle est notre foi. Rien, donc y compris la mort, la souffrance, la solitude. Ni la haine, la calomnie, la diffamation, l’insulte qui sont des armes mortelles… Les mots tuent, parfois.

Or, on peut aussi mourir… de rire, d’aimer, de chagrin, de faim, au monde (pour qui entre dans un ordre religieux), au péché… Mourir conduit aussi à la vie… à plus de vie… Pourquoi pas à la « mieux-vie » ?

Que faire du Notre Père?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2020

Photos: Photothèque Unige, lachristite.canalblog.com

Le Notre Père est la prière chrétienne par excellence. Les évangiles de Matthieu et de Luc rapportent que c’est Jésus lui-même qui l’enseigna à ses disciples. Prière commune à toutes les confessions chrétiennes, enseignée, récitée, pastichée, elle fait partie de notre patrimoine culturel. Pourtant, les récents débats sur la traduction française du Notre Père ont rappelé les difficultés posées par la lettre du texte ; et l’appellation même de Père n’est plus consensuelle. La récitation du Notre Père appartient-elle dès lors aux temps anciens ? Cette prière est-elle à reléguer dans les mémoires d’un christianisme (dé)passé ?

Pour tenter de répondre à ces questions, le cours public de la Faculté de théologie de l’Unige donnera la parole, cet automne, à des spécialistes des différentes disciplines de la théologie (voir programme https://www.unige.ch/theologie/actualites/que-faire-du-notre-pere-cours-public/).

En ouverture de ce cours, Andreas Dettwiler, professeur de Nouveau Testament à l’Unige, s’est posé cette question : le Notre Père est-il une prière chrétienne ? Voici un bref aperçu de ses réflexions.

Un étrange paradoxe

En prélude, le professeur Dettwiler a donné lecture d’un extrait de la première strophe du Qaddish (sanctification), qui est une des rares prières araméennes de la liturgie synagogale : « Que soit magnifié et sanctifié son grand nom… Et qu’il fasse régner son Règne… ». 

Il l’a mise en parallèle avec Matthieu 6.9.10 : « … Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne… ». 

Pour le professeur Dettwiler, le constat est sans appel, le Notre Père est une prière juive, ni plus ni moins. Toutes les affirmations du Notre Père, sans exception aucune, s’inscrivent dans le judaïsme de l’époque. Alors, comment se fait-il que cette prière juive soit devenue la prière par excellence du christianisme ? Toute prière, y compris le Notre Père assume une fonction identitaire. Dis-moi quelle prière tu récites et je te dirai à quel groupe religieux tu appartiens. 

Le Notre Père remonte-t-il au Jésus de Nazareth historique ?

Tout plaide en faveur de cette thèse, pour le professeur Dettwiler qui a rappelé que Jean Zumstein, théologien, a ainsi résumé les arguments principaux qui soutiennent la thèse de l’authenticité historique de cette prière : « Le Notre Père s’intègre parfaitement dans le monde juif du Ier siècle… Sa langue, les images et les notions qu’il utilise sont profondément enracinées dans la pratique juive de la prière et la liturgie de la synagogue. Seul un Juif nourri par la piété et la foi de son peuple peut s’être exprimé de cette manière. Et Jésus était précisément ce Juif-là. » Autre argument : « Le Notre Père ne contient aucune affirmation sur la personne de Jésus, sur la foi qui serait liée à son nom, sur la signification de sa mort et de sa résurrection. Elle ne fait pas davantage appel à des notions centrales pour les premiers chrétiens, telles que l’Esprit saint… ou l’Eglise. » Enfin, le Notre Père s’intègre harmonieusement dans ce que nous savons de la prédication de Jésus (conviction de l’avènement imminent du Règne de Dieu, etc.). Jésus aurait-il récité lui-même cette prière ? Pour le professeur Dettwiler, rien n’interdit de le penser.

Le Notre Père : quelle vision de Dieu et de l’être humain ?

Ulrich Luz, bibliste et théologien protestant suisse récemment disparu, en a donné la version suivante, a rappelé le professeur Dettwiler : « Le Notre Père commence par trois demandes centrées sur Dieu lui-même. Ce sont elles – et non mes demandes pour la réalisation des désirs humains – qui ouvrent la voie. Le fait que ces trois demandes centrées sur Dieu n’excluent pas l’être humain, mais incluent ce qui constitue le fondement de sa vie, devient immédiatement perceptible dans ce qui suit. Dieu n’est jamais sans l’être humain ; il est toujours son Créateur, le fondement de la vie, son partenaire et son vis-à-vis aimant. »

Dieu est donc un souverain bienveillant – métaphore familiale du « père » – et un souverain tout puissant – métaphore du « ciel ». L’humain, pour sa part, ne maîtrise pas sa vie, il est dépendant, fragile, faillible, tout en étant cependant capable du pardon et d’une confiance élémentaire (prière), a ajouté le professeur Dettwiler.

Le jeu des comparaisons : pièges et promesses

« Le Notre Père est tout sauf – en anglais – “naive” selon Hans Dieter Betz, spécialiste du Nouveau Testament, a rappelé le professeur Dettwiler. Malgré son extrême brièveté et son caractère polysémique, il condense en quelques lignes plusieurs éléments essentiels de la théologie de Jésus de Nazareth, sa manière de comprendre Dieu et l’être humain. Faudrait-il dès lors prendre le Notre Père pour un ABC de l’enseignement de Jésus ? Le professeur Dettwiler dit hésiter. Ulrich Luz, également spécialiste du Nouveau Testament, s’est ainsi prononcé sur le lien entre le Notre Père et son locuteur : “Est enfin typique de Jésus l’eschatologie, la vision de l’avenir, du Notre Père. Elle correspond à celle des paraboles de Jésus sur le Règne de Dieu, des paraboles qui ne veulent pas parler sur le Règne de Dieu, mais qui veulent, à partir (de l’expérience) du Règne de Dieu, éclaircir la vie quotidienne”. »

A qui appartient le Notre Père ?

A Jésus ? Jésus a partagé le sort de tous les auteurs d’hier et d’aujourd’hui qui, au moment de diffuser leurs textes, leurs idées, leurs pensées font l’étrange expérience que ce qu’ils ont produit ne leur appartient plus. Certes les Eglises ont eu le mérite d’avoir transmis ce texte de génération en génération. Mais en préservant cette mémoire, a conclu le professeur Dettwiler, les Eglises ont pris un risque considérable : elles ont décidé de maintenir en vie une parole qui les mettait constamment en question, une parole qui sollicitait le pardon divin mais exigeait également des gestes de pardon entre les humains, une parole enfin qui évoquait l’énigme du mal sans fournir de solutions très rassurantes, une parole qui, du coup, dénonçait la volonté illusoire de la maîtrise sur tout, de nous-mêmes et de nos vies.

Servir l’autre pour servir Dieu…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2020

Par Karin Ducret

Qu’est-ce que cela signifie finalement de « servir Dieu » ? Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. » Les disciples se souviennent bien du plus grand commandement de la loi : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là.  Mais comment aimer Dieu en vérité ? Dans notre vie de tous les jours avec nos mille occupations et responsabilités ? Voici le conseil de Thérèse d’Avila 1, une figure majeure de la spiritualité chrétienne : « Le Seigneur nous demande seulement deux choses : que nous l’aimions et que nous aimions notre prochain. Si nous nous efforçons à cela, nous accomplissons sa volonté. Il nous est difficile de savoir si nous aimons Dieu, mais nous pouvons savoir avec certitude que nous aimons notre prochain ! Soyez certains de ceci : plus vous ferez des progrès dans l’amour du prochain, plus vous en ferez dans l’amour de Dieu ! » Quel conseil lumineux ! Ne rencontrons-nous pas constamment des personnes engagées dans un service d’amour du prochain ?

Voici Germaine. Elle avait appris de son père que « c’était une honte d’accepter un salaire pour rendre service. » ! Infirmière, elle s’était occupée de ses parents malades, a fait du catéchisme et s’occupe encore aujourd’hui de la grotte de Notre-Dame, du service à la sacristie, de l’animation hebdomadaire de l’Adoration eucharistique, du nettoyage du linge liturgique avec Madeleine…. Et voici Aïda. Cette ancienne assistante sociale réunit en 2013 ses connaissances protestant-e-s et catholiques autour du projet d’une « épicerie solidaire ». Aujourd’hui une quinzaine de bénévoles et quelques requérants d’asile distribuent des denrées alimentaires et produits d’hygiène à une centaine de familles envoyées par l’Hospice général… Et encore Pierre. Pour lui c’est une évidence, « c’est dans ses gènes » de vivre tous les jours ce que l’Evangile nous enseigne le dimanche… Enfant de chœur, scout, catéchiste, président de CC, féru d’œcuménisme, il était membre il y a déjà 25 ans d’un groupe œcuménique s’occupant de requérants d’asile, il était membre actif du Groupe œcuménique Tiers-Monde, et encore aujourd’hui est de tous les combats pour aider son prochain – Epi-Sol, SORA, 3ChêneAccueil… Quand nous servons l’autre, nous servons Dieu !

1 Prière extraite du Château Intérieur (Ve demeures – ch. III) de sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), une religieuse espagnole, réformatrice des Couvents Carmélites, Docteur de l’Eglise catholique et Sainte patronne de l’Espagne.

Le coronavirus et le monde de demain

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2020

Photo: DR

Benoît Bourgine

Réflexions à chaud

A l’occasion d’une discussion en ligne proposée par la Faculté de théologie de l’Université de Genève et l’Institut romand de systématique et d’éthique, Benoît Bourgine, professeur de théologie à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve (B), s’est récemment exprimé sur la crise sanitaire qui secoue actuellement le monde.

« Il y a quelque chose de téméraire à donner son avis sur un événement en cours », a tenu à souligner au préalable Benoît Bourgine. « Nous vivons cette pandémie de manière évolutive. Dans la Bible, c’est toujours avec un temps de retard que l’on comprend ce qui est arrivé. Un temps de décantation est nécessaire et cela est si vrai que les Evangiles prennent un malin plaisir à montrer à quel point les disciples sont toujours en décalage par rapport aux événements, à les présenter dans la position désavantageuse d’individus qui ne savent pas ce qu’ils vivent. Cela signifie qu’on ne peut pas facilement discerner une action de Dieu en ce qui nous arrive.

Il convient encore de tenir compte de toutes les fragilités qui sont apparues plus visiblement, à savoir des failles très importantes en matière de dialogue, de mise en commun de nos intelligences en vue de mesurer les conséquences de ces fragilités mises au jour lors du confinement imposé dans de nombreux pays. On peut s’interroger par exemple sur ces conséquences sur le plan spirituel : pourquoi a-t-on, dans certains pays, la permission d’aller promener son animal domestique alors qu’il n’est pas possible de se rendre dans un lieu de culte ? Et pourquoi reprendre des célébrations en commun est envisagé loin derrière d’autres priorités pour le corps social ? La liberté religieuse est une des libertés fondamentales mais qui n’est pas traitée comme telle dans les décisions politiques récentes prises dans certains pays. Il y a donc des mouvements de solidarité qui nous font du bien, mais il y a des questions importantes qui subsistent quant à la qualité du débat médiatique sur lesquelles il faudrait travailler pour réellement construire du commun.

Il faut admettre également que nous assistons à un affaiblissement, une érosion du religieux. La mort est à la fois peu présente dans la vie courante de beaucoup de gens, mais il y a néanmoins une peur de la mort qui nourrit le déni qui lui-même nourrit la peur. Si l’on compare avec la génération précédente, on peut dire que nous avons vécu en pensant que la société se devait de nous faire vivre en bonne santé jusqu’à
80 ans et plus. Nous n’avons jamais été aussi nombreux sur Terre, nous n’avons jamais vécu aussi longtemps et aussi bien. Mais précisément, l’effacement de la religion doit être relié au fait que nous avons appris à vivre en ignorant la mort et en voyant la vie avec les termes qui nous viennent de la science et peut-être nous ne sommes plus conscients qu’il y a des raisons de donner sa vie. Elle n’est pas la valeur suprême. Ceci a un lourd impact théologique et cela nous distingue comme génération. Weber disait que dans la modernité et avec le progrès infini qui l’accompagne, on ne pouvait partager la satisfaction de l’homme biblique qui est rassasié de jours et qui voit du sens à sa mort parce qu’il voit du sens à sa vie. Nous, nous avons l’impression que nous allons louper l’épisode suivant. Nous n’allons pas participer au progrès, à la prochaine version de l’iPhone par exemple. On ne peut dire, comme l’homme biblique : “Je vais être réuni à mes ancêtres, je vais être heureux après une vie.” Nous avons l’impression que notre vie est simplement coupée par la mort. C’est une question à travailler théologiquement car cela nous caractérise, nous la génération coronavirus. Cette épreuve collective est peut-être une occasion de repenser le lien qui existait entre l’intensité de la vie et le sentiment de la précarité. Penser qu’une vie est infinie a peut-être moins de sel qu’une vie dont on mesure le caractère éphémère. 

Cette crise appelle nombre d’autres réflexions. On a pu déceler une fatigue de la liberté. Les juges administratifs, les juges constitutionnels ont accepté que les exécutifs s’arrogent les pleins pouvoirs. Les parlements ont suivi. Tout cela a mis en évidence des fragilités institutionnelles dans la garantie de nos libertés. Les Eglises pourraient donner l’exemple d’une capacité de débattre, de mettre en œuvre une intelligence collective animée par les laïcs et les femmes en particulier, d’une synodalité qui puisse effectivement consonner avec l’idée de participation à ce qui a trait à l’ethos démocratique.

Enfin, quelque chose s’est exprimé et s’exprime encore dans cette crise. Une créativité réjouissante est apparue, de même qu’un humour, face au tragique de la situation. C’est une conclusion légère, mais qu’il ne faut pas négliger. »

Se mettre au service de l’autre: des exemples dans nos paroisses

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2020

«Etre au service» se conjugue de différentes manières. Nous vous proposons un petit tour d’horizon en quelques exemples à deux pas de chez nous.

Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères… et sœurs… (Mt 25, 40)

Par Karin Ducret | Photos: Rosanna Aiello, Isabelle Favre

Epicerie solidaire (Epi-Sol) : grâce à l’initiative d’une jeune retraitée, Mme Aïda Ostermann, une équipe œcuménique bénévole de la paroisse protestante Chêne-Thônex et de la paroisse catholique Saint-Pierre (Thônex) et Saint-François de Sales (Chêne) a créé fin 2013 une association et ouvert une épicerie solidaire dans les locaux du Centre paroissial protestant de Chêne-Bourg/Thônex. Affiliée à l’Association « Partage », et aujourd’hui aussi avec l’aide financière des communes des Trois-Chêne, elle distribue une fois par semaine des denrées alimentaires et produits d’hygiène à une centaine de familles envoyées par l’Hospice général. Par ailleurs, Epi-Sol est aussi un lieu de partage et d’écoute apprécié et recherché : c’est l’occasion pour la quinzaine de bénévoles et quelques fidèles requérants d’asile de partager les soucis des familles en difficultés financières. 

Dans le sillage des repas communautaires d’accueil des réfugiés, organisés chaque mois par les paroisses catholique et protestante des Trois-Chêne, le groupe SORA (Soutien œcuménique aux requérants d’asile) a été constitué le 7 mars 2016 par une équipe protestante et catholique. Son but : informer sur la réalité des réfugiés et proposer des actions concernant l’accueil des requérants d’asile logés à l’époque dans l’abri PC des Trois-Chêne. Un nouveau centre d’accueil pour les requérants d’asile a été ouvert ce printemps dans l’enceinte de Bel Idée – l’occasion de continuer les belles rencontres lors des cours de français – « Coins-café » les mardis et les mercredis de 9h30 à 11h30 au Centre paroissial protestant, (77, rue de Genève) ainsi que  des repas canadiens conviviaux, préparés par les paroissien-ne-s catholiques et protestant-e-s des Trois-Chêne pour les requérants dès 12h à la salle paroissiale de Saint-Paul : les 18 octobre, 17 janvier, 7 mars et 2 mai ; à la salle paroissiale du temple de Chêne-Bougeries les 6 septembre, 6 décembre, 7 février, 4 avril et 6 juin. Ces deux activités sont préparées selon les directives d’hygiène anticovid. Une aide ponctuelle au niveau administratif et social est également offerte aux requérants d’asile. 

Comment rencontrer un-e requérant-e d’asile ? Lors d’un repas communautaire n’hésitez pas à inviter votre voisin, votre voisine de table pour un repas chez vous ou pour une sortie en ville, par exemple une visite de musée, etc. 

Renseignement 022 340 93 56 (de 8h30-11h30), secretarait.chene@protestant.ch  

Le plaisir d’un café partagé après la leçon de français…

Voici des manières de « faire ses gammes » pour rencontrer le Christ dans la générosité, la gratuité et « sans le savoir »…

Les derniers seront-ils vraiment les premiers?

Texte et photos par Pierre Moser

Comme nous avons pu le constater le 16e dimanche ordinaire (Mt 13, 24-30), Dieu est patient. Ce ne sera que lors de la moisson que l’ivraie sera jetée au feu. Nous avons donc le temps pour nous convertir. Mais qu’en est-il de mon partage, de ma charité et du sourire que cela provoque chez autrui ? Vous n’aurez pas le beurre et l’argent du beurre… Et l’Eglise a besoin de vous d’ici là. Sans votre partage, sans votre solidarité, elle n’ira nulle part. Idem pour votre paroisse, et c’est peut-être le bon moment pour vous rappeler les différentes manières de s’engager dans cette paroisse. D’autant plus que l’accumulation de scandales de tous ordres dans notre diocèse nous prive de prêtre. Eh oui, il faut savoir ce que l’on veut : des vocations qui respectent les règles sans nous obliger à fermer les yeux. C’est peut-être ce qui a manqué à nos autorités ces dernières années : les yeux ouverts. Rappelons simplement à ces brebis égarées que si elles étaient exemplaires, les médias n’auraient pas autant de raisons de « bouffer du curé ». Bref, votre paroisse a et va avoir de plus en plus besoin de vous. Et il y en a pour toutes les grâces : musique, conte, organisation, décoration, et j’en passe.

La musique est présente grâce à notre chœur mixte. Il recherche encore et toujours des bonnes volontés pour accompagner la messe en moyenne une fois par mois. Les répétitions ont lieu tous les jeudis. Vous pourrez ainsi mettre votre organe au service de l’assemblée pour lui permettre d’entrer dans l’alliance. Messieurs, vous êtes attendus avec impatience.

Les conteurs-euses se retrouveront plus volontiers dans le groupe des lecteurs. A chaque dimanche ses lectures. Votre témoignage sera donc dans la proclamation, un délicat équilibre entre émotion et le message du Dieu vivant. Vous semez le bon grain, Il s’occupe de la récolte. Pour des raisons pratiques vous serez également appelés à distribuer la communion.

L’organisation, elle, est toujours perfectible. C’est encore plus vrai quand il s’agit de bonnes volontés. Les Actes des Apôtres en rapporte un des premiers soubresauts (Ac 6). La pastorale étant gérée par les apôtres, le service de la communauté fut confié aux sept premiers diacres. Aujourd’hui encore notre paroisse comporte les deux conseils : le Conseil de paroisse qui a repris avec quelques adaptations la diaconie décrite par Luc et le Conseil pastoral de communauté, successeur des apôtres en toute modestie. Ces deux institutions ont été remises au gout du jour par Vatican II.

Choisissez et annoncez-vous au secrétariat de notre paroisse qui vous donnera toutes les informations nécessaires.

La fête paroissiale organisée…

… par nos fidèles bénévoles.

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