Vitrail de la nativité, église Notre-Dame de l’Assomption, Payerne

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

A priori très simple, le vitrail nous invite à le contempler.

Si sous ses airs d’origami, le vitrail de la nativité qui se trouve dans l’église catholique de Payerne semble très simple, il révèle progressivement ses détails et nous invite à le contempler.

Arrêtons-nous d’abord sur l’inscription tout en bas de l’œuvre. Elle indique qu’il s’agit d’un « souvenir de la grande mission de l’année 1945 ». Il était de coutume d’accueillir des prédicateurs extérieurs qui prêchaient des retraites paroissiales pour raviver la foi et les dévotions. Traditionnellement, on érigeait une croix : à la fois comme souvenir et comme invitation à continuer de se laisser interpeller dans son quotidien une fois la mission terminée. Le choix d’un vitrail, qui plus est de la nativité, peut étonner. Il serait nécessaire de connaître la thématique des prédications de l’époque pour en connaître les raisons. L’œuvre peut toutefois être une invitation, pour nous, aujourd’hui, à nous replonger dans le mystère de la naissance du Sauveur.

Au premier plan, l’Enfant est entouré de Marie et Joseph. La composition est assez habituelle, l’âne et le bœuf sont présents à l’arrière-plan et un ange survole la scène. Cela vaut la peine de s’arrêter sur les expressions des visages. Jésus semble lever le regard vers les deux adultes qui auront la tâche de l’éduquer. Joseph dégage quelque chose de méditatif et taciturne alors que les traits de Marie sont plus énigmatiques.

L’ange, représenté dans l’étoile, semble rappeler à la fois les bergers et les mages. Les premiers ont appris la Bonne Nouvelle de la bouche des anges alors que les seconds ont suivi l’astre jusqu’à la crèche. Le Salut est après tout adressé à tous : pauvres et riches, croyants de naissance et convertis… Lire les deux récits de la nativité nous invite à un constat, tant pour les bergers que pour les mages. C’est de joie qu’il est question : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple. » (Luc 2, 10) « Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. » (Matthieu 2, 10). Alors, que cette œuvre nous invite donc à cultiver et partager la joie.

Jeux, jeunes et humour – décembre 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Pourquoi à Noël Jésus est-il appelé Emmanuel ?
Lorsque l’ange Gabriel demande à Joseph d’appeler du nom de Jésus – qui signifie sauveur – l’enfant qui va naître, l’Evangile de Matthieu rapporte aussi une parole du prophète Isaïe : « Voici que la Vierge concevra un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel qui se traduit par Dieu-avec-nous. » Et ce, pour souligner le réalisme de l’Incarnation, sens de la fête de Noël.

par Pascal Ortelli

Humour

Un couple visiblement très amoureux est assis à une table de restaurant. Soudain l’homme glisse de la banquette et disparaît sous la table. 
Voyant que la jeune femme semble ne s’être aperçue de rien, le maître d’hôtel s’approche et lui dit :
– Madame, je crois que votre mari est tombé sous la table.
– Non, vous faites erreur. Mon mari c’est le Monsieur en gris qui vient d’entrer dans votre restaurant.

par Calixte Dubosson

Une proposition…

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : DR

… de bibliothèque d’objets en prêt

Besoin d’une perceuse pour faire des trous dans le Gruyère ? Un casque antibruit pour ne plus souffrir des répétitions de cor des Alpes de votre voisin ? Plus sérieusement, pourquoi acheter un objet que vous n’utiliserez qu’une seule fois ? Empruntez-le ! La Manivelle fonctionne exactement comme une bibliothèque ou une ludothèque. Il suffit de vous inscrire, de payer une petite cotisation, de réserver l’objet sur lequel vous avez jeté votre dévolu et de l’emprunter pour une période définie. Toutefois, attention, la Manivelle fonctionne de la même manière qu’une bibliothèque, les oublieux paient des frais de retard… Plus d’informations et lieux de prêts sur manivelle.ch

… Pour emprunter à vos voisins ce qu’il vous manque

Frapper à la porte de son voisin pour lui emprunter un caquelon à fondue ou une pompe à vélo se pratique de moins en moins. Chacun préfère posséder « ses » objets. Pumpipumpe rend tous les objets cachés dans les appartements, armoires et caves visibles. L’association à but non lucratif créée en 2014 à Berne est un outil pour activer le réseau de voisinage. Pour que cela fonctionne, il faut rendre ces objets visibles là où les voisins passent quotidiennement, c’est-à-dire aux boîtes aux lettres. Pumpipumpe propose donc sur son site web une série d’autocollants à apposer sur sa propre boîte afin de montrer à ses voisins quels objets vous êtes disposés à prêter. Qui sait, le prêt d’un objet pourrait déboucher sur un apéro ou même une fondue dans un caquelon… partagé ! Plus d’informations et autocollants disponibles sur Pumpipumpe.ch

En librairie – décembre 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Retrouver le goût de la vie
Anselm Grün

Lorsque nous nous heurtons à la frustration et à l’impuissance, quand le chemin que nous avons pris ne nous a finalement menés nulle part, nous nous sentons vidés, épuisés et sans désirs. C’est le burn-out de l’âme. Anselm Grün nous montre comment faire face à ces moments de vide, d’angoisse, voire d’effondrement, qui peuvent être autant d’opportunités de revenir sereinement à soi. En effet, ces grandes fatigues ont la capacité insoupçonnée de nous mener vers l’essentiel de notre vie : le rythme de notre âme et de notre corps, afin de retrouver la source de vie au plus profond de nous.

Editions J’ai lu

Acheter pour 11.90 CHF

S’élever dans la lumière du vitrail
Martial Python

Le vitrail a cette belle vocation consistant à transfigurer l’atmosphère qui règne dans les sanctuaires la rendant ainsi plus immatérielle. La poésie des couleurs se réfractant dans leurs espaces étreint jusqu’à faire vibrer notre âme, nous élevant ainsi à la contemplation des grands ailleurs. Pour vivre cette démarche, sont proposées plusieurs églises et chapelles du pays de La Glâne, une terre ayant beaucoup inspiré les artistes et spécialement ceux qui ont fait chanter la lumière avec l’art du vitrail. Martial Python nous en dévoile plusieurs facettes dans un style simple et accessible.

Editions Cabédita

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L’Eglise brûle
Andrea Riccardi

Les flammes qui ont dévoré Notre-Dame de Paris sont le signe, nous dit Andrea Riccardi, de l’incendie que connaît l’Eglise. Recul de la pratique, des vocations, de l’influence publique et culturelle : partout, en France, en Europe, sur les autres continents, l’inquiétude monte. Le christianisme traverse-t-il une des épreuves qui l’ont fortifié hier ou court-il vers un irrésistible déclin demain ? Et si, plutôt que de se lamenter ou de se raidir, il s’agissait de vivre la crise ? D’entrer en lutte, non pas contre les ennemis supposés du dedans ou du dehors, mais en combattant ces deux fléaux que sont le discrédit et l’indifférence ? Il fallait le fondateur de Sant’Egidio pour nous montrer comment l’Eglise qui brûle peut être l’Eglise qui, renaissant de ses cendres, annoncera comme jamais l’Evangile.

Editions du Cerf

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Don Bosco
Guri Suzuki

Dans cette bande dessinée japonaise, deux adolescents d’aujourd’hui, Riku et Mana, se retrouvent en Italie à l’époque de la fondation de l’Oratoire par Don Bosco. Entourés des jeunes accueillis à l’Oratoire, de Dominique Savio, de Maman Marguerite, ils vivent avec eux des moments qui les font grandir, sous le regard bienveillant et juste de saint Jean Bosco. A la fin, ils reviennent à leur époque, transformés et grandis. Don Bosco, par sa vie exemplaire et son amour pour les jeunes, ne cesse d’être une source d’inspiration encore aujourd’hui.

Editions Mame

Acheter pour 16.20 CHF

Pour commander

Jeunesse-Lumière

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour de la Valaisanne Viviane Gay-des-Combes de prendre la plume.

PAR VIVIANE GAY-DES-COMBES | PHOTOS : DR

Je m’appelle Viviane, j’ai 27 ans, je viens de Martigny et j’ai terminé mes études d’assistante en pharmacie. L’année dernière, j’étais à Jeunesse-Lumière, une école de prière et d’évangélisation. C’est une école catholique qui accueille des jeunes entre 18 et 30 ans pour vivre ensemble une expérience de foi et de charité fraternelle.

Cette année, nous étions 23 jeunes de huit pays différents à vivre ensemble dans une grande maison dans le sud de la France, à deux heures de Toulouse. Notre année s’est articulée autour de quatre piliers. La vie de prière, la vie fraternelle, la vie de mission et la vie de formation. Cette expérience m’a beaucoup apporté sur le plan spirituel et humain. Construire une vie de prière m’a aidée à mieux démarrer mes journées et m’a permis de les vivre plus sereinement. Je me sentais apaisée les jours où j’avais prié le matin.

Les différents cours donnés par des laïcs ou des prêtres de la région portaient sur la bible, l’oraison ou encore la vie consacrée ou le mariage. Ces cours m’ont permis d’apprendre davantage sur ma foi et de poser toutes mes questions pour pouvoir mieux comprendre en quoi je crois et pourquoi. Le dernier pilier était la mission. Nous sommes partis à la rencontre de jeunes étudiants dans des collèges privés catholiques. Nous leur avons partagé notre joie de croire, comment on vivait notre foi au quotidien et qu’est-ce que cela nous apportait. Nous leur avons aussi transmis notre témoignage de vie.

Ce qui m’a le plus touchée, c’est la vie fraternelle. Apprendre à connaître d’autres jeunes, vivre avec eux, partager les joies et les peines ensemble, se découvrir à travers les autres, apprendre à s’aimer, se pardonner sont toutes des expériences que j’ai vécues cette année. Elles m’ont permis de grandir et de mieux me connaître. J’ai tissé de beaux liens d’amitié avec eux et je me réjouis de les revoir. Pour la suite, j’ai le désir de partir fonder l’école Jeunesse Lumière à l’île Maurice avec trois autres jeunes de mon année.

Se lancer dans une nouvelle aventure, participer à la fondation de l’école, découvrir une nouvelle culture et un nouveau pays sont des éléments qui m’ont motivée à me lancer dans ce nouveau projet.

Je suis en attente du visa et dès que possible, je m’envole là-bas. Si vous le souhaitez, vous pouvez me soutenir dans la prière ou financièrement.

Merci de votre soutien et en Union de prière !
(CH95 0076 5000 C088 6684 1).

Nos ados à Lourdes: pèlerinage d’été 2022

Cette année le pèlerinage des «Ados de Lourdes» a rassemblé une trentaine d’Ados venus principalement du diocèse de Sion mais aussi de celui de Lausanne-Genève et Fribourg. Ils étaient encadrés par cinq animateurs et deux prêtres. Adeline Meuwly, Emeric Gendre, Ahmid-Nicolas Diawara Tercitano et Camille Berset de notre Unité Pastorale y ont participé. Ci-dessous un récit de cette formidable expérience.

PROPOS RECUEILLIS PAR ALINE JACQUIER (ANIMATRICE GROUPE ADOS LOURDES

C’est en car que nous avons quitté le Valais vendredi soir vers 19h pour nous retrouver à Lourdes samedi matin à 9h. A peine arrivés, nous avons pris possession de notre campement au « Village des Jeunes ». Les ados logeaient sous tentes alors que les animateurs dormaient dans le chalet attenant, privilège de l’âge ! Les repas de midi étaient pris au réfectoire et préparés par notre formidable équipe cuisine. Quant à ceux du soir, nous les mangions autour du feu de camp.

Sur les pas de Bernadette

Comme nous étions arrivés deux jours avant le reste des pèlerins romands, nous en avons profité pour visiter la région, notamment les grottes de Bétharram. La partie ouverte au public s’étend sur 2,8 km et comprend une impressionnante dénivellation de 80 mètres. Avec la canicule qui nous guettait à l’extérieur, cette sortie fut très appréciée par l’ensemble du groupe. Nous nous sommes également rendus à Bartrès, petit village à 3 km de Lourdes, où se situe la bergerie, endroit où Bernadette gardait ses moutons.

La majorité de nos activités se passaient au sanctuaire ou dans les environs. Pour certaines d’entre elles, notre groupe se séparait. Les plus âgés ont eu la possibilité, tout au long de la semaine, de seconder les hospitaliers et brancardiers auprès des malades et personnes en situation de handicap.

Quant à nous, dont c’était la première fois à Lourdes, nous sommes allés marcher sur « les pas de Bernadette » en visitant les lieux où elle a vécu. Nous avons aussi appris à mieux la connaître grâce à la comédie musicale qui est jouée à Lourdes durant tout l’été.

Lourdes, lieu de grâces

Marie avait dit à Bernadette : « Viens boire à la source et t’y laver. » Nous avons pu passer plusieurs fois à la grotte, boire à la source ainsi que nous rendre aux piscines pour y effectuer le geste de l’eau (l’immersion n’est actuellement plus possible en raison du Covid). Pour accompagner nos prières, nous avons brûlé des cierges aux intentions qui nous avaient été confiées. Au cœur de notre pèlerinage, nous avons vécu un moment fort de communion avec l’ensemble des autres pèlerins lors de la procession mariale.

L’évêque du diocèse du Valais, Mgr Jean-Marie Lovey, a présidé le pèlerinage. Il a passé la soirée du jeudi en notre compagnie, au « Village des Jeunes ». Nous avons pu lui poser des questions et partager librement avec lui autour d’une raclette.

Vendredi matin, le réveil fut plus difficile que les jours précédents car il était synonyme de rangement du camp. Après la célébration mariale d’envoi et avant de monter dans le car pour rentrer chez nous, nous avons rempli une dernière fois nos gourdes à la source de la grotte en promettant à Marie et Bernadette d’y revenir l’année prochaine mais cette fois avec nos amis.

Notre Dame de Lourdes, prie pour nous !

« L’art, voie royale vers Dieu »

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : DR

Recevant les mécènes des Musées du Vatican quelques mois après son élection (2013), pape François leur a déclaré : « A chaque époque, l’Eglise a fait appel aux arts pour exprimer la beauté de sa foi et proclamer le message évangélique de la magnificence de la création de Dieu, de la dignité de l’homme créé à son image et ressemblance et du pouvoir de la mort et de la résurrection du Christ pour apporter rédemption et renaissance à un monde marqué par la tragédie du péché et de la mort. »

Tout est bien résumé : l’art exprime la foi d’une époque de l’Eglise. Il parlait jadis et ne peut ne plus parler aujourd’hui, mais chaque époque produit son art, devrait produire son art, exprimant la foi des contemporains. L’important est ce qu’il provoque dans le cœur de celle ou celui qui regarde : « Contempler le grand art, expression de la foi, aide à retrouver ce qui compte dans la vie », dira-t-il en 2018.

Risque de stagnation

Reprenant le thème du chant sacré, en 2017, il rappelle : « D’un côté, il s’agit de sauvegarder et valoriser le patrimoine riche et multiforme, hérédité du passé, en l’utilisant avec équilibre aujourd’hui et évitant le risque d’une vision nostalgique et archéologique ; d’autre part, il est nécessaire de faire en sorte que la musique sacrée et le chant liturgique soient pleinement inculturés aux langages artistiques et musicaux d’aujourd’hui. »

De même, avec le rite tridentin, qui est une « liturgie morte pour quelques vivants », qui souffre d’« indietrismo »1 et qui est déconnecté de l’esprit du Concile Vatican II, notamment son ecclésiologie. C’est plus qu’une question de goût – ce que l’art est aussi – car par l’art, on catéchise : et certaines images fausses sont tenaces (Dieu est-il un vieillard aux cheveux chenus ?) mais nécessitent un balayage…

Au cirque !

Jongleurs et clowns sont parfois présents aux audiences du mercredi et François ne manque pas de les remercier pour leur « travail de beauté qui fait du bien à tous ». N’est-ce pas le but de toute forme d’art dans le fond, qui plus est de l’art religieux ?

1 Mot italien, littéralement « en-arriérisme » ou « retour en arrière », récurrent chez François pour décrire cette nostalgie de certains Catholiques à croire que « c’était mieux avant »…

Se prendre une châtaigne

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: DR

Les bogues c’est toujours embêtant, à moins d’être tombés d’un arbre. Mais pour ces bogues-là, pas besoin d’être un as du décodage pour les distinguer de leurs cousins. On vous raconte tout sur cette piquante surprise automnale, histoire de pas vous faire gauler (sic) en les ramassant.

Il n’y a pas que les amateurs de «castagne» qui les apprécient. A l’automne venu, de petites cahutes fleurissent çà et là dans nos villes. La harangue du vendeur vous promet des «chauds… marrons… chauds». Mais détrompez-vous, ce qui se trouve dans le petit cornet de kraft qu’il vous tend n’a rien à voir avec son cousin de la Promenade de la Treille, annonciateur du printemps et dont les fruits servent aux enfants pour réaliser leurs sculptures «cure-dentesques», ni même avec le marronnier tant apprécié des journalistes en mal de «scoops».

Pour des millions d’Européens, l’importance historique du châtaignier – «l’arbre à pain» – est comparable à celle des céréales ou de la pomme de terre. En Suisse, son fruit occupait jadis une place à part dans l’alimentation de base, surtout dans le sud du pays, en Valais et dans la région du lac des Quatre-Cantons. Divers noms de localités, tels que Kastanienbaum (LU) ou Kestenholz (SO), témoignent de l’importance et de l’ancrage de ce fruit dans la tradition helvétique. Au Tessin, la châtaigne était déjà devenue l’aliment de base au VIe siècle et constituait la principale monnaie de paiement des redevances seigneuriales ou ecclésiastiques. Surnommé «le pain du pauvre», le fruit conférait à la population l’unique source de survie durant plusieurs mois lors de périodes de disette.

Traditionnellement, sa consommation débute entre le 1er novembre et la Saint-Martin. La fourrure que l’on découvre en ouvrant la bogue évoque celle du manteau que saint Martin a partagé alors avec un mendiant et rappelle, outre la générosité du saint, celle de l’arbre. Gare toute- fois : les fruits des châtaigneraies tessinoises – même tombés au sol – appartiennent à leur propriétaire jusqu’à la Saint-Martin. Ensuite, libre à vous de gauler l’arbre…

Recette: Le gâteau des anges

Temps de préparationTemps de cuissonPortions
45 minutes sur deux jours60 minutes sur deux jours12

La châtaigne est une école de persévérance et ne récompense que ceux qui ont le courage de surmonter tous les obstacles qui précèdent sa dégustation: bogue piquante et peau adhérente. Les fins gourmets devront être encore plus patients pour goûter à cette douceur très prisée de la fin d’année: les marrons confits (ou glacés).

Ingrédients et ustensiles

  • 1 panier de cuisson
  • 1 pèse-sirop ou densimètre en degré Baumé (°Bé)
  • 1 kg de marrons
  • 1 c. à s. de sel
  • 1,5 l d’eau
  • 1 kg de sucre en poudre
  • 4 sachets de sucre vanillé
  • 1 gousse de vanille
Les fins gourmets apprécient cette douceur de fin d’année: les marrons confits.

Pelage des marrons

Commencez par pratiquer une incision dans chaque marron. Faites bouillir une marmite d’eau avec une cuillère à soupe de sel. Plongez les marrons 5 min dans l’eau bouillante. Sortez et égouttez-les. Il vous sera plus facile de les peler en ôtant les deux peaux. Rincez les marrons à l’eau froide.

Cuisson des marrons

Placez les marrons dans une marmite et recouvrez-les d’eau froide. Portez l’eau à frémir mais sans la faire bouillir. Laissez cuire les marrons 30 min. Surveillez bien cette cuisson, car les marrons sont fragiles et ne doivent pas casser.

Préparation du sirop

Dans une marmite large, mélangez le litre et demi d’eau, le sucre blanc, le sucre vanillé et la gousse de vanille fendue dont vous aurez préalablement gratté les grains dans l’eau. Portez à ébullition et laissez bouillir pendant 5 min. Le sirop est prêt quand vous mesurez 20°Bé avec le pèse-sirop. Coupez le feu.

Réalisation des marrons confits

Placez les marrons dans un panier de cuisson puis plongez-le dans le sirop bouillant. Laissez cuire à feu très doux jusqu’à ce que le sirop atteigne les 25°Bé (environ 10 min). Puis ôtez du feu et laissez refroidir l’ensemble jusqu’au lendemain (pendant 20 à 24h). Le lendemain, ôtez avec précaution les marrons du sirop. Portez le sirop à ébullition. Puis replongez les marrons dedans et prolongez la cuisson à feu très doux jusqu’à ce que le sirop monte à 35°Bé. Otez les marrons du sirop et laissez-les sécher sur une grille.

Conservation

Une semaine dans le bas du réfrigérateur. A sortir au moins une heure avant la dégustation.

Retable en broderie d’Alice Basset…

A travers ces trois scènes, l’œuvre nous parle de la royauté, de l’ouverture aux nations et de la manifestation de Dieu.

… église du Christ-Roi, Petit-Lancy (GE)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Alice Basset est surtout connue pour la tapisserie de Saint-Victor que l’on peut admirer en l’église Saint-Joseph (GE). Ce n’est toutefois pas sa seule œuvre. L’église du Christ-Roi (Petit-Lancy) accueille un remarquable retable brodé.

Sur la partie droite du triptyque, on observe l’Adoration des mages ; sur la partie gauche, la Pentecôte et au centre, l’Agneau mystique entouré des prophètes de l’Ancien Testament et des Pères de l’Eglise. A travers ces scènes, l’œuvre nous parle de la royauté, de l’ouverture aux nations et de la manifestation de Dieu.

La tradition a fait des mages des rois. Mais aussi riches que soient leurs atours, ce ne sont pas eux qui sont dans la lumière. Alice Basset joue avec les tons, mettant l’accent sur le visage de la Vierge et sur l’Enfant. Le seul vrai roi, celui auquel cette église est d’ailleurs consacrée, c’est le Christ. Le panneau central nous renseigne sur la façon dont Il est roi. Sur le trône, se trouve l’Agneau. L’Apocalypse (Ap 5, 6) fait le lien entre la Passion et la royauté : le roi est celui qui donne sa vie pour sauver celle de son peuple. L’Evangile de la Solennité du Christ Roi nous invite d’ailleurs à contempler Jésus sur la croix. (Lc 23, 35-43 en 2022)

L’Adoration des mages est appelée épiphanie, ce qui signifie manifestation. C’est en effet la manifestation de Dieu aux peuples non juifs, les mages venant de pays lointains. A la Pentecôte, les Apôtres reçoivent l’Esprit pour témoigner de la Résurrection jusqu’aux extrémités de la terre. L’Apocalypse annonce la destinée collective de l’humanité : l’Agneau est entouré d’une foule immense « de toute nation, race, peuple, langue ». (Ap 7, 16-17)

A Noël (panneau de gauche), nous fêtons la venue de Dieu sur la terre et la Pentecôte (panneau de droite) célèbre la manifestation de l’Esprit-Saint. Le panneau central annonce le retour du Christ dans la gloire. Cette œuvre est un résumé de l’histoire du Salut : Dieu a parlé par les prophètes, Il est venu par Jésus, Il est présent par l’Esprit et nous attendons son retour dans la Gloire.

Vigilance et Révélation-Apocalypse

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR

« C’est bientôt la fin du monde », paraît-il. Cette affirmation, nous l’avons entendue une fois de plus, cet été, quand aux sévices russes commis lors de l’injustifiable attaque contre l’Ukraine, sont venues s’ajouter les catastrophes de la sécheresse et des feux de forêt, un peu partout sur la planète. Avec en plus, les menaces de coupures de courant pour cet hiver.

A vrai dire, cela fait bien longtemps qu’on nous promet le terme de l’histoire : cela a été le cas, au fond, à chaque époque. Pensons aux invasions des Barbares, à la chute de l’Empire byzantin, aux deux Guerres Mondiales du
XXe siècle, aux catastrophes nucléaires de Fukushima ou de Tchernobyl, etc.

Le Nouveau Testament, avec son ultime livre de « Révélation » et les discours apocalyptiques des évangiles, nous invite constamment à la seule attitude qui convienne face à ces drames successifs : la vigilance. Pas de panique, la maîtrise de l’univers reste dans la main du Créateur et Sauveur. Les adversaires de son dessein, les différentes Bêtes, les empires de Babylone et de Rome, les tyrans contemporains ne l’emporteront pas. Le mal sera définitivement plongé dans l’étang de feu et la seconde mort.

« C’est à l’heure où vous ne l’attendez pas que le Fils de l’homme viendra. » (Matthieu 24, 44) Les soubresauts des conflits, des famines et des tremblements de terre ne signifient que le commencement des douleurs de l’enfantement des cieux nouveaux et de la terre nouvelle. Les faux prophètes pulluleront, abusant de la crédulité des gens et dressant nation contre nation. « Mais celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé. » (Matthieu 24, 13) Les tribulations se répandront, le soleil et la lune s’obscurciront, les étoiles tomberont du ciel. C’est alors seulement que le Fils de l’homme viendra sur les nuées.

Tenons-nous donc prêts, car nul ne connaît le jour où l’avènement du Maître se produira ! (Matthieu 24, 42) Pas de crainte, car ce que nous vivons actuellement ne constitue que des signes avant-coureurs de la libération définitive !

Jeux, jeunes et humour – novembre 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Pourquoi représente-t-on saint André avec une croix en forme de X ?
Fêté le 30 novembre, l’apôtre saint André est considéré comme le premier évangélisateur de l’Ukraine et de plusieurs pays alentour. Bien que cela ne repose sur aucune source, la tradition attribue une forme de X à la croix sur laquelle André a été supplicié sous Néron. Et ce, peut-être pour marquer une différence avec saint Pierre, crucifié la tête en bas.

par Pascal Ortelli

Humour

Une grand-maman était assise sur la plage et regardait nager son petit-fils quand tout à coup une immense vague l’emporta. 
La grand-mère regarda le ciel et s’exclama : « Seigneur, tu es injuste. Je vais tous les dimanches à la messe, je dis mon chapelet tous les jours et voilà que tu enlèves mon petit-fils ! » Le Seigneur eut pitié d’elle et une seconde vague lui rendit son petit enfant. « Du fond du cœur, merci Seigneur ! Vous me direz si j’abuse mais… le petit portait sur lui une casquette neuve ! »

par Calixte Dubosson

En librairie – novembre 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Nous pères, qui sommes sur terre
Collectif

Dans ce recueil de témoignages, vous trouverez l’expérience de douze hommes qui ont souvent douté, parfois touché le fond, mais qui ont tous été transformés par la paternité et leurs épreuves. Ils ont surmonté la stérilité, le deuil, le handicap, le déshonneur, l’addiction, la violence, l’absence. Ils nous parlent du père qu’ils sont devenus, des joies et des espérances qui ont forgé leurs cœurs. Un magnifique cadeau pour tous ceux que l’on appelle « père » sur terre, pour leurs épouses, leurs enfants et pour tous ceux qui cherchent le visage de « Notre Père qui es aux cieux ».

Editions Artège

Acheter pour 24.70 CHF

En ces temps qui sont les derniers
Antoine Vidalin

L’histoire a-t-elle véritablement et encore un sens ? Question nécessaire dans une époque livrée à l’immédiateté, à la brutalité, sans mémoire ni espérance. Le Père Vidalin s’en empare en théologien pour chercher à scruter les « signes des temps » à la lumière des Ecritures Saintes. L’auteur replace à la fois l’histoire du peuple juif, de l’Eglise, de l’islam et des nations modernes dans l’histoire longue, en nous révélant les significations spirituelles de celle-ci.

Editions Artège

Acheter pour 20.00 CHF

Après l’hiver vient toujours le printemps
Marie de Jaureguiberry

A la mort de son fils, l’auteure est descendue au plus profond de la souffrance : doutes, culpabilité et sentiment de n’avoir pas su comprendre. Au fil des pages et de l’histoire, elle accompagne le lecteur dans le drame du suicide et dans un lent retour à l’espérance. Un chemin de foi lumineux pour trouver les mots et savoir accompagner des jeunes en souffrance ou des parents endeuillés. A travers le parcours de son fils Adrien, l’auteure nous propose une lecture sans concession de ce qui peut conduire un être humain à cesser de lutter. 

Editions Mame

Acheter pour 27.00 CHF

Matteo Ricci
Jean Dufaux – Martin Jamar

Pékin, début du XVIIe siècle. Le père Matteo Ricci, un jésuite italien, est tombé amoureux de la Chine. Depuis dix-huit ans, il parcourt ce pays afin de servir Dieu. Respectueux des coutumes et des religions qui ne sont pas les siennes, il poursuit un rêve : rencontrer l’Empereur en personne. Mais la route est longue et semée de dangers jusqu’à la Cité interdite. Dans cette BD, Jean Dufaux et Martin Jamar redonnent vie à un personnage adepte de tolérance, d’ouverture à la différence et du dialogue entre les civilisations. Autant de convictions qui prennent tout leur sens dans notre société fracturée d’aujourd’hui.

Editions Dargaud

Acheter pour 25.50 CHF

Pour commander

Des bulles pour Jésus

Dans son église transformée en atelier, le bédéiste Alain Auderset déploie tout son génie créatif au service du Christ et de son message. Celui qui a rencontré Jésus dans une bulle, témoigne du coup de pouce de Dieu au quotidien.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

L’auteur dans son atelier à Saint-Imier.

Votre première rencontre avec Dieu s’est faite au travers d’une BD. Vous êtes ensuite devenu bédéiste, un hasard guidé ?
Un hasard avec des majuscules ! Ces bandes dessinées étaient dans la poubelle de ramassage du vieux papier (ndlr. des magazines Tournesol édités par la Ligue pour la lecture de la Bible). Pour moi, ces BD étaient comme des miettes tombées de la table du Seigneur. Elles étaient extraordinaires, car rien de pareil n’existait dans mon monde. J’ai fait mon catéchisme, mais ce n’était pas présenté comme quelque chose à vivre. Plutôt des choses à faire, à apprendre, des rites et je n’en voyais pas l’intérêt. Ça ne me faisait pas rêver du tout. J’ai découvert Dieu dans cette BD et cela m’a vendu du rêve (rires). J’ai commencé à Lui parler, puis j’ai trouvé une Bible : j’avais accès à ce qu’Il voulait me dire. Cette relation personnelle avec Dieu a fait germer en moi toutes ces graines de créativité.

D’ailleurs, l’Atelier Auderset est une ancienne église reconvertie en lieu de création. Encore un clin d’œil divin ?
C’est certain ! Je n’avais absolument pas l’argent pour me payer une maison, loin de là. Même pas un rond de côté. J’ai dit à Dieu : « Tu m’aides ? » Un couple que je ne connaissais pas s’est pointé en me disant que Dieu leur avait parlé. Ils me tendent 100’000 francs et m’expliquent que j’ai 40 ans pour les rembourser. J’ai été à la banque avec ce prêt miraculeux, puis j’ai pu acheter ce lieu. C’est dingue, mais c’est Dieu !

Votre début de carrière avec la BD Idées reçues est pour ainsi dire miraculeux…
Oui complètement. J’ai été voir un imprimeur en lui disant que je voulais le meilleur pour cette bande dessinée. Nous n’avons donc pas lésiné sur la qualité… mais j’ai omis de lui dire que je n’avais pas un rond à ce moment-là. Avec des amis, nous avons prié. Un homme est venu à ma rencontre, il avait eu une vision de moi et m’a demandé ce qu’il pouvait faire pour m’aider. Je lui ai demandé s’il pouvait m’avancer l’argent pour l’impression de cette BD. Ce qu’il a fait. En francophonie, lorsque tu sors une bande dessinée et qu’elle se vend à plus de 2000 exemplaires, c’est considéré comme un succès. J’en ai imprimé 5000. Tout a été vendu en trois mois. Après cela cette BD a encore été écoulée à près de 66’000 exemplaires !

Pour vous, c’est quoi d’être un artiste chrétien ?
C’est un artiste connecté à Dieu pour pouvoir puiser auprès de Lui ce que tu donnes aux autres. Pas seulement aux autres chrétiens, mais aussi au reste du monde. On doit donner le goût (ndlr. en étant le sel de la terre), changer la mentalité qu’il y a autour de nous, être promoteurs de valeurs.

Comment réagissent les gens face à votre message ouvertement chrétien ?
Cela leur parle parce que c’est ce dont ils ont besoin. Ils aimeraient vivre avec Dieu quelque chose d’aussi absolu, mais beaucoup ne savent pas où ils en sont. Les croyants ont un peu tendance à vivre entre eux en pensant que cela n’intéresse pas les gens.

Les idées vous viennent spontanément lors de vos rendez-vous avec Dieu. Ne faudrait-il donc pas signer vos BD : Auderset et… Dieu !
C’est vrai ! D’ailleurs j’y ai déjà pensé (rires), mais je ne sais pas si cela serait bien compris. Alors je préfère que les gens Le découvrent eux-mêmes.

Biographie express

Après une formation de graphiste à la Haute Ecole d’arts appliqués de La Chaux-de-Fonds, Alain Auderset dessine ses premières bulles. En 2001, après sept ans de travail, il publie la bande dessinée Idées reçues. Suivent une dizaine d’autres, traduites en huit langues. Au total, il en écoule plus de 150’000 exemplaires. Dans un second temps, il se met à l’écriture avec ses Rendez-vous dans la forêt. Cette série à succès a donné un nouveau souffle à l’Atelier Auderset. Elle rend compte de la spiritualité qui anime l’auteur à travers, notamment, le temps qu’il consacre régulièrement à Dieu dans une forêt proche de chez lui. Il vit aujourd’hui dans son église-atelier à Saint-Imier.

Au total, Alain Auderset a écoulé plus de 150’000 BD.

Fin du monde, une histoire sans fin

Aujourd’hui encore, le message délivré par l’Apocalypse, l’un des livres les plus mystérieux de la Bible, se place en totale opposition avec un imaginaire populaire catastrophiste marqué par l’idée de « fin du monde ». Cette crainte possède pourtant des vertus utiles à la progression de l’être humain.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : FLICKR, PXHERE, DR

L’avenir du monde et de l’espèce humaine cause nombre d’inquiétudes à nos contemporains. Les technologies de surveillance de masse, la crise climatique, la récente pandémie ou encore une guerre aux portes de l’Europe poussent à envisager les pires scénarios. Cherchant des réponses pour confirmer ou apaiser cette crainte, certains entrevoient dans les événements historiques des signes annonciateurs d’un cataclysme imminent. Pour cette raison, l’Apocalypse et ses étranges prophéties sur la fin des temps a souvent servi de support à un imaginaire catastrophiste florissant. Aucun écrit n’a autant agité les passions et les fantasmes sur la fin du monde. Alors que l’inconscient collectif ne garde trop souvent du texte que son interprétation « apocalyptique », le livre communément attribué à saint Jean porte un message d’espoir encore valable actuellement.

Happy end…

« C’est comme si on s’était arrêté avant la fin du livre », pointe Daniel Marguerat, professeur émérite de Nouveau Testament à l’Université de Lausanne. Cette remarque ferait presque sourire le dominicain Pierre de Marolles, spécialiste de l’Apocalypse. En effet, l’Apocalypse compte vingt-deux chapitres et « dès le chapitre quatre, bien avant l’arrivée de la fameuse Bête, le livre nous dit que l’agneau immolé (ndlr. Jésus) a déjà triomphé du mal qui ronge le monde ». Or, le dernier livre de la Bible traîne toujours une tenace réputation longtemps alimentée par la propension de certains théologiens et communautés religieuses « à lire le texte comme une sorte de calendrier de la fin des temps », indique encore Daniel Marguerat. A l’opposé de ce que l’Apocalypse tente de communiquer. Le frère dominicain attribue ce manque de curiosité pour le texte en lui-même parce qu’« inconsciemment les gens ont accepté que l’Apocalypse devait avoir une interprétation historico-prophétique dont ils ne possèdent pas les clés ».

Un pas en avant, deux en arrière

Les deux théologiens s’accordent à dire que la clé principale de lecture se trouve dans l’Ancien Testament. « Ce livre récapitule un peu tous les autres. Sans avoir un peu bourlingué dans la Bible, c’est l’overdose d’images et de vocabulaire biblique. Il faut faire le tour du propriétaire, s’imprégner de l’intelligence et du vocabulaire avant de revenir à ce dernier livre », conseille Pierre de Marolles. Daniel Marguerat rappelle tout de même « que l’auteur de l’Apocalypse se sert de métaphores et de figures pour parler d’un mal qui ronge, sans pour autant le nommer, afin qu’il soit toujours vrai ». Mais face à des crises, il est « rassurant de se dire qu’on sait », suppose Pierre de Marolles. Christan Grosse, professeur d’Histoire et anthropologie des christianismes modernes à l’Université de Lausanne va même plus loin en affirmant que « la crise valide les interprétations de type eschatologiques ou apocalyptiques ». Il poursuit : « Les récits prédisant des transformations profondes et violentes, voire la fin des temps, se sont multipliés au cours de l’histoire humaine. On en est toujours au même point. Mais ils ont une validité, car ils donnent sens à une expérience collective et permettent des mobilisations. »

Les hommes et les femmes de l’avenir

En effet, la crise, porteuse d’incertitudes, peut devenir un accélérateur, soit en cédant à la peur panique et en dévalisant les supermarchés de toutes ses denrées alimentaires, soit en s’en servant pour amorcer une mobilisation. Issu du grec krisis, étymologiquement parlant, le mot recouvre les sens de décision et de jugement. Autrement dit, cette rupture offre l’opportunité de sortir d’une voie toute tracée pour se remettre en question. A ce titre, Daniel Marguerat relève que « le message de l’Apocalypse doit être entendu sur deux notes : celui de la confiance et celui de la militance. Oui, le Mal ne détient pas le dernier mot sur l’avenir du monde et de l’humanité, mais ce Mal qui défigure l’humanité doit être combattu au nom de la victoire finale de Dieu. Le combattre c’est déjà dire que nous sommes les hommes et les femmes de l’avenir ».

L’Apocalypse se dévoile

Photos : Millenium production

La série documentaire Les 7 Eglises de l’Apocalypse sortie en novembre 2020 et déclinée en neuf épisodes de vingt-six minutes chacun, dévoile au spectateur le message prophétique délivré par l’auteur de l’Apocalypse aux premiers chrétiens. Pour mener cette enquête avec le plus d’objectivité possible, la production a fait appel à vingt-trois intervenants issus du monde entier et de confessions différentes, dont le frère Pierre de Marolles et Daniel Marguerat. Benjamin Corbaz, pasteur dans l’Eglise Evangélique réformée du canton de Vaud (EERV), a organisé en mai 2021 plusieurs soirées cinéma au sein de l’Eglise Martin Luther King Lausanne où il exerce son ministère. « Nous regardions deux épisodes et nous discutions ensuite ensemble de la manière dont cela nous questionnait sur notre identité de chrétiens. Il était très positif de voir une nouvelle compréhension du texte se dévoiler ». C’est dans cette même optique de « décryptage » que Matthieu Gangloff s’est lancé dans la rédaction de L’Apocalypse pour mieux vivre, un ouvrage de vulgarisation paru en 2016 aux éditions La Maison de la Bible. Le pasteur, aujourd’hui chargé de cours à l’Institut biblique de Nogent (France), est interpelé en 2014, par le succès d’un prétendu « eschatologue ». L’homme « avait soi-disant eu une révélation de Dieu sur la fin des temps » et prodiguait sa bonne parole au travers de trois tomes de quatre cents pages et d’événements réunissant plus de deux mille personnes. « Certains vont chercher dans les signes des temps tout ce qui pourrait être dit dans le texte, alors que d’autres considèrent l’Apocalypse comme un livre fermé de plusieurs sceaux qu’il ne faut surtout pas toucher. Ces deux attitudes permettent à des charlatans de manipuler les foules. » Sans chercher à produire « une énième contribution, mais plutôt une synthèse de ce que plusieurs théologiens ont déjà écrit », Matthieu Gangloff estime que « sans avoir réponse à tout, il est possible de dégrossir certains traits et d’être encouragé par ce livre, cela même si on ne comprend pas tout ».

Les sites archéologiques des sept Eglises présentées dans le documentaire se découvrent en Turquie.

La disparition

PAR NICOLAS MAURY | PHOTO : PXHERE

Le livre s’intitule «Entretiens sur la fin des temps». Edité en 1998, juste avant le passage à l’an 2000, il réunit les contributions de cerveaux hors du commun: le paléontologue Stephen Jay Gould, l’historien des peurs en Occident Jean Delumeau, le sémiologue Umberto Eco et l’homme d’écriture Jean-Claude Carrière.

D’emblée, ce dernier remarque que nous assistons à une fin des temps… grammaticaux. « Où est passé le futur antérieur ? Qu’est-il advenu du passé simple ? Où a disparu l’imparfait du subjonctif ? »

Sortant de l’Université où j’avais suivi une formation qui s’intitulait « Catastrophisme et écologie politique », la lecture de ces propos m’avait beaucoup amusé. Vingt-quatre ans plus tard, les thématiques abordées durant ce cours – Rapport Meadows au Club de Rome, horloge de l’Apocalypse, changement climatique… – sont de plus en plus actuelles. Sans oublier l’analyse de Paul Valéry : « Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles. »

Quant à moi, j’espère que la tendance annoncée par Jean-Claude Carrière ne se confirme pas. Même si le présent se conjugue au passé décomposé et que le futur semble terriblement imparfait.

Le Renouveau charismatique

De nombreuses communautés et de groupes de prière sont présents en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur le Renouveau charismatique.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR

Origines : le Renouveau charismatique est une mouvance qui traverse toute l’Eglise et non pas d’abord un mouvement suscité par un fondateur. Dans le sillage du concile Vatican II, le Renouveau s’enracine dans une prise de conscience qui s’emploie à manifester plus intensément aujourd’hui le mystère de la Pentecôte au fondement de l’Eglise.

Mission : donnée par l’Esprit Saint, la prière charismatique se fonde sur trois piliers : la louange exprimée par des chants et des prières spontanées, la Parole reçue dans le silence intérieur qui maintient la communion et nous transforme et l’intercession qui ouvre le groupe à la compassion et aux préoccupations de l’Eglise et du monde.

Dates clés
1975: Le pape Paul VI déclare que « le Renouveau charismatique est une chance pour l’Eglise et pour le monde d’aujourd’hui ».
2001: Adoption d’une charte par les groupes de prières romands.
2017: A Rome, jubilé d’or du Renouveau qui fête les 50 ans de sa reconnaissance officielle.

Organisation et présence en Suisse romande : chaque canton compte plusieurs groupes de prière charismatique qui se rencontrent régulièrement et qui sont chapeautés par un conseil régional, un délégué épiscopal et un berger en lien avec l’équipe de communion romande du Renouveau charismatique.

Une particularité : l’effusion de l’Esprit qui passe par la redécouverte de l’action de l’Esprit Saint en nos vies et qui permet de déployer la grâce de notre baptême et de notre confirmation.

Pour aller plus loin : renouveau.ch

Le Renouveau charismatique représente…

Par Josiane Weger, bergère cantonale pour Fribourg

« – Le départ, comme dans mon cas, pour une vie renouvelée dans la foi en la partageant avec d’autres, dans la louange, l’intercession et la fidélité à la prière et qui introduit dans le déploiement si riche qu’offre l’Eglise pour la sanctification de ses membres.

– Un chemin de purification vers le Cœur du Christ, nous modelant, pas-à-pas, en êtres spirituels tournés vers l’écoute intérieure, le silence, apprenant à discerner et à répondre au Souffle de l’Esprit, ainsi qu’un outil dans notre Eglise pour réveiller la joie de la foi en Jésus vivant et agissant. »

Lourdes et amour de Dieu

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour de Louise Defferrard de Genève de prendre la plume.

PAR LOUISE DEFFERRARD | PHOTO : ADOS DE LOURDES

Je m’appelle Louise Defferrard, j’ai 19 ans et j’habite Carouge, dans le canton de Genève. Je crois en Dieu et cela fait huit ans que je vais à Lourdes sans me lasser. Au contraire ! J’y vais chaque année car il s’agit d’une expérience formidable et revigorante pour ma foi et ma vie. Lourdes me permet de rencontrer d’autres jeunes de Suisse romande qui partagent la même foi. Nous nous sentons moins seuls car rassemblés par Dieu avec le sentiment d’appartenir à une grande famille. Cela me permet aussi de comprendre de plus en plus de choses sur Dieu et sur ce que je veux devenir. Je saisis mieux la signification et la symbolique des paroles de la Bible et comment celles-ci peuvent m’aider dans mon quotidien. Lourdes m’a appris à m’exprimer telle que je suis, sans crainte du jugement des autres. Etant tous de la même famille, il n’y a aucune raison d’avoir peur.

Mais c’est mon pèlerinage à Medjugorje qui m’a ouvert les yeux de façon consciente sur l’amour de Dieu. J’y ai vécu des expériences incroyables : ne pas manger le soir durant toute la semaine sans s’en rendre compte, ou danser et chanter toute la nuit comme lorsque j’avais cinq ans. Il y avait de la joie et de la charité partout. Ma mère a dit : « C’est comme un avant-goût du Paradis. » Toutes les nations étaient réunies et tout le monde s’embrassait et s’entraidait sans distinction. J’ai vu un Américain et un Russe s’étreindre après avoir dansé ensemble. Ce moment m’a beaucoup touchée et m’a ouvert les yeux sur l’amour de Dieu. C’est dans cet amour que j’aimerais continuer ma vie.

C’est comme si j’étais née à nouveau, que j’avais reçu cet amour une deuxième fois, de façon consciente. A Lourdes, cela se passait de manière inconsciente.

J’aimerais partager cette joie de vivre et cette paix reçue du Seigneur et dont je suis reconnaissante avec tout le monde. J’aimerais pouvoir croire et exposer mon opinion sans devoir me justifier, en toute liberté et sans jugement. Oser n’être pas d’accord avec quelqu’un sans avoir peur de blesser cette personne ou simplement de la perdre. C’est à travers les relations avec les autres que nous pouvons voir l’amour de Dieu. Si nous voulons le bien autour de nous ou si nous demandons de l’aide au Seigneur par l’intermédiaire de nos proches, tout peut se réaliser ! Je remercie le Seigneur pour ces grâces. On peut se rendre compte de l’amour de Dieu à tout âge. Je souhaite à tous les jeunes, adultes, personnes âgées, handicapés ou bien portants, de le découvrir !

« Nous vivons la fin d’un monde »

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : FLICKR

Si Silvestre II en 1000 et Jean-Paul II en 2000 ont conduit l’Eglise romaine dans un nouveau millénaire, ce n’est pas avec les mêmes craintes et espérances. Mais aucun des deux pontifes n’aurait envisagé les cataclysmes qui surviendraient quelques années plus tard : Grand Schisme d’Occident (Avignon, plusieurs papes en même temps…) pour celui-là, et ouragan des abus par le clergé pour celui-ci. Deux apocalypses 1, vraiment…

Et Bergoglio survint !

Voilà qu’en 2013, le collège des cardinaux-électeurs choisit l’archevêque de Buenos Aires. Un jésuite. Inédit… Et ce pape prend un nom… inédit, lui aussi : François, en écho au Poverello de l’Ombrie moyenâgeuse. Epoque de changements…

L’une des caractéristiques des jésuites est de discerner Dieu en toutes choses : donc dans ce monde-ci, au cœur de cette humanité-là. Et d’y répondre positivement, constructivement : réforme des finances du Saint-Siège, réorganisation de la Curie Romaine, voyages apostoliques aux périphéries du monde…

Changement d’époque

Et plus l’on met la pression sur François pour qu’il n’ouvre quand même pas trop grand les fenêtres de l’Eglise 2, plus il met en place les décisions du Concile Vatican II (enfin !) : accès des femmes aux ministères, ouverture des laïcs et laïques aux postes de décisions, consultations multiples (canaux officiels et officieux…), Synode pour l’Amazonie… sans parler de son récent voyage au Canada pour y faire pénitence devant les membres des Premières Nations.

Et de rappeler en substance : nous ne vivons pas une époque de changements, mais un changement d’époque où « l’Eglise catholique-romaine n’est plus la première productrice de sens, ni même écoutée, ni même sollicitée »… C’est comme ça ! Or, Dieu est présent dans ce monde-ci – et pas celui d’hier ! A nous de discerner…

1 Mot voulant dire « révélation au vu de tou.t.e.s » !
2 Expression prêtée à Jean XXIII pour parler de l’effet Concile Vatican II.

D’une naissance à l’autre

Chère Lectrice, cher Lecteur,
Il se trouve que je suis enceinte. Voilà une drôle de temporalité qui vient s’inscrire sur deux plans. Le premier est bien sûr relatif à mon entrée en fonction. Cette éventualité fut annoncée à l’évêque dès sa demande de le représenter formulée et à l’équipe que j’ai rejointe lors du discernement.

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