Gratitude

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), février 2021

PAR CHARLES-ANDRÉ MUDRY, LENS | PHOTO : DR

Voici plus de 40 ans qu’une portion de cette terre – « Mondralèche » – nous a été prêtée après avoir fait vivre oh combien de générations et permis de nourrir toute la population des villages pendant des siècles.

N’ayant pas eu de formation d’alpagiste et par manque de moyens, les premières années ont été très très dures. Mais, grâce à la persévérance et à la foi dans ce que nous faisions, ce travail s’est transformé au fil des années en passion et a changé nos vies. Travailler dans un cadre majestueux, en contact direct avec la nature sauvage et vivifiante nous fournissait chaque jour un plaisir à cueillir et non plus un effort à fournir. Face à cette vie remplie de beauté et de nature, je n’ai pu que remercier le Créateur et ma Foi totale en lui n’a cessé d’augmenter.

Partant de mon vécu, je rentrais en opposition avec un monde qui exploite démesurément les ressources de cette terre, la pollue, l’empoisonne, la détruit au nom du seul profit. Je ne pouvais concevoir que nous puissions transmettre cette planète aux futures générations dans un état si misérable.

Cette situation m’a rendu encore plus passionné de la Vie, de cette nature, de cette montagne qui nous donne à cueillir le bon pour le corps, le coeur et l’Âme, nous permettant tout simplement de se sentir bien en soi. Je remercie le Ciel d’avoir pu vivre cette vie simple, sobre, dure mais combien gratifiante.

Oui, je suis dans la certitude qu’il y a un Créateur qui mérite toute notre adhésion, et nos remerciements devraient se concrétiser dans la préservation de la terre non seulement en paroles maisn aussi en actes ! Ensemble, unissons-nous au Créateur et à sa création. Par les temps qui courent, nous avons besoin de partager, d’espérer et de croire en son Amour Inconditionnel et en l’humain.

L’alpagiste

Agriculture et station de montagne

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), février 2021

Les agricultrices et agriculteurs de Crans-Montana Région ont décidé de travailler ensemble pour mettre en oeuvre un Projet de développement rural agricole (PDR). Ils sont soutenus par les trois communes, Crans-Montana Tourisme et Congrès, le Canton et la Confédération. L’objectif du PDR, présidé jusqu’à la fin 2020 par Thibaud Beytrison, Conseiller communal de Crans-Montana, est d’augmenter les revenus des productrices et producteurs mais aussi de ceux qui transforment leurs produits et qui les vendent, aux habitants et aux touristes. En favorisant le commerce de proximité, il contribuera à la protection du climat et de la biodiversité.

PAR FRANÇOIS PARVEX, CRANS-MONTANA – INGÉNIEUR À SEREC ET PORTEUR DU PROJET PDR CRANS-MONTANA. (VOIR SEREC.CH) | PHOTOS : DR

Pour augmenter la valeur ajoutée des filières de la viticulture, de l’élevage, de l’agritourisme et des produits de niche, l’idée de projet du PDR est de relier les consommateurs et les agriculteurs en développant les circuits courts le long des sentiers pédestres et cyclistes du coteau, et de promouvoir ensemble leurs produits et leur offre agritouristique. 13 projets ont été formulés par les agriculteurs.

Le Chemin des pressoirs d’Ollon sera étendu à l’est et à l’ouest par un chapelet de points de production, de vente et d’animation situés le long du Chemin du vignoble valaisan, entre le Château de Villa et le Lac souterrain de Saint-Léonard. Il sera mis en valeur par une Maison des vins et terroirs à Corin, la Grange à Gaston Barras à Ollon transformée en lieu de culture, d’animation et de vente, une distillerie à Valençon et l’extension de l’offre du Château de Vaas par la rénovation de la grange attenante. Les exploitations des vignerons-encaveurs et des éleveurs seront en plus signalisées pour en faciliter l’accès.

Trois jeunes familles d’éleveurs pratiquant l’agriculture biologique participent au PDR ce qui est particulièrement réjouissant. Il s’agit à Icogne des Kamerzin avec La Fermette à Didi et des Nanchen avec La chèvre pédagogique de même que les Besson à Mollens avec Le Forgeron & La Bergère. Tous développent des offres de prestations diversifiées en plus de l’élevage de menu bétail : plantes aromatiques, séminaires, forge artisanale, hébergement proche de la nature. Une fromagerie est en projet chez les Cordonier à Lens et des promenades avec les yaks sont proposées à Chermignon par les Wyssenbach avec Yak’à ôser.

Pour lier le tout, un gros projet de marketing sera mis en oeuvre. Il mettra en valeur l’offre de produits locaux ainsi que l’écrin naturel exceptionnel dans lesquels ils sont produits grâce à des paysans dont on oublie trop souvent la contribution à la protection du paysage, du climat et de la biodiversité. Le meilleur moyen de protéger notre environnement est de consommer local et d’inciter nos nombreux hôtes à le faire.

Jeux, jeunes et humour – février 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Pourquoi les cendres ?
Le Mercredi des cendres marque le début du Carême. Le prêtre met alors des cendres sur notre front en disant : « Convertis-toi et crois à l’Evangile. » Dans la Bible, les Hébreux, lorsqu’ils s’étaient détournés de Dieu, s’asseyaient sur un tas de cendres et en mettaient sur leur tête pour signifier leur volonté de se rapprocher à nouveau de Lui. Les cendres sont symbole de renaissance, à l’image du phénix qui renaît du feu.
Durant ce jour, on brûle aussi les rameaux  du Jeudi saint de l’année précédente et on fait le signe de croix sur son front avec ces cendres devenues froides en symbole d’humilité.
Par Pascal Ortelli

Humour

Un zoo a découvert le moyen d’augmenter le nombre de ses visiteurs : en effet, dans une des cages du zoo, les gardiens ont réussi à faire cohabiter un loup et un mouton ! Devant la cage, un des visiteurs s’adresse à ses enfants à côté de lui :
– Regardez les enfants, n’est-ce pas formidable ? C’est vraiment quelque chose d’incroyable et de contraire aux lois de la nature. Un loup qui vit en permanence avec un mouton dans une même cage !
Et à côté d’eux, un gardien qui vient d’entendre la conversation ajoute :
– Oui, enfin, il faut quand même mettre un nouveau mouton tous les jours…
Par Calixte Dubosson

L’Espérance envers et malgré tout

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), janvier 2021

Par Jean-Marc Nemer | Photo: Sylvain Vauthier

Nous voici au début d’une nouvelle année. De quoi sera-t-elle faite ? Prenons le temps de rêver et, sur cette page blanche que nous offre 2021, écrivons nos souhaits les plus chers. Vœux de bonheur et de paix, d’amour et de santé – c’est ce que nous vous souhaitons. C’est ce que souhaite l’humanité entière. Pourtant, tant de personnes souffrent tout autour du globe ! Laissons-nous interpeller par nos frères et sœurs orientaux, qui nous offrent un beau témoignage d’espérance au milieu de leurs tribulations.

Parmi les chrétiens persécutés dans le monde, les plus connus sont ceux d’Orient, ceux-là même qui habitent la terre que le Christ a foulée il y a 2000 ans. Il semble pour beaucoup qu’ils appartiennent à un autre monde. C’est vrai en quelque sorte. Nombre d’Orientaux les considèrent comme des étrangers dans leurs propres terres. Nombre d’Occidentaux les considèrent simplement comme « ceux de l’Orient ». Des chrétiens d’ailleurs. Souvent incompris. Fréquemment aimés et soutenus.

Pourtant, ils sont sur cette terre d’Orient depuis la nuit des temps. En dépit des vicissitudes de la vie sociale, culturelle et politique à travers les siècles, ils tiennent bon. Ils ont pris l’habitude, après chaque calamité, chaque exode, chaque vague d’immigration forcée ou voulue, de continuer avec ceux qui restent. Le petit reste.

Qu’est-ce qui anime ce petit reste ? Leur fidélité au Christ. Mon confrère et ami en Christ, Mgr Traboulsi, vicaire général au diocèse Chaldéen de Beyrouth, nous le rappelle : « alors que toutes les portes sont closes… Voir et toucher l’humanité réelle de Jésus, son humanité crucifiée mais ressuscitée ; telle est l’admirable audace des chrétiens d’Orient » (voir pp. 7-9 L’espérance chrétienne au Moyen Orient).

Pour les chrétiens persécutés, il y a une seule « porte » de sortie : celle de la « foi » (Ac 14, 27) en un Christ mort et ressuscité pour tous. Conscients qu’ils sont en pèlerinage sur la terre, comme tous les humains, ils sont épris de liberté. Mais leur liberté émane du Christ. A travers Lui, de génération en génération, ils expérimentent la liberté : celle des enfants de Dieu. Leur liberté est intrinsèque à leur fidélité, à une foi qui est trois fois sainte. Cette liberté pour les frères de Jésus s’exprime en faveur de la solidarité intracommunautaire, mais aussi et surtout avec les déshérités. L’espérance des chrétiens provient de la miséricorde enseignée par le Christ : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. » (Luc 6, 36-37a) Mais œuvrer à cette liberté fondée sur un Dieu miséricordieux et libérateur est, hélas pour beaucoup, une source de malheur qui pousse à leur persécution. Car l’amour vrai, l’amour qui se donne gratuitement et qui libère, est souvent mis à mal par l’inimitié qui sévit dans le monde. Pour comprendre pourquoi les chrétiens sont persécutés, écoutons Patrice de la Tour du Pin s’inspirant de la spiritualité christique orientale : « La lumière de Dieu veille ses germes, dans le Souffle de Dieu. Ils croissent et respirent, ils reproduisent la Parole et la transmettent. » Vivre par et à travers la Parole, la respirer et la transmettre, c’est là que résident le malheur et l’Espérance des Chrétiens persécutés.

Saint Pierre, vitrail de Paul Monnier

Eglise du Sacré-Cœur, Lausanne

Par Amandine Beffa
Photo: Jean-Claude Gadmer

Avec son vitrail, Paul Monnier nous présente saint Pierre dans sa force (il porte les clefs), mais aussi dans ses faiblesses (le coq qui rappelle le reniement).

Nous avons parfois une image parfaite des saints. Et parmi tous ceux qui ont fait des choses remarquables et dont l’exemple nous semble inaccessible, saint Pierre tient une place particulière. Il s’agit tout de même de la personne à qui Jésus a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » (Mt 16, 18-19)

Le vitrail de Paul Monnier nous invite toutefois à ne pas trop vite déclarer que la sainteté n’est pas pour nous. En effet, saint Pierre est peut-être représenté avec les clefs, mais aussi avec le coq. Bien sûr, Pierre est celui qui répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16, 16) lorsque Jésus demande qui les disciples disent-ils qu’il est. Mais, il est aussi celui qui le renie trois fois (Mt 26, 69-75). 

Ces deux épisodes font de l’apôtre notre compagnon de foi par excellence. Ils nous rappellent que Dieu fait avec ce que nous sommes : le vitrail représente un homme qui tient fermement les clefs dans ses mains, comme quelque chose qu’il protégera et ne laissera pas tomber, tout en ayant derrière lui un coq qui rappelle ses doutes et ses manques. 

La pierre sur laquelle l’Eglise est bâtie est la confession de foi de Pierre. Et lorsque l’on bâtit sur la foi, le vent et la pluie peuvent assurément s’abattre sur la maison, elle ne vacillera pas. L’apôtre a certes eu peur pour sa vie et a préféré prétendre ne pas connaître cet homme qui allait être condamné, mais c’est sa foi qui l’a ramené au Christ après la résurrection.

Et c’est là que Pierre est un exemple : être saint, ce n’est pas être parfait comme une statue d’albâtre. C’est avoir la foi comme GPS, c’est laisser cette foi recalculer notre itinéraire vers Dieu lorsque nous nous éloignons un peu trop.

Œcuménisme dans nos campagnes

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), janvier-février 2021

Par Pierre Moser | Photo: DR

Loin de la ville et de ses tumultes. Une Genève différente, plus calme, plus résidentielle, moins stressée. Jussy, commune hors des sentiers battus, c’est le cas de le dire. Portrait bucolique que nos paroissiens d’Arve et Lac connaissent bien pour le vivre tous les jours. Et si on allait dire bonjour aux voisins protestants ? Ces voisins qui ont, en janvier déjà, préparé les rencontres œcuméniques de ce prochain Carême.

Au centre du village de Jussy, se tient, fièrement dressé, le temple de Jussy anciennement Sainte-Marie-Madeleine jusqu’à la Réforme. Classé par l’Office du patrimoine et des sites, ce bâtiment a été édifié à l’époque carolingienne sur l’emplacement d’une nécropole. Agrandi au XIe siècle et entre 1471 et 1482, il a été doté, vers 1577, d’un large clocher-porche 1.

Un des trésors de ce monument, car c’est le titre qu’il mérite, en est la charpente à élément mouluré, avec un plafond à couvre-joints peints de la fin du XVe début du XVIe siècle. Les clichés sont d’ailleurs explicites à ce sujet : cette charpente mérite à elle seule la classification comme élément du patrimoine genevois. 

Au chapitre des anecdotes, les six chapelles construites au XVe siècle ont été « recyclées » en prisons un siècle plus tard, à la Réforme. Elles ont vu passer des sorcières ainsi que leurs bourreaux. Pour les nostalgiques du temps passé, Calvin y a prêché. Et dans une rigueur toute d’époque : une amende sévère était imposée à tous ceux qui manquaient la sainte Cène.

Dans le cadre de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, une cérémonie œcuménique se tiendra le 20 janvier au temple de Jussy. 

Source : Office du patrimoine et des sites, Genève.

Moteur de son combat: la foi

Socialiste convaincu, intellectuel engagé, à 86 ans, Jean Ziegler ne songe pas à prendre sa retraite. Il vient de publier Lesbos, la honte de l’Europe, une dénonciation de la tragédie vécue par les réfugiés en mer Egée. Au front pour défendre les causes qui lui tiennent à cœur, il dévoile le moteur de son infatigable combat: sa foi. 

Par Myriam Bettens
Photo: Jean-Claude Gadmer
A la page 48 de « Chemins d’espérance » vous écrivez : « Je crois à la résurrection. L’infini du temps et de l’univers nous constitue. »
Jean-Paul Sartre dit que « toute mort est un assassinat ». Je partage son point de vue. Nous vivons parallèlement le destin du corps et celui de la conscience. Le corps va naturellement vers la mort, alors que la conscience a un destin cumulatif et infini. La résurrection demeure une évidence, mais personne ne sait comment cela se produit. 

Quelle est la nature de Dieu selon vous ?
Dieu est amour infini ! D’ailleurs, si nous pouvons prodiguer de l’amour à d’autres, c’est qu’il vient bien de quelque part. Il est aussi providence, ce que nous comprenons facilement. Par contre, le mal, nous est totalement incompréhensible. Raison pour laquelle nous devons rester humble et accepter de ne pas tout comprendre.

Est-ce la croyance en Dieu qui vous guide ?
Mon rapport à Dieu est une relation singulière, personnelle. Il détermine ma vie. Nous sommes responsables de notre vie et de chacun de nos gestes. Nous avons la responsabilité de chaque instant que nous vivons.

Vous citez souvent Bernanos : « Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres. » Est-ce de cette responsabilité que vous parlez ?
Exactement ! Toutes les cinq secondes sur notre planète un enfant de moins de 10 ans meurt de faim, alors que la production agricole mondiale pourrait nourrir le double de l’humanité. Il n’y a aucune fatalité : un enfant qui meurt de faim au moment où nous parlons est assassiné, j’en suis aussi responsable.

Vous avez la foi, mais à la manière de Victor Hugo, vous détestez toutes les Eglises, aimez les hommes et croyez en Dieu.
Oui, je crois qu’il a profondément raison. Ernest Renan disait que « le Christ n’est pas venu sur terre pour s’emparer du pouvoir et de la richesse, mais pour les détruire ». Bien que le pape François soit un cadeau du ciel, le Vatican est un exemple d’absurdité. On y trouve des richesses indécentes, alors qu’une partie du monde meurt de faim. Une flagrante contradiction ! 

Etre « un bon » chrétien aujour­d’hui, cela signifie quoi ?
Les Evangiles constituent le texte le plus révolutionnaire jamais venu au monde. Notre actuel ordre cannibale du monde doit être combattu de toutes nos forces. Pour être dignes de la grâce de Dieu, nous devons détruire les structures d’inégalité et d’exploitation de l’homme par l’homme. Ce monde est fait de main d’hommes et peut être changé par les hommes. Le chapitre 25 de l’évangile de Matthieu est lumineux à cet égard : le Christ y affirme sa radicale identité avec les plus pauvres, avec les plus humiliés. Qui veut le suivre doit nourrir les affamés, aider les réfugiés, venir en aide aux écrasés.

D’une confession à l’autre

Deux étapes fondatrices de ce révolté datent de ses années gymnasiales. A cette époque, Jean Ziegler décide de rompre radicalement avec son milieu protestant (son père, calviniste thounois, était juge et colonel à l’armée), il refuse la prédestination calviniste, part à Paris et s’enrôle dans les jeunesses communistes. Le marxisme lui fournit les instruments pour comprendre le monde, mais ne répond pas à ses questions existentielles. C’est auprès du jésuite Michel Riquet qu’il trouvera des réponses. Cette période marque un tournant dans sa vie : il décide de se faire appeler Jean et non plus Hans, puis se convertit au catholicisme. L’autre rencontre se déroule en 1964, lorsqu’il sert de chauffeur à Ernesto Che Guevara lors de la Conférence de l’ONU sur le sucre à Genève. La dernière nuit, alors qu’il demande à suivre le comandante de la lutte révolutionnaire jusqu’à Cuba, le Che lui répond : « Ici, c’est le cerveau du monstre, c’est ici que tu es né, c’est ici que tu dois lutter. »

Biographie express

• Hans (Jean) Ziegler est né le 19 avril 1934 à Thoune. 

• En 1953 il part à Paris où il s’inscrit à l’Institut d’études politiques et à la Faculté de droit.

• De 1972 à 2002, il est professeur de sociologie à l’Université de Genève. 

• En 1967, il est élu conseiller national socialiste, charge à laquelle il sera réélu plusieurs fois.

• De 2000 à 2008, il est rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation.

• Depuis 2009, il est membre du comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, poste auquel il a été réélu en 2013, puis à nouveau en 2016.

• Il est l’auteur de plusieurs livres à succès traduits dans de nombreuses langues.

Chrétiens persécutés

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), janvier 2021

Par l’abbé Philippe Aymon | Photo: Foyer Dents-du-Midi

Père Clément Renirkens

« Le sang des martyrs est une semence de chrétiens » 

Le titre de cet article est de Tertullien (160 – 220), c’est une phrase qui a traversé les siècles et s’est révélée juste à travers le temps. Converti vers 193, Tertullien est bien au fait des persécutions. Il en parle en venant d’une époque où être chrétien était un choix qui distinguait le disciple du Christ des autres habitants de la cité, et le mettait en porte-à-faux avec l’Etat et l’empereur.

Mais le temps des martyrs ne s’arrête pas aux premiers siècles de l’Eglise. Le pape Jean-Paul II disait même qu’ils étaient plus nombreux au XXe siècle qu’au cours des dix-neuf précédents ! Le fascisme, le nazisme, le communisme et tant d’idéologies mortifères s’en sont pris aux chrétiens de toutes confessions, eux qui préféraient le Royaume des Cieux aux promesses des dictateurs qui persécutaient leur peuple pour faire advenir le bonheur ici-bas. 

Je me souviens de quelques rencontres. 

Avec Mgr Raymond-Marie Tchidimbo, évêque de Conakry, arrêté le 23 décembre 1970 sur l’ordre de Sékou Touré, et qui passa 8 ans au camp militaire de Boiro. 

Avec un prêtre français, un peu plus âgé que moi, qui se rendait en Chine comme homme d’affaires, afin de visiter l’Eglise du Silence et donner une formation aux chrétiens et aux séminaristes clandestins.

Enfin avec le fondateur du Foyer de Charité de Bex, le Père Clément Renirkens (1916-1999). Arrivé à Shanghaï en 1947, il est arrêté en 1953 et libéré en 1954 après les Accords de Genève. Son témoignage sur sa façon de vivre sa foi en prison est riche d’enseignement pour ceux qui ne peuvent assister à la messe chaque dimanche, comme dans certains pays de mission.

Ce sont des témoignages de vie qui inspirent respect et humilité. Respect pour tant de témoins fidèles, humilité dans ce que nous vivons aujourd’hui. Certaines réactions face aux mesures sanitaires liées à la Covid-19 laissent pantois : « discriminés », « victimes », « atteinte à la liberté de culte ». C’est non seulement faux, c’est surtout irrespectueux en pensant aux vrais martyrs ou aux témoins de la foi. Ne confondons pas persécutions et contrariétés. Mais rassurons-nous, quand l’Etat s’en prendra véritablement à nous, nous aurons vite fait de découvrir la différence…

«J’étais prêt à mourir pour Jésus»

Par Bénédicte Drouin Jollès
Photo: DRDans ma carrière de journaliste certaines rencontres restent gravées.  Comment oublier le Père Jacques Mourad, moine syrien, otage de Daech pendant cinq mois ? A plusieurs reprises, la mort s’est approchée de lui. Alors que la lame d’un couteau presse sa gorge, ses ravisseurs lui demandent de renier Celui pour lequel il a donné sa vie. A chaque fois, il refuse jusqu’à ce qu’un musulman lui permette de s’évader. Il avoue : « J’étais prêt à mourir pour Jésus. » Le chapelet lui permet de tenir. Quelle leçon de courage et de foi pour nous chrétiens européens qui hésitons à témoigner de notre foi. J’ai eu honte, je me suis sentie toute petite… 

Et pourtant le Christ nous a prévenus, Il n’est pas venu apporter la paix, mais la division (Matthieu 10, 34-35). « Heureux les persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux. » La dernière des huit béatitudes entendue trop distraitement est pourtant d’actualité. Plus de 250 millions de chrétiens sont chaque jour inquiétés, chassés, torturés. Ils n’ont jamais été aussi nombreux. Et si nous nous en faisions des amis à écouter et à soutenir, par notre prière ou par nos dons ? Nos existences et nos communautés en sortiraient vivifiées.

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), janvier-février 2021

Par Karin Ducret | Photos: DR

La Semaine pour l’unité des chrétiens ou Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est une manifestation œcuménique annuelle. Elle est délimitée par la fête de la Chaire de saint Pierre à Rome 1, qu’on célébrait historiquement le 18 janvier, et la fête de la Conversion de Paul 2 qu’on célèbre le 25 janvier. Elle convie les chrétiens et chrétiennes des différentes confessions à prier d’un même cœur pour demander la grâce de l’Unité. L’édition 2021 a été préparée par la communauté monastique de Grandchamp (voir aussi en page 11).

C’est en 1908, aux Etats-Unis, que cette prière a pris la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Son « inventeur » est Paul Wattson, un prêtre épiscopalien qui venait de créer une communauté religieuse franciscaine au sein de l’Eglise anglicane américaine. L’unité des chrétiens, telle que Paul Wattson l’envisageait, signifiait en fait l’unité autour du Siège romain. Au milieu des années 1930, alors que la prière pour l’unité commençait à se répandre dans l’Eglise catholique et dans les communautés anglicanes favorables à une union avec Rome, c’est l’abbé Paul Couturier qui, à Lyon, lui a donné un nouvel élan : tout en gardant les mêmes dates, le prêtre lyonnais fait le choix de parler de Semaine de prière (une semaine de huit jours !), un vocabulaire perçu comme moins catholicisant ; et surtout, il lui assigne un nouvel objectif : prier pour l’unité « telle que le Christ la veut, par les moyens qu’Il voudra ». Soutenus par le métropolite Euloge, des orthodoxes participèrent à la Semaine en 1935.  Le mouvement de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne prit alors rapidement une dimension interconfessionnelle et internationale. L’abbé lyonnais composa et envoya dans le monde entier ses fameux « tracts », qui donnaient un thème pour l’année, des textes bibliques et prières pour chaque jour de la Semaine, voire un chant composé pour l’occasion. Après la mort de l’abbé Couturier c’est le Père Michalon au sein du centre Unité Chrétienne qui reprit la tâche. Dès 1958, le matériel de la Semaine fut préparé en collaboration avec la commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Eglises. Après le Concile Vatican II, la Semaine de prière pour l’unité chrétienne est préparée chaque année par une commission internationale et interconfessionnelle qui émane à la fois du Conseil œcuménique des Eglises et du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. A partir d’un projet préparé par les Eglises d’un pays, cette commission choisit un thème pour l’année, sélectionne des textes de l’Ecriture et des formules de prière susceptibles de nourrir la prière individuelle et les célébrations, pour chacun des jours de la Semaine de l’unité. 

1 Cette fête désigne la charge apostolique de l’Apôtre et sa mission dans l’Eglise. Le Siège apostolique était ainsi célébré jadis le 18 janvier à Rome.
2 La conversion de Paul se réfère à l’un des événements de la vie de Paul de Tarse.

En librairie – janvier 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

En mon âme et conscience
Philippe Barbarin

« Tout se dit, mais où est la vérité ? On a faussé tout ce que j’ai pu dire. On a interprété des faits en les détournant. On m’a traité de pédophile dans le métro, dans les rues, quand j’allais prendre le train. Je n’étais plus « audible ». J’étais coupable. Le temps est venu d’apporter mon témoignage. La vérité est nécessaire. Pour tous. » Tels sont les propos du cardinal Barbarin alors que le monde médiatique a réussi ce tour de force de transformer l’Affaire Preynat, cet abbé auteur d’innombrables abus sexuels sur les enfants, en l’Affaire Barbarin, coupable selon lui d’avoir tardé à écarter ce prêtre abuseur. « Méfiez-vous des journalistes, disait Bernard Cazeneuve, ils font des omelettes avec des œufs durs ! » Livre passionnant qui montre qu’insidieusement, on harcèle et persécute un évêque et, à travers lui, l’Eglise du Christ.

Edition du Plon

Acheter pour 34.30 CHFJe marcherai d’un cœur parfait
David Hennebelle

Dans ce roman, David Hennebelle revient sur la vie et la mort des moines de Tibhirine au cours de la décennie noire des années 1990. Ils partagent avec leurs voisins musulmans leurs valeurs spirituelles jusqu’à ce que les blessures béantes de l’Algérie ruinent cette harmonie. L’auteur raconte avec grâce le quotidien ardent de ces chrétiens venus accomplir leur quête d’absolu en pays musulman. Des années d’engagement et de dévotion célébrées dans une ode aux paradis perdus, une peinture lumineuse bientôt noircie par l’aveuglement des hommes.

Editions Autrement

Acheter pour 29.00 CHFDieu – Yahweh – Allâh
Collectif

Parmi les grandes religions du monde, il en est trois qui prônent la foi en un Dieu unique : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Elles se sont développées comme les branches majestueuses d’un même arbre. Chacune possède ses propres règles, ses propres gestes, ses propres prières, ses propres fêtes, qu’il est souvent bien difficile de comprendre. Ce livre reprend plus d’une centaine de vraies questions posées par des enfants à propos de ces trois grandes religions. Pour connaître davantage sa religion et pour partir à la découverte de la vie des autres croyants.

Bayard Jeunesse

Acheter pour 29.20 CHFAvec les martyrs chrétiens d’aujourd’hui
Dominique Bar – Gaëtan Evrard

« Il y a davantage de martyrs aujourd’hui qu’aux premiers temps de l’Eglise. » Cette affirmation du pape François est confirmée par les faits quotidiens. « La croix se trouve toujours sur la route chrétienne » à travers le monde, quels que soient les continents. Si elle est visible surtout actuellement au Moyen-Orient et dans certains pays d’Afrique, les exactions, humiliations et persécutions à l’encontre des chrétiens s’intensifient dans tous les points du globe, en Asie, en Inde et même en Europe, dans l’indifférence de la plupart des médias. Une BD préfacée par Mgr Jeanbart, archevêque d’Alep, en Syrie.

Editions du Triomphe

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La voie des martyrs

Par Thierry Schelling
Photo: Ciric
La grande Eglise
François est revenu sur le thème à plusieurs reprises : entre membres des quelque 350 Eglises recensées auprès du Conseil œcuménique des Eglises à Genève, il y a déjà une réalisation de notre parfaite communion : les martyrs ! Des baptisés de tout âge sont torturés, persécutés, affamés, bafoués dans leurs droits humains, et finissent morts in odium fidei, par haine de leur foi. Peu importe leur appartenance ecclésiale, ils sont membres de la Grande Eglise au-delà des clivages théologiques et des rivalités de pouvoir… Et leur nombre est plus grand que les victimes de la Tétrarchie 1, semble-t-il. Mais le nombre importe-t-il dans le fond ?

La seule Eglise
On est en droit de se demander pour quelle avancée orthodoxes, anglicans, catholiques et protestants prient encore ensemble : nos Semaines de prière pour l’unité ont-elles encore un sens après 113 ans de récurrence 2 ? D’un côté, oui : accords et intercommunions ont inexorablement rapprochés protestants, catholiques-chrétiens et anglicans 3. Mais… avec Rome ? François, Benoît XVI, Jean-Paul II, Paul VI et même Jean XXIII ont tous eu recours à la rhétorique du « Comme j’aimerais que nous soyons un ! » Et ? 

La vraie Eglise
Alors l’épiscopat allemand veut quand même avancer raisonnablement, praktisch4… Pouvons-nous tous rester unis pour envisager encore et toujours un horizon commun plausible et concret ? Plus d’un siècle est passé tout de même…

1 Gouvernement romain de la fin du IIIe siècle connu pour sa persécution des minorités chrétiennes et manichéennes.
2 La première a été inaugurée en… 1908 !
3 Anglicans et catholiques-chrétiens interchangent leur ministre du culte ; luthériens et anglicans ont signé la Communion de Porvoo en 1994 déjà !
4 Cf. www.katholisch.de/aktuelles/themenseiten/der-synodale-weg-der-kirche-in-deutschland
Avant lui, les épiscopats anglican et catholique-romain de Grande-Bretagne ont publié un rapport intitulé Walking Together on the Way : Learning to Be the Church-Local, Regional, Universal en 2018 (cf. iarccum.org/doc/?d=721).

Semence d’espérance et de vie

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), janvier 2021

Par Gildas Tchibozo | Photo: DR

Etre chrétien n’est pas une assurance tous risques.

Etre chrétien nous expose à d’éventuelles et perpétuelles persécutions dans le monde.

Cela est si vrai que, Jésus, en annonçant sa Passion à ses disciples, leur prédit :
« On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon Nom. » Lc 21, 12

Aussi, depuis ses origines, le christianisme a toujours été contesté, rejeté et combattu.

Les plus grandes et violentes persécutions ont eu lieu dans les quatre premiers siècles, sous l’Empire romain d’alors. A titre d’exemples, on peut citer : celles de Dèce en 250, de Valérien en 257-258, de Dioclétien en 303-305.

Mais bien avant ces périodes, il y a eu souvent des émeutes et effets de foules où les chrétiens sont victimes de violences sanglantes. C’est le cas d’Etienne, premier Martyr, mort par lapidation ; ou encore de Pierre et Paul, massacrés sous l’Empereur Néron vers l’an 64.

Ces premiers Martyrs de l’Eglise ont favorisé la foi chrétienne catholique. C’est ce qui fait dire à Tertullien : « Le sang des Martyrs est une semence de chrétiens. »

Du Moyen-Âge à nos jours, les persécutions ont pris diverses formes allant des représailles à l’interdiction de culte.

Aujourd’hui, la réalité est toujours présente, avec des persécutions physiques, morales, psychologiques, idéologiques et même médiatiques.

On se souvient encore du Martyre des sept moines de Tibhirine en Algérie en 1996, ou plus loin celui du Bienheureux Maurice Tornay en 1949 au Tibet…

Les chrétiens persécutés communient aux souffrances du Christ crucifié.

Les persécutions sont un chemin de sainteté et un moyen de salut :
« Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouisse-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » Mt 5, 11-12a

Via Jacobi: Fribourg – Posieux

Cette année, la rubrique En marche vers évolue en marche Sur la Via Jacobi. Le mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà des sentiers battus, il regorge de curiosités. Une demi-étape est présentée chaque mois sous la forme d’une balade-découvertes réalisable sur la journée et accessible aux familles ainsi qu’aux randonneurs du dimanche.

Texte et photos par Pascal Ortelli

Départ depuis la gare de Fribourg, 2h15 aller simple, 8 km.

1. Sortez de la gare du côté du parking de bus souterrain puis empruntez sur la gauche le passage sous voie pour rejoindre l’avenue du midi ; bifurquez ensuite à droite, direction route de la Vignettaz.

2. Remontez les quartiers de Beaumont et admirez le domaine jésuite deNotre-Dame de la Route. https://www.domaine-ndr.ch/

3. Arrivé au bois de Belle-Croix, vous verrez sur un tronc un petit oratoire à la Vierge récemment restauré. Poursuivez pour rejoindre les quartiers résidentiels de Villars-sur-Glâne jusqu’à l’église paroissiale. De là, descendez à la gare et prenez à gauche direction Fribourg pour rejoindre après le rond-point un petit chemin forestier qui, le long d’un ruisseau, vous mènera au pont de Sainte-Apolline. https://sentiersdeleau.ch/fr/sentiers/tour-des-trois-rivieres/pont-de-sainte-apolline/

4. Traversez le pont historique et ne manquez pas de vous arrêter devant la petite chapelle avant d’attaquer la montée direction Froideville pour rejoindre le bois de Monterban.

5. Au sommet du bois, faites un petit détour pour contempler un vieux chêne pluri centenaire, revenez sur vos pas et prenez à droite en direction de la passerelle qui traverse la route. Vous êtes arrivés à Posieux.

6. De là, montez 100m et prenez sur la gauche pour rejoindre le centre en n’oubliant pas de vous arrêter à la chapelle du Sacré-Cœur et à l’auberge de la Croix-Blanche.

Pour le retour, si vous souhaitez faire une boucle, il est possible de rentrer par le circuit d’Hauterive et le sentier de l’eau.

  • Depuis, l’auberge de la Croix-Blanche, poursuivez le long de la route cantonale en direction de Corpataux. Au niveau de la station-service, quittez la Via Jacobi qui part à droite et empruntez, sur votre gauche, le chemin du Grabo.
  • Descendez aux prés d’en Bas et longez la Sarine jusqu’à l’Abbaye d’Hauterive. De là, regagnez leur ferme puis prenez à gauche le long de la Sarine, direction Marly. Ne manquez pas d’admirer les figurines sculptées par un moine sur les poteaux des barbelés
  • Après avoir longé l’usine électrique, poursuivez sur rive droite jusqu’au Port, lieu où la Glâne se jette dans la Sarine.
  • Remontez à l’entrée de Marly par les quartiers du Riedelet. De là, vous pouvez prendre le bus 1 pour rejoindre la gare de Fribourg.

Abbaye cistercienne d’Hauterive : https://www.abbaye-hauterive.ch/la-communaute

Circuit d’Hauterive : https://www.fribourgtourisme.ch/fr/V943/circuit-d-hauterive-via-la-tuffiere

Sentiers de l’eau : https://sentiersdeleau.ch/fr/

Curiosité: la chapelle du Sacré-Cœur

Construite en 1884, ce panthéon érigé à la gloire du parti conservateur fribourgeois rappelle un pan d’histoire politique moderne au temps où les affrontements avec les radicaux étaient légion.

https://saint-augustin.ch/blog/chapelle-du-sacr%C3%A9-c%C5%93ur-%C3%A0-posieux/

Coup de cœur

Une dégustation de bières artisanales à l’auberge de la Croix-Blanche.

https://www.brasserie-fribourg.com/

Chrétiens d’Orient persécutés

Par François-Xavier Amherdt
Photo: Cath.ch Bernard Hallet
En ce mois abritant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (18-25 janvier) et le Dimanche de la Parole de Dieu (24 janvier), il est opportun d’accueillir la dernière béatitude chez Matthieu (5, 11-12) en nous associant aux chrétiens violentés d’Orient, de quelque confession qu’ils soient : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persé­cuté les prophètes qui vous ont précédés. » Et dire que c’est cette phrase que le pape François a choisie pour libeller le titre de son exhortation Gaudete et exsultate sur la sainteté au profit de toutes et tous !

D’une part, c’est là la forme ultime du témoignage commun, l’œcuménisme du sang, ainsi que le répète le cardinal suisse Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité. Lorsque les chrétiens sont chassés ou éliminés au nom de leur foi, leurs persécuteurs ne s’attachent pas à déterminer à quelle Eglise ceux-ci appartiennent. Le signe « N », repris par certains, signifie « Nazaréens » et désigne tous les disciples de Jésus de Nazareth.

D’autre part, cette ultime déclaration de bonheur n’est audible dans la bouche du Fils de l’homme que parce qu’il l’a vécue et accomplie lui-même. Il est allé au bout de l’amour et du don de soi, et c’est pour cela qu’il peut être déclaré « bienheureux ». De même, à son exemple, tant de prophètes, tant de martyrs au long des siècles qui ont offert leur vie, par imitation du Fils de Dieu.

Enfin, pour les chrétiens d’Orient qui, aujourd’hui encore, subissent le même sort que le Christ dont ils portent le nom, cette parole surprenante n’est acceptable que dans la mesure où leur situation les identifie à Jésus-Christ. Leur configuration baptismale trouve alors sa réalisation plénière et ultime. C’est par cette identification au Christ prêtre, prophète et roi que nous sommes appelés à devenir des saints, dans le martyr du quotidien, en profonde solidarité avec nos frères et sœurs orientaux. Fratelli tutti, tous frères et sœurs.

L’espérance chrétienne au Moyen Orient

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), janvier 2021

Texte et photos par Mgr Raphaël Traboulsi (Beyrouth, Liban)

Jésus est oriental
Jésus est oriental ! Il a vécu en Orient au sein d’une famille et parmi ses disciples ! Sur la terre bénite de l’Orient, sont nées les premières communautés chrétiennes et se sont réunis les Conciles de l’Eglise naissante 1. 

Chaldéens, Arméniens, Grecs, Maronites, Coptes, Syriaques, Assyriens… ils sont quelques millions à former une communauté dynamique, assoiffée de paix, de justice, de stabilité et de respect.

L’Eglise chaldéenne à laquelle j’appartiens, évangélisée par l’Apôtre saint Thomas et dont saints Addaï et Mari furent au service toute leur vie, était la plus nombreuse de tout le christianisme au Xe siècle, avec plus de 250 diocèses, dont quelques-uns au cœur même de la Chine 2.

L’Eglise d’Abraham

L’Eglise chaldéenne, héritière des grandes civilisations de Sumer, de Chaldée, de l’Assyrie et de Babylone, porte avec fierté la houlette du Patriarche Abraham d’Ur, père du monothéisme, et s’inscrit dans la lignée des descendants de celui qui fut l’auteur du premier texte législatif de Hammurabi. Mon Eglise est la seule à prendre racine hors de l’empire romain. Elle se retrouve sur les pages brillantes de la Sainte Bible, car de nombreux passages de l’Ecriture sacrée, tels les livres de la Genèse, d’Esther et de Tobie, ont été rédigés en Mésopotamie, qui comprenait alors l’Iran actuel.

Les conflits israélo-arabes, la guerre libanaise, celle du Golf, la guerre « contre le terrorisme », mise au point par Bush 3 et la guerre en Syrie, ont fait des chrétiens orientaux de vrais otages. Les chrétiens ont souvent servi de boucs émissaires et ont souffert de façon terrifiante.

Par ailleurs, certains villages détruits ont pu être reconstitués, surtout à Mossoul et dans quelques régions de la Syrie, mais avec la succession d’évènements malheureux, voire dramatiques, en particulier au Liban et à Bagdad ; beaucoup de chrétiens sont tiraillés entre la volonté de rester en Orient, tant est grand leur attachement à cette terre de la Révélation et du Salut, et celle de trouver un asile rassurant à l’étranger – notamment en Europe, au Canada et en Australie 4.

Pionniers du réveil chrétien

Les Chrétiens d’Orient, témoins de la Mort et de la Résurrection du Christ, disciples de l’Apôtre Thomas qui découvrit dans les Saintes Plaies le rayonnement de la vie terrassant les ténèbres, sont les pionniers du réveil chrétien dans le monde. Leur rôle nous le savons, fut considérable dans la vie intellectuelle de l’Europe 5 alors plongée dans la nuit obscure de l’ignorance scientifique. De nos jours, ils restaurent le Christianisme énormément détérioré en Europe et au Canada, en retransformant les édifices religieux en des lieux de culte et en répandant la morale chrétienne dans les sociétés déshumanisées.

Les chrétiens orientaux portent la croix, unique moyen du Salut. Pour cela, ils sont coutumiers des persécutions, mais à chaque fois ils se relèvent. Ils restent toujours le « sel de la terre » et la « lumière du monde ». Certes, les blessures des guerres, des massacres, des génocides, des discriminations et des humiliations, ne peuvent être guéries, mais il est évident que près de vingt siècles après Pierre et Paul, si le monde chrétien se réveille quelque part sur la planète, c’est sans doute grâce aux Orientaux qui indiquent le chemin du Salut à l’humanité en désarroi.

Il y a mille et une façons pour les chrétiens orientaux de se manifester, et les marques tangibles de l’espérance se font remarquer graduellement sous l’action de l’Esprit Saint ; il sait mieux que nous redonner à cette terre un sort meilleur, digne de ce qu’elle a apporté à l’humanité entière !

Signe de contradiction pour le monde

Si vous me permettez l’expression, le christianisme oriental est le signe de contradiction qui provoque la division des esprits et leur prise de position. Le message du Christ faisant rayonner à travers ses Plaies la gloire de la Résurrection, atteint avec l’apparition à Thomas (Jn. 20, 24-29) son point culminant.

Au Moyen-Orient actuel, les portes sont fermées. Le soir de la Résurrection, alors que « toutes les portes étant closes » (Jean 20, 19), dans le lieu occupé par les Apôtres, le paradoxe du corps glorifié du Christ devient manifeste : d’une part réalité matérielle, d’autre part immatérialité mystérieuse et triomphe inexplicable de la vie et de l’espérance… que n’affectent ni la vérité matérielle des circonstances douloureuses, ni les lois de la logique humaine, ni la consistance de la matière tangible.

Nous savons bien que l’épisode de l’apparition à Thomas rédigée dans la dernière dizaine d’années du premier siècle chrétien, renferme un témoignage fort touchant : le mystère de la présence agissante du Christ dans son Eglise, alors que toutes les portes sont closes – … Voir et toucher l’humanité réelle de Jésus, son humanité crucifiée mais ressuscitée – telle est l’admirable audace des chrétiens d’Orient.

Dans la mesure où nous touchons l’humanité crucifiée en Orient, l’espérance chrétienne se révèle à nous comme la vérité et le chemin à suivre. Les chrétiens d’Orient ne cessent de mettre la main dans le côté sanglant du Seigneur, souffrant et glorifié.

L’Orient martyrisé a « touché cette plaie par laquelle l’immense blessure du genre humain est guérie » – comme le chante si bien l’office du dimanche de Thomas dans la liturgie byzantine.

Cachés dans le cœur transpercé du Christ

Pour cela, comme je l’avais dit auparavant, l’Orient martyrisé est ainsi capable de rechristianiser le monde, puisque ses fidèles sont désormais cachés dans le cœur transpercé du Christ – émerveillés par le sourire serein du Seigneur crucifié tel que l’iconographie orientale le représente, en écartant le caractère trop tragique de sa mort – pour souligner davantage son rôle salvifique, sa dimension pascale, ce « dépassement » de la mort à la vie, des douleurs à l’enfantement !

Les blessures de notre humanité, nous pouvons les voir partout, immédiatement ou médiatiquement, et en être émus ou désespérés, mais un regard différent nous est offert dans l’expérience chrétienne au Moyen-Orient 6 : la force de l’espérance qui, au-delà des expériences concrètes, atteint le cœur du mystère de Pâques.

Un noyau dur de témoins

Si le Christ a proclamé son message de joie et d’espérance sur notre terre, il avait pris soin de former un noyau dur de témoins qui devaient transmettre sa doctrine exactement et intégralement en mettant en pratique ses divins préceptes salvifiques 7. Les chrétiens d’Orient, ces authentiques témoins oculaires (Lc 1, 2), serviteurs de la Parole et annonciateurs de l’Espérance, ont traversé les siècles et les continents ! 

Aux yeux de quelques lecteurs, ces propos paraîtront d’une audace excessive – tandis que la plupart de ceux qui connaissent l’histoire de l’Eglise et guettent d’un œil vif les successions des faits menés par la Providence, pourront puiser dans cet article sa ligne de conduite, à la fois libératrice et réconfortante !

Au cœur de Beyrouth

Au cœur du diocèse chaldéen de Beyrouth, auprès de 2500 familles iraquiennes réfugiées, profitant des services d’un centre médico-social dédié à Saint-Michel, d’un centre social N. Dame de la Divine Miséricorde et d’une école gratuite Saint-Thomas, cette vérité se manifeste explicitement. Sous le patronage de S.E. Mgr. Michel Kassarji, Evêque Chaldéen de Beyrouth, un contact quotidien avec le corps crucifié et glorifié du Christ prend lieu dans une atmosphère « sacrée », « pascale » qui ne réfute pas, si j’ose dire, le caractère « eucharistique » de la rencontre et qui témoigne de la joie du Troisième Jour !

En offrant à ces membres du Corps mystique du Sauveur les soins du Bon Samaritain et ceux de Nicomède et de Joseph d’Arimathie affrontant de nouveaux « Pilates » et d’innombrables membres d’un « Sanhédrin » perfide et plutôt démoniaque, nous ressentons la joie des femmes myrophores, qui n’avaient rien dit à personne (Marc 16, 8) parce qu’elles avaient compris l’incompréhensible !

Liban, éternel phénix

Entre l’espoir et l’espérance au Moyen-Orient, il y a le Liban !

Le Liban vient de célébrer le 1er septembre 2020, les cent ans de la création du « Grand Liban », bien qu’il soit rongé non seulement par les peines et les souffrances causées par l’explosion inimaginable du port de Beyrouth, mais également par l’instabilité politique et sa grave crise économique. « Durant ces cent ans, il a été un pays d’espoir » comme l’a bien dit le pape François, le 3 Septembre 2020, à l’occasion de la journée de prière et de jeûne à l’intention du Liban.  

Au Liban est attribuée l’image du phénix, l’oiseau légendaire, doué d’une grande longévité et caractérisé par son pouvoir de renaître après s’être consumé dans les flammes, symbolisant ainsi les cycles de mort et de résurrection. 

C’est un pays qui ne perd jamais l’espoir, qui sait se relever chaque fois qu’il tombe, qui refuse de jeter les armes, qui combat, car il est de « ceux qui ont peu et qui donnent tout. Ceux-ci ont foi dans la vie et dans la générosité de la vie, et leur coffre n’est jamais vide. » selon l’expression de Jibran Khalil Jibran, le grand penseur libanais.

Liban, symbole de foi libératrice

Le Liban, symbole de liberté, carrefour du dialogue interreligieux, modèle de cohabitation, de tolérance et de respect du pluralisme, est aussi un témoin vivant de l’espérance vécue. 

La véritable force de ce petit pays stigmatisé et mutilé, réside dans la foi inébranlable des Libanais, qui reflète celle de tous les chrétiens du Moyen-Orient aujourd’hui : « Une foi qui n’a fait que se renforcer à travers les épreuves de l’Histoire, une foi solide, granitique, pour laquelle beaucoup ont versé leur sang et beaucoup le versent encore, une foi simple et forte, qui ne craint pas de s’affirmer et de se dire, sans éclat et sans violence, une foi qui se transmet de génération en génération avec fierté à travers les prières quotidiennes. »8  

Je voudrais terminer ce texte par les paroles éclairantes de feu P.  Jean Corbon, grand ami du Liban. Puissent ses paroles illuminer les âmes angoissées, confrontées sans cesse au « mystère d’iniquité », afin que rayonne pour tout le monde la lumière de l’Orient Ressuscité !

« En ces années noires où la plupart des visages sont assombris pour des raisons très valables, aimer consisterait à sourire. Ni béatement, ni parce que nous nous sentons bien… ce qui n’est pas de l’amour. 

Mais sourire gratuitement, même si je suis soucieux ou accablé, c’est plus simple et profond que des paroles plus ou moins réconfortantes. 

Soyons transparents à la lumière du Christ qui nous habite et nous pourrons être souriants… »9 

1 Jean-Michel Billioud, Les Chrétiens d’Orient en France, éd. Le Sarment / Fayard, Paris, 1997.
2 Mgr. Michel Kassarji, Le Nomocanon de l’Eglise Chaldéenne selon Elie de Damas (Elia Al Gawhari), édition critique traduction et commentaire, Publications Université La Sagesse, Beyrouth, 2017.
3 Suha Rassam, Christianity in Iraq, New edition, Gracewing, 2010.
4 Jean- Michel Cadiot, Les Chrétiens d’Orient, vitalité, souffrance, avenir, éd. Salvator, Paris, 2010.
5 « … A notre avis, cela nous aide à mieux comprendre l’importance des cadres intellectuels des chrétiens ; leur culture scientifique, leurs aptitudes et expériences administratives, grâce auxquelles ils étaient devenus les initiateurs dans tous les domaines : philosophique, littéraire, canonique… » (cf. Mgr. Michel Kassarji, Le Nomocanon de l’Eglise Chaldéenne selon Elie de Damas (Elia Al Gawhari), édition critique traduction et commentaire, Publications Université La Sagesse, Beyrouth, 2017.)
6 Pape Benoît XVI, Exhortation Apostolique Ecclesia in Medio Oriente, 14 Septembre 2012.
7 Pape Saint Jean Paul II, Exhortation Apostolique Une Espérance Nouvelle pour le Liban, 10 Mai 1997.
8 Mgr. Pascal Gollnisch, Prier avec les Chrétiens d’Orient, site de l’œuvre d’orient
9 P. Jean Corbon, Cela s’appelle l’aurore, éd. des Béatitudes, Burtin, 2004. 

Un combat pour la liberté

Ouvrir sa Bible, se rendre à l’église ou prier. Des actes communs voire même ringards en Europe, mais d’une importance capitale dans d’autres régions du globe. Ces gestes en apparence anodins plongent de nombreux chrétiens dans les affres de la violence et peuvent même les conduire jusqu’à la mort.

Par Myriam Bettens
Photos : Portes Ouvertes, Ciric

La Corée du Nord détient depuis dix-huit ans le triste record du pays le plus répressif envers les chrétiens selon l’Index mondial de persécution des chrétiens. Ce pays, qualifié de prison à ciel ouvert, envoie en camps de concentration tous ceux qui sont suspectés de dissidence. Etre chrétien entre dans cette catégorie. Considéré comme une déviance, « le délit » est punissable des pires tortures. Portes Ouvertes, une ONG internationale chrétienne d’aide aux chrétiens persécutés (ndlr. voir en page VIII), estime qu’environ cinquante à septante mille d’entre eux sont emprisonnés en camps de travaux forcés.

De la vie à trépas pour la foi

Timothy témoigne lors d’une soirée « visioconférence avec l’Eglise persécutée » organisée par cette même organisation récemment. Aujourd’hui réfugié en Europe, il ne dévoile ni son visage, ni son identité. Il se sait surveillé même par-delà les frontières. Emprisonné quatre fois dans les geôles du régime communiste de Pyongyang, l’exilé ne s’étale pas sur ce qu’il s’y passe, mais parle de « conditions de vie inhumaines ». Ce que confirme un rapport publié cet automne par l’organisation britannique Korea Future Initiative. Ce dossier intitulé Persécuter la foi : documenter les violations de la liberté religieuse en Corée du Nord fait état de violences dépassant l’imaginable. On pourrait donc s’attendre à ce que le nombre de chrétiens diminue dans le pays le plus fermé de la planète. Or, le directeur de Portes Ouvertes suisse, Philippe Fonjallaz, affirme que « persécution n’est pas synonyme de disparition ». Au contraire, trois cent mille d’entre eux persévèrent dans leur foi et fréquentent des « assemblées souterraines » au péril de leur vie. Mais la situation reste préoccupante dans de nombreuses régions du globe.

Des causes multiples de persécution

L’Index mondial de persécution, publié chaque mois de janvier par l’ONG chrétienne ne cesse de virer au rouge, couleur utilisée pour indiquer les pays dans lesquels les persécutions demeurent les plus violentes. Cet instrument de mesure, fondé sur des avis d’experts, est ensuite croisé avec différentes sources afin d’en garantir l’objectivité. Les personnes consultées sont des chercheurs spécialisés de l’ONG et des ressources externes. Le constat reste sans appel : « D’année en année la situation se dégrade pour les minorités, déclare Philippe Fonjallaz. Trois facteurs principaux la favorisent : la montée des nationalismes, le développement de l’islamisme et les dictatures. » Dans le premier cas, il donne l’exemple de l’Inde avec l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi et son parti ultra-nationaliste, le Bharatiya Janata Party (BJP), très hostile aux chrétiens et à toute minorité non hindouiste. Le second critère concerne les groupes armés se réclamant d’un islam radical, « ils s’attaquent à tous ceux qui ne conçoivent pas la religion comme eux et déstabilisent des pays déjà fragiles politiquement ». La dernière raison pointe les Etats totalitaires cherchant un monopole sur la pensée comme par exemple en Corée du Nord ou en Erythrée. Le directeur attire l’attention sur le fait que lorsque la liberté religieuse est attaquée « c’est un signal clair de problèmes au niveau des droits humain en général ».

Le coupable idéal

En Europe, il paraît inimaginable de subir des pressions quant à la pratique de sa foi. La liberté de conscience, de rassemblement et de croyance semble garantie. Pourtant les persécutions peuvent parfois prendre un tour plus sournois. Certains événements récents nous l’ont montré à la faveur de la panique provoquée par l’émergence du coronavirus en France. Le 3 mars 2020 marque le début d’une « déferlante » pour l’Eglise évangélique La Porte Ouverte de Mulhouse. Une vague de haine sans précédent s’abat alors sur son pasteur, Samuel Peterschmitt, et ses fidèles. Sous le feu des critiques, la communauté évangélique alsacienne est accusée par tous les médias d’avoir favorisé la propagation du coronavirus dans la région Grand-Est et même au-delà à la suite d’un grand rassemblement de plus de deux mille personnes en février dernier. A la suite des nombreux articles parus dans la presse, le pasteur Samuel Peterschmitt et plusieurs de ses paroissiens essuient insultes à caractère christianophobe, coups de fil anonymes et menaces de mort. « Des appels « à cramer l’église » et à nous « descendre à la Kalashnikov » ont par exemple été diffusés sur les réseaux sociaux », décrit le prédicateur. Le pasteur alsacien affirme que le ressentiment à leur encontre a même franchi un cap. Il cite l’exemple de ce paroissien, renvoyé de son travail, car ouvertement adhérent de son assemblée. Puis encore cette femme, dont le choix se résumait à quitter définitivement la communauté ou ne plus jamais revoir ses petits-enfants.

Garder espoir malgré tout

Samuel Peterschmitt souligne que « l’hostilité nous concernant était certainement déjà présente, mais le coronavirus a agi comme un révélateur, libérant la parole et la haine ». Le pasteur évangélique demeure inquiet pour l’avenir. « Combien de temps pourrons-nous encore lire la Bible et la prêcher ? On ne peut pas faire semblant que cela n’arrivera jamais chez nous. » Plus optimiste, Philippe Fonjallaz indique : « Il est vrai que les chrétiens font face à de nouveaux défis liés au témoignage de leur foi dans nos pays, mais cela doit justement encourager l’Eglise à rester sel et lumière en toutes circonstances et à annoncer l’espérance attachée à l’Evangile malgré les difficultés ou les restrictions, comme les chrétiens persécutés nous l’apprennent. » Il est aussi convaincu du pouvoir de la prière et appelle sans relâche toutes les communautés chrétiennes à s’unir dans l’intercession pour les chrétiens persécutés. Le témoignage d’un chrétien nord-coréen ne le détrompe pas : « Je crois qu’au moment fixé par Dieu, toutes les prières seront exaucées et nous aurons la liberté de foi en Corée du Nord. »

Nuit des témoins, organisée par l’Aide à l’Eglise en détresse.

Organisations solidaires

Voici une liste (non exhaustive) de quelques autres organismes œuvrant auprès de l’Eglise en détresse :

  • Christian Solidarity International (CSI)
  • Action pour les chrétiens persécutés et les personnes dans la détresse (ACP)
  • Aide aux Eglises dans le Monde (AEM)
  • Aide à l’Eglise en détresse (AED)
  • Licht im Osten (LIO)
  • Persecution.ch: faîtière regroupant des organisations actives dans le domaine en Suisse, afin de plaider la cause des chrétiens auprès du monde politique

Une double identité »

Rébecca Rogers est collaboratrice de Portes Ouvertes pour le secteur des relations aux médias et des publications en lien avec cette thématique. Un terrain sensible dans certains Etats où aborder la question des droits humains n’est pas possible. Fait troublant la concernant, son patronyme est un pseudonyme. « Cette pratique remonte au fondateur, frère André, pour pouvoir voyager librement. » Tous les intervenants en rapport avec des personnes soutenues sur le terrain portent des noms d’emprunt. « Cela afin ne pas essuyer de refus lors de demandes de visa pour se rendre dans des pays sensibles » et également pour protéger les chrétiens aidés ainsi que les collaborateurs et leurs familles. « Avec le recensement internet il est facile de faire le lien entre un visage et l’identité correspondante. C’est la raison pour laquelle Rébecca n’a pas de visage », affirme-t-elle. « Cette politique s’applique aussi à l’image et aux publications privées (sur les réseaux sociaux, ndlr). » Ce qui peut sembler un sacerdoce ne l’est en fait pas : « Le sens de la mission était très important pour moi. C’est une petite part en comparaison des restrictions que subissent les chrétiens au quotidien. » Pour sa part, elle n’a jamais subi de pressions ici en Suisse, mais évoque la situation d’un homme rencontré dans un centre de requérants d’asile dans le cadre d’un article. Converti de l’islam au christianisme sur les routes de l’exil, il endure pressions et menaces quotidiennes de ses anciens coreligionnaires, cela jusqu’à devoir quitter le centre pour se protéger.

Messe de funérailles et hommages à l’abbé Claude Alméras, curé retraité de Chêne-Thônex (1983-2005), 8 décembre 2020 en l’église Saint-François de Sales (Chêne)

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), janvier-février 2021

Par Karin Ducret | Photos: Pascal Voide

La messe de funérailles solennelle a été concélébrée par : Mgr Charles Morerod, l’abbé Pascal Desthieux, l’abbé Joël Akagbo, l’abbé Alain-René Arbez, l’abbé Gilbert Perritaz, l’abbé Xavier Ling, le Père Joseph Hug et le curé Joseph Trong. Des représentant-e-s des autorités civiles, Mme Beatriz De Candolle, maire de Chêne-Bourg, et M. Bruno de Silva, conseiller administratif, et de nombreux paroissien-ne-s ont tenu à honorer la mémoire de leur curé et d’une mémorable personnalité.

Sa filleule et nièce, Mme Dominique Veuthey nous a renseignés sur sa vie : Claude est né le 30 avril 1930 à Ouchy et a étudié au collège Saint-Michel à Fribourg,  puis à l’école de commerce de Lausanne et enfin au Séminaire de Fribourg et sera ordonné prêtre le 7 juillet 1957. 

Claude a débuté son ministère en 1957 par la paroisse Saint-Antoine de Padoue à Genève et comme aumônier militaire – service qu’il accomplira avec le grade de capitaine jusqu’à ses 65 ans. Il devient vicaire en 1960 à la paroisse de Nyon, puis en 1964 vicaire de la paroisse d’Onex, où il participe à la construction de l’église Saint-Marc. De 1967 jusqu’à 1982 il est recteur du rectorat Saint-Marc d’Onex et de 1982 à 1983 curé de la paroisse Saint-Marc d’Onex. Enfin il sera curé de la paroisse de Thônex de 1983 à 2005, archiprêtre de l’archiprêtré Saint-Pierre-aux Liens dès 1983, conjointement curé de la paroisse de Chêne-Bourg dès 1990, et curé in solidum et modérateur des paroisses de Chêne-Bourg, Sainte-Thérèse et Thônex de 1996-2005. Lors de son homélie, l’abbé Alain-René Arbez a rendu un vibrant hommage à Claude Alméras : « […] j’allais durant dix ans partager les multiples tâches pastorales avec lui […] En effet, nous n’étions pas en accord sur tout, avec de réelles divergences de vue et de sensibilité pastorale, mais nous avons pu, malgré cela, collaborer de façon constructive et faire du bon travail pour unifier les deux paroisses de Chêne et de Thônex et répondre ensemble aux attentes des paroissiens […]. J’ai été témoin des relations d’amitié de Claude avec Germaine, Maria, Henri Trono et Luc Desjacques. Angelo, Noémie, Jocelyne et Gwyneth, Eric… De manière générale, Claude a eu un charisme particulier dans la rencontre des personnes. »  Mgr Morerod a également parlé tout ému de ses souvenirs de jeunesse et ses rencontres avec l’abbé Claude. L’abbé Vincent Lathion pour sa part se souvient : « C’est lui qui nous avait encouragés, avec un autre ami, à entrer parmi les servants de messe et nous y sommes restés de longues années, en partie je pense grâce à lui. Nous l’appréciions en effet beaucoup […] ; nous sentions qu’il était heureux de notre présence, qu’il nous aimait, qu’il était prêt à consacrer du temps pour nous et cela était très précieux à nos yeux. » Enfin, Isabelle Valticos, membre du Conseil de communauté, témoigne : « Claude, tu aimais nous secouer, nous déranger, nous réveiller et c’est grâce à toi que je me suis alors engagée comme catéchiste, ce qui a duré pendant une quinzaine d’années et ensuite animatrice depuis bientôt dix ans du Mouvement des chrétiens retraités. […] Merci pour tout, A Dieu Claude et repose désormais en paix…. »

Messe des funérailles en église Saint-François de Sales (Chêne).

Servant de messe à Orsières: on y croit!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), janvier 2021

Par Michel Abbet | Photos: Laure Rausis

Les servants de messe d’Orsières forment un joli groupe d’une vingtaine de jeunes de 9 à 11 ans qui, à tour de rôle, viennent accompagner et aider le prêtre lors de la messe dominicale. S’y ajoutent trois ou quatre aîné(e)s, qui se tiennent prêts à suppléer une éventuelle absence ou à étoffer le groupe lors des fêtes solennelles. La responsabilité de la bonne marche et de l’organisation a depuis longtemps reposé sur les épaules de mamans ou de bénévoles, en collaboration avec un prêtre de la paroisse. Après Valérie Lovey, Anne Formaz, Annette Buchard, Laure Rausis a repris le flambeau, en compagnie de son fils Tibor.

Deux personnes pour une même volonté, celle de permettre à des jeunes de se rendre utiles en vivant de manière active la messe du dimanche et de s’imprégner de la beauté de la liturgie.

Les tâches sont bien réparties, Tibor s’occupant exclusivement de la formation des servants ainsi que des nouveaux venus. Peut-être avez-vous vu un dimanche 5-6 enfants à l’autel ; pour qu’ils soient à l’aise avec leur tâche, il importe de bien la leur faire comprendre. Deux possibilités s’offrent au servant : seconder le prêtre dans la liturgie proprement dite, en lui apportant l’eau et le vin, ainsi que les hosties non consacrées, ou l’accompagner lors des lectures, être responsable de la quête et aller donner la paix du Christ. Cerise sur le gâteau, pour ceux qui le désirent, se familiariser avec des gestes plus « sophistiqués » comme la cérémonie de l’encens, réalisés lors des célébrations solennelles.

Laure, quant à elle, porte le souci de la relève, de l’organisation ainsi que la gestion du groupe. Pour elle, il importe que le servant se sente faire partie d’une équipe. D’où, l’organisation annuelle de loisirs, de rencontres, d’une sortie et d’un camp de deux jours, (voir ci-dessous) en compagnie des prêtres J. Voutaz et G. Chibozo, histoire de faire mieux connaissance et de fraterniser en dehors des relations officielles. A ce jour, huit nouveaux jeunes ont manifesté leur désir de venir servir la messe. Espérons que les restrictions liées au Covid ne leur auront pas brûlé les ailes ! 

Notre camp des servants 2020

Par Linda et Julie

Pour le camp de cet été, nous sommes montés à Tanay. Arrivés là-haut, la famille Rausis nous a accueillis. Nous avons ensuite profité du beau lac pour nous y baigner. A l’auberge nous avons pris nos chambres. La messe a été célébrée dans la petite chapelle du hameau, sous le regard de quelques curieux. Nous l’avons animée et chanté fort ! 

Le repas pris a l’auberge était excellent. La journée s’est doucement achevée avec une soirée jeux. Il était l’heure d’aller se coucher !

Le lendemain matin, le réveil fut un peu difficile… allez savoir pourquoi ! Après le déjeuner, nous avons enfilé nos chaussures de marche pour grimper jusqu’au Col du Vent. Un lieu magnifique qui donne une vue imprenable sur le Lac Léman. Nous avons à nouveau dit la messe, mais cette fois en plein air, à l’oratoire situé à deux pas du col, dans un lieu grandiose. Le pique-nique a eu lieu près d’une mare à grenouilles, les pauvres ont été persécutées par les servants ! Et c’est parti pour la descente !

A l’auberge, nous nous sommes précipités pour nous changer : nous voulions encore profiter d’une baignade dans le lac. Mais c’était compter sans la « roille » : un grosse et soudaine pluie nous a cloués sur place. Alors nous nous sommes consolés en mangeant une glace. Il était temps de conclure ce magnifique camp et de retourner à Orsières. 

Merci beaucoup à Laure, Alain, Joseph et Gildas pour l’organisation de ce camp !

… et à la pose photo durant le camp.

Fratelli tutti

Quand le pauvre nous délivre de notre égoïsme

Par Bénédicte Drouin Jollès
Photo: pxhere
Avez-vous remarqué que la dernière encyclique du pape François, Fratelli tutti, a été signée en octobre dernier sur la tombe du saint d’Assise ? En ce temps de Covid, il y a de quoi s’interroger : le jeune moine ne respectait guère les gestes barrières ; il a embrassé un lépreux et traîné avec les pauvres. 

Message explicite
Voilà un message explicite, François sait que la crise sanitaire nous recroqueville sur nous-même. « L’individualisme radical est le virus le plus difficile à vaincre… La peur nous prive du désir et de la capacité de rencontrer l’autre », écrit-il. Une fois de plus, il vient nous réveiller. J’aime son côté poil à gratter, sa liberté évangélique qui le rend inclassable. Il pointe nos aliénations, démasque l’hypocrisie de nos trop confortables organisations sociales. Sans naïveté, il éclaire les questions délicates qui divisent nos communautés et nos familles. C’est simple, il remet le pauvre au centre. Le voyons-nous dans nos églises, ailleurs qu’à la porte ? Vient-il partager la table familiale ou nos sorties paroissiales ? Comment en parlons-nous devant et avec les enfants ? S’il est un don de Dieu qui nous appelle à élargir nos cœurs, nous n’avons d’autre choix que de cultiver la fraternité. Il s’agit pour François d’une question de vie ou de mort, dans notre monde ébranlé par la pandémie et appelé à se reconstruire. 

Les appels de l’Esprit Saint
Les familles chrétiennes qui se laissent façonner par l’Evangile ont une puissance de rayonnement et d’inspiration qu’elles sous-estiment. Ici c’est une fratrie qui accepte de s’élargir pour accueillir un enfant du tiers monde abandonné dans un train et orphelin ; là c’est un bébé trisomique qui est adopté, ici encore c’est un couple qui choisit d’héberger un parent âgé et sénile plutôt que de le placer trop vite en EMS (toutes ces histoires sont vraies). A chacun d’écouter les appels de l’Esprit Saint pour discerner son chemin de vie, unique et personnel.

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