On a tendance à voir l’Eglise catholique-romaine comme un monolithe, avec «la même messe» aux quatre coins du monde. Faux. Il y a, en son sein, certes le rite romain, majoritaire, les rites ambrosien à Milan et mozarabe à Tolède, mais également cinq autres familles rituelles: chaldéenne/syro-malabare; copte/éthiopienne; arménienne; syriaque/maronite/syro-malankar; et byzantine. Si chacune est gouvernée par un patriarche ou un archevêque majeur, le pape de Rome est tout autant leur pape !
Rite amazonien
Au contraire du slave Jean-Paul II – qu’on a vu vêtu des regalia des rites orientaux qu’il a fréquentés lors de visites apostoliques –, François l’Argentin s’intéresse à l’acculturation de la liturgie sur son continent. En effet, il parle de créer un nouveau rite dans l’Eglise catholique sud-américaine : l’amazonien.
Après le rite zaïrois 1, à propos duquel une excellente présentation 2 lui a permis d’en réévaluer la pertinence pastorale en préfaçant l’ouvrage, on n’avait plus vu un pape évoquer de nouveaux rites dans l’Eglise latine depuis Paul VI ! Or, un effet du synode pour l’Amazonie (2019) est l’élaboration d’un rite propre à cette large partie du continent sud-américain.
Acculturation
Cette initiative rappelle la nécessité de contextualiser la liturgie, messe et sacrements inclus. Dans l’exhortation post-synodale Querida Amazonia, François invite à intégrer dans la liturgie « beaucoup d’éléments propres à l’expérience des indigènes dans leur contact intime avec la nature et à favoriser des expressions autochtones en chants, danses, rites, gestes et symboles ». Et de reconnaître que malgré l’exhortation du Concile Vatican II à doubler d’efforts dans ce sens, « peu de progrès dans cette ligne » sont à constater, déplore le Pape dans la préface de l’ouvrage précité.
Face à la crispation de certains puristes en matière de liturgie, il est bon d’être encouragé par le Pape de tous les catholiques aux sept familles liturgiques – et bientôt huit ?
1 Du Zaïre, alors ancien nom de ce qui deviendra la République démocratique du Congo ou RDC.
2 R. Mboshu Kongo, Le pape François et le Missel romain pour les diocèses du Zaïre, LEV, 2020.
Voilà plus d’une année que la terre entière vit une grande épreuve. Cette pandémie nous fait prendre conscience de l’incohérence de notre mode de vie qui rend les riches toujours plus puissants, et les pauvres toujours plus nombreux. C’est un appel à toute l’humanité à vivre d’une manière plus sérieuse.
PAR MARIE-FRANÇOISE SALAMIN PHOTO : ACTION DE CARÊME, PAIN POUR LE PROCHAIN
Pour en savoir plus et soutenir : actiondecareme.ch Bulletin de versement dans le calendrier, CCP 10-26487-1 IBAN CH11 0900 0000 1002 6387 1 www.goodplanet.org
Qu’apprenons-nous ?
Chaque famille, de près ou de loin, est impactée par la situation sanitaire actuelle. Nous avons compris que la vie est précieuse, qu’elle est fragile, que la solidarité en famille, entre voisins, entre amis est un cadeau inestimable. Nous voyons aussi, plus que jamais, que notre système économique s’effrite et laisse là aussi, les plus modestes dans la précarité.
Justice climatique, maintenant !
Comme chaque année, Action de Carême et Pain pour le Prochain nous proposent, entre autres, un calendrier pour nous aider à progresser dans notre « savoir vivre » sur cette terre, avec les autres.
Certes, notre vie n’est pas simple et nous avons des soucis. Mais qu’en est-il du reste du monde ? Un monde où 1% de la population possède plus que les autres 99% ! Un monde qui va à sa perte si on ne fait pas dès maintenant des changements significatifs !
Alors qu’elles sont les moins responsables du dérèglement climatique, les populations des pays du Sud subissent des conditions météorologiques extrêmes de plus en plus fréquentes : cyclones, inondations, sécheresses, incendies ravagent certaines régions, menaçant l’environnement et les moyens de subsistance des plus démunis.
Comment faire ?
Procurons-nous le calendrier de Carême – au fond des églises. C’est un bon outil pour trouver des pistes pour opérer un changement, pour construire ensemble un monde nouveau dans la justice, la paix et la sauvegarde de la Création. Pour l’avenir de notre planète, il faut « décarboner * » nos vies en réduisant, chaque année de 5%, notre consommation d’énergie fossile (donc moins rouler en voiture, mieux isoler nos maisons, veiller à éteindre les lumières quand ce n’est pas nécessaire). Revoyons à la baisse notre manière d’acheter parfois compulsive, réparons, recyclons, prêtons…
Mangeons moins de viande produite industriellement, au détriment des cultures nourricières des populations pauvres. Cela aura un impact significatif sur notre santé et celle de la planète. Il y a d’autres manières de manger des protéines. Et si nous pouvons partager, soutenons les nombreux projets de l’Action de Carême et Pain pour le Prochain.
« La seule énergie durable, c’est l’amour. * »
* Citations de Yann Arthus-Bertrand, auteur des films Home et récemment Legacy, notre héritage.
L’humanité tout entière vient de vivre, et vit encore pour un temps, une épreuve. L’isolement, la solitude, la peur, la souffrance, l’appauvrissement, la précarité, la mort, l’acceptation d’une situation qui nous échappe.
Dans cette même période, nos communautés de Veyrier-Troinex -Compesières connaissent une mutation majeure. Notre Unité pastorale Salève se trouve unie à l’Unité pastorale Carouge-Acacias. Une évolution conséquente à laquelle nous adhérons avec plus ou moins d’enthousiasme et beaucoup d’appréhension, mais qui, néanmoins, requiert une participation active de notre
part.
Enfin, dans quelques semaines, les chrétiens du monde entier commémoreront Pâques, la Passion et la Résurrection de notre Sauveur, Jésus-Christ.
Ces trois événements nous rappellent qu’ici-bas, tout a une fin, que la vie est une succession de pertes et de ruptures, et que notre chemin sur cette terre est semé de peurs, de renoncement et de souffrances. Or, le message au cœur de notre foi, la mort et la Résurrection du Christ, ainsi que sa vie et sa Parole, nous révèle que notre Père Créateur n’est pas à la source du mal, de la souffrance ou de l’angoisse et que ces états de vie ne lui font aucun plaisir, mais au contraire l’attristent.
Quand on appréhende le mal de l’extérieur, trois possibilités s’offrent à nous spontanément : la première consiste à se résigner, la deuxième à se révolter et la troisième à désespérer. Ce sont en réalité des impasses. En bref, soit notre résignation justifie le mal pour vivre, soit on rejette la vie pour le rejeter, soit on désespère pour ne pas le justifier ni rejeter la vie ! !
Les réponses apportées longtemps par l’Eglise ne sont pas satisfaisantes non plus. On ne paie pas pour le mal provoqué par les générations antérieures, ni pour le mal que nous avons pu faire et encore moins pour gagner une vie meilleure. Jamais le message de l’Evangile n’a été tel.
La réponse à la souffrance ne se trouve pas hors de nous, mais en nous. Il n’y a pas de solution, nous sommes la solution. Le mot « martyr » vient du grec et signifie « témoin », il n’implique aucun masochisme ! Alors ouvrons-nous à cette minuscule part de l’Amour infini de Dieu qui est en chacun d’entre nous, laissons-la rayonner et aspirons uniquement à sa croissance. C’est ainsi et seulement ainsi que nous nous ouvrirons à Son véritable dessein, celui de faire de nous des êtres vivants, ses enfants dignes d’entrer dans sa Gloire. Job, Jésus-Christ et des témoins de tous les temps nous ont montré et nous montrent encore le chemin.
« Elie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! »
Marc 2, 4-5
En ce temps de pandémie, nous sommes d’autant plus conscients de ce qui nous manque : les contacts humains, la convivialité, le partage de rires et d’émotions, les fêtes petites ou grandes, les rencontres autour d’un café, les soirées où l’on refait le monde, les répétitions, le cinéma, les visites, les concerts… sont autant de moments précieux dont nous avons été privés depuis longtemps. Pourtant, ils sont vitaux et leur absence a creusé en nous un mal-être et une souffrance, plus ou moins diffus.
Car « il est bon que nous soyons ici ! » dit Pierre. Sous-entendu : « Ici, ENSEMBLE ! »
En effet, l’être humain est un être de relation, il ne peut vivre seul. Bien des expériences et des observations, qui nous concernent directement ou ont été étudiées scientifiquement, nous prouvent que sans vis-à-vis l’humain vit mal, son élan vital est fondamentalement amoindri.
Le temps du Carême nous invite habituellement à réfléchir sur nos dépendances, sur les choses qui encombrent nos vies. Cette année, le temps particulier de la pandémie nous a fait prendre conscience que des éléments de notre vie qui paraissaient acquis, comme le droit de se rencontrer en groupes, par exemple, peuvent disparaître et nous manquer cruellement.
Cette absence de rencontre en direct, par le vide qu’elle nous a créé, peut cependant nous ouvrir à une nouvelle réflexion : si je suis croyant-e, dans quelle mesure la distance que je peux prendre avec Dieu engendre-t-elle un manque ? Si mon ami est absent, il me manque. Mais si je tiens Dieu éloigné de moi, me manque-t-il ?
Lorsque tout va bien, il est facile d’oublier la présence de Dieu. Lorsque les choses sont plus difficiles, nous nous tournons peut-être alors vers Lui, ne serait-ce que pour nous plaindre et récriminer… Pourtant, comme le dit Pierre : « il est bon que nous soyons ici ! » Dieu se rend présent à nous comme un Père, il veut nous accompagner, nous guider et nous illuminer, quel que soit notre chemin.
Profitons de ce Carême pour nous rapprocher de Dieu, qui attend toujours à la porte de notre cœur, et lui murmurer quotidiennement notre amour et notre foi. Avec lui, pas besoin de Skype ou de Zoom ou Teams ! Il n’attend que nous et nous offrira confiance et courage.
PAR RAÏSSA LARROSA (VOIR-ET-AGIR.CH/INFO-CAMPAGNE) PHOTO : FLICKR.COM
La Campagne œcuménique 2021, qui se déroule du 17 février au 4 avril, braque les projecteurs sur la justice climatique […]. Les populations des pays du Sud souffrent déjà cruellement des conséquences des changements climatiques. Pain pour le prochain, Action de Carême et Etre Partenaires exigent que les pays responsables de la majeure partie des émissions de gaz à effet de serre assument leurs responsabilités […]. Nous revendiquons que la justice climatique soit rendue sans attendre ! Pour préserver la Création, il est nécessaire que nous adoptions un mode de vie plus sobre. Nous devons limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5° C. Pour que la justice climatique soit rendue, il est devenu indispensable que nous aspirions à consommer « moins » de ressources et que nous fassions preuve de « plus » de solidarité envers les populations qui subissent les conséquences des changements climatiques. Si, en tant qu’individus, nous sommes capables d’agir dans ce sens, les secteurs de l’économie et de la politique, ainsi que les Eglises sont, eux aussi, appelés à faire de même. […]
Le thème de notre campagne […] nous permet de révéler la face cachée de nos comportements et d’attirer l’attention sur les conséquences qu’ils entraînent dans d’autres régions du monde. Par exemple, une consommation excessive de viande nécessite une production importante de fourrage et de grandes superficies de pâturages. Cela exige entre autres de brûler la forêt tropicale pour la défricher. L’absence de forêt tropicale provoque à son tour des changements climatiques importants.
La Campagne œcuménique vous invite à plusieurs reprises à participer à la rédaction d’un scénario. C’est le cas par exemple dans le calendrier de carême (p. 15), dans les modules pédagogiques (à partir de la p. 6) ou à l’adresse justiceclimatique.ch, où vous pouvez visionner votre film personnalisé sur le thème du climat (p. 13). N’attendez plus et participez à la rédaction de ce scénario pour construire un avenir meilleur […].
Temps fort pastoral et spirituel de l’année liturgique, le Carême est habituellement rythmé par de nombreuses et diverses initiatives, soupes communautaires, chemins de croix, journée des roses, pain du partage, semaine de jeûne, Ecole cathédrale, conférences, célébrations, partages, concerts, prières, récolte de dons, pochettes… En ce temps si particulier de pandémie et de restrictions, l’enjeu est donc de faire Carême… quand même !
PAR JEAN-HUGUES SEPPEY ET ACTION DE CARÊME PHOTOS : CAMPAGNE ŒCUMENIQUE 2021
Méditation de Veronika Jehle
Un pied, fracturé pour les autres Au Chili, fracturé par le pouvoir, le pied de cette personne descendue dans la rue contre l’injustice.
Ici, moi aussi, je peux comprendre. Vois mon pied, ma confusion, empêtré·e que je suis dans les vicissitudes. Vois mon inconsistance, mon hypocrisie, comme je suis fragile, mortel·le et dépendant·e.
Vois Jésus qui lave les pieds, ce Jésus que l’artiste a vu et qu’elle a peint, son Jésus, le mien, celui de tous les temps.
Vois la nature et les fleurs, bien plus petites et plus belles, qui fleurissent par-delà les points de suture et les fractures. L’espoir se dessine. Sur le Chili, je ne connais pas grand-chose; sur notre manière d’être au monde, assez pour comprendre.
De son côté, la campagne œcuménique de Carême (voir la photo de couverture), met en évidence certaines problématiques du monde actuel et propose aussi diverses réflexions et actions à découvrir sur www.voir-et-agir.ch.
La tenture 2021 :
« Tu m’as remis sur pied, tu m’as donné du large » (Ps 31, 9)
L’œuvre artistique de Lilian Moreno Sánchez (Buin/Chili) est basée sur une radiographie d’un pied aux os partiellement cassés et tordus. C’est celui d’une personne blessée lors des manifestations de Santiago du Chili en octobre 2019. Les jeunes manifestantes et manifestants y dénonçaient en particulier la hausse du coût de la vie et l’augmentation des inégalités sociales qui en découle.
Aux quatre coins du monde, des personnes se lèvent et exigent « du large » et l’accomplissement de la promesse du Psaume. Que ce soit contre l’exclusion sociale ou pour une politique climatique qui laisse un large espace ouvert aux générations futures.
Helena Christen habite Evolène, elle est deuxième d’une fratrie de 3 filles. Diana Duarte habite Sierre, elle a une jeune sœur. Toutes les deux ont 21 ans et étudient à la HES en Sciences sociales. Deux amies complices et engagées.
PROPOS ET PHOTO RECUEILLIS PAR MERCEDES MEUGNIER-CUENCA
Lors d’une présentation à l’ECCG de l’action de Sierre partage : « Les cartons de la solidarité » par la responsable, Christianne Perruchoud, Helena et Diana s’inscrivent sur-le-champ pour travailler 2 heures à cette action, histoire de « voir »… et les voilà engagées depuis 2 ans, un samedi par mois, à l’épicerie solidaire de Sierre. Quand on habite Evolène la distance ne fait pas peur à Helena habituée à suivre les cours à la HES de Sierre ; deux amies partageant les mêmes valeurs : le sens des autres.
Question d’avenir
Diana et Helena poursuivent des études à la HES SO en travail social. « Nous avons fait des stages. » Helena dans une crèche d’Evolène et Diana a eu l’occasion de suivre différents élèves en difficulté et bénéficiant d’un appui et d’un accompagnement par des enseignantes spécialisées.
Le passage à Sierre partage a aiguisé leur sens de l’observation et, là aussi, elles ont découvert diverses formes de vulnérabilité. (Lors de la fermeture des écoles, des enfants n’ayant pas d’ordinateur à domicile pour suivre les cours à distance ont été pénalisés.) Diana est portugaise et elle a constaté les difficultés qu’ont certains parents à encadrer leur enfant quand on ne maîtrise pas la langue ou encore lorsque les deux parents sont au travail, qui garde les enfants ? Pour Helena, les difficultés des enfants de la crèche étaient moins fréquentes, mais elle a été sensible à la situation d’une famille qui n’arrivait pas à subvenir au financement d’une place de crèche, la maman ne travaillant pas en dehors de son domicile n’avait pas droit à une subvention. « Dans les villages de nos vallées il y aussi de la pauvreté moins visible, mais… »
Motivation
« On se sent presque coupable devant cette précarité car nous étions loin d’imaginer que des personnes n’ont pas les moyens de s’acheter de quoi manger et cela se passe chez nous. » Alors, de quelques heures, leur présence à Sierre partage devient un rendez-vous mensuel le samedi après-midi.
Ce ne sont pas des questions religieuses ni politiques qui les motivent, il s’agit plutôt d’un sens aigu de la justice et de la solidarité qui les anime et elles comptent continuer leur travail à Sierre partage car cela est une ouverture aux autres. Quand on les rencontre et qu’on les écoute, il n’y a pas le moindre doute quant à leur motivation et enthousiasme exemplaires.
Puisse cette page participer un peu au délicat éclairage de l’abbé Amherdt dans l’Essentiel de ce mois sur le sujet de la souffrance. Il me plaît de redonner simplement diverses considérations de Chiara Lubich 1 (CL) sur la « face cachée » de la spiritualité de l’unité, prônée par le Mouvement des Focolari.
Car c’est habituellement un « château extérieur » plutôt souriant, jovial, plein d’optimisme (certains y voient même de la naïveté), que nous observons chez les membres et dans les réalisations de cette OEuvre, connue pour son dialogue à 360 degrés avec les hommes et femmes, quelles que soient leurs religions ou leurs convictions spirituelles.
Dans une série de conseils pratiques CL précise : « On ne peut pas aimer la souffrance pour elle-même, parce qu’elle est un nonêtre (…). Par contre, c’est Jésus crucifié et abandonné que nous pouvons aimer. Il est présent en toute souffrance et en toute personne qui souffre. »
« Jésus crucifié et abandonné » est l’image qu’elle garde constamment présente à son esprit et à son coeur. Le Maître est tendu vers son « heure », celle de sa Passion (Mc 14,35), qui est celle de sa glorification (Jn 17,1) ; pour Le suivre, Il nous invite à renoncer chacun à soi-même et prendre sa propre croix, Il rappelle (non sans s’émouvoir) la nécessité que le grain de blé jeté en terre meure pour porter du fruit en abondance (Jn 12,24).
Il s’agit donc de comprendre que sa croix et sa mort à Lui sont la réalité du plus grand amour. Nous nous sommes dit : « C’est dans l’abandon que Jésus a le plus souffert. Suivons-le donc là. A l’époque, ce n’était que des mots, ensuite c’est devenu la réalité. »
Pratiquement, « comment donc nous comporter lorsque la douleur se présente ? Nous pouvons nous recueillir et dire :’ Jésus, je veux Te suivre, même sur la croix, même abandonné. Or voilà que j’en ai l’occasion. Je T’offre cette souffrance, je suis heureux d’avoir cette souffrance à T’offrir. ’ Ensuite nous nous mettons à aimer le frère, ou bien nous continuons à faire la volonté de Dieu, quelle qu’elle soit. »
Convaincue par l’expérience, elle affirme : « De fait, si on se jette à accueillir, à ‘ embrasser ’ la croix, on ne trouve pas la souffrance, mais bien plutôt l’amour : on trouve Dieu, donc la joie. (…) Essayez de vivre ainsi, vous serez surpris ! » Et elle appuie : « Aimer Jésus abandonné en essayant de le faire (…) toujours, tout de suite, avec joie. Le matin je me consacre donc à nouveau à Jésus abandonné. Je veux, si possible, L’aimer encore plus fréquemment, le faire encore plus vite et ‘ avec joie ’ ».
Il n’est pas étonnant que de telles paroles, reposant sur la Parole de Dieu et sur la constance de la pratique, aient un fort retentissement sur diverses autres spiritualités, notamment asiatiques, qui s’interrogent sur cette dimension universelle de la souffrance.
1 Fondatrice de l’Oeuvre de Marie, nom sous lequel le Mouvement a été approuvé par l’Eglise catholique. Les citations viennent toutes du petit opuscule: Chiara Lubich, La Souffrance, Nouvelle Cité, 1998, pages 9, 63, 19, 30, 34).
« La souffrance m’a tendu les bras et je m’y suis jetée avec amour » disait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Toute sa spiritualité est marquée par l’Amour et la Confiance : « Ma vocation, je l’ai enfin trouvée, ma vocation c’est l’Amour » écrira-t-elle aussi.
Elle articule le sens de la souffrance avec l’Amour à une époque marquée par le jansénisme et une religion souvent doloriste.
On ne doit pas souffrir pour être sauvé, on doit aimer pour être sauvé !
« Une souffrance offerte n’est plus une souffrance. Elle est l’union de l’âme avec le Seigneur Jésus », écrivait le saint curé d’Ars.
La souffrance, inhérente à toute vie humaine peut renfermer et isoler, ou au contraire ouvrir et être le terreau d’un plus de vie, de confiance, de foi et d’amour. Combien de nos malades gardent le sourire sur leurs lits d’hôpital ! Quels témoignages saisissants !
Le pape François l’a dit avec conviction aux dernières Journées mondiales de la jeunesse à Panama : « Seul celui qui aime peut être sauvé. »
Parfois l’Amour demande l’union de nos souffrances à celles de Jésus lors de sa Passion, mais jamais dans un but de souffrir pour gagner le Paradis. Les mystiques désirent unir tout ce qui fait leur vie avec la vie de Jésus. A certains sont donnés les stigmates qui sont les marques de la Passion du Christ, qui nous a aimés jusqu’au bout.
« Deux amis traversent une partie d’un étang. Le pont cède et ils tombent dans les eaux profondes. Ils ne savent pas na-ger. C’est un instant de terreur et de souffrance. Marc, qui est égoïste de nature, agite ses bras en les ramenant vers lui : il coule. Julien, de tempérament altruiste, écarte ses bras vers l’extérieur, tout naturellement, et arrive à regagner le rivage. »
Yves Crettaz, un Valaisan de 25 ans, a été engagé au Service diocésain de la jeunesse (SDJ) de Sion. Rencontre avec un jeune passionné de communication qui souhaite faire mieux connaître « une Eglise accueillante » et plus accessible pour des jeunes restés sur le parvis.
TEXTE ET PHOTOS PAR CATH.CH / BERNARD HALLET
« L’Eglise doit être présente dans la société. Il faut sortir de l’entre-soi paroissial ! », lance Yves Crettaz. Le jeune Valaisan, mordu du web, vient d’être engagé au Service diocésain de la jeunesse (SDJ) de Sion. Il prône la spécialisation des tâches en Eglise, notamment dans la communication.
Pour cela, l’institution doit faire la place aux jeunes et leur faire confiance. « Il y a tellement à faire en Eglise ! Pourvu qu’on leur laisse la place et une certaine marge de manœuvre, ils ne demandent qu’à s’investir. » Le Valaisan de 25 ans, diplômé de l’école de commerce de Sion, illustre bien le propos : membre du comité de la Nuit OpenSky, du groupe Des Jeunes qui Prient (DJP), coorganisateur des soirées de louange à la paroisse de Conthey-Centre, il fait également partie du groupe de jeunes qui gèrent le site de la jeunesse catholique valaisanne : « T’as où la foi. » Il ajoute à sa palette la vidéo, l’écriture et la photo. Logiquement le journalisme l’attire. En attendant, il travaille au service marketing du quotidien valaisan Le Nouvelliste.
« Se bouger maintenant ! »
On pourrait encore dérouler ce qui fait plus penser à un CV qu’à ce qu’il considère, lui, comme un engagement en Eglise. « Son » Eglise, qu’il critique parfois. Parce qu’elle ne lui est pas indifférente, précise-t-il. Devant les bancs qui se vident, la baisse de la pratique religieuse, les scandales, il évoque une urgence : celle de « se bouger maintenant avant qu’il ne soit trop tard ! » pour diffuser la Bonne Nouvelle et rouvrir la porte d’une Eglise qu’il voudrait plus accueillante, en tout cas joyeuse. Il envisage son projet avec les pieds sur terre : « Je ne plane pas. Il faut être réaliste. »
Le web et les réseaux sociaux sont les meilleurs vecteurs pour communiquer les événements qui rassemblent la jeunesse qui croit et toucher, au-delà de la catho-sphère, les 15-25 ans. Il faut s’adapter à l’époque. « Les jeunes ne se trouvent plus systématiquement le dimanche matin à la messe. » La pandémie a démontré l’utilité du web pour garder un contact avec les fidèles, à l’instar de la Montée vers Pâques. Mais il en convient, l’écran ne remplace pas la présence ni la messe.
Une Eglise « plus fun mais pas au rabais »
La tendance des 15-25 ans à se retrouver autour de grands événements d’Eglise lui donne raison. La mobilité due aux études, au mode de vie, les amène dans d’autres paroisses et surtout à se retrouver ensemble, « parce qu’on n’est plus seul, comme aux JMJ », précise Yves Crettaz qui a été marqué par le rassemblement de Madrid, en 2011. « Il faut créer des occasions d’amener des amis à découvrir l’Eglise d’une manière plus fun, mais pas au rabais », insiste-t-il en faisant allusion aux soirées OpenSky, « Fun and God ». Ces événements sont aussi pour le zébulon une manière de ramener l’Eglise dans la société.
« Je ne dirai pas à des jeunes intéressés et hésitant à entrer dans une église : « viens à l’adoration ». On peut commencer avec un concert, un bar, le témoignage d’une personnalité – pas forcément de l’Eglise, mais de la société –, une possibilité de rencontre avec des jeunes engagés en Eglise et ensuite leur proposer : « viens à la messe ». »
En offrant un contexte convivial où les jeunes se sentent accueillis, c’est plus facile. Une des missions du Valaisan originaire de Vissoie, dans le Val d’Anniviers, sera de coordonner les différents groupes et plateformes des jeunes catholiques et de renforcer la présence et l’action de la pastorale sur la toile. « Il faut faire en sorte de faciliter l’accès à l’information à ceux qui veulent aller plus loin en Eglise. » Sa connaissance du terrain où il s’implique depuis dix ans sera un atout.
Une messe diocésaine
Les jeunes qui se situent à l’extérieur ne sont pas le seul objectif de son action. « Je pense qu’une messe diocésaine organisée par les jeunes une fois par an serait une bonne chose pour fédérer les fidèles et renforcer le sentiment d’appartenance à l’Eglise. » Il fait référence à la célébration de la confirmation organisée au CERM à Martigny qui a rassemblé 10’000 personnes. « C’est faisable. »
Une discussion avec Gaëtan Steiner, responsable du SDJ, a favorisé son engagement. Ses interventions sur la chaîne régionale Canal 9 pour présenter la messe télévisée dominicale de Mgr Lovey pendant la pandémie a été le déclic. Sa proposition à la chaîne, où il est pigiste, et à l’évêché de livrer un produit fini a séduit tout le monde.
« La pagaille dans les diocèses »
Issu d’une famille croyante et plutôt pratiquante, il n’a aucun problème à parler de foi et dit prier au moins une fois dans la journée. Même s’il n’oublie pas sa paroisse d’origine, il admet ne pas pouvoir toujours assister à la messe dominicale à Vissoie. Il essaye d’y aller le plus possible « et au moins pour Pâques et Noël », puisqu’il est lecteur.
Dans une tribune publiée dans Le Nouvelliste du 29 août dernier, il citait le pape François : « Je veux de la pagaille dans les diocèses ! Je veux que l’Eglise sorte dans les rues ! » « Sous l’impulsion du Pape, ajoutait Yves Crettaz, les jeunes se rassemblent par affinités et prennent des initiatives dans divers réseaux. En accord avec les prêtres, ils proposent une manière différente d’annoncer la Bonne Nouvelle. Un style actuel qui rencontre un franc succès, tant auprès des jeunes que des moins jeunes. Alors, dépoussiérons notre Eglise tous ensemble ! » Tout un programme.
Qui peut imaginer le chemin de souffrance et les traumatismes que vivent les migrants ? Chacun d’eux vit une histoire unique et peu d’entre eux osent s’exprimer sur ce qu’ils ont dû vivre pour échapper à l’horreur de leur quotidien. Efrem livre avec émotion son récit poignant.
Par Efrem Ghirmay Photos: DR, Unicef
Le chemin de souffrance pour être sauvé, ici, dans ce témoignage est un chemin pour la liberté…
Voici l’histoire d’Efrem, jeune érythréen, qui a dû déserter son armée car accusé d’avoir critiqué son gouvernement. Pour lui, alors, plus d’autres choix que de s’enfuir…
« Je suis né en 1996 à Asmara, capitale de l’Erythrée. J’ai eu la chance d’aller à l’école. Comme tous les jeunes de mon pays, j’ai dû aller à l’armée en continuant les études car le gouvernement l’exige.
Un soir, j’étais avec des amis et nous discutions. Soudain un responsable vint vers nous et nous accusa de comploter contre l’armée. Nous nous sommes défendus mais il n’a rien voulu en savoir et nous avons été battus. J’étais très en colère de voir que notre parole n’avait pas d’importance. Après quelques jours, un chef nous a dit qu’on allait nous interroger. J’ai eu très peur, je savais qu’on allait nous mettre en prison. Ma situation était désespérée : une seule chose : s’enfuir…
Nous étions 5 jeunes à partir de nuit de Sawa vers le Soudan. Les soldats, qui ont remarqué notre fuite, ont commencé à tirer vers nous et des balles tombaient dans le sable devant moi. J’avais très peur et j’ai couru…
On a marché pendant 5 jours par grande chaleur tout en se cachant dans les forêts et les rochers avec pour toute nourriture quelques dattes. On avait très soif. Heureusement, nous avons trouvé un endroit humide où des dromadaires avaient dû boire. Nous avons creusé et trouvé de l’eau très épaisse car mélangée avec du sable… Nous nous sommes presque battus pour boire ce liquide blanchâtre qui nous a sauvé la vie… La sensation de soif est une souffrance terrible.
Arrivés enfin à Kassala au Soudan, on s’est fait rattraper par les policiers qui nous ont demandé de réciter les prières des musulmans mais comme je suis chrétien, j’ai été vendu à la mafia du pays.
J’ai passé plusieurs jours en prison attaché avec un autre chrétien. Les gardiens de cette prison nous battaient. Plus tard, j’ai pu rejoindre Kartoum, capitale du Soudan. J’y ai vécu quelque temps mais jamais en sécurité. Avec d’autres réfugiés, j’ai trouvé des passeurs qui nous ont emmenés en voiture jusqu’en Lybie. Ils nous ont bandé les yeux pour que l’on ne connaisse ni le chemin ni les passeurs…Le voyage a duré 5 jours très difficiles, peu de nourriture et d’eau.
Nous sommes enfin arrivés en Lybie et là, les passeurs nous ont mis directement dans une prison pour qu’on leur paie le voyage. Ils téléphonaient à nos parents en nous battant et leur faisaient peur… Je suis resté plusieurs semaines dans cette prison dans des conditions difficiles.
Enfin, j’ai pu partir dans un camion qui, pour tromper la police, transportait des cailloux. Nous étions cachés sous une séparation de fer, accroupis les uns contre les autres, avalant énormément de poussière et cela durant des heures…Ce terrible voyage a duré 6 jours.
Durant ce trajet, des gens armés nous ont arrêtés et nous ont demandé notre religion et notre pays. J’avais très peur et je croyais que c’était mon dernier jour car on égorgeait beaucoup de chrétiens en Lybie.
Arrivés à Tripoli au bord de la mer Méditerranée, ils nous ont mis à nouveau dans une prison pour payer le passage de Libye jusqu’en Italie. Dans cette terrible prison, il y avait des gens qui souffraient beaucoup, qui étaient malades et même qui mouraient…
J’avais très peur et j’avais tout le temps faim, j’avais la peau qui me grattait, je me suis dit plusieurs fois « pourquoi suis-je venu jusqu’ici… » Après plusieurs mois, mes parents ont payé le voyage… Enfin ! Un soir, ils nous ont pris et nous ont mis dans un bateau. Nous étions plus de 300, très serrés, adultes, jeunes et enfants.
Les passeurs ont expliqué à un passager comment conduire le bateau et ils nous ont envoyés vers l’inconnu.
Une maman m’a donné un de ses petits enfants sur mes genoux. Nous avons voyagé toute la nuit sans lumière, nous n’avions ni nourriture ni eau, il faisait froid et j’ai pensé « C’est peut-être ma dernière nuit ».
Le lendemain, un grand bateau est venu nous sauver juste à temps…Il y avait de l’eau qui rentrait dans la coque du bateau. Ils nous ont embarqués jusqu’en Sicile… et quelques jours plus tard, je suis arrivé à Rome puis en train jusqu’à Milan. Ensuite je suis arrivé en Suisse où j’ai vécu dans plusieurs foyers pour réfugiés pendant 2 ans. Depuis mars 2017, j’habite dans une famille d’accueil où j’ai appris le français et je fais un apprentissage d’assistant en soins… je fais même partie d’une fanfare où j’ai trouvé des amis… »
Prier avec saint Joseph
Joseph, frère des réfugiés L’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends l’Enfant et sa mère et fuis en Egypte, car Hérode va rechercher l’Enfant pour le faire périr » (Mt 2,13)
Joseph, tu pars vers l’inconnu pour sauver le fils de Marie. Saint Joseph, apprends-nous ce que veut dire être réfugié, persécuté, exilé. Donne-nous d’être proches de ceux qui ont dû tout quitter : familles, amis, situation, pays… Ouvre notre coeur à l’accueil de ceux qui souffrent dans leur âme et dans leur corps, de la misère ou de la famine, de la torture et de toute violence.
Joseph, frère des réfugiés, apprends-nous à accueillir la volonté de Dieu.
PAR SR FRANZISKA MARIA IMAGES : RAPHAEL DELALOYE, BERNA LOPEZ
Un jour ou l’autre nous sommes tous confrontés à la souffrance d’une personne que nous rencontrons sur notre chemin, quelqu’un de notre famille ou nous-mêmes. Souvent, à ce moment-là, on se pose plein de questions. Quelles pistes nous donne l’Evangile ?
Une parole bien connue et encourageante de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11, 28) Notre maître ne nous a pas tellement donné « d’explication ou de recette » concernant la souffrance, mais lui-même l’a vécue et traversée avec amour. C’est avec simplicité et confiance que nous pouvons déposer nos fardeaux trop lourds auprès de Lui. Nous observerons aussi dans l’Evangile, (surtout en saint Luc) que Jésus se laisse toucher jusqu’aux entrailles par la détresse, la faiblesse et la fragilité des personnes qu’il rencontre.
Jésus ne se montre jamais indifférent à la souffrance des autres. C’est dans ce sens que nous pouvons apprendre de ses paroles, de ses attitudes et de ses gestes, comme l’ont fait d’une manière admirable les saints et tant de chrétiens. Mère Teresa nous en a laissé un exemple lumineux, elle qui a pris comme phare de sa vie, cette parole : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! » (Mt 25, 40)
Plusieurs fois, j’ai été moi-même très touchée par la rencontre de personnes parfois très malades ou très éprouvées. Dans ces moments-là, nous touchons à la force incroyable du Christ, qui se rend proche des souffrants et qui donne force et réconfort. Fort de son exemple devenons à notre tour des proches et des consolateurs pour ceux qui en ont tant besoin.
Seigneur, je Te supplie de me délivrer de cette tentation harcelante, de considérer le temps de ma maladie comme une mesure pour rien dans ma vie, une période creuse et sans valeur…
Que je revienne à la santé ou que j’aille peu à peu à mon éternité, je dois avant tout rester à la barre; ma vie, je dois la vivre au jour le jour et Te la donner tous les jours.
Il ne s’agit point de partir à la dérive… Je n’ai pas à attendre un lendemain incertain ni à me bercer de rêves ou de regrets: je suis malade, je Te sers malade.
Vais-je attendre, pour T’aimer, des circonstances qui, peut-être, ne se produiront jamais ? Et s’agit-il pour moi de T’aimer à mon goût ou de Te servir là où Tu m’attends ?…
Seigneur, ma vie n’est pas manquée pour être une vie de malade. Je veux la remplir à déborder, avec Ta grâce qui se joue du temps et n’a que faire des actions glorieuses pour le monde.
Le Christ souffrit sa Passion jusqu’à mourir sur la Croix par Amour pour les hommes de tous les temps afin de leur ouvrir les portes du ciel.
PAR DENYSE GEX-COLLET – INSPIRÉ DE JOËL GUIBERT : LA SAGESSE DE LA CROIX PHOTOS : INTERNET / « PASSION »
Il y a quelques années, avant la fête de Pâques, une catéchiste partageait la lecture de la Passion avec les enfants d’une classe primaire. A un moment, elle lève les yeux et constate que les enfants sont captivés par le récit. Elle remarque qu’un petit garçon essuie furtivement ses yeux mouillés de larmes. Elle continue la lecture, en relevant que Jésus a souffert pour nous parce qu’il nous aime et pour le pardon de tous les péchés. A la fin de la leçon, c’est la débandade vers la récréation. Le petit garçon se lève pour sortir et en passant près d’elle, il lui glisse tristement : « C’est trop injuste comme Il a souffert. Il n’avait rien fait de mal. C’est de notre faute. »
Il avait ressenti jusqu’au fond de son cœur la réalité de la souffrance de Jésus.
• La Passion : souffrance humaine jusqu’à en mourir
Sainte Angèle de Foligno (1248-1309) relate dans ses visions, la révélation qu’elle reçut de Jésus :
« Une autre fois, c’était le quatrième jour de la semaine sainte, j’étais plongée dans une méditation sur la mort du Fils de Dieu, et je méditais avec douleur, et je m’efforçais de faire le vide dans mon âme, pour la saisir et la tenir tout entière recueillie dans la Passion et dans la mort du Fils de Dieu, et j’étais abîmée tout entière dans le désir de trouver la puissance de faire le vide, et de méditer plus efficacement.
Alors cette parole me fut dite dans l’âme : « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée. »
Cette parole me porta dans l’âme un coup mortel, et je ne sais comment je ne mourus pas ; car mes yeux s’ouvrirent, et je vis dans la lumière de quelle vérité cette parole était vraie. Je voyais les actes, les effets réels de cet amour, jusqu’où en vérité il avait conduit le Fils de Dieu. Je vis ce qu’il supporta dans sa vie et dans sa mort pour l’amour de moi, par la vertu réelle de cet amour indicible qui lui brûlait les entrailles, et je sentais dans son inouïe vérité la parole que j’avais entendue ; non, non, il ne m’avait pas aimée pour rire, mais d’un amour épouvantablement sérieux, vrai, profond, parfait, et qui était dans les entrailles. »
• Le mystère de la Croix, mystère d’AMOUR
Tout ce qui précéda la mort de Jésus sur la Croix fut un long processus de tortures morales et physiques. La crucifixion était un supplice atrocement douloureux et la mort ne survenait que tardivement. Objectivement, il est indéniable que Jésus souffrit cruellement.
Jésus n’a pas endossé la croix contre son gré, Son Père ne la lui a pas imposée. Il en a accepté volontairement la souffrance et Il nous propose, à nous ses frères, de l’aider à la porter comme moyen de sanctification et de salut qui, grâce à la communion des Saints, nous permet, à notre petite place, de participer à la rédemption du monde.
• Notre propre existence est placée sous le signe de la Croix
Il nous le dit clairement : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. » (Mt 16, 24)
Pour cela, il faut apprendre à voir la main de la Providence en tout ce qui nous arrive car Dieu a, sur notre vie, un plan d’amour caché à notre entendement « humain ».Et les calamités qu’Il permet que nous rencontrions et contre lesquelles nous luttons, permettent un Bien plus grand et certainement autre que ce que nous attendions.
Lors du Jugement dernier nous comprendrons les chemins admirables par lesquels sa Providence aura conduit toute chose vers sa fin ultime. Le Jugement dernier révélera que la justice de Dieu triomphe de toutes les injustices commises, que son amour est plus fort que la mort. (CEC, nº 1040).
Quand j’ai reçu le thème du prochain éditorial concernant L’Essentiel, nous étions dans le temps de Noël, et je me suis dit : merci pour le cadeau ! Nous venions de fêter l’annonce de la naissance du Fils de Dieu qui vient par Amour pour nous libérer de nos peurs, de nos doutes et nous donner un cœur de chair, pour que nous puissions retrouver notre âme d’enfant.
Jésus est venu dans le monde pour nous sauver de nous-mêmes d’abord ; pour nous apprendre à nous aimer tels que nous sommes. Il est venu pour nous libérer justement de tout ce qui nous fait souffrir par nos manques d’amour, et ainsi nous ouvrir à son Amour, à sa Tendresse et à sa Miséricorde.
Oui, Dieu, notre Père, nous a donné son Fils pour que nous retrouvions le chemin qui mène à Lui. Pour cela, il suffit de suivre le Christ. Or, le Christ a passé toute sa vie à proclamer la Bonne Nouvelle du Salut, à guérir les malades, à remettre debout toute personne qui ployait sous le poids de ses culpabilités. Il a redonné espoir aux pauvres, aux petits, en les aimant simplement tels qu’ils étaient, et il nous demande aujourd’hui de continuer sa mission en allant auprès des plus pauvres, auprès de ceux et celles qui ont perdu toute espérance.
Le Christ est allé jusqu’à mourir pour nous. Il a donné sa vie par Amour pour que nous puissions être à notre tour des porteurs d’amour et de tendresse, dans un monde qui se cherche et qui se perd. En lui offrant chaque jour nos vies dans la confiance et l’abandon, nous serons dans la paix et la sérénité pour vivre ce que nous avons à vivre sachant que le Père s’occupe de nous. Le Christ n’a-t-il pas dit : « Venez à moi, vous tous qui ployez sous le poids des fardeaux, mon joug est léger, et Moi, je vous donnerai le repos. » Alors, non le Christ n’est pas venu pour que nous souffrions. Il est venu simplement nous apprendre à l’aimer, à nous aimer et ainsi à aimer la vie en lui faisant confiance.
Le but ultime de notre vie terrestre est d’être sauvé et d’obtenir la Vie éternelle. Comment y parvenir dans notre société actuelle ? Quelles sont les pistes de réflexion proposées par l’Eglise ?
PAR SERGE LILLO IMAGE : BERNA LOPEZ
Au soir de cette vie, je paraîtrai devant Vous les mains vides, car je ne Vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. Je veux donc me revêtir de votre propre Justice et recevoir de votre Amour la possession éternelle de Vous-même…
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Acte d’offrande à l’Amour miséricordieux
Saint Jean-Paul II a repris tous les écrits de ses prédécesseurs en matière de vivre en société pour éditer le « Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise » (CDSE) ; ce recueil peut nous éclairer sur ce sujet. En effet, ces enseignements de l’Eglise s’adressent à tous les hommes et femmes de notre temps ; ils servent à prolonger le style de dialogue par lequel Dieu lui-même, en son Fils unique fait homme, s’adresse à des amis dans les Evangiles, « il s’entretient avec eux. » (Ba 3, 38) L’homme est au cœur de ces enseignements qui ne visent qu’un seul but : « continuer, sous l’impulsion de l’Esprit consolateur, l’œuvre même du Christ, venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi. » (CDSE 13)
Par la constitution pastorale « Gaudium et spes », issue du concile Vatican II, l’Eglise apporte une éloquente démonstration de sa solidarité, de son respect et de son amour envers la famille humaine en instaurant avec elle un dialogue sur de nombreux problèmes, « en les éclairant à la lumière de l’Evangile, et en mettant à la disposition du genre humain la puissance salvatrice que l’Eglise, conduite par l’Esprit Saint, reçoit de son Fondateur. C’est en effet l’homme qu’il s’agit de sauver, la société humaine qu’il faut renouveler ». (CDSE 18)
Le salut qui, à l’initiative de Dieu le Père, est offert en Jésus-Christ, se réalisant et se diffusant par l’œuvre de l’Esprit Saint, est salut pour tous les hommes et de tout l’homme : c’est un salut universel et intégral. Il concerne la personne humaine dans chacune de ses dimensions : personnelle et sociale, spirituelle et corporelle, historique et transcendante. » (CDSE 38)
Etre sauvé en donnant notre vie
Le message est clair : chacun de nous est appelé à être sauvé par Dieu en Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui s’est fait l’un de nous. Il ne s’agit pas de se sauver soi-même, mais bien de se laisser transformer au contact de Jésus-Christ, en apprenant à le connaître, à l’aimer et à l’imiter. C’est tout un programme et ce n’est pas facile !
Il n’y a pas de formule magique, mais un long chemin ardu de transformation. Au cœur de celle-ci se trouve la charité, comme nous le dit Saint Jean-Paul II : « Seule la charité peut changer complètement l’homme. » Et il continue : « Un tel changement ne signifie pas l’annulation de la dimension terrestre dans une spiritualité désincarnée. » (CDSE 583) La charité est bien quelque chose de très concret : « La charité représente le plus grand commandement social. Elle respecte autrui et ses droits. Elle exige la pratique de la justice et elle seule nous en rend capables. Elle inspire une vie de don de soi : » Qui cherchera à épargner sa vie la perdra, et qui la perdra la sauvegardera » (Lc 17, 33). » (CEC, 1889)
Et comme la justice éclairée par l’Amour de Dieu nous renvoie à l’Evangile où l’Amour de Dieu s’est incarné en Jésus-Christ, la boucle est bouclée. Bon carême à tous.
Pour poursuivre…
Le CDSE (2006) est téléchargeable sous www.vatican.va.
Plusieurs livres sont également disponibles aux librairies Saint-Augustin pour comprendre ses enseignements, comme « Comprendre la Doctrine Sociale de l’Eglise » de Anne Despaigne et Jean de Saint Chamas (2007). Une version plus jeune et revisitée a également été éditée en 2016 « Docat – Que faire ? ». Enfin un guide pour approfondir le lien avec Jésus : « L’imitation de Jésus-Christ » par Marcel Michelet (2020)
« A travers les écueils, plongés dans la détresse, Les saints ont constamment marché vers la sagesse. »
Imitation de Jésus Christ, L1, chap. 13
La vie semble ainsi faite qu’on ne peut la traverser sans connaître, à côté des heures de bonheur, des heures plus sombres et douloureuses ; ces épreuves dans nos vies sont-elles des voies sans issue ou peuvent-elles trouver une place dans notre cheminement ? Essayons, dans une perspective de foi, de dégager quelques pistes de réflexion.
Tout d’abord, qu’est-ce que la souffrance ? Elle est une réaction naturelle d’aversion et de tristesse en présence d’un mal qui nous touche ou qui touche l’un de nos proches.
En tant qu’être humain, le mal auquel nous pouvons être confrontés est de deux types. Le premier est un mal que nous pourrions dire « naturel », qui se retrouve dans le règne animal et végétal : nous pensons ici aux maladies et aux accidents de toute sorte qui privent un être vivant, au moins en partie, des capacités qu’il devrait posséder. Le second type de mal est un mal qui concerne les créatures capables d’agir librement. Ici, il est question des peines et des blessures causées par tous les actes humains qui ont manqué le bien qu’ils devaient viser.
Si, dans le second cas, l’origine du mal est facilement identifiable, il n’en va pas de même dans le premier où l’individu subit un tort qui ne dépend pas nécessairement de lui. Ainsi cette souffrance n’est pas liée à une faute personnelle, comme l’explique le Christ lors du drame de Siloé – la chute d’une tour avait causé la mort de 18 personnes –, et il faut en écarter toute idée de châtiment (cf. Lc 13, 4). Ce mal naturel, aussi tragique ou pénible soit-il, n’affecte pas forcément la relation à Dieu, même si très souvent, il l’éprouve durement. Le livre de Job en est la meilleure illustration dans la Bible : après avoir tout perdu, Job élève sa plainte vers Dieu alors que ses amis cherchent, par des raisonnements, à justifier le mal qui le frappe. A la fin du texte, le Seigneur donne raison à Job tandis qu’il réprimande sévèrement ses compagnons, car ils ont voulu rendre Job responsable de ses souffrances.
Ces deux types de maux, le mal naturel et le mal qui dépend de l’homme, sont certes liés de manière mystérieuse dans l’histoire du monde, mais comme nous venons de le relever, ils ne le sont aucunement – sauf cas particuliers – dans l’histoire d’un individu. Ainsi, dans les situations les plus frappantes, nous voyons des saints souffrir de terribles maladies et affronter des événements tragiques, tandis que des hommes, qui ont commis de lourdes fautes, semblent traverser la vie sans la moindre maladie ni le moindre revers de fortune. Les uns pourtant cheminent péniblement vers leur salut, pendant que les autres courent allègrement loin de leur but. Nous ne pouvons résoudre cette équation existentielle si l’on s’en tient aux seuls faits extérieurs ; nous percevons en revanche, de manière obscure, que la joie d’une vie ne peut se mesurer à ces seuls critères.
Mais comment réagir face à ces maux qui nous atteignent ? Il y a tout d’abord une forme d’apprentissage de la douleur qui ressemble à l’entraînement des sportifs avant une compétition : telles sont les différentes formes d’ascèse, qui consistent en des privations de toutes sortes. Lorsqu’elle est vécue saintement, l’ascèse permet une maîtrise plus pleine de notre corps et de nos sens, tout en laissant notre sensibilité d’âme et de cœur intacte. Notons bien cependant que ce contact avec une certaine souffrance reste libre et volontaire : on en mesure la dose et les effets pour que les conséquences en soient positives.
Puis il y a cette vraie souffrance, qui n’est plus de l’ordre de l’exercice volontaire, mais de la réalité vécue et subie. Cette souffrance relève du mystère de la croix. L’ascèse peut y préparer lointainement, mais elle ne le fait pas complètement, car l’entraînement ne remplace jamais l’expérience. Dans ces cas-là, le contact avec la douleur n’est plus choisi ni maîtrisé, mais subi contre sa volonté et éprouvé dans toute sa profondeur. Le Christ dans les évangiles nous invite à le suivre jusqu’à traverser de telles épreuves. Mais de même qu’il n’a pas cherché la douleur de la Passion et qu’il a demandé au Père de l’en préserver si possible (cf. Mt 26, 39), de même il ne nous incite pas à chercher la souffrance ni la persécution ; elles apparaissent d’elles-mêmes lorsque nous marchons à sa suite.
Que dire pour conclure de cette dernière forme de douleur ? La croix est une expérience terrible, mais le chrétien sait que la présence du Christ l’habite, jusque dans son cri le plus bouleversant : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46) Il connaît également la fécondité mystérieuse que seul Dieu peut lui donner, car viendra le jour où elle s’effacera devant la lumière de Pâques.
PAR CORINNE GOSSAUER-PEROZ, AUMÔNIÈRE (ÉGLISE CATHOLIQUE VD) ET AUTEURE DE « GARDE-MOI VIVANT ! VIEILLIR ET LE DIRE », PARU EN 2020 AUX ÉDITIONS SAINT-AUGUSTIN PHOTOS : GRÉGORY ROTH / CATH.CH, CORINNE GOSSAUER-PEROZ
Aumônière dans cinq EMS de la Broye, la souffrance est au cœur de mes visites et des échanges avec les résidents. Les souffrances physiques et leur palette de douleurs anciennes, nouvelles et quotidiennes. Souffrances psychiques quand un événement, un traumatisme, une situation passée ou présente ne cesse de tourmenter l’esprit. Souffrances relationnelles parce que les proches et les contemporains sont décédés, ceux avec lesquels il était possible de dire : « Tu te rappelles… » Souffrances relationnelles quand un enfant (de 60 ans et plus !) ne donne plus de nouvelles, peu importe la raison. Souffrance et solitude commencent par la même lettre…
Pourtant, au cœur de ces souffrances, je vois et j’entends aussi le courage, la dignité, l’endurance, l’espérance et la foi. Je n’entends personne parler de ses souffrances comme une opportunité de « gagner son paradis ». Du reste, je rappellerai que « le Christ a tout accompli » (Evangile de Jean 19, 30). Il a tout porté et donné sa vie pour notre salut.
Dans l’écoute et le partage des souffrances des résidents, il nous arrive souvent de faire ce constat : la foi n’explique pas la souffrance, elle n’apporte pas de réponse et si c’était le cas, les églises seraient pleines !… La phrase de Paul Claudel me semble dire l’essentiel et le mystérieux : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence ». Jésus, le fils de Dieu, venu aimer et sauver les hommes, a aussi souffert en donnant sa vie. En ayant traversé la souffrance et la mort, Il peut comprendre l’épreuve de tout individu. Sa présence est consolation dans le cœur de tant de personnes que je rencontre.
Avec ou sans souffrance, la foi se nourrit dans et par la prière, la Parole de Dieu et les sacrements. Les EMS ne font pas exception à ces ressources. Dans le cheminement spirituel des personnes, la prière tient une grande place. Elle est ce lieu secret où les cris, les soupirs, les questions (« Quand vas-tu me consoler ? » Psaume 118, 82) et la reconnaissance peuvent se dire. « Si je ne prie pas, je tangue », me disait une nonagénaire. Au cœur des pertes et de la vieillesse, la prière est et demeure un élément vital. « Aux jours de ma vieillesse et de mes cheveux blancs, ne m’abandonne pas, ô mon Dieu ! » (Psaume 70, 18).
Car j’avais faim et vous m’avez donné à manger; j’avais soif et vous m’avez donné à boire.
Matthieu 25, 35
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Vous êtes intéressé à rejoindre bénévolement ou à soutenir financièrement une Conférence, n’hésitez pas à contacter votre secrétariat paroissial.
Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à vous adresser à l’Accueil Sainte Elisabeth qui fera le lien avec la Conférence Saint-Vincent-de-Paul : 026 321 20 90, www.accueilsainteelisabeth.ch
PAR MAX HAYOZ, DIACRE, PRESIDENT DU CONSEIL PARTICULIER DES CONFERENCES SAINT-VINCENT-DE-PAUL DU DECANAT PHOTO : DR
Pour perpétuer l’œuvre de saint Vincent de Paul (1581-1660) en faveur des plus démunis, le bienheureux Frédéric Ozanam (1813-1853) crée en 1833 avec d’autres personnes à Paris, les Conférences de Saint-Vincent-de-Paul. La Société de Saint-Vincent-de-Paul a pour objectif d’aider les pauvres afin de soulager leurs souffrances et de promouvoir leur dignité et leur intégrité humaines.
Une œuvre discrète
Le canton de Fribourg compte actuellement 30 Conférences, dont 8 sur le décanat de Fribourg. Ensemble, elles travaillent en toute indépendance et dans la discrétion pour venir en aide aux personnes dans le besoin, sans distinction de religion, d’idéologie, de race ou de classe sociale.
Elles offrent :
– un accueil discret et une écoute respectueuse,
– de l’aide rapide et efficace,
– un accompagnement (le cas échéant orienté vers les services sociaux régionaux),
– un soutien dans les démarches officielles,
– l’entremise vers d’autres institutions d’entraide (Caritas, les Cartons du cœur, SOS futures mamans…).
Au service des plus pauvres
Les Conférences Saint-Vincent-de-Paul ne peuvent qu’apporter des aides ponctuelles et ne sauraient offrir un soutien à long terme. Leur but est de donner un coup de main rapidement là où c’est nécessaire. Leurs moyens étant limités, les Conférences offrent un service de dépannages, principalement dans le domaine alimentaire.
En plus de l’aide individuelle, elles interviennent à l’occasion d’actions spéciales deux à trois fois par an, à Noël, à Pâques ou en automne.
Durant cette période de pandémie, les Conférences sont particulièrement sollicitées pour la prise en charge partielle ou totale de primes d’assurance maladie, de loyers en retard, de diverses factures (par exemple le dentiste), de l’achat de vivres, des aides souvent sollicitées à cause d’une diminution, d’une perte de salaire ou dans l’attente de toucher les indemnités journalières du chômage. Les demandes d’aide dans nos Conférences sont en constante augmentation.
Ces dernières souhaitent rester attentives aux besoins des gens, particulièrement de nos aînés afin de pouvoir offrir à chacun accueil, écoute et partage.
TRAVERSER LE COVID – Les rescapés du Covid ont une convalescence longue et difficile. Lorsque le patient est précisément celui qui accompagne spirituellement les malades depuis des années, cela colore sensiblement la situation…
TEXTE ET PHOTOS PAR VINCENT LAFARGUE
L’abbé Gérald Carrel est aumônier d’hôpital depuis plus de vingt-cinq ans. D’abord à Genève puis à Lausanne, il est actuellement responsable de l’équipe œcuménique travaillant à l’Hôpital Riviera-Chablais. Lorsqu’il a été testé positif au Covid en décembre, il a dû être hospitalisé aux soins intensifs puis intubé et placé en coma artificiel pendant plus d’une semaine.
Se relier à Dieu « Aux pires heures, je priais très simplement. » Il rit et ajoute : « Mais c’était à ras les pâquerettes, Notre Père, Je vous salue, Gloire à Dieu, Angelus… un élan vers Dieu, oui, mais depuis les profondeurs ! Je le priais parce que c’est ce qui a donné sens à toute ma vie et pour rester relié, c’est le sens du mot « religion » d’ailleurs. Je savais que je n’étais pas tout seul et j’ai peu à peu découvert le très grand nombre de personnes qui ont prié pour ma guérison. Impressionnant et très touchant ! J’insisterai désormais auprès des patients en leur disant : vous n’êtes pas seuls. »
Peur et culpabilité Gérald Carrel découvre une peur qu’il ne connaissait pas. « Petit à petit, tu te rends compte que tu as frôlé la mort et cela fait peur. J’étais pendant quelque temps entre la mort et la vie, je ne voyais que quelques personnes, déguisées en cosmonautes. C’est angoissant. » Il découvre aussi une forme de culpabilité face à ses proches : « Il y a tout ce que j’ai subi… mais en tant qu’être de relation, je découvre aussi tout ce que je leur ai fait subir, sans en être responsable mais en étant en partie la cause de leurs tourments. »
La qualité de présence des soignants L’abbé Gérald veut surtout mettre l’accent sur ces anges qui s’activaient autour de lui : « La qualité du personnel soignant est remarquable : soutien, optimisme, joie, humour… une attention à l’autre bien au-delà du geste médico-technique ! J’aimerais les remercier et leur dire de continuer à être empreints d’humanité. »
Humble dépendance « J’ai aussi découvert ce que c’est que d’être dépendant. Etre levé et lavé par d’autres, avec une immense douceur, fait naître une vraie humilité et non une humiliation, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Une relation se crée entre le soignant et le patient mais la difficulté est de ne jamais savoir sur lequel on va tomber, vu le roulement des équipes. Une nouvelle relation est chaque fois à reconstruire. Là encore, je comprendrai beaucoup mieux à l’avenir, pour l’avoir vécu de l’intérieur, ce que vivent les patients que je rencontre comme aumônier. »
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