Comme un signe

Faire tomber les barrières qui peuvent séparer les personnes: le credo de la Communauté œcuménique des sourds et malentendants de Genève (COSMG). Par une communication respectueuse des besoins de chacun et un œcuménisme vécu au quotidien, sourds et malentendants des deux confessions font partie intégrante de l’Eglise. Rencontre avec Anna Bernardo, aumônière en charge de cette communauté.

Texte et photos par Myriam BettensLa parole peut être à la fois un espace de liberté, ou parfois vécue comme un enfermement. Anna Bernardo aime le langage et son inépuisable richesse. Elle accompagne dans sa profession de logopédiste ceux pour qui la magie des mots n’a pas opéré. Depuis plus de trente-trois ans, elle offre des clés pour « déverrouiller » une prononciation difficile ou une phobie de la lecture. Cette mission la passionne toujours autant, ainsi lorsqu’elle rencontre Mgr Farine pour concrétiser le souhait de s’engager en Eglise, Anna Bernardo lui demande expressément une fonction lui permettant de continuer à exercer sa profession en parallèle. Elle s’engage en tant qu’aumônière de la communauté des sourds et malentendants de Genève en octobre 2014. « Moi-même entendante, je n’ai que quelques petites notions de langue des signes française (LSF) », avoue-t-elle. La plupart des activités de la COSMG s’adressent à un public composé de sourds et d’entendants réunis. Les célébrations et toutes les activités organisées par la communauté sont toujours bilingues : LSF et français parlé. « En général, un interprète LSF est présent et nous projetons tous les textes de la célébration sur un écran », complète encore Anna Bernardo.

Le murmure du geste

Ces moments de partage et d’œcuménisme ont lieu tous les 3e dimanches du mois à la paroisse protestante de Montbrillant située à quelques encablures de la gare Cornavin, à Genève. Dans les jours précédant la rencontre, Anna Bernardo et sa consœur, la pasteure Katharina Völlmer Mateus, mettent au point le support visuel de la célébration ainsi que le script que recevra l’interprète LSF. Le dimanche matin, les deux femmes se rendent à l’église aux alentours de 8h30 afin de finaliser les préparatifs de la liturgie. Peu avant 10h, les premiers paroissiens pénètrent dans le temple, un lieu à l’architecture moderne devant son nom au Mont Blanc qui lui fait face. « Les cérémonies sont tout sauf silencieuses », glisse l’aumônière. Le lieu de culte bruisse du perpétuel murmure des gestes échangés, « du corps dans son entier entrant en prière ». Les personnes présentes à la cérémonie sont d’ailleurs toujours invitées à s’approprier la langue des signes dans la liturgie. Comme pour joindre le geste à la parole, l’aumônière dévoile quelques-uns des gestes du Notre Père. Elle décrit ensuite le moment de la salutation de paix des célébrations de la COSMG : « Les paroissiens se prennent dans les bras, se serrent la main ou encore s’embrassent. » Un moment d’émotion, qui inclut chacun.

La Parole incarnée

Aujourd’hui, les personnes sourdes sont mieux prises en compte dans la société. Cependant, elles ont été victimes de préjugés divers au cours de l’histoire. La croyance populaire associait, par exemple, la surdité à l’absence de raison. Une assertion qu’Aristote prenait à son compte en affirmant que celui qui ne parle est aussi dénué de pensée. La chrétienté n’a malheureusement pas amélioré le sort des sourds. Un des quatre Pères de l’Eglise latine, saint Augustin, restait persuadé que la personne sourde ne pouvait apprendre à lire puisque la parole lui manquait. Par extension, il estimait donc que la surdité rendait la foi impossible. « Pendant un siècle, les sourds étaient obligés de s’asseoir sur leurs mains. On les obligeait à utiliser la voix comme seul moyen de communication », affirme l’aumônière. Ce n’est que dans les années 1980 que la LSF est admise en tant que langue à part entière. Pour Anna Bernardo, elle offre la possibilité à toute personne qui signe de penser en images, les termes deviennent visibles et donc vivants. « Le corps est valorisé et devient un lieu de communion avec Dieu », décrit-elle. Plus encore, le message biblique « s’incarne dans le corps et le vécu des paroissiens ». La Parole de Dieu devient signe.

Un œcuménisme vécu

→ 8h30
Mise en place de la salle et du matériel à la paroisse protestante de Montbrillant, à Genève

→ 10h
Début de la célébration

→ 11h
Après-culte convivial constitué d’un temps de partage et d’un apéritif

→ 12h
Repas communautaire

→ 14h à 15h30
Rangement de la salle paroissiale

Le règne.
Le pain.
Pardonne-nous.
A…
… men.

Donner le goût de la messe aux enfants

Beaucoup de paroisses manquent de jeunes,  mais certaines réussissent à les impliquer. Pourquoi et comment? Interview du Père Cettou, curé de Sainte-Thérèse à Lausanne.

Par Bénédicte Jollès
Photos: DR, Flickr

Le Père Cettou.

Comment transmettre ce goût de la messe ?
Tout commence en famille : l’enfant reçoit le plus important de ses parents. Impossible de faire aimer la musique ou le sport sans les pratiquer. Il en va de même avec l’eucharistie : est-elle le centre de notre semaine ? Ses lectures sont-elles lues en famille ? Sommes-nous enthousiasmés par la présence de Jésus qui se donne durant l’Eucharistie ? Aux prêtres de faire sentir cette présence, en posant le regard bienveillant de Dieu sur chacun. La messe permet normalement aussi une vie de famille plus joyeuse et plus paisible, les enfants en ont soif. 

Que répondre à un enfant qui dit s’ennuyer ?
Il est normal que l’enfant préfère jouer. Ses devoirs lui pèsent aussi, mais les parents persuadés de leurs bienfaits insistent.

L’enfant qui s’ennuie à la messe, n’en voit pas le sens, il n’a sans doute pas été assez préparé. Favorisons-nous les échanges à propos de la foi ? Répondons-nous à ses questions ? Demandons aussi au Christ que nos enfants le rencontrent : Il n’a que ce désir-là !

Pourquoi invitez-vous les familles chrétiennes à ne pas rester isolées ?
Elles ont besoin de soutien. Les propositions de retraites familiales sont nombreuses, y naissent des amitiés profondes. Quelle joie quand, à la sortie de la messe, chacun retrouve des amis. Ensuite, les parents peuvent passer le relais à des mouvements de jeunes, ils fortifient ceux qui se sentent isolés. 

Pourquoi avez-vous autant de servants d’autel ou servantes d’assemblée ?
Sur la paroisse, une quarantaine d’enfants sont engagés. Etre proche de l’autel, aide à être attentif à ce qui s’y déroule. Chacun peut en assumer une responsabilité, par exemple : chants, lectures, quête ou procession qui donnent rythme et sens à la liturgie et aident à rencontrer le Seigneur. Il ne s’agit pas de chercher d’abord à occuper les jeunes, mais de leur apprendre à être disponibles : silence et adoration intérieure sont aussi importants. Les servantes d’assemblée portent par leur recueillement la prière des fidèles, elles continuent à prier pour eux dans la semaine. Les enfants ont une grande profondeur spirituelle ; entourés d’adultes à la foi vivante, ils prennent leur place.

Tout fout le camp!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), septembre-octobre 2020

Texte et photos de Nicole Monney

Tout fout le camp ! Je suis sûre que bien des personnes ont déjà entendu cette phrase voire l’ont dite elles-mêmes.

Il est vrai qu’elle est déstabilisante, cette sensation que nos repères partent. Nous avons beau vivre dans une monde individualiste, où le « je » a une place privilégiée, toutefois, nous tenons à certains principes ou valeurs. Ils sont aussi nos points de repères qui malgré tout nous permettent d’avancer certes, mais surtout nous rassurent.

Changements en catéchèse
Ma dernière expérience d’un changement majeur qui a chamboulé bien des personnes date d’il y a deux ans. Les réflexions étaient les habituelles : « Pourquoi changer quelque chose qui fonctionne bien ? Changer pour changer, ça n’a pas de sens ! Nous ne voulons pas être des cobayes ! A-t-on pensé aux conséquences ? Ça sert à quoi ? On était bien comme cela. »

Ce changement était la sortie du cheminement vers la vie eucharistique (première communion) de l’école. Aussi, cela impliquait que les enfants soient accompagnés d’un adulte et de réserver 2 à 3 heures pour une rencontre qui se déroulerait soit le mercredi après-midi, soit le samedi, trois fois dans l’année ! 

En réalité, je ne faisais que suivre les nouvelles directives du diocèse qui souhaitait que les enfants suivent la préparation en paroisse, entourés des adultes de la famille, de la communauté pastorale et de tous les fidèles. Ainsi, ils seraient plus intégrés dans la vie communautaire et la communauté se rendrait plus compte du cheminement de ces jeunes chrétiens en devenir en les suivant pas à pas et non plus en étant juste présente au moment de la messe de leur première communion.

Bilan des changements
C’est ainsi, que maintenant depuis deux ans, les enfants et les parents suivent cette nouvelle manière de faire, malgré les contradictions lors de la séance d’information. Le bilan a été plutôt positif dès la première année. Les échos des parents dans la majorité étaient : nous craignions l’ennui, la catéchèse à haute dose, la moralisation comme l’Eglise savait si bien le faire et non, nous avons été surpris en bien. Nous apprenons certaines choses, mais surtout, c’est sympa de passer un temps privilégié avec mon enfant, sans ses frères et sœurs. Pour certaines personnes cela a été même une réconciliation avec l’Eglise sans pour autant passer dans un autre extrême, mais toujours est-il que l’image est moins négative. 

Les échos des enfants sont aussi très positifs, ils apprécient de se sentir accompagnés dans leur démarche, de partager ce moment privilégié avec l’adulte. C’est moins barbant que le catéchisme à l’école ! 

Attention, tout n’était pas rose. Il y a évidemment eu aussi des parents insatisfaits qui continuaient à penser que l’« ancien » système était mieux ou tout aussi bien, voire que le nouveau était une perte de temps et qu’ils n’avaient pas besoin d’un rafraîchissement de catéchèse. 

De cette première année, « fameuse année de transition », un peu chaotique au niveau de l’organisation aussi, il faut relever que le contenu n’a convenu ni aux animatrices, ni aux familles. C’est pourquoi, l’année passée, le programme a été modifié et nous l’avons axé davantage sur la messe et le sacrement. Ce qui a conduit que les rencontres soient suivies d’une messe afin d’appliquer ce qui avait été vu juste auparavant. C’est avec joie et beaucoup de respect que nous constatons que les enfants et les adultes ont joué le jeu de participer à la rencontre et à la messe qui suivait. 

Les propositions pastorales pour la famille
Covid-19 oblige, nous n’avons pas encore les échos de tous les parents concernant le cheminement de cette année. En effet, comme les messes de premières communions ont dû être déplacées en automne, nous n’avons pas encore fait les bilans avec les parents et les enfants. Ce qui est sûr, c’est que de mon côté, je suis bien heureuse de voir l’évolution de cette manière de faire. On a beau dire que « tout fout le camp », que nos rituels viennent à changer, mais dans le cas présent, c’est un mal pour un bien. Il a toujours manqué, et il manque encore, de la pastorale des familles. On pense aux enfants en leur proposant du catéchisme à l’école. On pense aux seniors en leur proposant des rencontres dans le cadre de la vie montante ou des messes en semaine. Mais les familles ? Qu’y a-t-il pour vivre la foi en famille ? Certes il y a les messes dominicales, mais vous conviendrez avec moi que ce n’est pas un succès fou. Il y a l’Eveil à la foi pour les enfants de 0 à 6 ans environ, mais malheureusement, pas dans toutes les paroisses. Et pourtant, bien des paroisses essaient de mettre sur pied des messes des familles, des rencontres en famille autour d’un moment de convivialité, comme la chandeleur à Romont. Mais la réponse est minime. Que faire, faut-il faire plus de pub ? Ou est-ce le reflet de cette génération qui ne souhaite plus de contact avec l’Eglise ou alors consommer juste ce qui est nécessaire, comme lorsqu’on va dans un magasin, et où on ne prend que ce dont on a besoin ? Ceci pourrait être le thème d’un autre article.

Ainsi, si ce moyen de préparation peut contribuer à faire vivre la pastorale des familles, je ne peux qu’y adhérer. Est-ce qu’il y a plus de monde dans les églises ? Je ne sais pas, mais peut-être que les familles s’y ennuieront moins lorsqu’elles iront à la messe dorénavant. Ce n’est plus de mon ressort. Dieu agit selon le plan qu’il a pour chacun.

Moralité : ne soyons pas réfractaires à tous les changements. Essayons, avançons, parce que cela nous permet parfois de découvrir d’autres facettes de la foi. Dieu ne veut pas nous confiner dans une manière de vivre notre foi, mais au contraire, nous ouvrir à la nouveauté. Rappelons-nous, Jésus nous a montré l’exemple, il a été le premier à chambouler les habitudes et les traditions juives. Comme pour beaucoup de choses, tant qu’on n’a pas essayé, on ne peut pas savoir.

«On m’a changé mon curé!»

«Tout fout le camp»: messe de 8h30 supprimée, nouveau curé, plus de secrétaire de paroisse, un inconnu comme président du conseil économique… «Je ne reconnais plus ma paroisse», peut-on parfois ouïr à la rentrée pastorale… Pourquoi donc tant d’émotionnel face à ces changements pourtant usuels?

Par Thierry Schelling
Photos: Jean-Claude Gadmer, Pxhere, Pixabay, DRMuter un prêtre ou réorganiser un horaire de messes déstabilise plus qu’il ne faudrait. A un point même qui peut surprendre. Il est vrai qu’inhérent à toute pratique religieuse s’expérimente con gusto la sécurité de la routine : « Dans la société, tout bouge, se déplace, y compris les citadins. Je peux comprendre que temple ou église doivent rester immuables afin de rassurer tout un chacun qu’au moins ça, ça ne change pas », confie la syndique d’une commune de l’Ouest lausannois.

Changement de prêtre

Il n’y a pas un manque de vocation dans nos contrées, à compter le nombre d’hommes et de femmes engagés à tous les niveaux (ou presque !) de la vie d’Eglise. Mais force est de constater qu’il y a raréfaction de prêtres. Cependant, on oublie que leur déplacement est souvent dicté par la nécessité d’équilibrer les forces (et les faiblesses !) sacerdotales sur tout le territoire diocésain, et est parfois décidé sur demande du concerné, pour des raisons objectives – sentiment du « devoir accompli », études spécialisées… – ou plus personnelles (santé, incompatibilité, etc.). 

Il n’en demeure pas moins vrai que le curé « clef de voûte » de toute une communauté qui le considère comme père, psy, conseiller, entremetteur, entrepreneur, c’est fini. Depuis des décennies. Ce qui, peut-être, est devenu habitude au sein du clergé – soit changer régulièrement – n’a pas été absorbé encore par maintes ouailles : « A la suite du départ de notre curé, nous nous sommes sentis orphelins », gémit une paroissienne très affectée par la réorganisation de son UP. Il y a désormais trois autres prêtres qui viennent, lui fait remarquer le modérateur, mais rien n’y fait : « Notre curé est parti. » Silence inconfortable de part et d’autre.

Horaires de messe

Les changements d’horaire des messes, un thème qui interpelle.

Un autre sujet qui mobilise fortement le « peuple de Dieu » : le changement d’horaire de la messe ! La sacro-sainte tabelle des célébrations est gage d’inviolable pérennité : « Mais… on a toujours fait ainsi ici, Monsieur le curé », fredonne-t-on sur divers tons plus ou moins mélodieux.

Or, leur réajustement est décidé, souvent pour faciliter la mobilité des célébrants qui, c’est vrai, diminuent, ou par justice envers plusieurs communautés « convivant » sur un même lieu ou parce que des travaux dans un sanctuaire en exigent la fermeture temporaire. Un paradoxe s’ensuit : alors que l’attachement des paroissiens à un horaire aurait semblé nourrir et renforcer leurs liens réciproques, dès le changement, dûment expliqué, annoncé, préparé, d’aucuns partent ailleurs illico presto pour retrouver avant tout… leur horaire fétiche ! Faisant fi de la communauté et du curé, les voilà soudainement mobiles ! Et le secrétariat essuiera pendant quelque temps les foudres des mécontents qui brandissent leur résolution : « Veuillez ne plus m’adresser de courrier de mon ex-paroisse ! »

Pourquoi ?

Ignace de Loyola parlerait-il d’« un attachement désordonné » ?

La religion, opium du peuple, garante des traditions, assurance-vie éternelle face à une vie terrestre ardue… La religion… on a dit tant de choses et l’on constate, c’est vrai, qu’elle a notamment la tâche d’encadrer et de transmettre. Encadrer un groupe humain pour le faire devenir communauté et lui faire vivre, célébrer et rencontrer son Dieu – en lui transmettant des manières de dire, d’agir et de vivre qui identifient ce groupe et le distinguent par rapport à « la masse » environnante.

Or, ce qui caractérise la vie actuelle, c’est bien l’horaire, le timing. Et ce qui assure la transmission, c’est bien l’officiel de la religion : prêtre, catéchiste, rabbin, imam, c’est-à-dire quelqu’un  légitimement formé pour « livrer » la religion, pour ainsi dire, aux adhérents, afin qu’ils ne s’égarent pas, ne se « désalimentent » pas et, à leur tour, qu’ils puissent partager ce qu’ils reçoivent, en sachant que c’est juste… Et tout cela, dans un rythme familier et rassurant.

Du coup, lorsque horaires et ministres du culte sont modifiés, c’est – apparemment – toute la religion qui s’étiole. Mais n’y a-t-il pas là plutôt des relents d’infantilisme et de « cléricisme » 1 ?

Infantilisme : Ignace de Loyola parlerait-il d’« un attachement désordonné » lorsque le ministre des sacrements n’est jugé qu’au prisme de sa fonctionnalité et/ou de l’affect qu’on lui porte et non pas d’abord comme une personne à part entière ? « Ils ne sont même pas venus à la messe d’au revoir pour me saluer », raconte, ému, un confrère lors de son départ. Où est l’« adulte dans la foi » qui, dans tous les autres domaines de la vie – professionnel, marital, familial, amical – vit ces changements structurels régulièrement, mais qui, quant à la vie ecclésiale, est complètement déboussolé ? L’écart entre vie « normale » et vie « chrétienne » a-t-il atteint son paroxysme ?

« Cléricisme » : le Concile Vatican II a renversé le schéma ecclésial prévalant alors : il a fait des clercs – le traditionnel haut de l’édifice – les serviteurs de la base qui pour le coup se retrouve sur le devant de la scène du monde et de l’ecclésiologie moderne. L’Eglise, c’est d’abord le Peuple de Dieu, laios tou theou2, les laïcs. Et malgré les notions de sacerdoce universel au nom du baptême, d’égalité entre femmes et hommes devant Dieu, de rapports synodaux et complémentaires non de par la différence sexuelle mais par les compétences (qui, elles, sont asexuées !) entre laïcs et ordonnés/consacrés, le réflexe que l’Eglise, c’est le clergé – voire le Pape ! – est encore bien vivace. C’est vrai, le Concile n’a que 60 ans à peine…

1 Néologisme pour éviter l’écueil du mot cléricalisme par trop galvaudé tant par ses défenseurs que ses pourfendeurs…
2 Terme grec pour Peuple de Dieu.

Alors, cette rentrée ?

Depuis que les célébrations, les écoles, l’industrie, la vie en quelque sorte, ont repris, des horaires auront été modifiés (cf. encart en page II), et des prêtres déplacés. Peut-on imaginer que ces changements sont accueillis « adultement » ? « Dans le fond, la communauté me manque », écrit une paroissienne à son curé sur le blog qu’il a ouvert dès les débuts de la crise du Coronavirus. Eh bien, moins de messes pour « groupuscules par trop rivés à leur banc d’église » et plus de regroupements intercommunautaires ne sont-ils pas souhaitables désormais ? Et pourquoi ne pas continuer à « skyper » les liturgies pour qui ne saurait réussir à venir à 10h le dimanche parce que malade, occupé avec des enfants en bas âge ou simplement désireux de revivre la profondeur de son attention participative comme lors du confinement ? On peut toujours écrire d’autres traditions…

Rentrée post-Corona

Pendant la pandémie, pasteurs et prêtres ont constaté que les célébrations liturgiques transmises par les multiples formes de réseaux sociaux ont attiré plus de monde que celles célébrées aux temples et églises… Qu’est-ce à dire ? Pour bien des paroissiens, ce fut une occasion inouïe de (re)découverte des gestes et des paroles de la célébration chrétienne qui, même par communion de désir, semblait remplir les cœurs et les esprits de manière plus bénéfique, plus sereine et plus adéquate qu’en « live » ! Il convient d’y réfléchir sérieusement. Comment prolonger cette qualité de participation ? Moins pour mieux, probablement. Et peut-être aussi lentement que nécessaire, mais rapidement que possible…

Et aujourd’hui, où es-tu?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse catholique de langue française de Berne, septembre 2020

Par Isabelle Perrenoud | Photo: RP

Désertées, les rues se terrent, les avenues se taisent : le monde s’est mis entre parenthèses. Sans tergiverser. Dans l’urgence et par obligation. Dans le désarroi et la consternation.

Basilique de la Trinité, Berne

Mal à l’aise, confiné, à l’étroit, il se replie, retient son souffle. Il étouffe. Pourtant, il se soumet. Du mieux qu’il peut. Il se protège. Son avenir est en jeu. La peur de la mort l’oppresse, effrayante ; et puis celle du manque, plus lancinante. 

Alors qu’il se nourrissait de bruit et s’abreuvait de tumulte, le voilà condamné au silence ; alors qu’il s’adonnait à la consommation à outrance, il se voit contraint à l’abstinence. Du jour au lendemain, il n’a plus rien à se mettre sous la dent. Plus possible d’assouvir son besoin de croissance. Ses envies traînent la patte, ses désirs font la manche, ses rêves d’expansion se heurtent à des barrières sans repères. Quelle galère ! Pas même de quoi tromper l’angoisse du vide qui, grandissante, l’étreint. Ne lui reste, pour seule distraction, que le râle de sa propre respiration : un son rauque, une longue plainte, un gémissement. Funestes parenthèses. Rien ne va plus ! Où est l’issue ? 

Le monde tremble, pâlit, serre d’un cran sa ceinture. Il a faim d’activités et de mouvement ; il a soif d’antan. Il regarde ses projets qui, brisés, gisent à terre. Plus que des miettes. Et des pertes. Abasourdi, le ventre creux, sevré de profits, il s’ennuie, dépérit. Deux mois suffisent pour mettre en lambeaux son économie. Pauvre de lui ! Il végète. Et parce que l’ennemi le guette, à peine ose-t-il encore un œil par la fenêtre. Ruines et désolation ! Il tire les rideaux : le spectacle est terminé. 

Où étais-tu, à ce moment-là ? Où étais-tu quand le dimanche ne t’invitait plus à communier au pied de l’autel ? Où étais-tu quand l’ambon, planté sans voix au milieu d’un chœur désert, attendait en vain l’arrivée des fidèles ? Où étais-tu quand tes pas solitaires ne pouvaient plus rejoindre l’élan communautaire ? Et quand les cloches ne sonnaient que pour éveiller le souvenir douloureux d’un peuple dispersé, où étais-tu ? 

Tu n’avais eu d’autre choix que de te retirer dans ta chambre. Tu avais fermé la porte sur toi et priais ton Père, qui est là, dans le secret. Sans bruit, tu Lui as dit : « Me voici ! » Comme tu étais, Il t’a accueilli. Il t’a vu et te l’a rendu : tout à coup, tu as perçu que là, dans le mystère de ton cœur, tu n’étais nulle part ailleurs que dans la maison de Dieu. Quand tu as ouvert les yeux, quelque chose avait changé. Mais quoi ? Du silence, la réponse est venue : à ce moment-là, tu as su que partout – partout ! – tu n’es jamais que dans la demeure de Dieu. 

Tu as soulevé le rideau, osé un œil par la fenêtre. Tout ruisselait de beauté et de vie. Dans le souci de ne rien profaner, le pas aussi respectueux qu’à l’approche du tabernacle, tu as poussé la porte de ta chambre. Tu as traversé la rue, longé l’avenue. En chaque lieu, en chaque souffle, dedans comme dehors, en ton chez-toi comme sous l’immensité du ciel, tu as compris que tu n’étais jamais que chez Lui. 

Et aujourd’hui, où es-tu ?

Merci, bienvenue

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), septembre 2020

Photos: DR et C. Jonard

Tout fout le camp

C’est la rentrée. Certain(e)s s’en vont tandis que certain(e)s arrivent. Il est l’heure de prendre acte des changements intervenus à l’occasion du passage à la nouvelle année pastorale. C’est à la fois le moment de la prise de congé et celui de l’accueil, le temps des MERCIS et celui des BIENVENUES.

Cette année, trois dames quittent et trois dames rejoignent nos paroisses. Joëlle Carron, Johanna Barras et Lucie Perruchoud cessent leur engagement pastoral au service du décanat. Elles sont « remplacées » notamment par Aline Jacquier, Anne-Laure Kaufmann et Jacqueline Kocher (Stoeri).

Merci et bienvenue donc !

Tout d’abord MERCI ! MERCI à vous trois, Joëlle, Johanna et Lucie !

Vous avez œuvré quelques années au service de la pastorale des paroisses du décanat. Vous y avez consacré votre énergie, votre disponibilité, votre enthousiasme, votre foi. Pour ces années passées au service de nos paroisses, soyez remerciées. Nul doute que dans chacune de ces communautés aussi diverses que variées, votre souvenir laissera une trace. Nul doute aussi que ces années auront gravé en chacune de vous quelques bons souvenirs. 

Que votre avenir, ici ou ailleurs, soit rempli de joie et de foi en Celui qui nous réunit tous. Belle route à vous !

JHS

Ensuite Bienvenue !

Aline, Anne-Laure et Jacqueline se présentent en quelques mots…

Aline Jacquier 

« J’ai grandi à Fully avec mes parents et une sœur de 4 ans ma cadette ; j’y vis encore aujourd’hui. Après une maturité professionnelle commerciale, j’ai complété ma formation par un brevet fédéral d’assistante de direction, profession que j’exerce depuis 10 ans dans une concession automobile à Sion. 

En parallèle, j’ai obtenu un CAS (Certificate of Advanced Studies) en animation jeunesse en milieu ecclésial à l’université de Fribourg et vient de terminer la première année du Parcours Théodule. De plus, je suis membre du comité JMJ romand et ai participé à l’organisation de plusieurs éditions dont la dernière à Panama en 2019. »

Anne-Laure Kaufmann

« Mère de deux garçons de 8 et 6 ans et épouse d’un mari formidable nous habitons Sion dans le quartier de Champsec. L’an passé mon fils aîné a suivi le parcours du pardon, j’ai ressenti le désir de m’impliquer davantage pour que les enfants puissent expérimenter plus souvent ce temps de Miséricorde. Il y a quelques années, mon curé m’a proposé de parfaire ma formation chrétienne à travers le parcours Théodule proposé par le diocèse. Aussi quand l’Eglise m’a appelée pour l’aider dans sa mission d’évangélisation des enfants à travers le parcours du pardon, c’est tout naturellement que j’ai accepté. »

Jacqueline Kocher (Stoeri)

Née à Sion, j’ai grandi à Crans puis enseigné 11 ans dont 8 à Sion, 1 à Uvrier. Puis : missionnaire 18 ans, durant lesquels je me suis mariée. Puis 10 ans : catéchiste à Belfaux. Et me voici. 

Je crois en Dieu. L’annoncer fera ma joie auprès des enfants de 8H, 3H, 2H, et auprès des confirmands de 7H. Ma mission : semer des récits bibliques, des petits moyens pour la prière, aider vos enfants à réfléchir, avec leur cœur et leur intelligence, dans LEUR recherche de la Vérité.

C’est Dieu qui donne la foi. Heureuse d’être à Son service et de vous rencontrer, vous et vos enfants.

La rentrée… avec un défi!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP de la Champagne (GE), septembre 2020

Pour l’équipe pastorale: Amandine Beffa | Photo: Pixabay

Quels souvenirs vous évoquent la rentrée ?

Moi, elle me rappelle le premier jour d’école, la nouvelle maîtresse, l’odeur du matériel scolaire, les livres à couvrir…

C’était aussi l’occasion de retrouver les amis que je n’avais pas forcément vus pendant l’été, de reprendre avec eux des activités ou d’en découvrir de nouvelles. 

Cette partie-là n’a pas changé, le mois de septembre rime toujours avec la reprise de certaines activités et la joie d’y retrouver des amis. Mais je me rends compte que si je dis que Jésus est comme un ami, je ne lui donne pas la même place dans mon agenda…

Et si cette année, nous nous réjouissions de Le retrouver en septembre ? De commencer une nouvelle activité avec Lui ?

J’aimerais nous lancer un défi : lire chaque semaine un chapitre de l’évangile selon saint Marc. Il y a 15 chapitres, cela nous mènera donc presque jusqu’à Noël.

Chacun trouvera son rythme : certains préféreront lire un chapitre d’un coup le dimanche après-midi, d’autres un petit morceau chaque matin avec le café
ou quelques versets dans le tram en allant au travail… tout est possible. L’objectif est simplement de passer un peu plus de temps avec Notre Ami chaque semaine. 

Pour approfondir la lecture, on peut prendre le temps de répondre à ces questions : qu’est-ce que ce passage me dit de Jésus ? Qu’est-ce que ce passage me dit à moi, personnellement ?

Que cette année nous apporte beaucoup de joie avec le Seigneur !
« … je me rends compte
que si je dis
que Jésus est
comme un ami,
je ne lui donne
pas la même place
dans mon agenda… »

Tout fout le camp

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), septembre 2020

Par l’abbé Pablo Pico, vicaire | Photo: Yves Crettaz

S’il est préférable d’allumer une lumière plutôt que de maudire les ténèbres, cependant, il faut bien reconnaître que notre époque manifeste une instabilité inquiétante à plusieurs niveaux : éducation, vie de couple, santé, politique, vie sociale, foi, etc.

Au coeur de la tempête, une chose demeure, nous dit saint Paul, c’est l’amour. L’amour qui prend patience, rend service, ne jalouse pas, ne se vante pas, ne cherche pas son intérêt, ne s’emporte pas, n’entretient pas de rancune, supporte tout, fait confiance en tout, espère tout, endure tout. Et l’apôtre de conclure : « L’amour ne passera jamais » (1 Corinthiens 13, 4-8).

Une telle exigence semble bien dépasser nos forces, souvent bien faibles. Or, le même apôtre Paul reçut du Seigneur cette révélation : « Ma puissance se déploie dans la faiblesse » (2 Corinthiens 12, 9). Cette expérience d’un Dieu qui se déploie dans la faiblesse de l’homme lui laissa une telle impression, qu’il peut dire : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Corinthiens 12, 10).

Le Christ, en prenant notre condition humaine, est venu allumer une lumière sur terre, la révélation que « Dieu est Amour », et que « celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu » (1 Jean 4, 16). Au milieu des tempêtes de ce monde, nous avons désormais l’espérance bien ancrée dans les Cieux, où Jésus est entré pour nous en précurseur (Hébreux 6, 19-20).

Porte ouverte

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), septembre 2020

Par le Vicaire Denis Lamon | Photo: DR

Tableau peint par Thérèse de Lisieux.

Une nouvelle année pastorale qui commence c’est une porte qui s’entrouvre…

« Tout change, seul le changement ne change pas », dit le philosophe.

L’homme me fait penser à quelqu’un qui sort de chez lui et perd ses clefs. Que de difficultés avons-nous à vivre dans notre maison intérieure, comme à accueillir les changements extérieurs.

« Moi, je suis la porte, dit Jésus. Si quel­qu’un entre en passant par moi, il sera sauvé. Il pourra entrer, il pourra sortir et trouver un pâturage. »

Et si la clef de la vraie liberté était celle qui permet d’être en paix avec soi-même et à l’écoute de Dieu, tout en acceptant que les choses et les manières de faire évoluent sans cesse ?

Ce tableau peint par sainte Thérèse de Lisieux représente Jésus qui frappe à la porte. Il n’y a pas de poignée pour ouvrir, ni de clef pour fermer. Chacun est libre d’ouvrir ou de fermer la porte. Jésus respecte infiniment la liberté de chacun.

Aujourd’hui les moyens de communication nous permettent de contacter n’importe qui n’importe quand et n’importe où (parfois même n’importe comment…). Et si je me branchais davantage sur le Wifi du Bon Dieu pour lui confier tout ce qui fait ma vie ? Il s’agira alors non plus d’une communication, mais d’une véritable communion, telle que nous la décrit le dernier livre de la Bible !

« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. »

Si je suis à l’aise dans mon « chez-moi » en présence de Dieu, je serai d’autant plus heureux d’ouvrir ma porte aux imprévus. Pour cela, il faut parfois « faire le ménage » ainsi que quelques rangements dans mes priorités et mon emploi du temps. Si ma « connexion » avec Dieu devient lente, il faudra changer mon abonnement internet : c’est-à-dire passer plus de temps en sa compagnie dans la prière et le recueillement.

A chacun, je souhaite l’audace d’ouvrir à qui frappera à votre porte, le bonheur d’emprunter autant que possible la porte de la liberté et la joie d’avoir toujours sur vous la clef de la paix, tout au long de cette nouvelle année pastorale.

Une nouvelle année pleine de promesses

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Troinex, Veyrier-Vessy et Compesières (GE), septembre 2020

Par Isabelle Hirt | Photo: DR

Une nouvelle année pastorale commence pour nous, l’année 2020-2021. Nous l’avions imaginée différente, mais plus stable. Un printemps 2020 perturbé par le COVID-19 et d’autres aléas nous appellent à la patience. Nous attendons la nomination définitive de nos trois agents pastoraux, les abbés Gilbert Perritaz et Elie Maomou et une assistante pastorale, moi-même. Nous attendons l’union officielle par notre évêque diocésain de notre unité pastorale et de l’UP Carouge-Acacias. Nous attendons une décision sur le nom qu’elle portera. Tout cela devrait enfin trouver résolution en début d’année 2021, mais en attendant le travail se poursuit.

L’équipe pastorale sait aujour­­d’hui qu’elle ne pourra pas compter sur une quatrième personne, mon propre temps de travail est simplement augmenté à 100%. Les présidents et les trésoriers de nos Conseils de paroisse étudient une solution pour assurer les dépenses communes tout en maintenant une indépendance souhaitée pour chaque paroisse. Un site internet est en construction pour une information plus rapide et interactive et pour favoriser la communication à l’heure du numérique. Le Conseil de l’unité pastorale Salève (CUP) devient le Conseil pastoral Salève et un nouveau CUP va être constitué, qui rassemblera des délégués de chaque paroisse et travaillera en étroite collaboration avec l’équipe pastorale.

Pour notre région Salève, l’horaire des messes est maintenu et les samedis de catéchèse familiale reprennent. Nous nous réjouissons de fêter le 20 septembre les 60 ans de sacerdoce de l’abbé Xavier Lingg et le 4 octobre les premières communions qui auraient dû être célébrées en mai. 

Venez et voyez !
En bref, et comme vous vous en apercevrez, peu de choses vont être modifiées dans notre pratique pour cette année. Pourtant beaucoup sont l’objet de réflexions et sont en chantier. C’est pourquoi, plus que jamais, nous avons besoin d’un peu de votre temps et de votre engagement pour poursuivre le chemin. Chacun pourra donner selon ses possibilités et ses talents, et si l’avenir de notre Eglise, et en particulier de nos paroisses, vous intéresse, n’ayez pas peur de vous approcher. Venez et voyez ! disait Jésus. Un petit moment de dialogue à la sortie d’une messe ou un téléphone ne vous engage à rien et peut nous apporter beaucoup, à vous, comme à nous. N’ayez pas peur ! Encore une parole que l’on retrouve si souvent dans la Bible. Nous trouverons une place pour vous dans nos communautés, une place comme vous le souhaitez, aussi petite et modeste que vous l’aurez choisie, mais une place indispensable pour que nos communautés soient belles et vivantes. 

A bientôt, nous vous espérons !

Tout fout le camp, sauf l´(essen)ciel

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Sacré-Cœur, Ouchy-Lausanne (VD), septembre 2020

Par A. Jossi-Zamora Photo: Pierre Jossi

Suite à la pandémie de Covid-19, nous avons l’impression que beaucoup de choses ont changé autour de nous, qu’il y a le monde d’avant et celui d’après. 

C’est en grande partie vrai. Nous avons adopté des nouveaux rapports sociaux, une distance de prudence, plus d’embrassades et presque un sentiment de crainte lorsqu’on s’approche trop près de nous ! Il y a également, éternel débat, la différence entre les personnes âgées et les plus jeunes ; entre la presqu’interdiction de sortie et de contacts pour les uns et le laisser-aller insouciant des autres. Il existe alors la tentation de se dire : – Ah, c’était mieux avant !

Or, l’existence, celle de toute créature vivante, plantes comprises, dépend de la capacité d’adaptation à des circonstances nouvelles. Nous sommes voués à l’évolution, au mouvement ; ne pas vouloir bouger mène à la sclérose, à la pétrification voire à la disparition.

Il en va ainsi dans tout le règne animal : lorsque le biotope, le milieu dans lequel on vit, se transforme, ceux qui ne s’adaptent pas disparaissent.

Bien sûr le changement nous fait peur car, que va-t-on trouver ensuite ? Est-ce que ce sera mieux ou moins bien ? Nous aimons la fausse sécurité de l’immuable.

Pourtant, des grands bouleversements ont engendré des améliorations sur notre terre. Par exemple, la météorite qui a exterminé les dinosaures a permis l’apparition d’un monde plus sûr pour l’être humain ; des révolutions ont apporté des progrès sociaux que nous apprécions tous. Mais surtout, nous, chrétiens, avons choisi de suivre notre Seigneur Jésus le Christ, ce Messie qui est venu transformer radicalement le rapport de l’homme au Ciel.

Alors oui, tout fout le camp peut-être, mais pas le Ciel, ni la divine Miséricorde. Ce qui reste de vraiment immuable c’est notre Père, le Dieu créateur qui, dans la gloire, avec son Fils et l’Esprit Saint, veille avec amour sur la destinée des créatures terrestres. Concernant la fin des temps, qu’à chaque catastrophe des gourous s’empressent de nous annoncer, n’oublions pas ce qui est dit dans les Ecritures :

« Quant à la date de ce jour, et à l’heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne que le Père seul. » (Mt 24, 36)

L’année du changement

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unité pastorale de Meyrin-Mandement (GE), septembre-octobre 2020

Par Olivier Humbert | Photo: DR

Chers paroissiens,

L’année pastorale qui commence ce mois va nous apporter beaucoup de nouveautés. Après avoir pris congé avec émotion le 30 août dernier de notre cher père et curé modérateur Jean-Philippe, nous allons accueillir une toute nouvelle équipe pastorale qui vous accompagnera dans les années qui viennent. Le nouveau curé modérateur s’appelle Robert Akoury. Il nous a fait l’amitié de se présenter lui-même dans le bulletin que vous tenez entre vos mains. Vous pourrez faire sa connaissance prochainement à l’occasion des messes dominicales ou d’autres événements paroissiaux. Robert pourra aussi compter sur l’aide précieuse d’une assistante pastorale en la personne de Marta Herrera. Marta est une femme d’expérience, ouverte, joyeuse  et dynamique. Elle accompagnera comme formatrice Emily Toole, une jeune femme qui se prépare à travailler elle aussi plus tard au service de l’Eglise. Un prêtre polonais qui se prénomme Kamil viendra aussi partager en partie durant une année notre vie paroissiale et rendre quelques services. Kathy Perret, quant à elle, va continuer son engagement bénévole au sein de notre équipe pastorale.

Cela fait beaucoup de changements qui vont transformer peu à peu nos paroisses de Meyrin. Je vous demande d’accueillir chaleureusement cette nouvelle équipe, ce que nous pourrons faire ensemble lors de la messe du 27 septembre prochain à la Visitation, si la situation sanitaire le permet bien sûr. Pour ma part, après 15 années passées avec joie au milieu de vous, je suis heureux de continuer encore une année à Meyrin, après quoi je serai nommé… ailleurs. 

Que le Seigneur nous accompagne toujours et nous fasse grandir dans la foi et l’amour, après une année très particulière. Bonne rentrée pastorale à nous tous!

La crise du Covid-19: qu’en penser?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Vallée d’Illiez (VS), septembre 2020

Texte et photo par Jean-Michel Moix 

Cette pandémie du Covid-19 a bouleversé notre quotidien depuis ce printemps. Peut-être qu’à l’avenir on parlera des années 2019-2020 comme des années charnières qui ont plongé nos nations dans une nouvelle ère, de même qu’en 1789, le Royaume de France connaissait une révolution qui allait transformer le pays de fond en comble (révolution qui allait provoquer en France, quelques années plus tard, une grave crise économique et financière, ainsi que l’accession au pouvoir d’un dictateur : Napoléon Bonaparte qui allait porter le feu de la guerre à travers l’Europe…) Avec les événements du Covid-19, n’assiste-t-on pas au début d’une révolution (s’étalant sur plusieurs années) et qui va « affecter » non pas seulement une ou deux nations, mais l’ensemble des nations ?! 

On serait tenté par ailleurs de relier les événements liés au Covid-19 à un livre publié en 1949 : « 1984 », célèbre roman-fiction (ou roman d’anticipation diront d’autres) écrit par Georges Orwell. Orwell « imagine » le monde en l’an 1984, alors qu’il est soumis à des régimes policiers et totalitaires, avec une surveillance étroite de la population (« Big Brother »). Et aujourd’hui ? on nous parle du traçage des personnes. Chez nous en Suisse, ça s’appelle « Swiss-Covid » : c’est un logiciel qu’on n’a plus qu’à installer sur nos portables-téléphones et qui est censé nous informer si nous avons été en contact avec une personne infectée. Bien sûr, nous dit-on, c’est pour notre bien, c’est pour notre santé, c’est pour interrompre les chaînes de transmission, c’est pour l’intérêt général. Mais toutes ces bonnes et louables intentions justifient-elles la mise en place d’un traçage général de la population, d’une surveillance de tous nos déplacements et de tous nos « contacts » ? 

Et puis que fait-on pour les personnes atteintes par le Covid ? Outre le fait que celles-ci doivent se mettre en quarantaine durant près de 14 jours, leur propose-t-on (du moins en Suisse) un traitement ? Ou bien on attend ? Soit la personne se remet par elle-même, soit sa santé se « péjore », et c’est direction l’hôpital. Quant aux traitements (de prévention ou en début d’infection), il y en a un qui a été préconisé par le professeur Didier Raoult de Marseille, à base de chloroquine. Il n’est pas cher. Il est efficace (selon des études sérieuses dirigées par le Dr Raoult) Mais il est décrié ou décrédibilisé par d’autres milieux qui mettent en avant un autre « médicament » : le « Remdésivir », allez savoir pourquoi : il est produit par une grande firme pharmaceutique (Gilead), il est accrédité par les grands médias, son efficacité est sujet à caution et… il est cher, très cher.

Disons encore justement deux mots de nos médias. Avez-vous remarqué ? Ils ont l’art de nous instiller « le virus de la peur », ils nous transmettent des nouvelles « alarmantes », ils ne cessent de nous mettre en garde contre une possible reprise de l’épidémie, bref ils créent (si on les écoute au premier degré) une « atmosphère anxiogène ». Permettez-moi à ce sujet de vous citer un extrait du livre de C. S. Lewis, Tactique du diable, paru en 1942. C’est le dialogue (fictif) entre un démon expérimenté qui instruit un autre démon, novice, sur l’art de la tentation : « Et comment as-tu fait pour amener autant d’âmes en enfer à l’époque ? – Grâce à la Peur. – Oh, oui. Excellente stratégie : vieille et toujours actuelle. – Mais de quoi avaient-ils peur ? peur d’être torturés ? Peur de la guerre ? Peur de la faim ? – Non, peur de tomber malade – Mais personne d’autre ne tombait malade à l’époque ? – Si, ils tombaient malades. – Personne d’autre ne mourait ? – Si, ils mouraient. – Mais il n’y avait pas de remède à la maladie ? – Il y en avait. – Alors je ne comprends pas. – Comme personne d’autre ne croyait ou n’enseignait sur la vie éternelle et la mort, ils pensaient qu’ils n’avaient que cette vie, et ils s’y accrochaient de toutes leurs forces, même si cela leur coûtait. […] 

Ce dialogue devrait, quant à nous, nous faire réfléchir : en quoi ou en qui plaçons-nous notre foi ou notre espérance ? Sur la médecine humaine, sur les progrès scientifiques, sur un hypothétique vaccin-miracle ou en… Dieu ? Deux conceptions du monde s’affrontent : l’une où la vie humaine prend fin à notre mort physique ; l’autre où la vie humaine continue au-delà de la mort et prend la direction du ciel (si ici-bas nous avons mis notre foi en Dieu, si nous l’avons aimé, glorifié et servi) ! 

Garde du Pape à Rome

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Vallée d’Illiez (VS), septembre 2020

Texte et photos par Pierre-André Udressy de Troistorrents

Me voilà en silence, immobile, je songe à un paysage qui m’est bien connu. Un bruit continuel d’eau agitée me berce alors que je contemple… Soudain mon esprit tressaille, où suis-je ? La hallebarde que je serre entre mes doigts me le rappelle tout de suite: oui, ce n’est pas le bruit des torrents mais bien plutôt de fontaines. Songé-je à une montagne aux sept Dents ? Ce sont là sept collines il est vrai mais ce que je vois élevé devant moi est bien étrange. C’est la Cité éternelle, devant moi sa basilique ; c’est ce pays dont je protège une des entrées. Mais que fais-je ici ? La vallée que j’ai quittée me revient à l’esprit. Oui je suis bien en service en dehors de mon pays, mais je ne suis point le premier ; de mon village même, tant sont déjà partis pour la même raison. D’ailleurs j’entends dire de ces touristes qui passent « les voilà les Suisses, qui sont là depuis plus de 500 ans ». Je reprends conscience alors et me viennent à l’esprit les motifs de la garde « pour Dieu, pour l’Eglise, pour le Pape ». 

Nous pouvons alors nous demander si ce pays est vraiment étranger. C’est ici la « Pierre », le roc sur lequel se sont élevés au cours des siècles ces édifices cherchant les hauteurs, pointant le ciel, et cela n’est que le symbole de la mission du « garant » de la foi, du pasteur. Finalement ce pays ne serait-il pas nôtre ? Non pas par le privilège de l’avoir acquis par la petite armée mais bien parce que l’on y trouve par lui notre destinée, qu’on est véritablement unis ? 

Certes je trouve le temps de réfléchir au sens de la vie mais les nombreuses missions me ramènent bien vite à la réalité du service. C’est alors avec fierté que j’accomplis mon service, un service d’honneur bien souvent, ce qui peut paraître bien particulier dans notre monde avant tout utilitariste. Honneur, fierté, défendant le plus dignement que je puis le successeur de Pierre, et représentant tout à la fois mes origines ! 

Il est certain qu’il peut être désolant de songer à la situation environnante, de voir des pèlerins marcher sans savoir où ils vont, sans se tourner vers le Beau. Certes ils sont parfois laissés à eux même. Mais il n’y a pas à se décourager, je me ressaisis à nouveau et cherche à être le plus attentif que je peux. Car le service est avant tout la sécurité, la protection du Saint-Père. Nous nous devons d’être vigilants car nous ne connaissons pas le moment où adviendra quelque chose. Il me semble arriver aux oreilles ces paroles de l’apôtre « soyez sobres, veillez ».

Confinés et si actifs!

Par Thierry Schelling
Photo: DR
Aura-t-il fallu une pandémie, et tout le ressort de créativité du Peuple de Dieu et de certains clercs pour, comme jamais, réellement permettre ce qu’appelait de ses vœux le Concile Vatican II en matière liturgique, à savoir « la participation active » des fidèles au culte ?

« Concentré comme rarement », « en famille au rendez-vous tous les dimanches », « un tel choix que je me suis régalée », et j’en passe, telles ont été les confidences de maints paroissiens qui, pendant ce confinement, sont allés pêcher sur le web, youtube, podcast, etc. les propositions spirituelles et liturgiques tous azimuts, et qui s’en sont sentis nourris, pouvant opter pour quand, comment, avec qui et pendant combien de temps, ils et elles allaient… célébrer religieusement !

Participer activement, voilà qu’enfin les fidèles se sont sentis partie prenante, et ont exercé leur gouverne et leur bon sens au gré des sensibilités, besoins et disponibilités. 

Et l’esprit de corps ? La communauté ? Mais écoutons-les : « Certes distants, nous nous sentions si proches pourtant : dans le manque, mais aussi dans la démarche… nous avons fait Eglise autrement. » Activement !

Pour la rentrée, avec ou sans Corona, reste le mot d’ordre : Peuple de Dieu, soyez pro plutôt que ré-actifs !

«Entre incertitude et confiance»

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP de Notre-Dame de l’Evi (FR), septembre 2020

Texte et photo par l’abbé Claude Deschenaux

Depuis le mois de mars, dans notre unité pastorale comme partout d’ailleurs, nous vivons la pastorale différemment, tellement nous sommes mis face à l’incertitude, les questions, les peurs même parfois. 

Nous pensions être « libérés » des restrictions sanitaires pour l’organisation de nos liturgies et de nos rencontres, ce virus ne devant pas durer trop longtemps, il en a été autrement. Nous pensions aussi pouvoir revivre comme chaque année les messes dans nos chapelles qui sont des moments propices aux rencontres, à faire connaissance avec des personnes d’autres communautés, ayant plus de temps pour partager, notamment à la sortie des célébrations. Mais cette année, tout cela est resté au niveau du désir, voire du rêve. 

Au nom de toute l’équipe pastorale, j’aimerais remercier toutes les personnes qui ont vécu tous ces changements avec compréhension mais aussi avec confiance. Bien sûr que cela nous a empêchés de vivre normalement tout ce qui fait la vie de nos communautés mais en même temps, je crois que nous avons raison de faire confiance à nos autorités qui ont tout mis en œuvre pour que notre région soit la moins touchée possible par cette pandémie. Nous ne pouvons que les remercier de nous avoir protégés, conseillés, soutenus.

Aujourd’hui encore, nous devons poursuivre nos efforts et nous laisser « bousculer » dans nos habitudes, les restrictions sanitaires durant encore quelques temps.

A l’heure où nous devons mettre sous presse notre journal, nous ne savons pas encore quels seront vraiment les horaires de nos célébrations de semaine et dominicales. Nous vous demandons de vous habituer à consulter la feuille dominicale qui paraît chaque jeudi, que vous pouvez recevoir gratuitement par mail en appelant le secrétariat de notre unité pastorale à la cure de Gruyères. 

Pour l’instant, nous avons dû revenir à des conditions plus strictes pour les funérailles, ayant constaté qu’il devient de plus en plus difficile de gérer le nombre de participants et de respecter les règles sanitaires. Ce n’est facile pour personne, ni pour nous, ni pour les pompes funèbres et surtout pas pour les familles qui ont pourtant besoin d’être soutenues dans l’épreuve de la séparation. Sachons porter dans nos prières toutes ces familles qui, depuis des mois, n’ont pas pu vivre leur deuil convenablement.

Il n’est pas toujours facile aussi de communiquer avec tous ces changements que nous vivons. Aussi, je vous informe que, dès le 1er septembre 2020, notre site internet sera en fonction.

Changement aussi au sein de notre équipe pastorale, l’abbé Fabien Benz a quitté notre unité pastorale à la fin du mois d’août, il sera remplacé par l’abbé Julien Toulassi (voir article « Rencontre avec…). Nous remercions l’abbé Fabien pour son ministère parmi nous et souhaitons la bienvenue à l’abbé Julien. 

Au nom de toute l’équipe pastorale, je vous souhaite une belle reprise dans vos activités familiales, professionnelles et paroissiales. Bien sûr que nous sommes encore dans l’incertitude du lendemain en raison de ce virus, mais nous sommes invités à vivre dans la confiance. « Ne vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine ». (Mt 6, 34)

Bonne reprise!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Barnabé (VD), septembre 2020

Par Roger Mburente | Photo: R. Mantuano

C’est la rentrée pastorale ! Les activités reprennent dans nos communautés. La Bonne Nouvelle est toujours annoncée, avec de nouveaux outils ou de nouvelles méthodes probablement, à cause du coronavirus, équation à plusieurs inconnues, et des difficultés de recrutement pour les postes pastoraux. 

« Je sais en qui j’ai mis ma foi. » (2Tim1, 12). Saint Paul écrit cette phrase alors qu’il est en prison à cause de son attachement au Christ. Il ressent sans doute l’échec humain et l’abandon de ses amis, mais il ne regrette pas de s’être donné au Christ qui est le fondement stable et inébranlable de notre vie.

En ce qui me concerne, s’il m’arrive de trouver difficiles et même pénibles certaines de mes journées, je n’ai jamais regretté le choix de servir l’Eglise de Jésus, différente bien sûr de l’institution qui a ses problèmes de « leadership » et de « management », comme toute organisation humaine. Ma venue et mon séjour dans vos communautés ne sont pas des parenthèses dans ma vie, mais de nouveaux chapitres, car « un chrétien n’est jamais arrivé, il est toujours en marche », aime dire le pape François.

Dieu, personne ne l’a jamais rencontré physiquement. En tout cas, pas moi ! Nous disons qu’il est partout, mais je suis convaincu qu’il est surtout là où nous le laissons entrer. Si nos cœurs sont comme des pierres, est-ce que nous sommes des lumières pour les autres ? Dieu est présent à travers nos rencontres et nos prières.

Alors que j’ai officiellement droit à la retraite, je remercie du fond du cœur toutes les personnes qui collaborent à la réalisation de ce journal par leurs articles et leurs conseils, mois après mois, en particulier la secrétaire de l’Unité pastorale qui gère la partie technique dans la bonne humeur ! Aujourd’hui, je ne peux pas dire comment seront assurées la rédaction et la coordination de l’Essentiel pour la suite : l’équipe pastorale est en train d’y réfléchir.

Durant mes cinq années au service de l’Unité pastorale Saint-Barnabé, j’ai rencontré des personnes qui m’ont fait grandir. C’est Dieu Lui-même qui les a mises sur ma route, car j’ai toujours besoin de lumière pour retrouver « Celui qui me relève » (cfr Ps 30, 2).

Ma gratitude va à vous toutes et tous qui vous souciez de ma santé (de nombreux témoignages me sont parvenus durant la période trouble de confinement) et de ma vie spirituelle ! Un merci spécial aux jeunes : ils ne remplissent pas les églises le dimanche, j’en conviens, mais ils ont un cœur en or. Ils m’aident à garder le cap : comme les disciples d’Emmaüs, ils sont dans le doute mais, en même temps, ils reconnaissent que le Christ est avec eux. 

Le 6 septembre 2015, alors que l’unité pastorale Saint-Barnabé accueillait les nouveaux membres de l’équipe pastorale (Mirna, Mathieu et moi-même) à Payerne, il m’avait été demandé de m’exprimer au nom des trois et voici le message que j’avais donné :
« Comme vous le savez, les membres des différentes paroisses de l’unité pastorale ne sont pas tous originaires de leur paroisse territoriale. Nombreux sont ceux d’entre nous qui proviennent d’autres régions de Suisse, d’autres pays et continents. L’Unité pastorale est en quelque sorte une petite parabole de l’universalité de l’Eglise du Christ. L’idéal, c’est que, dans nos communautés, il n’y ait pas d’étrangers ! Nous avons, dans nos paroisses, une bonne base pour vivre cet idéal, pour dépasser les frontières cantonales, nationales et culturelles. Et ça, c’est une chance à cultiver. » 

Ce message est toujours actuel ! Qu’il accompagne l’Unité pastorale Saint-Barnabé au cours de cette nouvelle année pastorale !
« Heureux qui s’abandonne à toi, ô Dieu, dans la confiance du cœur. Tu nous gardes dans la joie, la simplicité, la miséricorde ! »
(Frère Roger de Taizé)

La chapelle du Dâ (FR)

Texte et photos par Pascal OrtelliEn Gruyère, le village d’Estavannens ne manque pas de curiosités. Sur ses contreforts coule l’impétueuse cascade du Dâ. On y vient de loin pour puiser son eau aussi bienfaisante que celle de Lourdes. Ce ne sont pas les habitants d’Estavannens, les Stabadins appelés aussi « medze bakon » (mangeurs de lard), qui vous diront le contraire !

En contrebas de la cascade, la chapelle du Dâ offre une vue imprenable sur le Bays-Intyamon, tout en commémorant un grave accident. En 1841, quatre jeunes paysans sont emportés par une avalanche. L’hiver, ils avaient l’habitude de faire glisser le foin de l’alpage sur la neige. Joseph Jaquet, le seul rescapé (devenu par la suite président du tribunal de la Gruyère puis conseiller national et conseiller d’Etat) transforma en 1846 l’ancien oratoire en une chapelle dédiée à Notre Dame de Compassion.

Informations
Circuit depuis la chapelle des Marches à Broc : 2h45 – 9,15 kilomètres – 376 mètres de dénivelé.

La visite

1. Depuis la chapelle des Marches, prenez le tourniquet à l’angle de la terrasse du restaurant, descendez un court raidillon permettant de rejoindre le bord de la Sarine (10 minutes).

2. Remontez la Sarine, en ne manquant pas d’admirer à mi-parcours le Pont-qui-Branle. Poursuivez jusqu’au pont métallique de la route principale d’Estavannens (30 minutes).

3. Longez la route et au premier contour, prenez à gauche le sentier bordant le rucher. Attaquez la montée jusqu’au sommet du Rez de la Ferranna. Là vous verrez une ruine. Poursuivez sur la droite le long de la route forestière jusqu’au portail puis descendez le long de la route goudronnée. Après le deuxième contour, empruntez la route forestière qui vous conduira à une bifurcation signalée par un panneau jaune (45 minutes).

4. Là, montez à gauche et arrêtez-vous sur le pont pour admirer la cascade. Redescendez ensuite tout droit jusqu’à la chapelle (10 minutes).

5. Continuez la descente dans Estavannens-dessous. Vous y découvrirez de superbes façades de chalets (10 minutes).

6. Rejoignez la route principale qu’il faudra longer jusqu’au pont métallique, puis revenez sur vos pas jusqu’à la chapelle des Marches qui vaut le détour (1 heure).

Quelle société pour demain?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse catholique de langue française de Berne, septembre 2020

Par Lino De Faveri | Photo: Wikipedia

François d’Assise prêchant aux oiseaux (d’après les Fioretti), Giotto.

Métropolis : L’homme rouage dans une machine planétaire
« Time is money », d’où découle que l’homme contemporain passe le plus clair de son temps à travailler de façon « minutée », à un rythme soutenu. Les outils numériques modernes nous ont potentiellement permis d’élargir notre champ de vision mais aussi d’augmenter la cadence et la surveillance de nos activités pour des questions de rentabilité économique exacerbée. La crise du Covid-19 que nous traversons nous rappelle que la vie est plus grande que nous et que nos modèles de développement des sociétés humaines se sont emballés.

S’arrêter et (re-)faire le choix de l’humanisme
Sur le plan anthropologique, il est important de garder un équilibre entre la nécessité de l’efficacité (car l’homme vit de pain et du travail pour les autres) et celle de la beauté (la question de l’harmonie, de la transcendance et de la gratuité). Or les modèles économiques et politiques dominants ne se préoccupent que du premier terme, et de plus à court terme, et on peut voir dans les nombreux désordres planétaires des symptômes d’un manque de sens, d’harmonie et de respect mutuel tant au plan individuel que collectif. Comme énoncé par le philosophe Olivier Abel : « Nous avons collectivement sombré dans la croyance que la pauvreté était le pire des malheurs, et qu’il fallait d’abord satisfaire toutes les envies, les besoins, les demandes. Pourquoi la pauvreté volontaire de François d’Assise, pourquoi la sobriété de Calvin, la frugalité de Rousseau ou de Thoreau nous paraissent-elles encore plus utopiques que la non-violence de Gandhi ou de Martin Luther King ? »

Ce qui fait notre grandeur
Au plan personnel, étant cantonné en télétravail à la maison ce printemps, un verset évangélique m’est venu à l’esprit : « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? » Pour sortir de l’impasse, il convient de réaliser ce qui constitue notre grandeur d’être humain, et en premier lieu la capacité de donner à notre tour ce que nous avons reçu. Des actes de solidarité extraordinaires ont heureusement ponctué cette période de Coronavirus, ils devraient cependant constituer la normalité de relations sociales et humaines valorisantes pour chacun. Des professions de service ont été (momentanément) revalorisées. La notion même de travail doit être repensée pour englober toute activité utile à son prochain, quel que soit le cadre professionnel ou privé, et être sujette à la reconnaissance sociale et économique. Des initiatives se multiplient notamment pour favoriser une économie circulaire et ainsi limiter la croissance effrénée, d’autres permettent de rétablir des liens dans des situations de solitude ou d’émigration forcée, etc.

Vitraux de Yoki

Eglise catholique de Fleurier, Neuchâtel

Par Amandine Beffa
Photo: Jean-Claude Gadmer

Le vitrail n’est pas une simple ornementation, mais une façon d’inspirer.

Si l’on pousse spontanément la porte des églises romanes et gothiques qui croisent notre route, c’est peut-être un peu moins le cas des bâtiments de béton. Peut-être semblent-ils n’avoir rien de particulier à nous offrir. Il serait toutefois bien dommage de passer à côté de l’église catholique de Fleurier dans le canton de Neuchâtel. En effet, elle accueille en son chœur deux baies réalisées par l’artiste fribourgeois Yoki.

Dès l’enfance, Yoki est fasciné par la lumière. On raconte qu’il parcourait la campagne fribourgeoise à vélo pour admirer les vitraux. Il n’a certes pas connu un chemin tout tracé, mais il a croisé certains très grands noms du renouveau de l’art sacré comme Alexandre Cingria ou Germaine Richier.

Ouverture sur l’infini
Fervent catholique, il ne voit pas le vitrail comme une simple ornementation, mais bien comme une façon d’inspirer, de renvoyer à l’au-delà. 

Certes, les deux baies qu’il a réalisées pour Fleurier sont serties de béton, mais il les conçoit comme une ouverture sur l’infini. Sachant qu’elles représentent respectivement le feu et l’eau, on pourrait être tenté de sauter rapidement sur les thèmes du baptême et du Saint-Esprit. Peut-être serait-ce un peu dommage. Yoki est considéré comme un passeur, un poète de la lumière. Peut-être vaut-il donc la peine de prendre le temps d’écouter ce que nos yeux nous racontent en contemplant son œuvre.

Pour aller plus loin:

BAUD Philippe, MORA Jean-Claude. Yoki, un demi-siècle de vitrail : un monde de lumière, Saint-Augustin 2001.

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