Raconte-moi ton Eglise

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), octobre 2021

L’Eglise catholique traverse une crise sans précédent dans son histoire : corruption des mœurs, de l’intégrité morale de ses plus hauts représentants, discrédit moral, impossibilité de se réformer en profondeur, désertion en masse de ses fidèles… «Le Fils de l’Homme, quand il reviendra, trouvera encore la foi sur la terre?»

PAR L’ABBÉ LÉONARD BERTELLETTO, CURÉ-DOYEN / PHOTO : DR

Portrait de saint Augustin

« Ne me traite pas comme un pécheur, épargne-moi le châtiment des assassins. »

« J’ai mal à mon Eglise… », entend-on souvent. A raison ! Tant les déceptions que génère cette Institution se multiplient au cours des âges et la nôtre ne fait pas exception. Que de gens blessés, outrés, scandalisés, par l’action de l’Eglise ! Notre Eglise, une grande malade, qui peine à regarder la vérité en face et à trouver des remèdes à ses maux. Inutile d’énumérer ici la longue liste des scandales qui compliquent la marche des chrétiens vers le Ciel.

Au XIVe siècle déjà, sainte Catherine de Sienne comparait l’Eglise à une lépreuse. Et le poète Dante Alighieri (dont nous commémorons cette année le 700e anniversaire de la mort) ne s’est pas gêné de réserver des places en enfer pour trois papes… Qu’écrirait-il de celui d’aujourd’hui, adulé par les uns, décrié par les autres… Difficile d’être catholique dans ce contexte, beaucoup en ont marre et quittent le navire, la barque de Pierre. A celles et ceux qui seraient tentés de le faire – car il s’agit bien là d’une tentation – je voudrais rappeler cet enseignement de saint Augustin, commentant le neuvième verset du psaume 25 : « Ne me traite pas comme un pécheur, épargne-moi le châtiment des assassins. » Dans sa cathédrale d’Hippone, l’évêque prêche ce qu’un sténographe prend en dictée : « L’Eglise de ce temps est une aire de battage. Je vous l’ai dit souvent et je le répète encore : cette aire comporte à la fois la paille et le blé. Que personne ne cherche à se séparer de la paille avant le temps du vannage ! Que personne ne quitte l’aire avant le temps du vannage sous prétexte de ne pas vouloir supporter les pécheurs. Trouvé hors de l’aire, tu serais attrapé par les oiseaux avant d’avoir été amassé dans les greniers. » Augustin en appelle à l’unité dans la communauté, malgré l’agacement que suscite le comportement des pécheurs. Seuls les vertueux parviennent à les supporter, mais les vertueux, à l’égal du prophète Elie, se sentent parfois bien seuls au milieu des pécheurs. « Ils ont tué tes prophètes, ils ont démoli tes autels ; je suis resté, moi seul, et l’on cherche à m’enlever la vie. » (1 R 19, 10) Elie se sent seul, en vrai, il n’est pas si seul que cela, d’autres justes se tiennent ça et là… Dieu répond à sa plainte par ces mots : « Je laisserai en Israël un reste de sept mille hommes, tous ceux dont le genou n’a pas plié devant Baal. » (1 R 19, 10) Augustin ajoute : « Si toi tu es mauvais, ne va pas croire qu’il n’y a personne de bon. Si tu es bon, ne va pas t’imaginer que tu es seul à l’être. Si tu es bon, ne crains rien du fait d’être mélangé avec les méchants, car le jour viendra où tu seras séparé d’eux. […] Il chancelle au milieu des méchants, celui qui ne compte pas sur Dieu. Voilà l’origine des schismes. Les grains de blé dans l’aire supportent la paille avec patience jusqu’au temps du vannage. » Dans quelle mesure nous appuyons-nous sur Dieu pour vivre en Eglise aujourd’hui, malgré les difficultés ? En améliorons-nous la coexistence fraternelle, ou au contraire, sommes-nous de ceux qui divisent ? Sommes-nous de ceux qui plient le genou devant les baals de ce temps (idéologies, gourous de toutes sortes) ? A chacun de faire son examen de conscience, pour rendre la communauté plus authentique, et pour, en fin de compte, avoir moins mal à son Eglise.

Entre utopie et réalité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), octobre 2021

Le P. Hermel Tonato est en Suisse depuis mai de cette année. Il a été engagé sur le secteur des Deux-Rives. Il nous raconte l’évolution de l’Eglisecau Bénin, depuis l’arrivée des missionnaires jusqu’à aujourd’hui.

TEXTE PAR LE P. HERMEL | PHOTOS : ROBERT ZUBER

Dans le contexte religieux, la foi est la croyance en un Dieu révélé, le Dieu de Jésus- Christ. Elle vient « de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la parole de Dieu » (Rm 10, 17). Plusieurs années après le débarquement des missionnaires, une brève relecture de l’implantation et des enjeux de la foi, au Bénin en général et à Azovè en particulier, se révèle imposante. L’évolution exponentielle de la foi au Bénin est une preuve que les premiers annonceurs de la Bonne Nouvelle ont été envoyés par le Christ (cf. Rm 1, 1) car aucune œuvre humaine ne peut faire tant d’années et résister à tant de déchaînements. Le voyage parfois périlleux de ces porteurs aussi en est une preuve. Concernant la pastorale des terres du Bénin et d’Azovè, l’enjeu étant d’ordre divin, on voit la foi dans son dynamisme qui s’est exprimée comme la lumière qui a dissipé tant de ténèbres. Les résultats de la réception de la foi transmise par les Apôtres continuent d’abonder. A titre d’exemple, on peut évoquer l’éducation religieuse (à travers la création des écoles catholiques, le catéchisme hérité), l’ordination des prêtres autochtones, etc. Le nombre des baptisés chaque année et l’abandon volontaire des pratiques animistes constituent aussi un témoignage de l’évolution de la foi. L’héritage pastoral continue de servir de jalons pour une pastorale d’incarnation au sein même des peuples béninois et de ses cultures. La majorité de la population béninoise et celle d’Azovè est chrétienne. Ils sont plusieurs à être impliqués dans la vie de l’Eglise (la prière, les mouvements, les associations, les chorales…). Les chrétiens catholiques forment aujourd’hui des communautés dynamiques, joyeuses et soudées. La vie religieuse et spirituelle des chrétiens se trouve renforçée par les activités permanentes des groupes de prières, mouvements et associations. L’harmonie, la cohésion et la paix qui caractérisent la communauté ainsi que le dévouement, la spontanéité désintéressée et l’implication active des fidèles dans les sollicitations diverses sont le reflet de la franche collaboration entre les fidèles et leurs pasteurs. Ces groupes constituent souvent un cadre très propice pour raviver la foi chrétienne des chrétiens militants et pour affermir leur adhésion à Jésus-Christ.

Cependant, comme dit dans l’Evangile de saint Jean, il y a toujours des mercenaires qui cherchent à disperser les brebis. On assiste, en effet, à une profusion de « l’offre chrétienne » expliquée par le foisonnement des Eglises et des religions de tout type. La recherche exagérée et incontrôlée de Dieu et de l’extraordinaire fait découvrir le phénomène du paganisme dans l’Eglise. Le décuplement anarchique en vogue des Eglises ne peut que conduire à une sorte de syncrétisme : « Les temples, les églises et les lieux non officiels du culte parsèment les villages et quartiers de ville » (Ambroise Kinhoun, Les Nouveaux païens dans l’Eglise. Connaître les pathologies des religions, Ed Ids, Cotonou 2018, p. 18). Ce qui est déplorable, c’est l’incohérence et la dichotomie observées à des moments donnés entre le vécu spirituel et le vécu en société. Certains n’hésitent pas à avoir recours à d’autres pratiques dès que surviennent des épreuves liées à la finitude humaine. Ces épreuves humaines sont pourtant liées à la condition humaine. Ils sont à la recherche d’un « Dieu automate ». La recherche de la sécurité, de la protection, de la promotion, du bonheur sans peine, du merveilleux, du sensationnel, d’une vie paisible et calme sont des motivations avancées par les syncrétistes. De cette façon, on recrée Dieu à l’image humaine.

Or, la foi en Dieu doit élever l’âme et permettre à l’homme lui-même de s’élever. La foi des fidèles du Bénin en général et d’Azovè en particulier est à réévangéliser. « […] il ne s’agit pas certainement d’annoncer un autre évangile, mais de faire un examen pointu de l’actuelle situation de désolation spirituelle, de situer les responsabilités […] ce travail s’impose non seulement à l’égard de ceux qui ont abandonné la foi et les pratiques sacramentelles, mais aussi à l’égard de ceux qui pratiquent le syncrétisme religieux. » (Akoha Théophile, « Vers une nouvelle humanité à travers une nouvelle évangélisation », in Revue d’Anthropologie Théologique et d’Ethique Sociale, 1 (2017), p. 78).

Malgré les risques et déviances possibles, la foi du peuple chrétien d’Azovè et assurément du peuple chrétien béninois a connu une grande évolution. Le déchaînement des uns et des autres ne pourra jamais emporter l’Eglise car le Christ, son Epoux, demeure en elle.

Une belle fête à Saint-Martin

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Val d’Hérens (VS), octobre 2021

Le dimanche 29 août 2021 a eu lieu la célébration du 70e anniversaire de la construction de l’église de Saint-Martin et la bénédiction des nouveaux vitraux réalisés par les artistes Isabelle Tabin-Darbellay et Michel Eltchinger.

TEXTE ET PHOTOS PAR MONIQUE GASPOZ

La célébration de l’eucharistie a marqué le coup d’envoi de la fête. Elle a été présidée par le vicaire général Pierre-Yves Maillard, accompagné à l’autel par le curé Laurent Ndambi et de nombreux autres prêtres attachés à la communauté paroissiale de Saint-Martin. L’église était éclairée d’une lumière nouvelle de vie et de résurrection. Même le sapin aux pives bronzées revendiquait sa place à la fête derrière le vitrail aux fruits de la terre. La chorale Sainte Cécile et la chorale africaine ont animé de leurs chants la célébration.

Se référant à la lettre aux artistes de Jean-Paul II en 1999, le vicaire général a dit que l’Eglise a besoin des artistes quand les mots n’arrivent pas à tout expliquer ce qui est de l’ordre de l’invisible et du mystère. Les artistes nous font passer de ce monde à Dieu pour nous purifier, nous sanctifier. Ces vitraux en sont l’exemple vivant, à la suite de saint François d’Assise, troubadour de la joie, d’ailleurs représenté dans une grande statue en bois face aux sept vitraux du Cantique des Créatures. La bénédiction a eu lieu en pensant à tous ceux qui entreront davantage dans la louange de Dieu grâce à ces vitraux.

De vifs remerciements ont été adressés au curé Laurent Ndambi, au comité de rénovation, aux artistes, à tous les bénévoles ainsi qu’aux très nombreux donateurs qui ont permis cette belle réalisation. La fête a continué sur la place de l’église grâce à l’apéro servi par les Hospitaliers de Notre-Dame de Lourdes et aux prestations de la fanfare La Perce-Neige et des Fifres et Tambours. Les personnes inscrites ont pu ensuite partager ensemble une bonne raclette à la salle bourgeoisiale.

L’église de Saint-Martin : un peu d’histoire 1

Il est difficile de situer exactement la date de fondation de la paroisse d’Hérens qui comprenait les paroisses actuelles de Saint-Martin et d’Evolène. Les ancêtres du Val d’Hérens faisaient partie de la paroisse de Sion hors les murs. Selon une inscription à la cure de Saint-Martin situant la construction du presbytère sous l’épiscopat de Mgr Aymond, évêque de 1049 à 1070, il pourrait y avoir eu une paroisse de Saint-Martin d’Hérens à cette époque déjà. De 1252 à 1288, un ou le premier curé se nomme Maître Martin, curé et notaire. On retrouve également Guillaume de Nendaz de 1260 à 1277 et Pierre de Suen, vicaire en 1286. Les paroissiens des villages d’Evolène venaient à pied participer aux offices à l’église de Saint-Martin d’Hérens dès cette époque-là. La séparation des deux paroisses se passe progressivement. Une première église est érigée à Evolène en 1446. En 1703, le premier curé est installé à Evolène. Il faudra cependant attendre 1853 pour la séparation définitive des paroisses de Saint-Martin et Evolène en deux entités distinctes.

L’ancienne église de Saint-Martin qui datait de 1743-1745 donnait vers 1930 des signes évidents de décrépitude. Le souvenir de la catastrophe de 1909 de l’église de Nax est encore bien présent et fait avancer les démarches et les expertises pour examiner s’il y a danger. Le curé Damien Bex, responsable de la paroisse de 1936 à 1983, confie la réalisation d’une nouvelle église aux architectes Denis Honegger (1907- 1981) et Fernand Dumas (1892-1956). Après le choix entre plusieurs avant-projets, les plans définitifs sont prêts en 1948 et l’ancienne église est démolie en 1949. Les travaux durent deux ans. Les entreprises locales sont mises à contribution et les paroissiens effectuent de nombreuses heures de bénévolat pour mener à bien la construction de la nouvelle église, inaugurée en 1951. Comme l’argent manque pour les vitraux, de simples carreaux de couleurs ont été installés aux fenêtres.

Ainsi, la pose des nouveaux vitraux à l’occasion du 70e anniversaire de l’église vient harmonieusement compléter tout ce que nos ancêtres avaient déjà réalisé.

1 La plupart des informations sont tirées du document « 1951-2001, Jubilé de la consécration de l’église paroissiale de Saint-Martin »

Faire Eglise autrement

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), octobre-novembre 2021

PAR ROLF ZUMTHURM, CURÉ-DOYEN | PHOTO : DOMINIQUE LUISIER

Expérimenter une Eglise-communauté. Dans l’église rénovée de Bex, les paroissiens sont rassemblés en forme de «U», unis par le baptême et interpellés par la Parole. Dans son message pour l’inauguration, l’architecte Duthilleul le décrit: «Ainsi, dès le début de la célébration, les fidèles réunis au nom de Jésus, peuvent avoir conscience qu’ils forment un Corps: cela est signifié, et, parce que c’est signifié, cela peut se réaliser… Les fidèles peuvent alors prendre conscience que « chacun d’eux est un membre de ce Corps », c’est-à-dire que chacun d’eux a la responsabilité d’agir comme le Christ agit.»

Devenir une Eglise pour les autres. L’Eglise n’est pas la fin en elle-même, elle existe pour les autres. « Nous sommes chrétiens pour les autres. » Voilà notre vision pastorale qui a été phagocytée par la première vague du Covid à peine un mois après sa promulgation par notre évêque. L’équipe pastorale repense la diaconie en ces temps difficiles pour beaucoup. Et le secteur se trouve renforcé par l’arrivée de Clotilde Jollien du département « Solidarités » pour une pastorale de rue.

Favoriser une Eglise qui dépasse les frontières. Il n’y a pas que l’Eglise catholique. Regarder par-dessus la haie, partager avec d’autres communautés chrétiennes, pratiquer l’œcuménisme sur le terrain. Voilà ce qui est vécu au Forum chrétien romand qui a choisi notre région. Du 10 au 13 octobre, il rassemble à Leysin les responsables et délégués de toutes les Eglises chrétiennes de la Suisse romande. Le Forum se conclut par une célébration commune coorganisée avec la TRO (Table ronde œcuménique) le mardi 12 à 10h30 à la salle de l’Eglise de Châble-Croix à Aigle. Tous les paroissiens du secteur y sont invités.

Une nouvelle chapelle magnifique !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), octobre-novembre 2021

Dimanche 12 septembre 2021 ! Avant que tous les voyants Covid ne virent au rouge, les fidèles de l’Entremont sont invités à Orsières pour la bénédiction et l’inauguration de la nouvelle chapelle dédiée à l’enfant du lieu, le chanoine Maurice Tornay, natif de la Rosière !

PAR MICHEL ABBET | PHOTOS : ANNE-LYSE BÉRARD

Vitrail porte réalisé par Adrien Thétaz

La chapelle n’est pas la seule nouveauté proposée aux paroissiens et aux visiteurs venus d’ailleurs. A l’entrée, une exposition relate la vie du Bienheureux. C’est une excellente entrée en matière. En effet, en enlevant deux rangées de bancs au fond de l’église, on a créé un dégagement bienvenu et ainsi allégé toute la partie tournée vers le couchant. On a profité de cette place libérée pour y installer une exposition en 4 « chapitres ». Le résultat, des plus probants, doit sa réussite au recyclage des bancs, transformés en écrin pour mettre en valeur les objets ayant appartenu au chanoine. Mais surtout, on a mis tout de suite la personne entrant dans l’église en relation avec le Bienheureux ! Libre à elle ensuite de s’arrêter un moment pour faire connaissance avec cet homme d’exception. Et puis, la voilà interpellée…

Car, au sommet de l’église, à gauche, une porte s’impose à son regard. Les couleurs, volontairement vives, étincellent grâce à la luminosité naturelle qui inonde la chapelle! Là où beaucoup auraient bien vu une porte en bois ou pas de porte du tout, on a choisi de créer le contraste ! Voici donc le chanoine « mis en lumière ». Il est « là », presque vivant et son regard à la fois bienveillant et pénétrant ne manque pas d’interroger. Naturellement, le quidam se laissera donc comme aimanter et se dirigera vers la chapelle. A coup sûr il fera le pas et franchira la porte pour se trouver dans ce nouvel espace de méditation. Là, il aura rendez-vous avec son Dieu et avec Maurice Tornay. Quelques mots suffiront pour débuter la conversation. La suite du dialogue appartiendra à chacun. Bonne visite !

Extrait du discours du président de la commune

Le Conseil municipal est persuadé que la Via Francigena possède un énorme potentiel. Et il est évident que tout ce qui se rapporte au Bienheureux Maurice Tornay représente une offre complémentaire bienvenue. Ce tourisme à connotation spirituelle et religieuse peut aussi être synonyme de développement économique et doit être valorisé.

… Et aujourd’hui, nous sommes satisfaits d’avoir pu participer à la réalisation de la chapelle dont nous célébrons la bénédiction. Je profite d’ailleurs de relever le fait que toutes les Communes du district ont décidé de verser un montant pour ce projet, reconnaissant son importance pour l’Entremont entier.

… Je me réjouis donc du lancement des travaux du Cœur d’Orsières dans quelques jours qui vont transformer notre village comme la Chapelle du Bienheureux magnifie notre église.

Joachim Rausis

Extraits de l’allocution du président de l’Association des amis du Bienheureux

… Ceci dit, même si l’emplacement s’est imposé naturellement, toucher à la bâtisse la plus emblématique d’une commune, n’est pas sans risque. Vos échos
sur la réalisation que nous inaugurons, souvent très positifs, voire enthousiastes nous confortent, et sur les choix, et sur les options prises.

Puisse cet Espace permettre au passant par une catéchèse indirecte, de découvrir le Bienheureux Maurice Tornay, de perpétuer sa mémoire, son engagement sans faille, son don total pour conduire les âmes à Dieu.

Puisse cette chapelle favoriser et le culte rendu à Dieu et les prières d’intercession adressées au Bienheureux Maurice Tornay, pour les habitants de ce pays, pour nos paroisses, pour la Congrégation des chanoines du Grand-Saint-Bernard et le renouvellement de ses effectifs.

Maurice Tornay

Mot du président du comité d’organisation

La fête a été belle, grâce à tous les paroissiens qui ont participé à la cérémonie et grâce au beau temps qui est de mise chaque fois que l’on organise une manifestation en l’honneur du Bienheureux. Bien sûr, le Covid a joué les trouble-fête, nous privant notamment de la présence des fanfares. L’année de leur 100e anniversaire, l’image aurait été belle de les voir jouer ensemble. Mais ce n’est que partie remise. Merci à tous les bénévoles et à tous les participants ! Vu les conditions sanitaires nous ne pouvons qu’être pleinement satisfaits de cette journée.

Laurent Tornay

Faire vivre la Cure d’Autigny comme lieu de pastorale… !

Le rêve de Serge et Geneviève Kaninda !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Notre-Dame de la Brillaz (FR), octobre-novembre 2021

Les années passent. Serge Kaninda doit aujourd’hui penser très sérieusement à sa retraite, qui commencera en début d’année prochaine. Mais retraite ne signifie pas, pour lui, se ranger chez soi. Non, sa foi le pousse à continuer à poursuivre sa vocation de baptisé. Aujourd’hui, avec son épouse Geneviève, il propose un projet très intéressant pour notre UP. C’est autour d’une table, à leur domicile actuel, avec quelques fromages, du pain et un bon verre de vin rouge, que nous échangeons sur ce projet. Je vous laisse le découvrir.

TEXTE ET PHOTOS PAR MATHIAS THELER

Serge a étudié la philosophie et la théologie au Congo où il a travaillé durant une douzaine d’années. Il vient en Suisse pour suivre une formation de disciple à l’école de la foi. Après un engagement professionnel comme éducateur social et un bachelor en travail social, il est sollicité pour travailler en Eglise, en Suisse. Il partage son temps entre deux mi-temps, à la santé (bureau pastoral) et à l’aumônerie de la Glâne. Puis, il prend la responsabilité du dicastère de la santé. Ensuite, il quitte son poste en catégorielle (personnes engagées dans les aumôneries, dans la formation) pour venir en territoriale (personnes engagées dans les paroisses), dans notre UP, Notre-Dame de la Brillaz. Il arrive en 2015, en même temps que notre curé modérateur Eric Marchand. Sa mission touche différents aspects : une présence plus visible, l’accueil des migrants et le parcours de confirmation et une présence invisible, en solidarité et auprès des personnes âgées. Il vit à Estavayer-le-Gibloux depuis 2002 avec son épouse Geneviève.

Quant à Geneviève, une fois le diplôme de licence en théologie en poche, elle a travaillé une année comme aide-soignante à Genève avant d’être engagée par le vicariat de Fribourg à la catéchèse et au bureau de la formation d’adultes. Durant son passage à la formation, elle a accompagné bon nombre d’adultes durant leur parcours Galilée. Elle s’est aussi spécialisée à l’Ecoute centrée sur la personne (à l’école de Jean Monbourquette). Elle a pu ainsi se mettre à l’écoute des personnes et former des personnes intéressées par l’écoute. Par la suite, Geneviève est passée à l’aumônerie en EMS pour aboutir, à ce jour, à la catéchèse spécialisée auprès des enfants et jeunes affectés par certains handicaps.

Quand ils se sont rencontrés, Serge et Geneviève ont très vite eu envie de vivre quelque chose ensemble. Ils furent en contact avec les missionnaires de Bethléem dans le but d’être envoyés en Afrique. Mais ce projet ne vit jamais le jour. Bien qu’ils aient travaillé ensemble dans le dicastère de la santé, leur rêve profond a toujours été de vivre quelque chose, conçu et réfléchi ensemble, pour le vivre au jour le jour. Enfin ce rêve peut se réaliser ! Un ami, prêtre à Saint-Martin, dans le val d’Hérens en Valais, a fait appel à eux pour travailler dans son secteur, dans le but de construire, avec lui, un engagement de couple. Il était même prévu que le couple s’installe à Evolène pour y bâtir un lieu d’accueil. Serge et Geneviève furent emballés par ce nouveau projet qui leur parlait vraiment. Pour construire ensemble une communauté vivante, il y a plein de choses à développer, surtout dans la pastorale de l’accueil et de la présence. Mais hélas, le projet ne put se réaliser pour différentes raisons.

C’est après une discussion avec Eric Marchand que l’idée a surgi : « Pourquoi ne pas vivre cette expérience dans l’UP Notre-Dame de la Brillaz ? Il y a aussi des besoins ici. » Serge s’approche de la retraite et Geneviève a de la disponibilité pour s’y engager. Une porte s’ouvre. « Dans ce projet que nous mettrons en place, il est plus facile de le faire en vivant sur les lieux et d’y habiter. » Ainsi est née l’idée de s’installer dans une cure de notre UP. Au départ, Serge et Geneviève pensaient s’installer à Onnens. Après avoir rencontré Jean Glasson, qui fut enthousiasmé par ce projet, ils apprirent que la cure d’Onnens était déjà occupée. Le vicaire épiscopal proposa alors à Serge et Geneviève de réaliser leur projet ailleurs. Mais ils n’acceptèrent pas sa proposition car ils ont des relations ici : « On se connaît déjà. » Ensuite, Eric apprit que la cure d’Autigny allait se libérer. Ce fut la providence.

Le projet, qui peut enfin voir le jour, entre bien dans la vision de l’autorité ecclésiastique, aussi bien du diocèee que du canton. Il a pour objectif principal de « Faire vivre la cure comme lieu de pastorale et de convivialité, par notre présence et notre accueil » 1.

Visions concrètes en commun :

1) Ouvrir la cure d’Autigny pour l’accueil et l’écoute. Permettre des temps de rencontre et de prière avec d’autres couples, ainsi que des temps de convivialité et de partage pour toutes et tous, en réalisant des cafés-rencontre et des repas solidaires.

2) Envisager une pastorale en dehors de la cure. Etre présent auprès des personnes seules, à domicile. Faire de l’accueil lors de célébrations, en premier lieu à l’église d’Autigny. Aider à l’animation du parcours de confirmation. Participer au Conseil de communauté d’Autigny.

3) Un engagement à la pastorale familiale. Une collaboration large avec Romain Julmy : préparation au mariage, Eveil à la foi, la catéchèse, etc. Collaborer aussi avec Jean-Marc Andenmatten pour les « Midis avec Dieu », continuer les repas-rencontre.

4) Etre ouvert à tout ce qui peut se présenter à eux comme besoins pastoraux.

Serge et Geneviève Kaninda partent avec un projet, plus ou moins dessiné dans leur tête, afin de répondre à un réel appel, tel Abraham. Réussiront-ils ou ne réussiront-ils pas ? L’équipe pastorale s’est montrée intéressée et en a fait bon accueil. Mais le succès ou l’échec dépendra aussi de la communauté, de son accueil. Le but premier du projet de Serge et de Geneviève est de faire grandir le Royaume de Dieu en eux et au cœur de la communauté. La question centrale qu’ils se posent : « Est-ce un projet pour Dieu ou un projet de Dieu ? Cette question devra toujours nous habiter. »

« Pour le reste, à la Grâce de Dieu ! »

 

1 Directive sur l’utilisation des cures, signée par le vicariat et la CEC, en vigueur depuis le 1er janvier 2021: «La cure est un lieu significatif pour la pastorale. Elle est lieu de vie, d’accueil, de rencontres. Il est pertinent que, dans toute la mesure du possible, elle soit occupée par un agent pastoral (prêtre, diacre ou laïc)». A partir de 2022, Serge s’engage à 100% comme bénévole dans notre UP et Geneviève reprendra un certain pourcentage.

Illarsaz: la chapelle Saint-Bernard de Mont-Joux (ou de Menthon)

C’est certainement au dynamique curé de Muraz, l’abbé Amédée Vaneri, que l’on doit la première chapelle d’Illarsaz à la fin du XVIIe siècle. Financée par des messes et à leurs frais, elle fut le lieu modeste où les paroissiens gagnaient le Ciel par la prière. A l’origine, il s’agissait d’un petit bâtiment couvert d’une toiture surmontée d’un clocheton, à croupe vers l’ouest et à demi-croupe vers l’entrée, à l’est.
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Jubilés de consécration des églises de Saint-Martin et de Saint-Nicolas d’Hérémence

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Val d’Hérens (VS), octobre 2021

PAR LAURENT NDAMBI

Deux églises paroissiales du secteur du Val d’Hérens, celle de Saint-Martin, à Saint-Martin, et celle de Saint-Nicolas à Hérémence, célèbrent chacune leur consécration respective. L’une, à Saint-Martin, avec ses 70 ans, fête son jubilé de platine. L’autre, à Hérémence, avec ses 50 ans, fête son jubilé d’or. Mais qu’est-ce qu’un jubilé ?

Dans la Bible, le mot jubilé exprime l’idée d’allégresse. A cet effet, le texte le plus ancien instituant le jubilé se trouve dans la Loi de Moïse dans laquelle il était demandé aux fils d’Israël d’observer tous les 7 ans une année sabbatique et après ces 7 années sabbatiques, soit 7 x 7 ans faisant 49 ans, une année jubilaire (cf. Livre du lévitique 25, 8-10).

Quatre mesures sociales devaient accompagner l’année jubilaire : le repos de la terre, la libération des esclaves, la remise des dettes, l’affranchissement des propriétés. Mais ces mesures ne furent que peu appliquées.

Nous nous souvenons du jubilé de l’an 2000 : l’entrée de l’Eglise et du monde dans le 3e millénaire. Pour mémoire, le premier jubilé chrétien a été célébré en 1300, décrété officiellement par le pape Boniface VIII.

Ainsi, au fil des siècles, un jubilé se fêtait d’abord chaque 50 ans, puis tous les 25 ans en principe, soit une fois par génération. Une exception à cette règle a été marquée par la célébration en 1983 du jubilé pour fêter le 1950e anniversaire de la Rédemption. Il y a eu d’autres exceptions, par le fait qu’en 1800, il n’y a pas eu de jubilé car le pape avait été fait prisonnier par Napoléon. En 1950 a été proclamée l’Année sainte de la définition du dogme de l’Assomption de la Vierge Marie. Le jubilé de platine de l’église de Saint-Martin marquée exceptionnellement par la pose des nouveaux vitraux a été célébré le 29 août 2021. Le jubilé d’or de l’église d’Hérémence sera fêté le 31 octobre prochain (programme p. 10).

Nous adressons bénédictions et remerciements à tous les comités d’organisations, aux donateurs et à tous les paroissiens de notre vallée où « la foi est reine » !

L’Eglise dont je rêve

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), octobre 2021

PRIÈRE DU PÈRE ROGER MICHEL, RÉDEMPTORISTE (EXTRAITS) | PHOTO : JHS

L’Eglise dont je rêve
est un peuple nomade.
Elle se redit sans cesse :
« Mon père était un araméen errant. »

L’Eglise dont je rêve
n’a pas la vérité,
mais elle montre du doigt
Celui qui est « le chemin, la vérité et la vie. »

L’Eglise dont je rêve
n’a pas plus de prétention
que son Maître dont la vie
n’était qu’errance et semence.

L’Eglise dont je rêve
aime le monde tel qu’il est,
traversé par le péché
et la grâce.

L’Eglise dont je rêve
a une prédilection originelle
pour ceux qui n’ont ni savoir,
ni pouvoir, ni avoir.

L’Eglise dont je rêve
sait que la Bonne Nouvelle
est toujours bonne et nouvelle.

L’Eglise dont je rêve, c’est toi, c’est moi, c’est nous.

Sainte histoire

PAR PASCAL ORTELLI
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER, DR

«Jésus était-il contemporain de Napoléon ?» La question m’a été posée lorsque j’enseignais la religion à des élèves de secondaire. Loin de moi l’idée de blâmer leur lacune chronologique ou leur audace faite dans le simple but de me provoquer. L’occasion m’était donnée d’aborder avec eux le rôle de l’histoire de l’Eglise. Replacer les faits dans leur contexte pour éviter de «canoniser» les fake news et d’absolutiser les particularismes locaux, voilà un défi stimulant à relever.

Il en va de même pour nos communautés. Face à la grande Histoire dont on rapporte souvent les pièces simplifiées qui nous arrangent (l’Eglise et les croisades, l’Inquisition, la colonisation, etc.), ne renonçons pas – sans pour autant minimiser les erreurs commises – à voir au-delà de notre « coin de paroisse ».

S’intéresser à l’histoire générale du christianisme permet de prendre de la hauteur et d’approfondir communautairement sa foi, et ce, en l’inscrivant dans une dynamique plus vaste où l’on voit comment elle est vécue dans le concret des âges.

Les vitraux de l’église de Neyruz

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Notre-Dame de la Brillaz (FR), octobre-novembre 2021

PAR ANNICK BIELMANN ET VALÉRIE SAUTEREL, VITROCENTRE, ROMONT
PHOTOS : CINDY PRÉLAZ

C’est vers 1845 que Neyruz décida de devenir une paroisse indépendante et commença la construction de son église. La première messe eut lieu le dimanche 24 décembre 1848 et l’église fut consacrée le 20 septembre 1857. Il fallut attendre presque 50 ans pour voir ses fenêtres parées de vitraux. La paroisse fit appel à l’atelier fribourgeois Kirsch & Fleckner pour leur réalisation. En 1904 les deux verrières du chœur consacrées à saint Joseph et saint Nicolas de Myre furent posées et deux ans plus tard elles furent complétées par six vitraux dans la nef dédiés à gauche à saint Jean-Baptiste, sainte Marie-Madeleine et sainte Elisabeth de Hongrie et à droite à saint Pierre, saint Louis de Gonzague et saint François d’Assise.

Bien que ce cycle verrier ne soit pas signé, nous savons que son auteur est l’artiste fribourgeois Raymond Buchs qui avait fait son apprentissage de peintre verrier dans l’atelier fribourgeois. Dans le fonds graphique de l’atelier Kirsch et Fleckner, déposé au Vitrocentre Romont, il existe les dessins préparatoires (cartons à l’échelle 1 : 1) pour l’ensemble des vitraux de l’église dont deux sont signés et datés.

En 1904, Raymond Buchs étudia à l’Académie de la Grande Chaumière, puis à l’Insitut Colarossi à Paris avant de revenir à Berlin où il gagna sa vie comme peintre-verrier à l’atelier Riegelmann und Heinersdorff. En 1906, il dirigea un atelier de graphisme et le succès ne se fit pas attendre, mais cela ne l’empêcha pas de continuer à collaborer régulièrement avec l’atelier Kirsch & Fleckner. En 1906, il fit aussi les dessins préparatoires pour les vitraux des églises de Torny-le-Grand et de Vuisternens-devant-Romont.

Ces vitraux de style historiciste sont limpides et parfaitement lisibles avec leurs personnages aux attitudes naturelles, inscrits dans des scènes narratives sur un fond transparent offrant une bonne lumière dans l’église.

Jeux, jeunes et humour – octobre 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Pourquoi, en octobre, dédier un mois à la Mission Universelle ?
Ce mois permet de nous rappeler que l’Eglise forme, au niveau mondial, une grande famille. Le 24 octobre, lors du Dimanche de la Mission Universelle, près d’un milliard de chrétiens sont en communion les uns avec les autres dans la prière et le partage. C’est l’occasion de découvrir d’autres réalités d’Eglise et de venir en aide aux communautés les plus pauvres. Missio propose toute une série d’actions pour que nos enfants puissent venir en aide à d’autres enfants : https://www.missio.ch/fr/enfance

par Pascal Ortelli

Humour

C’est un gars qui s’émerveillait des petites choses de la vie et qui s’exclamait constamment avec ces mots : « C’est fantastique » ! A tel point que ses copains et son entourage l’appelèrent désormais par le sobriquet de « Fantastique » ! Pourtant cela lui déplaisait au plus haut point et il reprenait séance tenante celui qui s’y risquait. S’adressant à sa femme, il lui dit un jour : « Si je meurs avant toi et que tu mets sur ma tombe : ci-gît Jules Bolomey, dit Fantastique, je te maudirais du haut du ciel ». Après son décès, sa femme respecta scrupuleusement ses dernières volontés : « Ci-gît Jules Bolomey qui m’a aimée du plus grand amour durant plus de 40 ans ». Les gens qui venaient se recueillir sur sa tombe et qui lisaient son épitaphe ne pouvaient s’empêcher de dire : « C’est fantastique » !

par Calixte Dubosson

Une Eglise qui se raconte

Il y a la grande histoire de l’Eglise et il y a la locale, sujette à des recherches souvent menées par des amateurs passionnés par leur «coin d’Eglise». Parent pauvre des études ecclésiastiques, elle gagne à être connue (et donc lue !) et propagée tout à la fois.

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTOS : CIRIC, JEAN-CLAUDE GADMER, DR

Lire une histoire des papes fait faire l’expérience d’un inexorable entrelacement, pêle-mêle, des diverses catégories d’une société humaine : politique, économique, mais aussi théologique, morale… Et le choc du « mélange des genres » peut être fort déstabilisant. « Le Christ annonçait le Royaume… et c’est l’Eglise qui est venue », fameux (et quasi) oxymore sous la plume de Loisy qui serait presque conforté, alors qu’« il s’efforçait de montrer comment, par le jeu des causalités historiques, l’Evangile s’est progressivement mué en tradition et comment l’Eglise, en institutionnalisant le mouvement de Jésus, en a prolongé la vocation » 1…

Vers une objectivité scientifique

Le XVIe siècle (Réforme et Contre-réforme…) intensifie la production d’œuvres racontant l’histoire de l’Eglise, et, en
l’occurrence, des visions divergentes entre protestantisme et catholicisme. Les ouvrages évoluent ensuite progressivement, d’un style d’exposé partial, apologétique, voire hagiographique – décrire les personnages et événements uniquement en faveur d’un dogme prédéfini 2 – vers la présentation des réalités historiques du phénomène « Eglise », en recoupant notamment les sources et les points de vue sans apriori. Désormais, les historiens de l’Eglise ne sont plus hérauts d’une confession mais bien pédagogues (qui font faire un chemin, étymologiquement) au moyen d’outils tels que l’exégèse, l’herméneutique, la linguistique… A l’ecclésiologie s’applique désormais bien l’adage cicéronien : reculer devant tout mensonge, ne reculer devant aucune vérité 3 !

« L’important n’est jamais de lire des travaux émanant d’une plume catholique (si l’on est catholique) ou protestante
(si l’on est protestant), mais des travaux de qualité », conseille Michel Grandjean,
professeur ordinaire de l’histoire du christianisme à l’Université de Genève, et de « lire beaucoup avant d’écrire ».

L’Histoire est aussi la nôtre

Au-delà des dates, la truculence d’une anecdote peut amuser : « L’histoire cherche à accéder à la vie réelle des gens », rappelle Jacques Rime, curé en terre fribourgeoise et rédacteur apprécié de chroniques sur les saint.e.s dans L’Echo Magazine. « Ce qui n’est pas facile. Les fidèles apprécient si j’ajoute dans mes prédications quelques exemples tirés de l’histoire de l’Eglise… », assure-t-il. Mais c’est vrai, « l’histoire locale [d’un sanctuaire, d’une paroisse…] a son public, tout comme les informations locales dans les médias », rappelle Jacques Rime. Il y a une proximité bénéfique et qui met en avant du tangible, voire du vécu.

Décentrement

Mais « faire de l’histoire du christianisme, c’est avant tout accepter un décentrement : je ne suis pas au centre du monde, ni ma génération au centre du temps », explique Michel Grandjean : « Nous vivons des temps difficiles, voire de crise… Mais nous ne sommes pas les premiers à en connaître. L’historien doit donc donner les instruments qui les aideront à prendre du recul », voire à relativiser. « Il faut articuler les
travaux d’analyse pointue et les synthèses qui embrassent large », conclut-il.

Historia magistra vitae

Le Concile Vatican II a élaboré deux documents d’ecclésiologie, Lumen Gentium et Gaudium et Spes, déclinant grosso modo les deux dimensions de l’Eglise, verticale et horizontale (théologique et historique) ; en cela, les pères conciliaires ont été fidèles à l’impulsion d’un certain évangéliste…

En effet, saint Luc est le seul à faire suivre son évangile – « récit des événements… tels que nous les ont transmis… les témoins oculaires… devenus serviteurs de la parole… » (Lc 1, 1) – d’une histoire des débuts du christianisme : les Actes des Apôtres. Page après page, s’y dénoue la rencontre entre cette Parole et les cultures locales (Jérusalem, Athènes, Rome…). Luc a déjà le souci « d’une information fiable sur la vie du Nazaréen » 4. A partir de lui, « on ne débat pas seulement d’un écrit doctrinal déterminé, mais fondamentalement d’une manière d’être en Eglise ».5

Les cinq derniers papes ont guidé l’Eglise catholique, tout à la fois courageux dans certaines décisions et confiants pour l’avenir, car intimes connaisseurs de son passé 6 ; et ils ont sillonné, à partir de Paul VI, tous les continents – un peu à la « saint Paul sur les routes du monde romain » 7 – pour connaître les Eglises locales, sur place.

L’histoire par les pieds !

« J’accorde une grande importance à
l’histoire par les pieds », confie Jacques Rime, c’est-à-dire « aller visiter tel lieu pour pouvoir en parler. » Thématisée par Antoine de Baecque 8, la « démarche historiographique » consiste à remonter dans le temps au rythme de sa marche, traversant le tissu urbain et les traces d’autrefois. « L’histoire devient une expérience sensible », dit Jacques Rime, voire sensorielle ; et l’on peut interroger des témoins et chercher des anecdotes – véritables pépites d’une sorte de ruée vers la narration !

Un passé pour le futur

« Faire appel à la mémoire ne veut pas dire s’ancrer dans l’autoconservation, mais plutôt rappeler la vie et la vitalité d’un parcours en continuel développement », explique François à la Curie Romaine, en décembre 2019. Et de conclure : « La mémoire n’est pas statique, elle est dynamique, comme le disait ce grand homme [G. Mahler] : la
tradition est la garantie du futur et non pas la gardienne des cendres. » Lire de l’Histoire de l’Eglise, la grande ou la petite, sert tant de consolation aux turpitudes institutionnelles que de démonstration du génie du christianisme.

1 Simon Butticaz, Comment l’Eglise est-elle née ?, Genève : Labor et Fides, 2021, p. 19.
2 Par exemple, pour le catholicisme, le primat romain.
3 De Oratore, II, 62, où Cicéron traite de la rhétorique en matière d’écriture de l’histoire de Rome.
4 D. Marguerat et E. Steffek, « Evangile selon Luc », dans : DC. Focant et D. Marguerat (dir.), Le Nouveau Testament commenté, Paris et Genève : Bayard et Labor et Fides, 2012, p. 247.
5 M.-F. Baslez, Les premiers bâtisseurs de l’Eglise. Correspondances épiscopales IIe-IIIe siècles, Fayard Histoire, 2016, p. 241.
6 Cf. Le Pape a dit, page IV.
7 Ouvrage de C. Reynier, Cerf, Lire la Bible 155, 2009.
8 Dans Une histoire de la marche, Agora n. 435, Paris : Pocket.

Louer Dieu par et pour la création

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Val d’Hérens (VS), octobre 2021

Les nouveaux vitraux réalisés par Isabelle Tabin-Darbellay et Michel Eltschinger à partir du Cantique des Créatures de saint François d’Assise (1182-1226), inaugurés pour les 70 ans de l’église de Saint-Martin, appellent à la contemplation et à la prière. En voici une libre méditation biblique.

PAR MONIQUE GASPOZ | PHOTOS : COPYRIGHT ROBERT HOFER, SION

Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, spécialement monsieur frère Soleil, par qui tu nous donnes le jour, la lumière : il est beau, rayonnant d’une grande splendeur, et de toi, le Très Haut, il nous offre le symbole.

Le thème de la lumière traverse toute la révélation biblique. Dès le premier récit de la création, toi, notre Dieu, tu sépares la lumière des ténèbres (Gn 1, 3s). La lumière existe comme ta créature, reflet de ta gloire, signe de ta présence. La lumière est symbole de vie : naître, c’est voir le jour ! La lumière permet à toutes les autres créatures d’exister aux yeux des hommes. Elle permet à l’être humain de distinguer son chemin, qui doit, par le Christ, le conduire vers Toi.

A l’occasion de la guérison d’un aveugle-né, Jésus dit : « Je suis la lumière du monde. » (Jn 9, 5) Il ouvre les yeux des aveugles et leur montre le chemin de la vraie vie. Ta lumière que Jésus porte en Lui a été révélée lors de la Transfiguration dans un visage resplendissant et des vêtements éblouissants comme la lumière.

Avec ton aide, développons notre capacité intérieure à voir la lumière, à Te voir, à travers les beautés de la création et les solidarités humaines, pour devenir à notre tour des êtres lumineux, rayonnants d’amour.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles : dans le ciel tu les as formées, claires, précieuses et belles.

« Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit ; qu’ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années » […] Tu les plaças au firmament du ciel pour éclairer la terre, pour commander au jour et à la nuit, et Tu vis que cela était bon. (d’après Gn 1, 14-18)

Au milieu de la nuit, Tu as donné la lune et les étoiles comme repères dans le bleu profond du ciel. La lune, qui, nuit après nuit, grandit, s’arrondit comme pour donner naissance, puis rétrécit et disparaît pour mieux revenir… Elle compte le temps, le temps de la vie. Les étoiles, dix sur le vitrail, comme des repères pour orienter notre vie, comme les dix commandements. Trois en haut, comme Toi le Dieu trinitaire et relation. Sept en bas, comme les sept sacrements, les 7 dons de l’Esprit qui accompagnent et guident les hommes en chemin vers Toi.

Laissons-nous guider vers Toi, à travers les signes discrets que tu nous donnes.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent, et pour l’air et pour les nuages, pour l’azur calme et tous les temps : grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.

L’Esprit, dans la Bible, c’est le souffle, et le vent, tantôt violent, tantôt porteur de fraîcheur et de douceur ; il demeure bien mystérieux. Tantôt il dessèche la terre, tantôt il répand sur elle l’eau féconde qui fait germer la vie. Tantôt il agite les vagues de la mer, tantôt il franchit les plus hautes montagnes. Le souffle de notre respiration, qui tour à tour prend et redonne, anime et maintient notre corps en vie, est le symbole de Ta Vie qui nous habite. Rendre son dernier souffle, c’est remettre définitivement sa vie entre Tes mains.

Le calme et la tempête, la pluie tombée du ciel, tous les temps que nous offre la météo, le défilé des saisons comme des nuages constituent l’environnement qui entoure l’existence des humains et de toutes les autres créatures et les maintient en vie.

Loué sois-Tu pour toutes les météos !

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Eau qui est très utile et très humble, précieuse et chaste.

L’eau est puissance de vie. Là où elle manque, le pays devient désertique. L’eau est le symbole de Ton Esprit, capable de transformer un désert en verger florissant et Ton peuple infidèle en véritable peuple de l’Alliance. La Bible nous révèle que c’est Toi, Dieu, qui est source de vie pour l’homme et lui donne la force de s’épanouir dans l’amour et la fidélité.

En nous communiquant Ton Esprit par l’eau du baptême, c’est une vie nouvelle qui nous régénère. Lors de sa rencontre au bord du puits de Jacob avec une femme de Samarie, Jésus lui dit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit  » Donne-moi à boire « , c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive. »

Loué sois-tu pour l’eau de notre baptême, don de Dieu qui nous fait vivre en plénitude.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu qui éclaire la nuit : il est beau et joyeux, indomptable et fort.

Le feu produit lumière et chaleur, toutes deux nécessaires à la vie humaine. Dans le Nouveau Testament, le feu symbolise Ton Esprit. Lors de la Pentecôte, Tu envoies Ton Esprit manifesté sous la forme de langues de feu pour transformer ceux qui doivent répandre à travers toutes les nations la Bonne Nouvelle de Ton amour.

Après avoir rencontré Jésus par son écoute, sa Parole et dans le signe du Pain, les deux disciples d’Emmaüs se disent entre eux : « Notre cœur ne brûlait-il pas, lorsqu’il nous ouvrait les Ecritures ? » Une bougie qui éclaire, la lumière de la lampe éternelle qui signifie dans l’église Ta présence dans les hosties du tabernacle nous le rappellent.

Loué sois-tu pour le feu, signe de ta présence au milieu de nous.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre, qui nous porte et nous nourrit, qui produit la diversité des fruits, avec les fleurs diaprées et les herbes.

Le vitrail nous montre la terre avec un cep de vigne portant de belles grappes. La vie de l’homme dépend des richesses de la terre et de la fertilité de son sol. L’humain entretient un lien privilégié avec la terre dont il est issu.

Dans l’évangile de Jean, Jésus dit à ses disciples : « Je suis la vigne et mon Père est le vigneron. Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il le taille pour qu’il porte encore plus de fruit. Je suis la vigne, vous les sarments. Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit. » Porter du fruit, c’est s’aimer les uns les autres comme le Christ nous a aimés.

Loué sois-tu pour les fruits d’amour, de tendresse, portés par les hommes de cette terre.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux qui pardonnent par amour pour toi; qui supportent épreuves et maladies: heureux s’ils conservent la paix, car par toi, le Très Haut, ils seront couronnés. Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre sœur la Mort corporelle, à qui nul homme vivant ne peut échapper.

Dans le vitrail, la mort est symbolisée par le noir qui éclate, telle une graine qui germe en un faisceau de lumière. La croix rayonnante, plantée au centre du vitrail, le traverse comme un élan pour manifester que la vie est plus forte que la mort.

« Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à nos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous. » (Rm 8, 11) Saint Paul ajoute encore: « Oui j’en ai l’assurance : ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni le présent, ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur. » (Rm 8, 38)

Loué sois-tu pour le Christ qui a traversé la mort et nous promet la Vie.

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