Via Jacobi: Romont-Moudon

Notre-Dame des Pauvres.

Texte et photos par Pascal Ortelli

Le mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà des sentiers battus, la Via Jacobi regorge de curiosités. Chaque mois, L’Essentiel prend son bâton de pèlerin et en réalise un tronçon sous forme d’une balade familiale à faire sur la journée. Aujourd’hui, cap sur Moudon pour une longue étape, idéale à vélo.

Départ depuis la gare de Romont, 4h30 aller simple, 18 km

1. Depuis la gare, montez dans le bourg pour découvrir la collégiale où vous retrouverez une sculpture de saint Jacques sur les stalles.

2. Sortez de la ville par le sud-ouest jusqu’à la zone industrielle que vous traverserez pour vous rendre à l’oratoire de Notre-Dame des Pauvres. Poursuivez sur la droite sur un chemin de campagne.

3. A Billens, prenez à gauche le long de la route goudronnée et attaquez la montée. Arrivé sur la crête d’Hennens, frontière entre Fribourg et Vaud, prenez à gauche dans l’herbe jusqu’à l’antenne et attaquez la descente.

4. A Curtilles, ne manquez pas de visiter le temple, une ancienne église dont la reconstruction date de 1231.

5. Quittez ensuite le tracé de la Via Jacobi pour vous rendre à Lucens. La ville avec son imposant château mérite le détour. Au pont routier, remontez la Broye, en direction de Moudon jusqu’à la passerelle qui rejoint le chemin officiel.

6. Dans la ville basse de Moudon, les stalles de l’église Saint-Etienne valent le détour.

Les plus motivés et à vélo seulement (15 km) peuvent rentrer par Siviriez et la Pierraz pour découvrir la maison natale de Marguerite Bays (no 7) et la chapelle du Bois (no 8) avant de rejoindre Romont par la route principale.

Curiosité

L’église de Curtilles, dédiée à saint Pierre et dont la première construction remonterait à 1055, est considérée comme l’une des plus anciennes du diocèse de Lausanne.

Coup de cœur

Le musée Sherlock Holmes 
Sir Adrian Conan Doyle, le fils du romancier, fit du château de Lucens où il résida un musée dédié à l’œuvre de son père, qui se trouve aujourd’hui en contrebas dans la « Maison rouge ».

En librairie – avril 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Choisis la Vie !
Timothy Radcliffe

A propos de la pandémie du Covid, le philosophe André Comte-Sponville s’est écrié : « Ne sacrifiez pas l’amour de la vie à la peur de la mort ! » Par ce livre-confession, le frère dominicain Timothy Radcliffe rappelle que le chrétien doit témoigner et être du côté de la vie. Dans un monde où l’on parle d’aide au suicide, d’euthanasie et d’avortement, nous sommes invités à choisir la vie. « Je mets devant vous la vie et la mort : choisissez la vie », demande Dieu. « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et l’aient en abondance », répond Jésus.

Editions Cerf

Acheter pour 34.00 CHF

Entre tradition et décision
Sophie Tremblay

Un jeune couple doit décider de faire baptiser ou pas son enfant. Entre les parents, au bagage religieux différent, s’engage un dialogue sur la nature de la foi chrétienne qui s’étend peu à peu à leurs proches aux itinéraires spirituels tout aussi variés. A partir de cette mise en scène inspirée d’histoires vraies, et qui vise à demeurer au plus près de l’expérience, Sophie Tremblay développe sa réflexion sur la transmission de la foi dans une société plurielle et laïcisée. Ce livre qui jette des ponts entre tradition et modernité pose des bases solides pour repenser l’initiation chrétienne dans le contexte actuel.

Editions Médiaspaul

Acheter pour 30.20 CHF

L’Esprit renouvelle tout
Nathalie Becquart

A partir de sa riche expérience pastorale auprès des jeunes, Sœur Nathalie Becquart, nouvelle sous-secrétaire du synode des évêques, propose avec ce livre un véritable GPS, capable d’orienter une pastorale qui leur soit adaptée.

L’auteur donne également des exemples concrets et des conseils pratiques. Ces pages aideront ceux qui, dans l’Eglise, souhaitent accompagner les jeunes vers un renouveau, en lien avec leurs cultures et leurs nouveaux langages, dans un réel esprit de coresponsabilité. 

Editions Salvator

Acheter pour 27.60 CHF

Saint Irénée de Lyon
Etienne Piquet-Gauthier – Pascal Vitte

Après la mort de Jésus, les apôtres décident d’aller répandre la Bonne Nouvelle dans bien des pays, dont la Grèce. Touché par le message du Christ, Irénée, un érudit du IIe siècle, va partir jusqu’en Gaule. Porté par son zèle missionnaire, il souhaite encourager les chrétiens à entretenir une unité. Il deviendra par la suite évêque de Lyon. Le IIe et le XXIe siècle connaissent la tentation de la pensée scientifique qui en fait un absolu au mépris de la foi du simple croyant. Pétri de la Parole de Dieu, Irénée fait partie de ceux qui combattent l’erreur non par la sentence de la condamnation mais par la raison et la foi. Cette bande dessinée nous en dépeint les contours.

Editions Signe

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Parrain et marraine, pour quoi faire ?

La mission de parrain ou marraine dans l’Eglise catholique est plus qu’une reconnaissance affectueuse, elle est aussi un engagement.

PAR BÉNÉDICTE DROUIN-JOLLÈS

PHOTO : CIRIC

Le jour où l’on vous a demandé d’être parrain ou marraine, sans doute avez-vous été flatté si vous avez accepté. Mais honnêtement, une fois la cérémonie de baptême passée, qu’est-ce que cela a changé mis à part le fait que vous ayez rajouté un nom sur la liste des destinataires de vos cadeaux de Noël ? Parrains et marraines ont plus ou moins de bonne conscience vis-à-vis de leur filleul, friand d’une relation privilégiée qu’ils tentent d’inventer. Pour le croyant, cette mission n’est pas banale.

« Pour qu’une complicité grandisse avec chacun de mes filleuls, je les ai beaucoup vus petits, je me sens un peu comme leur ange gardien, explique Rose, dynamique célibataire, deux fois marraine. Je veux les choyer et aussi les aider à regarder le Ciel. » Pour elle, répondre positivement aux questions du prêtre qui s’apprête à baptiser, c’est s’engager pour aider les parents à éduquer chrétiennement leur enfant. Aussi, en plus des cadeaux qui lui parlent, elle essaie de poser des petits gestes qui l’éveilleront à la présence de Dieu. « C’est tout simple, par exemple visiter une église pendant une balade en vacances, y allumer une bougie signe d’une prière commune, ou encore offrir un crucifix pour une première communion et pas simplement une montre », témoigne-t-elle.

Jamais trop tard pour accomplir ce « job » de parrain ou de marraine, en particulier grâce à la prière. « Tous les jours, je confie mes enfants et mon filleul », reconnaît Jean, conscient qu’il n’est pas facile pour un jeune
d’intégrer les valeurs chrétiennes. « J’ai eu la chance d’avoir une
marraine débordante de bonté, de malice et de foi, je m’en inspire, c’est grâce à elle que j’ai gardé un contact avec l’Eglise. J’essaie de poursuivre cette chaîne d’amour et de foi. »

Carême

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE) mars 2021

PAR JOEL AKAGBO | PHOTO : DR

« Seigneur, avec toi, nous irons au désert… »

Ce chant de Carême nous révèle le sens profond du Carême. Que signifie pour nous chrétiennes, chrétiens, « aller au désert ? ».

Le Carême est souvent associé à la notion du « désert » à cause des 40 ans du peuple élu au désert avant d’entrer en terre promise (Nb 11, 1-25, 18), aussi des 40 jours de jeûne et de prière de Jésus au désert après son baptême ( Mt 4, 1-11).

« Aller au désert » est perçu par le prophète Osée comme un temps de fiançailles : « Voici que moi je la séduis et la conduirai au désert et je parlerai à son cœur… Et je te fiancerai à moi pour toujours. » (Os 2, 14.16)

Si la période du désert est donc envisagée chez le prophète Osée comme une préparation au mariage, durant le Carême Dieu attend son peuple comme un fiancé attend avec impatience sa future épouse. Le désert est donc le temps d’attente et de préparation en vue d’un événement magnifique. En hébreu, le mot « désert » ressemble au mot « parole », c’est pourquoi durant le Carême, nous sommes appelés à ouvrir notre cœur pour écouter la voix du Seigneur et à manger sa parole.

Ces quarante jours sont le temps de grâce, le moment favorable que l’Eglise met à notre disposition afin de repartir d’un bon pas, réorienter notre marche, purifier notre cœur et secouer notre torpeur.

Le Carême nous invite à une démarche de réconciliation avec Dieu et avec notre prochain (2 Co 5, 20), à la prière persévérante, au partage généreux, à la miséricorde et à la compassion.

Il n’est rien d’autre qu’un chemin d’amour vers le Père. Ce temps fort commence le Mercredi des cendres et s’achève avec la Semaine sainte et le dimanche de Pâques.

En ce temps de crise généralisée, il nous faut simplement nous tourner vers notre Père, vers nos frères et sœurs avec une grande charité par l’intercession de saint Joseph.

Le pape François nous rappelle que notre vocation chrétienne est de faire connaître l’amour miséricordieux que le Christ porte à chacune et chacun de nous : « Tant de cœurs ont besoin d’être réchauffés à la flamme de son amour ! »

Bon et fructueux Carême et bonne Montée vers Pâques !

La Sagesse, notre divine Compagne pour 2021 ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

PAR MARIE VERENNE

« La sagesse de ce monde est folie auprès de Dieu. » (1 Co 3, 19)

La sagesse, voilà un mot qu’on n’utilise plus guère. Sait-on encore ce qu’il signifie ? On parle plutôt intelligence, performance, compétitivité…, dans notre culture athée, qualités requises pour prospérer sur terre en vue du succès et de la richesse. Jésus le dit, dans le domaine profane, « les fils de ce monde-ci sont plus avisés envers leurs propres congénères que les fils de la lumière ». (Lc 16, 8)

« Yahvé prend les sages au piège de leur ruse ; leurs habiles conseils se trouvent dépassés. Ils butent en plein jour contre l’obscurité, tâtonnant dans la nuit, alors qu’il est midi. » (Jb 5, 13-14)

La Sagesse avec un grand S, le Don le plus élevé de l’Esprit, n’a rien de commun avec cette « habileté » qui dévie trop souvent vers la malignité. Elle s’y oppose même, requérant les Vertus premières de la Foi : humilité, charité, pureté, douceur, obéissance…

« … mettez-vous à Mon école, car Je suis doux et humble de Cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. » (Mat 11, 29)

Etre sage selon la Bible, c’est se reconnaître créature pécheresse, entièrement redevable au Dieu d’Amour et au Sacrifice Rédempteur de Jésus, puis travailler à se soumettre toujours plus authentiquement à Sa Volonté très parfaite, exprimée par Sa Loi, avec le cœur d’un enfant aimant. Pourquoi ? Parce que l’homme est fait pour le bonheur et que c’est là l’unique voie qui y conduise. Il faudrait être fou pour se condamner à l’horreur éternelle ou même à un dur Purgatoire, quand Jésus nous propose les Félicités indicibles du Royaume !

Si nous nous confions corps et âme à Marie, Trône de la Sagesse, Elle nous rendra disponibles à l’accueil de ce Trésor divin et nous ramènera au Bien quand nous dévierons, tentés par les suggestions alléchantes de Satan.

La Sagesse est plus précieuse que tout l’or de la terre, préférable à la santé et à la beauté 1, car Elle est « un effluve de la Puissance de Dieu, émanation toute pure de la Gloire du Tout-Puissant » (Sg 7, 25) qui éclaire l’esprit et le cœur, conseille et console, sanctifie et apporte le Salut.

« Elle enseigne la modération, le discernement, la justice et la force. Dans la vie, il nest rien de plus utile aux humains. »
(Sg 8, 7)

Dans Sa grande Tendresse, le Père a voulu qu’Elle « se laisse trouver par ceux qui la cherchent » (Sg 6, 12), afin que les plus petits n’aient pas de peine à La prendre pour Maîtresse : « Elle se laisse facilement contempler par ceux qui Laiment… Elle va au-devant d’eux et… leur apparaît avec bienveillance. » (Sg 6, 12-16)

Y a-t-il plus beau et noble projet pour l’année nouvelle que de convoiter l’intimité avec la Sagesse ?

« Cest Elle que jai chérie et recherchée dès ma jeunesse ; jai désiré faire d’Elle mon épouse et je suis devenu amoureux de sa beauté. » (Sg 8, 1-2)

1 Cf. Sg 7, 10-11.

 

 

Le Notre Père, ses traductions

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

Dans le cycle de cours publics de la faculté de théologie de l’Unige, Anne-Catherine Baudoin, maître d’enseignement et de recherche en Nouveau Testament et christianisme ancien, a proposé une lecture du Notre Père sous trois angles : la transmission, la traduction et la transposition. Voici un bref aperçu de sa vision des traductions de cette prière.

PAR PASCAL GONDRAND | PHOTOS : WIKIMEDIA COMMONS

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

 

Le Notre Père est connu dans le christianisme indépendamment de sa position dans le Nouveau Testament, a rappelé Anne-Catherine Baudoin. Cette prière appartient tant à la culture orale qu’à la culture écrite, à la culture liturgique et spirituelle autant qu’à la Bible. La professeure a posé l’hypothèse que ce statut particulier la place dans une situation stratégique et facilite sa pénétration dans des domaines très divers. Un de ces domaines est sa traduction.

Au XVIe siècle, le premier savant à avoir recueilli des traductions de cette prière dans le but d’étudier et de présenter chacune d’entre elles est le Zurichois Conrad Gessner (1516-1565), un savant contemporain de Zwingli, qui a publié en 1555 un traité sur les différences entre les langues intitulé Mithridate. Sur les différences entre les langues.

Conrad Gessner a rappelé dans son introduction que Mithridate, celui que nous connaissons par la mithridatisation, roi de 22 peuples, était, selon Pline l’Ancien, capable d’haranguer chacun d’entre eux dans sa langue respective. On notera que dans la Zurich de la Réforme le multilinguisme était une arme pour diffuser le christianisme. D’ailleurs, dans son introduction, Conrad Gessner précisait que « Dans notre cité, toute limitée qu’elle soit, c’est en latin, en grec, en hébreu, en allemand, en italien, en français, en anglais et dans certaines autres langues qu’on lit, à la gloire de Dieu, les Saintes Ecritures, qu’on en acquiert la connaissance, qu’on les célèbre. » Comme on le voit dans le titre de son ouvrage, Differentis Linguarum, il met l’accent sur les différences entre les langues alors que d’autres humanistes, à la même époque, se lancent dans des études pour trouver une langue originelle, la langue d’avant Babel. Conrad Gessner présente dans son recueil 110 langues, par ordre alphabétique, en donnant pour 27 d’entre elles, celles dans lesquelles le christianisme s’est implanté, le Notre Père, à savoir son texte, ou sa transcription. Il pose ainsi les fondements de la linguistique comparée, sans faire lui-même œuvre de linguiste mais plutôt d’encyclopédiste. Cette pratique de la présentation des langues du Notre Père, accompagnée de ses traductions, a fait école et s’est étendue au XVIIe et au XVIIIe siècles. L’un des recueils qui a eu beaucoup d’influence est celui d’Andreas Müller (1630-1694), orientaliste berlinois spécialiste de la langue chinoise, qui a publié en 1680, sous un pseudonyme, un recueil de 83 versions du Notre Père, Oratio Orationum s s. Orationis Dominicae Versiones. Il n’a pas classé ces versions par ordre alphabétique comme l’avait fait Gessner mais par zones géographiques : langues asiatiques, langues africaines, langues européennes, etc. L’ouvrage fut notamment réédité en 1715 et cette dernière édition, due à John Chamberlayne (c. 1668-1723) est la plus étoffée – plus de 140 langues. Cet ouvrage conserve la présentation par régions, qui va permettre à Gottfried Hensel (1687-1765), dans sa Synopsis Universae Philologiae publiée en 1741, de proposer quatre superbes cartes qui ont été reproduites par la suite de manière indépendante.

Anne-Catherine Baudoin a rappelé que le Carmel du Pater, à Jérusalem, construit au XIXe siècle sur les ruines de la basilique constantinienne dite de l’Eleona, en raison de sa situation sur le Mont des Oliviers, est orné de plaques de céramique polychrome sur lesquelles figurent différentes traductions du Notre Père, plaques qui se sont multipliées au fil du temps dans un grand esprit de Pentecôte. Ce lieu est associé dans la tradition, en particulier à partir des croisades, à l’enseignement de Jésus. Au début du XXe siècle, sur le Monument de la Réformation, à Genève, on a fait la même chose. Autour des grands réformateurs, le Notre Père a été gravé dans la pierre en français et en anglais, puis plus tardivement en allemand. Avec le Carmel du Pater et le Mur des Réformateurs, Anne-Catherine Baudoin a alors fait un bond dans
le temps et a rejoint l’époque contemporaine.

En conclusion elle a lu le Notre Père dans quelques langues qui nous sont familières :

« Notre Père qui êtes au cieux… Restez-y » (Jacques Prévert, 1900-1977),

« Hallowed be thy Name »,

« Dein Reich komme »,

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »,

« Dacci oggi il nostro pane quotidiano »,

« Forgive us our trespasses as we forgive our debtors »,

« Und führe uns nicht in Versuchung » (la fameuse tentation),

« But deliver us from evil »,

« Dein ist das Reich »,

« The power is Yours »,

« Et la gloire »,

« Forever and ever »,

« Amen ».

Ainsi peut-on réciter le Notre Père, à condition bien sûr d’être multilingue !

 

 

Année Saint Joseph !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : DR

C’était le 8 décembre dernier, le pape François signe et édite une Lettre apostolique pour marquer les 150 ans de la proclamation de saint Joseph comme patron de l’Eglise universelle.

Un peu d’histoire

C’est le pape Pie IX qui, le 8 décembre 1870, signe une Lettre proclamant Joseph patron de l’Eglise universelle, chahutée par mille vents contraires – on est à moins de deux mois après la suppression officielle des Etats Pontificaux et de la non-fin 1 du Concile Vatican I ! – et qui cherche un équilibre spirituel dans le refuge auprès de la paternelle figure de Joseph. Ce sont les prélats qui avaient participé au Concile et dû fuir à l’entrée des troupes italiennes, qui pétitionnent le pape pour une telle démarche.

C’est également par cette Lettre que le
19 mars fut déclaré solennité à saint Joseph, comme « double rang de première classe » dans la hiérarchie des jours liturgiques 2. L’Eglise luthérienne et la communion anglicane le commémorent également le 19 mars, alors que l’Orthodoxie byzantine le fête le jour de clôture du cycle de Noël ! Et c’est Pie XII qui inscrivit la fête de saint Joseph, patron des travailleurs, au 1er mai, pour coïncider avec la Journée internationale des travailleurs…

Joseph pour le XXIe siècle

Le pape François commence sa lettre par Patris corde, « avec un cœur de père », ou, en paraphrasant un peu, « par une tendresse paternelle »… Tout un programme à l’heure du questionnement de la place du père dans la société, de son congé après l’arrivée d’un enfant, de la mode du coaching en masculinité et en paternité… La tendresse n’est donc pas l’apanage du sexe féminin, mais bien également de tout être humain ! Déjà une bonne nouvelle : on imagine que cette tendresse paternelle a servi l’enfant Jésus tout autant que celle de sa mère, qui plus est, n’était certainement pas réduite aux tâches ménagères !

Sept chapitres, ou sections, qui décortiquent sept façons pour Joseph d’être « plein de tendresse »… Chaque section est ciselée de manière adéquate pour une lecture par étape, une méditation fructueuse, et une rencontre : avec celui que l’on a trop longtemps laissé dans l’ombre de Marie, sujette d’une piété populaire parfois exacerbée… et qui n’aurait eu aucune légitimité à être ce qu’elle fut si Joseph l’avait répudiée selon la Loi de Moïse ! Combinaison des charismes, en somme !

1 Les troupes italiennes pénètrent dans Rome le 20 septembre 1870, et 15 jours plus tard, par plébiscite, le reste des Etats Pontificaux est incorporé au nouveau Royaume d’Italie…
Le pape Pie IX suspend alors
sine die le Concile qui avait cours…

2 C’est depuis 1479 qu’à Rome est célébrée la Saint-Joseph, étendue à toute l’Eglise de rite romain en 1570 par le pape dominicain Pie V.

 

 

Temps de carême, temps d’intériorité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mars-avril 2021

Le carême nous invite au renoncement. Mais renoncer à quoi alors que la pandémie nous prive déjà de bien des choses ? Peut-être pouvons-nous revenir à notre cœur et faire nôtre une parole de la Bible qui donnera sa couleur à ce temps particulier.

PAR SYLVIE HUMBERT | PHOTO : DR

Pour ce temps de carême, à quoi pourrions-nous renoncer ? N’avons-nous pas déjà, en raison de la pandémie, fait le deuil de beaucoup de choses superflues ? N’avons-nous pas renoncé à la fête ? Aux retrouvailles entre amis ? Aux achats, au lèche-vitrine, au petit café au bistrot, aux vacances lointaines ? Mais avons-nous renoncé à nous plaindre ? Pas sûr…

Ce temps ne serait-il pas propice pour faire le compte de toutes nos chances, de toutes nos joies ? Pour reconnaître que nous étions les plus libres de la planète et que finalement nous sommes encore assez libres aujourd’hui en comparaison de ce qui se passe dans d’autres pays. Pour reconnaître que notre démocratie est lente mais efficace. Pour rendre grâce pour tout ce que nous avons et que nous pouvons partager.

Une jungle de conseils

Il est frappant de constater que les enseignes de la grande distribution se mêlent de nous proposer des sortes de carêmes : le Veganuary ou le Dry January pour nous inciter à vivre un mois sans produits animaux ou sans alcool. L’Eglise proposait le carême : quarante jours sans viande sauf les dimanches et des jours maigres, les vendredis et mercredis.

A une époque pas si lointaine, l’Eglise
prenait soin de nos corps et de nos âmes : les gens y trouvaient une écoute, notamment au confessionnal, des règles d’hygiène de vie, un rythme, un sens à la vie et bien d’autres choses. Aujourd’hui on se paie un coach de vie, on est manipulé par la publicité, on se débrouille comme on peut dans une jungle de conseils dispensés par les grandes enseignes. Les magasins sont même le seul endroit ouvert où rencontrer du monde, entre les rayons, masqué et à distance. Une belle voix nous dit de ne pas trop nous approcher les uns des autres, de nous laver les mains : « Voyez comme nous prenons soin de vous ! ». Les grandes surfaces auraient-elles l’intention de remplacer
l’Eglise ?

Une parole pour aujourd’hui

Cela ne veut pas dire que c’était mieux avant. Cela veut sûrement signifier que nous devons réinventer notre société, notre manière de consommer, notre manière de faire le lien entre notre vie et notre foi : quelle parole de la Bible me parle aujourd’hui dans mon quotidien ? Comment cette parole peut-elle m’accompagner au fil des heures, au fil des jours, et donner sa couleur à ma vie ?

Peut-être pouvons-nous méditer ces mots de l’évangile de Matthieu (4, 4) qui figurent dans le passage des tentations de Jésus au désert, que nous avons entendu le premier dimanche de carême : « Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».

 

Carême 2021 Justice Climatique, maintenant !

Justice Climatique, maintenant !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP de Notre-Dame de Tours (FR), mars 2021

PAR L'ABBÉ JOSEPH DEMIERRE | PHOTO : PIXABAY

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP de Notre-Dame de Tours (FR), mars 2021

Aujourd’hui, les effets du réchauffement climatique impactent principalement les populations dans les pays du Sud, confrontées à des phénomènes météorologiques extrêmes. Dans certaines régions du monde, par exemple, les sécheresses et les inondations sont de plus en plus fréquentes et se succèdent à des intervalles de plus en plus rapprochés. La question de la justice sociale est fortement liée aux rapports Nord-Sud ; elle exige en particulier des populations des pays du Nord, principaux responsables de la crise climatique, qu’elles modifient leurs styles de vie et leurs modèles économiques. Les principaux secteurs à l’origine des émissions de gaz à effet de serre sont l’énergie et les transports, mais aussi l’agro-industrie, dont les pratiques (déboisement à grande échelle pour faire place à des monocultures, usage intensif d’engrais azotés et destruction des sols stockant le carbone) accélèrent les changements climatiques.

Pour sauvegarder la Création, il nous faut absolument modifier notre style de vie, sur le plan tant individuel que collectif, vivre plus sobrement, fixer des limites et les respecter. La sobriété est une attitude qui trouve la liberté non dans l’excès, mais dans la capacité de distinguer les besoins réels des besoins créés. La sobriété, la suffisance et la conversion sont en l’occurrence des notions importantes –indispensables au changement –qui abondent aussi dans la tradition biblique. La conversion jaillit d’une prise de conscience et est associée à une pénitence, au repentir et à la réconciliation. La pénitence et la conversion, thèmes centraux du Carême, préparent la célébration de Pâques.

Pour y travailler, nous avons distribué les calendriers et les pochettes de Carême aux messes des 13 / 14 et 20 / 21 février. Les pochettes de Carême seront récoltées le Dimanche des rameaux.

Il y aura aussi les messes de chaque dimanche de Carême, où nous nous laissons interpeller par la Parole de Dieu.

Selon les circonstances possibles, nous avons prévu une Soirée de Carême œcuménique, le 19 mars, avec soupe de Carême dès 18h et un film – débat dès 19h30, au théâtre d’Avenches.

Il y a aussi l’action « Pain du Partage », en lien avec quelques boulangeries du coin (voir les annonces dans la FD).

Et nous ne savons pas si les soupes de Carême pourront avoir lieu cette année : des informations plus précises vous seront communiquées dans la FD.

Notez aussi les célébrations pénitentielles de Carême. Elles s’inspireront de l’encyclique « Laudato si’ ». Elles auront lieu :

– le mardi 23 mars, à 19h, à Delley

– le mercredi 24 mars, à 19h, à Tours

– le jeudi 25 mars, à 19h, à Domdidier

– le vendredi 26 mars, à 19h, à Léchelles.

Aimer pour être sauvé !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), mars 2021

TEXTE ET PHOTO PAR LE VICAIRE DENIS LAMON

« La souffrance m’a tendu les bras et je
m’y suis jetée avec amour » disait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Toute sa spiritualité est marquée par l’Amour et la Confiance : « Ma vocation, je l’ai enfin trouvée, ma vocation c’est l’Amour » écrira-t-elle aussi.

Elle articule le sens de la souffrance avec l’Amour à une époque marquée par le
jansénisme et une religion souvent doloriste.

On ne doit pas souffrir pour être sauvé, on doit aimer pour être sauvé !

« Une souffrance offerte n’est plus une souffrance. Elle est l’union de l’âme avec le Seigneur Jésus », écrivait le saint curé d’Ars.

La souffrance, inhérente à toute vie humaine peut renfermer et isoler, ou au contraire ouvrir et être le terreau d’un plus de vie, de confiance, de foi et d’amour. Combien de nos malades gardent le sourire sur leurs lits d’hôpital ! Quels témoignages saisissants !

Le pape François l’a dit avec conviction aux dernières Journées mondiales de la jeunesse à Panama : « Seul celui qui aime peut être sauvé. »

Parfois l’Amour demande l’union de nos souffrances à celles de Jésus lors de sa Passion, mais jamais dans un but de souffrir pour gagner le Paradis. Les mystiques désirent unir tout ce qui fait leur vie avec la vie de Jésus. A certains sont donnés les stigmates qui sont les marques de la Passion du Christ, qui nous a aimés jusqu’au bout.

« Deux amis traversent une partie d’un étang. Le pont cède et ils tombent dans
les eaux profondes. Ils ne savent pas na­-ger. C’est un instant de terreur et de
souffrance. Marc, qui est égoïste de nature, agite ses bras en les ramenant vers lui : il coule. Julien, de tempérament altruiste, écarte ses bras vers l’extérieur, tout naturellement, et arrive à regagner le rivage. »

« Seul celui qui aime peut-être sauvé ! »

 

Jeunes et engagées

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mars 2021

Helena Christen habite Evolène, elle est deuxième d’une fratrie de 3 filles. Diana Duarte habite Sierre, elle a une jeune sœur. Toutes les deux ont 21 ans et étudient à la HES en Sciences sociales. Deux amies complices et engagées.

PROPOS ET PHOTO RECUEILLIS PAR MERCEDES MEUGNIER-CUENCA

Lors d’une présentation à l’ECCG de l’action de Sierre partage : « Les cartons de la solidarité » par la responsable, Christianne Perruchoud, Helena et Diana s’inscrivent sur-le-champ pour travailler 2 heures à cette action, histoire de « voir »… et les voilà engagées depuis 2 ans, un samedi par mois, à l’épicerie solidaire de Sierre. Quand on habite Evolène la distance ne fait pas peur à Helena habituée à suivre les cours à la HES de Sierre ; deux amies partageant les mêmes valeurs : le sens des autres.

Question d’avenir

Diana et Helena poursuivent des études à la HES SO en travail social. « Nous avons fait des stages. » Helena dans une crèche d’Evolène et Diana a eu l’occasion de suivre différents élèves en difficulté et bénéficiant d’un appui et d’un accompagnement par des enseignantes spécialisées.

Le passage à Sierre partage a aiguisé leur sens de l’observation et, là aussi, elles ont découvert diverses formes de vulnérabilité. (Lors de la fermeture des écoles, des enfants n’ayant pas d’ordinateur à domicile pour suivre les cours à distance ont été pénalisés.) Diana est portugaise et elle a constaté les difficultés qu’ont certains parents à encadrer leur enfant quand on ne maîtrise pas la langue ou encore lorsque les deux parents sont au travail, qui garde les enfants ? Pour Helena, les difficultés des enfants de la crèche étaient moins fréquentes, mais elle a été sensible à la situation d’une famille qui n’arrivait pas à subvenir au financement d’une place de crèche, la maman ne travaillant pas en dehors de son domicile n’avait pas droit à une subvention. « Dans les villages de nos vallées il y aussi de la pauvreté moins visible, mais… »

Motivation

« On se sent presque coupable devant cette précarité car nous étions loin d’imaginer que des personnes n’ont pas les moyens de s’acheter de quoi manger et cela se passe chez nous. » Alors, de quelques heures, leur présence à Sierre partage devient un rendez-vous mensuel le samedi après-midi.

Ce ne sont pas des questions religieuses ni politiques qui les motivent, il s’agit plutôt d’un sens aigu de la justice et de la solidarité qui les anime et elles comptent continuer leur travail à Sierre partage car cela est une ouverture aux autres. Quand on les rencontre et qu’on les écoute, il n’y a pas le moindre doute quant à leur motivation et enthousiasme exemplaires.

 

Carême, car… aime !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mars 2021

Voilà plus d’une année que la terre entière vit une grande épreuve. Cette pandémie nous fait prendre conscience de l’incohérence de notre mode de vie qui rend les riches toujours plus puissants, et les pauvres toujours plus nombreux. C’est un appel à toute l’humanité à vivre d’une manière plus sérieuse.

PAR MARIE-FRANÇOISE SALAMIN
PHOTO : ACTION DE CARÊME, PAIN POUR LE PROCHAIN

Pour en savoir plus et soutenir :
actiondecareme.ch
Bulletin de versement dans le calendrier, CCP 10-26487-1
IBAN CH11 0900 0000 1002 6387 1
www.goodplanet.org

 

Qu’apprenons-nous ?

Chaque famille, de près ou de loin, est impactée par la situation sanitaire actuelle. Nous avons compris que la vie est précieuse, qu’elle est fragile, que la solidarité en famille, entre voisins, entre amis est un cadeau inestimable. Nous voyons aussi, plus que jamais, que notre système économique s’effrite et laisse là aussi, les plus modestes dans la précarité.

Justice climatique, maintenant !

Comme chaque année, Action de Carême et Pain pour le Prochain nous proposent, entre autres, un calendrier pour nous aider à progresser dans notre « savoir vivre » sur cette terre, avec les autres.

Certes, notre vie n’est pas simple et nous avons des soucis. Mais qu’en est-il du reste du monde ? Un monde où 1% de la population possède plus que les autres 99% ! Un monde qui va à sa perte si on ne fait pas dès maintenant des changements significatifs !

Alors qu’elles sont les moins responsables du dérèglement climatique, les populations des pays du Sud subissent des conditions météorologiques extrêmes de plus en plus fréquentes : cyclones, inondations, sécheresses, incendies ravagent certaines régions, menaçant l’environnement et les moyens de subsistance des plus démunis.

Comment faire ?

Procurons-nous le calendrier de Carême – au fond des églises. C’est un bon outil pour trouver des pistes pour opérer un changement, pour construire ensemble un monde nouveau dans la justice, la paix et la sauvegarde de la Création. Pour l’avenir de notre planète, il faut « décarboner * » nos vies en réduisant, chaque année de 5%, notre consommation d’énergie fossile (donc moins rouler en voiture, mieux isoler nos maisons, veiller à éteindre les lumières quand ce n’est pas nécessaire). Revoyons à la baisse notre manière d’acheter parfois compulsive, réparons, recyclons, prêtons…

Mangeons moins de viande produite industriellement, au détriment des cultures nourricières des populations pauvres. Cela aura un impact significatif sur notre santé et celle de la planète. Il y a d’autres manières de manger des protéines. Et si nous pouvons partager, soutenons les nombreux projets de l’Action de Carême et Pain pour le Prochain.

« La seule énergie durable, c’est l’amour. * »

* Citations de Yann Arthus-Bertrand,
auteur des films Home et récemment Legacy, notre héritage.

 

Etre proche de ceux qui souffrent

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mars 2021

PAR SR FRANZISKA MARIA
IMAGES : RAPHAEL DELALOYE, BERNA LOPEZ

Un jour ou l’autre nous sommes tous confrontés à la souffrance d’une personne que nous rencontrons sur notre chemin, quelqu’un de notre famille ou nous-mêmes. Souvent, à ce moment-là, on se pose plein de questions. Quelles pistes nous donne l’Evangile ?

Une parole bien connue et encourageante de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11, 28) Notre maître ne nous a pas tellement donné « d’explication ou de recette » concernant la souffrance, mais lui-même l’a vécue et traversée avec amour. C’est avec simplicité et confiance que nous pouvons déposer nos fardeaux trop lourds auprès de Lui. Nous observerons aussi dans l’Evangile, (surtout en saint Luc) que Jésus se laisse toucher jusqu’aux entrailles par la détresse, la faiblesse et la fragilité des personnes qu’il rencontre.

Jésus ne se montre jamais indifférent à la souffrance des autres. C’est dans ce sens que nous pouvons apprendre de ses paroles, de ses attitudes et de ses gestes, comme l’ont fait d’une manière admirable les saints et tant de chrétiens. Mère Teresa nous en a laissé un exemple lumineux, elle qui a pris comme phare de sa vie, cette parole : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! » (Mt 25, 40)

Plusieurs fois, j’ai été moi-même très touchée par la rencontre de personnes parfois très malades ou très éprouvées. Dans ces moments-là, nous touchons à la force incroyable du Christ, qui se rend proche des souffrants et qui donne force et réconfort. Fort de son exemple devenons à notre tour des proches et des consolateurs pour ceux qui en ont tant besoin.

 

Yves Crettaz : « Il faut se bouger pour une Eglise accueillante »

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), mars 2021

Yves Crettaz, un Valaisan de 25 ans, a été engagé au Service diocésain de la jeunesse (SDJ) de Sion. Rencontre avec un jeune passionné de communication qui souhaite faire mieux connaître « une Eglise accueillante » et plus accessible pour des jeunes restés sur le parvis.

TEXTE ET PHOTOS PAR CATH.CH / BERNARD HALLET

« L’Eglise doit être présente dans la société. Il faut sortir de l’entre-soi paroissial ! », lance Yves Crettaz. Le jeune Valaisan, mordu du web, vient d’être engagé au Service diocésain de la jeunesse (SDJ) de Sion. Il prône la spécialisation des tâches en Eglise, notamment dans la communication.

Pour cela, l’institution doit faire la place aux jeunes et leur faire confiance. « Il y a tellement à faire en Eglise ! Pourvu qu’on leur laisse la place et une certaine marge de manœuvre, ils ne demandent qu’à
s’investir. » Le Valaisan de 25 ans, diplômé de l’école de commerce de Sion, illustre bien le propos : membre du comité de la Nuit OpenSky, du groupe Des Jeunes qui Prient (DJP), coorganisateur des soirées
de louange à la paroisse de Conthey-Centre, il fait également partie du groupe de jeunes qui gèrent le site de la jeunesse catholique valaisanne : « T’as où la foi. »
Il ajoute à sa palette la vidéo, l’écriture et
la photo. Logiquement le journalisme l’attire. En attendant, il travaille au service marketing du quotidien valaisan Le
Nouvelliste
.

« Se bouger maintenant ! »

On pourrait encore dérouler ce qui fait plus penser à un CV qu’à ce qu’il considère, lui, comme un engagement en Eglise. « Son » Eglise, qu’il critique parfois. Parce qu’elle ne lui est pas indifférente, précise-t-il. Devant les bancs qui se vident, la baisse de la pratique religieuse, les scandales, il évoque une urgence : celle de « se bouger maintenant avant qu’il ne soit trop tard ! » pour diffuser la Bonne Nouvelle et rouvrir la porte d’une Eglise qu’il voudrait plus accueillante, en tout cas joyeuse. Il envisage son projet avec les pieds sur terre : « Je ne plane pas. Il faut être réaliste. »

Le web et les réseaux sociaux sont les meilleurs vecteurs pour communiquer les événements qui rassemblent la jeunesse qui croit et toucher, au-delà de la catho-sphère, les 15-25 ans. Il faut s’adapter à l’époque. « Les jeunes ne se trouvent plus systématiquement le dimanche matin à la messe. » La pandémie a démontré l’utilité du web pour garder un contact avec les fidèles, à l’instar de la Montée vers Pâques. Mais il en convient, l’écran ne remplace pas la présence ni la messe.

Une Eglise « plus fun mais pas au rabais »

La tendance des 15-25 ans à se retrouver autour de grands événements d’Eglise lui donne raison. La mobilité due aux études, au mode de vie, les amène dans d’autres paroisses et surtout à se retrouver ensemble, « parce qu’on n’est plus seul, comme aux JMJ », précise Yves Crettaz qui a été marqué par le rassemblement de Madrid, en 2011. « Il faut créer des occasions d’amener des amis à découvrir l’Eglise d’une manière plus fun, mais pas au rabais », insiste-t-il en faisant allusion aux soirées OpenSky, « Fun and God ». Ces événements sont aussi pour le zébulon une manière de ramener l’Eglise dans la société.

« Je ne dirai pas à des jeunes intéressés et hésitant à entrer dans une église : « viens à l’adoration ». On peut commencer avec un concert, un bar, le témoignage d’une personnalité – pas forcément de l’Eglise, mais de la société –, une possibilité de rencontre avec des jeunes engagés en Eglise et ensuite leur proposer : « viens à la messe ». »

En offrant un contexte convivial où les jeunes se sentent accueillis, c’est plus facile. Une des missions du Valaisan originaire de Vissoie, dans le Val d’Anniviers, sera de coordonner les différents groupes et plateformes des jeunes catholiques et de renforcer la présence et l’action de la pastorale sur la toile. « Il faut faire en sorte de faciliter l’accès à l’information à ceux qui veulent aller plus loin en Eglise. » Sa connaissance du terrain où il s’implique depuis dix ans sera un atout.

Une messe diocésaine

Les jeunes qui se situent à l’extérieur ne sont pas le seul objectif de son action. « Je pense qu’une messe diocésaine organisée par les jeunes une fois par an serait une bonne chose pour fédérer les fidèles et renforcer le sentiment d’appartenance à l’Eglise. » Il fait référence à la célébration de la confirmation organisée au CERM à Martigny qui a rassemblé 10’000 personnes. « C’est faisable. »

Une discussion avec Gaëtan Steiner, responsable du SDJ, a favorisé son engagement. Ses interventions sur la chaîne régionale Canal 9 pour présenter la messe télévisée dominicale de Mgr Lovey pendant la pandémie a été le déclic. Sa proposition à la chaîne, où il est pigiste, et à l’évêché de livrer un produit fini a séduit tout le monde.

« La pagaille dans les diocèses »

Issu d’une famille croyante et plutôt pratiquante, il n’a aucun problème à parler de foi et dit prier au moins une fois dans la journée. Même s’il n’oublie pas sa paroisse d’origine, il admet ne pas pouvoir toujours assister à la messe dominicale à Vissoie. Il essaye d’y aller le plus possible « et au moins pour Pâques et Noël », puisqu’il est lecteur.

Dans une tribune publiée dans Le Nouvelliste du 29 août dernier, il citait le pape François : « Je veux de la pagaille dans les diocèses ! Je veux que l’Eglise sorte dans les rues ! » « Sous l’impulsion du Pape, ajoutait Yves Crettaz, les jeunes se rassemblent par affinités et prennent des initiatives dans divers réseaux. En accord avec les prêtres, ils proposent une manière différente d’annoncer la Bonne Nouvelle. Un style actuel qui rencontre un franc succès, tant auprès des jeunes que des moins jeunes. Alors, dépoussiérons notre Eglise tous ensemble ! » Tout un programme.

 

Carême pour notre guérison et notre salut

Le Mercredi des cendres ce sera l’entrée en Carême, comme chaque année. Les cendres, c’est une mise en évidence de la fragilité humaine et surtout d’une réalité devenue taboue : la mort. On en parle le moins possible et, quand on est endeuillé, tout est fait pour déranger le moins possible les amis et connaissances.
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L’onction des malades

Qu’est-ce que c’est ? Pour qui ? Quand la recevoir ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mars 2021

PAR VÉRONIQUE DENIS
PHOTOS: BERNARD HALLET, JEAN-CLAUDE GADMER

Le sacrement de l’Onction des malades fait partie du rituel « Les sacrements pour les malades » 1. En effet, l’Eglise offre à la personne atteinte par l’épreuve de la maladie, plusieurs manières pour faire face à cette difficulté et à la souffrance :

la visite des malades : moment privilégié pour la personne en souffrance de rester reliée au monde

la communion aux malades : instant de communion intime avec le Seigneur, proposée régulièrement par les équipes de visiteurs de nos paroisses

l’onction des malades dont nous allons parler ci-dessous

le viatique : pain de Vie pour l’éternité offert à la personne qui se prépare à vivre le passage de la mort vers la Vie.

Autrefois on parlait « d’extrême-onction », à la dernière seconde avant de mourir, c’était en quelque sorte la porte ouverte sur le ciel. Dès le Concile Vatican II, la perspective a changé, puisque l’Onction des malades peut être reçue plusieurs fois dans la vie : avant une opération, au moment de la découverte d’une maladie, pendant la durée de la maladie, au moment de la vieillesse, pour les personnes âgées dont les forces déclinent, même si aucune maladie grave n’est diagnostiquée, aux enfants s’ils ont un usage de la raison suffisant.

Le sacrement de l’Onction des malades montre toute la sollicitude de l’Eglise entière envers ceux qui sont dans une situation de maladie ou de vieillesse. Son origine est très ancienne, car il est l’un des 7 sacrements institués par le Christ lui-même, suggéré dans l’Evangile de Marc (Mc 6, 13), promulgué par Jacques, apôtre : Si l’un de vous est malade, qu’il appelle ceux qui exercent dans l’Eglise la fonction d’Anciens : ils prieront sur lui, après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et s’il a commis des péchés, il recevra le pardon. (Cf. Jc 5, 14-15)

Le rite actuel reprend ce qui est évoqué par l’apôtre Jacques, en mettant en évidence les deux gestes :

l’imposition des mains par les prêtres avec une prière inspirée par la foi

le rite de l’onction sur les mains et le front avec l’huile sanctifiée par la bénédiction de Dieu, huile bénite au cours de la messe chrismale par l’évêque.

Par la prière prononcée par le prêtre, la personne malade reçoit le courage et la force pour tenir bon dans ces moments de souffrance, vaincre l’angoisse de la mort et vivre l’espérance de la résurrection. La grâce du Sacrement, c’est la force donnée par Dieu à la personne en souffrance pour être en paix, garder l’espérance, lutter contre le mal et la maladie, continuer à vivre et à témoigner de sa foi.

Par cette onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. AMEN !

Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève. AMEN !

Dans notre diocèse, le premier dimanche de mars est appelé « dimanche des malades ».

A cette occasion, même si les contacts humains seront toujours limités, nous pourrons accompagner les malades de notre entourage, les soutenir, veiller sur eux, prier avec et pour eux, et peut-être envisager une courte visite ou l’envoi d’une carte, d’un message d’espérance.

 

1 Sacrements pour les malades, pastorale et célébrations, Editions Chalet-Tardy, Paris, 1997.

 

Ma vie n’est pas une vie manquée

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), mars 2021

PAR LE PÈRE PIERRE LYONNET S.J. | PHOTO : PIXABAY

Seigneur, je Te supplie
de me délivrer de cette tentation harcelante,
de considérer le temps de ma maladie
comme une mesure pour rien dans ma vie,
une période creuse et sans valeur…

Que je revienne à la santé
ou que j’aille peu à peu à mon éternité,
je dois avant tout rester à la barre;
ma vie, je dois la vivre au jour le jour
et Te la donner tous les jours.

Il ne s’agit point de partir à la dérive…
Je n’ai pas à attendre un lendemain incertain
ni à me bercer de rêves ou de regrets:
je suis malade, je Te sers malade.

Vais-je attendre, pour T’aimer,
des circonstances qui, peut-être, ne se produiront jamais ?
Et s’agit-il pour moi de T’aimer
à mon goût ou de Te servir là où Tu m’attends ?…

Seigneur, ma vie n’est pas manquée
pour être une vie de malade.
Je veux la remplir à déborder,
avec Ta grâce qui se joue du temps
et n’a que faire des actions glorieuses pour le monde.

Ainsi soit-il.

Carême : un temps de manque

PAR LUCIENNE BROILLET-PAGE
PHOTOS : PIXABAY

« Elie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! »

Marc 2, 4-5

 

En ce temps de pandémie, nous sommes d’autant plus conscients de ce qui nous manque : les contacts humains, la convivialité, le partage de rires et d’émotions, les fêtes petites ou grandes, les rencontres autour d’un café, les soirées où l’on refait le monde, les répétitions, le cinéma, les visites, les concerts… sont autant de moments précieux dont nous avons été privés depuis longtemps. Pourtant, ils sont vitaux et leur absence a creusé en nous un mal-être et une souffrance, plus ou moins diffus.

Car « il est bon que nous soyons ici ! » dit Pierre. Sous-entendu : « Ici, ENSEMBLE ! »

En effet, l’être humain est un être de relation, il ne peut vivre seul. Bien des expériences et des observations, qui nous concernent directement ou ont été étudiées scientifiquement, nous prouvent que sans vis-à-vis l’humain vit mal, son élan vital est fondamentalement amoindri.

Le temps du Carême nous invite habituellement à réfléchir sur nos dépendances, sur les choses qui encombrent nos vies. Cette année, le temps particulier de la pandémie nous a fait prendre conscience que des éléments de notre vie qui paraissaient acquis, comme le droit de se rencontrer en groupes, par exemple, peuvent disparaître et nous manquer cruellement.

Cette absence de rencontre en direct, par le vide qu’elle nous a créé, peut cependant nous ouvrir à une nouvelle réflexion : si je suis croyant-e, dans quelle mesure la distance que je peux prendre avec Dieu engendre-t-elle un manque ? Si mon ami est absent, il me manque. Mais si je tiens Dieu éloigné de moi, me manque-t-il ?

Lorsque tout va bien, il est facile d’oublier la présence de Dieu. Lorsque les choses sont plus difficiles, nous nous tournons peut-être alors vers Lui, ne serait-ce que pour nous plaindre et récriminer… Pourtant, comme le dit Pierre : « il est bon que nous soyons ici ! » Dieu se rend présent à nous comme un Père, il veut nous accompagner, nous guider et nous illuminer, quel que soit notre chemin.

Profitons de ce Carême pour nous rapprocher de Dieu, qui attend toujours à la porte de notre cœur, et lui murmurer quotidiennement notre amour et notre foi. Avec lui, pas besoin de Skype ou de Zoom ou Teams ! Il n’attend que nous et nous offrira confiance et courage.

Bonne route vers Pâques !

 

La Passion du Christ n’est pas un mythe …

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Vallée d’Illiez (VS), mars 2021

Le Christ souffrit sa Passion jusqu’à mourir sur la Croix par Amour pour les hommes de tous les temps afin de leur ouvrir les portes du ciel.

PAR DENYSE GEX-COLLET – INSPIRÉ DE JOËL GUIBERT : LA SAGESSE DE LA CROIX
PHOTOS : INTERNET / « PASSION »

Il y a quelques années, avant la fête de Pâques, une catéchiste partageait la lecture de la Passion avec les enfants d’une classe primaire. A un moment, elle lève les yeux et constate que les enfants sont captivés par le récit. Elle remarque qu’un petit garçon essuie furtivement ses yeux mouillés de larmes. Elle continue la lecture, en relevant que Jésus a souffert pour nous parce qu’il nous aime et pour le pardon de tous les péchés. A la fin de la leçon, c’est la débandade vers la récréation. Le petit garçon se lève pour sortir et en passant près d’elle, il lui glisse tristement : « C’est trop injuste comme Il a souffert. Il n’avait rien fait de mal. C’est de notre faute. »

Il avait ressenti jusqu’au fond de son cœur la réalité de la souffrance de Jésus.

La Passion : souffrance hu­maine jusqu’à en mourir

Sainte Angèle de Foligno (1248-1309) relate dans ses visions, la révélation qu’elle reçut de Jésus :

« Une autre fois, c’était le quatrième jour de la semaine sainte, j’étais plongée dans une méditation sur la mort du Fils de Dieu, et je méditais avec douleur, et je m’efforçais de faire le vide dans mon âme, pour la saisir et la tenir tout entière recueillie dans la Passion et dans la mort du Fils de Dieu, et j’étais abîmée tout entière dans le désir de trouver la puissance de faire le vide, et de méditer plus efficacement.

Alors cette parole me fut dite dans l’âme : « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée. »

Cette parole me porta dans l’âme un coup mortel, et je ne sais comment je ne mourus pas ; car mes yeux s’ouvrirent, et je vis dans la lumière de quelle vérité cette parole était vraie. Je voyais les actes, les effets réels de cet amour, jusqu’où en vérité il avait conduit le Fils de Dieu. Je vis ce qu’il supporta dans sa vie et dans sa mort pour l’amour de moi, par la vertu réelle de cet amour indicible qui lui brûlait les entrailles, et je sentais dans son inouïe vérité la parole que j’avais entendue ; non, non, il ne m’avait pas aimée pour rire, mais d’un amour épouvantablement sérieux, vrai, profond, parfait, et qui était dans les entrailles. »

Le mystère de la Croix, mystère d’AMOUR

Tout ce qui précéda la mort de Jésus sur la Croix fut un long processus de tortures morales et physiques. La crucifixion était un supplice atrocement douloureux et la mort ne survenait que tardivement. Objectivement, il est indéniable que Jésus souffrit cruellement.

Jésus n’a pas endossé la croix contre son gré, Son Père ne la lui a pas imposée. Il en a accepté volontairement la souffrance et Il nous propose, à nous ses frères, de l’aider à la porter comme moyen de sanctification et de salut qui, grâce à la communion des Saints, nous permet, à notre petite place, de participer à la rédemption du monde.

Notre propre existence est placée sous le signe de la Croix

Il nous le dit clairement : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. » (Mt 16, 24)

Pour cela, il faut apprendre à voir la main de la Providence en tout ce qui nous arrive car Dieu a, sur notre vie, un plan d’amour caché à notre entendement « humain ».Et les calamités qu’Il permet que nous rencontrions et contre lesquelles nous luttons, permettent un Bien plus grand et certainement autre que ce que nous attendions.

Lors du Jugement dernier nous comprendrons les chemins admirables par lesquels sa Providence aura conduit toute chose vers sa fin ultime. Le Jugement dernier révélera que la justice de Dieu triomphe de toutes les injustices commises, que son amour est plus fort que la mort. (CEC, nº 1040).

 

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