Alicia Scarcez

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mars-avril 2021

Toute l’aventure spirituelle d’Alicia Scarcez s’est manifestée un jour de 2003 lorsqu’elle s’est convertie. Elle fut interpellée de manière inattendue et extraordinaire par Dieu lors d’un stage de chant grégorien. « Le chant grégorien est fondé sur l’Écriture sainte. Il est très puissant pour nous parler de Dieu, puisque c’est la Parole de Dieu revêtue de musique. C’est pour cela qu’on appelle le chant grégorien : la Bible chantée, la Bible dans le son. »

PROPOS RECUEILLIS PAR VERONIQUE BENZ | PHOTO : DR

La conversion d’Alicia est liée à la découverte du chant grégorien. « Ce chant que le Concile Vatican II a déclaré le chant propre de l’Église catholique romaine 1, a, entre tous les chants sacrés, un caractère spécial. C’est un chant d’écoute. Cela peut paraître à première vue paradoxal, mais quand on le pratique, on se rend compte qu’il s’agit moins de chanter, que de se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu, de notre âme et de l’âme du Christ. » Alicia est, depuis 2016, vierge consacrée du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. « C’est une très grande grâce, j’en suis très heureuse. Ce désir d’être consacrée me porte depuis ma conversion. »

À travers sa vocation et sa profession de musicologue à l’Institut des sciences liturgiques de l’Université de Fribourg, Alicia a pu creuser son amour pour le chant liturgique, en particulier par l’étude du chant cistercien, un chant constitué à l’époque de saint Bernard, appartenant à la grande famille du chant grégorien. Comme le dit l’abbé de Clairvaux, le chant liturgique ne se contente pas de résonner aux oreilles, il perce le cœur. « Il est le Verbe qui ne résonne pas, mais pénètre ; qui n’est pas loquace, mais efficace ; qui ne retentit pas aux oreilles, mais attire le cœur 2. » Un chant qui nous met à nu, nous touche au fond de l’âme et devient ainsi un moyen efficace de conversion et de sanctification.

Une musique hors du temps

Le chant grégorien à la différence des autres chants sacrés n’est pas marqué par une époque. Selon la musicologue, « il s’inscrit dans le temps, nous le chantons à chaque office, et pourtant il est hors du temps. Il vient du fond des âges et nous met en communication avec le mystère de Dieu lui-même ».

On fait généralement remonter le chant grégorien à la fin du VIIIe siècle, au moment où les empereurs carolingiens voulant réformer la liturgie des territoires gallicans ont fait appel à Rome. Les liturgistes pensent qu’il s’opère à cette époque, une hybridation entre les chants des territoires gallicans et les chants romains. C’est de cette rencontre culturelle que nait le chant grégorien. Mais il ne constitue pas pour autant une nouveauté propre au VIIIe siècle, car il est porteur de traditions liturgiques et musicales remontant aux origines du christianisme, traditions qui elles-mêmes plongent leurs racines bien plus loin encore, dans les chants de la synagogue.

Et, selon Alicia, ce chant ancestral n’a pas dit son dernier mot… base de tout le développement de la musique occidentale, il continue de traverser l’histoire, ne cessant d’évoluer et d’inspirer les musiciens. « Il y a des compositions récentes par exemple, celles des moines de Solesmes qui ont voulu compléter le répertoire à la fin du XIXe siècle. Le fameux « Salve Regina » avec la mélodie simple que nous chantons souvent à la fin des messes en est un exemple. Espérons, conclut Alicia, que « ce trésor d’une inestimable valeur » soit redécouvert et trouve une place de choix, selon le vœu du Concile Vatican II, dans nos liturgies contemporaines. »

 

1 « L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place. » Sacrosanctum Consilium, Constitution sur la sainte Liturgie, 116.

2 Saint Bernard, Sermons sur le Cantique 31, 6 (Sources Chrétiennes 431, pp. 438-439) : Verbum nempe est, non sonans, sed penetrans : non loquax, sed efficax ; non obstrepens auribus,
sed affectibus blandiens.

 

Biographie

D’origine belge, Alicia Scarcez a fait des études de piano au conservatoire royal supérieur de Bruxelles puis la musicologie à l’Université libre de Bruxelles. Elle s’oriente rapidement vers le chant liturgique du Moyen Âge. Elle a fait son travail de master sur un antiphonaire (recueil de chants) cistercien, puis un doctorat sur la réforme liturgique et musicale de saint Bernard.
Depuis 2014, elle travaille comme chercheuse à l’Institut des sciences liturgiques de l’Université de Fribourg.

Justice climatique maintenant !

Le Carême… quand même !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), mars 2021

Temps fort pastoral et spirituel de l’année liturgique, le
Carême est habituellement rythmé par de nombreuses et diverses initiatives, soupes communautaires, chemins de croix, journée des roses, pain du partage, semaine de jeûne, Ecole cathédrale, conférences, célébrations, partages, con­certs, prières, récolte de dons, pochettes… En ce temps si particulier de pandémie et de restrictions, l’enjeu est donc de faire Carême… quand même !

PAR JEAN-HUGUES SEPPEY ET ACTION DE CARÊME
PHOTOS : CAMPAGNE ŒCUMENIQUE 2021

Méditation de Veronika Jehle

Un pied, fracturé pour les autres
Au Chili, fracturé par le pouvoir,
le pied de cette personne descendue dans la rue contre l’injustice.

Ici, moi aussi, je peux comprendre.
Vois mon pied, ma confusion,
empêtré·e que je suis dans les vicissitudes.
Vois mon inconsistance, mon hypocrisie, comme je suis fragile, mortel·le et dépendant·e.

Vois Jésus qui lave les pieds,
ce Jésus que l’artiste a vu et qu’elle a peint, son Jésus, le mien, celui de tous les temps.

Vois la nature et les fleurs,
bien plus petites et plus belles,
qui fleurissent par-delà les points de suture et les fractures. L’espoir se dessine.
Sur le Chili, je ne connais pas grand-chose;
sur notre manière d’être au monde,
assez pour comprendre.

De son côté, la campagne œcuménique de Carême (voir la photo de couverture), met en évidence certaines problématiques du monde actuel et propose aussi diverses réflexions et actions à découvrir sur www.voir-et-agir.ch.

La tenture 2021 :

« Tu m’as remis sur pied, tu m’as donné du large » (Ps 31, 9)

L’œuvre artistique de Lilian Moreno Sánchez (Buin/Chili) est basée sur une radiographie d’un pied aux os partiellement cassés et tordus. C’est celui d’une personne blessée lors des manifestations de Santiago du Chili en octobre 2019. Les jeunes manifestantes et manifestants y dénonçaient en particulier la hausse du coût de la vie et l’augmentation des inégalités sociales qui en découle.

Aux quatre coins du monde, des personnes se lèvent et exigent « du large » et l’accomplissement de la promesse du Psaume. Que ce soit contre l’exclusion sociale ou pour une politique climatique qui laisse un large espace ouvert aux générations futures.

 

Opération sauvetage

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mars 2021

Le but ultime de notre vie terrestre est d’être sauvé et d’obtenir la Vie éternelle. Comment y parvenir dans notre société actuelle ? Quelles sont les pistes de réflexion proposées par l’Eglise ?

PAR SERGE LILLO
IMAGE : BERNA LOPEZ

Au soir de cette vie, je paraîtrai devant Vous les mains vides, car je ne Vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux.
Je veux donc me revêtir de votre propre Justice et recevoir de votre Amour la possession éternelle de Vous-même…

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Acte d’offrande à l’Amour miséricordieux

Saint Jean-Paul II a repris tous les écrits de ses prédécesseurs en matière de vivre en société pour éditer le « Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise » (CDSE) ; ce recueil peut nous éclairer sur ce sujet. En effet, ces enseignements de l’Eglise s’adressent à tous les hommes et femmes de notre temps ; ils servent à prolonger le style de dialogue par lequel Dieu lui-même, en son Fils unique fait homme, s’adresse à des amis dans les Evangiles, « il s’entretient avec eux. » (Ba 3, 38) L’homme est au cœur de ces enseignements qui ne visent qu’un seul but : « continuer, sous l’impulsion de l’Esprit consolateur, l’œuvre même du Christ, venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi. » (CDSE 13)

Par la constitution pastorale « Gaudium et spes », issue du concile Vatican II, l’Eglise apporte une éloquente démonstration de sa solidarité, de son respect et de son amour envers la famille humaine en instaurant avec elle un dialogue sur de nombreux problèmes, « en les éclairant à la lumière de l’Evangile, et en mettant à la disposition du genre humain la puissance salvatrice que l’Eglise, conduite par l’Esprit Saint, reçoit de son Fondateur. C’est en effet l’homme qu’il s’agit de sauver, la société humaine qu’il faut renouveler ». (CDSE 18)

Le salut qui, à l’initiative de Dieu le Père, est offert en Jésus-Christ, se réalisant et se diffusant par l’œuvre de l’Esprit Saint, est salut pour tous les hommes et de tout l’homme : c’est un salut universel et intégral. Il concerne la personne humaine dans chacune de ses dimensions : personnelle et sociale, spirituelle et corporelle, historique et transcendante. » (CDSE 38)

Etre sauvé en donnant notre vie

Le message est clair : chacun de nous est appelé à être sauvé par Dieu en Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui s’est fait l’un de nous. Il ne s’agit pas de se sauver soi-même, mais bien de se laisser transformer au contact de Jésus-Christ, en apprenant à le connaître, à l’aimer et à l’imiter. C’est tout un programme et ce n’est pas facile !

Il n’y a pas de formule magique, mais un long chemin ardu de transformation. Au cœur de celle-ci se trouve la charité, comme nous le dit Saint Jean-Paul II : « Seule la charité peut changer complètement l’homme. » Et il continue : « Un tel changement ne signifie pas l’annulation de la dimension terrestre dans une spiritualité désincarnée. » (CDSE 583) La charité est bien quelque chose de très concret : « La charité représente le plus grand commandement social. Elle respecte autrui et ses droits. Elle exige la pratique de la justice et elle seule nous en rend capables. Elle inspire une vie de don de soi :  » Qui cherchera à épargner sa vie la perdra, et qui la perdra la sauvegardera  » (Lc 17, 33). » (CEC, 1889)

Et comme la justice éclairée par l’Amour de Dieu nous renvoie à l’Evangile où l’Amour de Dieu s’est incarné en Jésus-Christ, la boucle est bouclée. Bon carême à tous.

Pour poursuivre…
Le CDSE (2006) est téléchargeable sous www.vatican.va. Plusieurs livres sont également disponibles aux librairies Saint-Augustin pour comprendre ses enseignements,
comme « Comprendre la Doctrine Sociale de l’Eglise » de Anne Despaigne et Jean de Saint Chamas (2007).
Une version plus jeune et revisitée a également été éditée en 2016 « Docat – Que faire ? ».
Enfin un guide pour approfondir le lien avec Jésus : « L’imitation de Jésus-Christ » par Marcel Michelet (2020)

Souffrir pour être sauvé ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), mars-avril 2021

PAR JEAN-FÉLIX DAFFLON, DIACRE
PHOTO : DR

Quand j’ai reçu le thème du prochain éditorial concernant L’Essentiel, nous étions dans le temps de Noël, et je me suis dit : merci pour le cadeau ! Nous venions de fêter l’annonce de la naissance du Fils de Dieu qui vient par Amour pour nous libérer de nos peurs, de nos doutes et nous donner un cœur de chair, pour que nous puissions retrouver notre âme d’enfant.

Jésus est venu dans le monde pour nous sauver de nous-mêmes d’abord ; pour nous apprendre à nous aimer tels que nous sommes. Il est venu pour nous libérer justement de tout ce qui nous fait souffrir par nos manques d’amour, et ainsi nous ouvrir à son Amour, à sa Tendresse et à
sa Miséricorde.

Oui, Dieu, notre Père, nous a donné son Fils pour que nous retrouvions le chemin qui mène à Lui. Pour cela, il suffit de suivre le Christ. Or, le Christ a passé toute sa vie à proclamer la Bonne Nouvelle du Salut, à guérir les malades, à remettre debout toute personne qui ployait sous le poids de ses culpabilités. Il a redonné espoir aux pauvres, aux petits, en les aimant simplement tels qu’ils étaient, et il nous demande aujourd’hui de continuer sa mission en allant auprès des plus pauvres, auprès de ceux et celles qui ont perdu toute espérance.

Le Christ est allé jusqu’à mourir pour nous. Il a donné sa vie par Amour pour que nous puissions être à notre tour des porteurs d’amour et de tendresse, dans un monde qui se cherche et qui se perd. En lui offrant chaque jour nos vies dans la confiance et l’abandon, nous serons dans la paix et la sérénité pour vivre ce que nous avons à vivre sachant que le Père s’occupe de nous. Le Christ n’a-t-il pas dit : « Venez à moi, vous tous qui ployez sous le poids des fardeaux, mon joug est léger, et Moi, je vous donnerai le repos. » Alors, non le Christ n’est pas venu pour que nous souffrions. Il est venu simplement nous apprendre à l’aimer, à nous aimer et ainsi à aimer la vie en lui faisant confiance.

 

L’impôt paroissial : un mal nécessaire

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mars-avril 2021

«Chaque franc qui est donné à l’Église est multiplié plu- sieurs fois: d’une part par la synergie des actions communes et d’autre part, et surtout, par l’engagement bénévole qui soutient nos actions» explique Patrick Major, président du Conseil exécutif de la Corporation ecclésiastique catholique (CEC). C’est grâce à l’impôt paroissial que l’Église perçoit les montants nécessaires au fonctionnement de la pastorale. Mais au fait, nous payons combien? Comment se répartit l’impôt? Comment fonctionne ce système mis en place voici trente ans? Les sorties d’Église sont parfois motivées par la volonté de ne plus payer l’impôt. Mais si je le paye, qu’est-ce que j’en retire? Petit voyage dans les méandres d’un impôt mal-aimé, mais nécessaire.

PAR JEAN-MARIE MONNERAT
PHOTOS : PIXABAY, DR

Qui paye des impôts paroissiaux ?

Les personnes physiques, de religion catholique, et les personnes morales, c’est-à-dire les entreprises. Et la loi de 1990, qui régit les rapports entre les Églises et l’État, précise que « les personnes physiques et les morales ne peuvent pas être imposées les unes à l’exclusion des autres » (art15). Il n’est donc pas possible d’exclure les entreprises du paiement de l’impôt. Chaque paroisse fixe le taux d’impôt qu’elle juge nécessaire à son fonctionnement dans le périmètre de son champ d’activité. Le taux n’est donc pas identique dans tout le canton. En moyenne cantonale, ce taux est de 7,94%. Ce qui signifie que pour chaque tranche d’impôt de 100 francs versée au canton par le contribuable, le catholique va verser 7,95 francs à sa paroisse. Ce chiffre va varier d’une paroisse à l’autre, puisqu’il s’agit d’une moyenne cantonale.

En tenant compte des rentrées des personnes morales, chaque catholique verse 300 francs par année à sa paroisse, toujours en moyenne cantonale. Le total des revenus des paroisses du canton se monte à 59 millions de francs, par année. C’est ce montant qui fait vivre l’Église fribourgeoise. Même si comparaison n’est pas tout à fait raison, les revenus fiscaux de l’État se montent à 1,3 milliards de francs, au budget 2021, pour des revenus totaux de 3,7 milliards de francs.

Ce revenu de 59 millions de francs est perçu par l’État, qui en assume la tâche administrative, est reversé aux paroisses, sous forme d’acomptes.

À quoi sont affectés ces revenus ?

Tout d’abord, la paroisse va entretenir son fonctionnement: ses locaux et son personnel. Les locaux sont l’église, les chapelles, les croix et d’une manière générale les symboles de la vie religieuse, mais également la cure, les salles paroissiales ou encore ses bâtiments. Quant à son personnel, il peut s’agir des secrétaires paroissiales, des sacristains sans oublier tout le fonctionnement de la pastorale paroissiale, comme des catéchistes ou les premières communions ou les confirmations. Enfin, la paroisse va assumer les frais d’achats propres à son fonctionnement, comme les fleurs de l’église ou les hosties.

En contrepartie le paroissien va pouvoir disposer de « son » église pour des mariages ou des enterrements.

Ensuite, la paroisse va participer aux dépenses communes. La plus importante est la caisse des ministères qui paye les salaires des prêtres et des agents pastoraux. Dans le canton de Fribourg, cela représente quelque 400 personnes, pour un montant de 10 millions de francs, réparti entre les paroisses.

Enfin, le fonctionnement de la Corporation ecclésiastique catholique (CEC) est également une tâche à la charge des paroisses. Si ces dernières coordonnent la « pastorale territoriale », c’est-à-dire la pastorale sur leur territoire, la Corporation ecclésiastique coordonne la « pastorale catégorielle », c’est-à-dire la pastorale par champs d’activité. Par exemple : la pastorale de la santé dans les EMS et les hôpitaux, la pastorale dans les institutions pour les personnes en situation de handicap, le service de la formation pour les agents pastoraux, la pastorale pour les couples et les familles, la pastorale des jeunes, l’enseignement dans les Cycles d’orientation, ou encore le service de la catéchèse et du catéchuménat du canton.

La CEC contribue également au bon fonctionnement des services de conduite du vicariat épiscopal et de l’évêché, de La Doc (librairie et médiathèque) une mine de plus de 10’000 documents (livres, revues DVD etc, ouverte à tous), et au service de la communication. Enfin, il convient de mentionner les trois missions linguistiques : lusophones, hispanophones et italophones soutenues par l’ensemble des paroisses, par le biais de la CEC.

La part de la pastorale

Toujours sans vouloir être exhaustif, il est judicieux de relever que l’Église soutient, à travers les subventions versées par la CEC, bon nombre d’organismes, comme Caritas, le Centre catholique romand de formations en Église, le centre Sainte-Ursule ou plus modestement l’émission « Coin de Ciel » du dimanche matin sur Radio Fribourg.

En guise de conclusion, et toujours d’une manière générale, une paroisse dispose des deux tiers de son budget, le dernier tiers étant lié aux dépenses de la caisse des ministères et de la Corporation ecclésiastique. Enfin, il est très difficile d’estimer la part des dépenses d’une paroisse pour la pastorale ou pour son fonctionnement, tant la frontière entre ces deux types de dépenses est ténue. Mais selon un petit sondage auprès de conseils de paroisse, une bonne moitié des dépenses concernerait la pastorale.

 

Quand la foi épaule la souffrance

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), mars 2021

Faut-il souffrir pour être sauvé ? Nous avons choisi d’aborder cette question sous un autre angle, en donnant la parole à un aumônier des hôpitaux, à une personne dont la foi a modifié le rapport à la souffrance et à un prêtre du secteur. Nous leur avons demandé de parler du lien entre « foi » et « souffrance » dans leur vie privée ou professionnelle.

PHOTOS : MARIE-PAULE DÉNÉRÉAZ

Abbé Janvier Nginadio Muntima, curé d’Ardon et Vétroz

Paul Claudel disait : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu pour l’expliquer, mais la remplir de sa présence. » Il est important, cela étant, de regarder la souffrance à travers Jésus. Avec lui, en effet, le chrétien prendra au sérieux la souffrance, luttera contre elle et fera preuve de compassion envers ceux qui sont accablés par la souffrance. Aussi, que Jésus ait fait de la souffrance une béatitude jusqu’à faire de la Croix la voie de salut pour l’humanité, et que saint Paul notamment ait placé la Croix au centre de sa prédication (1 Co 1, 23), c’est une invitation au chrétien à endurer la souffrance avec courage, lucidité et confiance pour saisir, paradoxalement, sa valeur éducatrice et rédemptrice.

La Passion du Christ est bienheureuse certes, et nos souffrances communion à celle du Christ, mais face à la souffrance, la foi n’est ni insensibilité ni exaltation maladive 1.

Jeanine Gabbud, un témoignage de vie

« Il faut souffrir pour mériter le ciel. » Que de fois ai-je entendu ces mots durant mon adolescence. Nourrie par cet enseignement, à 21 ans, victime d’une très grave maladie, je me suis écriée : qu’ai-je fait au Bon Dieu pour mériter cela ? J’étais révoltée, anéantie.

Face à mon désarroi, une compagne de chambre m’a dit : il y a la messe cet après-midi, tu as la foi, viens avec moi, tu verras Dieu va te consoler. J’y suis allée, mais sans conviction. Ce temps de cœur à cœur avec Dieu m’a apaisée. J’ai continué à prier quotidiennement et petit à petit j’ai ressenti une force intérieure insoupçonnée. Je n’étais plus seule à lutter. J’ai réalisé que Dieu m’assistait.

Transformée par cette expérience, j’ai pris conscience que la foi est un cadeau de Dieu à entretenir et à fortifier. Toute ma vie, elle a été ma force et mon bouclier. A 48 ans, lors d’une maladie où mon pronostic vital était engagé, j’ai ressenti à nouveau ses bienfaits.

Je peux l’affirmer : « Dieu ne veut pas la souffrance, il n’est pas venu la supprimer, ni l’expliquer, mais la remplir de sa présence. »

Martial Ducrey, aumônier

Comme aumônier, je rencontre des personnes en souffrance. Certaines cherchent le pourquoi de leurs douleurs, certaines considèrent qu’elles méritent de souffrir, d’autres que c’est injuste. Je suis toujours à leur écoute, mais je me révolte quand j’entends dire qu’il faut souffrir pour « gagner le paradis ». Non, nous n’avons pas besoin de gagner le paradis, nous avons « seulement » à ouvrir notre cœur pour accueillir l’Amour inconditionnel et infini de notre Créateur.

Dieu n’a jamais voulu que nous souffrions, mais c’est un fait : nous souffrons, alors que fait Dieu ? Il a envoyé son propre Fils pour nous témoigner sa compassion, pour nous dire sa sympathie : Dieu souffre avec nous. Il est avec nous et nous dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez, je vous procurerai le repos. » Jésus a lutté contre toute souffrance, à notre tour de faire notre possible pour atténuer les souffrances rencontrées, parfois simplement en étant Présence et écoute, parfois en offrant une parole inspirée et inspirante.

La passion de saint Joseph

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mars-avril 2021

PAR L’ABBE ALEXIS MORARD
PHOTO : DR

Au début de son Évangile, saint Matthieu nous raconte l’inextricable dilemme que saint Joseph a dû affronter. Alors qu’il était fraîchement marié, il s’aperçoit que Marie son épouse est enceinte, alors même qu’ils ne vivent pas encore sous le même toit (ce qui était chose fréquente dans le mariage juif). Joseph doit-il suivre la Loi et répudier Marie, ou suivre Marie et répudier la Loi ?

Joseph, en homme juste, ne veut pas manquer à la Loi, mais il ne veut pas non plus condamner celle qu’il aime et qu’il devait, à sa manière, savoir toute pure. Joseph trouve alors une solution pour le moins originale : répudier Marie, mais « en secret », c’est-à-dire sans fournir de raison valable, de sorte que l’opprobre retombe sur lui en raison de la légèreté de son attitude par rapport à sa fiancée. Ainsi, pas d’infidélité à la Loi, et la lapidation est
évitée. Cependant, voici que la Providence va pousser Joseph bien au-delà de la solution qu’il avait imaginée :

« Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». » (Mt 1, 19-20)

Joseph prit chez lui Marie

La réponse de Joseph et immédiate : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. » (Mt 1, 24) On pourrait véritablement parler ici de la « passion » de Joseph : son amour pour Marie n’est pas diminué par son doute, au contraire, il s’en trouve assumé un étage plus haut !

Et le pape François de commenter dans sa lettre apostolique Patris Corde (n. 4) :

« Bien des fois, des évènements dont nous ne comprenons pas la signification surviennent dans notre vie. Notre première réaction est très souvent celle de la déception et de la révolte. Joseph laisse de côté ses raisonnements pour faire place à ce qui arrive et, aussi mystérieux que cela puisse paraître à ses yeux, il l’accueille, en assume la responsabilité et se réconcilie avec sa propre histoire. »

Puisse ce temps de carême, au travers des situations inextricables qui se présentent à nous en ce temps de pandémie, nous révéler plus que jamais la folle passion de Jésus pour chacune et chacun de nous, et nous encourager à le suivre jusque dans sa Pâque où il fait « toutes choses nouvelles » (cf. Ap 21, 5).

 

Quelle place pour la souffrance ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), mars-avril 2021

PAR L’ABBÉ VINCENT LATHION
PHOTOS : ABBÉ MARTIAL PYTHON, DR (LA RÉSURRECTION D’ANDREA MANTEGNA)

L’Essentiel Unité pastorale Sainte Marguerite Bays

« A travers les écueils, plongés dans la détresse,
Les saints ont constamment marché vers la sagesse. »

Imitation de Jésus Christ, L1, chap. 13

La vie semble ainsi faite qu’on ne peut la traverser sans connaître, à côté des heures de bonheur, des heures plus sombres et douloureuses ; ces épreuves dans nos vies sont-elles des voies sans issue ou peuvent-elles trouver une place dans notre cheminement ? Essayons, dans une perspective de foi, de dégager quelques pistes de réflexion.

Tout d’abord, qu’est-ce que la souffrance ? Elle est une réaction naturelle d’aversion et de tristesse en présence d’un mal qui nous touche ou qui touche l’un de nos proches.

En tant qu’être humain, le mal auquel nous pouvons être confrontés est de deux types. Le premier est un mal que nous pourrions dire « naturel », qui se retrouve dans le règne animal et végétal : nous pensons ici aux maladies et aux accidents de toute sorte qui privent un être vivant, au moins en partie, des capacités qu’il devrait posséder. Le second type de mal est un mal qui concerne les créatures capables d’agir librement. Ici, il est question des peines et des blessures causées par tous les actes humains qui ont manqué le bien qu’ils devaient viser.

Si, dans le second cas, l’origine du mal est facilement identifiable, il n’en va pas de même dans le premier où l’individu subit un tort qui ne dépend pas nécessairement de lui. Ainsi cette souffrance n’est pas liée à une faute personnelle, comme l’explique le Christ lors du drame de Siloé – la chute d’une tour avait causé la mort de 18 personnes –, et il faut en écarter toute idée de châtiment (cf. Lc 13, 4). Ce mal naturel, aussi tragique ou pénible soit-il, n’affecte pas forcément la relation à Dieu, même si très souvent, il l’éprouve durement. Le livre de Job en est la meilleure illustration dans la Bible : après avoir tout perdu, Job élève sa plainte vers Dieu alors que ses amis cherchent, par des raisonnements, à justifier le mal qui le frappe. A la fin du texte, le Seigneur donne raison à Job tandis qu’il réprimande sévèrement ses compagnons, car ils ont voulu rendre Job responsable de ses souffrances.

Ces deux types de maux, le mal naturel et le mal qui dépend de l’homme, sont certes liés de manière mystérieuse dans l’histoire du monde, mais comme nous venons de le relever, ils ne le sont aucunement – sauf cas particuliers – dans l’histoire d’un individu. Ainsi, dans les situations les plus frappantes, nous voyons des saints souffrir de terribles maladies et affronter des événements tragiques, tandis que des hommes, qui ont commis de lourdes fautes, semblent traverser la vie sans la moindre maladie ni le moindre revers de fortune. Les uns pourtant cheminent péniblement vers leur salut, pendant que les autres courent allègrement loin de leur but. Nous ne pouvons résoudre cette équation existentielle si l’on s’en tient aux seuls faits extérieurs ; nous percevons en revanche, de manière obscure, que la joie d’une vie ne peut se mesurer à ces seuls critères.

Mais comment réagir face à ces maux qui nous atteignent ? Il y a tout d’abord une forme d’apprentissage de la douleur qui ressemble à l’entraînement des sportifs avant une compétition : telles sont les différentes formes d’ascèse, qui consistent en des privations de toutes sortes. Lorsqu’elle est vécue saintement, l’ascèse permet une maîtrise plus pleine de notre corps et de nos sens, tout en laissant notre sensibilité d’âme et de cœur intacte. Notons bien cependant que ce contact avec une certaine souffrance reste libre et volontaire : on en mesure la dose et les effets pour que les conséquences en soient positives.

Puis il y a cette vraie souffrance, qui n’est plus de l’ordre de l’exercice volontaire, mais de la réalité vécue et subie. Cette souffrance relève du mystère de la croix. L’ascèse peut y préparer lointainement, mais elle ne le fait pas complètement, car l’entraînement ne remplace jamais l’expérience. Dans ces cas-là, le contact avec
la douleur n’est plus choisi ni maîtrisé, mais subi contre sa volonté et éprouvé dans toute sa profondeur. Le Christ dans les évangiles nous invite à le suivre jusqu’à traverser de telles épreuves. Mais de même qu’il n’a pas cherché la douleur de la
Passion et qu’il a demandé au Père de l’en préserver si possible (cf. Mt 26, 39), de même il ne nous incite pas à chercher la souffrance ni la persécution ; elles apparaissent d’elles-mêmes lorsque nous marchons à sa suite.

Que dire pour conclure de cette dernière forme de douleur ? La croix est une expérience terrible, mais le chrétien sait que la présence du Christ l’habite, jusque dans son cri le plus bouleversant : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46) Il connaît également la fécondité mystérieuse que seul Dieu
peut lui donner, car viendra le jour où elle s’effacera devant la lumière de Pâques.

 

Les Conférences Saint-Vincent-de-Paul

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mars-avril 2021

Car j’avais faim et vous m’avez donné à manger;
j’avais soif et vous m’avez donné à boire. 

Matthieu 25, 35

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PAR MAX HAYOZ, DIACRE, PRESIDENT DU CONSEIL PARTICULIER DES CONFERENCES SAINT-VINCENT-DE-PAUL DU DECANAT
PHOTO : DR

Pour perpétuer l’œuvre de saint Vincent de Paul (1581-1660) en faveur des plus démunis, le bienheureux Frédéric Ozanam (1813-1853) crée en 1833 avec d’autres personnes à Paris, les Conférences de Saint-Vincent-de-Paul. La Société de Saint-Vincent-de-Paul a pour objectif d’aider les pauvres afin de soulager leurs souffrances et de promouvoir leur dignité et leur intégrité humaines.

Une œuvre discrète

Le canton de Fribourg compte actuellement 30 Conférences, dont 8 sur le décanat de Fribourg. Ensemble, elles travaillent en toute indépendance et dans la discrétion pour venir en aide aux personnes dans le besoin, sans distinction de religion, d’idéologie, de race ou de classe sociale.

Elles offrent :

– un accueil discret et une écoute respectueuse,

– de l’aide rapide et efficace,

– un accompagnement (le cas échéant orienté vers les services sociaux régionaux),

– un soutien dans les démarches officielles,

– l’entremise vers d’autres institutions d’entraide (Caritas, les Cartons du cœur, SOS futures mamans…).

Au service des plus pauvres

Les Conférences Saint-Vincent-de-Paul ne peuvent qu’apporter des aides ponctuelles et ne sauraient offrir un soutien à long terme. Leur but est de donner un coup de main rapidement là où c’est nécessaire. Leurs moyens étant limités, les Conférences offrent un service de dépannages, principalement dans le domaine alimentaire.

En plus de l’aide individuelle, elles interviennent à l’occasion d’actions spéciales deux à trois fois par an, à Noël, à Pâques ou en automne.

Durant cette période de pandémie, les Conférences sont particulièrement sollicitées pour la prise en charge partielle ou totale de primes d’assurance maladie, de loyers en retard, de diverses factures (par exemple le dentiste), de l’achat de vivres, des aides souvent sollicitées à cause d’une diminution, d’une perte de salaire ou dans l’attente de toucher les indemnités journalières du chômage. Les demandes d’aide dans nos Conférences sont en constante augmentation.

Ces dernières souhaitent rester attentives aux besoins des gens, particulièrement de nos aînés afin de pouvoir offrir à chacun accueil, écoute et partage.

Rencontre avec Marguerite Carrupt…

… infirmière indépendante

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mars 2021

TEXTE ET PHOTOS PAR VÉRONIQUE DENIS

Marguerite Carrupt est infirmière depuis plus de 35 ans. Après plusieurs années
à l’hôpital du Valais, elle complète sa
formation en soins palliatifs et en accompagnement de la personne âgée pour devenir infirmière indépendante. Elle a souhaité en quelque sorte se concentrer sur l’accompagnement des personnes
en fin de vie, car elle considère cette étape ultime primordiale pour toute personne. Un événement l’a fortement marquée :
l’accompagnement de son papa en fin de vie, il y a plus de 20 ans, en collaboration avec l’antenne François-Xavier Bagnoud. Suite à cette expérience forte en émotions, elle a entendu et répondu à cet appel : devenir infirmière indépendante.

Son choix a été aussi motivé par une prise en charge globale, pluridisciplinaire des patients à domicile, se développant sur un temps plus ou moins long, en lien étroit avec la famille et les proches.

Un mot pourrait résumer son travail : RELATION : relation d’aide, d’écoute sans jugement et dans une confiance réciproque. Marguerite précise en disant que l’essentiel de son travail, en plus des gestes techniques et des soins accomplis, consiste à être avec, à rejoindre la personne en souffrance là où elle est et l’accompagner à son rythme, jusqu’où elle veut aller. C’est une adaptation de tous les jours à vivre dans la confiance et l’abandon.

Les personnes qui arrivent au bout de leur chemin de vie sont confrontées à
une souffrance globale : douleurs physiques, souffrance psychologique, sociale (isolement, pertes des contacts) et spirituelle (Qu’ai-je fait de ma vie ?). Seule la personne peut exprimer ce qu’elle ressent. Ce qu’elle vit est parfois d’une violence extrême. Confrontée à ces situations de souffrances intenses, Marguerite se fait proche, chemine avec la personne, lui apporte ses connaissances professionnelles pour soulager, aider, anticiper, planifier les ressources disponibles. La souffrance reste un mystère, individualisé et vécu par chaque personne, de manière différente et particulière.

Croyante et ayant accompli le parcours FAME VI, Marguerite confie son travail, ses patients à la prière. Elle prie avant chaque rencontre, et elle confie à l’amour du Père les personnes décédées. Elle dit trouver dans la prière les gestes appropriés, les attitudes compatissantes pour chaque personne. A sa manière, elle témoigne
de sa foi, non par des discours, mais
par des attitudes ajustées et des actions adaptées à chaque situation.

Merci Marguerite pour le feu sacré qui t’habite : puisse ta passion d’être et de cheminer avec les personnes vers qui
tu es envoyée, se développer et te combler de joie, longtemps encore.

 

Pas un jour sans une ligne

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mars-avril 2021

L’Essentiel Unités pastorales du Grand-Fribourg

Trois curieux avant-bras seront bientôt déposés dans les niches de molasse de la solennelle chapelle du Saint- Sépulcre, à la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg. Il s’agit des bras-reliquaires du patron de la cathédrale éponyme, saint Nicolas de Myre et de celui du saint patron de la Suisse, saint Nicolas de Flüe. Ces deux reliquaires actuelle- ment gardés dans le trésor de la cathédrale se verront ainsi exposés aux côtés d’un nouveau venu: le bras-reliquaire de saint Pierre Canisius, projet lauréat d’un concours inter- national organisé en 2019 par le Chapitre cathédral.

PAR DANIELE PERNET | PHOTOS : MAURICE PAGE/CATH.CH *

Saint Pierre Canisius, jésuite hollandais du XVIe siècle, grand acteur de la Contre-Réforme à Fribourg (un article lui est dédié en page 16 de ce même numéro), repose depuis près de 400 ans dans l’église du collège Saint-Michel, collège dont il fut le fondateur. En avril 2021, une partie de ses restes mortels sera déposée dans un nouvel écrin pensé et élaboré par l’architecte Marc-Laurent Naef et l’artiste Frédéric Aeby (fig. 1). Leur projet, intitulé Nulla die sine linea (signifiant « pas un jour sans une ligne ») rappelle l’importance de la prédication et de l’écriture pour cet infatigable saint, qui rédige de nombreux ouvrages dans lesquels il défend corps et âme l’attachement aux préceptes catholiques et qui participe également à la création d’une imprimerie en ville de Fribourg.

Les reliques et le reliquaire

Si les reliques sont les fragments d’ossements du corps de saints que les fidèles catholiques vénèrent, les reliquaires en sont les récipients. Souvent richement décorés, ils connaissent diverses formes et permettent la conservation des reliques. Généralement, leur forme renseigne sur les os qu’ils contiennent. Pour les cas fribourgeois de saint Nicolas de Myre et de saint Pierre Canisius, il n’en est pas exactement ainsi : le reliquaire de saint Nicolas renferme depuis le XVIe siècle l’humérus du saint évêque de Myre tandis que le bras reliquaire moderne de saint Pierre Canisius conservera des fémurs, des tibias et deux autres os (à noter que les os de sa tête resteront dans le gisant de l’église Saint-Michel).

Connaître des saints

Dès le 26 avril prochain, les trois saints se verront réunis dans un seul et même lieu et les pèlerins et fidèles pourront alors les vénérer et apprendre à les connaître davantage. Pour le chanoine Claude Ducarroz, en réunissant un éminent évêque d’Orient de l’Antiquité, un laïc suisse de la fin du Moyen Âge père de famille et un jésuite qui guida notre Église dans les voies de la Réforme après le Concile de Trente, on rassemble trois formes de la sainteté, trois grandes vocations. Il ne s’agit ainsi pas tant de vénérer l’objet religieux en tant que tel, mais de faire plus ample connaissance avec des saints de chez nous, souvent méconnus et qui peuvent devenir des exemples de foi pour chacun d’entre nous.

Une main bénissante, celle de l’évêque de Myre, une autre priante, celle du saint suisse originaire du canton d’Obwald et la main de saint Pierre Canisius tenant une plume et s’apprêtant à écrire seront déposées côte à côte (fig. 2) dans la chapelle du Saint-Sépulcre. Le projet lauréat proposé par Marc-Laurent Naef et Frédéric Aeby (fig. 3) consiste en un coffret en aluminium, moins lourd et délicat que la céramique – un tel objet étant amené à être déplacé, par exemple lors d’une procession – en verre antique et en bois (pour la plume). Les trois reliquaires seront placés dans des niches déjà existantes et protégées par des grilles de fer forgé rappelant le travail des artisans de la cathédrale et s’inscrivant ainsi dans une continuité harmonieuse.

Pour les deux artistes, le fait de placer ces reliquaires dans le mur au pied de la tour de la cathédrale est significatif ; ce mouvement vertical, de la terre jusqu’au ciel « transcende les reliques des trois saints avec le thème de la Résurrection ». Il est également très symbolique pour Frédéric Aeby, qui a réalisé dix panneaux explicatifs sur le panorama de la ville de Fribourg et qui a également dessinée l’étiquette du biscôme de la Saint-Nicolas il y a quelques années !

 

Plusieurs visites, publications, vidéos sont prévues à cette occasion, dont la fondation de la nouvelle Province d’Europe centrale des Jésuites sous l’égide de saint Pierre Canisius.

Plus d’informations sur le site jesuites.ch

 

* Les photos sont tirées de l’article de cath.ch à lire sur

https://www.cath.ch/newsf/nouveau-reliquaire-pour-pierre-canisius-a-la-cathedrale-st-nicolas/

 

Souffrir pour être sauvé ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mars 2021

TEXTE ET PHOTOS PAR JUDITH BALET HECKENMEYER

Jésus a souffert sous Ponce Pilate, disons-nous en récitant le symbole des apôtres.

Nous souffrons tous. En s’arrêtant un instant dans notre quotidien, nous trouvons facilement une douleur, une souffrance physique ou morale. Certaines restent dans l’ombre, d’autres sont évidentes.

A quoi peut servir la souffrance ? Nous laissons-nous écraser par elle ? Nous inviterait-elle à un dépassement ? Nous pousserait-elle à chercher à être meilleurs ?

Je rechigne à imaginer un Dieu qui serait assis sur son nuage, se délectant de la souffrance de son peuple pour mieux l’accueillir une fois trépassé. Permettez-moi un trait d’humour :

Un homme se réfugie sur le toit de sa maison car il y a une sévère inondation. Des voisins possédant une barque viennent lui demander de se joindre à eux pour aller se mettre en sécurité. L’homme répond : « Je suis très croyant, Dieu me sauvera. » L’eau monte de plus en plus. La protection civile est mise en action et vient trouver notre homme. Il ne veut toujours pas quitter son toit et redit la même phrase. L’eau monte encore et les secours héliportés viennent lui demander de partir. Il refuse toujours, et… il meurt noyé. Arrivé devant Saint Pierre, il est furieux : « Moi, je croyais fermement en Dieu. Il n’a rien fait pour me sauver ! » Sur ce saint Pierre réplique : « Les trois moyens de secours qui sont venus à toi, tu les as refusés. C’est pourtant Dieu qui te les a envoyés ! »

Un des choix de l’homme résiderait-il dans la manière de réagir à la souffrance ? Ce bref instant où tout peut changer. On parle de résilience dans la faculté à rebondir lors de traumatismes. Et si c’était cela être sauvé ? De pouvoir continuer son existence fort des expériences vécues, les utilisant comme des tremplins pour être un peu meilleur, plus aimant, plus tolérant envers soi et envers les autres, en bref plus vivant.

 

Une opportunité de changer

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mars-avril 2021

PAR L’ABBE PHILIPPE BLANC, CURE MODERATEUR DE L’UP NOTRE-DAME
PHOTO : DR

En ces temps qui nous paraissent incertains, nous avons besoin de repères et de lumière. Nous pouvons choisir l’abattement ou le relèvement; le fatalisme ou l’espérance ; la fermeture ou la disponibilité à l’accueil et à l’ouverture. « De cette crise, nous pouvons sortir meilleurs ou pires. Nous pouvons régresser, ou bien nous pouvons créer quelque chose de nouveau. Pour l’instant, ce qu’il nous faut, c’est l’opportunité de changer, de laisser un espace à la nouveauté dont nous avons besoin ».1

Et si nous vivions le temps du carême comme un cadeau que le Seigneur nous fait pour nous rendre disponibles à cette nouveauté qu’il veut pour nous ! Bien souvent nous hésitons devant la nouveauté parce qu’elle évoque l’inconnu, l’inattendu, le surprenant. Nous préférons parfois nos sécurités au point de nous laisser enfermer en nous-mêmes. Ces quarante jours que nous parcourons dans la confiance et la joie nous invitent à la nouveauté de la liberté des enfants de Dieu ; à la nouveauté de la guérison de nos blessures par la tendresse du Seigneur ; à la nouveauté d’une écoute de la Parole de Dieu qui soit créatrice et réconciliatrice ; à la nouveauté de relations fraternelles qui s’enracinent dans l’amour du Père pour tous ses enfants.

Et sur le chemin, la belle figure de saint Joseph nous est proposée. Comme l’écrit le pape François : « Joseph n’est pas un homme passivement résigné. Il est fortement et courageusement engagé ».2 Lui aussi a été confronté à la nouveauté du projet de Dieu et « dans chaque circonstance de sa vie (il) a su prononcer son fiat, tout comme Marie à l’Annonciation, et comme Jésus à Gethsémani ».3

Ce temps de carême, c’est une « opportunité de changer » !… C’est le temps de la nouveauté de la grâce pour un fiat libre et joyeux !

 

1 Pape François, Un temps pour changer, Flammarion, 2020, p. 16.

2 Pape François, Lettre apostolique Avec un cœur de père, Éd. du Cerf, 2020, p. 39.

3 Id., p. 32.

 

40 jours pour revenir à Dieu

La situation sanitaire ne nous empêche pas de vivre le carême, elle nous invite à le faire de manière différente. Les Unités pastorales Notre-Dame et Saint-Joseph ont préparé de nombreuses propositions Covid-compatibles pour vivre ce temps de conversion. Vous trouverez toutes les informations nécessaires sur

– Les feuilles dominicales et les feuillets au fond des églises

– La newsletter et le site décanal : www.decanat-fribourg.ch

– Le site de l’UP Notre-Dame : www.notre-dame-de-fribourg.ch

– Le site de l’UP Saint-Joseph : www.upsaintjoseph.ch

 

Souffrir pour être sauvé…

… Vraiment ?

Tiré du magazine paroixssial L’Essentiel, UP Saint-Barnabé (VD), mars-avril 2021

PAR CORINNE GOSSAUER-PEROZ, AUMÔNIÈRE (ÉGLISE CATHOLIQUE VD) ET AUTEURE DE « GARDE-MOI VIVANT ! VIEILLIR ET LE DIRE »,
PARU EN 2020 AUX ÉDITIONS SAINT-AUGUSTIN
PHOTOS : GRÉGORY ROTH / CATH.CH, CORINNE GOSSAUER-PEROZ

Aumônière dans cinq EMS de la Broye, la souffrance est au cœur de mes visites et des échanges avec les résidents. Les souffrances physiques et leur palette de douleurs anciennes, nouvelles et quotidiennes. Souffrances psychiques quand un événement, un traumatisme, une situation passée ou présente ne cesse de tourmenter l’esprit. Souffrances relationnelles parce que les proches et les contemporains sont décédés, ceux avec lesquels il était possible de dire : « Tu te rappelles… » Souffrances relationnelles quand un enfant (de 60 ans et plus !) ne donne plus de nouvelles, peu importe la raison. Souffrance et solitude commencent par la même lettre…

Pourtant, au cœur de ces souffrances, je vois et j’entends aussi le courage, la dignité, l’endurance, l’espérance et la foi. Je n’entends personne parler de ses souffrances comme une opportunité de « gagner son paradis ». Du reste, je rappellerai que « le Christ a tout accompli » (Evangile de Jean 19, 30). Il a tout porté et donné sa vie pour notre salut.

Dans l’écoute et le partage des souffrances des résidents, il nous arrive souvent de faire ce constat : la foi n’explique pas la souffrance, elle n’apporte pas de réponse et si c’était le cas, les églises seraient pleines !… La phrase de Paul Claudel me semble dire l’essentiel et le mystérieux : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence ». Jésus, le fils de Dieu, venu aimer et sauver les hommes, a aussi souffert en donnant sa vie. En ayant traversé la souffrance et la mort, Il peut comprendre l’épreuve de tout individu. Sa présence est consolation dans le cœur de tant de personnes que je rencontre.

Avec ou sans souffrance, la foi se nourrit dans et par la prière, la Parole de Dieu et les sacrements. Les EMS ne font pas exception à ces ressources. Dans le cheminement spirituel des personnes, la prière tient une grande place. Elle est ce lieu secret où les cris, les soupirs, les questions (« Quand vas-tu me consoler ? » Psaume 118, 82) et la reconnaissance peuvent se dire. « Si je ne prie pas, je tangue », me disait une nonagénaire. Au cœur des pertes et de la vieillesse, la prière est et demeure un élément vital. « Aux jours de ma vieillesse et de mes cheveux blancs, ne m’abandonne pas, ô mon Dieu ! » (Psaume 70, 18).

 

Au Liban, l’espérance malgré tout

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mars-avril 2021

Le groupe missionnaire a reçu une lettre de Noël de Sœur Jocelyne Joumaah, supérieure générale de la congrégation des Sœurs du Bon Service de Jabboulé, au Liban, qui prennent soin d’orphelins. Cette lettre, que nous reproduisons ci-dessous, témoigne de chrétiens pleins d’espérance malgré les difficultés quotidiennes. Un projet soutenu par le groupe missionnaire.

PAR SŒUR JOCELYNE JOUMAAH
PHOTOS : DR

Amis, joyeux Noël ! Noël n’est pas un moment qui passe. Noël, c’est un état qui nous accompagne lorsque des personnes ont besoin d’un rédempteur, c’est le désir qui habite chacun de nous d’un monde meilleur, c’est Dieu qui se penche à chaque instant sur notre misère pour nous en relever. Dieu a créé la lumière pour qu’elle parle de lui, la lumière du monde, il s’est incarné et est présent à chaque instant, surtout là où les besoins sont les plus grands.

Et notre région a grand besoin de Dieu : en effet, de nombreux événements qui ont touché le pays au cours de l’année écoulée ont accru les traumatismes chez nous, provoquant des niveaux de stress élevés. Nous avons eu des séquelles émotionnelles et physiologiques qui se sont traduites sur notre lieu de travail (colère accrue, irritabilité, performan-
ces réduites, difficultés de concentra-
tion, …). Mais nous essayons toujours de nous relever, de secouer la poussière pour que tout cela n’ait pas un impact trop fort sur notre mission, nos enfants et nos
proches.

Aux côtés d’un troupeau menacé

Chers amis, je vous envoie mes vœux de ce coin de terre le plus ténébreux, mais en même temps le plus illuminé par la joie et la convivialité que les gens s’apportent les uns aux autres, la Bekaa du Nord.

Comment ce passage des ténèbres à la lumière se fait-il chez nous ? Loin des projecteurs, de nombreuses associations déploient de gros efforts pour alléger les souffrances des plus démunis. Plus du tiers des Libanais vivent avec quatre dollars par jour, 10% avec deux dollars seulement. Dans notre région, deux tiers des habitants vivent avec deux dollars par jour; beaucoup de nos connaissances ne disposent même pas d’un dollar par
jour.

C’est pourquoi nous, religieuses de Notre-Dame du Bon Service, avons décidé, une fois de plus, de ne pas abandonner le troupeau aux loups qui le menacent de tous côtés. Nous avons lancé un appel à plusieurs organismes de bienfaisance : ils ont répondu et nous ont soutenues en nous faisant parvenir des colis de toutes sortes. Et si je vous écris cette circulaire, c’est pour partager avec vous les efforts faits et la joie vécue durant cette saison.

Des vêtements pour l’hiver

Notre premier projet fut de distribuer, dimanche 20 décembre, 150 colis aux familles à Jdeideh, Fakiha, Ras Baalbeck, Deir El Ahmar, Ain et Jabboulé. Des représentants des organismes de bienfaisance ont participé à cette action.

Les responsables de l’orphelinat ont organisé une fête pour les enfants et le Père Noël leur a offert des cadeaux qu’ils n’avaient jamais reçus dans leurs familles. A nos voisins syriens dans la détresse, nos soeurs qui travaillent dans le domaine social ont donné des vêtements d’hiver. Nous avons organisé une fête pour leurs enfants à qui nous avons offert des anoraks et des pantalons pour la saison de Noël.

Des amis sont venus me parler de quatre familles pauvres dans le village voisin d’Aïn. Elles ont des enfants handicapés qui passent leur temps allongés sur une vieille couverture, sans chauffage en hiver. Après avoir entendu cela, je suis allée chercher des tapis et des matelas au couvent, puis je les leur ai envoyés. J’ai aussi pu prélever une somme d’argent sur notre budget pour leur procurer du mazout afin qu’ils puissent se chauffer un certain temps.

Et comme le Bon Dieu nous demande de nous donner au maximum, il nous a envoyé à travers les gendarmes des nouveau-nés trouvés dans les poubelles et les rues. Maintenant, nous prenons soin de deux petites filles de cinq et six mois. Un jour, l’une d’elles a dû être opérée subitement suite à des problèmes intestinaux. Après une longue journée, j’ai dû courir à Beyrouth avec une autre soeur pour l’amener à l’hôpital de Baalbeck. Nous avons attendu toute la nuit jusqu’à ce que l’opération soit terminée.

Une joie partagée

A l’école, les élèves craignaient d’attraper le coronavirus. La mise en place des mesures sanitaires nous a demandé beaucoup d’efforts. Les enfants, eux, ne pensaient pas pouvoir se réjouir à Noël. Nous avons commencé par décorer les classes. Nous leur avons appris des chants de Noël ; nous avons mis de la musique à leur arrivée en classe et pendant la récréation.

Quand nous leur avons annoncé qu’ils pouvaient mettre leurs habits de Père Noël, certains n’ont pas cru qu’il était encore possible de faire la fête, d’autres ont sauté de joie, une lueur de vie a brillé dans leurs yeux, ils ont compris qu’avant de nous quitter pour les vacances de Noël, nous allions goûter une fois encore à la joie que nous avions l’habitude de vivre en cette saison.

Après le départ des élèves, les professeurs se sont rassemblés avec les religieuses à la chapelle pour vivre une messe. Nous avons rendu grâce pour tout ce que nous avons pu faire durant le premier semestre et pour demander à Dieu la force et la sagesse afin de rendre l’année 2021 plus fructueuse et plus bienfaisante que 2020. Nous avons prié pour tous nos bienfaiteurs et tous ceux qui dans ce pays soutiennent l’éducation et les enfants, souvent oubliés par les chefs d’Etat et ceux qui ne cherchent que le profit et la renommée.

Pendant ce temps, quelques sœurs préparaient le buffet qui nous a rassemblés ensuite. Nous nous sommes souhaité une bonne fête de Noël. C’était notre première réunion depuis le début de l’année.

Merci à vous

Au nom de tous les élèves, au nom de leurs parents, au nom des professeurs et du corps administratif de l’école, je m’adresse à vous, chers amis, avec les plus profonds sentiments de reconnaissance. Si nous pouvons continuer notre travail, c’est grâce à vos efforts et votre soutien. Si je partage la vie de chez nous avec vous, c’est parce que vous en faites partie même si vous êtes éloignés de nous géographiquement. Mais vous venez nous rejoindre dans ce dont nous avons besoin pour donner à notre vie le goût de Noël.

Que l’Emmanuel soit lumière pour toute l’humanité blessée. Qu’il assouplisse nos cœurs souvent endurcis et égoïstes et qu’il fasse de nous des instruments de son amour. Qu’à travers nos pauvres visages, il donne son sourire aux enfants du monde entier, à ceux qui sont abandonnés et à ceux qui ont subi des violences. Qu’à travers nos faibles bras, il soigne les malades. Par notre fragile compagnie, qu’il soit proche des personnes âgées et de celles qui sont seules, des migrants, des marginalisés. En ce temps de fête, qu’il donne à tous sa tendresse. Et qu’il illumine les ténèbres de ce monde.

 

Souffrir pour être sauvé ?

La théologie vit un immense renouveau durant tout le XXe siècle. Un des grands apports de cet élan est la découverte que le Christ n'est pas venu pour expier une quelconque dette que les hommes avaient à l’égard de Dieu – comme cela avait été compris jusque-là – mais pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance (Jn 10, 10).
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Economies d’énergie : la paroisse s’engage

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mars-avril 2021

Les paroissiens sont de plus en plus sensibles aux économies d’énergie et au respect de la nature. Le Conseil de paroisse aussi, qui s’interroge sur les immeubles de la paroisse.

PAR OLIVIER CAZELLES | PHOTO : ANNE DE TREVERRET

Cela se remarque dans les conversations et les décisions : on pense à remplacer des fenêtres, on envisage de refaire l’isolation du toit, des murs, on achète une voiture électrique. On prend davantage les transports publics. L’application TooGoodToGo est très intéressante pour les clients et les magasins : elle permet de valoriser et de consommer les invendus qui sinon finiraient à la poubelle. Mais les déchets, hélas, ne vont pas toujours à la poubelle : quel plaisir, alors, de voir un voisin qui n’est pas concierge, main gantée, ramasser spontanément des masques de protection, des canettes vides, de petits emballages en carton, des sacs plastiques écrasés et même les mégots abandonnés près de notre immeuble.

Une meilleure isolation

Le Conseil de paroisse se pose les mêmes questions quant aux immeubles appartenant à la paroisse. A chaque rénovation revient la même interrogation : « Que peut-on faire de plus ? ». La loi sur les constructions et sur les restaurations est de plus en plus précise : elle fixe de nouvelles normes, exige des travaux d’isolation et définit la qualité des matériaux à employer. Ainsi, lors de la rénovation de la grande salle, et plus tard de la cure, toutes les fenêtres ont-elles été changées pour assurer une meilleure isolation thermique.

Lors des travaux à l’église à la Colombière, le Conseil de paroisse a mandaté un ingénieur pour proposer des mesures, car le toit est mal isolé. Ce travail est trop important pour être engagé maintenant. Quant à la future église de Gland, elle tient compte des nouvelles exigences : des panneaux solaires photovoltaïques sont intégrés au projet.

Les mentalités évoluent, nos points de vue changent. Nous commençons à voir les choses autrement et ce qui était impensable devient possible. Ce n’est qu’un début !

 

Un aumônier devenu patient

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel,secteur Aigle (VD), mars-avril 2021

TRAVERSER LE COVID – Les rescapés du Covid ont une convalescence longue et difficile. Lorsque le patient est précisément celui qui accompagne spirituellement les malades depuis des années, cela colore sensiblement la situation…

TEXTE ET PHOTOS PAR VINCENT LAFARGUE

L’abbé Gérald Carrel est aumônier d’hôpital depuis plus de vingt-cinq ans. D’abord à Genève puis à Lausanne, il est actuellement responsable de l’équipe œcuménique travaillant à l’Hôpital Riviera-Chablais. Lorsqu’il a été testé positif au Covid en décembre, il a dû être hospitalisé aux
soins intensifs puis intubé et placé en coma artificiel pendant plus d’une semaine.

Se relier à Dieu
« Aux pires heures, je priais très simplement. » Il rit et ajoute : « Mais c’était à ras les pâquerettes, Notre Père, Je vous salue, Gloire à Dieu, Angelus… un élan vers Dieu, oui, mais depuis les profondeurs ! Je le priais parce que c’est ce qui a donné sens à toute ma vie et pour rester relié, c’est le sens du mot « religion » d’ailleurs. Je savais que je n’étais pas tout seul et j’ai peu à peu découvert le très grand nombre de personnes qui ont prié pour ma guérison. Impressionnant et très touchant ! J’insisterai désormais auprès des patients en leur disant : vous n’êtes pas seuls. »

Peur et culpabilité
Gérald Carrel découvre une peur qu’il ne connaissait pas. « Petit à petit, tu te rends compte que tu as frôlé la mort et cela fait peur. J’étais pendant quelque temps entre la mort et la vie, je ne voyais que quelques personnes, déguisées en cosmonautes. C’est angoissant. » Il découvre aussi une forme de culpabilité face à ses proches : « Il y a tout ce que j’ai subi… mais en tant qu’être de relation, je découvre aussi tout ce que je leur ai fait subir, sans en être responsable mais en étant en partie la cause de leurs tourments. »

La qualité de présence des soignants
L’abbé Gérald veut surtout mettre l’accent sur ces anges qui s’activaient autour de lui : « La qualité du personnel soignant est remarquable : soutien, optimisme, joie, humour… une attention à l’autre bien au-delà du geste médico-technique ! J’aimerais les remercier et leur dire de continuer à être empreints d’humanité. »

Humble dépendance
« J’ai aussi découvert ce que c’est que
d’être dépendant. Etre levé et lavé par d’autres, avec une immense douceur, fait naître une vraie humilité et non une humiliation, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Une relation se crée entre le soignant et le patient mais la difficulté est de ne jamais savoir sur lequel on
va tomber, vu le roulement des équipes. Une nouvelle relation est chaque fois à reconstruire. Là encore, je comprendrai beaucoup mieux à l’avenir, pour l’avoir vécu de l’intérieur, ce que vivent les patients que je rencontre comme aumônier. »

 

L’œcuménisme, une réalité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mars-avril 2021

La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens a été célébrée du 18 au 25 janvier sur le thème « Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » (Jean 15, 5-9). A Gland, chaque soir, du 18 au 22 janvier, des membres des différentes Eglises
se sont retrouvés à la chapelle Saint-Jean-Baptiste.

TEXTE ET PHOTO PAR MARLÈNE ADAMAH

Des membres des Eglises de Gland se sont retrouvés de 19h30 à 20h15 du 18 au
22 janvier à la chapelle Saint-Jean-Baptiste pour partager et réfléchir sur un texte biblique, puis prier ensemble. Un cadeau offert par nos aînés qui ont cultivé l’œcuménisme durant ces quarante dernières années.

Œcuménisme domestique

Marlène Adamah, membre de la communauté catholique et du groupe inter-Eglises, partage ici ce qu’elle vit au sein de ce groupe et sa communion profonde avec ses frères et sœurs des autres Eglises chrétiennes.

« Je suis issue d’une famille catholique du sud-ouest du Bénin, en Afrique de l’Ouest. J’ai fait mes premiers pas dans la foi à l’église Saint-Martin de Cotonou, la capitale : catéchèse, première communion et confirmation.

Très tôt mon père, ancien séminariste, avait à cœur que ses enfants évoluent dans les groupes et mouvements de la paroisse. Il nous a inscrits dans le mouvement cœurs vaillants âmes vaillantes (CVAV). A 16 ans, je suis entrée dans le chœur des jeunes tout en continuant à accompagner des enfants au sein du CVAV.

Mes études m’ont ensuite conduite en Allemagne. J’y ai rencontré mon mari évangélique, que j’ai rejoint plus tard à Gland. Je suis devenue membre de l’Eglise catholique de Gland, mon mari membre de l’Eglise évangélique Arc-en-ciel de Gland. Mon expérience œcuménique domestique m’a permis de m’ouvrir davantage à d’autres confessions religieuses, car à Gland, nous avons la chance de collaborer avec d’autres Eglises chrétiennes – réformée, adventiste et évangélique.

Pour échanger et collaborer, les différentes communautés chrétiennes de Gland se retrouvent dans le groupe inter-Eglises. C’est un creuset œcuménique où elles vivent l’unité dans la diversité, toutes appartenant au Corps du Christ. Ce groupe collabore avec les représentants de la commune.

 

Le groupe inter-Eglises

PAR MARLÈNE ADAMAH
PHOTO : DR

Quelles Eglises sont membres du groupe inter-Eglises ?

Le groupe inter-Eglises, un groupe intercommunautaire à vocation œcuménique, regroupait jusqu’en 2018 quatre Eglises : catholique, évangélique réformée, adventiste et évangélique Arc-en-ciel. S’y sont ajoutés le Gospel Center et l’église @home.

Quelles sont les actions et les activités du groupe ?

Ses membres se rencontrent périodiquement pour échanger et réfléchir sur des projets œcuméniques qui permettent aux fidèles des Eglises de Gland de se retrouver pour s’enrichir des différences et des richesses des uns et des autres.

Chaque année, le groupe inter-Eglises prépare la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, au cours de laquelle une communauté accueille, du lundi au vendredi, toutes les autres communautés pour des soirées de prière. La prière du vendredi soir est dirigée par le groupe GRACE, qui rassemble les jeunes des six communautés. La semaine est clôturée, le dimanche, par une célébration œcuménique. En raison de la pandémie, cette célébration a été retransmise cette année en streaming des locaux de l’Eglise Gospel Center La Côte.

Une célébration œcuménique a lieu chaque année durant le carême. Elle réunit surtout des réformés et des catholiques qui soutiennent ensemble un projet de développement. A l’issue de la célébration, une soupe est servie.

Le dimanche le plus proche du 1er août a lieu une célébration œcuménique et patriotique à laquelle participent toutes les Eglises membres ainsi que la fanfare de Gland. La prédication est faite à tour de rôle par un pasteur et un prêtre. Le 1er août, lors de la cérémonie officielle organisée par la commune, un prêtre ou un pasteur est invité à prononcer un discours.

L’éveil à la foi est aussi œcuménique. Les enfants de 2 à 6 ans des différentes communautés chrétiennes se retrouvent pour des activités ludiques autour de passages de la Bible. Les enfants sont accompagnés par leurs parents qui restent avec eux tout au long de la rencontre. Les rencontres ont lieu quatre samedis par an de 10h15 à 12h.

Enfin, une fois par an, le groupe invite la compagnie de la Marelle pour une pièce de théâtre à thème (spirituel ou social) à l’issue de laquelle il y a un moment d’échange avec les artistes. D’autres activités ont eu lieu ces dernières années, comme la crèche vivante devant le temple en décembre 2019 et la lecture de la Bible en continu durant 96 heures.

Autant de projets qui permettent de vivre une authentique collaboration et des échanges vrais. Réalisant l’unité dans la diversité. Car nous sommes tous membres du même corps, le Corps du Christ.

 

Une histoire de vie marquée par la maladie Stéphanie Schmäh témoigne

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), mars-avril 2021

TEXTE ET PHOTO PAR JOËL BIELMANN

Aucune maladie d’enfance (oreillons, coqueluche, varicelle…) ne l’a épargnée. Cela a induit bien des absences à l’école. A l’âge de 19 ans, elle perd 22 kilos en deux semaines. Les médecins s’interrogent : serait-ce dû à la drogue ? Faut-il conclure à une fragilité psychique particulière ? Finalement, 33 ulcères internes sont découverts. C’est cancéreux. Les médicaments prescrits à très hautes doses, brûlent son estomac au troisième degré. Il lui est impossible de manger. Elle est nourrie grâce à une sonde une période durant.

Aujourd’hui, Stéphanie Schmäh approche des 50 ans. Depuis sa jeunesse, elle ne cesse de combattre les maladies. Cancers et autres maux se sont enchaînés. Stéphanie ne connaît pas le nombre d’interventions chirurgicales qu’elle a subies. Durant des années, elle aspire fortement à devenir mère. Après plusieurs fausses couches, des soins invasifs l’obligent à vivre le deuil de la maternité.

A 34 ans, son activité professionnelle – elle est secrétaire de direction dans une société internationale – la conduit en Chine. Une très forte fièvre, des difficultés respiratoires et l’impossibilité de se mouvoir impliquent l’appel à une ambulance. Cette dernière arrive le lendemain sur les lieux, juste au moment où Stéphanie est frappée d’un infarctus. Le plongeon dans l’inconscience amène alors un étrange rêve. « Je disais au revoir à tout le monde, dit Stéphanie : aux membres de ma famille, à mes amis, aux personnes rencontrées en Chine. Je devais me dépêcher, n’oublier personne. Et tout à coup, ce fut la nuit totale. Je me voyais dans un train qui roulait à toute allure. Le crash semblait inévitable. Subitement vint la lumière. Je me suis réveillée, ai pris un peu de temps pour réaliser où je me trouvais. Puis ce fut l’évidence : c’était Dieu, la Trinité, les anges… comment dire… la puissance du Seigneur était entrée en moi. » L’expérience relève manifestement de l’indicible. Durant tout le trajet en ambulance, Stéphanie a serré la main d’un soignant à un point tel que les os en furent brisés. Elle a été transportée par l’une des deux ambulances que comptait l’île chinoise de deux millions d’habitants. Elle a bénéficié du seul défibrillateur dont disposait l’hôpital et qui se trouvait exceptionnellement dans l’ambulance. Un vrai miracle !

Depuis lors, tout a changé pour Stéphanie. Les sacrements, la prière, l’éducation religieuse d’antan ont pris des couleurs totalement renouvelées. Dès son retour de Chine, elle a été hospitalisée durant six mois. Elle recevait alors chaque jour la communion. Elle déclare avoir demandé au Seigneur pourquoi elle a été choisie pour vivre tant d’épreuves. « J’ai compris, ajoute-t-elle, que je dois être généreuse, aider mon prochain, prier pour les malades, la justice et entre autres pour mes ennemis, garder le sourire et la joie de vivre. » Sa générosité se concrétise par divers engagements personnels. Bénévole, elle est sacristine à l’église du Saint-Sacrement à Marly et membre de l’équipe de préparation au baptême pour notre unité pastorale.

« Il existe manifestement un registre chrétien comme un appel à faire face à la souffrance, à mystérieusement aussi s’y confronter et la vivre comme un possible espace de grâce sans pour autant la rechercher pour elle-même.1 » Stéphanie, par votre témoignage en paroles et en actes, vous nous laissez entrevoir ce « possible espace de grâce ». Merci à vous !

 

1 Dominique Jacquemin, La souffrance : une porte vers le ciel ? Revue Lumen Vitae, n° 3, 2016, p. 290.

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