Les grâces de l’engagement au service de la paroisse

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2021

PAR ANNE-MARIE COLANDREA
PHOTO : EDOUARD CRESTIN-BILLET

Edouard Crestin-Billet a accepté la charge de président du Conseil de paroisse, nommé et élu par l’assemblée générale des paroissiens en juin 2021. Comme il l’exprime lui-même: «Je suis président, non pas parce que je l’ai voulu, mais parce que j’ai été porté et appelé.» En y réfléchissant, n’est-ce pas ainsi que s’engage toute action, tout bénévolat dans l’Eglise ? Tout commence par une proposition, un appel, une amitié.

Comment se vivent ces premiers mois à la présidence du CP ?

« Ça se passe et c’est une grâce » *, dit-il avec un grand sourire et un vif enthousiasme.

Edouard n’est pas nouveau dans ce bénévolat, il participe depuis 15 ans au CP. Plus récemment, il a été vice-président aux côtés de Benoit Caron, son prédécesseur, pendant une période de renouvellement et d’intérim depuis l’automne 2020, dans la vague des confinements et autres adaptations aux mesures sanitaires.

Il précise qu’au sein du conseil chacun a un rôle particulier, apporte ses compétences tant personnelles que professionnelles. Le président aide à coordonner les actions, répondre aux besoins de présence, être en quelque sorte une personne référente, en particulier auprès des salariés de la paroisse. Il tient à se rendre disponible. Toutefois, c’est en pleine collégialité que se conçoivent les tâches au sein du conseil. Une paroisse, c’est comme une petite entreprise, ajoute-t-il, il est important de veiller à ce qu’elle fonctionne bien sinon cela peut porter préjudice à la vie pastorale.

C’est bien ainsi que les membres du Conseil de paroisse – comme d’ailleurs ceux du Conseil de communauté – entendent offrir de leur temps. Ils se mettent avant tout au service de la pastorale en étroite collaboration avec le curé, et plus largement avec les membres de l’équipe pastorale des trois communautés de l’unité pastorale. Ce sont avant tout des paroissiens qui coopèrent au cœur de la communauté paroissiale.

Edouard Crestin-Billet a toujours été un paroissien de l’UP ; résidant sur le territoire de Sainte-Thérèse, il fut baptisé à Saint-Joseph. Son parcours de vie, comme ses engagements révèlent un « cœur vibrant en Christ, en Eglise ». Après une scolarité auprès des Chanoines de Saint-Maurice en Valais, il revient à Genève pour ses études supérieures, à l’Uni en Sciences économique. Ses expériences professionnelles lui font découvrir que même dans les milieux de la finance, de la banque ou du conseil en entreprise, de vraies questions se posent : telles que l’attention à l’environnement, ou encore la sensibilisation aux thèmes de la Doctrine sociale de l’Eglise, la solidarité, la centralité de la personne humaine… Autant de facteurs qu’il retrouve en qualité de membre de la Direction de Caritas.

Si on lui demande de tirer les traits caractéristiques de la paroisse Sainte-Thérèse, il rappelle qu’elle est « jumelée » en unité pastorale avec la paroisse Saint-Joseph des Eaux-Vives, ce qui souligne les différences et les complémentarités entre les deux communautés. La situation géographique est le reflet de ces nuances : Champel est plus en périphérie du centre-ville, comme en zone résidentielle, alors que les Eaux-Vives sont au cœur même de l’activité citadine.

Edouard tient aussi à souligner la longue histoire d’œcuménisme avec l’Eglise réformée du quartier Champel-Malagnou, des relations qui perdurent au fil des gestes communs, des rencontres, des liturgies, et enracinent les liens d’amitié.

La communauté paroissiale de Sainte-Thérèse, c’est aussi les liens plus étroits avec la communauté polonaise du Grand Genève dont Sainte-Thérèse est le port d’attache : c’est une richesse et un défi d’intégration réciproque sans cesse renouvelés.

Edouard souligne que cette réalité chrétienne aux multiples visages est toute aussi importante pour lui et sa famille ; son épouse et leur fille sont orthodoxes, et pour la petite histoire, la famille compte parmi leurs aïeux un prêtre orthodoxe.

Quels sont les souhaits du président pour cette reprise d’une nouvelle année pastorale ?

Les chamboulements de cette longue « période covid » portent à redécouvrir ce que signifie « vivre en paroisse », notre attachement, ce qui nous lie. Ainsi, il souhaite être à l’écoute des besoins, des propositions, de la vie pastorale en générale. Il souhaite aussi renforcer les liens avec la communauté polonaise. Etre membre du Conseil de paroisse, c’est certes répondre aux exigences de l’administration, de la gestion, de veiller à l’équilibre des finances, mais c’est aussi participer concrètement à la vie de la paroisse comme tout collaborateur et bénévole. Edouard souhaite également que cette reprise se conjugue avec la mise en valeur des talents : aller de l’avant avec les collaborateurs, encourager les initiatives, déployer le goût du beau notamment grâce à la richesse artistique dont bénéficie la paroisse avec des « maestros » comme Humberto Salvagnin à l’orgue et Steve Dunn à la direction du Chœur mixte et de la Maîtrise.

Les chevaux de Notre-Dame

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : MARSTALL EINSIEDELN

Lorsqu’on évoque Einsiedeln, on pense à la « Vierge noire » et son importante dévotion ou encore au pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Saviez-vous que le terme «Einsiedeln» est aussi utilisé pour qualifier une lignée de chevaux exclusivement élevés dans le couvent de cette commune? Visite guidée du haras d’Einsiedeln… au grand galop!

Des écuries millénaires

Le lieu retiré dans la « sombre forêt » dont saint Meinrad rêvait pour y fonder un ermitage n’a cessé de rayonner alentour. Aujourd’hui, la renommée de la gracieuse Madonne couronnée n’est plus à faire. D’aucuns lui préfèrent pourtant le profil chevalin des quelques compagnons équins de l’arrière-cour de l’abbaye. Là aussi, la notoriété de la sainte femme a laissé son empreinte. D’abord appelés Cavalli della Madonna (chevaux de Notre-Dame), le cheval de l’abbaye est aujourd’hui connu sous le nom d’Einsiedler. Les écuries de l’abbaye sont les plus vieilles d’Europe encore en exploitation (depuis 934). Dès la fondation, les moines provenant principalement de la noblesse et de la chevalerie amènent leurs montures avec eux. Les bêtes étaient d’abord élevées pour leurs propres besoins : voyager ou transporter des marchandises. Vers 1500, le marché des chevaux se développe, les écuries du monastère prospèrent et vendent des centaines de montures à travers l’Europe.

Un patrimoine vivant

à préserver

A partir de 1655, l’élevage se systématise. On répertorie la population de chevaux présente à l’abbaye. Une heureuse idée, car en 1798 les écuries sont pillées par les armées révolutionnaires françaises qui s’arrogent les plus belles bêtes. Un nouvel élevage est mis sur pied dans
les écuries du monastère sur la base des anciennes lignées
Einsiedeln. Le Marstall (écurie) d’Einsiedeln peut se vanter de posséder les plus anciens arbres généalogiques de chevaux d’Europe. Pour pérenniser cette tradition entamée il y a plus de 1000 ans, une importante rénovation du haras a eu lieu en 2001. Dans le même temps, la stratégie d’exploitation a été repensée. Les bâtiments du Marstall ont donc été loués par le monastère à la Marstall Kloster Einsiedeln Sàrl afin de poursuivre l’élevage traditionnel, gérer l’écurie et offrir des cours d’équitation.

Thônex a mille ans…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2021

PAR KARIN DUCRET
PHOTOS : ARCHIVES PAROISSE THÔNEX

Le premier texte mentionnant la localité de Thônex remonte déjà au XIIe siècle. Signé de la main du pape Eugène II, il indique que le Monastère de Saint-Jean-Les-Grottes possède quelques biens sur ce territoire. Il faut cependant attendre le début du XVe siècle pour voir apparaître l’église de Thônex dans les écrits. En effet, le 22 mai 1412, Jean de Bertrand, évêque de Genève, effectue une visite dans cette paroisse et le compte-rendu de cette dernière est conservé aux archives de l’Etat de Genève. En 1707, l’église est entièrement reconstruite sous sa forme actuelle dans un style baroque savoyard qui lui vaudra d’être classée par le Conseil d’Etat, en décembre 1921.

Les fouilles archéologiques ont permis d’étudier plus précisément le terrain sur lequel a été bâtie l’église. Sous une épaisseur variable de terre végétale dans laquelle sont conservé les vestiges, apparaissent des strates de gravier meuble reposant sur un terrain argileux compact, témoin de la dernière glaciation (il y a 110’000 à 10’000 ans). Des fragments de tessons découverts se rattachent à une occupation du site dès la fin de l’époque romaine (IVe-Ve siècles). Toutefois, on ne saurait dire à quel type d’installation ils correspondent ; peut-être des constructions légères dont les traces ont disparu au fil des siècles.

Les sépultures antérieures à l’église primitive : un groupe de tombes dégagé dans le sous-sol de l’église actuelle témoigne d’une première utilisation funéraire du site. La position anatomique des ossements de plusieurs squelettes particulièrement bien conservés prouve que les défunts ont été déposés directement dans la terre, le corps peut-être enveloppé dans un linceul, sur le dos avec les jambes étendues, les bras allongés contre le corps et les avant-bras croisés sur le ventre – une position considérée par certains auteurs comme un indice de christianisation de la population. L’analyse à l’aide de carbone 14 a démontré avec 72% de probabilité que la date est comprise entre 525 et 695 de notre ère.

Les sépultures aménagées entre le Xe et le XIIIe siècle : aucune sépulture ne paraît avoir été enterrée à l’intérieur du sanctuaire, ce qui correspond bien aux ordonnances promulguées à cette époque. Les tombes contemporaines de ce premier édifice religieux sont installées dans un cimetière s’organisant autour du sanctuaire ; elles diffèrent de l’inhumation antérieure par leur orientation conforme à celle de l’église : position allongée sur le dos avec la face tournée vers le ciel…

Le plan de l’église de Thônex est modifié au cours d’un important chantier de reconstruction dans le courant du XIIIe siècle. A la suite de ces travaux, le tracé de la nef reste inchangé et la façade du nouvel édifice est posée sur les fondations du sanctuaire précédent.

Caveau funéraire de la chapelle Notre-Dame : la chapelle Notre-Dame apparaît pour la première fois dans les textes du XVe siècle.

Caveau funéraire de la chapelle Sainte-Catherine : la première mention de la chapelle Sainte-Catherine est relevée dans le procès-verbal de la visite pastorale du 28 mai 1443. Lorsque le culte catholique est rétabli dans l’église de Thônex après la Réforme au début du XVIIe siècle, les chapelles sont dans un état de délabrement avancé. En 1631, un autel y est établi par la confrérie du Rosaire qui semble désormais se charger de l’entretien du sanctuaire et apparaît sous le vocable du « Rosaire » à partir de 1693. En 1707, la chapelle du Rosaire est démolie lors du chantier de reconstruction de l’église et agrandie ; elle est vraisemblablement détruite au cours de la période révolutionnaire, car elle ne figure plus sur le cadastre français relevé en 1812.

Caveau funéraire de la chapelle Saint-François de Sales : la construction de la chapelle Saint-François de Sales est terminée peu avant 1682. Comme la chapelle Sainte-Catherine, elle est détruite lors du chantier de 1707, puis rebâtie contre le mur nord de la nouvelle nef.

Les sépultures aménagées entre le XIIIe et le XVIIe siècle : un grand nombre de sépultures se rattache à cet ensemble chronologique qui recouvre une longue période d’inhumations. Dans cette série, plusieurs groupes de tombes peuvent être datés plus précisément, en fonction de leur emplacement à l’intérieur du bâtiment ou de leur mention dans les registres de décès conservés dès le début du XVIIe siècle.

Selon les registres de décès, trente et une personnes sont enterrées dans l’église Thônex entre 1707 et 1783. La répartition entre les hommes et les femmes est égale et on a découvert un seul enfant lors des fouilles à l’intérieur de l’édifice. La majorité des tombes se situe dans les deux premières travées de la nef et dans les chapelles. Trois sépultures – dont deux appartiennent à des ecclésiastiques – sont placées dans la troisième travée, près de la barrière du chœur.

Dimanche 20 novembre 2016 a eu lieu une émouvante cérémonie : 140 squelettes, prélevés lors des fouilles archéologiques et entreposés depuis sous ses combles de l’église, ont trouvé une dernière demeure dans une crypte à l’entrée de l’église Saint-Pierre. Feu l’abbé Marc Passera, assisté par Imad Maouad, prêtre de l’église maronite, a prié sur ces ossements et les a bénis.

 

L’église de Thônex a été entièrement restaurée dans les années 1987-1990. Pour préserver

les vestiges conservés dans le sous-sol des dégradations, les archéologues ont pris la décision de relever la totalité des structures anciennes mises à jour par les fouilles archéologique entreprises de mai 1987 à juin 1988 par le Service cantonal d’archéologie 1.

 

1 Les informations, photos et plans sont tirés de l’ouvrage « L’église Saint-Pierre de Thônex », Service archéologique, 1994.

 

Médaillons, église Saint-Julien de Matran (FR)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

L’église de Matran accueille d’exceptionnels médaillons en huile sur bois. Ils sont les témoins de l’art pictural du XVIIIe siècle en Suisse. Gottfried Locher est un des principaux peintres rococos de Romandie. Il décore la voûte avec ses fils, si bien qu’il est difficile de reconnaître précisément l’auteur de chaque œuvre. Aucun dessin préparatoire n’a été décelé, ce qui donne à l’ensemble un caractère d’autant plus remarquable.

Les médaillons représentent les quatre évangélistes. Ils sont accompagnés de leurs attributs : l’ange (ou l’homme), le lion, le taureau et l’aigle. Cette tradition viendrait de saint Jérôme et repose sur deux textes : une vision d’Ezéchiel (Ez 1, 1 – 14) et une de l’Apocalypse (Ap 4, 7 – 8).

L’Evangile selon saint Matthieu commence par une généalogie. C’est celui qui raconte l’enfance de Jésus et il rapporte plusieurs rencontres avec des anges. Pour saint Jérôme, Matthieu est l’évangéliste qui présente le plus le Christ dans son humanité. Pour cette raison, on le représente accompagné de l’ange (ou d’un homme).

Dans les premiers versets de l’Evangile selon saint Marc, retentit une voix dans le désert. Elle est associée au lion qui rugit. Jérôme considère que c’est l’évangéliste qui met le plus en avant la majesté du Christ. Le lion est le roi des animaux, c’est donc lui qui est aux côtés de Marc.

Saint Luc raconte le sacrifice de Zacharie. C’est l’évangéliste qui, selon saint Jérôme, insiste le plus sur la mort du Christ comme sacrifice. Le taureau est l’attribut de Luc.

Pour saint Jérôme, l’aigle est un symbole de ce qui vient d’en haut. Le dernier évangile débute avec un prologue théologique qui développe le thème de la venue de Dieu sur la terre. On croyait que l’aigle avait la capacité de renouveler complètement son plumage chaque année en volant vers le soleil avant de plonger dans l’eau. On associait cette idée au baptême. C’est dans l’Evangile selon saint Jean que l’on trouve la rencontre entre Jésus et Nicodème au cours de laquelle le thème du baptême est développé.

Méditation et spiritualité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), septembre 2021

PHOTO : DR

Rencontres

Après les trois modules de Méditation et spiritualité dédiés à la pleine présence à soi, aux autres et au Tout-Autre, nous vous proposons une série de rencontres pour entretenir cette pratique.

Chaque soirée prévoit une méditation guidée, suivie d’un bref temps de partage libre. Ce sera l’occasion de goûter à l’expérience du silence, en résonance avec des textes de la tradition chrétienne.

Animation : Lia Antico, docteure en neurosciences cognitives et affectives à l’Université de Genève, enseignante mindfulness (Brown University, USA) et animatrice à l’Atelier œcuménique de théologie (AOT).

Dates : les vendredis 17 et 24 septembre ; 1er, 15 et 29 octobre ; 19 novembre et 3 décembre 2021, de 20h à 21h.

Lieu : paroisse Sainte-Marie-du-Peuple (Av. Henri-Golay 5, 1203 Genève) et, à distance, via « Zoom ».

Prix : libre participation aux frais d’animation (à verser sur place ou sur le compte du Service de la spiritualité).

Renseignements et inscriptions : spiritualite@cath-ge.ch ou
077 441 17 80 (Federica Cogo).

Immunisés ou vaccinés ?

PAR CALIXTE DUBOSSON

PHOTO : PXHERE

« Comment se débarrasse-t-on d’une infection virale ? Il n’y a qu’une seule réponse : les défenses élaborées par notre système immunitaire », ainsi s’exprimait dernièrement le docteur Jacques-André Haury en se désolant que nos autorités sanitaires n’aient pas mis l’accent sur la prévention tout au long de cette malheureuse pandémie.

Arrêter de fumer, s’alimenter sainement, boire du jus d’orange, manger du beurre, s’exposer au soleil, pratiquer régulièrement une activité physique, bien dormir, tout cela contribue largement à renforcer notre système immunitaire. Bien sûr que la fabrication dans un temps record des différents vaccins est à souligner et à féliciter. Peut-on dès lors parler d’une occasion manquée par un sauve-qui-peut général causé par un coronavirus semant la panique ? Oui, selon le constat que l’on est toujours plus intelligent après.

Pour nous, chrétiens, notre vaccin, c’est notre baptême mais pour qu’il agisse, il faut renforcer chaque jour son immunité qui passe par la prière quotidienne, la participation à l’eucharistie, la lecture et l’étude de la Parole de Dieu, l’engagement contre toutes les détresses qui nous entourent. Vaccinés et immunisés, nous contribuerons ainsi à rendre notre monde plus juste et plus fraternel.

Un pèlerinage éco-spirituel

Certains connaissent encore ces démarches d’intercession itinérantes appelées « rogations » 1 . Mais sont-ils nombreux ? Ces processions, qui ont lieu les lundi, mardi et mercredi avant l’Ascension, ont pour but de présenter au Seigneur le travail de l’Homme pour qu’il en favorise la protection et la prospérité. Actuellement, le rituel des rogations est délaissé par les fidèles voire totalement inconnu. L’équipe pastorale propose une nouvelle démarche, inspirée des rogations, et située dans le droit fil de l’encyclique Laudato si’ du pape François.

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Une divine économie

Tout s’achète, tout se vend, le marché suffit à fixer la valeur d’un objet. Quelle place la foi peut-elle encore occuper dans le domaine économique ? Pour y répondre, Eric Jaffrain, consultant en marketing non-marchand, propose de revenir à la logique du don, à l’origine de la vie et de la communauté.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE-GADMER

Biographie express

Au bénéfice d’un parcours professionnel atypique, Eric Jaffrain a tout fait… ou pres­que : architecte de formation, directeur d’agences de publicité puis de marketing, animateur de radio, politicien, humanitaire ou encore pasteur. Aujourd’hui, cet homme de terrain passionné met en pratique sa citation favorite : « Donner, c’est créer de la richesse. » Pour ce faire, depuis 1989, il continue de former activement au marketing non-
marchand. Il dirige aussi l’association La Restaurée, fondée il y a 11 ans, dans le canton de Vaud et qui a pour projet d’aider les personnes actives brisées par la vie.

Comment appliquer le concept de marketing non-marchand et de don à notre économie ?

Je vais prendre un exemple, c’est plus parlant. Une entreprise de services RH romande a fait appel à moi. Elle perdait des clients, avait des difficultés à les fidéliser et à en trouver de nouveaux. En posant des questions pour mieux cerner le problème, je lui ai demandé ce qu’elle donnait à ses clients. Là, regard éberlué, elle me répond ne pas donner ses services mais les vendre. N’ayant plus rien à perdre, elle a été d’accord d’essayer ma méthode avec un client le lendemain. Ce dernier lui a demandé ce qu’elle pouvait lui offrir. L’entreprise romande a donc commencé par donner une prestation. Après des mois de tractations infructueuses, elle venait de sortir de l’entretien en ayant un gros contrat en poche. Elle est ensuite devenue une entreprise florissante de la région lémanique.

Le marketing non-marchand propose une vision plus holistique de l’économie ?

Absolument ! Aujourd’hui, l’économie se compose de la triade : produire-consommer-jeter. A l’inverse, le marketing non-marchand prône un autre paradigme, dans une optique d’économie circulaire. Nous nous situons ici dans le créer-utiliser-partager ou recycler. En développant le don, on se pose toujours la question de ce que nous apportons à l’autre sans chercher à lui vendre quelque chose.

Ce type de marketing est une chance de repenser l’économie et de donner un autre sens à la société…

L’économie telle qu’on la définit aujourd’hui n’en est plus une. Elle n’est qu’un système mécanique, soi-disant autorégulateur, servant à développer le profit. D’ailleurs, la valeur des produits du marché est subjective et ne se fonde sur aucune réalité. Or, le sens du mot économie vient du grec communauté dont le principe premier demeure le partage. Mais l’instinct de propriété érige des frontières, empêchant l’autre d’accéder à ce que tu as et à ce que tu es. Le marketing non-marchand, basé sur le don, élimine ces frontières et pallie le manque d’unité de l’économie actuelle. Car celle-ci ne permet pas de symbiose entre ce que je suis, ce que j’aimerais et ce que je fais réellement.

L’économie n’est-elle pas déjà obligée de s’adapter face à des désirs de consommation plus durable et éthique ?

Il existe une tendance et une réelle conscience pour ces questions, mais je ne pense pas que cela soit suffisamment fort. Pour transformer les mentalités, le mouvement doit être collectif. Dit autrement, les cœurs doivent changer, pas le concept. Nous n’assistons pas à un changement de société, mais seulement de comportements de consommation. C’est cela qui me gêne. Il ne faut pas se faire d’illusions, l’économie financière va toujours faire en sorte de suivre les tendances pour conserver la modalité acheteur-vendeur.

Un marketing non-marchand, c’est quoi ?

Le marketing classique repose sur le fait de vendre ou de forcer l’acte d’achat avec un consommateur pour cible. « Le marketing non-marchand ne considère pas l’individu comme cela, mais plutôt comme un citoyen, voire un donateur. Le mode de transaction étant basé sur le don : de soi, de temps, d’argent ou en nature. » Il préconise de s’axer en priorité sur le besoin de l’autre. En d’autres termes, une entreprise plaçant en priorité le besoin de ses clients aura un retour sur investissement, et donc générera des recettes, comme l’enseigne Jésus : « Celui qui donne, reçoit. » Toutefois, il reste une nuance importante à souligner, le marketing classique crée artificiellement des besoins pour produire de l’argent. Dans le marketing non-marchand, il s’agit de répondre aux besoins réels et non induits par le marché. Ce type de marketing se situe aussi dans la ligne des principes bibliques que sont l’abondance et l’acceptation de la suffisance. « Si je remplis un verre jusqu’à ce qu’il déborde presque, l’économie actuelle prescrira d’accumuler des verres et de garder le tout pour moi. Le marketing non-marchand conseille de continuer à verser, afin que cela déborde et arrose tout l’environnement alentour. »

Une croix pour l’église

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), septembre-octobre 2021

Début juin, une croix a été installée contre un mur latéral de l’église de Saint-Robert.
Voici son histoire.

PAR FRANÇOISE DE COURTEN | PHOTOS : ALAIN BESSE

La statue en bois représentant le Christ nous avait été offerte par le père de mon mari Jean. Nous l’avions accrochée au mur dans un coin de notre maison et nous nous mettions sous la protection de son regard attentif.

Peu à peu, les enfants ayant quitté la maison, nous l’avons oubliée. Mais sa présence continuait d’accompagner silencieusement nos allées et venues. Quand nous avons appris que nos prêtres souhaitaient un crucifix dans notre église, mon mari a manifesté le désir de l’offrir à la paroisse de Saint-Robert, témoin de tant d’événements marquants de notre vie familiale.

Un Christ restauré…

Dûment emmitouflée, nous avons apporté à la sacristie cette sculpture en bois peint de style baroque. Françoise Belmont l’a montrée à l’abbé André Fernandes, à notre curé modérateur Jean-Claude Dunand, au vicaire épiscopal, l’abbé Christophe Godel, et à la Commission diocésaine d’art sacré. Elle a également consulté les Conseils de paroisse et de communauté. Tous ont validé ce choix.

La statue ayant subi l’usure des ans, nous avons dû la confier à un restaurateur d’art, l’atelier Sinopie Sàrl à Vevey. Avec un soin minutieux et professionnel, le restaurateur a nettoyé et refixé la pellicule picturale, reconstitué certains manques, rempli de mastic les lacunes et les fissures. Il a fait en sorte que toutes ces interventions ne se voient pas, que l’œuvre garde son authenticité et une durée de vie optimale. Cette restauration a été offerte par le Conseil de paroisse.

… sur une croix valaisanne

Mon mari et moi désirions offrir un soutien décent à cette sculpture. C’est la croix de l’église de la Colombière, un support fin en bois, qui m’a aidée dans ce choix. André Moser et moi sommes allés voir l’ébéniste recommandé par le restaurateur d’art. Nous avons grimpé jusqu’à un village perché des Dents du Midi, Mex, en Valais. Là-bas, nous avons fait des essais pour déterminer la qualité du chêne, sa couleur et les bonnes dimensions. Ces choix effectués, l’ébéniste, Robert Udriot, nous a offert un bon petit vin blanc et un plat de viande séchée que nous avons dégustés face
à des montagnes somptueuses.

L’emplacement du crucifix dans l’église ayant été choisi par un petit groupe de paroissiens éclairés, il a été fixé au mur par le menuisier Luquiens sous l’œil vigilant d’André Moser. L’abbé Fernandes procédera à la bénédiction de ce Christ en croix lors de la messe du dimanche 12 septembre. Le quatuor des plus
belles voix de notre chorale, dirigé par Nathalie Breault, chantera à cette occasion.

 

Céline Ruffieux à la barre de l’Eglise fribourgeoise

Personne ne l’attendait ! C’est pourtant elle, Céline Ruffieux, que Mgr Morerod a choisie pour être, dès cette rentrée pastorale, sa « représentante » pour diriger la partie francophone de l’Eglise fribourgeoise. Une femme pour succéder au vicaire épiscopal Jean Glasson à la tête de l’une des grandes entités du diocèse LGF. Une femme à la barre – deux avec sa collègue pour la partie alémanique : une première historique ! Un challenge qui n’effraie pas cette Gruyérienne habituée à marier psychologie et spiritualité, activité en Eglise et famille nombreuse. Rencontre.

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Vitrail du couronnement de la Vierge par l’Enfant Jésus, basilique Notre-Dame, Genève

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

On considère parfois les vitraux dits sulpiciens comme des œuvres de moyenne valeur. Il est vrai qu’ils peuvent paraître un peu pâles à côté des verrières médiévales de la cathédrale de Chartres ou celles de Chagall à Zurich.

Il serait toutefois dommage de les délaisser trop vite. En effet, ils sont non seulement le témoignage d’une époque, mais ils ont en plus un intérêt théologique. C’est le cas du vitrail du couronnement de la Vierge réalisé par Claudius Lavergne pour la basilique Notre-Dame de Genève.

Il synthétise toute l’histoire du salut, superposant des événements appartenant à des périodes différentes. Il présente ainsi la façon dont ce qui est annoncé dans l’Ancien Testament s’accomplit dans le Nouveau Testament. C’est ce que l’on appelle un vitrail typologique.

Dans la partie basse, l’ange chasse Adam et Eve du jardin d’Eden. Le visage d’Eve est tourné vers le bas, sous le poids de la condamnation, mais celui d’Adam est tourné vers le haut. Il semble déjà annoncer une forme d’espérance.

La Vierge Marie porte Jésus dans ses bras. Si c’est elle qui terrasse le serpent des origines, elle utilise une lance ornée d’une croix. Elle nous guide ainsi du début des évangiles (la naissance de Jésus) à l’Apocalypse.

Jésus couronne sa mère. Il souligne ainsi la fidélité sans faille de Marie : de son « oui » à la question de l’ange jusqu’à son entrée dans la gloire.

Le Père domine toute la scène. De sa main gauche, il désigne la Vierge et l’enfant. Dans sa main droite, il tient un orbe crucigère, symbole de la domination du Christ sur le monde. Il indique ainsi que cet enfant est le Sauveur.

La colombe rappelle cet Esprit qui planait sur les eaux au moment de la Création et qui a accompagné chaque instant de l’histoire.

Concluons avec les paroles de l’Exultet, qui résument si bien toute la symbolique de ce vitrail : « Bienheureuse faute de l’homme qui valut au monde en détresse le seul Sauveur ! »

Journaliste et paroissienne engagée

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), septembre-octobre 2021

Vous la connaissez tous, peut-être sans le savoir.
Geneviève de Simone-Cornet est rédactrice responsable de L’Essentiel depuis des années et journaliste à l’hebdomadaire familial chrétien Echo Magazine à Genève. Sa plume vous offre, au fil des mois, éditoriaux et articles. Rencontre avec celle sans qui votre « Essentiel » ne serait pas pareil.

PROPOS RECUEILLIS PAR AUDREY BOUSSAT
PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER ET ECHO MAGAZINE

Geneviève de Simone-Cornet, qui êtes-vous ?

Il est toujours difficile de porter un jugement sur soi : l’image que l’on donne est forcément partielle et elle doit être complétée par le regard d’autrui. Je dirais que je suis une femme sérieuse, exigeante envers moi-même et envers les autres, fidèle en amitié et dans mes engagements. Curieuse de voir et d’apprendre, de découvrir le monde qui m’entoure et d’abord la richesse des personnes. Impatiente, aussi, et en colère devant l’injustice.

Vous êtes journaliste. Qu’est-ce qui vous a orientée vers ce métier ?

J’ai toujours aimé écrire, prendre la plume pour relater des événements ou m’exprimer. J’aime la langue, j’aime travailler avec les mots. Et j’ai la passion de communiquer, de transmettre, d’informer. Alors, quand il s’est agi de choisir une profession, j’ai écouté ce qui mûrissait en moi depuis longtemps et c’est tout naturellement que j’ai choisi le métier de journaliste. Pour donner la parole, expliquer la complexité du monde et fournir aux lecteurs des outils pour comprendre les enjeux actuels.

Vous n’avez pas de téléphone portable, sauf erreur… Pourquoi ce choix ?

Je ne suis pas déconnectée du monde pour autant. Je consulte ma messagerie électronique tous les jours et mon métier de journaliste m’impose de suivre l’actualité. Je lis aussi beaucoup, en particulier dans mon domaine de compétence, la vie de l’Eglise – je suis spécialisée en information religieuse.

Je ne suis pas opposée à la technologie: elle facilite nos vies et elle nous a beaucoup apporté ces dernières décennies. Moi-même je ne pourrais pas m’en passer dans mon métier. Seulement, il faut l’utiliser à bon escient : lorsqu’elle nous aide à progresser en humanité, nous enrichit, nous ouvre au monde, elle est très utile; mais si nous passons notre temps libre la tête penchée sur un Smartphone et les yeux rivés sur un écran, nous ratons l’essentiel.

J’aime la poésie. Pour moi, lire un poème est une véritable expérience humaine et spirituelle : non seulement je lis, mais j’écoute les mots, leurs sons, leur harmonie et je les reçois comme des graines venant féconder ma terre intérieure pour l’éveiller à la beauté et à la bonté. C’est bien plus riche et profond que tous les SMS et les émôticons que l’on s’envoie à longueur de journée. Essayez, vous verrez que les mots de poésie vous transforment ! Pour cela il faut prendre du recul, s’immerger dans le silence, se rendre disponible, se mettre « en état d’annonciation » « l’oreille aux aguets », écrit le moine poète Gilles Baudry.

Comment voulez-vous y arriver si votre tête, vos yeux et vos mains sont constamment sollicités par un portable ? C’est pour cela d’abord, pour préserver cette part d’humanité et de disponibilité en moi qui me relie profondément à Dieu, aux autres et à la création que j’ai renoncé à un portable. C’est un choix de vie non contre, mais pour plus de présence au monde.

Vous êtes engagée dans l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte. Dans quels domaines ?

Outre que je coordonne la rédaction de L’Essentiel depuis plus de dix ans, dans la communauté de la Colombière, je suis auxiliaire de l’eucharistie. Je réfléchis aussi à la communication sur l’ensemble de l’Unité pastorale au sein d’un groupe ad hoc.

Dans quels plaisirs simples de la vie retrouvez-vous particulièrement le Seigneur ?

L’amitié, fort précieuse pour moi. Le partage. Quelques pas dans la campagne ou en forêt. La lecture et l’écriture, des lieux où j’apprends à me connaître en me confrontant à des points de vue différents qui m’interrogent et me déplacent ; des lieux, aussi, à travers lesquels je chemine vers le Seigneur. Le silence et la solitude, respirations dans un quotidien qui me sollicite beaucoup.

Comment nourrissez-vous votre foi ?

J’essaie de participer chaque jour à l’eucharistie, y trouvant une nourriture vitale pour moi. Et je prie la liturgie des heures à l’unisson avec toute l’Eglise. Je suis membre de l’Equipe d’animation des Communautés laïques marianistes (CLM ou fraternités marianistes) de Suisse et du Bureau romand de l’apostolat des laïcs (BRAL) : autant de lieux de rencontre en Eglise qui fortifient ma foi et fécondent mes engagements.

Quel regard portez-vous sur l’Eglise d’aujourd’hui ?

A la fois le regard de la journaliste et celui de la chrétienne. J’aime mon Eglise, j’ai de la joie à m’y engager, à mettre mes compétences au service de la communauté. Mais j’attends d’elle qu’elle encourage encore plus les laïcs et les invite à l’audace, qu’elle leur donne toute leur place et les soutienne. Il y a encore tant de chemins à explorer pour une meilleure collaboration entre prêtres et laïcs au sein de nos communautés paroissiales, de ministères à inventer, d’initiatives à susciter ! Par notre baptême, tous, prêtres et laïcs, nous sommes prêtres, prophètes et rois. Que les prêtres prennent plus au sérieux la vocation baptismale de chacun. Qu’ils n’hésitent pas à confier des responsabilités aux laïcs et à les intégrer dans les instances de décision.

Quant aux femmes, elles ont encore beaucoup à apporter à l’Eglise : écoutons-les, traitons-les d’égal à égal, confions-leur des postes à responsabilité, associons-les aux décisions. C’est en travaillant ensemble, femmes et hommes, que nous construirons une Eglise accueillante et attirante.

Enfin, j’aimerais que mon Eglise s’engage plus franchement dans les questions de société, qu’elle soit une voix qui compte dans le débat. Car elle a des valeurs à proposer qui humanisent notre monde et l’invitent à regarder plus haut et plus loin ; elle peut donner des points de repère à notre société déboussolée en ce temps de pandémie.

Y a-t-il un auteur que vous aimeriez recommander aux lecteurs de L’Essentiel ?

Gilles Baudry. Il est moine à l’abbaye bénédictine de Landévennec, en Bretagne, et un ami de longue date. Sa poésie simple et profonde, inspirée de sa méditation continue des Ecritures, nous convie à l’émerveillement. Des mots de tous les jours pour exprimer l’essentiel, des mots limpides pour dire l’invisible qui affleure sous le visible. Dieu dans un brin d’herbe, une goutte d’eau, un rayon de soleil. Il nous emmène toujours plus loin sur les sentiers de l’ordinaire pour y goûter la présence de Dieu. Avec douceur, tendresse et gratitude.

S’il fallait ne retenir qu’un poème dans une œuvre multiple et foisonnante, ce serait « Le dit de Cléophas d’Emmaüs ». Aussi beaux que profonds, ces vers sur les disciples d’Emmaüs invitent à relire cet épisode évangélique dans une lumière nouvelle. Etonnant et stimulant !

La Foi peut-elle être minimaliste ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Sacré-Cœur, Ouchy-Lausanne (VD), septembre 2021

En opposition avec une société de consommation où davantage de possessions matérielles conduisent à l’épanouissement et au bonheur, le Minimalisme fait le constat de la limite de ce système en mettant en avant une sobriété heureuse qui incite à consommer moins pour vivre mieux.

PAR PIERRE GUILLEMIN | PHOTOS : DR, PIERRE GUILLEMIN

Le Minimalisme veut nous aider à nous concentrer sur les choses vraiment importantes dans notre vie, d’avoir la liberté de faire des choses qui nous semblent vraiment importantes pour notre épanouissement. Nous pouvons ainsi libérer du temps et de l’énergie que nous passions jusqu’à présent à penser aux choses dont nous n’avions pas vraiment besoin. De cette manière, nous pouvons nous concentrer sur notre liberté, nos relations avec les autres c’est-à-dire des choses qui comptent !

Comme l’écrit Pierre Rabhi (essayiste, romancier, agriculteur contemporain minimaliste) : « Il nous faudra bien ré­-pondre à notre véritable vocation qui n’est pas de produire et de consommer jusqu’à la fin de nos vies mais d’aimer, d’admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes. »

Cette démarche minimaliste n’est pas
sans rappeler des exemples fameux de l’histoire de l’Eglise comme saint Martin de Tours (316-397), saint François d’Assise (1181-1226), les ermites, la vie monastique… Ces exemples sont en fait innombrables et démontrent que la conscience minimaliste est très présente dans l’Eglise, et ce, depuis les premiers chrétiens. Rappelons saint François d’Assise « c’est en s’oubliant que l’on se retrouve » c’est-à-dire que gratitude, prière, satisfaction du nécessaire contribuent pleinement à l’épanouissement de l’Amour de Dieu.

Mais le Minimalisme peut aussi amener à une vision réductrice de l’humanité. En effet, si la quête de sens et de bonheur se traduit par la volonté de se développer en tant que personne, elle peut aussi amener à une remise en question existentielle, en particulier celle de Dieu. « Je pense donc je suis – cogito ergo sum » (René Descartes 1596-1650) peut aussi être interprété comme le fait que la seule certitude que l’on peut avoir du monde, c’est l’existence de sa personne par le moyen de sa pensée. Alors le Minimalisme, en suivant cette voie, nous conduit à ne plus concevoir qu’un dialogue avec nous-mêmes ce qui est le contraire de cet Amour que Dieu nous invite à partager, à transmettre, à donner pour mieux recevoir car Les Ecritures nous enseignent ce rapport omniprésent entre l’Homme et Dieu qui est un perpétuel enrichissement.

Le Minimalisme serait-il une tentative de combler un vide ? Blaise Pascal (1623-1662) nous dit : « Il y a un vide en forme de Dieu dans le cœur de chaque homme qui ne peut être rempli par aucune chose qui ait été créée mais seulement par Dieu, le Créateur, qui s’est fait connaître aux hommes par Jésus. »

Mais si le Minimalisme est une tentative pour combler ce vide dont nous parle Blaise Pascal, il ne peut être la réponse car comme nous l’écrit Joseph Gotte (écrivain contemporain) : « Pour connaître un bonheur véritable, il faut apprendre à connaître Celui qui nous donne le souffle de la vie » car comme le rappelle le Concile de Vatican II : « L’Evangile est la source de toute vérité salutaire et de toute règle morale. » (Dei Verbum 7)

Le Minimalisme n’est pas une autre forme de la Foi du charbonnier. La Foi du charbonnier, c’est la Foi de l’homme qui croît tout simplement. En ce sens sa foi est minimale dans l’attitude mais elle reste riche et complexe car elle accepte l’ensemble de la Parole de Dieu sans aucun filtre.

Nous sommes invités au travers des Ecritures à une foi vraie qui est une véritable démarche de liberté et pas justement une solution minimaliste. Ce que Jésus-Christ nous laisse et nous enseigne, c’est la perpétuelle nouveauté d’une Bonne Nouvelle illustrée par des paraboles à déchiffrer inépuisablement : c’est ce qui constitue la richesse et la complexité de la Foi qui ne peut être minimaliste car pour comprendre cette Bonne Nouvelle, il faut y travailler, y réfléchir et agir dans une démarche véritable de compréhension de la Parole.

C’est aussi l’un des messages d’une parabole comme « Lève-toi et marche ». Certes, il s’agit bien d’une histoire relatée par saint Marc par laquelle Jésus montre l’étendue de l’Amour de Dieu en guérissant le paralytique. Mais c’est aussi et peut-être d’abord l’illustration que ce n’est pas la seule attitude qui fait la Foi mais nos actes, nos actions guidées par l’Amour de l’autre qui nous amènent à approcher la Lumière et renforcer notre Foi.

En conclusion, ne confondons pas forme et fond. La Foi est riche, complexe et ne se résume pas à quelques prières ou doctrines choisies au gré de ses envies. La Foi n’est pas Minimaliste et ne peut l’être, heureusement ! En revanche, l’attitude du Croyant, du Disciple, s’accommode parfaitement d’une expression minimaliste du mode de vie : cette attitude minimaliste est la forme de la démarche du Croyant, du Disciple qui est un moyen (pas unique !) de s’épanouir dans la Foi en embrassant toute sa richesse et sa complexité.

Zéro déchet Suisse

PAR CHANTAL SALAMIN | PHOTOS : DR

Vivre sans déchets ? Non, ce n’est pas impossible ou réservé à des écologistes extrémistes. Cela s’apprend, tout simplement ! Adopter ce mode de vie, c’est non seulement préserver la planète, mais également améliorer sa qualité de vie et réduire ses frais de consommation. Mais alors comment s’y prendre ?
Commencez par visiter le site de l’association ZeroWaste Switzerland : zerowasteswitzerland.ch

C’est évident

Pour réduire drastiquement sa quantité de déchets, un principe simple à suivre au quotidien : « Rethink et Refuse (repenser et refuser), Reduce (réduire), Reuse et Repair (réutiliser et réparer) et Recycle et Rot (recycler et composter), en utilisant des matériaux durables et en motivant les changements de notre modèle économique et culturel actuel ».

Et cela s’apprend

Pour vous accompagner vers ce nouveau mode de vie, l’association propose des activités et événements pour tous – aussi en virtuel – comme des cafés thématiques, des ateliers interactifs, des conférences et même du coaching personnalisé, répartis en trois thématiques : « aliments & boissons », « cosmétique, nettoyage & vêtements », « travail, maison & cadeaux ».

Entreprises et communes y trouvent également des conseils adaptés.

Trouvons un nouveau souffle !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), septembre-octobre 2021

L’Equipe pastorale choisit chaque année un thème pour guider les paroissiens dans leur chemin de foi. Durant l’année pastorale 2021-2022, il sera question de bâtir l’Eglise et de nous ouvrir encore plus à Dieu avec un élan renouvelé.

PAR MARIE-AGNÈS DE MATTEO
PHOTOS : L’UN & L’AUTRE D’ETIENNE GRÈS,
PEINTURE DE LOUIS TOFFOLI, DR

Depuis le début de la pandémie, nous sommes affectés par la difficulté de faire Eglise. Nous sommes empêchés de vivre nos rassemblements, habités pas la peur de l’autre qui est susceptible de nous transmettre le virus et parfois contraints à participer à la prière eucharistique via un écran. Cela suscite une certaine inquiétude chez certains responsables pastoraux qui craignent que ces difficultés ne conduisent à une baisse de motivation sur le long terme.

Cette situation de manque ne devrait-elle pas, au contraire, susciter un désir plus ardent ? Sommes-nous suffisamment ancrés en Christ pour que cette épreuve soit l’occasion de renouveler notre espérance et notre motivation à faire Eglise ? C’est cette ouverture au souffle de l’Esprit que l’Equipe pastorale souhaite favoriser pour cette nouvelle année pastorale.

Rendre sacré

La dédicace de la nouvelle chapelle de Gland, avec la consécration de l’autel, qui sera célébrée dimanche 13 février par notre évêque, Mgr Charles Morerod, sera un événement central susceptible de nous donner un nouvel élan. Consacrer signifie « rendre sacré ». Ce rituel a de grandes similitudes avec celui de notre baptême. Les baptisés, par la régénération du baptême et l’onction de l’Esprit Saint, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint. Une demeure spirituelle, car habités par l’Esprit ; un sacerdoce saint, car pouvant s’offrir au Seigneur.

En ce début d’année pastorale, soyons dans l’espérance et vivons la solidarité par nos actes et nos prières. Il n’y a pas de confinement pour l’Esprit Saint. Qu’il nous donne le souffle dont nous avons besoin pour être ses témoins !

 

Conférences et veillées

Etre habité par la présence de Dieu, se donner et recevoir la vie de l’Esprit en retour : le don de notre baptême est d’une telle richesse que nous avons toujours à nous disposer davantage pour accueillir le trésor qui nous est offert. Pour nous y aider, l’Equipe pastorale souhaite organiser six temps forts répartis sur l’année.

Trois conférences :
– L’Eglise, corps mystique du Christ, premier sacrement.
– Aimer l’Eglise… Pourquoi ? Comment ?
– Marie, mère de l’Eglise, modèle de la communion des saints.

Et trois veillées de prière à Gland, Nyon et Founex qui reprendront ces thèmes.

A l’heure de la rédaction de cet article, il est encore trop tôt pour pouvoir donner des informations plus précises. Sachez cependant que l’Equipe pastorale prend contact avec des orateurs de renom en espérant que nous pourrons nous retrouver nombreux sans nouvelles restrictions sanitaires.

Le minimalisme

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Sacré-Cœur, Ouchy-Lausanne (VD), septembre 2021

PAR LEILA FORTIS
PHOTOS : ANTOINE MBOMBO TSHIMANGA ET LEILA FORTIS

Pour certains, le minimalisme a une connotation négative : se contenter du minimum et en faire le moins possible.

Pour d’autres, il est dans l’air du temps. Courant d’art contemporain dans les années 60, il se décline aujourd’hui à plusieurs niveaux : de l’économie au design en passant par le style ou la spiritualité. Un mode de vie, en somme, qui nous permettrait de nous recentrer pour optimiser notre temps de travail et de loisir.

Les adeptes de Marie Kondo, entre autres gourous, en savent quelque chose, puisque ses conseils de rangements et de développement personnel promettent la sérénité de l’esprit, et l’ouverture à la disponibilité de l’âme et du cœur.

Bien avant notre époque, un précurseur du minimalisme nous est bien connu par son message : l’amour est la finalité de ce que chacun d’entre nous cherche. En Marc 6, 7-13, Jésus envoie ses disciples en mission avec des consignes bien précises : pas d’argent, pas de vêtements de rechange, la Parole pour seul bagage. Le fait de ne pas avoir de préoccupation matérielle va aider les apôtres à intégrer cette manière d’être, à la vivre intérieurement dans leur cœur et à la vivre extérieurement à travers leurs actions. Dieu est dans la simplicité de la vie et le partage avec les autres.

En ce temps de pandémie, malgré les restrictions, l’essentiel a été maintenu : l’écoute, la parole (même avec le masque), la Parole, la présence, la vie.

Préserver la vie est une priorité, comme le dit si bien André Malraux : « La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie. »

Moins pour plus

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), septembre 2021

PAR VINCENT LAFARGUE | PHOTO : PIXABAY

Lorsque nous avons annoncé, au printemps, notre action de récolte de denrées alimentaires non périssables à la messe, lors d’une des célébrations, les applaudissements ont éclaté spontanément à la fin de cette proposition. Et un paroissien m’a dit : « C’était le moment ! »

Nous avons tous vu les images de ces files interminables, à Genève notamment, de personnes en quête de sacs de nourriture. Des gens à qui la Covid a fait perdre leur emploi, les projetant dans une situation plus que précaire dans bien des cas.

Mais c’est loin d’être un problème uniquement présent dans les grandes villes. A la cure d’Aigle, c’est presque chaque jour que nous offrons des bons de
la Migros à qui les demande, pour aller acheter des produits de première
nécessité. La précarité a considérablement augmenté dans notre région suite
à l’épidémie que nous avons traversée.

Nous pouvons tous faire un effort, nous priver de quelque chose pour le donner à qui en a besoin. C’était le sens de notre action printanière avec ces
denrées non périssables. MERCI INFINIMENT à toutes les personnes
qui nous ont apporté de quoi garnir des sacs qui ont trouvé très facilement preneur.

Il nous faut continuer, et pas seulement en direction des nécessiteux mais aussi de notre planète. Nous pouvons tous apprendre à fermer le robinet d’eau
lorsqu’elle s’écoule inutilement, à trier nos déchets, à consommer de manière plus réfléchie. Nous avons tous à réapprendre le « moins » pour le « plus » : moins pour moi, histoire d’offrir plus aux autres.

J’ai peu

Est-ce suffisant ?

Et demain ?

J’ai décidé

En mon cœur

De le partager

Avec mon prochain

Toi Seigneur

Multiplie-le

Pour une vie en abondance

Carlo C. Action de Carême

L’hospice du Simplon

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), septembre-octobre 2021

À l’initiative de Formules Jeunes, un groupe de jeunes du canton de Fribourg et du Valais a participé du 26 au 30 juillet derniers à une semaine théologique à l’hospice du Simplon. C’est l’occasion pour l’Essentiel de s’exporter hors du cadre purement fribourgeois pour s’intéresser à l’histoire d’un site important pour l’histoire religieuse du Valais.

TEXTE ET PHOTOS PAR SÉBASTIEN DEMICHEL

L’hospice du Simplon se situe au sommet du col du même nom à 2005 mètres d’altitude, reliant Brigue à Domodossola. Utilisé depuis la préhistoire, le Simplon devient l’un des principaux axes de transit européen au Moyen Âge. Un premier hospice est mentionné dès 1235, dont les origines sont toutefois inconnues. Il est tenu par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem et accueille marchands, pèlerins, indigents et malades. Au XVIIe siècle, alors que l’hospice des chevaliers de Saint-Jean a disparu, Gaspard Stockalper relance l’économie locale et fait édifier un nouvel hospice en 1666 portant le nom d’Alper Spittel. Mais c’est sous Napoléon Bonaparte que le Simplon obtient le rôle stratégique le plus important. En 1800, Bonaparte ordonne la construction de la première route carrossable à travers les Alpes, devant servir de voie militaire la plus directe entre la France et l’Italie. Cette fondation est censée permettre à Napoléon d’asseoir sa domination sur l’Italie du Nord au détriment des Autrichiens. Le Simplon devient ainsi le chemin le plus rapide entre Paris et Milan.

Les chanoines du Grand-Saint-Bernard
L’hospice qui nous accueille pour notre semaine théologique (le troisième en tout) a été édifié dans le cadre des travaux napoléoniens. Le 28 février 1801, l’empereur ordonne sa construction et prévoit d’y installer 15 religieux, en l’occurrence des chanoines du Grand-Saint-Bernard qui lui ont déjà offert leur hospitalité en mai 1800. Ces derniers ne sont toutefois pas consultés et Napoléon leur impose la fondation du nouvel hospice. La construction est longue (1801-1831) : durant cette période les chanoines tiennent un hospice provisoire dans l’ancien hospice Stockalper. Après de nombreuses tergiversations liées aux coûts de l’entreprise, la première pierre de l’hospice n’est posée qu’en 1813, peu avant la débâcle de l’empereur qui interrompt les travaux et entraîne un long temps mort jusqu’en 1826. L’hospice a alors mauvaise presse, considéré comme le symbole de l’assujettissement du Valais à la France. Finalement, en 1826, les chanoines s’engagent à l’achever et son inauguration a lieu en 1831. Deux ans plus tard, l’hospice est approuvé par le Saint-Siège qui lui accorde un statut similaire à celui du Grand-Saint-Bernard.

Au tournant du XXe siècle, le tunnel du Simplon reliant Brigue à Iselle commence à être construit. Le premier train traverse le tunnel en 1906, rendant plus fonctionnelle la ligne Paris-Milan. Il n’y a dès lors plus besoin de franchir les cols alpins pour traverser l’Europe et l’hospice du Simplon voit le nombre de passants drastiquement chuter. Le projet se forme donc d’établir au Simplon une colonie de vacances pour jeunes, projet qui se réalise en 1933 et court jusqu’en 2001.

Dans l’histoire de l’hospice, le rapport à la montagne joue un rôle central. La figure du chanoine Gratien Volluz, guide de montagne nommé Prieur du Simplon en 1959, en est une bonne illustration. Ce dernier voit dans les beautés de la montagne et ses valeurs telles que le dépassement de soi, le silence et la prière, un chemin d’humanisation. Il écrit d’ailleurs une très belle prière du pèlerin de la montagne dont voici un extrait :

« Créé par amour, pour aimer, fais, Seigneur, que je marche, que je monte, par les sommets vers Toi, avec toute ma vie, avec tous mes frères, avec toute la création, dans l’audace et l’adoration. » L’hospice, devenu un lieu de retraite et d’évasion face à un quotidien de plus en plus stressant, est totalement redynamisé. Depuis 1996, il est également équipé pour recevoir des familles avec des enfants en bas âge.

Un seul cœur en Dieu
L’hospice est doté d’une église consacrée en 1832 par l’évêque de Sion, meublée de stalles empire et d’un orgue et décorée des peintures murales des peintres français Nélaton et Carlin. Rénovée en 1973, l’église accueille depuis 1995 le grand Christ et quatre icônes des protecteurs du Grand-Saint-Bernard réalisées par Klaus Kegelmann. À gauche de la croix triomphante de style italo-byzantin sont représentés sainte Monique et son fils saint Augustin. Celui-ci tient une plume et un rouleau sur lequel est écrit « Cor unum in Deum » (un seul cœur en Dieu), premiers mots de la règle qu’il a donnée aux clercs de son diocèse d’Hippone vers 400 et que les chanoines du Grand-Saint-Bernard suivent aujourd’hui encore. À la droite du Christ en croix, on reconnaît à son habit de diacre et au dragon gisant à ses pieds (symbole des dangers de la montagne et des bandits) le fondateur de la Congrégation des chanoines, saint Bernard de Montjoux
(XIe siècle), ainsi que saint Nicolas de Myre, saint très populaire au Moyen Âge et que Bernard de Montjoux a choisi comme protecteur.

Actuellement, l’hospice est un bâtiment en pierre de 3 étages, bâti sur le modèle de l’hospice du Grand-Saint-Bernard. Il peut héberger jusqu’à 130 personnes et est ouvert toute l’année. Les chanoines en assurent toujours la gérance. Le Prieur actuel, François Lamon, nous a donné un enseignement sur l’accueil, vocation fondamentale de l’hospice. Accueillir, c’est prendre du temps pour l’autre, être à son écoute et chercher à comprendre son vécu, ses joies, ses peines. L’hospice accueille toutes sortes de gens : confirmands, collégiens, familles, skieurs, randonneurs, etc. Que les Romands ne soient pas dépaysés, les chanoines sont francophones bien que la région soit germanophone.

Pour aller plus loin, voir la belle chronique des chanoines : https://gsbernard.ch/simplon/apercu-historique/

Moins pour plus

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), septembre 2021

PAR L’ABBÉ JANVIER NGINADIO MUNTIMA

Allons-y plutôt sous un angle spirituel de l’écologie. Actualité oblige ! Dans une société de surconsommation avec sa « culture du déchet », pour parler comme le pape François, les appels se multiplient en vue d’assainir le rapport de l’homme avec lui-même ainsi qu’avec Dieu, autrui et la création. « La conversion écologique » est une urgence afin de sauvegarder notre maison commune (cf. Laudato si’).

En effet, avec la crise multiforme de l’être humain, le déséquilibre des écosystèmes, les injustices et les inégalités de tout genre qu’elle engendre, notre façon de vivre montre suffisamment qu’avoir plus ou avoir tout court ne va pas forcément ensemble avec être plus ou être tout simplement. « Moins pour plus » ne signifie pas une vie désincarnée. Contre tout égoïsme et tout excès, « Moins pour plus » c’est plutôt le juste nécessaire, principe d’une espèce d’écologie intérieure qui est une vie éprise de l’idéal d’harmonie avec Dieu et avec soi-même, de solidarité et de justice. Par ailleurs, « Moins pour plus » pose le problème de l’équilibre social dans l’usage des biens de la création.

Pour asseoir et prolonger la réflexion, laissons-nous instruire entre autres par l’ordonnance de Dieu à propos de la manne au désert : « Que chacun en ramasse la ration qui lui est nécessaire ; vous en ramasserez environ quatre litres par personne, d’après le nombre de personnes vivant sous la même tente. » (Exode 16, 16)

« Moins pour plus » constitue un défi majeur du témoignage authentique de la foi chrétienne.

Moins pour plus…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), septembre-octobre 2021

PAR NICOLE MONNEY | PHOTOS : CATH.CH

Voici plus d’une année que nous avons été frappés par une tempête insoupçonnée, venue de loin. Les dégâts ont été plus ou moins importants selon l’endroit de notre ancrage dans la vie. L’Eglise dans sa pastorale a aussi été très affectée, surtout dans une société qui relègue sa vie spirituelle, semble-t-il, au second plan. Cela s’est quand même un peu constaté dans cette pandémie. La priorité dans les nouvelles n’était malheureusement pas de savoir comment allaient les personnes, quel était leur état de santé, mais plutôt les statistiques, l’économie, comment survivre. J’ai pu participer à une permanence téléphonique que l’un des vicariats du diocèse avait mis sur pied et fort était de constater que la vie spirituelle n’était pas une priorité, même dans un moment de catastrophe. Pourtant, il est connu que lorsqu’on est dans le malheur, on a tendance à se tourner vers Dieu pour demander de l’aide !

Du coup je me suis posé la question, pourquoi si peu d’appels ? Est-ce que la foi individuelle est si forte que l’on n’a pas ressenti le besoin de recourir à cette permanence ? La confiance en Dieu déplace des montagnes, dit-on. Ou est-ce un signe distinct que l’Eglise n’est plus assez proche des personnes pour qu’on l’oublie même dans des situations aussi compliquées que cette pandémie ? Je n’ai à ce jour pas trouvé la réponse. Cependant, dès la sortie du confinement, j’étais plus que motivée pour mettre tout en œuvre pour que l’Eglise soit plus
visible.

J’ai cette chance d’être catéchiste dans les écoles primaires dans la région de Romont et enseignante de religion au CO de la Veveyse. Je suis donc en contact perpétuel avec la nouvelle génération de l’Eglise. Certes j’ai un programme plus ou moins précis à faire passer, mais j’ai vraiment pris le temps de leur parler de l’Eglise, cette communauté des chrétiens que nous constituons tous. Qu’ils ont une place à prendre, un rôle à jouer… que parfois c’est à eux de redonner un sens à la vie spirituelle en famille ; oser parler de Dieu à la maison. Je leur proposais des petites livraisons à domicile, vu que c’est devenu un peu la nouvelle mode ; le take away ou à l’emporter… Je leur proposais de lire tel ou tel passage de la Bible avec une prière ou un chant en famille ou du moins avec un membre. Parfois aussi je leur donnais des questions à poser aux parents sur un thème vu en classe. Les élèves revenaient parfois un peu déçus par les réponses ou le peu de discussion qu’il y a eu avec la famille. Toutefois, ils ont relevé le défi. Le but est atteint, ils ont ramené un peu de Dieu à domicile. Ce n’est certes pas évaluable, il y a eu du bon comme du moins bon. Finalement, c’est comme pour les plats qu’on commande sur les applications ou sur internet, on est parfois déçu et parfois très satisfait.

Un autre défi, cette fois-ci sur un plan plus pastoral m’attendait dès la rentrée scolaire 2020. En effet, toutes les célébrations de première communion ont été repoussées à plus tard…, mais quand ? Combien de temps faudra-t-il à cette pandémie pour se dissiper ?

Naïvement, je pensais que les familles seraient heureuses de savoir que les célébrations auraient lieu, même si c’était beaucoup plus tard et bien sûr en tenant compte des restrictions sanitaires. Eh bien, non ! C’était une douche froide, voire glaciale ! C’est à ce moment-là que j’ai constaté qu’une fois de plus je n’étais pas du tout sur la même longueur d’ondes, moi qui pensais que nous avions la chance de pouvoir vivre le sacrement de l’eucharistie malgré la pandémie. J’avais pensé que les enfants étaient prêts à vivre ce pourquoi nous les avions préparés pendant toute une année ; la rencontre dans l’intimité avec Jésus. Autant les familles souhaitaient autre chose ; vivre le sacrement oui, mais dans de bonnes conditions (familles, convivialité, la joie de la fête) ! Certes, ces conditions n’étaient pas vraiment réunies, puisque les enfants pouvaient n’avoir que 2 invités dans l’église et pas beaucoup plus à la maison. Et bien sûr, chorale, fanfare, apéritifs étaient aussi annulés. Il n’y avait plus grand-chose de la fête traditionnelle des années précédentes. Il va sans dire que bien des familles ont repoussé encore la première communion de leur enfant, mais d’autres pas. Les enfants ont aussi du coup pu inviter plus de personnes dans l’église. Cela s’annonçait triste comme fête…

Eh bien, non, c’était un moins pour un plus !

Il y avait moins de personnes lors des célébrations, mais bien des familles ont eu plus de plaisir parce qu’elles se sentaient plus proches de leur enfant. Il y avait une intimité, une sensation de faire communauté. Elles ont mieux pu participer à la messe, suivre ce qui se passait. Il y avait moins de bruit. L’ambiance était plus favorable au recueillement. A la sortie, tout le monde avait le sourire. Certains parents, dont c’était le 2e ou 3e enfant qui vivait ce sacrement, ont été vraiment enchantés et m’ont dit qu’ils ont préféré cette célébration pour les raisons citées plus haut. Evidemment, certains regrettaient que toute la famille n’ait pu assister à la fête.

En conclusion, par cette année de pandémie, j’ai appris à changer mon regard. J’ai appris à faire plus avec moins de moyens. L’essentiel n’est pas toujours ce que je crois. J’ai souvent entendu ou lu la phrase : « Il faut mettre le Christ au centre. » Oui, évidemment. Et je pensais l’avoir fait. Mais cette année, je l’ai mis au centre de ma vie, mais aussi de celle des autres. Non seulement je l’ai mis au centre, mais en plus je l’ai laissé agir.

Avec les enfants nous avons mis un accent sur la prière. Ils ont même fabriqué un grand chapelet qui est actuellement dans l’église de Siviriez !

Quelle belle année, malgré la pandémie ! Que cette nouvelle année pastorale soit tout aussi riche. N’hésitons pas à épurer nos cœurs et nos esprits afin de laisser la place à l’essentiel ; le Christ ressuscité, notre seul guide.

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