Théâtre et foi

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), septembre-octobre 2021

La Compagnie La Marelle revient cet automne à Nyon et Gland avec un texte de l’écrivain franco-belge Eric-Emmanuel Schmitt, « L’Evangile selon Pilate ». Un spectacle de qualité qui aborde la Résurrection sous un jour qui ne nous est pas familier : le point de vue de Pilate.

COMMUNIQUÉ

Garant de l’ordre romain, imperméable à la « folie juive », détestant ce trou perdu de Judée où on l’a envoyé, et par-dessus tout cette capitale du mensonge qu’est Jérusalem, Pilate s’apprête à passer une Pâque plutôt plan-plan, avec quinze arrestations et trois crucifixions à peine. Sauf que, par la faute d’un rabbin contestataire nommé Jésus, dont tout le monde semble s’être entiché, tout part à vau-l’eau.

Pour sortir de ce guêpier, une solution: retrouver le corps du crucifié mort ou vif afin d’étouffer la rumeur qui en fait déjà un ressuscité. Est-ce Hérode qui a fait le coup ? Joseph d’Arimathie est-il complice de l’escamotage ? Que cache l’association contre nature entre Caïphe et le Sanhédrin ? Claudia, la femme de Pilate, est-elle la mystérieuse quatrième femme au pied de la Croix ? Bref, y a-t-il un « mystère Jésus » ? A mesure que Sherlock Pilate avance dans son enquête, le doute s’insinue dans son esprit. Et avec le doute, l’idée de la foi.

Une pièce mise en scène par Jean Chollet. Le public rétribue librement les artistes à la sortie.

Représentations

Dimanche 10 octobre à 17h au temple de Nyon

Dimanche 7 novembre à 17h à la salle communale de Gland

Jeux, jeunes et humour – septembre 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Pourquoi mange-t-on de la tarteaux pruneaux au Jeûne fédéral ?
Le 3e dimanche de septembre, la Suisse est en fête. Catholiques et protestants célèbrent le Jeûne fédéral : toute la population est invitée à remercier Dieu pour les bienfaits accordés à notre pays et à prier pour les défis à relever. Autrefois, comme les gens passaient la plus grande partie de la journée à l’église, ils n’avaient pas le temps de cuisiner un vrai repas et grignotaient une tarte préparée la veille à base de pruneaux, fruits qu’on récolte à cette période.

par Pascal Ortelli

Humour

C’est un gars qui est malade et qui va voir son docteur. Alors qu’il patiente dans la salle d’attente, il voit sortir une religieuse de la salle de consultation. Elle a l’air effondrée et hagarde. Lorsque le docteur le fait rentrer, le gars lui demande :

– Je viens de voir sortir une religieuse de chez vous… Elle avait l’air vraiment mal en point. Je n’ai jamais vu quelqu’un avec une si mauvaise mine ! Le doc lui répond : 

– Ah oui ! Je venais de lui dire qu’elle était enceinte. 

– C’est pas vrai ?

– Non, bien sûr que non, elle n’est pas enceinte, mais ça lui a guéri son hoquet !

par Calixte Dubosson

Un pas vers le désencombrement

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), septembre 2021

PAR STÉPHANIE WALPEN

PHOTO : RAPHAEL DELALOYE

L’art du désencombrement, la méthode Marie Kondo, le minimalisme, la thérapie par le vide… Tant de mots pour définir des méthodes psychologiques très à la mode dans notre monde occidental consumériste et avide de possessions en tout genre.

On pourrait penser que la recherche de « l’allègement » est récente.

Et pourtant ! Depuis tant de siècles, sages de toutes religions et spiritualités, moniales et moines, ont fait ce choix radical de se détacher et de s’appauvrir pour offrir une place à l’Essentiel.

Jésus ne ménage pas l’homme sage, respectueux des commandements, qui lui demande ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle en héritage. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » (Marc 10, 21)

Par ces paroles, Jésus lui a offert une méthode toute simple de mieux-être, de bonheur. Il lui a donné la clé d’un vrai chemin de Vie.

Mais qu’il est dur ce chemin pour cet homme de l’Evangile et pour nous tous, femmes et hommes de tous temps ! Si notre conscience ou notre foi nous invitent à faire ce choix, si notre cœur goûte déjà aux bienfaits d’une telle décision, notre éducation, nos peurs, les conseils de nos proches, notre besoin d’être rassurés nous emprisonnent et nous empêchent de nous lancer en toute confiance sur ce Chemin de Vie.

Nos attaches sont si nombreuses : argent, biens matériels, certitudes, orgueil, agendas trop remplis, sollicitations infinies, réseaux sociaux chronophages…

Il ne s’agit pas de nous débarrasser du jour au lendemain de tout ce qui nous encombre. La tâche serait trop ardue. Et si vous me ressemblez, après deux jours, les bonnes résolutions se seraient déjà envolées. Mais je vois en ce début d’année pastorale et scolaire, l’occasion de faire un choix, un petit pas vers ce désencombrement bienfaisant que Dieu ne manquera pas de combler de ses bénédictions.

Belle année pastorale désencombrée et lumineuse à tous !

On a toujours le choix

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), juillet-août 2021

PAR STÉPHANIE HOULE
PHOTO : DR

On a toujours le choix,
c’est une évidence.
On na pas tous les choix
mais on a toujours le choix.
Devant toute épreuve,
on a l’option d’en mourir
ou d’y survivre et devant l’échec,
le choix de s’aimer ou de se détruire.
Devant les imprévus, on possède la liberté
de rire ou de pleurer et dans l’adversité,
le choix de pardonner ou de culpabiliser.
Au milieu de la confusion, on a toujours
la faculté de voir et de croire,
l’alternative de se fermer et d’oublier.
Au cœur de la détresse,
on détient un éventail de paroles
et de silences,
le loisir de parler ou de se taire.
Devant une décision,
on a le pouvoir d’agir
ou de rester immobile,
et par-dessus tout,
le choix de rester ou de partir.

Voilà ce que je voulais partager avec vous pour cet été. Nous avons dû repousser notre assemblée générale parce que le nouveau caissier n’était pas encore entré en fonction. Nous avons dû renoncer au repas du printemps à cause de la pandémie. Nous avons vraiment le sentiment que nous n’avons plus le choix, et pourtant c’est de nous que dépend le choix de rire ou de pleurer !

De tout cœur je souhaite que la rentrée ait lieu sous de meilleurs auspices et que je pourrai vous parler de ce que le Conseil de communauté organise, par exemple !

En attendant, je vous souhaite un bel été !

 

Sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Haut-Lac (FR), juillet-août 2021

La présidente de paroisse de Cressier nous raconte en exclusivité ses magnifiques parcours pédestres…

TEXTE PAR ASTRID MULLER | PHOTO : DR

Avec mon amie Prisca, co-autrice de ce texte, nous avions déjà l’envie de parcourir ce chemin vers Saint-Jacques depuis de nombreuses années. Les raisons
ont été multiples tout en sachant que la principale était de dire humblement MERCI.

Nos vies professionnelles et familiales nous proposaient un voyage par étapes.

Parées de notre Credencial encore vierge et d’un sac à dos d’environ 9 kg, le 27 juin 2005, notre tout premier jour débute par une prière à la Cathédrale Saint-Pierre à Genève, le cœur en fête, la tête libre et heureuses de ce partage futur. Notre chemin peut commencer…

Les premiers kilomètres sous un soleil de plomb et un sac de plus en plus lourd ne nous découragent pas, même si le balisage des coquilles Saint-Jacques n’est pas au top. Entre les montées et les descentes, nos muscles n’ont pas le temps de se relâcher. Une moyenne journalière de 20 km encourage notre dos à supporter le poids du sac qui, parfois plus léger, semble être porté par saint Jacques lui-même ! Une allergie sournoise contractée par mon amie nous oblige à écourter notre séjour. On s’arrête à regret à Seyssel !

2e étape du 5 au 9 juin 2006 (Culoz – Grand-Lemps) : le sac s’est allégé de
2 kg et les parcours journaliers restent aux environs de 20 km. Dans mon journal j’écris « on s’améliore au niveau du paquetage mais géographiquement ce n’est pas encore ça (!) 4 km de détour… la rumeur sur les femmes est confirmée ! ». Le vent souffle mais le soleil est avec nous. La nature est magnifique, le chant des oiseaux nous accompagne… Les journées s’alternent entre soleil de plomb et pluie battante… parfois en fin de journée notre sac à dos semble avoir ramassé autant de kilos que nos jambes de kilomètres… !

Notre rythme de marche nous permet de jouir de ces moments uniques de recueillement et de vide pour écouter le silence et notre cœur… accompagnées par une ribambelle de papillons silencieux !

3e étape du 25 au 29 juin 2007 (vu nos papotages dans le train on oublie de sortir à Grenoble !) (La Côte-Saint-André – Saint-Julien) : dès le 2e jour, des douleurs foudroyantes de la jambe droite m’obligent à consulter un médecin qui diagnostique une sciatique. Complètement épuisées, nous cherchons un endroit pour se restaurer dans ce village, vide de ses habitants et ses restaurants tous fermés, de Saint-Julien-Molin-Mollette. Notre bonne étoile nous guide vers la porte d’un restaurant, normalement fermé, où le patron-cuisinier a eu pitié de nous et nous a offert le couvert. Notre mésaventure l’a ému et il nous propose de passer la nuit chez des amis de Saint-Jacques. Merci à Jacques et Odile.

4e étape du 24 juillet au 3 août 2008 (Le Puy-en-Velay – Conques) : 9 jours et 210 km. Conques ville moyenâgeuse, juste magnifique avec son Abbaye ; la citadelle est splendide avec ses ruelles en pavés. Les rencontres avec d’autres pèlerins venus des 4 coins de l’Europe sont toujours intéressantes et enrichissantes avec des bouts de chemin parcourus ensemble. Chaque département traversé est autant un plaisir pour les yeux que pour nos papilles !

Notre 5e étape du 28 septembre au
5 octobre 2009 (Figeac – Moissac) et notre 6e étape du 5 au 11 octobre 2010 (Lecoultre – Saint-Jean-Pied-de-Port) : les villages sont autant de baume au cœur que les fleurs aux fenêtres qui les embellissent. Notre sac à dos a été remplacé par une valise qui se laisse emporter de gîte en gîte. Les chemins de forêt, les montées et les descentes sont ainsi plus agréables avec juste un « petit » sac à dos pour la journée !

« Aimer, ce n’est pas faire de belles choses ni rendre service. Aimer c’est révéler la beauté, révéler à l’autre qu’il est précieux, qu’il a une valeur et qu’il a un sens à sa vie. Aimer quelqu’un c’est lui dire : je me réjouis de ta présence. »

Prochain départ prévu le 6 septembre 2021…

 

Jubilé des couples

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), juillet-août 2021

En la fête de la Trinité, dimanche 30 mai, la communauté de la Colombière fêtait six couples jubilaires. L’occasion de célébrer la fidélité mutuelle et sa source, l’amour de Dieu, qui n’a cessé de la nourrir au long des ans à travers joies et peines.

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET | PHOTOS : PHILIPPE ESSEIVA

« Nous célébrons aujourd’hui l’amour ! Un amour tout particulier. Nous accueillons six couples qui fêtent cette année un anniversaire spécial dans leur parcours d’amour », a dit en guise d’accueil Magda Pedace, de l’équipe de préparation au mariage de la paroisse. En ce jour, la communauté honorait « un amour tout particulier, celui entre un homme et une femme qui se sont choisis et qui se choisissent chaque jour et qui se donnent l’un à l’autre chaque jour d’une façon exclusive. C’est possible ! C’est fou ! C’est vrai ! ». Et rendait grâce à Dieu « pour le cadeau que leur amour représente pour nous tous ! ». Les couples présents fêtaient 1, 20, 25, 35, 55 et 60 ans de mariage.

Porte ouverte à Dieu

Dans son homélie, l’abbé Jean-Claude Dunand, curé modérateur, l’a rappelé aux jubilaires : « Dieu est présent dans vos parcours de vie, dans tous nos parcours de vie, présent avec son amour, avec sa lumière, avec sa force, aux jours clairs comme aux jours gris et même aux jours noirs ». « Le jour de votre mariage, vous avez ouvert la porte à Dieu, et vous avez continué à le faire tout au long de votre vie de couple, et avec vos familles, a-t-il relevé avec admiration. Vous avez ouvert la porte à Dieu, et il s’est engagé avec vous. Et aujourd’hui, votre cœur est plein de gratitude envers lui parce que, quelque part, vous reconnaissez qu’il n’a cessé de vous accompagner, de vous éclairer, de vous soutenir tout au long de ces années. »

« Quand on a saisi que Dieu est amour, qu’il y a en lui un partage incessant d’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit, et que l’être humain est à son image, on comprend que la vocation humaine est d’aimer et non de dominer, a-t-il poursuivi. Ainsi, la famille est déjà une première image de Dieu. Dans un monde où dominent les revendications et la soif de libertés individuelles, nous oublions trop souvent l’importance et les bienfaits de l’amour familial. Une société juste et équitable est aussi à l’image de Dieu et c’est pourquoi la Bible insiste tant sur l’idée d’un univers où règnent le droit, la justice et le pardon. »

Ainsi, la vraie vie réside dans le don. Mais attention, « il ne s’agit pas de créer un cercle fermé sur lui-même où quelques-uns partagent entre eux en excluant les autres. Créons autour de nous des cercles ouverts pour que l’amour que nous partageons déborde sur les autres ! ».

Roses, prière et apéritif

L’assemblée a prié pour les jubilaires : « Que le Seigneur les garde tous les jours de leur vie dans le bonheur de l’amour mutuel, qu’il les soutienne dans l’adversité ou les épreuves, qu’ils sortent renforcés des temps de crise et qu’il répande en abondance ses bénédictions sur leur maison ». Sans oublier les familles en difficulté : « Père saint, Dieu fidèle, soutiens les familles dispersées, éprouvées, en difficulté à cause du chômage, des violences, des déplacements de populations qui mettent les foyers à l’épreuve ».

Après la communion, les maris jubilaires ont reçu une rose rouge qu’ils ont offerte à leurs épouses. Et chaque couple une prière d’action de grâce. A l’issue de la messe, les couples ont partagé un apéritif dans la cour de l’église.

La piété itinérante

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), juillet-août 2021

PAR PATRICK MULAMBA | PHOTO : F. THEYTAZ

Oser croire en Dieu comme valeur essentielle de nos vies n’est pas un acte banal. Il suppose un enracinement dans un contexte de valeurs qui sous-tendent toute notre existence. L’on ne peut sauter cette étape ni en faire l’économie, sans compromettre la qualité de la relation que le « Tout Autre » vient établir avec l’homme dans la diversité de contextes et les itinéraires historiques de ce dernier.

Acte risqué, le fait de croire suppose un bouleversement de toutes nos échelles de valeurs et nos références vitales. Il en faut de l’audace pour dépasser la tentation du narcissisme culturel, et parfois cette tendance naturelle à vivre en autarcie, en prenant soin de garder un terrain conquis où le poids de l’habitude et le confort du statu quo nous empêchent de nous aventurer en terre inconnue, fermant la porte de nos vies à toute nouveauté et au mouvement. Le migrant, l’itinérant spirituel et le nomade sont souvent suspectés et perçus comme une menace, un danger pour la survie d’une foi qui ne s’interroge plus sur ce qui la fonde et la motive. Le risque à prendre est d’autant plus grand qu’il s’agit de nous laisser interpeller par des voix venues d’ailleurs, et pas toujours en phase avec nos canons d’interprétation du rapport intime au Transcendant, ni la façon de l’entretenir. Ce mouvement d’ouverture aux autres devrait s’inscrire dans une vraie dynamique d’échange qui est à l’origine de tout acte de « croire » authentique. Car la foi, de par son essence même, naît et s’épanouit à partir de l’écoute des « autres » comme témoins privilégiés et situés du donné révélé, une « Fides ex auditu ».

Il s’agit là, pour nos Eglises, d’un risque majeur qui devient un défi important pour notre foi et sa cohérence. Il faut absolument relever ce défi dans un monde devenu un « village global » où les discours du « tout sécuritaire », les intégrismes de tout bord, et les vents des nationalismes véhiculés par les extrémismes galopants, imprègnent et inondent la vie de nos sociétés.

Je crois que la vitalité et le dynamisme révolutionnaire de notre foi en Jésus résident dans ce mouvement d’échanges incessants de nos expériences de vie, dans le respect et l’acceptation de nos différences. Nos expressions diverses de la même foi feront de nous des « pèlerins » audacieux, humbles et lucides, en route pour la « montagne de Dieu ».

 

La Bible côté rire

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), juillet-août 2021

Sérieusement, c’était pour rire ! La quatrième soirée «Saveurs de Dieu», animée par le groupe de conteurs NaBi, a rassemblé jeudi 29 avril à l’église de la Colombière à Nyon une trentaine de paroissiens. Pour un voyage imagé à travers la Bible.

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET
PHOTOS : DR

Autour de l’autel, sur les marches, près de l’orgue, sept conteurs, hommes et femmes du groupe NaBi (narration biblique et « prophète » en hébreu) prenant la parole à tour de rôle pour raconter, avec leurs propres mots, des histoires de la Bible que nous avons tous dans un coin de notre mémoire : la soirée « Saveurs de Dieu » du 29 avril, sur le rire, a tout à la fois ravi et surpris les paroissiens venus tendre l’oreille. Et les a renvoyés, par le biais du spectacle « C’est pour rire », à leur propre lecture de la Bible à travers des mots inédits en lien avec leur vécu.

D’Abraham à Samson

« Au commencement se tenait la vieille. » De son ventre, elle fait naître un rire. Ce rire façonne le ciel et la terre, et de leur amour les astres. Et lorsqu’elle creuse, la vieille, elle fait jaillir l’eau qui donne vie aux arbres et aux animaux; avec elle et un peu de terre, elle façonne l’homme et la femme, que le vent anime de son souffle. Vous n’avez jamais entendu la création du monde racontée ainsi ? Pourquoi pas ? Surprenant ! Mais tellement beau ! Un conte qui vous met plein d’images dans les yeux et vous invite, comme « la vieille », à tricoter, vous aussi, votre propre histoire.

Mais déjà viennent, du fond des âges, Abraham et ses visiteurs, cette histoire d’hospitalité racontée en Genèse 18 que nous avons tous entendue. Une histoire de rire, aussi, face à l’annonce incroyable du Seigneur : Sara, une femme stérile, engendrera une descendance. Alors elle rit. L’avez-vous entendu, ce rire ? Eh bien, il a résonné durant toute l’histoire racontée par NaBi ce soir-là à la Colombière et il a gagné les spectateurs… devenus acteurs: et si le Seigneur m’annonçait quelque chose d’impossible à mes propres yeux, comment réagirais-je ?

Puis c’est au tour du petit Simon, juif, d’entrer en scène, avec tous ses copains, pour « jouer au prophète Elie », « héros national, le prophète des prophètes ». Suivi du prophète Balaam avec son ânesse qui n’en fait qu’à sa tête, « mais, dans cette histoire, allez savoir qui c’est l’âne ». Et du prophète Jonas, qui tente de se dérober à sa mission dans la grande ville de Ninive et qui, une fois que ses habitants sont convertis, est contrarié : décidément, il ne comprend plus Dieu ! « Un prophète est mal payé, il n’est pas écouté et en plus, l’Eternel change d’avis ! » Pour clore la première partie du spectacle, consacrée à l’Ancien Testament, l’histoire de Samson, avec force péripéties dessinant l’opposition entre le bien et le mal qui traverse toute la Bible.

Dépasser la loi

Puis les conteurs emmènent les spectateurs après la Résurrection, en compagnie du gardien de la prison où se trouvent les disciples. Inquiet, il peine à trouve le sommeil… et pour cause: disparus, les disciples, ces « illuminés qui rassemblaient les gens sur les places », et retrouvés à prêcher dans le Temple de Jérusalem. Cela lui rappelle rudement le tombeau vide… « Où va-t-on si les prisonniers s’échappent sans qu’on sache comment et si les morts ne restent plus tranquilles dans leurs tombes ? »

Retour, en fin de spectacle, à l’Ancien Testament avec l’histoire des sages-femmes Shifra et Poua qui, contre l’ordre de Pharaon, laissèrent en vie les bébés hébreux mâles. « Elles obéissent à une loi plus haute que celle de Pharaon. C’est ainsi qu’elles sont mères et sauveurs en Israël. » Et pour boucler la boucle, NaBi est revenu à Abraham… parce que lui aussi, « tombant le visage contre terre », il avait ri !

Narrer la Bible

NaBi propose une ou plusieurs narrations bibliques articulées autour d’un thème qu’il choisit ou en réponse à une invitation. Le groupe est né suite à un week-end de formation à la narration biblique avec Alix Noble qui rassemblait des personnes de diverses communautés protestantes de Fribourg en mars 2008. Puis Alix Noble a mis en contact Débora Kapp, pasteure réformée, et Olivier Fasel, pasteur évangélique. Un week-end de formation à la narration biblique a été proposé et un groupe de cinq personnes a poursuivi ce travail d’oralisation des récits bibliques.

NaBi a commencé en racontant une seule histoire à quatre ou cinq voix, chacun prenant en charge un épisode ; ensuite, sous une tente à FestiBible, fête œcuménique et bilingue autour de la Bible à Fribourg en 2010, les conteurs ont mis bout à bout leurs histoires préférées et formé une association qui s’est dotée de statuts en 2012. Puis le groupe a choisi ses récits dans un seul évangile : ainsi est né « Nectar de Marc » en 2013. S’y sont ajoutés une légère mise en scène et un accompagnement musical. Sont venus « Bouchées de Sagesse » en 2014, « Regards croisés sur la Résurrection » en 2017 et le Festival de Pâques à Fribourg en 2018. En 2020, « C’est pour rire ».

Œcuménique et dynamique

NaBi est à géométrie variable selon les disponibilités: il est composé de chrétiens, mais il serait heureux de pouvoir accueillir des membres d’autres religions. « Pour que la voix plurielle continue à se chercher, se décliner, résonner », dit Débora. Avec deux éléments importants : l’oralité et les textes bibliques. Ceux-ci demandent une attention soutenue pour, relève-t-elle, « ne pas nous encroûter dans une forme de prise de parole et ne pas être trop sûrs d’avoir compris un texte biblique ».

Le groupe est œcuménique « parce que, relève Danilo, la Bible est donnée à tous les chrétiens et ce regard pluriel enrichit notre lecture, puis notre compréhension et notre narration. C’est du joyeux choc de nos idées que naissent les projets que nous aimons présenter ». L’occasion, pour chacun, de « relire la Bible avec un regard renouvelé ».

Un défi ? « Conter hors les murs, au bistrot ou sur la place publique par exemple, avance Débora. En cheminant vers plus d’intériorité dans la mise en scène et en quittant le patois de Canaan pour se risquer à une langue moins connotée. »

Une communauté éphémère

La rencontre se fait avec le public dans la complicité et la surprise et il se forme, au moment de la narration, une communauté éphémère et intense « dans une Parole qui nous traverse et nous élève », constate Débora. « La dimension éphémère me plaît, car elle apparente nos spectacles à de l’art performatif, ajoute Olivier : dans le même lieu, une rencontre est opérée entre les artistes et le public présent corporellement. C’est une sorte d’incarnation incontournable, véritable nourriture de l’âme. »

Des projets ? Les évangiles de l’enfance en novembre en lien avec la prochaine brochure sur l’évangile selon saint Matthieu pour les équipes de l’Evangile à la maison. Et un spectacle autour d’Abraham.

 

En chemin…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Sacré-Cœur, Ouchy-Lausanne (VD), juillet-août 2021

PAR MARC DONZÉ
PHOTO : MARIELLA HEINZMANN

« Mon père était un Araméen errant », disait-on d’Abraham, et aussi de Jacob, son petit-fils. Pour suivre les appels du Dieu unique et miséricordieux, Abraham entreprit un long voyage. Parti d’Ur, au bord du golfe Persique, il remonta toute la Mésopotamie, traversa le désert de Syrie pour arriver enfin dans la terre de Canaan, aux alentours de Jérusalem. Il dut même aller jusqu’en Egypte. Jacob aussi dut entreprendre la marche jusqu’aux bords du Nil.

« Marche en ma présence et sois droit. » C’était l’appel de Dieu et Abraham mit toute sa foi et toute son énergie pour le vivre.

Si Abraham est le père de tous les croyants, comme l’affirme saint Paul, le chrétien d’aujourd’hui ne doit-il pas être un homme en marche ? Le pape François y tient beaucoup. Il aime à parler d’une Eglise en sortie, d’une Eglise en campagne, d’une Eglise qui va vers les autres avec amour, respect, douceur et générosité. Une Eglise qui se referme sur elle-même, qui protège ses acquis, qui regarde le monde avec méfiance, voire avec mépris, ce n’est pas une Eglise digne d’Abraham, ni de Jésus-Christ.

La paroisse devrait être un point de départ pour « aller vers ». D’ailleurs, suivant l’étymologie, le mot « paroisse » signifie le lieu où l’on passe, un lieu de transit, une halte sur le chemin. Mais, à travers les âges, elle est souvent devenue le lieu où l’on s’installe, le lieu de la stabilité sociale et morale. « L’église au milieu du village », c’est peut-être bien… mais pour aller où, pour aller vers qui ?

Alors, la paroisse du Sacré-Cœur : un sympathique refuge ? ou un point de départ pour aller à la rencontre des hommes d’aujourd’hui, avec leurs soifs de justice, d’amour et d’infini ?

« Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens, qui arrivent… », chantait Aznavour. Ils viennent en offrant des beautés et des rires. Et nous, marchant en présence du Seigneur, qu’allons-nous offrir ?

 

Le temps de l’ouverture

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), juillet-août 2021

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

L’été est à nos portes. Partira, partira pas ? Après plus d’un an de pandémie, des assouplissements. Enfin ! Et le vaccin, qui nous permettra, nous l’espérons, de reprendre rapidement une vie normale.

A l’église, dans nos célébrations, nous avons pris l’habitude de nous inscrire, de nous désinfecter les mains en entrant et de nous installer sur les places marquées pour garder la distance sanitaire – car nous ne devions pas être plus de cinquante. Nous nous sommes disciplinés. Rejoignant les absents grâce à la chaîne YouTube de l’Unité pastorale. Mais tous ne sont pas revenus, et le visage de la communauté a changé.

Aujourd’hui, nous pouvons être cent à l’église et nous pouvons chanter ! Un bol d’air bienvenu après toutes ces restrictions nécessaires. Nous retrouvons peu à peu notre rythme de croisière en paroisse, et que cela fait du bien !

Quelques timides apéritifs, mais pas encore de grands rassemblements fraternels et joyeux. Pas encore de verre à la buvette après la messe du dimanche – et cela manque à certains ! Car l’Eglise est d’abord communauté, bonheur d’être ensemble avec nos différences qui nous enrichissent. Cette dimension-là est à retrouver. Autrement, sans doute, car la pandémie est passée par là, modifiant nos comportements et nos habitudes. Elle nous a interpellés sur notre manière de prier, d’agir, de vivre la fraternité au quotidien. Ainsi, chacun revient fort de son expérience et de ses réflexions pour bâtir la communauté, laissant peut-être derrière lui des pratiques usées pour cheminer vers du neuf porteur de vie.

L’été nous dispersera encore, mais dehors, au grand air, à l’étranger ou sur les routes et les sentiers de notre pays. Profitons-en pour découvrir, rencontrer, partager, goûter la vie dans ce qu’elle a de simple et de bon, que la pandémie nous avait fait oublier. Relevons la tête, tendons nos mains pour donner, accueillir, entraîner, encourager. Et rencontrer Dieu : il est là, dans la nature, sur les sentiers de montagne ou sur la plage, dans le regard confiant de l’autre, dans les partages simples et vrais. Et si, sur le chemin de nos vacances, se dresse une église ou une chapelle, entrons et tenons-nous en silence quelques instants. Pour rendre grâce, mais aussi pour porter dans notre prière celles et ceux que meurtrit encore la pandémie et celles et ceux qui luttent encore pied à pied pour la faire reculer.

Essentielle solidarité, vivante fraternité. Plus que jamais. Nous sommes tous fragiles, exposés. Mais ce n’est qu’ensemble que nous nous en sortirons. Tous.

 

Pèlerinages à Fribourg

Les merveilles du cœur et des pierres à découvrir en famille

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2021

PAR JEAN-MARIE MONNERAT | PHOTOS : PIXABAY, DR

Comment se lancer dans un pèlerinage aujourd’hui ? Les frontières entre les pays s’entrouvrent petit à petit, mais les différentes situations sanitaires, ou politiques, constituent autant de freins aux déplacements: difficile de partir à la découverte de la Terre Sainte, par exemple. Et si on se lançait dans la découverte d’un pèlerinage à Fribourg ou dans les environs, en profitant d’en faire bénéficier sa famille et ses amis ? Mais comment définir les critères d’un pèlerinage réussi ? Éléments de réponse avec l’abbé Philippe Blanc, curé de la cathédrale Saint-Nicolas et ancien président, pendant dix ans, de l’Association des directeurs de pèlerinages de France.

Un pèlerin est-il le frère d’un randonneur ? Tous deux marchent, tous deux aiment le plaisir de la découverte, tous deux apprécient la contemplation et l’amour de la nature. Mais le pèlerin se déplace aussi dans un processus qui donne du relief à la vie et engendre de chercher les réponses à un questionnement intérieur. On peut partir randonneur sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et y arriver pèlerin ! Il convient de noter que le croyant marche en direction d’un lieu de dévotion, un lieu saint qui va l’aider à approfondir sa foi.

« Le pèlerinage n’est pas seulement une démarche culturelle, mais c’est surtout une démarche relationnelle. Le pèlerin part à la rencontre de quelqu’un. C’est une expérience de fraternité » explique Philippe Blanc. Autrefois, les croix, les oratoires et les chapelles balisaient les chemins, véritables panneaux indicateurs de l’époque. Le pèlerin cheminait d’une chapelle à l’autre en priant. Il exprimait ainsi sa motivation religieuse et son esprit de foi. C’est toujours le cas, mais il n’est pas nécessaire d’être catholique convaincu pour se mettre en route, preuve en est le succès phénoménal de Saint-Jacques-de-Compostelle, ou de la Via Francigena, jusqu’à Rome et de bien d’autres pèlerinages au long cours.

Le pèlerinage intègre donc une composante spirituelle et humaine. « Mais il faut partir sans a priori et accepter de se laisser surprendre. On peut prévoir tout un programme, mais c’est l’émerveillement qui va nous étonner et c’est ce que l’on va retenir du voyage » poursuit Philippe Blanc.

Un pèlerinage intègre donc une distance et une durée. Mais il n’est pas nécessaire de traverser moult pays et d’aligner les semaines d’efforts pour en découvrir les bienfaits, pour mieux se connaître, se redécouvrir soi-même et accepter l’expérience de la fraternité : je ne suis pas seul sur le chemin de la vie.

L’histoire de l’Église est une suite de pèlerinages. Abraham, Jésus, ou les pèlerins d’Emmaüs pour ne citer que trois exemples. Plus près de nous, le cardinal Journet effectuait chaque jour son pèlerinage à Notre-Dame de Bourguillon. Saint-Maurice et la chapelle Saint-Beat, tout près du pont de Berne, à l’entrée de la vallée du Gottéron, constituaient des lieux de dévotion prisés des catholiques. Outre Bourguillon, Notre-Dame des Marches, à Broc, est l’un des lieux de pèlerinage les plus connus et les plus prisés du canton. Chaque mois, un pèlerinage part de Fribourg pour Siviriez en priant Marguerite Bays. L’église de Siviriez, la maison de sainte Marguerite Bays, la chapelle de Notre-Dame du Bois ou l’abbaye de la Fille-Dieu constituent tout autant de buts pour les pèlerins. La chapelle de Notre-Dame de l’Épine, où les pèlerins se rendent à Berlens depuis le Moyen Âge pour implorer la Vierge de guérir leurs yeux malades et la chapelle de Notre-Dame de Tours, à Cousset, sont également des lieux de dévotion fort courus dans le canton. Cette dernière fait l’objet d’une jolie légende : comme on avait décidé de détruire la chapelle de Tours, on déplaça la statue de la Vierge dans l’église de Montagny. Or, le lendemain, la statue était revenue miraculeusement dans sa chapelle d’origine. La manœuvre se renouvela à plusieurs reprises et, de guerre lasse, on laissa finalement la statue dans sa chapelle d’origine, à Tours et la statue de la Vierge devint l’objet d’un pèlerinage.

Un chemin biblique d’une fontaine à l’autre

L’Office du tourisme de Fribourg propose un jeu découverte : le défi des fontaines. Onze fontaines, toutes plus belles les unes que les autres font partie de ce parcours. Pourquoi ne pas transformer cette découverte en pèlerinage en famille ? C’est également une manière originale de découvrir les trésors cachés de la ville, au détour des ruelles, des places ombragées et des églises. Un voyage dans le temps et dans l’espace qui pourrait se terminer, par exemple, à la fontaine de Notre-Dame du Rosaire, sur la place d’Affry qui domine le marché aux poissons ou à la fontaine de la Fidélité. Ce soldat vêtu du harnais de guerre de l’époque surveille la route de Berne, tout près de la chapelle Saint-Beat. Autre possibilité de but: la cathédrale Saint-Nicolas qui abrite les reliques de saint Pierre Canisius, saint Nicolas de Flüe et saint Nicolas de Myre, dans la chapelle de Saint-Sépulcre.

Vingt-cinq excursions

Dans son livre, l’abbé Jacques Rime propose vingt-cinq itinéraires à travers les sept districts du canton. Chaque itinéraire illustre un ou plusieurs aspects des riches rapports entre la foi et l’espace : les chapelles du terroir, la civilisation de la procession, les chemins de Compostelle, le christianisme et les points cardinaux, le christianisme et la montagne, la recherche du silence par les moines loin des villes, les lieux naturels dits sacrés… (un arbre, une source), la raison psychologique de l’attrait des grottes de Lourdes, les lieux mémoriels, les cloches et l’espace sonore, etc. De belles découvertes en perspective.
Pays de Fribourg, entre espace et sacré, vingt-cinq excursions
Jacques Rime, Cabédita

Communauté Yéniche en Suisse

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), juillet-août-septembre 2021

PAR JEAN-FÉLIX DAFFLON ET BERNARD AEBISCHER
PHOTO : VÉRONIQUE BADER

La communauté Yéniche en Suisse comprend environ 30’000 personnes, dont 3’000 sont restées nomades. Elle forme une minorité nationale reconnue en Suisse. La Confédération écrit dans son 4e rapport sur la Convention-cadre du Conseil de l’Europe pour la protection des minorités nationales: « Le 15 septembre 2016, le Conseiller fédéral et Chef du Département fédéral de l’intérieur Alain Berset, dans son discours d’ouverture de la fête traditionnelle Yéniche, Senti et Manouche, a exprimé que ces minorités suisses sont reconnues comme minorités nationales au sens de la Convention-cadre. » Il a aussi reconnu comme légitime la demande des Yéniches et Senti d’être nommés selon leurs propres dénominations et renonce au terme générique de « Gens du Voyage ». Il a ajouté qu’il ne s’agissait pas de jouer avec les mots, car c’est avec la langue que l’on crée la réalité.

De plus, la culture nomade des Yéniches est inscrite dans la liste des traditions vivantes de Suisse. La culture des Gens du Voyage fut également inscrite dans l’inventaire du patrimoine culturel immatériel des Pays-Bas et de la Belgique.

Origine : on trouve des traces qui indiquent la présence des Yéniches en Suisse dès le
XIe siècle. Leur langue est avant tout orale, mais d’autant plus colorée et vivante. De nos jours, de nombreux clans familiaux sont sur les routes les mois d’été, vivent et travaillent en caravanes.

Cette communauté est très croyante et beaucoup sont catholiques. Les moments forts du calendrier religieux sont importants pour elle. Ce sont les pèlerinages aux Saintes-Maries-de-la-Mer et à la Vierge noire d’Einsiedeln, considérée comme la Mère des Tsiganes. Les Yéniches se rendent en pèlerinage dans cette petite ville de Suisse Centrale et passent plusieurs jours à prier, chanter et exprimer leur foi.

Comme jamais, cette période de pandémie et surtout de confinement, a impacté ces familles déjà en situation précaire. Les plus démunies ont bénéficié d’actions spécialement organisées par la fondation Le Hérisson en relation avec La Chaîne du Bonheur.

 

Journée cantonale des servants de messe

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2021

Samedi 12 juin, près de 300 servants de messe (enfants et adolescents) de tout le canton ont participé à un rallye biblique à travers la ville de Fribourg. Jeux, pique-nique, rencontres et célébration de la messe par Mgr Charles Morerod dans les jardins de la commanderie Saint-Jean. Retour en photos sur une journée mémorable.

PHOTOS : JOÃO CARITA

Les fiançailles

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2021

Le mot « fiançailles » évoque pour beaucoup un rite désuet ou alors une demande en mariage romantique officialisée par une bague. Pourtant, ce temps de discernement est une étape qui mériterait d’être revalorisée dans le cheminement vers le mariage. Il s’agit d’une période déterminée durant laquelle les fiancés mûrissent leur projet commun tout en restant libres de s’engager ou non dans le mariage, c’est une voie pour faire grandir et mûrir l’amour dans un couple en approfondissant la connaissance mutuelle.

PAR ADELINE WERMELINGER | PHOTOS : PIXABAY, ISTOCK

À l’image de l’Alliance de Dieu avec son peuple (Osée 2, 16-25), le temps des fiançailles est un temps d’« apprivoisement » réciproque, où les futurs époux bâtissent et consolident la relation en apprenant la confiance, en prenant le temps de la formation et du discernement. Si l’engagement dans le mariage peut faire peur, une relation nécessite des étapes pour avancer. La célébration des fiançailles permet aux couples qui se posent la question du mariage de marquer concrètement leur désir, sans s’engager encore définitivement, mais en faisant déjà un pas de plus. L’Église catholique propose un rituel de bénédiction qui peut également se dérouler dans l’intimité des familles. C’est l’occasion de mettre son couple sous le regard de Dieu, de le remercier pour le chemin parcouru et de lui confier la suite.

Sans être un « pré-mariage », le temps des fiançailles pose les bases de cette vie nouvelle inaugurée par le mariage. La promesse de s’aimer pour la vie se prépare, elle ne peut être tenue que si les futurs époux savent à quoi ils s’engagent et le choisissent librement. Cela n’est possible que s’ils ont laissé ce désir mûrir en eux et entre eux. Quelqu’un pour qui la fidélité n’est pas une nécessité durant les fiançailles aura certainement de la peine à aimer exclusivement la même personne tout le reste de sa vie. Les fiançailles sont également un temps de découverte de l’engagement à venir. Il commence à être vécu durant cette période et prendra son sens plénier avec le sacrement du mariage.

Un sacramental

La célébration des fiançailles est un sacramental et non un sacrement comme le mariage. « Les sacramentaux ne confèrent pas la grâce de l’Esprit Saint à la manière des sacrements, mais par la prière de l’Église ils préparent à recevoir la grâce et disposent à y coopérer. » (Catéchisme de l’Église catholique – CEC 1670) Cette célébration, du fait de la prière des fiancés qui se mettent en chemin sous le regard du Christ, les « prépare à recevoir la grâce » du sacrement de mariage et les « dispose à y coopérer » par la préparation pratique et spirituelle et l’accompagnement dont ils bénéficient de et au sein de l’Église. Les deux parties que comprend la célébration vont dans ce sens. En premier lieu, la bénédiction comme signe sacré. La démarche des fiancés s’inscrit dans un projet commun, avec Dieu. Cela sera signifié par la lecture de la Parole de Dieu. Nous l’avons relevé, l’alliance de Dieu avec son peuple peut être mise en parallèle avec la démarche des fiançailles. Pour le peuple d’Israël, les années de « fiançailles » ont été un temps de bénédiction. La célébration des fiançailles s’inscrit donc dans la logique de l’Alliance que Dieu renouvelle avec son peuple à travers l’amour des fiancés. Dans un second temps, les fiancés feront monter vers Dieu leur action de grâce. Le temps des fiançailles est un temps joyeux ; cependant, les obstacles font partie du chemin.

Une formation humaine et spirituelle

Dans l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, le pape François rappelle l’importance de la préparation au mariage en tant que formation humaine et spirituelle, pour « faire grandir l’amour réciproque » (AL,
n° 208) et « découvrir la valeur et la richesse du mariage » (AL, n° 205). C’est également un lieu de « nouvelle évangélisation » : l’amour qui unit les futurs époux reflète l’Amour de Dieu pour eux. Il s’agit certainement là d’un enjeu pastoral de notre temps, et l’année « Famille Amoris Laetitia » nous y rend attentifs. Cela implique un accompagnement des couples durant leur préparation au mariage mais aussi après la célébration et un investissement de la part de la communauté ecclésiale tout entière. Le temps des fiançailles renforce les liens entre les futurs époux, rend leur couple plus fort, leur donne de s’aimer davantage, les prépare au don total d’eux-mêmes qu’ils manifesteront dans les consentements, leur fait découvrir la beauté des sacrements – et en particulier de celui qui les unira – leur permet de vivre dans la joie, la tendresse et la sérénité leur préparation au mariage et de mettre leur cheminement entier sous le regard bienveillant de Dieu.

 

Amoris Laetitia, la joie de l’amour

Le 19 mars 2016, le Pape nous offrait Amoris Laetitia. Cinq ans plus tard, l’année de la famille voulue par François est une invitation à découvrir ou approfondir ce document qui rejoint de manière très concrète les couples et les familles au cœur de leur vécu.

Mercredi 22 septembre 2021, de 20h à 21h au Boulevard de Pérolles 38 à Fribourg.

Animation : Adeline Wermelinger et Bertrand Georges.

Renseignements : pastorale.desfamilles@cath-fr.ch, 026 426 34 84.

 

Une foi en mouvement

Souvent mal aimés, car méconnus, les Yéniches, Sinti et Manouches ont subi nombre de discriminations durant des siècles. En 2016, afin de vaincre les préjugés, le Conseil fédéral leur a promis d’être reconnus en tant que minorités nationales sous leurs appellations correctes et non plus en tant que « gens du voyage ». Mais la route reste longue pour cette population empreinte d’une piété hors du commun.

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: VERA RÜTTIMAN, VERONIQUE BADER, DR, CIRIC

« Il est réellement présent avec nous tous les jours. C’est une lumière d’espoir qui nous fait avancer. » Vivre sans Dieu est impensable pour Patrick Birchler et la majorité des membres de sa communauté. Une constatation que partagent Christoph Al­-
brecht et sa collègue Aude Morisod, tous deux engagés dans l’Aumônerie catholique suisse des gens du voyage. Qui fut créée en 2003 par la Conférence des évêques suisses en tant que « paroisse non territoriale », afin de s’adapter au mode de vie des voyageurs. L’aumônerie propose des formations bibliques pour adultes, des parcours catéchétiques – selon leur culture, qui fait naturellement des liens –, offre une
présence sur les aires de stationnement, organise les traditionnels pèlerinages annuels et s’occupe de maintenir un lien vivant avec les paroisses sédentaires. « L’expérience de coexistence et d’accueil dans de nombreuses paroisses de Suisse est très positive », affirme Christoph Albrecht. Il note néanmoins que cette intégration dans la vie paroissiale reste très souvent associée aux liens d’amitié noués avec le prêtre du lieu.

L’étincelle divine

Luc de Raemy, prêtre à Payerne, en témoigne. « J’ai noué une amitié avec une famille yéniche lorsque j’étais jeune curé. C’était il y a vingt-cinq ans. Depuis, ils m’ont suivi dans chacune de mes affectations. Aujourd’hui, ils fréquentent la messe dominicale et m’appellent pour des sacrements ou des funérailles. » Mais ce n’est un secret pour personne, la relation entre la communauté yéniche de Suisse et l’Eglise demeure lestée d’un passif « douloureux et honteux », selon Christoph
Albrecht. Jusque dans les années 1970, les autorités ont tenté d’éradiquer la culture nomade, en utilisant massivement la violence et les placements forcés. « Retirés systématiquement de leurs familles (les enfants) étaient placés dans des institutions catholiques, des ordres […] qui travaillaient étroitement avec l’œuvre d’entraide des Enfants de la grand-route », mentionne la fondation « Assurer l’avenir des gens du voyage suisses ». Malgré cela, Patrick Birchler porte un tout autre regard sur ces événements. « L’Eglise est faite d’êtres humains. Ils sont fautifs, mais pas Dieu. L’Eglise reste ce qu’elle est. Il y a des moments où elle nous plaira et d’autres moins. Par contre, la foi restera la même. La confiance en Dieu persistera. Elle est l’étincelle qui brûle tout au long de votre vie et qui nous fait sentir que nous sommes accompagnés, quoi qu’il se passe. »

En chemin avec le Christ

En effet, pour Ludovic Nobel, prêtre et enseignant à l’Université de Fribourg, l’Eglise reste toujours perçue positivement. Lui-même originaire de la communauté yéniche, il réaffirme la centralité de la pratique de foi dans leur quotidien, avec toutefois quelques différences. « La spontanéité occupe une place prépondérante. Lors d’une demande de baptême, il est toujours sous-entendu que cela doit se faire rapidement. » Les signes et rituels revêtent aussi une grande importance. Luc de Raemy présume que cela tient au fait que la communauté a conservé les traditions qui avaient cours pour tous les catholiques, mais qui se sont perdues avec la sécularisation.

Vincent Roos, ancien prêtre de Versoix et actuel curé d’Ouchy, dont les contacts avec les gens du voyage étaient réguliers, avance une autre supposition. « Ces signes sont des balises sur la route. Ils constituent une stabilité dans un quotidien toujours en mouvement. » Il poursuit le fil de sa pensée : « Les horizons qui sont les leurs changent à tout instant. Avancer signifie aussi changer ses horizons. Ces itinérants sont proches de la marche dont parle Jésus. Ils sont dans le mouvement, dans cette dynamique de l’inattendu. Et qu’est-ce que la résurrection du Christ si ce n’est de l’inattendu ! Les voyageurs sont perpétuellement sur la route, et qui mieux que le Christ nous parle du chemin ? Il le personnifie même, en disant : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Je crois que nous avons bien des choses à apprendre d’eux. »

« Nous faisons partie de l’Eglise »
Une des préoccupations de la communauté des voyageurs concerne l’offre d’aires de séjour et de passage. Comme en témoignent les enquêtes réalisées par la fondation « Assurer l’avenir des gens du voyage suisses », le nombre de places s’est massivement réduit. Cela surtout en Suisse romande, en Suisse orientale et en Suisse italienne. Et Patrick Birchler ne manque pas de le souligner : « Nous faisons partie intégrante de l’Eglise et souhaitons trouver des emplacements stables. Cela nous permettrait d’y vivre et aussi de nous rassembler au nom de notre foi et de notre Eglise. » Déjà soutenu dans cette démarche par Mgr Lovey, évêque accompagnateur des gens du voyage au sein de la CES, le voyageur réitère son appel à la population : « Si des gens nous lisent et possèdent un terrain à louer avec un accès à l’eau et à l’électricité, ils peuvent prendre contact avec l’aumônerie. Cela nous serait d’une aide précieuse. » Une manière d’une part, d’aller à la rencontre de cette communauté et d’autre part, de leur donner les moyens de pérenniser leur culture.

Lexique terminologique
Yéniches, Sinti, Roms, Tsiganes, Manouches, Kalé, Gitans, voyageurs, sont autant de termes pour définir les personnes qui se rattachent à la grande famille « tsigane ».
Yéniche : ils constituent un groupe en soi parlant sa propre langue et vivent dans toute l’Europe, principalement en Allemagne, en Belgique, en Hollande, en Suisse, en Autriche et en France.
Sinti et Manouches : les Manouches (régions d’Europe francophones) et les Sinti (dans les régions germanophones et italophones) sont les descendants des Roms qui ont émigré en Europe centrale au XVe siècle.
Kalé et Gitans : présents en Espagne, au Portugal, dans le Sud et le Sud-Ouest de la France.
Roms : les Roms sont originaires d’Inde, qu’ils quittent au Xe siècle environ, puis ils émigrent principalement vers l’Europe. La langue romani a des racines sanskrites.
Tsiganes : terme générique désignant l’ensemble de ces familles de peuples.
Voyageurs : synonyme employé pour « gens du voyage ».

Qui sont les « gens du voyage » ?
En Suisse, la population d’origine yéniche est estimée à 35’000 personnes, dont la plupart sont sédentaires. Depuis la fin du XIXe siècle, les autorités, avec parfois la complicité de l’Eglise, ont tenté de réprimer leur mode de vie itinérant en les contraignant à se sédentariser. Ce n’est qu’en 1995 que la Suisse a reconnu les Yéniches, les Sinti et Manouches en tant que minorités nationales. Aujourd’hui, environ 5000 personnes ont conservé ce mode de vie itinérant. Cependant, le nomadisme joue un rôle identitaire essentiel pour ces communautés. La plupart de ceux qui se déplacent encore passent l’hiver sur une aire de séjour, leurs enfants vont à l’école du lieu et les familles sont enregistrées à la commune. Au retour de la belle saison, ils parcourent la Suisse pour rencontrer leurs clients. Les Yéniches, les Sinti et Manouches suisses exercent souvent des métiers traditionnels à titre indépendant. Toutefois, la fondation « Assurer l’avenir des gens du voyage suisses », souligne que la crise du coronavirus a affecté durement ces communautés : le manque de travail « ne leur permet plus de garantir suffisamment de revenus pour couvrir leurs frais courants ».

La famille dans tous ses états

Une approche biblique

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2021

Ce que nous vivons dans nos familles nous met parfois dans tous nos états, nous agite, nous déplace, nous dépasse, nous fait souffrir. C’est alors que l’on peut s’ouvrir à l’inattendu, à l’autre, au Tout Autre.

PAR MONIQUE DORSAZ | PHOTOS : PIXABAY

Le terme « famille »

Dans la Bible, on ne trouve pas exactement le mot « famille ». On parle plutôt de maison, clan ou tribu. La famille biblique est une entité plus large que la famille nucléaire à laquelle nous pensons spontanément aujourd’hui. Dans les Écritures, la famille est une réalité concrète et ouverte qui évoque la cohabitation et la mise au monde.

Diversité des situations et états de vie

Dans la Bible on trouve beaucoup de diversité. Dieu intègre toutes sortes de situations familiales dans son projet. Les prophètes de l’Ancienne Alliance, ou même les ascendants de Jésus ne sont pas toujours dans une situation « normale » ou « idéale » : stérilité (Genèse 18), veuvage (Ezéchiel 24,
15-27), infidélité (Osée 1-3), manipulation (2e livre de Samuel 11), prostitution
(Josué 2) sont finalement des situations assez communes. Et c’est peut-être ce que l’on peut retenir en premier : la famille dans la Bible n’est pas un idéal, mais plutôt le réel de situations alambiquées, souffrantes, et en fait assez ordinaires. Justement, Dieu vient à la rencontre de ces réalités, il fait avec et se révèle au travers. Dieu assume nos plans B ! Souvent même c’est dans les épreuves que tout se joue, que Dieu se dit, se laisse rencontrer et peut agir.

Intérêt de la Bible pour la relation

homme-femme

Dès le début et jusqu’à la fin, la Bible s’intéresse de façon très particulière à la rencontre entre l’homme et la femme et à leur relation. « Dieu créa l’homme à son image, homme et femme il les créa » (Genèse 1, 27). Dieu dit encore : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je vais lui faire un secours, comme un vis-à-vis. » (Genèse 2, 18) Une rencontre homme-femme, c’est mystérieux : elle dit quelque chose de Dieu, comme témoigne saint Paul (Epître aux Éphésiens 5, 22-23). Ça c’est l’objectif, le plan d’ensemble. Reste que dans la réalité concrète des histoires des personnages bibliques, c’est moins évident : Abraham peine à reconnaître que Sara est sa femme (Genèse 12, 20), Jacob est fou amoureux de Rachel, mais se retrouve avec deux femmes (Genèse 9, 18ss), la femme de Potiphar tombe amoureuse de Joseph (Genèse 39, 7ss), Elqana aime sa femme qui est stérile (1er livre de Samuel 1, 5), Abigaïl est mariée avec un fou puis rencontre David (1er livre de Samuel 25, 3). David commet l’adultère avec Bethsabée (2e livre de Samuel 11, 2-4), Joseph le juste est invité à épouser une femme enceinte et la Samaritaine que Jésus rencontre et qui évangélise tout son village a déjà eu plusieurs maris… Dieu assume même les plans C !

Les parents et les enfants

Dans la Bible, on parle aussi volontiers de « fécondité ». C’est d’ailleurs la première Parole que Dieu adresse à l’homme et à la femme : « Fructifiez et multipliez-vous » (Genèse 1, 28). Mais quand on lit la suite, on voit que cela se passe difficilement. Les matriarches sont presque toutes stériles. Qu’y a-t-il à apprendre à travers toutes ces histoires de stérilité ? Peut-être que Dieu veut venir remplir nos incapacités humaines et leur donner une perspective que lui seul peut donner.

On voit aussi des parents qui luttent pour la vie de leur enfant. Hagar doit fuir au désert et pleure pour son fils Ismaël (Genèse 21). La Cananéenne lutte pour sa fille malade (Matthieu 15, 21-28), le Centurion pour son enfant-serviteur (Matthieu 8, 5-13). Jésus dira d’eux qu’ils ont une grande foi. Avoir la foi ce serait donc lutter pour la vie de l’autre et laisser Dieu en placer une ! La Bible nous montre comment les parents font tout pour leur enfant et aussi comment ils doivent les laisser aller. Nous trouvons à répétition la scène d’un père qui « envoie » son fils : Abraham renvoie Ismaël (Genèse 21, 10 ss), Isaac envoie Jacob (Genèse 28, 5), Jacob envoie Joseph (Genèse 37, 13), Jessé envoie David (1er livre de Samuel 17, 17).

La relation avec nos propres parents est aussi un défi ; Joseph, par exemple, va prendre soin du vieux Jacob pendant 17 ans
en Égypte (Genèse 37, 2 ; 47, 28). Ruth s’occupe de sa belle-mère et Tobie de son père âgé. Les parents, il faut aussi s’en détacher, ceci est affirmé depuis le texte de la création : « l’homme abandonnera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme » (Genèse 2, 24). Jésus lui-même aura des paroles difficiles par rapport aux personnes de sa famille et aux parents (Luc 14, 26). Quant à avoir des frères, on voit bien que là aussi, c’est parfois compliqué, et ce depuis le début avec Caïn et Abel, mais encore avec Isaac et Ismaël, Jacob et Esaü, Joseph et ses frères, David et ses frères,… Quant à Jésus, il pose la question de « qui sont mes frères ? » (Matthieu 12, 48)… et il nous dit ensuite que nous sommes tous frères (Matthieu 23, 8).

Dans la Bible, il y a un parti pris pour la réalité. Les relations homme-femme, les relations entre frères sont considérées dans leur complexité et dépeintes avec réalisme. On n’a pas peur d’évoquer ces réalités difficiles, c’est justement là que Dieu devra être convoqué. Dans les Évangiles, Jésus va au-devant des uns et se laisse aborder par les autres quelle que soit leur situation matrimoniale et familiale. Il offre un accueil inconditionnel aux personnes blessées par la vie. Dieu veut venir à notre rencontre pour nous sauver. Il vient là où l’on pourrait avoir envie qu’il ne vienne pas, ces lieux que l’on penserait indignes de Dieu. C’est justement là qu’il veut aussi nous rejoindre.

Les mêmes mots sont utilisés pour parler de Dieu

Si les mêmes mots sont utilisés pour dire la réalité des relations humaines, « père », « fils », « époux-épouse », « frères » et les réalités de Dieu, c’est parce que tout amour humain trouve en Dieu sa source et sa deuxième naissance. Les choses humaines sont habitées par ce qui se vit en Dieu. Celui qui écoute la Parole est amené à comprendre encore plus profondément ce que signifie être fils, être père, mère, épouse, etc.

– Que la relation parent-enfant soit belle ou difficile, elle nous ouvre à un autre Père qui veille sur nous.

– Les relations fraternelles ou de cousinage ne constituent pas le tout de notre vie, nous pouvons être amenés à découvrir des liens de fraternité plus forts que les liens du sang. C’est une réalité très présente dans le Nouveau Testament. Nous avons une multitude de « plus que frères ».

– Si nous accordons tant de prix aux « noces humaines », c’est parce qu’elles sont habitées par un projet plus grand. Elles s’intègrent dans le grand projet des noces de Dieu avec l’humanité. Jésus le célibataire s’est souvent présenté comme « l’époux », nous sommes faits pour entrer avec lui dans ces noces éternelles auxquelles tous sont largement invités : « Heureux les invités aux noces de l’agneau .» (Apocalypse 19, 9)

 

Une quête Dieu point zéro

Fini de fouiller ses poches à la recherche de pièces à glisser dans le panier de la quête. La paroisse Saint-François de Sales, à Genève, propose à ses ouailles de dégainer leurs smartphones durant la messe… pour faire un don. Depuis cette proposition innovante, le paiement sans contact est devenu « monnaie courante » !

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTO : DR

Pionnière en Suisse romande, la paroisse Saint-François de Sales s’est appuyée sur une application développée par une start-up française. L’application La Quête, disponible en version Androïd ou Iphone compte déjà soixante diocèses et plus de 12’000 paroisses à son actif. En Suisse, l’application intéresse d’autres paroisses mais demande plus de temps pour s’implanter qu’en France. A la différence de notre voisin, où la totalité des dons sont gérés par le diocèse, chaque Eglise romande doit faire une demande d’adhésion individuelle destinée à la récolte de ses propres dons.

Les paroissiens de Saint-François de Sales sont encouragés à sortir leurs téléphones durant la messe. Une hérésie ? Que nenni ! Le smartphone sert, depuis l’été 2018, une juste cause : la diversification des moyens de dons. Gregory de Foy, trésorier de la paroisse, en dresse d’ailleurs un bilan plutôt encourageant : « Les paroissiens ont réalisé que l’application est facile à installer et à utiliser. Nous sommes passés d’une quinzaine de familles qui l’utilisent de manière régulière à une trentaine. » Autre point positif, « nous avons aussi amorcé un réel dialogue avec les paroissiens sur l’état des finances de la paroisse », clarifie Gregory de Foy. Il ajoute, « parler d’argent reste souvent un tabou et cette application nous a donné l’opportunité d’aborder ce sujet ouvertement ». Aujourd’hui, outre la quête via smartphone, la paroisse propose aussi de faire des dons par le bais d’un module online permettant d’utiliser une carte de crédit. « Cette révolution numérique a vraiment facilité l’accès aux dons. En plus, les donateurs peuvent, comme avec le traditionnel panier, rester totalement anonymes », avance le trésorier de Saint-François de Sales. Pour ceux, au contraire, ne sollicitant pas l’anonymat, il est possible de déduire de la déclaration fiscale l’obole faite à la paroisse. « Cette nouveauté a donné une réelle impulsion à la récolte de dons. »

Des vacances ressourçantes?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-ao û t 2021

PAR L’ABBÉ ALEXIS MORARD, DOYEN
PHOTOS : PIXABAY, AM

Comment abordons-nous ces deuxièmes vacances d’été sous l’ère Covid? Avons-nous fait émerger une liberté qui s’épanouit en dépit des contraintes? Un philosophe romain, qui n’est autre que l’empereur Marc Aurèle, a des paroles de sagesse qui nous font redire que tout n’est pas dans la plage ou la balade : c’est un pèlerinage en direction du cœur qui nous ressourcera…

Nulle part l’homme ne trouve de retraite plus tranquille que dans sa propre âme.

« Ils se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, montagnes : toi aussi, tu te livres d’habitude à un vif désir de pareils biens. Or, c’est là le fait d’un homme ignorant et inhabile, puisqu’il t’est permis, à l’heure que tu veux, de te retirer dans toi-même. Nulle part l’homme n’a de retraite plus tranquille, moins troublée par les affaires, que celle qu’il trouve dans son âme, particulièrement si l’on a en soi-même de ces choses dont la contemplation
suffit pour nous faire jouir à l’instant du calme parfait […]. Donne-toi donc sans cesse cette retraite, et, là, redeviens toi-même. Trouve-toi de ces maximes courtes, fondamentales, qui, au premier abord, suffiront à rendre la sérénité à ton âme et à te renvoyer en état de supporter avec résignation tout ce monde où tu feras retour. » *

Bel été !

* Marc Aurèle, Pensées, in Les Stoïciens, trad. E. Bréhier, Paris, La pléiade, Gallimard, 1962, IV.

Une année avec saint Joseph

Il y a quelques mois, le Pape a ouvert une année consacrée à saint Joseph, patron des familles et des travailleurs. Méconnu, ce grand saint est un soutien particulier pour traverser les périodes troublées.

PAR BÉNÉDICTE DROUIN-JOLLÈS | PHOTO : DR

Le Pape veut « dépoussiérer » saint Joseph ; sa décision de le remettre à l’honneur est le fruit d’une méditation mûrie pendant le premier confinement. Il nous la partage dans la lettre Patris corde. Beaucoup comme Mgr Alain de Raemy l’ont remarquée et saluée. « Comme toutes les lettres, elle pourra être lue et relue, ce ne sera pas du temps perdu, je n’ai jamais vu en si peu de pages un si grand condensé de sagesse chrétienne… Il est tout sauf compliqué, écrit aux jeunes l’évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. »

Le pape François présente Joseph, un peu comme un grand-père livre ses trésors à ses enfants et petits-enfants. « Chaque malade, chaque pauvre, chaque père de famille soucieux, chaque époux inquiet est un enfant dont Joseph se préoccupe… » Il est tellement discret qu’on peut l’oublier. « Il nous rappelle que tous ceux qui sont apparemment en « deuxième ligne » jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut. » Joseph, père adoptif du fils de Dieu est aussi l’époux et protecteur de la Vierge Marie. Dommage d’aller vers l’un ou l’autre sans le rencontrer.

A une époque où la paternité est parfois difficile à assumer sereinement, le Pape propose celle de cet homme qui reçoit sa force et sa tendresse de Dieu. Malgré les contrariétés, il avance confiant et obéissant et les surmonte avec un « courage créatif ». A l’heure où les relations entre hommes et femmes sont parfois tourmentées, le Pape montre en exemple cet homme empreint de respect et de délicatesse, fidèle et présent malgré les difficultés. Tout comme Marie à l’annonciation, il croit à l’appel reçu de Dieu. Qu’il nous aide à avancer avec la même confiance au cœur de nos familles.

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