Servir l’autre pour servir Dieu…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2020

Par Karin Ducret

Qu’est-ce que cela signifie finalement de « servir Dieu » ? Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. » Les disciples se souviennent bien du plus grand commandement de la loi : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là.  Mais comment aimer Dieu en vérité ? Dans notre vie de tous les jours avec nos mille occupations et responsabilités ? Voici le conseil de Thérèse d’Avila 1, une figure majeure de la spiritualité chrétienne : « Le Seigneur nous demande seulement deux choses : que nous l’aimions et que nous aimions notre prochain. Si nous nous efforçons à cela, nous accomplissons sa volonté. Il nous est difficile de savoir si nous aimons Dieu, mais nous pouvons savoir avec certitude que nous aimons notre prochain ! Soyez certains de ceci : plus vous ferez des progrès dans l’amour du prochain, plus vous en ferez dans l’amour de Dieu ! » Quel conseil lumineux ! Ne rencontrons-nous pas constamment des personnes engagées dans un service d’amour du prochain ?

Voici Germaine. Elle avait appris de son père que « c’était une honte d’accepter un salaire pour rendre service. » ! Infirmière, elle s’était occupée de ses parents malades, a fait du catéchisme et s’occupe encore aujourd’hui de la grotte de Notre-Dame, du service à la sacristie, de l’animation hebdomadaire de l’Adoration eucharistique, du nettoyage du linge liturgique avec Madeleine…. Et voici Aïda. Cette ancienne assistante sociale réunit en 2013 ses connaissances protestant-e-s et catholiques autour du projet d’une « épicerie solidaire ». Aujourd’hui une quinzaine de bénévoles et quelques requérants d’asile distribuent des denrées alimentaires et produits d’hygiène à une centaine de familles envoyées par l’Hospice général… Et encore Pierre. Pour lui c’est une évidence, « c’est dans ses gènes » de vivre tous les jours ce que l’Evangile nous enseigne le dimanche… Enfant de chœur, scout, catéchiste, président de CC, féru d’œcuménisme, il était membre il y a déjà 25 ans d’un groupe œcuménique s’occupant de requérants d’asile, il était membre actif du Groupe œcuménique Tiers-Monde, et encore aujourd’hui est de tous les combats pour aider son prochain – Epi-Sol, SORA, 3ChêneAccueil… Quand nous servons l’autre, nous servons Dieu !

1 Prière extraite du Château Intérieur (Ve demeures – ch. III) de sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), une religieuse espagnole, réformatrice des Couvents Carmélites, Docteur de l’Eglise catholique et Sainte patronne de l’Espagne.

Le coronavirus et le monde de demain

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2020

Photo: DR

Benoît Bourgine
Réflexions à chaud

A l’occasion d’une discussion en ligne proposée par la Faculté de théologie de l’Université de Genève et l’Institut romand de systématique et d’éthique, Benoît Bourgine, professeur de théologie à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve (B), s’est récemment exprimé sur la crise sanitaire qui secoue actuellement le monde.

« Il y a quelque chose de téméraire à donner son avis sur un événement en cours », a tenu à souligner au préalable Benoît Bourgine. « Nous vivons cette pandémie de manière évolutive. Dans la Bible, c’est toujours avec un temps de retard que l’on comprend ce qui est arrivé. Un temps de décantation est nécessaire et cela est si vrai que les Evangiles prennent un malin plaisir à montrer à quel point les disciples sont toujours en décalage par rapport aux événements, à les présenter dans la position désavantageuse d’individus qui ne savent pas ce qu’ils vivent. Cela signifie qu’on ne peut pas facilement discerner une action de Dieu en ce qui nous arrive.

Il convient encore de tenir compte de toutes les fragilités qui sont apparues plus visiblement, à savoir des failles très importantes en matière de dialogue, de mise en commun de nos intelligences en vue de mesurer les conséquences de ces fragilités mises au jour lors du confinement imposé dans de nombreux pays. On peut s’interroger par exemple sur ces conséquences sur le plan spirituel : pourquoi a-t-on, dans certains pays, la permission d’aller promener son animal domestique alors qu’il n’est pas possible de se rendre dans un lieu de culte ? Et pourquoi reprendre des célébrations en commun est envisagé loin derrière d’autres priorités pour le corps social ? La liberté religieuse est une des libertés fondamentales mais qui n’est pas traitée comme telle dans les décisions politiques récentes prises dans certains pays. Il y a donc des mouvements de solidarité qui nous font du bien, mais il y a des questions importantes qui subsistent quant à la qualité du débat médiatique sur lesquelles il faudrait travailler pour réellement construire du commun.

Il faut admettre également que nous assistons à un affaiblissement, une érosion du religieux. La mort est à la fois peu présente dans la vie courante de beaucoup de gens, mais il y a néanmoins une peur de la mort qui nourrit le déni qui lui-même nourrit la peur. Si l’on compare avec la génération précédente, on peut dire que nous avons vécu en pensant que la société se devait de nous faire vivre en bonne santé jusqu’à
80 ans et plus. Nous n’avons jamais été aussi nombreux sur Terre, nous n’avons jamais vécu aussi longtemps et aussi bien. Mais précisément, l’effacement de la religion doit être relié au fait que nous avons appris à vivre en ignorant la mort et en voyant la vie avec les termes qui nous viennent de la science et peut-être nous ne sommes plus conscients qu’il y a des raisons de donner sa vie. Elle n’est pas la valeur suprême. Ceci a un lourd impact théologique et cela nous distingue comme génération. Weber disait que dans la modernité et avec le progrès infini qui l’accompagne, on ne pouvait partager la satisfaction de l’homme biblique qui est rassasié de jours et qui voit du sens à sa mort parce qu’il voit du sens à sa vie. Nous, nous avons l’impression que nous allons louper l’épisode suivant. Nous n’allons pas participer au progrès, à la prochaine version de l’iPhone par exemple. On ne peut dire, comme l’homme biblique : “Je vais être réuni à mes ancêtres, je vais être heureux après une vie.” Nous avons l’impression que notre vie est simplement coupée par la mort. C’est une question à travailler théologiquement car cela nous caractérise, nous la génération coronavirus. Cette épreuve collective est peut-être une occasion de repenser le lien qui existait entre l’intensité de la vie et le sentiment de la précarité. Penser qu’une vie est infinie a peut-être moins de sel qu’une vie dont on mesure le caractère éphémère. 

Cette crise appelle nombre d’autres réflexions. On a pu déceler une fatigue de la liberté. Les juges administratifs, les juges constitutionnels ont accepté que les exécutifs s’arrogent les pleins pouvoirs. Les parlements ont suivi. Tout cela a mis en évidence des fragilités institutionnelles dans la garantie de nos libertés. Les Eglises pourraient donner l’exemple d’une capacité de débattre, de mettre en œuvre une intelligence collective animée par les laïcs et les femmes en particulier, d’une synodalité qui puisse effectivement consonner avec l’idée de participation à ce qui a trait à l’ethos démocratique.

Enfin, quelque chose s’est exprimé et s’exprime encore dans cette crise. Une créativité réjouissante est apparue, de même qu’un humour, face au tragique de la situation. C’est une conclusion légère, mais qu’il ne faut pas négliger. »

Se mettre au service de l’autre: des exemples dans nos paroisses

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2020

«Etre au service» se conjugue de différentes manières. Nous vous proposons un petit tour d’horizon en quelques exemples à deux pas de chez nous.

Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères… et sœurs… (Mt 25, 40)

Par Karin Ducret | Photos: Rosanna Aiello, Isabelle Favre

Epicerie solidaire (Epi-Sol) : grâce à l’initiative d’une jeune retraitée, Mme Aïda Ostermann, une équipe œcuménique bénévole de la paroisse protestante Chêne-Thônex et de la paroisse catholique Saint-Pierre (Thônex) et Saint-François de Sales (Chêne) a créé fin 2013 une association et ouvert une épicerie solidaire dans les locaux du Centre paroissial protestant de Chêne-Bourg/Thônex. Affiliée à l’Association « Partage », et aujourd’hui aussi avec l’aide financière des communes des Trois-Chêne, elle distribue une fois par semaine des denrées alimentaires et produits d’hygiène à une centaine de familles envoyées par l’Hospice général. Par ailleurs, Epi-Sol est aussi un lieu de partage et d’écoute apprécié et recherché : c’est l’occasion pour la quinzaine de bénévoles et quelques fidèles requérants d’asile de partager les soucis des familles en difficultés financières. 

Dans le sillage des repas communautaires d’accueil des réfugiés, organisés chaque mois par les paroisses catholique et protestante des Trois-Chêne, le groupe SORA (Soutien œcuménique aux requérants d’asile) a été constitué le 7 mars 2016 par une équipe protestante et catholique. Son but : informer sur la réalité des réfugiés et proposer des actions concernant l’accueil des requérants d’asile logés à l’époque dans l’abri PC des Trois-Chêne. Un nouveau centre d’accueil pour les requérants d’asile a été ouvert ce printemps dans l’enceinte de Bel Idée – l’occasion de continuer les belles rencontres lors des cours de français – « Coins-café » les mardis et les mercredis de 9h30 à 11h30 au Centre paroissial protestant, (77, rue de Genève) ainsi que  des repas canadiens conviviaux, préparés par les paroissien-ne-s catholiques et protestant-e-s des Trois-Chêne pour les requérants dès 12h à la salle paroissiale de Saint-Paul : les 18 octobre, 17 janvier, 7 mars et 2 mai ; à la salle paroissiale du temple de Chêne-Bougeries les 6 septembre, 6 décembre, 7 février, 4 avril et 6 juin. Ces deux activités sont préparées selon les directives d’hygiène anticovid. Une aide ponctuelle au niveau administratif et social est également offerte aux requérants d’asile. 

Comment rencontrer un-e requérant-e d’asile ? Lors d’un repas communautaire n’hésitez pas à inviter votre voisin, votre voisine de table pour un repas chez vous ou pour une sortie en ville, par exemple une visite de musée, etc. 

Renseignement 022 340 93 56 (de 8h30-11h30), secretarait.chene@protestant.ch  

Le plaisir d’un café partagé après la leçon de français…
Voici des manières de « faire ses gammes » pour rencontrer le Christ dans la générosité, la gratuité et « sans le savoir »…

Les derniers seront-ils vraiment les premiers?

Texte et photos par Pierre Moser

Comme nous avons pu le constater le 16e dimanche ordinaire (Mt 13, 24-30), Dieu est patient. Ce ne sera que lors de la moisson que l’ivraie sera jetée au feu. Nous avons donc le temps pour nous convertir. Mais qu’en est-il de mon partage, de ma charité et du sourire que cela provoque chez autrui ? Vous n’aurez pas le beurre et l’argent du beurre… Et l’Eglise a besoin de vous d’ici là. Sans votre partage, sans votre solidarité, elle n’ira nulle part. Idem pour votre paroisse, et c’est peut-être le bon moment pour vous rappeler les différentes manières de s’engager dans cette paroisse. D’autant plus que l’accumulation de scandales de tous ordres dans notre diocèse nous prive de prêtre. Eh oui, il faut savoir ce que l’on veut : des vocations qui respectent les règles sans nous obliger à fermer les yeux. C’est peut-être ce qui a manqué à nos autorités ces dernières années : les yeux ouverts. Rappelons simplement à ces brebis égarées que si elles étaient exemplaires, les médias n’auraient pas autant de raisons de « bouffer du curé ». Bref, votre paroisse a et va avoir de plus en plus besoin de vous. Et il y en a pour toutes les grâces : musique, conte, organisation, décoration, et j’en passe.

La musique est présente grâce à notre chœur mixte. Il recherche encore et toujours des bonnes volontés pour accompagner la messe en moyenne une fois par mois. Les répétitions ont lieu tous les jeudis. Vous pourrez ainsi mettre votre organe au service de l’assemblée pour lui permettre d’entrer dans l’alliance. Messieurs, vous êtes attendus avec impatience.

Les conteurs-euses se retrouveront plus volontiers dans le groupe des lecteurs. A chaque dimanche ses lectures. Votre témoignage sera donc dans la proclamation, un délicat équilibre entre émotion et le message du Dieu vivant. Vous semez le bon grain, Il s’occupe de la récolte. Pour des raisons pratiques vous serez également appelés à distribuer la communion.

L’organisation, elle, est toujours perfectible. C’est encore plus vrai quand il s’agit de bonnes volontés. Les Actes des Apôtres en rapporte un des premiers soubresauts (Ac 6). La pastorale étant gérée par les apôtres, le service de la communauté fut confié aux sept premiers diacres. Aujourd’hui encore notre paroisse comporte les deux conseils : le Conseil de paroisse qui a repris avec quelques adaptations la diaconie décrite par Luc et le Conseil pastoral de communauté, successeur des apôtres en toute modestie. Ces deux institutions ont été remises au gout du jour par Vatican II.

Choisissez et annoncez-vous au secrétariat de notre paroisse qui vous donnera toutes les informations nécessaires.

La fête paroissiale organisée…
… par nos fidèles bénévoles.

Un auteur, un livre: Michel Maxime Egger, «Se libérer du consumérisme»

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2020

Photo: DR

6 octobre, 17h. Jusqu’à la fin de l’année 2020, les rencontres se poursuivent sur Zoom. Pour participer à cette visio-conférence, vous pouvez vous inscrire auprès de Marie Cénec (mcenec@protestant.ch). Si vous faites partie du mailing d’« un auteur un livre », le lien vous sera envoyé automatiquement le jour précédant la rencontre.

Le consumérisme est si omniprésent qu’il est devenu normal, quasi invisible. Aujourd’hui, l’enjeu ne consiste pas uniquement à apporter des correctifs au système, à réguler, réparer et réduire les impacts, mais à effectuer un véritable changement de paradigme. Un choix radical entre l’effondrement et la métamorphose. Pour cela, une transformation doit se produire dans la conscience et le cœur de chacun. A travers l’exploration de trois questions essentielles où se joue notre passion de la consommation, notre obsession de la croissance : qui suis-je ? quel est mon désir ? de quoi ai-je peur ?

Ce sont ces dimensions intérieures – à la fois individuelles et collectives – de la transition écologique et sociale que l’auteur déploie au carrefour de la sociologie, de la psychologie, de l’écopsychologie et des traditions de sagesse.

« Se libérer du consumérisme » (Jouvence, 2020).

La rentrée de toutes les rentrées

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2020

Par Anne-Marie Colandrea | Images: Fano

Combien de reports ont été programmés depuis ce drôle de printemps 2020… Combien de prudences demeurent en raison des mesures sanitaires… Ainsi, toutes les invitations pastorales ont été – et le sont encore pour certaines – suspendues, reportées, voire annulées.  La reprise
Il est une mission au cœur de cette vie paroissiale, et au fil des temps liturgiques, qui nous guide sans cesse à témoigner de l’Espérance qui nous anime : la catéchèse. Ainsi, cette rentrée de septembre 2020 se présente avec de multiples étapes pour les enfants, les jeunes et leurs familles.

Nos paroisses proposent une première reprise de la catéchèse telle qu’interrompue en mars dernier pour les enfants et leurs parents qui se préparaient à la rencontre de la miséricorde du Christ et du don de sa joie dans les sacrements de la réconciliation et de l’eucharistie. Le dévouement et l’enthousiasme des catéchistes ont ainsi permis d’envisager cette reprise. Nous avons retrouvé les enfants, grandis, mûris même, avec les yeux pétillants et un intérêt intact : comme une conscience qu’ils reprenaient le cours d’une étape qui comptera dans leur cheminement de baptisés. La rentrée de la nouvelle année se fera après les vacances d’octobre, dès le mardi 27 à Sainte-Thérèse. Les inscriptions sont en cours.  

L’évangélisation
Comment s’inscrit notre catéchèse ? Certes au sein du diocèse et en dialogue avec les centres de catéchèse de nos cantons. Au niveau « universel », en toute discrétion médiatique – hors presse spécialisée – le 25 juin dernier fut présenté le nouveau directoire pour la catéchèse depuis la salle de presse du Vatican. Il s’inscrit dans un travail, commencé sous Benoît XVI, de nouvelle évangélisation. Là demeure la première nouveauté : la catéchèse s’inscrit désormais dans l’évangélisation. 

Face aux défis contemporains et en particulier de la culture numérique et de la mondialisation de la culture, le pape François, qui a approuvé ce document, a mis l’accent sur le caractère missionnaire de la catéchèse. 

Trois principes de bases sont évoqués comme des lieux de transmission de la foi : le témoignage comme attraction et non prosélytisme ; la miséricorde en tant que crédibilité de la foi ; et le dialogue libre qui contribue à la paix. 

Parmi les lieux renouvelés
La famille peut se présenter comme un défi pour la communauté qui l’accompagne : être à l’écoute et compréhension de la réalité des situation familiales, veiller à redonner confiance et espoir à tous. 

Les nouvelles couleurs de la catéchèse : l’inclusion, l’acceptation et la reconnaissance en tenant compte de situations spécifiques auprès des personnes handicapées, regardées comme témoins des vérités essentielles de la vie humaine, et à accueillir comme un grand cadeau ; auprès des migrants pour leur redonner confiance avec solidarité, le déracinement et l’isolement pouvant blesser leur foi ; auprès des prisons vues comme authentiques terres de mission. Le dialogue et l’écoute se conjuguent également dans l’accueil œcuménique et interreligieux en favorisant la connaissance et la rencontre. 

Les accents contemporains soulignent le défi du numérique qui change le langage et la hiérarchie des valeurs avec la culture de l’instantané et rend incapable de distinguer la vérité et la qualité dans une marée d’informations brutes. Les jeunes doivent être accompagnés dans leur recherche de liberté intérieure en leur offrant des expériences de foi authentique, en leur fournissant des clefs d’interprétations pour les thèmes forts qui les animent comme l’affectivité, la justice et la paix. 

L’UP La Seymaz et l’UP Champel/Eaux-Vives accueillent avec joie leurs nouveaux curés modérateurs!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), septembre 2020

Après des mois d’attente depuis le départ du Père Ernest Janczyk, curé modérateur de l’UP La Seymaz, et le décès de l’abbé Marc Passera, curé in solidum de l’UP Champel/Eaux-Vives, notre évêque, Mgr Charles Morerod, a nommé, à compter du 1er septembre, un nouveau curé modérateur à 50% pour l’UP La Seymaz, l’abbé Frédéric Le Gal, et un curé modérateur à 100% pour l’UP Champel/Eaux-Vives, l’abbé Thierry Schelling.
Les paroissiens et paroissiennes rendent grâce à Dieu pour la venue de ces deux prêtres et espèrent que la riche expérience de ces deux personnalités apportera un esprit d’émulation, la paix et la sérénité dans nos paroisses.

Bienvenue à l’abbé Frédéric Le Gal

Par Karin Ducret | Photo: DR

L’abbé Frédéric Le Gal, tessinois né à Paris, entre en 1987 à l’Abbaye de Hautecombe, où il est accueilli par le Père Marc-François Lacan, frère du célèbre psychanalyste Jacques Lacan. Ce théologien et philosophe de renom, réunissait autour de lui des groupes de personnes en recherche de sens, parmi lesquelles des psychanalystes comme Marie Balmary. « Nul doute que l’écoute de la Parole de Dieu aussi bien que celle d’une parole d’homme transmise par l’un et l’autre Lacan m’auraient guidé dans cette quête de la vérité sur ma vie d’homme, et aussi de prêtre. » confie Frédéric Le Gal 1. Après la mort du Père Lacan en 1994, il est envoyé à l’Université grégorienne à Rome. Pour sa thèse il traite de la folie dans le domaine spécifique de la théologie dogmatique. Il devient alors aumônier à l’hôpital psychiatrique Sainte-Marie à Nice et participe au programme de recherche de l’OMS autour du thème de la stigmatisation 2. Conférences, publications et rencontres  jalonnent ces années passionnantes. Par ailleurs, l’évêque de Nice confie à Frédéric Le Gal la mission d’exorciste.3 Depuis 2009 Frédéric Le Gal est aumônier au sein des HUG à Genève dans les services de psychiatrie et de gériatrie et, depuis 2014, il est l’exorciste du diocèse LGF, responsable du Service d’Ecoute et de Délivrance Spirituelle (SEDES).4 5 En juin 2020 Mgr Charles Morerod nomme l’abbé Frédéric Le GAL modérateur à 50% de l’équipe des prêtres in solidum et de l’équipe pastorale de l’UP La Seymaz dès le 1er septembre 2020. Les paroissiens et paroissiennes souhaitent une chaleureuse bienvenue à notre nouveau curé.

1 Les informations dans l’article sont notamment tirées de : Frédéric Le Gal, Délires et sérénité : du spirituel en milieu psychiatrique, Cerf, 2013, pp. 17-22.
2 Frédéric Le Gal, « Du stigma de la folie à la sainteté », dans Jean-Yves Giordana (dir.), La Stigmatisation en psychiatrie et en santé mentale, Elsevier-Masson, 2010, pp. 152-160.
3 L’exorcisme vise à expulser les démons ou à libérer de l’emprise démoniaque.
4 Le Service d’Ecoute et de Délivrance Spirituelle (SEDES) est constitué de fidèles laïcs bénévoles et formés à l’écoute et d’un prêtre-exorciste. Le SEDES a pour mission d’accueillir et d’écouter des personnes en grande détresse, d’accompagner leurs souffrances psychiques, physiques et spirituelles. Il s’agit avant tout d’exorciser les peurs et les angoisses tout en favorisant un travail de discernement.
5 Voir aussi l’interview avec l’abbé Frédéric Le Gal « Le délire mystique : Dieu me parle, on m’enferme »  https://www.youtube.com/watch?v=QiiomJwaarc

Bienvenue à Thierry Schelling

Texte et photo par Thierry Schelling

Bonjour, je m’appelle… Thierry… Oui, je sais, cela ne va pas être facile avec l’autre Thierry… Nom de famille : Schelling. Genevois (rive droite, rue du Grand-Pré). Né en 1968, grande année pour plein de choses dans le monde et dans l’Eglise…

D’une famille non croyante, non pratiquante, ce qui me donne une GRANDE liberté de pensée et d’agir, j’ai été formé, tour à tour, chez et grâce aux Missionnaires d’Afrique (1989-1997) puis aux Jésuites (1997-2006), tout deux adhérents de la spiritualité de saint Ignace de Loyola. Puis, j’ai rejoint notre diocèse en 2011, comme curé modérateur de l’unité pastorale pluriculturelle de Renens-Bussigny, ouest de Lausanne.

Dublin, Londres, Kasama, Nairobi, Addigrat, Wukro, Innsbruck, Le Caire, Rome, Puteaux… sans oublier Carouge et Lausanne… les villes où j’ai missionné. Oui, je suis un urbain !

Comme dans les sites de rencontres, je peux vous dire que j’aime la marche, Hercule Poirot (en British English svp !) et le silence… L’histoire de l’Eglise – et des Eglises – me passionne car on y trouve tout : spiritualité, théologie, ethnologie, politique, économique, cartographie…

J’apprécie le pape François évidemment : je suis particulièrement interpellé par son envoi sur les périphéries du monde, de l’Eglise, de nos sociétés, de nos vies. Même ex-Jésuite, je reste profondément attaché au Principe et Fondement des Exercices Spirituels, ce qui est un bon instrument pastoral et humain pour… discerner !

Je me réjouis de découvrir les communautés chrétiennes des Eaux-Vives et Champel et de la collaboration avec l’équipe pastorale : l’abbé Thierry Fouet qui demeure à Sainte-Thérèse, l’abbé Karol Garbiec, à la cure de Saint-Joseph, 2e étage, et qui est aussi le Chapelain de la communauté polonaise, et notre assistante pastorale Anne-Marie Colandréa. 

Accueillir une, deux, trois communautés linguistiques en paroisse est toujours une chance de vivre plus catholique grâce à leur interaction. J’arrive, curieux et sans apriori. Conscient aussi que l’après-pandémie nécessitera d’être inventif pastoralement sans être farfelu ; à l’écoute les uns des autres et non pas unilatéralement ; au service, nous le clergé, d’un Peuple de Dieu que j’espère proactif plus que réactif… 

Rendez-vous le dimanche 20 septembre, à St-Jo’, pour la messe de nos débuts, moi comme votre nouveau curé modérateur et curé de Saint-Joseph, et vous, comme chrétien-ne-s en marche. Aussi lentement que nécessaire…

Bas les masques!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), septembre 2020

Par Claude A. | Photo: @ Carmel du Pâquier

Marguerite Yourcenar fait dire à l’empereur Hadrien : « La possibilité de jeter le masque en toutes choses est un des rares avantages que je trouve à vieillir. » 1 Un peu provocateur me direz-vous, d’oser jeter le masque en ces temps incertains de pandémie où on ne parle que de lui. Et pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit, entre autres parmi les résidents de nos maisons de retraite. Aux jours des vents contraires, tout particulièrement, ils sont nombreux à s’être débarrassés, dirait-on, de tout ce qui leur est inutile, à commencer par les encombrantes certitudes de la jeunesse. Place à la douceur et à l’humour désormais qui relativisent les carences du quotidien. Place à la solitude qui donne du prix à ce qui leur est essentiel : une musique qui décrit l’inexprimable, un livre qui fait voyager à l’autre bout du monde, un tricot qui fera la joie de petits ou grands, un film qui rappelle peut-être le plaisir partagé des salles obscures, un coup de fil attendu d’une amie, la prière qui accompagne, console et guérit auprès de Quelqu’un présent en toutes circonstances, aujourd’hui aimé plus que tout au monde.

Place enfin à la simplicité : celle d’oser dire qu’à certaines heures, le temps s’étire sans saveur ; qu’on n’a plus le souci du jugement des autres ; qu’on voudrait bien – avec le sourire – rejoindre ceux qui nous ont quittés et que nous avons tant aimés ; que les habitudes sont une sécurité mal comprise ; que les souvenirs sont tout ce qui nous reste ; qu’on se sent inutile ; que l’absence des proches en période de confinement est douloureuse, malgré les précautions sanitaires comprises ; que leur présence en période de progressif déconfinement l’est parfois davantage encore, tel dans une prison aux règles rigoureuses imposant des rencontres en terrain neutre, privant nos résidents de la seule chose qu’ils puissent offrir à leurs hôtes : l’accueil – dans leur chambre, empreinte et signe de leur existence tout entière. 

Et voici que le rythme normal de la vie a – presque – repris son cours dans nos maisons de retraite, avec ses activités, ses rencontres, ses résidents dont les silences, les sourires et confidences ont peu changé, quoique… On pourrait y ajouter la discrétion et la gratitude que leur silence manifeste – envers le personnel soignant ou nous autres qui n’avons cessé de leur être restés fidèles avec autant de liberté qu’auprès de nos amis du dehors – comme ces saints de la vie ordinaire qui malgré blessures ou exil involontaire, ne se sont pas départis de leur bienveillance et contribuent à laisser entrevoir un fragment de ce bonheur dont est transfiguré notre bel aujourd’hui : le mien, le leur, le vôtre.  

LAUDATO SI’, MI SIGNORE !

1 Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien (coll. Folio/Gallimard).

Fontaine de la Miséricorde: école d’oraison 2020-2021

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), septembre 2020
Autour de la prière

Rencontrer Dieu dans l’oraison… l’oraison est une intimité avec Dieu, un dialogue spirituel avec le Seigneur, un rendez-vous d’amour, c’est vivre l’union à Dieu dans le silence. 

La Communauté Fontaine de la Miséricorde à Genève propose un parcours d’initiation à l’oraison, une « rencontre et union à Dieu dans le silence », dès la rentrée, avec des rencontres mensuelles, un jeudi en soirée. Le parcours d’initiation se fait sur deux ans. Les séances d’une heure et demie permettent un approfondissement de la prière, personnelle et silencieuse. Chaque rencontre se vit en quatre temps : accueil, enseignement, temps d’oraison ensemble et partage.
La première rencontre aura lieu le 17 septembre à 19h au Cénacle, Promenade Charles-Martin 17, 1208 Genève.
Accueil par l’équipe, eucharistie et buffet canadien, informations concernant le parcours, partage avec les participants des sessions précédentes.
Des feuillets seront à disposition dans les églises du secteur.
Envoi par mail à ceux qui le demandent.

Renseignements :
Rosemarie Grant, +41 79 554 08 36, romygrant@hotmail.com
Dominique Reymond, +33 450 840 447, domiefata@hotmail.com

«Black Lives Matter»: une insurrection éthique

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), septembre 2020

Photos : L. Horgan, Jr. Wikimedia Commons, DR

Alabama, 1889 : « Les arbres du Sud portent un fruit étrange ».

Que faire après la vague ? Voici un bref extrait de ses propos :

« A condition bien sûr que nous soyons déjà entrés dans une phase nous permettant de prendre un peu de recul par rapport à cette vague qui nous a submergés, je me suis appliqué à répondre à cette question de la manière suivante. Que nous révèle aujourd’hui cette pandémie ? Et qu’aurons-nous à faire après celle-ci ? Il m’a semblé que parmi les mille et une leçons que l’on peut tirer de cette expérience inouïe, il y a l’urgence de la question des inégalités. Nous étions bien sûr pleinement conscients avant cette période Covid-19 de cette problématique, mais je crois que la pandémie a jeté une lumière extrêmement crue sur ce thème, une lumière nouvelle. Ce que cette pandémie met en évidence c’est le côté existentiel de ces inégalités. Ce ne sont pas seulement des inégalités économiques, mais surtout l’évidence d’une inégalité devant la maladie et devant la mort, devant ce qui fait notre existence humaine. Bien sûr le virus peut frapper le premier ministre de Grande-Bretagne comme l’éboueur du coin, mais dès lors que l’on regarde ce qu’on appelle le «  big picture  », le tableau général, on se rend compte qu’il y a une inégalité profonde entre les nations d’une part et, d’autre part, au sein des nations.

En ce qui concerne l’inégalité au sein des nations, la pandémie nous force à jeter un regard très sévère sur la situation. Ici, à New York, dès les premiers jours après le confinement, on a commencé à analyser les chiffres et il est très vite apparu que la pandémie avait frappé de manière totalement disproportionnée les plus pauvres qui, comme on pouvait s’y attendre, sont les Noirs et les Latino-Américains. Cela signifie très concrètement une inégalité devant la maladie et devant la mort.

Ce n’est pas forcer la comparaison que de lier ce qui est arrivé à la suite du «  meurtre  » de George Floyd le 25 mai dernier, à Minneapolis, à la pandémie de Covid-19. On peut se poser la question suivante : pourquoi la mort de Georges Floyd a-t-elle déclenché les manifestations universelles auxquelles nous assistons ? Cela aurait parfaitement pu avoir lieu bien avant, à la mort d’Eric Garner, en 2014, qui avait prononcé les mêmes paroles – 11 fois – que George Floyd : «  je ne peux pas respirer  ». Cela aurait également pu arriver après la mort de Tamir Rice, ce gamin de 12 ans tué par des policiers, à Cleveland en 2014, qui, dès qu’ils sont arrivés sur le lieu où on leur avait signalé la présence d’un Noir soi-disant armé d’un revolver, ont abattu le gosse qui tenait en main un simple jouet. Mais il a fallu le cas George Floyd. Une raison émerge : la pandémie et l’inégalité que celle-ci a révélée, cette inégalité devant la maladie et la mort, ont servi de cadre dans lequel la fin tragique de Georges Floyd a revêtu un puissant aspect symbolique. Cette fin a provoqué ce que j’appellerais une «  insurrection éthique  ». 

C’est ainsi que l’on peut comprendre qu’un slogan comme «  Black lives matter  », «  les vies noires comptent  », soit devenu un cri de ralliement pour une majorité d’humains dans le monde, s’insurgeant contre une inhumanité intolérable. Cela explique que même des Blancs ont manifesté sous la bannière de «  Black Lives Matter  ». Ce qui tenait du particulier est devenu universel. Dire que les vies noires comptent, c’est simplement dire que la vie humaine en général n’a pas de prix. 

Alors, que faire après la vague ? Transformer cette insurrection éthique en une politique d’humanité. Nous comporter comme si nous étions tous d’un seul pays, avec un sentiment politique commun d’humanité, de solidarité, avec une volonté de redéfinir ce que nous appelons le développement, en mettant l’humanité au cœur de celui-ci. Une politique d’humanisation de la Terre, un peu à la manière de Teilhard de Chardin. »

Si vous aimez le jazz, vous craquerez immanquablement pour la voix lente et légèrement éraillée de Billie Holiday, surtout quand elle murmure Strange fruit : « Southern trees bear a strange fruit / Blood on the leaves and blood at the root / Black bodies swinging in the southern breeze / Strange fruit hanging from the poplar trees… » (Les arbres du Sud portent un fruit étrange / Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines / Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud / Un fruit étrange suspendu aux peupliers). 

Cette complainte a eu un immense succès à sa sortie en 1939, aux Etats-Unis. Il n’y a encore pas très longtemps, ce n’était pas la chanson de Billie Holiday que l’on entendait le plus fréquemment sur les radios « jazzy ». 

« Black Lives Matter » :  écoutez ou ré-écoutez Strange fruit sur Youtube.

Donnez-nous Jésus!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), juin-juillet-août 2020

Le billet de Pascal Desthieux, vicaire épiscopal | Photo: DR

Alors que les écoles, les magasins et les restaurants ont rouvert leurs portes, des croyants demandent que l’on puisse bientôt se rassembler, avec le respect de toutes les mesures sanitaires, pour célébrer communautairement la messe. Une vidéo de « soutien aux évêques suisses » circule sur les réseaux sociaux. Dans une lettre touchante, une jeune fille d’une famille amie écrit : « Nous avons faim de Celui qui se donne à nous, nous avons faim de Celui qui est mort pour nous, nous avons faim du pain de Vie ! Donnez-nous à manger, donnez-nous Jésus. » Cela me réjouit. C’est un bon signe que l’eucharistie et la communauté nous manquent. D’ailleurs, il n’y aurait pas de « communion de désir » s’il n’y avait pas un profond désir, une soif de l’eucharistie.

Bien sûr, nous avons essayé de remédier à cette situation inédite, en multipliant les messes à la télévision et sur internet, en accueillant deux ou trois personnes aux messes privées que nous, prêtres, avons continué de célébrer à vos intentions, en officiant à la maison et en portant la communion à domicile. Mais quelque chose d’important nous manque, en plus de la communion : la communauté. Le pape François le disait lors de son homélie du 17 avril : « La familiarité des chrétiens avec le Seigneur est toujours communautaire. Oui, elle est intime, elle est personnelle, mais en communauté. Une familiarité sans communauté, sans le Pain, sans l’Eglise, sans le peuple, sans les sacrements est dangereuse. »

J’espère vivement que ce mois de juin sera celui de la reprise progressive et prudente des messes. Si elles peuvent avoir lieu dès le 8 juin, le dimanche suivant sera la fête du Saint-Sacrement, que nous allons célébrer avec une ferveur toute particulière. Et sinon, ce sera le temps de creuser encore notre désir. 

Messe de prémices de l’abbé Vincent Lathion, enfant de notre paroisse, le 12 juillet à Saint-François de Sales (Chêne) !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), juin-juillet-août 2020

Par Karin Ducret | Photo: DR

L’abbé Vincent Lathion, d’origine valaisanne, est né à Thônex. Cadet d’une fratrie de trois enfants, il y a grandi et a effectué toute sa scolarité à Genève. Après une année de médecine à l’Université de Genève, il est entré en année de discernement au séminaire diocésain de Lausanne, Genève et Fribourg 1. Voici son témoignage : « J’ai été amené à me poser la question de la vocation à l’âge de 21 ans, elle ne m’avait auparavant jamais effleuré l’esprit et cela, bien que pratiquant et allant à la messe les dimanches. Cette invitation s’est présentée à moi de manière abrupte et, à travers elle, j’y ai vu une superbe proposition du Christ. Regardant un peu le chemin parcouru en présence du Seigneur depuis, je suis très heureux des rencontres que j’ai pu faire et des occasions qu’Il a pu me donner. Je désire encore approfondir ma relation à Dieu dans la prière et les sacrements et je remercie la Trinité pour ce souhait qu’elle a déposé en moi ; une vie n’est pas trop longue pour chercher à sonder ces mystères. C’est donc sur cette voie que je chemine, à l’image d’une quête jamais achevée, mais toujours heureuse ! »

L’abbé Vincent a terminé son cursus universitaire en théologie en 2019 avec un travail de Master sous la direction du Prof. Gilles Emery : Relation et personne dans la doctrine trinitaire de saint Thomas d’Aquin.

L’église de Villars-sur-Glâne, aux portes de Fribourg, a connu, le 8 décembre 2019, un moment de joie et d’émotion avec pas moins de quatre ordinations diaconales dont celle de l’abbé Vincent. La célébration présidée par Mgr Charles Morerod a réuni quelque 600 personnes, dans une église archi-comble. L’abbé Vincent a effectué son année de stage dans l’Unité pastorale Sainte Marguerite Bays, à Romont et, à cause des circonstances dues au Covid-19, son ordination à la prêtrise, le 7 juin, a dû se faire à huis clos. Il célébrera sa messe de prémices 2 le dimanche 12 juillet à 10h30 en l’église Saint-François de Sales. Cet événement réunira, malgré les limitations, les prêtres, la famille, les amis et amies et un certain nombre de paroissiens et paroissiennes pour une fête jubilatoire de reconnaissance et de joie. Vous retrouverez les échos et les photos des deux manifestations dans L’Essentiel de septembre. 

1 Le Séminaire diocésain de Lausanne, Genève et Fribourg est la maison de formation des futurs prêtres du diocèse. Il accueille et forme les jeunes des cantons de Genève, Vaud, Fribourg et Neuchâtel qui désirent devenir prêtres séculiers. Depuis 2012 notre Séminaire forme une communauté de formation avec le Séminaire du diocèse de Sion. La Maison des Séminaires abrite aussi l¹année de discernement ou année de fondation spirituelle.

2 La messe de prémices est la première messe d’un nouveau prêtre qu’il dit après son ordination. Souvent cette messe est dite dans la paroisse où le nouveau prêtre a grandi.

Coronavirus

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), juin-juillet-août 2020

Photos: Vie de l’Eglise à Genève

La paroisse de Sainte-Clotilde soutient la Pastorale des milieux ouverts

La paroisse Sainte-Clotilde, à la Jonction, a décidé d’apporter son soutien à la Pastorale des milieux ouverts (PMo) de l’Eglise catholique romaine à Genève dans le cadre de la pandémie de Covid-19 qui sévit depuis le début de l’année.

La PMo travaille avec des hommes et des femmes qui vivent dans la rue ou qui sont dans une situation de précarité. La pandémie n’a fait qu’accentuer la difficulté de leurs conditions d’existence.

Avec l’Eglise protestante de Genève qui a mis des locaux à disposition à la paroisse de Montbrillant, la PMo accueille trois fois par semaine des personnes démunies et leur offre des repas, des vêtements, des articles pour bébés, des aliments à emporter et, surtout, un soutien moral.

Un atelier de fabrication de masques a été ouvert et un potager est cultivé par les bénéficiaires.

La PMo reçoit le soutien de particuliers, de la Chaîne du Bonheur et de la paroisse de Sainte-Clotilde qui s’est mobilisée à 150% dans une opération de collecte de fonds et de produits de toutes sortes en faveur des déshérités. Sandra Golay, la présidente des conseils de paroisse de Sainte-Clotilde, a levé ses troupes et une permanence a été installée à la cure où les paroissiens déposent quotidiennement leurs dons en nature et leurs oboles.

Contact pour les dons :
Paroisse de Montbrillant (Rue Baulacre 16, Inès Calstas, 076 384 74 92) et paroisse Sainte-Clotilde (Avenue de Sainte-Clotilde 14bis, Sandra Golay, 079 559 35 40).

Peut-on encore parler de sexe dans l’Eglise aujourd’hui?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), juin-juillet-août 2020

Par Frère Michel Fontaine OP

Les évènements auxquels nous pensons tous au sein de l’Eglise catholique, pourraient sans aucun doute, décrédibiliser une parole sur la dimension sexuée de notre condition d’être humain. En effet, comment oser proposer aujourd’hui dans l’Eglise, un discours sur la sexualité, le sexe, l’affectivité, le désir, le plaisir, la relation à l’autre à la fois semblable et différent ? Comment reconnaître la complexité et la beauté de l’acte d’amour pour exprimer le don, l’accueil entre deux êtres et dire « en plus » quelque chose d’essentiel de notre relation à Dieu par son Verbe ?

Et pourtant, depuis les origines, intégrer la sexualité et le sexe dans la réalité du vivant dans toutes ses formes, n’est-ce pas chercher à entrer dans le mystère de la Création « Dieu vit que cela était bon… […] Dieu les bénit… […] Le Seigneur Dieu planta un jardin en Eden… et il y plaça l’humain… » (Gn 1 et Gn 2). Il est intéressant de rappeler que les biblistes rapprochent le mot eden du mot édéna en Gn 18, 12 attribué par l’auteur à Sara, très âgée, à qui on annonce la naissance d’un fils et qui s’exclame « Tout usée comme je suis, pourrais-je encore jouir (édéna) ? Et mon maître (Abraham) est si vieux ! ». Oui, la jouissance et le désir appartiennent à cette dynamique de la Création et de la présence d’un Dieu qui cherche à nous faire retrouver le chemin du beau, de la joie, du respect, de l’accueil… en un mot de l’amour offert autant à soi-même qu’à l’autre.

Alors n’ayons par peur de revenir à la Source. Rappelons clairement que la foi chrétienne parce que le Verbe s’est fait chair, donc s’est incarné dans une réalité sexuée, identifie positivement cette dimension charnelle bibliquement parlant. 

Nous sommes pleinement dans l’ordre du don qui vient de Dieu et qui va jusqu’à être accompli, comme l’a rappeler notre frère Timothy Radcliffe, ancien Maître de l’Ordre des Dominicains, d’une manière ultime et totale dans les paroles mêmes de la Dernière Cène « Ceci est mon corps, et je vous le donne ».

Coronavirus – La fête du Rédempteur à Venise

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2020

Photo: DR

L'église du "Redentore", Venise
L’église du « Redentore », Venise

 

«Il y aura de grandes secousses et, par endroits, des pestes, des famines; il y aura des épouvantements et de grands signes dans le ciel.» (Luc ch. XXI, 11)

Par ces temps troublés et incertains, pensons à la «Festa del Redentore» qui a lieu chaque année à Venise et qui devrait se dérouler les 18 et 19 juillet 2020.

La «Festa del Redentore» a été instituée à la suite de la peste qui fit des ravages parmi la population vénitienne de la mi-juin 1575 jusqu’à décembre 1576.

En effet, le 4 septembre 1576, en guise d’ultime remède à la virulence de la peste et conformément au vœu du doge Alvise Mocenigo, le Sénat décida la construction d’une église dédiée au Christ Rédempteur sur l’île de la Giudecca. C’est le 21 juillet 1577 que se déroula la première fête du Redentore lors de laquelle le doge accompagné de tous les dignitaires et de tout le peuple de Venise, assistèrent à une messe solennelle après avoir traversé le canal de la Giudecca sur un pont de barques.

La «Festa del Redentore» c’est la fête de la vie, la fête de Venise qui a survécu à l’épidémie qui tua près de 60’000 Vénitiens malgré les mesures de précaution prises pour l’endiguer.

Pour célébrer la fondation de l’église du Redentore, édifiée par Palladio, Gioseffo Zarlino écrivit une messe chantée, et Andrea Gabrieli, qui avait composé la musique de la grande fête organisée en l’honneur de la visite à Venise de Henri III de France en 1574, composa un motet à huit voix dont voici un extrait: O crux splendidior: «O crux, splendidior cunctis astris, mundo celebris, hominibus multum amabilis, sanctior universis quae sola fuisti digna portare talentum mundi; dulce lignum, dulces clavos, dulcia ferens pondera; salva présente catervam in tuis hodie laudibus congregatam.» En françai : O croix, plus brillante que toutes les étoiles, mondialement connue, le peuple, très aimable, plus sainte que tout. Vous seul étiez digne de porter le trésor du monde ; bois doux, ongles doux qui ont un poids si doux; sauvez la foule qui s’est rassemblée aujourd’hui pour vos louanges.»

A méditer.

Christ est ressuscité, Christ est vraiment ressuscité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2020

Par l’Abbé Thierry Fouet | Photo: DR

Chères paroissiennes, chers paroissiens, merci de vos nombreux messages de gratitude et d’encouragements pour notre Newsletter. Je suis heureux de pouvoir vous adresser ce message de Pâques. Vous dire combien vous me manquez, combien nos célébrations communautaires me manquent, je suppose qu’il en est de même pour vous. 

Chers amis, il y a bien eu une Semaine sainte, je vous l’assure : ne voyez-vous pas le personnel soignant transpirer sang et eau comme à Gethsémani pour vaincre la maladie avec force mais aussi inquiétudes : il faut tenir bon !

Ne voyez-vous pas le chemin de croix des scientifiques remonter le calvaire de la pandémie pour trouver ensemble un traitement adéquat. 

Ne voyez-vous pas Jésus passer dans nos rues cette année, alors que tant de Simon de Cyrène s’engagent bénévolement afin d’apporter nourriture et médicaments aux plus vulnérables et les soulager ainsi à porter leur croix.

Ne souffrent-elles pas, impuissantes, comme les disciples sans le Christ, toutes ces familles confinées à la maison, mais qui redécouvrent peut-être ce qu’est une vie en famille…

C’est criant : le drame de la Passion n’a sans doute jamais été aussi réel, proche et authentique. La Résurrection du même coup est plus que jamais en ce jour, présente, réelle.

Après nous nous souviendrons que ce virus s’est transmis entre nous sans distinction de culture ou de religion. Simplement parce que nous appartenons tous à l’espèce humaine. Et de cela nous aurons appris que si nous pouvons nous transmettre le pire, nous pouvons aussi nous transmettre le meilleur. C’est cela l’humanité.

Après ce que nous aurons vécu de si douloureux et intense à la fois, nous aurons découvert ce lien entre nous, cette communion plus forte que la distance
géographique. Nous saurons que ce lien qui se joue de l’espace, se joue aussi du temps. Ce lien vie-mort-vie nous l’appellerons Dieu. 

Après ? Ce sera différent mais pour vivre cet après, il nous faut traverser le présent. Consentir à toutes ces transformations en nous. Car il n’y a pas de Résurrection sans Passion, pas de vie sans passer par la mort, pas de vraie paix sans avoir vaincu sa propre haine, ni de joie sans avoir traversé la tristesse. Et pour dire cette lente transformation de nous qui s’accomplit au cœur de l’épreuve c’est le mot Résurrection. 

Au nom de toute l’équipe pastorale, avec une pensée émue à l’abbé Marc Passera, nous vous souhaitons un lumineux temps pascal et de belles fêtes de Pentecôtes. Joie au cœur. A bientôt.

Comment sera l’Eglise d’après?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2020

Le billet de Pascal Desthieux, vicaire épiscopal | Photo: DR

Nous vivons des semaines inouïes, complètement inédites. Des semaines à la maison où nous avons dû réorganiser notre travail et vivre à un autre rythme, bien différemment. Expérience douloureuse ou pacifiante, stressante ou libératrice… Comment avez-vous vécu ces semaines de confinement ? Nous ne savons pas encore quand et comment nous sortirons de cette épreuve, mais il se pourrait bien que nous en sortions différents, et que la vie d’après ne soit pas tout à fait la même que celle d’avant.

En Eglise aussi, nous avons dû apprendre à vivre notre vie de chrétiens sans nous rassembler, à être créatifs, inventer de nouvelles manières de nous rendre proches les uns des autres et d’être solidaires. Ce qui a été mis en place dans nos paroisses pour aider les personnes âgées, rejoindre les personnes seules, créer du lien, etc. Ne faudrait-il pas le poursuivre et même l’intensifier après la pandémie ? Nous avons dû vivre avec beaucoup moins de messes, en nous unissant à la messe quotidienne de notre pape François ou de nos évêques, peut-être même à la messe hebdomadaire célébrée dans la chapelle du Vicariat. Faudra-t-il, alors que le nombre de prêtres va continuer de diminuer, reprendre toutes les messes comme avant ? Nous avons trouvé de nouveaux moyens pour donner la catéchèse, suivre des formations, nous réunir plus efficacement en évitant de longs déplacements, etc. Que sera-t-il bon de garder ?

Oui, comment sera l’Eglise d’après ? Comment est-ce que vous l’imaginez ? Je vous invite à en parler, entre vous, dans vos groupes paroissiaux, avec vos agents pastoraux. Et nous serions heureux d’avoir des retours 1 : partagez-nous comment vous avez vécu ces semaines si particulières, et comment vous imaginez, et même comment vous rêvez, l’Eglise d’après le coronavirus.

Oui, c’est maintenant, avant de reprendre de vieilles habitudes, qu’il nous faut construire l’Eglise d’après ! 

1 A vicariat@cath-ge.ch  ou par courrier (rue des Granges 13,  1204 Genève), mention « Eglise d’après ».

Hommage à nos prêtres disparus

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2020

Marc Passera (Genève, 11.09.1958 – Genève, 16.03.2020)

Par Pierre Moser
Photo: DR

Notre abbé Marc nous a quittés lundi 16 mars 2020, lui qui protégeait la veuve et l’orphelin. Brutal, inattendu, injuste, ce départ nous laisse désemparés. Tellement désemparés que nous avons eu de la peine à sortir de cet état de choc. Mais Marc nous aura comblés. Nous attendions un curé, nous avons accueilli un sage. Nous attendions un prêcheur, nous avons reçu un théologien.

Il n’aura pas été de ceux qui protestent à la moindre injustice sans jamais faire un pas. Silencieux, il le restait, ne se fâchant jamais avec personne, mais au contraire agissant jours et nuits, semaines et dimanches. Combien de sans-abri ont défilé dans son appartement, accueillis chez lui quand « toutes les croquantes et les croquants leur avait fermé la porte au nez ». Il était à la vie de tous les jours ce que d’aucuns professent le dimanche.

Symbole de l’œcuménisme
En plus de ses fonctions de curé in solidum de la paroisse de Saint-Joseph, il était membre du Conseil presbytéral de Lausanne, Genève et Fribourg depuis 2017. Il était à ce titre une des trois voix qui représentaient notre canton auprès de notre évêque diocésain. Accompagnateur spirituel auprès des adultes catéchumènes depuis 2012, il a conduit nombre de nouveaux paroissiens vers le baptême pascal. Très impliqué dans la vie de son canton et de sa paroisse, il l’était aussi « à l’international ». Ses projets concernant l’Eglise catholique du Grand Genève sont là pour le prouver et ce n’est pas le Père Pierre Marmilloud, curé d’Annemasse, qui me contredira. La communauté italienne, avec laquelle il échangeait beaucoup, le regrette autant que nous. Enfin, en pleine terre protestante, il était un symbole vivant de l’œcuménisme, le vrai, le total, celui qui n’ignore ni les réformés ni les orthodoxes.

Deux jours avant que Dieu ne le rappelle, il écrivait encore un de ces textes qui sont notre lumière : ressemblant dramatiquement à un testament, cet écrit nous soutiendra tout au long de cette période de pandémie ainsi que de deuil. Je me suis permis de prendre la plume non pas en tant que président du conseil de communauté, mais en tant qu’ami et porte-parole de ceux qu’il a accompagnés. Que la famille de Marc veuille bien nous excuser de ne pas les avoir contactés avant la publication de ce texte : qu’ils soient assurés de notre sympathie et de nos prières. Nous nous retrouverons, je l’espère, à l’occasion d’une messe de requiem que j’appelle de mes vœux.

Edmond Gschwend (Genève, 10.05.1931 – Genève, 03.03.2020)

Cheville ouvrière du dialogue œcuménique à Genève et partisan d’une Eglise « vers les périphéries »

Par Karin Ducret
Photo: DR

L’abbé Edmond Gschwend est décédé le 3 mars 2020, dans sa 89e année et la 64e de son sacerdoce.

L’abbé Edmond Gschwend a été curé de la paroisse Saint-François de Sales (Chêne) de 1967 à 1983 et archiprêtre de l’archiprêtré Saint-Pierre-aux-Liens de 1971 à 1983.
Succédant à l’abbé Jean-M. Marquis en 1967, l’abbé Gschwend introduit, avec l’abbé Pascal Mercier, son vicaire, la messe en français suite à la réforme de liturgie du Concile Vatican II 1 et dissout le « Cercle de l’Union de Chêne », un cercle d’hommes catholique, créé en 1874, et leur repas annuel de Saint-François. Dans la mouvance de Vatican II il crée la « Messe Partage et Eucharistie » : des paroissien-ne-s avaient exprimé leur désir de participer plus concrètement à la messe et de la partager avec des personnes d’autres confessions. La « Messe Partage » a été célébrée à Chêne jusqu’en mars 2017 ! La Communauté de Base de Chêne est créée en 1972. Quelques jeunes couples, rejoints par des couples mixtes et orthodoxes, ont eu envie de participer d’une façon active au Partage de la Parole et à la célébration eucharistique que l’abbé Gschwend présidait une fois par mois. Cinq CDB existent toujours à Genève. Le groupe œcuménique Tiers-Monde de Chêne-Thônex a aussi été initié par l’abbé Gschwend avec le but de sensibiliser les paroissien-ne-s aux difficultés des populations vivant dans les pays en voie de développement. Ce groupe a fonctionné jusqu’en 2019 ! Un paroissien se rappelle de son mariage, de la communion et de la confirmation de ses enfants célébrés par l’abbé Gschwend (voir photo). Toutes et tous se souviennent d’un prêtre engagé à « mettre l’Evangile en rapport avec leurs vies » ! L’abbé Gschwend a assuré pendant huit ans la codirection de l’Atelier œcuménique de théologie (AOT) et faisait partie de ce groupe de théologien-n-es protestant-e-s et catholiques qui, dans les années 1970, « ont senti le besoin de faire de la théologie vivante » En 2001 l’abbé Gschwend témoigne : « Nos Eglises ont encore beaucoup de chemin à faire pour réaliser le vœu de Jésus « Qu’ils soient Un ». […] Le découragement n’est pas permis. L’Evangile reste une Bonne Nouvelle, LA Bonne Nouvelle. »

1 Sacrosanctum Concilium : la participation est le leitmotiv, afin que « les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent consciemment, pieusement et activement à l’action sacrée » (n° 48).

Antonio Casanova (Lugano, 07.10.1929 – Genève, 06.12.2019)

Par Frédéric Monnin
Photo: DR

J’ai attendu la dernière minute pour entamer la rédaction de ces lignes. Pour la simple raison que le point final de cet hommage est en même temps le dernier adieu que je lui adresse, un vilain virus – déjà ! – m’ayant cloué au lit le jour des funérailles, en décembre 2019.

Antonio Casanova était encore président du Conseil de paroisse, lorsque je fus engagé à St-Paul. Les années qui suivirent furent pour moi un des plus beaux apprentissages qu’il me fut donné d’accomplir. Antonio Casanova était un passionné d’art, de musique, d’histoire et de culture, passionné d’une église St-Paul devenue comme son enfant, et qu’il contribua magistralement à embellir, jusqu’à mener à terme le programme visionnaire voulu par l’abbé Jacquet, fondateur de la paroisse. C’est à lui qu’on doit la construction des grandes orgues en 1996 (il en dessina le buffet) et la pose, en 2005, des vitraux de Pierre Chevalley dans la chapelle de semaine réalisée en 1978. En quelque sorte déjà un cadeau, 10 ans avant, pour le centenaire de cette alerte bâtisse, classée grâce à lui monument historique en 1988, au terme de grands travaux de restauration qu’il dirigea en tant que Maître d’œuvre.

Notre ami et collègue Pierre Moser écrit d’ailleurs que St-Paul ne fut pas la seule bénéficiaire des qualités professionnelles d’Antonio Casanova, puisqu’il dirigea la reconstruction, de 1973 à 1976, du Théâtre de l’Espérance, et qu’il apporta son concours à la restauration de la cure de St-Antoine de Padoue.

La paroisse St-Paul lui doit également, avec le concours d’Evelyn von Steffens, le titanesque travail de classement des archives, et le dépôt de nombreux objets auprès des services cantonaux du Patrimoine.

Et puis, comment pourrais-je conclure sans témoigner de cette passion pour les œuvres artistiques présente dans l’église St-Paul ? Une passion qu’il a fait naître chez moi aussi, comme on passe le témoin à la génération suivante. Du président de paroisse au concepteur de l’exposition du centenaire en 2015, il était devenu pour moi quelqu’un d’autre ; une relation particulière s’était tissée. Et quand je repense à ces moments de causeries au restaurant ou chez lui avec sa chère Pilar, à ces clins d’œil amusés, à cette complicité et à la passion pour notre église, tout cela me renvoie à mon propre grand-père. A l’annonce de son décès le 6 décembre, je me suis senti comme orphelin, c’est entendu, mais aussi légataire d’une passion dont je rends grâces à ce si singulier grand-père.

Qu’à Dieu ne plaise, nous nous reparlerons, Monsieur Casanova ; en d’autres temps, sous d’autres cieux… mais pour l’heure, un seul mot me vient à l’esprit : Merci !

Dieu, viens à mon aide

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2020

Par Pierre Moser | Photo: DR

Ces temps troublés nous permettent de découvrir des aspects de nos prières et de nos attitudes que nous n’utilisons pas en temps normal. Les restrictions ordonnées et partiellement suivies durant cette pandémie, comme la distance sociale, en sont un des aspects. Combien de fois ai-je entendu cette réflexion : « Nous sommes dans la maison du Seigneur nous ne risquons rien. » Je vous entends d’ici répondre « tu ne tenteras pas ton Dieu ». Pas si vite. Le psaume 22 ne dit-il pas « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure » ? Faut-il opposer ce psaume à l’Evangile (Mt 4:7 « Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu ») ?

Comme souvent, la réponse dépend des circonstances. Dans un premier temps, rappelons-nous que Dieu sauve les âmes. C’est préférable, car nos corps ne sont que poussière, alors que, dans l’espoir de la résurrection, nos âmes sont éternelles. Mais ce n’est pas tout. Dieu nous a donné les moyens d’agir. La faim dans le monde n’est pas due à un manque de ressources, elle est due à l’absence de volonté d’agir, de part et d’autre d’ailleurs. Cela est également vrai pour la médecine. Nous avons acquis les connaissances nous permettant de soigner les plus faibles, nous devons les utiliser. Dieu respecte donc les grandes capacités qu’Il nous a données. Pourquoi agirait-il à notre place ?

Dieu, un monstre ? Absolument pas. Il est toujours présent, mais Il nous respecte trop pour ne pas nous demander notre avis. En cela, la sagesse populaire est également en position de nous apprendre à être. Aide-toi, le ciel t’aidera. On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Ce ne sont que quelques exemples de reprise, par la foi du charbonnier, de ce qui est essence de la Bonne Nouvelle. Et en parcourant la vie des Saints, je me rends compte que Dieu est intervenu, mais le miracle n’est apparu qu’après avoir épuisé toutes les autres options. Notre effort se doit d’être continu et humble. Combien notre attitude est parfois pharisienne : « Nous seuls avons la foi, nous seuls serons sauvés. »

Mariage civil pour tous

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2020

Photo: DR

Force est de reconnaître que la question du mariage pour tous attise les polémiques, chez nous et ailleurs. Le président de la Fédération de Russie, pour sa part,
est contre. Comme l’a rapporté cath.ch le 6 mars dernier sous la signature de Raphaël Zbinden, «le président Poutine a… émis le souhait que le texte de loi fondamentale entérine le mariage comme une union uniquement hétérosexuelle», un souhait parmi d’autres soumis en janvier au Parlement, allez savoir pourquoi, peut-être soufflé par les milieux orthodoxes russes selon certaines sources. Il voudrait aussi que la constitution mentionne… Dieu, tout simplement !

Notre Conseil fédéral ne mange pas de ce pain-là. Pas à propos de Dieu, grands dieux ! Non, à propos du mariage civil pour tous. Il nous a fait savoir par voie de communiqué daté de janvier qu’il voulait « éliminer l’inégalité de traitement des couples homosexuels ». Et c’est pourquoi il a déclaré soutenir le projet que la Commission des affaires juridiques du Conseil national a élaboré en réponse à l’initiative parlementaire «Mariage civil pour tous». C’est donc un oui hautement clamé à une révision de la loi, une révision de la Constitution n’étant pas jugée nécessaire par nos Sages. «La présente initiative demande au législateur d’ouvrir les différentes formes d’union régies par la loi à tous les couples, quels que soient le sexe ou l’orientation sexuelle des partenaires. Les couples de même sexe doivent pouvoir se marier, et les couples de sexe différent doivent pouvoir eux aussi conclure un partenariat enregistré, comme c’est le cas en France», dixit l’initiative. Qu’il en soit donc ainsi.

Mais notre Conseil fédéral est finaud: Si «la question de l’ouverture du mariage aux couples homosexuels doit être réglée dans un premier temps, les autres questions, en particulier celle de l’accès à la procréation médicalement assistée, doivent être étudiées en profondeur et seront traitées séparément». Et c’est là que le bât blesse.

La société évolue, difficile de le nier, difficile d’aller contre. A ce stade, pourquoi pas un «mariage civil pour tous», au point où nous en sommes ? Mais quid d’un nouveau droit à la filiation, véritable boîte de Pandore à retardement ? Un célèbre professeur de médecine que nous ne nommerons pas ici afin de ne pas l’«instrumentaliser» a récemment rappelé «l’importance des mythes et des religions qui de tout temps ont thématisé sur la création de la vie. «Bien avant les procréations médicalement assistées», a-t-il souligné, «il y a eu des procréations divinement assistées, bien au-delà du biologique. Dans La Légende dorée de Jacques de Voragine, à l’époque de la Renaissance, il est dit que Dieu peut créer l’homme de quatre façons: sans l’homme ni la femme, comme il le fit pour Adam; par l’homme sans la femme, comme il le fit pour Eve; par la femme sans l’homme, comme cela s’est produit suite à l’Annonciation faite à la Vierge Marie – voir la Divine Comédie de Dante: O Vierge mère, fille de ton fils – et enfin, quatrième mode de création, par l’homme et par la femme selon la manière commune».

L’enjeu véritable de cette évolution sociétale est donc bien celui de la filiation, qu’on ne s’y trompe pas. Le mariage civil pour tous va passer, «comme une lettre à la poste». Mais, plus tard, sur la filiation, ça risque de coincer.

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