Au service de nos aînés

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), janvier-février 2021

Par Marlena Schouwey | Photo: DR

En ce temps inédit, notre nouveau curé et chanoine Philippe Blanc, l’équipe pastorale ainsi que de nombreuses personnes restent à votre service, certes dans des conditions très particulières. Voici quelques informations sur les initiatives actuelles.

Les aînés restent une population à risque, notamment dans les homes. Une belle initiative, inventive et créative permet de rester en étroite communion. Nous connaissons tous la situation de nos aînés durant ces derniers mois. Malgré les efforts du personnel soignant, la Covid-19 les amène dans une solitude de plus en plus grande.

À mi-octobre, la deuxième vague de la pandémie nous a empêchés les visites et célébrations dans les résidences pour personnes âgées. Nous n’avons pas voulu les laisser seules face à ce nouvel isolement. Cette fois, grâce à la créativité, nous pouvons célébrer la messe, nous pouvons apporter l’eucharistie…

Chaque institution cherche ses chemins. À la Résidence des Chênes, la messe célébrée les samedis matin dans l’institution a été déplacée à la chapelle de Schoenstatt située à côté de l’école de la Villa Thérèse. Avec un simple téléphone portable et un micro, elle est transmise en live via Facebook à la Résidence. Je remercie Anne Marty pour son hospitalité, la direction des Chênes et les animateurs pour l’organisation de cette transmission. 

Nos aînés peuvent communier
La distribution de l’eucharistie a été confiée aux soignants, qui seuls peuvent entrer dans les homes. À l’issue de la messe, l’eucharistie est portée devant la porte de l’institution et ensuite, avec une marche à suivre précise, elle est transmise à ceux qui se font ses serviteurs… souvent un peu malgré eux !

Les résidents reçoivent Jésus-Eucharistie avec une très grande joie et beaucoup d’émotion. Merci à ceux qui, durant ce temps difficile, construisent cette communion.

Un break chez les Ursulines

Par Myriam Bettens
Photos: Sœurs ursulines

L’accueil commence par le sourire.

Au bout de la ligne 5 des Transports publics fribourgeois se trouve un petit havre de paix. Les longs couloirs carrelés de l’école secondaire Sainte-Ursule ne résonnent plus des joyeux babillages des élèves depuis sa fermeture en 2018. Mais loin de se départir de leur devise : «Faire connaître et aimer Jésus-Christ et contribuer à la croissance humaine et spirituelle », les Ursulines ont trouvé comment faire revivre le lieu. 

Contribuer à la croissance humaine et spirituelle
L’enseignement étant le domaine de prédilection de ces sœurs apostoliques, il était donc tout naturel de louer les locaux à deux institutions contribuant à l’éducation et la formation. Le rez-de-chaussée accueille une entreprise sociale offrant à des personnes handicapées adultes des lieux de travail et de vie. Le premier étage, quant à lui, est dévolu à des classes qui permettent à des élèves présentant de graves difficultés comportementales de bénéficier temporairement d’un accompagnement personnalisé. Et c’est au dernier étage, le plus proche du ciel, que réside une petite communauté de sœurs. C’est aussi dans ce même lieu de vie qu’elles proposent depuis 2013, aux femmes qui le désirent, un break, ou plutôt un Break’Ursule !

Un rendez-vous avec le Christ
« Notre désir était de rester ouvertes aux besoins spirituels d’aujourd’hui », indique sœur Marie-Brigitte Seeholzer, supérieure générale des Sœurs de Sainte-Ursule. Elles invitent donc à venir vivre au sein de leur petite communauté « un temps de respiration et d’enracinement dans la vie spirituelle ». Elle précise encore que leur porte est ouverte à toute personne sans distinction religieuse. De tradition ignacienne, les sœurs apostoliques n’offrent pas uniquement « un break dans le quotidien », mais également un accompagnement individualisé et des outils pour la prière. Cela afin de permettre « de parler de sa vie, de l’articuler avec la recherche de Dieu et la vie spirituelle que l’on désire approfondir ou découvrir », complète sœur Marie-Brigitte. La parenthèse peut prendre la forme de quelques jours, comme de plusieurs mois. Deux jeunes femmes ont vécu neuf mois auprès des sœurs. Une manière pour elles de faire le point sur « leurs orientations de vie et de définir comment joindre la foi qui les habite avec le monde qui s’ouvre devant elles », relate la supérieure générale. Comme pour conclure l’entretien, sœur Marie-Brigitte relève un aspect qui la touche toujours beaucoup : « Les personnes de passage nous ont affirmé que ce break était devenu pour elles le lieu où le Christ leur avait donné rendez-vous. »

Chrétiens persécutés

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), janvier 2021

Par l’abbé Philippe Aymon | Photo: Foyer Dents-du-Midi

Père Clément Renirkens

« Le sang des martyrs est une semence de chrétiens » 

Le titre de cet article est de Tertullien (160 – 220), c’est une phrase qui a traversé les siècles et s’est révélée juste à travers le temps. Converti vers 193, Tertullien est bien au fait des persécutions. Il en parle en venant d’une époque où être chrétien était un choix qui distinguait le disciple du Christ des autres habitants de la cité, et le mettait en porte-à-faux avec l’Etat et l’empereur.

Mais le temps des martyrs ne s’arrête pas aux premiers siècles de l’Eglise. Le pape Jean-Paul II disait même qu’ils étaient plus nombreux au XXe siècle qu’au cours des dix-neuf précédents ! Le fascisme, le nazisme, le communisme et tant d’idéologies mortifères s’en sont pris aux chrétiens de toutes confessions, eux qui préféraient le Royaume des Cieux aux promesses des dictateurs qui persécutaient leur peuple pour faire advenir le bonheur ici-bas. 

Je me souviens de quelques rencontres. 

Avec Mgr Raymond-Marie Tchidimbo, évêque de Conakry, arrêté le 23 décembre 1970 sur l’ordre de Sékou Touré, et qui passa 8 ans au camp militaire de Boiro. 

Avec un prêtre français, un peu plus âgé que moi, qui se rendait en Chine comme homme d’affaires, afin de visiter l’Eglise du Silence et donner une formation aux chrétiens et aux séminaristes clandestins.

Enfin avec le fondateur du Foyer de Charité de Bex, le Père Clément Renirkens (1916-1999). Arrivé à Shanghaï en 1947, il est arrêté en 1953 et libéré en 1954 après les Accords de Genève. Son témoignage sur sa façon de vivre sa foi en prison est riche d’enseignement pour ceux qui ne peuvent assister à la messe chaque dimanche, comme dans certains pays de mission.

Ce sont des témoignages de vie qui inspirent respect et humilité. Respect pour tant de témoins fidèles, humilité dans ce que nous vivons aujourd’hui. Certaines réactions face aux mesures sanitaires liées à la Covid-19 laissent pantois : « discriminés », « victimes », « atteinte à la liberté de culte ». C’est non seulement faux, c’est surtout irrespectueux en pensant aux vrais martyrs ou aux témoins de la foi. Ne confondons pas persécutions et contrariétés. Mais rassurons-nous, quand l’Etat s’en prendra véritablement à nous, nous aurons vite fait de découvrir la différence…

Moteur de son combat: la foi

Socialiste convaincu, intellectuel engagé, à 86 ans, Jean Ziegler ne songe pas à prendre sa retraite. Il vient de publier Lesbos, la honte de l’Europe, une dénonciation de la tragédie vécue par les réfugiés en mer Egée. Au front pour défendre les causes qui lui tiennent à cœur, il dévoile le moteur de son infatigable combat: sa foi. 

Par Myriam Bettens
Photo: Jean-Claude Gadmer
A la page 48 de « Chemins d’espérance » vous écrivez : « Je crois à la résurrection. L’infini du temps et de l’univers nous constitue. »
Jean-Paul Sartre dit que « toute mort est un assassinat ». Je partage son point de vue. Nous vivons parallèlement le destin du corps et celui de la conscience. Le corps va naturellement vers la mort, alors que la conscience a un destin cumulatif et infini. La résurrection demeure une évidence, mais personne ne sait comment cela se produit. 

Quelle est la nature de Dieu selon vous ?
Dieu est amour infini ! D’ailleurs, si nous pouvons prodiguer de l’amour à d’autres, c’est qu’il vient bien de quelque part. Il est aussi providence, ce que nous comprenons facilement. Par contre, le mal, nous est totalement incompréhensible. Raison pour laquelle nous devons rester humble et accepter de ne pas tout comprendre.

Est-ce la croyance en Dieu qui vous guide ?
Mon rapport à Dieu est une relation singulière, personnelle. Il détermine ma vie. Nous sommes responsables de notre vie et de chacun de nos gestes. Nous avons la responsabilité de chaque instant que nous vivons.

Vous citez souvent Bernanos : « Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres. » Est-ce de cette responsabilité que vous parlez ?
Exactement ! Toutes les cinq secondes sur notre planète un enfant de moins de 10 ans meurt de faim, alors que la production agricole mondiale pourrait nourrir le double de l’humanité. Il n’y a aucune fatalité : un enfant qui meurt de faim au moment où nous parlons est assassiné, j’en suis aussi responsable.

Vous avez la foi, mais à la manière de Victor Hugo, vous détestez toutes les Eglises, aimez les hommes et croyez en Dieu.
Oui, je crois qu’il a profondément raison. Ernest Renan disait que « le Christ n’est pas venu sur terre pour s’emparer du pouvoir et de la richesse, mais pour les détruire ». Bien que le pape François soit un cadeau du ciel, le Vatican est un exemple d’absurdité. On y trouve des richesses indécentes, alors qu’une partie du monde meurt de faim. Une flagrante contradiction ! 

Etre « un bon » chrétien aujour­d’hui, cela signifie quoi ?
Les Evangiles constituent le texte le plus révolutionnaire jamais venu au monde. Notre actuel ordre cannibale du monde doit être combattu de toutes nos forces. Pour être dignes de la grâce de Dieu, nous devons détruire les structures d’inégalité et d’exploitation de l’homme par l’homme. Ce monde est fait de main d’hommes et peut être changé par les hommes. Le chapitre 25 de l’évangile de Matthieu est lumineux à cet égard : le Christ y affirme sa radicale identité avec les plus pauvres, avec les plus humiliés. Qui veut le suivre doit nourrir les affamés, aider les réfugiés, venir en aide aux écrasés.

D’une confession à l’autre

Deux étapes fondatrices de ce révolté datent de ses années gymnasiales. A cette époque, Jean Ziegler décide de rompre radicalement avec son milieu protestant (son père, calviniste thounois, était juge et colonel à l’armée), il refuse la prédestination calviniste, part à Paris et s’enrôle dans les jeunesses communistes. Le marxisme lui fournit les instruments pour comprendre le monde, mais ne répond pas à ses questions existentielles. C’est auprès du jésuite Michel Riquet qu’il trouvera des réponses. Cette période marque un tournant dans sa vie : il décide de se faire appeler Jean et non plus Hans, puis se convertit au catholicisme. L’autre rencontre se déroule en 1964, lorsqu’il sert de chauffeur à Ernesto Che Guevara lors de la Conférence de l’ONU sur le sucre à Genève. La dernière nuit, alors qu’il demande à suivre le comandante de la lutte révolutionnaire jusqu’à Cuba, le Che lui répond : « Ici, c’est le cerveau du monstre, c’est ici que tu es né, c’est ici que tu dois lutter. »

Biographie express

• Hans (Jean) Ziegler est né le 19 avril 1934 à Thoune. 

• En 1953 il part à Paris où il s’inscrit à l’Institut d’études politiques et à la Faculté de droit.

• De 1972 à 2002, il est professeur de sociologie à l’Université de Genève. 

• En 1967, il est élu conseiller national socialiste, charge à laquelle il sera réélu plusieurs fois.

• De 2000 à 2008, il est rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation.

• Depuis 2009, il est membre du comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, poste auquel il a été réélu en 2013, puis à nouveau en 2016.

• Il est l’auteur de plusieurs livres à succès traduits dans de nombreuses langues.

Œcuménisme dans nos campagnes

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), janvier-février 2021

Par Pierre Moser | Photo: DR

Loin de la ville et de ses tumultes. Une Genève différente, plus calme, plus résidentielle, moins stressée. Jussy, commune hors des sentiers battus, c’est le cas de le dire. Portrait bucolique que nos paroissiens d’Arve et Lac connaissent bien pour le vivre tous les jours. Et si on allait dire bonjour aux voisins protestants ? Ces voisins qui ont, en janvier déjà, préparé les rencontres œcuméniques de ce prochain Carême.

Au centre du village de Jussy, se tient, fièrement dressé, le temple de Jussy anciennement Sainte-Marie-Madeleine jusqu’à la Réforme. Classé par l’Office du patrimoine et des sites, ce bâtiment a été édifié à l’époque carolingienne sur l’emplacement d’une nécropole. Agrandi au XIe siècle et entre 1471 et 1482, il a été doté, vers 1577, d’un large clocher-porche 1.

Un des trésors de ce monument, car c’est le titre qu’il mérite, en est la charpente à élément mouluré, avec un plafond à couvre-joints peints de la fin du XVe début du XVIe siècle. Les clichés sont d’ailleurs explicites à ce sujet : cette charpente mérite à elle seule la classification comme élément du patrimoine genevois. 

Au chapitre des anecdotes, les six chapelles construites au XVe siècle ont été « recyclées » en prisons un siècle plus tard, à la Réforme. Elles ont vu passer des sorcières ainsi que leurs bourreaux. Pour les nostalgiques du temps passé, Calvin y a prêché. Et dans une rigueur toute d’époque : une amende sévère était imposée à tous ceux qui manquaient la sainte Cène.

Dans le cadre de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, une cérémonie œcuménique se tiendra le 20 janvier au temple de Jussy. 

Source : Office du patrimoine et des sites, Genève.

Une année lumineuse

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), janvier-février 2021

Par Audrey Boussat | Photo: Darren Irwin

Les vœux de santé échangés pour 2021 n’auront jamais été aussi authentiques que ceux que nous avons exprimés cette année. A l’heure actuelle, nous avons tous conscience que la santé est un bien fragile, à protéger pour soi mais aussi pour autrui. Nos corps sont vulnérables et nous devons en prendre soin. Toutefois, je crois que nous passerions à côté d’un élément essentiel si nous résumions la santé à sa dimension physique. Cette année, nos esprits ont aussi été mis à l’épreuve. Apercevoir une lueur en cette sombre période d’incertitude ne s’est pas toujours avéré aisé.

Dans ces moments-là tout particulièrement, il est bon de se rappeler que le Seigneur est présent et qu’il veille sur nous. Il diffuse une lumière rassurante et encourageante auprès de celles et ceux qui se tournent vers lui. Mon arrière-grand-mère avait l’habitude de dire que les épreuves que nous avons à traverser ne sont pas plus lourdes que ce que nous pouvons endurer. Cette phrase réconfortante me pousse à aller de l’avant non pas à tâtons, mais avec assurance.

Nous sommes nombreux à espérer que 2021 sera différente de l’année qui l’a précédée. Que nous retrouverons nos anciennes habitudes et qu’il nous sera possible d’appliquer l’adage « plus on est de fous, plus on rit » sans restriction aucune. Rien n’est moins sûr. Et pourtant, même si elles se montrent timides, des bénédictions scintillent aussi en cette période inopinée. On nommera par exemple les élans de solidarité et les idées créatives nées justement de ce contexte particulier. A cet égard, j’aimerais souligner les qualités de mon amie Charlotte dont vous trouverez le témoignage en pages 4-5. C’est si inspirant d’avoir des amies rayonnantes !

Entrons donc avec confiance dans cette nouvelle année. Le Seigneur est notre phare et il illuminera toujours nos existences de sa grâce. Consolidons notre foi et continuons d’avancer avec ce flambeau de certitude qui saura éclairer nos vies et celles de nos familles et de nos amis. Laissons-nous éblouir par la grandeur de Dieu !

«J’étais prêt à mourir pour Jésus»

Par Bénédicte Drouin Jollès
Photo: DRDans ma carrière de journaliste certaines rencontres restent gravées.  Comment oublier le Père Jacques Mourad, moine syrien, otage de Daech pendant cinq mois ? A plusieurs reprises, la mort s’est approchée de lui. Alors que la lame d’un couteau presse sa gorge, ses ravisseurs lui demandent de renier Celui pour lequel il a donné sa vie. A chaque fois, il refuse jusqu’à ce qu’un musulman lui permette de s’évader. Il avoue : « J’étais prêt à mourir pour Jésus. » Le chapelet lui permet de tenir. Quelle leçon de courage et de foi pour nous chrétiens européens qui hésitons à témoigner de notre foi. J’ai eu honte, je me suis sentie toute petite… 

Et pourtant le Christ nous a prévenus, Il n’est pas venu apporter la paix, mais la division (Matthieu 10, 34-35). « Heureux les persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux. » La dernière des huit béatitudes entendue trop distraitement est pourtant d’actualité. Plus de 250 millions de chrétiens sont chaque jour inquiétés, chassés, torturés. Ils n’ont jamais été aussi nombreux. Et si nous nous en faisions des amis à écouter et à soutenir, par notre prière ou par nos dons ? Nos existences et nos communautés en sortiraient vivifiées.

Veillée avec Bach

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), janvier-février 2021

Par Geneviève de Simone-Cornet | Photo: Danilo de Simone 

La deuxième veillée «Saveurs de Dieu», animée par l’abbé Philippe Matthey le 3 décembre à l’église de la Colombière et retransmise sur YouTube, a permis aux paroissiens de découvrir la musique de Jean-Sébastien Bach à travers son «Oratorio de Noël».Les paroissiens étaient conviés à «accueillir la grâce de la musique» à travers une méditation et une écoute commentée de l’«Oratorio de Noël» par un spécialiste, l’abbé Philippe Matthey, curé au Grand-Lancy (GE). Après quelques éléments biographiques sur Bach, il a donné des clés pour comprendre le pourquoi de sa musique et ce qu’elle est pour lui.

Né à Eisenach, en Allemagne, le 31 mars 1685, Jean-Sébastien Bach est le 8e enfant d’une famille de musiciens. Choriste, puis organiste et maître de chapelle, «il est né dans la musique et a appris en écoutant notamment les œuvres du compositeur allemand Dietrich Buxtehude», a dit l’abbé Matthey. Il s’est marié deux fois et a eu 13 enfants dont six ont survécu – il a donc été marqué par la mort.

Sa quête musicale était pour Bach «une recherche de raisons d’espérer», a poursuivi le conférencier. Il a beaucoup travaillé, composant des cantates, des Passions – seules celles selon saint Jean et selon saint Matthieu nous sont parvenues – et des oratorios dont celui de Noël. Marqué par la théologie de Martin Luther, qui plaçait la Parole de Dieu au centre de la liturgie, il a mis sa musique au service de cette Parole: c’était pour lui la meilleure façon de lui faire toucher le cœur de l’homme, de la communiquer aux croyants.

Une musique pleine de sens
Ce qu’il a fait dans l’«Oratorio de Noël», composé à Leipzig en 1734. Cette pièce, écrite pour être chantée à l’église pendant le temps de Noël, compte six cantates consacrées aux trois jours de fête de Noël, au Nouvel An, au premier dimanche de l’année et à l’Epiphanie.

Dans le second volet de son exposé, l’abbé Matthey a détaillé les différentes parties de cette œuvre en en faisant écouter des extraits aux paroissiens: l’occasion, pour chacun, d’entrer dans une musique pas toujours facile, mais pleine de sens.

La soirée s’est terminée par un morceau interprété à l’orgue par Olivier Borer, organiste de la Colombière. Rendez-vous jeudi 11 février à 20h pour une nouvelle soirée «Saveurs de Dieu».

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), janvier-février 2021

Par Karin Ducret | Photos: DR

La Semaine pour l’unité des chrétiens ou Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est une manifestation œcuménique annuelle. Elle est délimitée par la fête de la Chaire de saint Pierre à Rome 1, qu’on célébrait historiquement le 18 janvier, et la fête de la Conversion de Paul 2 qu’on célèbre le 25 janvier. Elle convie les chrétiens et chrétiennes des différentes confessions à prier d’un même cœur pour demander la grâce de l’Unité. L’édition 2021 a été préparée par la communauté monastique de Grandchamp (voir aussi en page 11).

C’est en 1908, aux Etats-Unis, que cette prière a pris la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Son « inventeur » est Paul Wattson, un prêtre épiscopalien qui venait de créer une communauté religieuse franciscaine au sein de l’Eglise anglicane américaine. L’unité des chrétiens, telle que Paul Wattson l’envisageait, signifiait en fait l’unité autour du Siège romain. Au milieu des années 1930, alors que la prière pour l’unité commençait à se répandre dans l’Eglise catholique et dans les communautés anglicanes favorables à une union avec Rome, c’est l’abbé Paul Couturier qui, à Lyon, lui a donné un nouvel élan : tout en gardant les mêmes dates, le prêtre lyonnais fait le choix de parler de Semaine de prière (une semaine de huit jours !), un vocabulaire perçu comme moins catholicisant ; et surtout, il lui assigne un nouvel objectif : prier pour l’unité « telle que le Christ la veut, par les moyens qu’Il voudra ». Soutenus par le métropolite Euloge, des orthodoxes participèrent à la Semaine en 1935.  Le mouvement de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne prit alors rapidement une dimension interconfessionnelle et internationale. L’abbé lyonnais composa et envoya dans le monde entier ses fameux « tracts », qui donnaient un thème pour l’année, des textes bibliques et prières pour chaque jour de la Semaine, voire un chant composé pour l’occasion. Après la mort de l’abbé Couturier c’est le Père Michalon au sein du centre Unité Chrétienne qui reprit la tâche. Dès 1958, le matériel de la Semaine fut préparé en collaboration avec la commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Eglises. Après le Concile Vatican II, la Semaine de prière pour l’unité chrétienne est préparée chaque année par une commission internationale et interconfessionnelle qui émane à la fois du Conseil œcuménique des Eglises et du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. A partir d’un projet préparé par les Eglises d’un pays, cette commission choisit un thème pour l’année, sélectionne des textes de l’Ecriture et des formules de prière susceptibles de nourrir la prière individuelle et les célébrations, pour chacun des jours de la Semaine de l’unité. 

1 Cette fête désigne la charge apostolique de l’Apôtre et sa mission dans l’Eglise. Le Siège apostolique était ainsi célébré jadis le 18 janvier à Rome.
2 La conversion de Paul se réfère à l’un des événements de la vie de Paul de Tarse.

Une église en cours d’édification

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), janvier-février 2021

Par Jean-Claude Dunand

La construction de la nouvelle église de Gland est entamée. Un projet d’envergure
qui nécessite une bonne coordination entre les différents conseils et les bénévoles.
Trois personnes engagées dans cette aventure nous livrent leur témoignage.
Eglise en marche, Eglise Corps du Christ
L’église de Gland est un espace sacré, particulier, à construire, mais surtout à faire vivre. C’est en tout cas la volonté de la Commission de liturgie, constituée expressément pour le temps de la construction. Elle se compose de quelques membres de la communauté de Gland : Brigitte Besset, présidente du Conseil de communauté ; Françoise Merlo, Bernard Chevallay, président du groupe de pilotage et Jean-Luc Ménetrey membre du groupe de pilotage et musicien ; de Jean-Pierre Cap, membre de la Commission d’art sacré (CAS) de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud ; de Flavio Boscardin, architecte responsable des travaux, et de moi-même, Jean-Claude Dunand, curé de l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte.

Réflexions spirituelles et pratiques
Cette commission se rencontre régulièrement depuis décembre 2019. Elle travaille sur la signification d’une communauté Eglise du Christ pour choisir avec le plus de discernement possible l’aménagement intérieur du futur bâtiment. Bien que certaines réflexions et certains choix techniques soient guidés par la structure circulaire de l’édifice, la commission se concentre avant tout sur la façon de rendre ce lieu propice à la prière, à l’écoute de la Parole et au partage de l’eucharistie.

C’est en s’appuyant sur des textes bibliques, liturgiques et conciliaires, la réflexion de l’architecte français Jean-Marie Duthilleul (auteur d’« Espace et liturgie. Aménager les églises », Editions Mame-Desclée) et les recommandations de la CAS que la commission a évolué intellectuellement, mais surtout spirituellement, tout au long de l’année. Elle espère avoir fait des choix qui permettront à chaque membre de la communauté, aux visiteurs de passage et à chacun, dans la diversité de leurs goûts et de leur spiritualité, de se retrouver dans cette église à la maison, dans la maison du Seigneur. La commission a tenu compte des questions et propositions des paroissiens présents à la rencontre du 9 février 2020.

Un mobilier choisi avec soin
A cette étape de la construction, une mise au concours pour la création et la réalisation des éléments liturgiques principaux (notamment les fonts baptismaux, l’autel, l’ambon et le siège de la présidence) a été lancée auprès de quatre artistes. Chacun a reçu un dossier comportant des images de synthèse, des données techniques et un chemin de réflexion élaboré par la commission.

Les vitraux de la chapelle actuelle réapparaîtront dans le narthex. La croix et la statue de la Vierge ornant la chapelle actuelle seront des pièces maîtresses de la nouvelle église. Il est en effet primordial de s’inscrire dans la continuité du chemin de foi commencé par nos prédécesseurs.

Espérons que ce lieu deviendra un espace de prière et de rencontre intime avec Dieu ainsi qu’un lieu de rencontre fraternelle entre tous.

Dons via Twint

Vous souhaitez faire un don pour la construction de la nouvelle église catholique de Gland ? Désormais, vous avez la possibilité d’utiliser l’application Twint en numérisant le QR-Code. Votre don anonyme arrivera directement sur le compte de la communauté catholique Gland, Vich, Coinsins.

Vous trouverez ce QR-Code également affiché sur le tronc de bougies à l’intérieur de la  chapelle Saint-Jean-Baptiste à Gland.

Nous vous remercions de votre soutien.

Des nouvelles de la construction

Par Georges Grandjean, membre du groupe de pilotage et du Conseil de communauté

Les travaux ont débuté fin juin 2020 avec l’arrivée sur la parcelle de l’entreprise de terrassement. Après deux semaines, nous ne distinguions plus aucune trace de notre vigne et des mottes de terre dissimulaient notre chapelle aux regards des passants. Tout le terrain, clôturé et aplani, a été préparé pour les travaux.

Les vacances d’été terminées, l’entreprise de maçonnerie a pris le relais et nous avons vu apparaître les premiers murs. Mi-novembre, les ouvriers se sont occupés de la construction de la dalle de l’étage qui accueillera la nef, la sacristie, le local liturgique et le narthex. Le coffrage permet de bien distinguer la forme ronde de la future église ainsi que toutes les gaines techniques qui seront englouties dans le béton.

Du côté des finances
Avec les premiers coups de pioche, nous avons aussi dû honorer les premières factures. A ce jour, c’est un montant de près de 600’000 francs qui a été déboursé. Outre le financement des premiers travaux, il comprend aussi une part des honoraires du bureau d’architectes et des bureaux techniques, bien antérieurs au début de la construction. De nombreuses adjudications aux entreprises mandatées pour les étapes ultérieures (charpente, électricité, chauffage, ventilation, ferblanterie…) sont formalisées. Elles représentent près des deux tiers des coûts de construction. A la grande satisfaction des responsables, les montants respectent ceux du budget voté par l’assemblée générale extraordinaire de la paroisse.Pour plus d’informations : www.eglise-gland.ch
Questions ou suggestions : info@eglise-gland.ch
Pour un don : Postfinance 14-313151-5

Construire: un engagement et une joie

Par Brigitte Besset
Photos: Brigitte Besset et Georges Grandjean

Donner de son temps, de sa personne, être disponible ? En voilà une idée ! Faire du bénévolat est en effet contraire à la logique largement répandue qui veut que le temps soit de l’argent. Mais le bénévolat, c’est avant tout une offrande : c’est en tout cas ce que ressentent celles et ceux qui sont engagés dans ce projet de construction. Ils aiment donner, participer, innover, rencontrer, réfléchir, cheminer et partager leurs différents dons. Et ils sont beaucoup à s’impliquer depuis plus de dix ans déjà. Cela représente de nombreuses heures d’actions et de séances diverses, des heures que l’on ne compte plus tant l’engouement est grand dans le cœur de chacun.

Des bénévoles heureux de s’investir
Ces bénévoles sont membres du Conseil de communauté de Gland-Vich-Coinsins, du comité de pilotage et des différentes commissions qui en sont issues. Il y a aussi des paroissiens qui, n’appartenant pas à un de ces conseils, ont fait le choix de donner de leur temps pour ce projet ; et ceux qui œuvrent par leur prière incessante pour qu’il soit mené jusqu’au bout avec amour et respect, intérêt et complicité. Un tel investissement semble incroyable, mais ce n’est pas tous les jours qu’un tel événement a lieu ! D’autant que nous assistons actuellement à une désertion des églises.

Celles et ceux qui s’investissent dans ce projet s’engagent parce qu’ils sont confiants et heureux de pouvoir participer à l’édification d’une nouvelle église, lieu de rassemblement pour les années à venir. Ils sont portés par l’espérance d’une Eglise vivante, en renouvellement constant. Le chantier actuel, qui annonce le nouvel édifice, devient alors une œuvre exceptionnelle, grandiose, devant laquelle tout paroissien ou habitant de Gland peut s’extasier.

Un chantier rassembleur
La Parole de Dieu nous invite à « construire l’Eglise ensemble ». C’est une image biblique, celle de l’Eglise comme construction, édifice en chantier. Ce chantier, c’est ce que nous avons sous les yeux chaque fois que nous venons jusqu’à la chapelle pour nous recueillir ; il nous interpelle, nous interroge.

Une grande fête aurait dû réunir les paroissiens de la communauté de Gland-Vich-Coinsins, les paroissiens de l’UP, les membres de l’EP et des différents conseils et comités, les nombreux donateurs ainsi que les représentants des différents corps de métiers engagés dans la construction… La fête aurait pu être belle dimanche 8 novembre, mais la Covid-19, hélas, ne nous a pas permis de nous rassembler. Ce n’est que partie remise… au printemps, nous l’espérons !

Voir ce bâtiment sortir de terre et devenir toujours plus imposant est une joie immense et sans cesse renouvelée pour tous les paroissiens de notre communauté.

Marie, Mère de l’évangélisation

Vierge à l’enfant de l’église du Christ-Roi à Fribourg.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), janvier-février 2021

Par l’abbé Alexis Morard | Photos: V. Benz, DR

Dans le prolongement de la solennité de sainte Marie, Mère de Dieu, que l’Église fête chaque 1er janvier, nous vous proposons de relire quelques extraits des dernières pages de l’exhortation apostolique La Joie de l’Évangile où le pape François nous parle d’un « style marial » dans l’activité évangélisatrice de l’Église.

De nombreux pèlerins viennent à Bourguillon déposer leur fardeaux auprès de Marie.

* Les numéros indiqués au début de certains paragraphes renvoient à l’exhortation apostolique. 

284. Avec l’Esprit Saint, il y a toujours Marie au milieu du peuple. Elle était avec les disciples pour l’invoquer (cf. Ac 1, 14), et elle a ainsi rendu possible l’explosion missionnaire advenue à la Pentecôte. Elle est la Mère de l’Église évangélisatrice et sans elle nous n’arrivons pas à comprendre pleinement l’esprit de la nouvelle évangélisation.

Le don de Jésus à son peuple
285. Sur la croix […], Jésus nous a laissé sa mère comme notre mère. C’est seulement après avoir fait cela que Jésus a pu sentir que « tout était achevé » (Jn 19, 28). Au pied de la croix, en cette grande heure de la nouvelle création, le Christ nous conduit à Marie. Il nous conduit à elle, car il ne veut pas que nous marchions sans une mère, et le peuple lit en cette image maternelle tous les mystères de l’Évangile. Il ne plaît pas au Seigneur que l’icône de la femme manque à l’Église. Elle, qui l’a engendré avec beaucoup de foi, accompagne aussi « le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus » (Ap 12, 17). L’intime connexion entre Marie, l’Église et chaque fidèle, qui, chacun à sa manière, engendrent le Christ, a été exprimée de belle manière par le bienheureux Isaac de l’Étoile : « Dans les Saintes Écritures, divinement inspirées, ce qu’on entend généralement de l’Église, vierge et mère, s’entend en particulier de la Vierge Marie […] On peut pareillement dire que chaque âme fidèle est épouse du Verbe de Dieu, mère du Christ, fille et sœur, vierge et mère féconde […] Le Christ demeura durant neuf mois dans le sein de Marie ; il demeurera dans le tabernacle de la foi de l’Église jusqu’à la fin des siècles ; et, dans la connaissance et dans l’amour de l’âme fidèle, pour les siècles des siècles. » [212]

286. Marie est celle qui sait transformer une grotte pour des animaux en maison de Jésus, avec de pauvres langes et une montagne de tendresse. Elle est la petite servante du Père qui tressaille de joie dans la louange. Elle est l’amie toujours attentive pour que le vin ne manque pas dans notre vie. Elle est celle dont le cœur est transpercé par la lance, qui comprend toutes les peines. Comme mère de tous, elle est signe d’espérance pour les peuples qui souffrent les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que naisse la justice. Elle est la missionnaire qui se fait proche de nous pour nous accompagner dans la vie, ouvrant nos cœurs à la foi avec affection maternelle. Comme une vraie mère, elle marche avec nous, lutte avec nous, et répand sans cesse la proximité de l’amour de Dieu. (…)

L’Étoile de la nouvelle évangélisation
288. Il y a un style marial dans l’activité évangélisatrice de l’Église. Car, chaque fois que nous regardons Marie nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection. En elle, nous voyons que l’humilité et la tendresse ne sont pas les vertus des faibles, mais des forts, qui n’ont pas besoin de maltraiter les autres pour se sentir importants. En la regardant, nous découvrons que celle qui louait Dieu parce qu’« il a renversé les potentats de leurs trônes » et « a renvoyé les riches les mains vides » (Lc 1, 52.53) est la même qui nous donne de la chaleur maternelle dans notre quête de justice. C’est aussi elle qui « conservait avec soi toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2, 19). Marie sait reconnaître les empreintes de l’Esprit de Dieu aussi bien dans les grands événements que dans ceux qui apparaissent imperceptibles. Elle contemple le mystère de Dieu dans le monde, dans l’histoire et dans la vie quotidienne de chacun de nous et de tous. Elle est aussi bien la femme orante et laborieuse à Nazareth que notre Notre Dame de la promptitude, celle qui part de son village pour aider les autres « en hâte » (cf. Lc 1, 39-45). Cette dynamique de justice et de tendresse, de contemplation et de marche vers les autres, est ce qui fait d’elle un modèle ecclésial pour l’évangélisation. Nous la supplions afin que, par sa prière maternelle, elle nous aide pour que l’Église devienne une maison pour beaucoup, une mère pour tous les peuples, et rende possible la naissance d’un monde nouveau. C’est le Ressuscité qui nous dit, avec une force qui nous comble d’une immense confiance et d’une espérance très ferme : « Voici, je fais l’univers nouveau » (Ap 21, 5). Avec Marie, avançons avec confiance vers cette promesse, et disons-lui : Vierge et Mère Marie,
toi qui, mue par l’Esprit,
as accueilli le Verbe de la vie
dans la profondeur de ta foi humble,
totalement abandonnée à l’Éternel,
aide-nous à dire notre « oui »
dans l’urgence, plus que jamais pressante,
de faire retentir la Bonne Nouvelle de Jésus. (…)

Étoile de la nouvelle évangélisation,
aide-nous à rayonner par le témoignage de la communion,
du service, de la foi ardente et généreuse,
de la justice et de l’amour pour les pauvres,
pour que la joie de l’Évangile
parvienne jusqu’aux confins de la terre
et qu’aucune périphérie ne soit privée de sa lumière.

Mère de l’Évangile vivant,
source de joie pour les petits,
prie pour nous.
Amen. Alléluia !

En librairie – janvier 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

En mon âme et conscience
Philippe Barbarin

« Tout se dit, mais où est la vérité ? On a faussé tout ce que j’ai pu dire. On a interprété des faits en les détournant. On m’a traité de pédophile dans le métro, dans les rues, quand j’allais prendre le train. Je n’étais plus « audible ». J’étais coupable. Le temps est venu d’apporter mon témoignage. La vérité est nécessaire. Pour tous. » Tels sont les propos du cardinal Barbarin alors que le monde médiatique a réussi ce tour de force de transformer l’Affaire Preynat, cet abbé auteur d’innombrables abus sexuels sur les enfants, en l’Affaire Barbarin, coupable selon lui d’avoir tardé à écarter ce prêtre abuseur. « Méfiez-vous des journalistes, disait Bernard Cazeneuve, ils font des omelettes avec des œufs durs ! » Livre passionnant qui montre qu’insidieusement, on harcèle et persécute un évêque et, à travers lui, l’Eglise du Christ.

Edition du Plon

Acheter pour 34.30 CHFJe marcherai d’un cœur parfait
David Hennebelle

Dans ce roman, David Hennebelle revient sur la vie et la mort des moines de Tibhirine au cours de la décennie noire des années 1990. Ils partagent avec leurs voisins musulmans leurs valeurs spirituelles jusqu’à ce que les blessures béantes de l’Algérie ruinent cette harmonie. L’auteur raconte avec grâce le quotidien ardent de ces chrétiens venus accomplir leur quête d’absolu en pays musulman. Des années d’engagement et de dévotion célébrées dans une ode aux paradis perdus, une peinture lumineuse bientôt noircie par l’aveuglement des hommes.

Editions Autrement

Acheter pour 29.00 CHFDieu – Yahweh – Allâh
Collectif

Parmi les grandes religions du monde, il en est trois qui prônent la foi en un Dieu unique : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Elles se sont développées comme les branches majestueuses d’un même arbre. Chacune possède ses propres règles, ses propres gestes, ses propres prières, ses propres fêtes, qu’il est souvent bien difficile de comprendre. Ce livre reprend plus d’une centaine de vraies questions posées par des enfants à propos de ces trois grandes religions. Pour connaître davantage sa religion et pour partir à la découverte de la vie des autres croyants.

Bayard Jeunesse

Acheter pour 29.20 CHFAvec les martyrs chrétiens d’aujourd’hui
Dominique Bar – Gaëtan Evrard

« Il y a davantage de martyrs aujourd’hui qu’aux premiers temps de l’Eglise. » Cette affirmation du pape François est confirmée par les faits quotidiens. « La croix se trouve toujours sur la route chrétienne » à travers le monde, quels que soient les continents. Si elle est visible surtout actuellement au Moyen-Orient et dans certains pays d’Afrique, les exactions, humiliations et persécutions à l’encontre des chrétiens s’intensifient dans tous les points du globe, en Asie, en Inde et même en Europe, dans l’indifférence de la plupart des médias. Une BD préfacée par Mgr Jeanbart, archevêque d’Alep, en Syrie.

Editions du Triomphe

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La voie des martyrs

Par Thierry Schelling
Photo: Ciric
La grande Eglise
François est revenu sur le thème à plusieurs reprises : entre membres des quelque 350 Eglises recensées auprès du Conseil œcuménique des Eglises à Genève, il y a déjà une réalisation de notre parfaite communion : les martyrs ! Des baptisés de tout âge sont torturés, persécutés, affamés, bafoués dans leurs droits humains, et finissent morts in odium fidei, par haine de leur foi. Peu importe leur appartenance ecclésiale, ils sont membres de la Grande Eglise au-delà des clivages théologiques et des rivalités de pouvoir… Et leur nombre est plus grand que les victimes de la Tétrarchie 1, semble-t-il. Mais le nombre importe-t-il dans le fond ?

La seule Eglise
On est en droit de se demander pour quelle avancée orthodoxes, anglicans, catholiques et protestants prient encore ensemble : nos Semaines de prière pour l’unité ont-elles encore un sens après 113 ans de récurrence 2 ? D’un côté, oui : accords et intercommunions ont inexorablement rapprochés protestants, catholiques-chrétiens et anglicans 3. Mais… avec Rome ? François, Benoît XVI, Jean-Paul II, Paul VI et même Jean XXIII ont tous eu recours à la rhétorique du « Comme j’aimerais que nous soyons un ! » Et ? 

La vraie Eglise
Alors l’épiscopat allemand veut quand même avancer raisonnablement, praktisch4… Pouvons-nous tous rester unis pour envisager encore et toujours un horizon commun plausible et concret ? Plus d’un siècle est passé tout de même…

1 Gouvernement romain de la fin du IIIe siècle connu pour sa persécution des minorités chrétiennes et manichéennes.
2 La première a été inaugurée en… 1908 !
3 Anglicans et catholiques-chrétiens interchangent leur ministre du culte ; luthériens et anglicans ont signé la Communion de Porvoo en 1994 déjà !
4 Cf. www.katholisch.de/aktuelles/themenseiten/der-synodale-weg-der-kirche-in-deutschland
Avant lui, les épiscopats anglican et catholique-romain de Grande-Bretagne ont publié un rapport intitulé Walking Together on the Way : Learning to Be the Church-Local, Regional, Universal en 2018 (cf. iarccum.org/doc/?d=721).

Dimanche des laïcs

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), janvier-février 2021

Par Geneviève de Simone-Cornet | Photo: DR

Le dimanche de l’apostolat des laïcs aura lieu le 7 février. L’occasion, pour des laïcs engagés en Eglise, de témoigner. Et pour chacun de connaître les mouvements d’apostolat qui composent la Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL).Les textes de la liturgie de ce dimanche font écho au temps de pandémie que nous avons traversé l’an dernier et dont les effets se prolongent aujourd’hui. Un virus est venu déranger la belle mécanique de notre société et nous rappeler brutalement notre vulnérabilité et notre interdépendance: oui, nous sommes fragiles, nous pouvons être touchés par la Covid-19.

En ce dimanche des laïcs, les textes nous invitent d’abord à écouter la plainte de Job : « Je n’ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance », « ma vie n’est qu’un souffle ». Combien sont-elles, les victimes de la Covid-19, à pouvoir reprendre ces mots à leur compte ? Frères et sœurs de Job, elles sont nombreuses à crier vers Dieu du fond de leur détresse. Ecoutons-les, tendons-leur la main, « prenons soin les uns des autres », surtout des plus faibles, nous dit le pape François dans sa dernière encyclique, « Fratelli tutti » (« Tous frères »), sur la fraternité et l’amitié sociale, publiée en pleine pandémie. Job crie encore aujourd’hui, sa plainte est plus actuelle que jamais. Et l’appel à la solidarité résonne encore plus fort à nos oreilles de laïcs baptisés engagés dans nos paroisses et nos mouvements : « Vivre dans l’indifférence à la douleur n’est pas une option possible », nous avertit le pape.

Une foi en actes
Cet appel traverse toute la Bible. Il nous est adressé chaque jour, et plus encore en ces temps difficiles. Les textes de ce dimanche nous invitent à annoncer l’Evangile d’abord auprès des souffrants de notre temps, des victimes de la Covid-19, en adoptant l’attitude de Paul : « Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous ». Et en faisant confiance à Jésus, qui guérit la belle-mère de Simon et beaucoup de malades, comme nous le rapporte l’Evangile.

Mais pour lui, annoncer et guérir vont de pair. N’est-ce pas une façon de nous dire que nous sommes appelés, nous chrétiens, à vivre une cohérence entre nos paroles et nos actes, à ne jamais séparer foi et amour du prochain ? Notre foi se vit dans nos actes et nos actes témoignent de notre foi. François nous le rappelle : le chrétien reconnaît « le Christ lui-même dans chaque frère abandonné ou exclu », et lui venir en aide c’est annoncer l’Evangile. Et si Dieu « guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures », nous dit le psaume, ce n’est pas sans nous. Là où nous sommes engagés, avec la diversité de nos charismes.

La CRAL vous offre une vaste palette de mouvements pour conjuguer annonce de l’Evangile et amour du prochain. Peut-être en trouverez-vous un à votre mesure.
Bienvenue !

Semence d’espérance et de vie

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), janvier 2021

Par Gildas Tchibozo | Photo: DR

Etre chrétien n’est pas une assurance tous risques.

Etre chrétien nous expose à d’éventuelles et perpétuelles persécutions dans le monde.

Cela est si vrai que, Jésus, en annonçant sa Passion à ses disciples, leur prédit :
« On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon Nom. » Lc 21, 12

Aussi, depuis ses origines, le christianisme a toujours été contesté, rejeté et combattu.

Les plus grandes et violentes persécutions ont eu lieu dans les quatre premiers siècles, sous l’Empire romain d’alors. A titre d’exemples, on peut citer : celles de Dèce en 250, de Valérien en 257-258, de Dioclétien en 303-305.

Mais bien avant ces périodes, il y a eu souvent des émeutes et effets de foules où les chrétiens sont victimes de violences sanglantes. C’est le cas d’Etienne, premier Martyr, mort par lapidation ; ou encore de Pierre et Paul, massacrés sous l’Empereur Néron vers l’an 64.

Ces premiers Martyrs de l’Eglise ont favorisé la foi chrétienne catholique. C’est ce qui fait dire à Tertullien : « Le sang des Martyrs est une semence de chrétiens. »

Du Moyen-Âge à nos jours, les persécutions ont pris diverses formes allant des représailles à l’interdiction de culte.

Aujourd’hui, la réalité est toujours présente, avec des persécutions physiques, morales, psychologiques, idéologiques et même médiatiques.

On se souvient encore du Martyre des sept moines de Tibhirine en Algérie en 1996, ou plus loin celui du Bienheureux Maurice Tornay en 1949 au Tibet…

Les chrétiens persécutés communient aux souffrances du Christ crucifié.

Les persécutions sont un chemin de sainteté et un moyen de salut :
« Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouisse-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » Mt 5, 11-12a

Martine Toffel Geinoz

Les élèves de l’école Saint-Nicolas en cours de catéchèse avec l’abbé Evrat.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), janvier-février 2021

Propos recueillis par Véronique Benz
Photo: DR

En vous promenant près de la place Georges-Python à Fribourg, vous croiserez certainement des enfants s’y amusant. Ce sont les élèves de l’École Saint-Nicolas en récréation. Cette petite école privée sise au cœur de la ville de Fribourg a fêté ses vingt ans en 2020. Elle accueille les enfants pour les deux années de préprimaire (1H et 2H) et les six ans de primaire (3H à 8H). Rencontre avec Mme Martine Toffel Geinoz, l’actuelle directrice de l’école.Depuis la première rentrée scolaire en septembre 2000, plus de 270 élèves ont pris le chemin de l’École Saint-Nicolas. Au départ de cette initiative un groupe de parents. « Beaucoup de choses ont évolué, voire changé, et il ne faut jamais généraliser. Nous étions alors un groupe de parents et d’enseignants désireux de donner des bases scolaires solides et un enrichissement spirituel à nos enfants. Nous avions décidé d’être positifs, de construire plutôt que de critiquer et de juger », souligne Martine Toffel Geinoz.

L’école désire offrir une bonne structure autant intellectuelle que religieuse et morale aux enfants. Les professeurs enseignent toutes les bases du cursus primaire au moyen de méthodes structurées ayant fait leurs preuves. « Nous utilisons également de nouvelles méthodes correspondant à nos besoins, ceci toujours dans un esprit catholique. » Cependant, l’école accueille les enfants de toutes confessions. Une commission de bourses ad hoc permet aux familles qui en auraient besoin de recevoir une aide financière.

Une école catholique
Pour Mme Toffel Geinoz, enseigner dans une école catholique est davantage une manière d’être qu’une manière de faire. « Chacun a son style, si je peux me permettre. On me disait, quand j’ai fait mes études, qu’on enseigne plus ce qu’on est que ce qu’on sait. C’est une grande chance de pouvoir travailler en étant en accord avec sa foi et les valeurs qui nous sont chères et de pouvoir les transmettre au fil des heures et des journées, comme Monsieur Jourdain, en somme : sans même s’en rendre compte. »

La directrice de l’école a des souvenirs plein son cartable. « Les souvenirs, c’est un peu comme le bonheur : il y en a plutôt beaucoup de petits qu’un seul et grand. » Elle cite en vrac : « La première invitation de notre évêque à participer à la Fête-Dieu, plusieurs baptêmes, des anciens élèves qui viennent nous voir, ceux qui se présentent dans la rue et discutent…, les enfants arrivés chez nous avec de grandes difficultés scolaires, ou autres à qui nous avons pu redonner confiance et qui vont bien, les fêtes de fin d’année, si conviviales et joyeuses. »Plus de renseignements sur:
www.saint-nicolas.ch

Via Jacobi: Fribourg – Posieux

Cette année, la rubrique En marche vers évolue en marche Sur la Via Jacobi. Le mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà des sentiers battus, il regorge de curiosités. Une demi-étape est présentée chaque mois sous la forme d’une balade-découvertes réalisable sur la journée et accessible aux familles ainsi qu’aux randonneurs du dimanche.

Texte et photos par Pascal Ortelli

Départ depuis la gare de Fribourg, 2h15 aller simple, 8 km.

1. Sortez de la gare du côté du parking de bus souterrain puis empruntez sur la gauche le passage sous voie pour rejoindre l’avenue du midi ; bifurquez ensuite à droite, direction route de la Vignettaz.

2. Remontez les quartiers de Beaumont et admirez le domaine jésuite deNotre-Dame de la Route. https://www.domaine-ndr.ch/

3. Arrivé au bois de Belle-Croix, vous verrez sur un tronc un petit oratoire à la Vierge récemment restauré. Poursuivez pour rejoindre les quartiers résidentiels de Villars-sur-Glâne jusqu’à l’église paroissiale. De là, descendez à la gare et prenez à gauche direction Fribourg pour rejoindre après le rond-point un petit chemin forestier qui, le long d’un ruisseau, vous mènera au pont de Sainte-Apolline. https://sentiersdeleau.ch/fr/sentiers/tour-des-trois-rivieres/pont-de-sainte-apolline/

4. Traversez le pont historique et ne manquez pas de vous arrêter devant la petite chapelle avant d’attaquer la montée direction Froideville pour rejoindre le bois de Monterban.

5. Au sommet du bois, faites un petit détour pour contempler un vieux chêne pluri centenaire, revenez sur vos pas et prenez à droite en direction de la passerelle qui traverse la route. Vous êtes arrivés à Posieux.

6. De là, montez 100m et prenez sur la gauche pour rejoindre le centre en n’oubliant pas de vous arrêter à la chapelle du Sacré-Cœur et à l’auberge de la Croix-Blanche.

Pour le retour, si vous souhaitez faire une boucle, il est possible de rentrer par le circuit d’Hauterive et le sentier de l’eau.

  • Depuis, l’auberge de la Croix-Blanche, poursuivez le long de la route cantonale en direction de Corpataux. Au niveau de la station-service, quittez la Via Jacobi qui part à droite et empruntez, sur votre gauche, le chemin du Grabo.
  • Descendez aux prés d’en Bas et longez la Sarine jusqu’à l’Abbaye d’Hauterive. De là, regagnez leur ferme puis prenez à gauche le long de la Sarine, direction Marly. Ne manquez pas d’admirer les figurines sculptées par un moine sur les poteaux des barbelés
  • Après avoir longé l’usine électrique, poursuivez sur rive droite jusqu’au Port, lieu où la Glâne se jette dans la Sarine.
  • Remontez à l’entrée de Marly par les quartiers du Riedelet. De là, vous pouvez prendre le bus 1 pour rejoindre la gare de Fribourg.

Abbaye cistercienne d’Hauterive : https://www.abbaye-hauterive.ch/la-communaute

Circuit d’Hauterive : https://www.fribourgtourisme.ch/fr/V943/circuit-d-hauterive-via-la-tuffiere

Sentiers de l’eau : https://sentiersdeleau.ch/fr/

Curiosité: la chapelle du Sacré-Cœur

Construite en 1884, ce panthéon érigé à la gloire du parti conservateur fribourgeois rappelle un pan d’histoire politique moderne au temps où les affrontements avec les radicaux étaient légion.

https://saint-augustin.ch/blog/chapelle-du-sacr%C3%A9-c%C5%93ur-%C3%A0-posieux/

Coup de cœur

Une dégustation de bières artisanales à l’auberge de la Croix-Blanche.

https://www.brasserie-fribourg.com/

Je souhaite, j’espère…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), janvier 2021

Texte et photo par Jean-Christophe Crettenand 

« Appelés à l’espérance », tel est le titre de ce premier numéro de l’année. Au moment de rédiger cet édito qui est aussi l’occasion de vous souhaiter, à vous lecteurs et à vos proches, tout le meilleur pour 2021, je me demande bien que faire de cette espérance… Qu’espérer ? Que souhaiter ?

Evidemment, dans un contexte de fin d’année 2020, mon premier réflexe serait de dire tourner la page afin de découvrir un nouveau chapitre plus lumineux (j’allais écrire plus positif mais n’ai pas osé le faire…)

Puis, en prenant le temps de la réflexion, je me dis que cette coupure avec nos habitudes est là comme une sorte d’électrochoc. Un signal fort qu’il nous faut mettre à profit afin de ne pas retomber dans les « trains-trains » qui nous sont apparus, durant la première vague en particulier, comme plein de petits éléments que nous voulions changer…

Je souhaite à chacun de vivre les choses avec un regard neuf. Ce texte de l’Evangile qu’il me semble connaître par cœur, est-ce que j’en ai bien compris tous les mots, est-ce que j’en ai bien compris le sens, quelle est sa résonance « aujourd’hui », qu’est-ce qu’il peut m’apporter ? Idem pour les prières où là la sensation du par cœur est encore plus forte. Est-ce que je pense à ce que je dis ou est-ce que je récite à la manière d’une chanson en anglais dont je répète les sons sans me soucier du contenu ?

Voilà ce que je nous souhaite. Regardons les choses avec des yeux nouveaux, plein d’espérance… au risque d’y prendre goût.
Ma fille Léa (10 ans) m’a proposé de l’aide. Je lui ai donc demandé quels étaient ses vœux.
« Je vous souhaite du bonheur, de l’amour et de la joie et de rester positifs 1 dans les moments de joie comme dans les moments de peine. »

1 Elle a osé le « positif ». Bravo Léa !

Chrétiens d’Orient persécutés

Par François-Xavier Amherdt
Photo: Cath.ch Bernard Hallet
En ce mois abritant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (18-25 janvier) et le Dimanche de la Parole de Dieu (24 janvier), il est opportun d’accueillir la dernière béatitude chez Matthieu (5, 11-12) en nous associant aux chrétiens violentés d’Orient, de quelque confession qu’ils soient : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persé­cuté les prophètes qui vous ont précédés. » Et dire que c’est cette phrase que le pape François a choisie pour libeller le titre de son exhortation Gaudete et exsultate sur la sainteté au profit de toutes et tous !

D’une part, c’est là la forme ultime du témoignage commun, l’œcuménisme du sang, ainsi que le répète le cardinal suisse Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité. Lorsque les chrétiens sont chassés ou éliminés au nom de leur foi, leurs persécuteurs ne s’attachent pas à déterminer à quelle Eglise ceux-ci appartiennent. Le signe « N », repris par certains, signifie « Nazaréens » et désigne tous les disciples de Jésus de Nazareth.

D’autre part, cette ultime déclaration de bonheur n’est audible dans la bouche du Fils de l’homme que parce qu’il l’a vécue et accomplie lui-même. Il est allé au bout de l’amour et du don de soi, et c’est pour cela qu’il peut être déclaré « bienheureux ». De même, à son exemple, tant de prophètes, tant de martyrs au long des siècles qui ont offert leur vie, par imitation du Fils de Dieu.

Enfin, pour les chrétiens d’Orient qui, aujourd’hui encore, subissent le même sort que le Christ dont ils portent le nom, cette parole surprenante n’est acceptable que dans la mesure où leur situation les identifie à Jésus-Christ. Leur configuration baptismale trouve alors sa réalisation plénière et ultime. C’est par cette identification au Christ prêtre, prophète et roi que nous sommes appelés à devenir des saints, dans le martyr du quotidien, en profonde solidarité avec nos frères et sœurs orientaux. Fratelli tutti, tous frères et sœurs.

L’espérance chrétienne au Moyen Orient

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), janvier 2021

Texte et photos par Mgr Raphaël Traboulsi (Beyrouth, Liban)

Jésus est oriental
Jésus est oriental ! Il a vécu en Orient au sein d’une famille et parmi ses disciples ! Sur la terre bénite de l’Orient, sont nées les premières communautés chrétiennes et se sont réunis les Conciles de l’Eglise naissante 1. 

Chaldéens, Arméniens, Grecs, Maronites, Coptes, Syriaques, Assyriens… ils sont quelques millions à former une communauté dynamique, assoiffée de paix, de justice, de stabilité et de respect.

L’Eglise chaldéenne à laquelle j’appartiens, évangélisée par l’Apôtre saint Thomas et dont saints Addaï et Mari furent au service toute leur vie, était la plus nombreuse de tout le christianisme au Xe siècle, avec plus de 250 diocèses, dont quelques-uns au cœur même de la Chine 2.

L’Eglise d’Abraham

L’Eglise chaldéenne, héritière des grandes civilisations de Sumer, de Chaldée, de l’Assyrie et de Babylone, porte avec fierté la houlette du Patriarche Abraham d’Ur, père du monothéisme, et s’inscrit dans la lignée des descendants de celui qui fut l’auteur du premier texte législatif de Hammurabi. Mon Eglise est la seule à prendre racine hors de l’empire romain. Elle se retrouve sur les pages brillantes de la Sainte Bible, car de nombreux passages de l’Ecriture sacrée, tels les livres de la Genèse, d’Esther et de Tobie, ont été rédigés en Mésopotamie, qui comprenait alors l’Iran actuel.

Les conflits israélo-arabes, la guerre libanaise, celle du Golf, la guerre « contre le terrorisme », mise au point par Bush 3 et la guerre en Syrie, ont fait des chrétiens orientaux de vrais otages. Les chrétiens ont souvent servi de boucs émissaires et ont souffert de façon terrifiante.

Par ailleurs, certains villages détruits ont pu être reconstitués, surtout à Mossoul et dans quelques régions de la Syrie, mais avec la succession d’évènements malheureux, voire dramatiques, en particulier au Liban et à Bagdad ; beaucoup de chrétiens sont tiraillés entre la volonté de rester en Orient, tant est grand leur attachement à cette terre de la Révélation et du Salut, et celle de trouver un asile rassurant à l’étranger – notamment en Europe, au Canada et en Australie 4.

Pionniers du réveil chrétien

Les Chrétiens d’Orient, témoins de la Mort et de la Résurrection du Christ, disciples de l’Apôtre Thomas qui découvrit dans les Saintes Plaies le rayonnement de la vie terrassant les ténèbres, sont les pionniers du réveil chrétien dans le monde. Leur rôle nous le savons, fut considérable dans la vie intellectuelle de l’Europe 5 alors plongée dans la nuit obscure de l’ignorance scientifique. De nos jours, ils restaurent le Christianisme énormément détérioré en Europe et au Canada, en retransformant les édifices religieux en des lieux de culte et en répandant la morale chrétienne dans les sociétés déshumanisées.

Les chrétiens orientaux portent la croix, unique moyen du Salut. Pour cela, ils sont coutumiers des persécutions, mais à chaque fois ils se relèvent. Ils restent toujours le « sel de la terre » et la « lumière du monde ». Certes, les blessures des guerres, des massacres, des génocides, des discriminations et des humiliations, ne peuvent être guéries, mais il est évident que près de vingt siècles après Pierre et Paul, si le monde chrétien se réveille quelque part sur la planète, c’est sans doute grâce aux Orientaux qui indiquent le chemin du Salut à l’humanité en désarroi.

Il y a mille et une façons pour les chrétiens orientaux de se manifester, et les marques tangibles de l’espérance se font remarquer graduellement sous l’action de l’Esprit Saint ; il sait mieux que nous redonner à cette terre un sort meilleur, digne de ce qu’elle a apporté à l’humanité entière !

Signe de contradiction pour le monde

Si vous me permettez l’expression, le christianisme oriental est le signe de contradiction qui provoque la division des esprits et leur prise de position. Le message du Christ faisant rayonner à travers ses Plaies la gloire de la Résurrection, atteint avec l’apparition à Thomas (Jn. 20, 24-29) son point culminant.

Au Moyen-Orient actuel, les portes sont fermées. Le soir de la Résurrection, alors que « toutes les portes étant closes » (Jean 20, 19), dans le lieu occupé par les Apôtres, le paradoxe du corps glorifié du Christ devient manifeste : d’une part réalité matérielle, d’autre part immatérialité mystérieuse et triomphe inexplicable de la vie et de l’espérance… que n’affectent ni la vérité matérielle des circonstances douloureuses, ni les lois de la logique humaine, ni la consistance de la matière tangible.

Nous savons bien que l’épisode de l’apparition à Thomas rédigée dans la dernière dizaine d’années du premier siècle chrétien, renferme un témoignage fort touchant : le mystère de la présence agissante du Christ dans son Eglise, alors que toutes les portes sont closes – … Voir et toucher l’humanité réelle de Jésus, son humanité crucifiée mais ressuscitée – telle est l’admirable audace des chrétiens d’Orient.

Dans la mesure où nous touchons l’humanité crucifiée en Orient, l’espérance chrétienne se révèle à nous comme la vérité et le chemin à suivre. Les chrétiens d’Orient ne cessent de mettre la main dans le côté sanglant du Seigneur, souffrant et glorifié.

L’Orient martyrisé a « touché cette plaie par laquelle l’immense blessure du genre humain est guérie » – comme le chante si bien l’office du dimanche de Thomas dans la liturgie byzantine.

Cachés dans le cœur transpercé du Christ

Pour cela, comme je l’avais dit auparavant, l’Orient martyrisé est ainsi capable de rechristianiser le monde, puisque ses fidèles sont désormais cachés dans le cœur transpercé du Christ – émerveillés par le sourire serein du Seigneur crucifié tel que l’iconographie orientale le représente, en écartant le caractère trop tragique de sa mort – pour souligner davantage son rôle salvifique, sa dimension pascale, ce « dépassement » de la mort à la vie, des douleurs à l’enfantement !

Les blessures de notre humanité, nous pouvons les voir partout, immédiatement ou médiatiquement, et en être émus ou désespérés, mais un regard différent nous est offert dans l’expérience chrétienne au Moyen-Orient 6 : la force de l’espérance qui, au-delà des expériences concrètes, atteint le cœur du mystère de Pâques.

Un noyau dur de témoins

Si le Christ a proclamé son message de joie et d’espérance sur notre terre, il avait pris soin de former un noyau dur de témoins qui devaient transmettre sa doctrine exactement et intégralement en mettant en pratique ses divins préceptes salvifiques 7. Les chrétiens d’Orient, ces authentiques témoins oculaires (Lc 1, 2), serviteurs de la Parole et annonciateurs de l’Espérance, ont traversé les siècles et les continents ! 

Aux yeux de quelques lecteurs, ces propos paraîtront d’une audace excessive – tandis que la plupart de ceux qui connaissent l’histoire de l’Eglise et guettent d’un œil vif les successions des faits menés par la Providence, pourront puiser dans cet article sa ligne de conduite, à la fois libératrice et réconfortante !

Au cœur de Beyrouth

Au cœur du diocèse chaldéen de Beyrouth, auprès de 2500 familles iraquiennes réfugiées, profitant des services d’un centre médico-social dédié à Saint-Michel, d’un centre social N. Dame de la Divine Miséricorde et d’une école gratuite Saint-Thomas, cette vérité se manifeste explicitement. Sous le patronage de S.E. Mgr. Michel Kassarji, Evêque Chaldéen de Beyrouth, un contact quotidien avec le corps crucifié et glorifié du Christ prend lieu dans une atmosphère « sacrée », « pascale » qui ne réfute pas, si j’ose dire, le caractère « eucharistique » de la rencontre et qui témoigne de la joie du Troisième Jour !

En offrant à ces membres du Corps mystique du Sauveur les soins du Bon Samaritain et ceux de Nicomède et de Joseph d’Arimathie affrontant de nouveaux « Pilates » et d’innombrables membres d’un « Sanhédrin » perfide et plutôt démoniaque, nous ressentons la joie des femmes myrophores, qui n’avaient rien dit à personne (Marc 16, 8) parce qu’elles avaient compris l’incompréhensible !

Liban, éternel phénix

Entre l’espoir et l’espérance au Moyen-Orient, il y a le Liban !

Le Liban vient de célébrer le 1er septembre 2020, les cent ans de la création du « Grand Liban », bien qu’il soit rongé non seulement par les peines et les souffrances causées par l’explosion inimaginable du port de Beyrouth, mais également par l’instabilité politique et sa grave crise économique. « Durant ces cent ans, il a été un pays d’espoir » comme l’a bien dit le pape François, le 3 Septembre 2020, à l’occasion de la journée de prière et de jeûne à l’intention du Liban.  

Au Liban est attribuée l’image du phénix, l’oiseau légendaire, doué d’une grande longévité et caractérisé par son pouvoir de renaître après s’être consumé dans les flammes, symbolisant ainsi les cycles de mort et de résurrection. 

C’est un pays qui ne perd jamais l’espoir, qui sait se relever chaque fois qu’il tombe, qui refuse de jeter les armes, qui combat, car il est de « ceux qui ont peu et qui donnent tout. Ceux-ci ont foi dans la vie et dans la générosité de la vie, et leur coffre n’est jamais vide. » selon l’expression de Jibran Khalil Jibran, le grand penseur libanais.

Liban, symbole de foi libératrice

Le Liban, symbole de liberté, carrefour du dialogue interreligieux, modèle de cohabitation, de tolérance et de respect du pluralisme, est aussi un témoin vivant de l’espérance vécue. 

La véritable force de ce petit pays stigmatisé et mutilé, réside dans la foi inébranlable des Libanais, qui reflète celle de tous les chrétiens du Moyen-Orient aujourd’hui : « Une foi qui n’a fait que se renforcer à travers les épreuves de l’Histoire, une foi solide, granitique, pour laquelle beaucoup ont versé leur sang et beaucoup le versent encore, une foi simple et forte, qui ne craint pas de s’affirmer et de se dire, sans éclat et sans violence, une foi qui se transmet de génération en génération avec fierté à travers les prières quotidiennes. »8  

Je voudrais terminer ce texte par les paroles éclairantes de feu P.  Jean Corbon, grand ami du Liban. Puissent ses paroles illuminer les âmes angoissées, confrontées sans cesse au « mystère d’iniquité », afin que rayonne pour tout le monde la lumière de l’Orient Ressuscité !

« En ces années noires où la plupart des visages sont assombris pour des raisons très valables, aimer consisterait à sourire. Ni béatement, ni parce que nous nous sentons bien… ce qui n’est pas de l’amour. 

Mais sourire gratuitement, même si je suis soucieux ou accablé, c’est plus simple et profond que des paroles plus ou moins réconfortantes. 

Soyons transparents à la lumière du Christ qui nous habite et nous pourrons être souriants… »9 

1 Jean-Michel Billioud, Les Chrétiens d’Orient en France, éd. Le Sarment / Fayard, Paris, 1997.
2 Mgr. Michel Kassarji, Le Nomocanon de l’Eglise Chaldéenne selon Elie de Damas (Elia Al Gawhari), édition critique traduction et commentaire, Publications Université La Sagesse, Beyrouth, 2017.
3 Suha Rassam, Christianity in Iraq, New edition, Gracewing, 2010.
4 Jean- Michel Cadiot, Les Chrétiens d’Orient, vitalité, souffrance, avenir, éd. Salvator, Paris, 2010.
5 « … A notre avis, cela nous aide à mieux comprendre l’importance des cadres intellectuels des chrétiens ; leur culture scientifique, leurs aptitudes et expériences administratives, grâce auxquelles ils étaient devenus les initiateurs dans tous les domaines : philosophique, littéraire, canonique… » (cf. Mgr. Michel Kassarji, Le Nomocanon de l’Eglise Chaldéenne selon Elie de Damas (Elia Al Gawhari), édition critique traduction et commentaire, Publications Université La Sagesse, Beyrouth, 2017.)
6 Pape Benoît XVI, Exhortation Apostolique Ecclesia in Medio Oriente, 14 Septembre 2012.
7 Pape Saint Jean Paul II, Exhortation Apostolique Une Espérance Nouvelle pour le Liban, 10 Mai 1997.
8 Mgr. Pascal Gollnisch, Prier avec les Chrétiens d’Orient, site de l’œuvre d’orient
9 P. Jean Corbon, Cela s’appelle l’aurore, éd. des Béatitudes, Burtin, 2004. 

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