OpenSky,le pari fou est lancé

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), avril 2021

Chaque deux ans, le festival OpenSky rassemble, en temps normal, plus de mille trois cents jeunes de toute la Suisse romande sur un week-end à Fully pour prier, danser, chanter et louer Dieu.

Cette année, le festival aura bien lieu. Mais différemment.

PAR YVES CRETTAZ

Infos et inscriptions

sur www.opensky-fully.ch

 

Dans l’édition du mois de mars, on vous rapportait un interview de Pauline et Aurélie, deux sœurs croyantes, pratiquantes mais aussi récentes finalistes de la mythique émission Pékin Express sur M6. Elles devaient être les grandes invitées du festival OpenSky les 19 et 20 mars à Fully pour témoigner de leur parcours sur la chaîne française et de leur foi devant plus d’un millier de jeunes. Malheureusement, coronavirus oblige, elles n’ont pas pu se rendre dans le Bas-Valais.

Aujourd’hui, à la lecture de cet article, on peut donc en déduire que le festival OpenSky a été tout simplement annulé. Eh bien, non, détrompez-vous : le festival s’est réinventé et se passe actuellement, en mode corona-compatible bien évidemment. Les organisateurs ont décidé de maintenir cette quatrième édition dans un but d’évangélisation.

Se déroulant du 19 mars (jour de la Saint-­Joseph) au 23 mai (jour de la Pentecôte), la manifestation s’organise en présentiel à travers tout le Valais francophone.

Plus d’une vingtaine d’activités sur inscriptions et gratuites sont proposées, principalement réparties sur les week-ends. Les jeunes Valaisans (entre 16 et 30 ans) peuvent donc vivre différents temps d’adoration, de veillées, de célébrations, de témoignages, d’ateliers, mais également de formations.

En ce qui concerne la programmation, toutes les dates ne sont pas encore sorties mais on peut déjà vous confirmer la présence des deux sœurs lilloises Pauline et Aurélie. De plus, le groupe de pop louange français Be Witness sera également de la partie pour animer différents ateliers et célébrations, tout comme l’évêque suisse des jeunes, Alain de Raemy, qui revient pour célébrer une grande messe des jeunes. Plusieurs autres invités, principalement de la région, seront présents pour animer cette quatrième édition répartie sur plus de soixante-cinq jours.

Comme aiment bien dire les organisateurs, cette manifestation est « une porte d’entrée à la foi » pour permettre de montrer à chacun-e que la foi catholique sait aussi être jeune et dynamique. Cette année encore, malgré la pandémie et l’organisation différente, le comité a réussi le pari fou de faire vivre la foi aux jeunes dans un esprit jeune et solidaire… et en présentiel !

 

Il n’y a pas de mort

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), avril 2021

LE BILLET DE PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL | PHOTO : DR

Je viens de visionner le Temps présent consacré aux expériences de mort imminente (EMI). Les scientifiques s’intéressent à ce phénomène vécu par tant de personnes, de provenances si différentes, mais qui concordent en parlant d’une sortie du corps, d’une lumière étincelante mais pas éblouissante, d’un sentiment de profond bien-être, d’une sortie du temps (puisque certaines voient défiler toute leur vie), de proches qui les accueillent, etc. Les études montrent qu’environ 4% de la population ont vécu une EMI ; peut-être l’avez-vous vécue vous-même, ou du moins connaissez-vous une personne qui est passée par là. Une paroissienne m’a raconté qu’elle s’était vu partir ; elle se sentait si bien. Puis, elle a entendu ses enfants pleurer, et pour eux, elle est revenue. Cela m’avait bouleversé.

Un « experiencer » proche de Genève, Jean-Paul Duc, auteur d’Entre la vie et la mort, mon cœur balance, témoignait : « Avant, j’avais une peur abominable de la mort. Aujourd’hui, cette peur a disparu. Complètement. Avez-vous peur d’un ciel bleu ? Si quelqu’un a peur de la mort, qu’il sache au moins que c’est inutile : il n’y a pas de mort. Quand vous la verrez, vous comprendrez. »

Est-ce que cela ne rejoint pas profondément notre foi en la Résurrection, que nous fêtons en ce début du mois d’avril ? La mort n’est pas le dernier chapitre de notre vie, mais un passage, une pâque vers la vie qui nous attend.

C’est justement ce que m’a dit un confrère, à qui j’ai rendu visite aujourd’hui à l’hôpital, peut-être pour la dernière fois : « Pascal, maintenant je vais consacrer les dernières forces qui me restent pour me préparer à ce passage qui m’attend. » Alors qu’il insistait sur ce mot de passage, son regard s’illuminait.

Bonne fête de Pâques, dans la joie du Ressuscité… orientés avec confiance et sérénité vers notre propre pâque !

 

Le chanoine Bernard Gabioud

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), avril 2021

En ce début d’année 2021, les paroisses d’Entremont accueillent un nouveau desservant,
le chanoine Bernard Gabioud qui a rejoint officiellement la communauté occupant la cure d’Orsières. C’est l’occasion rêvée d’une rencontre. Celle-ci se déroule dans la grande salle
de la cure, si belle avec son plafond voûté et si chaleureuse avec sa cheminée dans laquelle
le feu crépite. Un moment privilégié qui favorise les confidences…

PAR MICHEL ABBET | PHOTOS : BERNARD GABIOUD

Bernard Gabioud : venir habiter

à Orsières, c’est un retour aux sources ?

C’est un lieu chargé de vie pour ma famille : mes parents ont vécu leur jeunesse dans cette commune, un chalet à Commeire a d’ailleurs maintenu et développé des liens forts entre notre « tribu » et cette région.

La famille a une grande importance

pour vous ?

Oh oui ! Je suis l’aîné d’une fratrie de dix enfants. Donc j’ai appris très jeune ce que voulait dire vivre en communauté, se frotter aux personnalités et aux caractères différents. Et surtout s’aimer très fort, au point d’être un peu malheureux quand l’autre était absent ! Ce qui n’empêchait pas une dispute sitôt que l’on se retrouvait…

Un prélude à la vie religieuse ?

Il y a quelques similitudes. Dans une famille comme dans une communauté, on ne se choisit pas, on s’accueille, avec ses qualités, ses défauts, ses capacités ou ses incapacités… On apprend à mettre son ego au deuxième plan, ce n’est pas un mal.

Votre vocation ?

Le premier souvenir marquant me vient de mes 11 ans, lorsque j’étais seul à travailler aux champs, suite à une dispute avec mon frère qui nous avait valu une punition paternelle. J’étais en rage contre mon frère, quand, soudain, une grande paix m’a envahi au moment où j’ai ressenti le désir de devenir prêtre… sans savoir très bien ce que cela signifiait. Le soir, je me suis confié à ma maman, qui a « accueilli » cette nouvelle un peu à la manière de Marie : tout en douceur !

Devenir prêtre, (il a été ordonné en 1970)

c’est donc l’aboutissement d’un long

cheminement ?

Cela signifierait qu’on aurait atteint un sommet… Oh non, le cheminement continue, c’est l’œuvre de toute une vie. En fait chacune de nos vies demande de « cheminer » pour parvenir à l’aboutissement qui ne viendra qu’en bout de course…

En plus de la vie religieuse, vous avez

un amour fort pour la montagne,

ce qui vous a poussé à devenir guide.

Je dirais que le métier de guide m’a appris à être prêtre au milieu et au service de mes frères et sœurs… Oui, la montagne a eu une énorme importance dans mon existence… A travers elle, j’ai pu vivre pleinement ma vie de prêtre et de religieux

Comment ?

J’avais besoin de ces espaces silencieux pour ressentir pleinement ma vocation. Gravir une montagne à deux ou trois, atteindre un sommet, ce n’est pas anodin. On « rentre » ensuite transformé, riche d’une expérience nouvelle.

L’idée d’un exploit vous a titillé ?

Une première par exemple…

L’exploit pour être connu ou reconnu ne m’a jamais tenté. Mais la montagne a fait éclore en moi le désir… du désert, cet endroit dépouillé de tout, espace de solitude et de conditions extrêmes qui annihile vanité et superficialité pour permettre la rencontre avec son Seigneur en vérité !

Le désert ?

Oui. J’ai été marqué par une personne : Charles de Foucauld que j’ai eu l’occasion de « connaître » en préparant et prêchant une retraite à des petites sœurs de Jésus, au début de mon ministère. Son regard m’a frappé et interpellé. Dans ses yeux, il me semblait pouvoir lire une Présence immense et fascinante… D’où cette envie irrésistible d’aller au désert, pour rejoindre cette Présence en moi et mieux me connaître.

Qu’est-ce que cela signifie

« se connaître » ?

Vaste question… C’est aller chercher au plus profond de soi-même pour trouver son essence. Etty Hillesum dit cela beaucoup mieux que moi.

Etty Hillesum ?

Une personnalité incroyable, juive hollandaise qui a tenu un journal intime de 1941 à 1943, année de sa mort dans le camp d’Auschwitz. Sa relation intime avec Dieu, dans les conditions atroces qui étaient les siennes lors de la guerre, est pour moi une source inépuisable d’émerveillement. Voici un court passage qui pourrait nous éclairer : « Il y a en moi un puits très profond. Et dans ce puits, il y a Dieu. Parfois, je parviens à l’atteindre. Mais plus souvent, des pierres et des gravats obstruent ce puits et Dieu est enseveli. Alors il faut le remettre au jour. » Ces mots sont une invitation pour chacun à quitter la superficialité pour faire silence afin de trouver ou retrouver l’« être » qui est relation avec Dieu.

Une dernière confidence…

Quel sera votre ministère ici ?

J’ai passé le temps d’agir, d’ailleurs mes forces actuelles ne me le permettent plus. Je ne désire plus « faire », mais « être ». Alors, je serai « avec » les paroissiens d’Entremont comme Jésus est « avec » nous, dans un ministère de compassion.

 

Catéchuménat

Catéchu… Quoi ?

 

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), avril 2021

 

PAR LYLIAN SEPPEY | PHOTOS : JHS

Et les plus jeunes ?

Les enfants en âge de scolarité ont également un parcours de catéchuménat avec les différentes étapes liturgiques. Dans nos paroisses, trois enfants l’ont suivi cette année : Bastien, Christophe et Kelly.

Belle route à eux !

Voici à quoi nous avons souvent droit quand nous disons ce mot «catéchumène» !

Il est vrai qu’il n’est pas courant de l’entendre et pourtant, ce mot définit toute personne « qui accepte en toute liberté de suivre le Christ et d’être initiée à la vie chrétienne par les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie ».

Ce temps de « catéchuménat » (faire retentir aux oreilles) indique le temps où la Parole de Dieu résonne dans le cœur des jeunes et des adultes en route vers un des trois sacrements de l’initiation. C’est une expérience de conversion.

Cette année, dans notre décanat, Viviane s’est mise en route vers le baptême tandis que Lucie, Patrick, Raquel et Joao se sont mis en route vers la confirmation.

Plusieurs étapes marquent leur chemin et nous, « chrétiens confirmés », sommes invités à les accompagner et à revivre pour nous-même cette catéchèse du berceau de la foi, par la fréquentation de la Parole de Dieu, la conversion de vie, l’entrée dans une vie liturgique et dans la prière de l’Eglise.

Avec Viviane, depuis cet automne, nous avons pu célébrer l’entrée en catéchuménat et l’appel décisif, ce dernier marque l’importance d’être appelé par l’Eglise, par l’évêque, à dire son « oui » définitif aux sacrements de Pâques après en avoir été jugé apte.

Durant le Carême, ultime étape, nous avons célébré les trois « scrutins » qui ont pour but de purifier les cœurs et les intelligences, de fortifier contre les tentations, de convertir les intentions, de stimuler les volontés, afin que les catéchumènes s’attachent plus profondément au Christ et poursuivent leur effort pour aimer Dieu.

Pendant ce temps, qui se vit au fil des trois derniers dimanches durant lesquels nous entendrons les évangiles de la Samaritaine (l’Eau vive) de l’Aveugle-né (la Lumière) et de Lazare (la Résurrection et la Vie), les catéchumènes seront appelés electi (ceux qui sont choisis, élus), illuminandi (ceux qui marchent vers la Lumière de la foi), competentes (ceux qu’habite un profond désir de recevoir les sacrements). Nous célébrerons les traditions du Notre Père et du Credo.

Avec Lucie, Patrick, Raquel et Joao nous avons pu vivre la « mémoire du baptême » afin de nous souvenir aussi du nôtre. Nous avons aussi redit le Notre Père et le Credo afin de professer la foi de l’Eglise puisqu’ils font partie de la « traditio » (transmettre) et du « Credo » (croire, tenir pour vrai, avoir confiance). Ils recevront tous trois l’Esprit Saint par ces mots : « Sois marqué de l’Esprit Saint le don de Dieu » dans le sacrement de « Confirmation » et deviendront de réels témoins de la mort et de la résurrection du Christ dans la foi et la charité au mois de mai prochain.

Que cette Montée vers Pâques soit pour eux et pour nous une montée vers la Vie ! Que notre prière les accompagne !

 

La douleur transcendée

Nuria Wipfli-Parrot est une jeune femme d’origine espagnole. Je l’ai remarquée en raison d’un rayon de lumière qui a traversé son visage au moment où je l’ai aperçue… Si un jour vous vous retrouvez sur la place Centrale à Martigny et que vous remarquez la présence d’une personne au large sourire, sur sa chaise roulante avec des lunettes rondes, accompagnée d’un grand chien blanc : c’est Nuria !

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Des rites « à la carte » ?

Il n’est pas rare d’entendre un ancien dire, avec un brin de nostalgie : « Tout a changé. » Le changement a sans doute toujours existé, mais il est aujourd’hui plus perceptible par le fait que tout est accéléré. Parfois, nous pouvons regretter certains aspects de la vie passée et parfois nous réjouir de progrès.

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Tobit: enterrer les morts

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR

Déporté à Ninive en Assyrie, le Galiléen Tobit, père de Tobie le héros du livre qui porte son nom, se fait un point d’honneur de « récupérer » les corps de ses compatriotes exilés et tués pour les enterrer, selon les rites de leurs pères. En effet, le roi assyrien Sennakérib, de retour de Judée où il n’avait pas remporté le succès militaire escompté, entreprit de se venger en exécutant un grand nombre d’Israélites qu’il faisait ensuite jeter par-dessus les remparts de Ninive. Avant que le souverain ne pût retrouver les corps, Tobit s’empressait de les dérober pour les ensevelir.

Cette pratique de « fossoyeur clandestin », dénoncée au monarque par un Ninivite, lui valut ensuite d’être dépossédé de ses biens et le contraignit à la fuite. Mais il put revenir dans la cité assyrienne après le décès du tyran, grâce à l’intercession de son neveu Ahikar, maintenu comme échanson, garde du sceau, administrateur et maître des comptes par Asarhaddone, le fils de Sennakérib (Tobie 1, 15-22).

La fidélité de Tobit à l’Alliance se traduisait donc par l’accomplissement de démarches concrètes mettant en pratique les commandements. A côté de la sépulture procurée aux morts, il exerçait
en effet également l’aumône, remontait à Jérusalem en pèlerinage et s’acquittait de la dîme (Tobie 1, 3-9). Eloigné de sa terre et de son peuple, Tobit se maintenait donc dans « le chemin de la vérité » (1, 3) par la mise en œuvre des prescriptions prévues par la Loi, celles-ci pouvant être accomplies dans n’importe quel contexte, même en exil.

C’est tout l’enjeu de la réalisation et de l’évolution des rites. Rester attaché à ceux issus de la Tradition permet de conserver un sentiment d’appartenance et de communion : cela donne une identité, structure la foi, facilite l’expression extérieure des convictions et sentiments intérieurs. Mais en même temps, il convient de savoir les adapter aux cadres nouveaux auxquels nous sommes confrontés à chaque époque, afin que les formes renouvelées mises en place correspondent à l’esprit fondamental des rituels. Et ainsi procurer une sépulture digne a constitué dans la Tradition chrétienne issue de l’Ecriture l’une des « sept œuvres de miséricorde corporelle », quelle que soit la forme qu’elle ait prise
au long des siècles.

 

Rites à la carte

On pourrait presque polémiquer : vu le nombre important de baptêmes, mariages, confirmations célébrés pour des non-« pratiquants réguliers », ne brade-t-on pas un peu vite ces sacrements ? Essai de réponse.

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTOS : CIRIC, DR

« Dans notre famille, explique Emma, on est tous baptisés, alors c’est important que je le sois aussi. » Les motifs qui acheminent ces jeunes adultes au secrétariat d’une cure sont divers. Et il convient d’y répondre, car l’Eglise est un service, quitte à surprendre : « Quoi, six mois de préparation ? Mais on veut juste se marier, nous ! », s’exclame Mario lorsqu’on lui explique le programme…

Sens d’un sacrement

Aux questions : « Croyez-vous en Dieu ? L’évangile vous inspire-t-il ? Priez-vous ? », les réponses sont souvent vagues : « Je crois mais je ne pratique pas… Je suis croyant, mais l’Eglise, vous savez… ». Du coup, la notion que par un sacrement « le chrétien participe au sacerdoce du Christ et fait partie de l’Eglise » 1 est un peu chahutée car souvent, baptiser, communier ou confirmer est vécu comme un « happening » sans lendemain, voire un trophée de fin de course…

Rigueur par cohérence

Comment réagir ? « La grande majorité des mariages sont nuls », avait déclaré le pape François lui-même (2016), précisant que les fiancés « ont la bonne volonté mais pas la conscience » de ce qu’ils demandent. Alors pourquoi n’osons-nous pas dire non, non par « eugénisme religieux » mais par cohérence tout simplement ? « Ah oui, la Bible, ce gros livre… Non, je ne l’ai pas lue, pourquoi, c’est intéressant ? », m’avait dit un fiancé en toute candeur…

Qui prépare aux sacrements est souvent confronté à un paradoxe : le leitmotiv de ces dernières décennies (« les églises se vident… »), vérifié certes en partie si l’on s’en tient au lieu traditionnel de célébration qui est l’église paroissiale, est contredit par les nouveaux « lieux de pratique », parfois surpeuplés, que sont les chemins de pèlerinages, les monastères, les JMJ, les communautés nouvelles, les mille et une formes de solidarités humaines – pour ne parler que du catholicisme contemporain.

Accueil, d’abord !

« La seule vraie raison, c’est Dieu qui
les attire », répond Fabienne Gapany,
formatrice en catéchèse et coordinatrice du catéchuménat sur Vaud, « tout simplement Dieu toujours déjà là, comme disait Zundel ».

La demande d’un sacrement a toujours une issue concrète : mariage prochain, devenir marraine/parrain, curiosité, recherche de sens… ; elle est une première réponse à cet appel de Dieu, « bien avant que les « demandeurs » ne prennent conscience de leur désir », précise Fabienne Gapany. « J’essaie d’être bien à l’écoute pour comprendre ce qui motive les demandes, explique Elvio Cingolani, curé modérateur de l’UP Plateau, Genève. « Il y en a une multitude: grands-parents, traditions, visions magiques… Mais Jésus n’a-t il pas commencé avec les personnes là où elles en étaient dans leur vie ? » demande-t-il.

L’importance d’un accueil sans préjugé – « positif et bienveillant », aime à dire Elvio Cingolani – permet d’entamer un dialogue, une rencontre, un échange. Les gens sont dès lors mis en route : « Ils découvrent peu à peu que leur demande est arrivée à un moment où ils sont prêts à se laisser conduire par Dieu », témoigne Fabienne Gapany. Une naissance, une déclaration d’amour, un décès sont des temps forts de la vie qui immanquablement chamboulent les personnes, corps et esprit ! Les accompagner vers un sacrement leur permet d’apprendre « à relire leur vie avec Dieu, découvrant comment il les accompagne depuis toujours ».

Accompagner

Comment comprendre la notion d’agrégation au Corps ecclésial que le sacrement implique : vaine, si aucune suite n’est donnée ? « Non, rétorque Fabienne Gapany, ce serait considérer le sacrement sous un jour « utilitaire ». Le sacrement, c’est un don purement gratuit. Dieu se débrouille avec les personnes qu’il choisit pour vivre les sacrements ; s’il veut les envoyer à la messe, il les envoie à la messe. »

Se préparer à un sacrement peut être vécu selon le schéma d’une « conversion paulinienne » 2 : un « temps fort » (demande en mariage, naissance, etc.) qui nécessite un accompagnement pour être vu à la lumière de Dieu… « Grâce à l’abbé Marc 3, puis à vous, j’ai apaisé ma peur de ne pas savoir beaucoup de choses lors de ma demande de baptême… Mais j’ai une telle foi, vous savez, et j’adore organiser les Repas solidaires ! », confiait Marie-Ange, 37 ans, baptisée le 30 janvier dernier dans la paroisse Saint-Joseph à Genève. « Mon cœur est ardent, mais vous m’avez nourri l’esprit ! » Accompagner signifie bien « aller manger le pain ensemble » 4 en prenant la cadence de l’autre. « Si les baptisés (confirmés, « eucharistiés ») viennent à la messe et fréquentent leur paroisse (ou un groupe de jeunes, ou une aumônerie, ou je ne sais quoi), tant mieux, renchérit Fabienne Gapany. Mais j’ose espérer que la vie chrétienne et ce que les sacrements nourrissent « débordent » largement la messe ».

Besoin de rites

« En général je pense que nous ne devrions pas commencer par imposer nos conceptions toutes faites, mais partir de la pauvre réalité pour tendre vers plus haut, conseille Elvio Cingolani. Et à partir de là, j’ »évangélise ». Et tant pis si je dois adapter les rites officiels. » Ajuster pour se faire comprendre : « Oui, notre langage peut paraître étrange, partage l’abbé Philippe Matthey, curé modérateur des Rives de l’Arve et engagé dans la pastorale du mariage à Genève depuis 20 ans, mais ils sont curieux, « preneurs » même, alors qu’il fut un temps où l’étrange était à bannir. » Et Philippe Matthey de conclure : « Leur demande d’un mariage à l’église ou de la confirmation réveille souvent quelque chose dans leur conscience : leur bonheur est d’une façon ou d’une autre lié à Dieu. »

Une vérité de foi universelle : « Pour les personnes souffrant de toute sorte de précarités, explique Inès Calstas, responsable de la Pastorale des milieux ouverts sur Genève, les sacrements, ces gestes visibles et concrets, sont très importants : malgré l’exclusion sociale qu’elles vivent au quotidien, par notamment la célébration de leurs sacrements, elles appartiennent à la communauté humaine… » Et de conclure : « La foi qu’ils vivent en cachette peut être partagée, ils sont reconnus fils et filles de Dieu. »

Cheminer

Dès lors, à la suite d’une demande « simple » d’un baptême ou d’un mariage, selon l’accueil et la préparation, il s’ensuit parfois des questionnements, de nouvelles rencontres, voire une envie d’approfondir sa foi : « Les sacrements nous ouvrent les yeux sur l’invisible et nous révèlent la vérité des choses », conclut Fabienne Gapany. Comme pour les disciples d’Emmaüs en somme…

1 Catéchisme de l’Eglise catholique, article 1121.

2 Ananie accueille Paul, aveuglé sur le chemin de Damas, chez lui ; il reverra au bout de trois jours… cf. Ac 9.

3 Il s’agit de l’abbé Marc Passera, décédé en mars 2020, accompagnateur du catéchuménat
à Genève pendant de nombreuses années.

4 Etymologie de « ad cum panis », accompagner.

 

Une Maison pour la Diaconie et la Solidarité

Ouverte à Sion il y a déjà plus d’un an, la Maison de la Diaconie et de la Solidarité 1 est portée conjointement par le Diocèse et l’Eglise réformée. Grâce au soutien de la Fondation Casa Juan Diego 2 , ce lieu qui grouille de vie est entièrement voué au service des plus vulnérables d’entre nous.

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La joie de marcher avec les réfugiés

Formée en travail social, Clotilde Perraudin partage son activité professionnelle entre
plusieurs institutions : responsable de la halte-jeux pour la Fondation Trait d’Union, elle
est aussi engagée en pastorale de rue dans la Riviera vaudoise et, depuis quelques années,
à la paroisse de Martigny. Chargée des « mercredis » du Foyer Abraham, Clotilde s’engage pour créer du lien et favoriser la rencontre avec les réfugiés…

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Un pasteur « Bleu Ciel »

TEXTE ET PHOTOS

PAR MYRIAM BETTENS

La Maison Bleu Ciel est un espace de spiritualité chrétienne ouvert aux «chercheurs spirituels» de toutes provenances. Actuellement au centre de Genève, elle se définit comme un rassemblement de personnes qui cheminent ensemble et partagent des démarches d’approfondissement spirituel, dans la joie de l’échange.

Rejoindre les « distanciés » des églises

« Les difficultés de vie m’ont amené à tout remettre en question. C’est au cours de ces crises que j’ai découvert des chemins et des personnes qui font partie de cet univers des chercheurs spirituels. Mon expérience nourrie de ces rencontres a donné la Maison Bleu Ciel », raconte Nils Phildius, pasteur de l’Eglise protestante de Genève (EPG) et responsable de la Maison Bleu Ciel. Initialement situé dans la maison de paroisse aux volets bleu ciel du Grand-Lancy, l’espace de spiritualité fondé en 2016 s’est aujourd’hui déplacé dans les locaux du Temple de Plainpalais. « Environ deux-tiers des participants aux activités de la Maison se distancient des églises institutionnelles ou n’ont aucune attache avec elles », détaille le pasteur. Il note aussi que de nombreux catholiques participent aux formations ou même à « l’Heure Bleu Ciel », une célébration religieuse chrétienne proposée une fois par mois.

A la jonction de deux mondes

« L’intensité de la recherche spirituelle des participants me frappe particulièrement. Ils vivent cette quête de bonheur et d’unité intérieure comme si leur vie en dépendait », relate encore Nils Phildius. Même si les attentes sont élevées, la tâche ne l’effraie pas. En toute humilité, il révèle que sa mission consiste avant tout « à chercher avec eux ». Pour ce faire, la Maison Bleu Ciel propose différents parcours à la jonction entre le monde séculier et la foi chrétienne. « Nous offrons des activités en lien avec la méditation, le théâtre, la créativité ou le travail corporel. Notre spécificité réside dans le fait de réunir ces propositions séculières avec la foi chrétienne et finalement c’est cela que les gens viennent chercher. »

En librairie – avril 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Choisis la Vie !
Timothy Radcliffe

A propos de la pandémie du Covid, le philosophe André Comte-Sponville s’est écrié : « Ne sacrifiez pas l’amour de la vie à la peur de la mort ! » Par ce livre-confession, le frère dominicain Timothy Radcliffe rappelle que le chrétien doit témoigner et être du côté de la vie. Dans un monde où l’on parle d’aide au suicide, d’euthanasie et d’avortement, nous sommes invités à choisir la vie. « Je mets devant vous la vie et la mort : choisissez la vie », demande Dieu. « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et l’aient en abondance », répond Jésus.

Editions Cerf

Acheter pour 34.00 CHF

Entre tradition et décision
Sophie Tremblay

Un jeune couple doit décider de faire baptiser ou pas son enfant. Entre les parents, au bagage religieux différent, s’engage un dialogue sur la nature de la foi chrétienne qui s’étend peu à peu à leurs proches aux itinéraires spirituels tout aussi variés. A partir de cette mise en scène inspirée d’histoires vraies, et qui vise à demeurer au plus près de l’expérience, Sophie Tremblay développe sa réflexion sur la transmission de la foi dans une société plurielle et laïcisée. Ce livre qui jette des ponts entre tradition et modernité pose des bases solides pour repenser l’initiation chrétienne dans le contexte actuel.

Editions Médiaspaul

Acheter pour 30.20 CHF

L’Esprit renouvelle tout
Nathalie Becquart

A partir de sa riche expérience pastorale auprès des jeunes, Sœur Nathalie Becquart, nouvelle sous-secrétaire du synode des évêques, propose avec ce livre un véritable GPS, capable d’orienter une pastorale qui leur soit adaptée.

L’auteur donne également des exemples concrets et des conseils pratiques. Ces pages aideront ceux qui, dans l’Eglise, souhaitent accompagner les jeunes vers un renouveau, en lien avec leurs cultures et leurs nouveaux langages, dans un réel esprit de coresponsabilité. 

Editions Salvator

Acheter pour 27.60 CHF

Saint Irénée de Lyon
Etienne Piquet-Gauthier – Pascal Vitte

Après la mort de Jésus, les apôtres décident d’aller répandre la Bonne Nouvelle dans bien des pays, dont la Grèce. Touché par le message du Christ, Irénée, un érudit du IIe siècle, va partir jusqu’en Gaule. Porté par son zèle missionnaire, il souhaite encourager les chrétiens à entretenir une unité. Il deviendra par la suite évêque de Lyon. Le IIe et le XXIe siècle connaissent la tentation de la pensée scientifique qui en fait un absolu au mépris de la foi du simple croyant. Pétri de la Parole de Dieu, Irénée fait partie de ceux qui combattent l’erreur non par la sentence de la condamnation mais par la raison et la foi. Cette bande dessinée nous en dépeint les contours.

Editions Signe

Acheter pour 28.80 CHF

Pour commander

Parrain et marraine, pour quoi faire ?

La mission de parrain ou marraine dans l’Eglise catholique est plus qu’une reconnaissance affectueuse, elle est aussi un engagement.

PAR BÉNÉDICTE DROUIN-JOLLÈS

PHOTO : CIRIC

Le jour où l’on vous a demandé d’être parrain ou marraine, sans doute avez-vous été flatté si vous avez accepté. Mais honnêtement, une fois la cérémonie de baptême passée, qu’est-ce que cela a changé mis à part le fait que vous ayez rajouté un nom sur la liste des destinataires de vos cadeaux de Noël ? Parrains et marraines ont plus ou moins de bonne conscience vis-à-vis de leur filleul, friand d’une relation privilégiée qu’ils tentent d’inventer. Pour le croyant, cette mission n’est pas banale.

« Pour qu’une complicité grandisse avec chacun de mes filleuls, je les ai beaucoup vus petits, je me sens un peu comme leur ange gardien, explique Rose, dynamique célibataire, deux fois marraine. Je veux les choyer et aussi les aider à regarder le Ciel. » Pour elle, répondre positivement aux questions du prêtre qui s’apprête à baptiser, c’est s’engager pour aider les parents à éduquer chrétiennement leur enfant. Aussi, en plus des cadeaux qui lui parlent, elle essaie de poser des petits gestes qui l’éveilleront à la présence de Dieu. « C’est tout simple, par exemple visiter une église pendant une balade en vacances, y allumer une bougie signe d’une prière commune, ou encore offrir un crucifix pour une première communion et pas simplement une montre », témoigne-t-elle.

Jamais trop tard pour accomplir ce « job » de parrain ou de marraine, en particulier grâce à la prière. « Tous les jours, je confie mes enfants et mon filleul », reconnaît Jean, conscient qu’il n’est pas facile pour un jeune
d’intégrer les valeurs chrétiennes. « J’ai eu la chance d’avoir une
marraine débordante de bonté, de malice et de foi, je m’en inspire, c’est grâce à elle que j’ai gardé un contact avec l’Eglise. J’essaie de poursuivre cette chaîne d’amour et de foi. »

Christ glorieux…

… cimetière de Massongex (Valais)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Représenter un Christ glorieux dans un cimetière peut surprendre. On serait tenté de dire que ce n’est ni le lieu ni le moment pour un cours de théologie et qu’on préférerait un Christ qui pleure avec ceux qui pleurent. Et pourtant…

La résurrection, aussi éclatante que Madeline Diener ait pu la représenter, implique nécessairement la mort. Contempler le Christ écarter les portes de la mort, c’est contempler un témoignage de ce « jusqu’au bout » de l’amour de Dieu.

Si le Christ peut repousser les portes de la mort, c’est parce qu’il s’y est rendu. Il n’a pas reculé devant la souffrance et le sentiment de solitude.

Nous l’avons tous déjà entendu : depuis la mort et la résurrection du Christ, nous ne sommes plus jamais seuls. Notre Dieu s’est fait homme pour habiter chacune de nos expériences et nous rejoindre dans chaque étape de notre vie. Le dire un jour ensoleillé est une chose, s’en souvenir et en être convaincu au jour de la tristesse en est une autre. Et c’est peut-être là que l’art de Madeline Diener prend tout son sens.

La voie du cœur

Le Christ glorieux n’est qu’une des œuvres que l’artiste a réalisées pour le cimetière de Massongex. La mosaïque qu’elle a créée ne cache rien de la détresse des femmes qui avaient suivi Jésus. Elle nous entraîne ainsi dans un chemin vers la consolation, nous guidant du chagrin à la joie.

Là où les mots peinent parfois à rejoindre, la beauté trouve la voie du cœur.

Ce Christ glorieux, s’il peut surprendre au premier regard, est porteur d’un sens profond. Il nous rappelle qu’aucun des gouffres dans lesquels nous pouvons tomber n’est trop profond pour notre Dieu dont les bras viennent toujours nous repêcher.

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