Christ glorieux…

… cimetière de Massongex (Valais)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Représenter un Christ glorieux dans un cimetière peut surprendre. On serait tenté de dire que ce n’est ni le lieu ni le moment pour un cours de théologie et qu’on préférerait un Christ qui pleure avec ceux qui pleurent. Et pourtant…

La résurrection, aussi éclatante que Madeline Diener ait pu la représenter, implique nécessairement la mort. Contempler le Christ écarter les portes de la mort, c’est contempler un témoignage de ce « jusqu’au bout » de l’amour de Dieu.

Si le Christ peut repousser les portes de la mort, c’est parce qu’il s’y est rendu. Il n’a pas reculé devant la souffrance et le sentiment de solitude.

Nous l’avons tous déjà entendu : depuis la mort et la résurrection du Christ, nous ne sommes plus jamais seuls. Notre Dieu s’est fait homme pour habiter chacune de nos expériences et nous rejoindre dans chaque étape de notre vie. Le dire un jour ensoleillé est une chose, s’en souvenir et en être convaincu au jour de la tristesse en est une autre. Et c’est peut-être là que l’art de Madeline Diener prend tout son sens.

La voie du cœur

Le Christ glorieux n’est qu’une des œuvres que l’artiste a réalisées pour le cimetière de Massongex. La mosaïque qu’elle a créée ne cache rien de la détresse des femmes qui avaient suivi Jésus. Elle nous entraîne ainsi dans un chemin vers la consolation, nous guidant du chagrin à la joie.

Là où les mots peinent parfois à rejoindre, la beauté trouve la voie du cœur.

Ce Christ glorieux, s’il peut surprendre au premier regard, est porteur d’un sens profond. Il nous rappelle qu’aucun des gouffres dans lesquels nous pouvons tomber n’est trop profond pour notre Dieu dont les bras viennent toujours nous repêcher.

Retraité à mi-temps

Après quatre législatures au Conseil national, Dominique de Buman a pris sa retraite politique en 2019. Le « retraité à mi-temps » évoque des mandats professionnels correspondant à ses convictions, des engagements politiques qui lui tiennent à cœur et un « C » qui disparaît…

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

La retraite d’un politicien, ça ressemble à quoi ?

Ce n’est pas une vraie retraite. Les mandats purement électifs sont terminés, mais j’ai des activités professionnelles qui sont le prolongement de mon engagement politique. Proche de l’âge légal de la retraite, je n’y étais pas encore formellement et surtout pas moralement prêt. J’ai eu en amont un certain nombre de contacts afin de pouvoir poursuivre des mandats qui correspondent à mes convictions, à mon expérience et à ma vision de l’éthique dans les affaires.

La vôtre est plutôt celle d’un homme engagé, puisque vous avez prêté votre image à l’initiative pour des multinationales responsables ?

L’initiative a été déposée lorsque j’étais encore à Berne. La cause me semblait juste. J’ai réalisé qu’un bon nombre d’élus manquaient de courage par rapport à cette question. Nous avons tout intérêt à ce que les mécanismes économiques soient sains et les entreprises assujetties aux mêmes règles d’éthique. Il y a bien entendu l’aspect environnemental et humain. Pour ce dernier, il me paraissait important d’offrir une protection aux laissés-pour-compte.

On a beaucoup parlé de la nouvelle étiquette du PDC (le Centre), mais qu’en est-il du contenant et du contenu ?

J’ai beaucoup hésité sur l’opportunité de changer le nom du parti. D’un côté, je trouvais que nos prises de position n’étaient peut-être pas toujours en adéquation avec l’Evangile – donc est-ce juste de se dire encore chrétien ? – de l’autre, je ne voulais pas être acteur du démantèlement d’une étiquette chargée d’histoire. Finalement, j’ai voté pour le maintien du nom. Concernant le « flacon », j’ai une petite crainte qu’il n’y ait pas de projets nouveaux. Changer l’étiquette, c’est une chose, mais il faut aussi s’occuper de la qualité du contenu.

Un nouveau nom pour un nouvel élan : voyez-vous poindre ce nouveau souffle ?

C’est trop tôt pour le dire. Il faudra voir avec le temps si cette nouvelle appellation attire vraiment le public visé. C’est-à-dire ceux qui ne désirent pas de mélange entre le politique et le religieux.

N’y a-t-il pas un risque que ce changement de nom pousse aussi à une dilution des valeurs chrétiennes du parti ?

Bien sûr ! Je crains qu’il y ait encore moins de références aux valeurs chrétiennes à l’avenir. La dilution est un risque, puisque le but avoué est d’attirer une nouvelle tranche d’électorat qui aurait eu peur d’une étiquette chrétienne. Mais si la référence chrétienne dissuade, les nouveaux arrivants risquent bien de ne pas avoir d’attachement à ces valeurs-là et donc de diluer celles qui subsistent encore.

Est-ce que cela signifie que la politique et la foi ne font pas bon ménage ?

Non, je ne dirais pas cela. Il est possible de faire de la politique avec honnêteté et conviction, indépendamment du nom du parti. La responsabilité personnelle de chacun est engagée par rapport à sa conscience. Mais la foi est très exigeante, et si on la met en œuvre, on ne peut pas se comporter dans les décisions politiques comme un non-croyant.

Après la difficile année 2020, quels objectifs devraient se fixer vos collègues en fonction pour 2021 ?

La priorité du monde politique devrait être d’assurer la cohésion sociale. Finalement, ne pas laisser les gens sur le bord de la route. Ce devrait d’ailleurs être un but en tant que tel.

Ce dont je suis convaincu en tant que croyant : cette crise doit nous inciter à prier toujours davantage. Elle nous
a donné la preuve de notre fragilité, il nous faut donc demander les forces, le comportement
adéquat et la vision juste pour assumer cette crise. La pandémie nous interpelle, mais elle doit surtout nous pousser à nous améliorer.

 

Biographie express

Dominique de Buman est né

le 28 avril 1956 à Fribourg.

Il y grandit et effectue une maturité latin-grec au Collège Saint-Michel.

Il obtient ensuite une licence

en droit à l’Université de Fribourg.

1986 : Conseiller communal de la Ville de Fribourg (-1994) et député au Grand Conseil du Canton

de Fribourg (-2003)

1988 : Secrétaire politique

du PDC fribourgeois (-1993)

1994 : Syndic de la Ville

de Fribourg (-2004)

2001 : Président du Grand Conseil

2002 : Président du Groupe PDC

du Grand Conseil (-2003)

2003 : Conseiller national (-2019)

2004 : Vice-président du PDC Suisse (-2016)

2017 : Président du Conseil national (-2018)

 

Comprendre la liturgie et les sacrements

PAR CHANTAL SALAMIN | PHOTO : DR

Sacrements, sacramentaux, bénédictions, célébrations, rites, etc. sont là pour nous, mais en avons-nous conscience ? Ce mois-ci, découvrons-les à travers les enseignements et propositions du site liturgie.catholique.fr, édité par le Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle de la Conférence des évêques de France.

Non, la liturgie, ce n’est pas seulement le job du curé . Elle est là pour que nous puissions accueillir les dons de Dieu qui nous sont essentiels pour une vie pleine.

Ce site nous invite à nous laisser interpeller par ce que Notre Père veut pour nous, il nous invite à nous ouvrir à la liturgie et nous en donne les moyens.

S’ouvrir à la liturgie

Prendre le temps d’entrer dans la signification de la liturgie (lire « La participation active des fidèles durant la messe »), c’est entrer dans le combat spirituel sachant que Dieu nous accompagne, donc un combat dont nous ressortirons vainqueur d’une vie plus pleine (lire « La liturgie entraîne au combat spirituel »), en communauté (lire « En l’absence de rassemblement dominical, garder la communion entre nous ! ») en mettant nos pas dans ceux qui nous précèdent, membres de nos familles, de nos communautés, bienheureux et saints.

« Chaque année, le temps liturgique nous fait parcourir tout le mystère du Christ. A travers le cycle pascal, les fêtes fixes, la succession des dimanches, ce sont les grands mystères de la foi que les chrétiens sont invités à célébrer […] qui permet aux baptisés de se réapproprier toutes les dimensions de leur foi, au cœur de leur propre histoire et de celle de l’humanité. » (lire « L’année liturgique, chemin de conversion »).

Et se laisser creuser

Le site propose de nombreux éclairages par divers contributeurs (prêtres, religieux, laïcs), notamment une bibliothèque de dossiers avec des sujets qui nous interpellent aujourd’hui et creusent notre soif de découverte. Par exemple : « Prier et célébrer au temps du coronavirus », « La « Saison de la Création » : un temps pour protéger l’héritage du Créateur », « L’Eglise et l’art contemporain, un dialogue fécond », « Redécouvrir la prière du Notre Père », « « Protection, délivrance, guérison » : présentation et réflexions », « La pénitence a-t-elle un sens ? », « La Semaine sainte : une unité à l’épreuve du temps et de l’espace ».

Rites au pluriel !

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : CIRIC

On a tendance à voir l’Eglise catholique-romaine comme un monolithe, avec «la même messe» aux quatre coins du monde. Faux. Il y a, en son sein, certes le rite romain, majoritaire, les rites ambrosien à Milan et mozarabe à Tolède, mais également cinq autres familles rituelles: chaldéenne/syro-malabare; copte/éthiopienne; arménienne; syriaque/maronite/syro-malankar; et byzantine. Si chacune est gouvernée par un patriarche ou un archevêque majeur, le pape de Rome est tout autant leur pape !

Rite amazonien

Au contraire du slave Jean-Paul II – qu’on a vu vêtu des regalia des rites orientaux qu’il a fréquentés lors de visites apostoliques –, François l’Argentin s’intéresse à l’acculturation de la liturgie sur son continent. En effet, il parle de créer un nouveau rite dans l’Eglise catholique sud-américaine : l’amazonien.

Après le rite zaïrois 1, à propos duquel une excellente présentation 2 lui a permis d’en réévaluer la pertinence pastorale en préfaçant l’ouvrage, on n’avait plus vu un pape évoquer de nouveaux rites dans l’Eglise latine depuis Paul VI ! Or, un effet du synode pour l’Amazonie (2019) est l’élaboration d’un rite propre à cette large partie du continent sud-américain.

Acculturation

Cette initiative rappelle la nécessité de contextualiser la liturgie, messe et sacrements inclus. Dans l’exhortation post-synodale Querida Amazonia, François invite à intégrer dans la liturgie « beaucoup d’éléments propres à l’expérience des indigènes dans leur contact intime avec la nature et à favoriser des expressions autochtones en chants, danses, rites, gestes et symboles ». Et de reconnaître que malgré l’exhortation du Concile Vatican II à doubler d’efforts dans ce sens, « peu de progrès dans cette ligne » sont à constater, déplore le Pape dans
la préface de l’ouvrage précité.

Face à la crispation de certains puristes en matière de liturgie,
il est bon d’être encouragé par
le Pape de tous les catholiques
aux sept familles liturgiques – et bientôt huit ?

1 Du Zaïre, alors ancien nom
de ce qui deviendra la République démocratique du Congo ou RDC.

2 R. Mboshu Kongo, Le pape François
et le Missel romain pour les diocèses du Zaïre,
LEV, 2020.

 

« Rites à la carte »

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse catholique de langue française de Berne , novembre 2021

«Traditionis custodes», la lettre apostolique, publiée le 16 juillet 2021 par le pape François, remet à jour certains rites de l’Eglise; c’est une occasion de nous interroger sur le rôle des rites et leurs significations. Commentaires et portrait de l’abbé Antonio Ruggiero, prêtre remplaçant à la paroisse catholique de langue française de Berne.

PROPOS RECUEILLIS PAR XAVIER PFAFF | PHOTO : RP

Une présence internationale

Originaire d’Italie, mais né en Belgique et de langue maternelle italienne puis flamande, l’abbé Antonio a fait ses études à Louvain et connait très bien la Belgique. Actuellement, l’abbé Antonio Ruggiero vit en Suisse depuis 20 ans.

« J’ai été responsable de la Mission catholique italienne de Bienne pendant plus de 17 ans. La MCI comptait chaque année environ 200 enfants au catéchisme ; j’ai par exemple lancé et motivé avec succès une structure d’aides-catéchistes. Les jeunes sont très importants dans la vie d’une paroisse. » L’abbé Antonio a rejoint la paroisse catholique de langue française de Berne en septembre 2019 et en juillet 2021.

Rites et sacrements

« Les rites s’expriment particulièrement par les sacrements, mais il faut d’abord savoir que le sacrement par excellence c’est l’être humain lui-même, femme
et homme. Le Seigneur qui a créé l’être humain,
ne sait faire qu’une chose : aimer. Il nous aime tels
que nous sommes, d’un amour immuable et inconditionnel, au-delà de celle ou celui que nous voudrions être. »

Le reste, et donc les rites de l’Eglise, sont d’origine humaine et peuvent à tout instant être changés.

« Les rites sont une nécessité pour l’homme. Ils nous font du bien, ils nous ouvrent le cœur quand ils sont accompagnés de mots qui donnent Vie. Par exemple, pour le baptême, on observe des rites précis autour du cierge : remise du cierge, le père allumant le cierge, puis père, mère et parrain-marraine touchant le cierge pendant la lecture. Ils symbolisent la lumière du Christ présente dans la vie de l’enfant. La confirmation est un rite important dans le sens où la personne devient officiellement chrétienne et adulte. Et c’est lorsque l’on essaie de vivre la loi de l’Amour qui est le Christ, que l’on devient un chrétien adulte ; les autres rites sont alors sources d’inspiration.

Ils sont présents aussi en fin de vie, par exemple par le sacrement des malades, ou l’accompagnement des personnes en fin de vie. « Le prêtre qui donne ce sacrement entre en relation avec la personne malade ou mourante, ainsi qu’avec les proches présents. Les cœurs s’ouvrent en la présence du Seigneur. »

D’autres rites sont à mentionner, tels le baptême à l’âge adulte, la tradition de la crèche et du sapin de Noël, ou les rites associés au sacrement du pardon.

Au-delà des rites

La vie du chrétien est jalonnée par toutes sortes de rites exprimés principalement par les sacrements. Ils sont importants car ils répondent à des besoins humains. Mais plus que de suivre les rites, la vocation du chrétien, point majeur, est de « vivre l’Amour du Christ au quotidien. Le passé avec ses rites, son histoire et sa culture est primordial ; le futur, avec tout ce qu’il peut nous apporter, l’est tout autant. Mais c’est dans le présent que le Seigneur crée et donne Vie. Et c’est dans ce présent que je veux essayer de vivre authentiquement ma foi au sein de l’Eglise ».

Jeux, jeunes et humour – avril 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Qu’est-ce que l’octave de Pâques ?
L’Eglise aime faire la fête et la prolonger ! L’octave désigne les huit jours qui suivent une fête chrétienne importante, comme Noël ou Pâques. La fête de la Résurrection de Jésus se prolonge sur une semaine où chaque jour est considéré comme jour de Pâques jusqu’au dimanche suivant anciennement appelé In albis (en blanc). Là les nouveaux baptisés quittaient alors leur vêtement blanc porté durant toute l’octave.

Par Pascal Ortelli

Humour

Lors de l’eucharistie dominicale, un curé porte un pansement sur sa joue gauche. A la fin de la messe, un paroissien lui demande ce qui est arrivé. « Ce matin, je préparais mon homélie tout en me rasant. Une seconde de distraction et le rasoir m’a coupé la joue. » Le paroissien, du tac au tac : « M. le Curé, dimanche prochain, vous vous concentrez sur le rasoir et vous coupez le sermon ! » 

Par Calixte Dubosson

Permanence des rites

PHOTO : DR

PAR CALIXTE DUBOSSON

Lors d’une session réunissant plusieurs prêtres, un intervenant, le
sociologue Bernard Crettaz, nous a surpris en conseillant de ne pas abandonner certains rites au sujet des funérailles, mais de les renforcer. Ils permettent de bien faire son deuil et s’inscrivent dans la continuité d’une pratique ayant fait ses preuves.

J’ai connu l’époque où, dès le décès d’une personne, on commençait par sonner le glas. Le curé et le président étaient avertis. On appelait le menuisier pour le cercueil. Dans la maison, on préparait la veillée alors qu’un voisin prenait soin du bétail ou des travaux à terminer. Dans un tiroir, on trouvait les instructions pour habiller le défunt qui reposait dans sa chambre. Jusqu’au jour de la sépulture, il était veillé
jour et nuit par la famille et les amis dont certains abusaient de la dive bouteille à tel point que, le matin venu, seul le défunt était de sang-froid !

Ces pratiques rendaient la mort la plus naturelle possible. Alors, c’était mieux avant ? Dans cette perspective, certainement. A nous de relever le défi, de maintenir ou d’inventer des rites qui dédramatisent l’évènement de la mort et surtout qui traduisent l’espérance chrétienne de la résurrection.

Carême

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE) mars 2021

PAR JOEL AKAGBO | PHOTO : DR

« Seigneur, avec toi, nous irons au désert… »

Ce chant de Carême nous révèle le sens profond du Carême. Que signifie pour nous chrétiennes, chrétiens, « aller au désert ? ».

Le Carême est souvent associé à la notion du « désert » à cause des 40 ans du peuple élu au désert avant d’entrer en terre promise (Nb 11, 1-25, 18), aussi des 40 jours de jeûne et de prière de Jésus au désert après son baptême ( Mt 4, 1-11).

« Aller au désert » est perçu par le prophète Osée comme un temps de fiançailles : « Voici que moi je la séduis et la conduirai au désert et je parlerai à son cœur… Et je te fiancerai à moi pour toujours. » (Os 2, 14.16)

Si la période du désert est donc envisagée chez le prophète Osée comme une préparation au mariage, durant le Carême Dieu attend son peuple comme un fiancé attend avec impatience sa future épouse. Le désert est donc le temps d’attente et de préparation en vue d’un événement magnifique. En hébreu, le mot « désert » ressemble au mot « parole », c’est pourquoi durant le Carême, nous sommes appelés à ouvrir notre cœur pour écouter la voix du Seigneur et à manger sa parole.

Ces quarante jours sont le temps de grâce, le moment favorable que l’Eglise met à notre disposition afin de repartir d’un bon pas, réorienter notre marche, purifier notre cœur et secouer notre torpeur.

Le Carême nous invite à une démarche de réconciliation avec Dieu et avec notre prochain (2 Co 5, 20), à la prière persévérante, au partage généreux, à la miséricorde et à la compassion.

Il n’est rien d’autre qu’un chemin d’amour vers le Père. Ce temps fort commence le Mercredi des cendres et s’achève avec la Semaine sainte et le dimanche de Pâques.

En ce temps de crise généralisée, il nous faut simplement nous tourner vers notre Père, vers nos frères et sœurs avec une grande charité par l’intercession de saint Joseph.

Le pape François nous rappelle que notre vocation chrétienne est de faire connaître l’amour miséricordieux que le Christ porte à chacune et chacun de nous : « Tant de cœurs ont besoin d’être réchauffés à la flamme de son amour ! »

Bon et fructueux Carême et bonne Montée vers Pâques !

La Sagesse, notre divine Compagne pour 2021 ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

PAR MARIE VERENNE

« La sagesse de ce monde est folie auprès de Dieu. » (1 Co 3, 19)

La sagesse, voilà un mot qu’on n’utilise plus guère. Sait-on encore ce qu’il signifie ? On parle plutôt intelligence, performance, compétitivité…, dans notre culture athée, qualités requises pour prospérer sur terre en vue du succès et de la richesse. Jésus le dit, dans le domaine profane, « les fils de ce monde-ci sont plus avisés envers leurs propres congénères que les fils de la lumière ». (Lc 16, 8)

« Yahvé prend les sages au piège de leur ruse ; leurs habiles conseils se trouvent dépassés. Ils butent en plein jour contre l’obscurité, tâtonnant dans la nuit, alors qu’il est midi. » (Jb 5, 13-14)

La Sagesse avec un grand S, le Don le plus élevé de l’Esprit, n’a rien de commun avec cette « habileté » qui dévie trop souvent vers la malignité. Elle s’y oppose même, requérant les Vertus premières de la Foi : humilité, charité, pureté, douceur, obéissance…

« … mettez-vous à Mon école, car Je suis doux et humble de Cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. » (Mat 11, 29)

Etre sage selon la Bible, c’est se reconnaître créature pécheresse, entièrement redevable au Dieu d’Amour et au Sacrifice Rédempteur de Jésus, puis travailler à se soumettre toujours plus authentiquement à Sa Volonté très parfaite, exprimée par Sa Loi, avec le cœur d’un enfant aimant. Pourquoi ? Parce que l’homme est fait pour le bonheur et que c’est là l’unique voie qui y conduise. Il faudrait être fou pour se condamner à l’horreur éternelle ou même à un dur Purgatoire, quand Jésus nous propose les Félicités indicibles du Royaume !

Si nous nous confions corps et âme à Marie, Trône de la Sagesse, Elle nous rendra disponibles à l’accueil de ce Trésor divin et nous ramènera au Bien quand nous dévierons, tentés par les suggestions alléchantes de Satan.

La Sagesse est plus précieuse que tout l’or de la terre, préférable à la santé et à la beauté 1, car Elle est « un effluve de la Puissance de Dieu, émanation toute pure de la Gloire du Tout-Puissant » (Sg 7, 25) qui éclaire l’esprit et le cœur, conseille et console, sanctifie et apporte le Salut.

« Elle enseigne la modération, le discernement, la justice et la force. Dans la vie, il nest rien de plus utile aux humains. »
(Sg 8, 7)

Dans Sa grande Tendresse, le Père a voulu qu’Elle « se laisse trouver par ceux qui la cherchent » (Sg 6, 12), afin que les plus petits n’aient pas de peine à La prendre pour Maîtresse : « Elle se laisse facilement contempler par ceux qui Laiment… Elle va au-devant d’eux et… leur apparaît avec bienveillance. » (Sg 6, 12-16)

Y a-t-il plus beau et noble projet pour l’année nouvelle que de convoiter l’intimité avec la Sagesse ?

« Cest Elle que jai chérie et recherchée dès ma jeunesse ; jai désiré faire d’Elle mon épouse et je suis devenu amoureux de sa beauté. » (Sg 8, 1-2)

1 Cf. Sg 7, 10-11.

 

 

Le Notre Père, ses traductions

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

Dans le cycle de cours publics de la faculté de théologie de l’Unige, Anne-Catherine Baudoin, maître d’enseignement et de recherche en Nouveau Testament et christianisme ancien, a proposé une lecture du Notre Père sous trois angles : la transmission, la traduction et la transposition. Voici un bref aperçu de sa vision des traductions de cette prière.

PAR PASCAL GONDRAND | PHOTOS : WIKIMEDIA COMMONS

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

 

Le Notre Père est connu dans le christianisme indépendamment de sa position dans le Nouveau Testament, a rappelé Anne-Catherine Baudoin. Cette prière appartient tant à la culture orale qu’à la culture écrite, à la culture liturgique et spirituelle autant qu’à la Bible. La professeure a posé l’hypothèse que ce statut particulier la place dans une situation stratégique et facilite sa pénétration dans des domaines très divers. Un de ces domaines est sa traduction.

Au XVIe siècle, le premier savant à avoir recueilli des traductions de cette prière dans le but d’étudier et de présenter chacune d’entre elles est le Zurichois Conrad Gessner (1516-1565), un savant contemporain de Zwingli, qui a publié en 1555 un traité sur les différences entre les langues intitulé Mithridate. Sur les différences entre les langues.

Conrad Gessner a rappelé dans son introduction que Mithridate, celui que nous connaissons par la mithridatisation, roi de 22 peuples, était, selon Pline l’Ancien, capable d’haranguer chacun d’entre eux dans sa langue respective. On notera que dans la Zurich de la Réforme le multilinguisme était une arme pour diffuser le christianisme. D’ailleurs, dans son introduction, Conrad Gessner précisait que « Dans notre cité, toute limitée qu’elle soit, c’est en latin, en grec, en hébreu, en allemand, en italien, en français, en anglais et dans certaines autres langues qu’on lit, à la gloire de Dieu, les Saintes Ecritures, qu’on en acquiert la connaissance, qu’on les célèbre. » Comme on le voit dans le titre de son ouvrage, Differentis Linguarum, il met l’accent sur les différences entre les langues alors que d’autres humanistes, à la même époque, se lancent dans des études pour trouver une langue originelle, la langue d’avant Babel. Conrad Gessner présente dans son recueil 110 langues, par ordre alphabétique, en donnant pour 27 d’entre elles, celles dans lesquelles le christianisme s’est implanté, le Notre Père, à savoir son texte, ou sa transcription. Il pose ainsi les fondements de la linguistique comparée, sans faire lui-même œuvre de linguiste mais plutôt d’encyclopédiste. Cette pratique de la présentation des langues du Notre Père, accompagnée de ses traductions, a fait école et s’est étendue au XVIIe et au XVIIIe siècles. L’un des recueils qui a eu beaucoup d’influence est celui d’Andreas Müller (1630-1694), orientaliste berlinois spécialiste de la langue chinoise, qui a publié en 1680, sous un pseudonyme, un recueil de 83 versions du Notre Père, Oratio Orationum s s. Orationis Dominicae Versiones. Il n’a pas classé ces versions par ordre alphabétique comme l’avait fait Gessner mais par zones géographiques : langues asiatiques, langues africaines, langues européennes, etc. L’ouvrage fut notamment réédité en 1715 et cette dernière édition, due à John Chamberlayne (c. 1668-1723) est la plus étoffée – plus de 140 langues. Cet ouvrage conserve la présentation par régions, qui va permettre à Gottfried Hensel (1687-1765), dans sa Synopsis Universae Philologiae publiée en 1741, de proposer quatre superbes cartes qui ont été reproduites par la suite de manière indépendante.

Anne-Catherine Baudoin a rappelé que le Carmel du Pater, à Jérusalem, construit au XIXe siècle sur les ruines de la basilique constantinienne dite de l’Eleona, en raison de sa situation sur le Mont des Oliviers, est orné de plaques de céramique polychrome sur lesquelles figurent différentes traductions du Notre Père, plaques qui se sont multipliées au fil du temps dans un grand esprit de Pentecôte. Ce lieu est associé dans la tradition, en particulier à partir des croisades, à l’enseignement de Jésus. Au début du XXe siècle, sur le Monument de la Réformation, à Genève, on a fait la même chose. Autour des grands réformateurs, le Notre Père a été gravé dans la pierre en français et en anglais, puis plus tardivement en allemand. Avec le Carmel du Pater et le Mur des Réformateurs, Anne-Catherine Baudoin a alors fait un bond dans
le temps et a rejoint l’époque contemporaine.

En conclusion elle a lu le Notre Père dans quelques langues qui nous sont familières :

« Notre Père qui êtes au cieux… Restez-y » (Jacques Prévert, 1900-1977),

« Hallowed be thy Name »,

« Dein Reich komme »,

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »,

« Dacci oggi il nostro pane quotidiano »,

« Forgive us our trespasses as we forgive our debtors »,

« Und führe uns nicht in Versuchung » (la fameuse tentation),

« But deliver us from evil »,

« Dein ist das Reich »,

« The power is Yours »,

« Et la gloire »,

« Forever and ever »,

« Amen ».

Ainsi peut-on réciter le Notre Père, à condition bien sûr d’être multilingue !

 

 

Année Saint Joseph !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : DR

C’était le 8 décembre dernier, le pape François signe et édite une Lettre apostolique pour marquer les 150 ans de la proclamation de saint Joseph comme patron de l’Eglise universelle.

Un peu d’histoire

C’est le pape Pie IX qui, le 8 décembre 1870, signe une Lettre proclamant Joseph patron de l’Eglise universelle, chahutée par mille vents contraires – on est à moins de deux mois après la suppression officielle des Etats Pontificaux et de la non-fin 1 du Concile Vatican I ! – et qui cherche un équilibre spirituel dans le refuge auprès de la paternelle figure de Joseph. Ce sont les prélats qui avaient participé au Concile et dû fuir à l’entrée des troupes italiennes, qui pétitionnent le pape pour une telle démarche.

C’est également par cette Lettre que le
19 mars fut déclaré solennité à saint Joseph, comme « double rang de première classe » dans la hiérarchie des jours liturgiques 2. L’Eglise luthérienne et la communion anglicane le commémorent également le 19 mars, alors que l’Orthodoxie byzantine le fête le jour de clôture du cycle de Noël ! Et c’est Pie XII qui inscrivit la fête de saint Joseph, patron des travailleurs, au 1er mai, pour coïncider avec la Journée internationale des travailleurs…

Joseph pour le XXIe siècle

Le pape François commence sa lettre par Patris corde, « avec un cœur de père », ou, en paraphrasant un peu, « par une tendresse paternelle »… Tout un programme à l’heure du questionnement de la place du père dans la société, de son congé après l’arrivée d’un enfant, de la mode du coaching en masculinité et en paternité… La tendresse n’est donc pas l’apanage du sexe féminin, mais bien également de tout être humain ! Déjà une bonne nouvelle : on imagine que cette tendresse paternelle a servi l’enfant Jésus tout autant que celle de sa mère, qui plus est, n’était certainement pas réduite aux tâches ménagères !

Sept chapitres, ou sections, qui décortiquent sept façons pour Joseph d’être « plein de tendresse »… Chaque section est ciselée de manière adéquate pour une lecture par étape, une méditation fructueuse, et une rencontre : avec celui que l’on a trop longtemps laissé dans l’ombre de Marie, sujette d’une piété populaire parfois exacerbée… et qui n’aurait eu aucune légitimité à être ce qu’elle fut si Joseph l’avait répudiée selon la Loi de Moïse ! Combinaison des charismes, en somme !

1 Les troupes italiennes pénètrent dans Rome le 20 septembre 1870, et 15 jours plus tard, par plébiscite, le reste des Etats Pontificaux est incorporé au nouveau Royaume d’Italie…
Le pape Pie IX suspend alors
sine die le Concile qui avait cours…

2 C’est depuis 1479 qu’à Rome est célébrée la Saint-Joseph, étendue à toute l’Eglise de rite romain en 1570 par le pape dominicain Pie V.

 

 

L’impôt paroissial : un mal nécessaire

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mars-avril 2021

«Chaque franc qui est donné à l’Église est multiplié plu- sieurs fois: d’une part par la synergie des actions communes et d’autre part, et surtout, par l’engagement bénévole qui soutient nos actions» explique Patrick Major, président du Conseil exécutif de la Corporation ecclésiastique catholique (CEC). C’est grâce à l’impôt paroissial que l’Église perçoit les montants nécessaires au fonctionnement de la pastorale. Mais au fait, nous payons combien? Comment se répartit l’impôt? Comment fonctionne ce système mis en place voici trente ans? Les sorties d’Église sont parfois motivées par la volonté de ne plus payer l’impôt. Mais si je le paye, qu’est-ce que j’en retire? Petit voyage dans les méandres d’un impôt mal-aimé, mais nécessaire.

PAR JEAN-MARIE MONNERAT
PHOTOS : PIXABAY, DR

Qui paye des impôts paroissiaux ?

Les personnes physiques, de religion catholique, et les personnes morales, c’est-à-dire les entreprises. Et la loi de 1990, qui régit les rapports entre les Églises et l’État, précise que « les personnes physiques et les morales ne peuvent pas être imposées les unes à l’exclusion des autres » (art15). Il n’est donc pas possible d’exclure les entreprises du paiement de l’impôt. Chaque paroisse fixe le taux d’impôt qu’elle juge nécessaire à son fonctionnement dans le périmètre de son champ d’activité. Le taux n’est donc pas identique dans tout le canton. En moyenne cantonale, ce taux est de 7,94%. Ce qui signifie que pour chaque tranche d’impôt de 100 francs versée au canton par le contribuable, le catholique va verser 7,95 francs à sa paroisse. Ce chiffre va varier d’une paroisse à l’autre, puisqu’il s’agit d’une moyenne cantonale.

En tenant compte des rentrées des personnes morales, chaque catholique verse 300 francs par année à sa paroisse, toujours en moyenne cantonale. Le total des revenus des paroisses du canton se monte à 59 millions de francs, par année. C’est ce montant qui fait vivre l’Église fribourgeoise. Même si comparaison n’est pas tout à fait raison, les revenus fiscaux de l’État se montent à 1,3 milliards de francs, au budget 2021, pour des revenus totaux de 3,7 milliards de francs.

Ce revenu de 59 millions de francs est perçu par l’État, qui en assume la tâche administrative, est reversé aux paroisses, sous forme d’acomptes.

À quoi sont affectés ces revenus ?

Tout d’abord, la paroisse va entretenir son fonctionnement: ses locaux et son personnel. Les locaux sont l’église, les chapelles, les croix et d’une manière générale les symboles de la vie religieuse, mais également la cure, les salles paroissiales ou encore ses bâtiments. Quant à son personnel, il peut s’agir des secrétaires paroissiales, des sacristains sans oublier tout le fonctionnement de la pastorale paroissiale, comme des catéchistes ou les premières communions ou les confirmations. Enfin, la paroisse va assumer les frais d’achats propres à son fonctionnement, comme les fleurs de l’église ou les hosties.

En contrepartie le paroissien va pouvoir disposer de « son » église pour des mariages ou des enterrements.

Ensuite, la paroisse va participer aux dépenses communes. La plus importante est la caisse des ministères qui paye les salaires des prêtres et des agents pastoraux. Dans le canton de Fribourg, cela représente quelque 400 personnes, pour un montant de 10 millions de francs, réparti entre les paroisses.

Enfin, le fonctionnement de la Corporation ecclésiastique catholique (CEC) est également une tâche à la charge des paroisses. Si ces dernières coordonnent la « pastorale territoriale », c’est-à-dire la pastorale sur leur territoire, la Corporation ecclésiastique coordonne la « pastorale catégorielle », c’est-à-dire la pastorale par champs d’activité. Par exemple : la pastorale de la santé dans les EMS et les hôpitaux, la pastorale dans les institutions pour les personnes en situation de handicap, le service de la formation pour les agents pastoraux, la pastorale pour les couples et les familles, la pastorale des jeunes, l’enseignement dans les Cycles d’orientation, ou encore le service de la catéchèse et du catéchuménat du canton.

La CEC contribue également au bon fonctionnement des services de conduite du vicariat épiscopal et de l’évêché, de La Doc (librairie et médiathèque) une mine de plus de 10’000 documents (livres, revues DVD etc, ouverte à tous), et au service de la communication. Enfin, il convient de mentionner les trois missions linguistiques : lusophones, hispanophones et italophones soutenues par l’ensemble des paroisses, par le biais de la CEC.

La part de la pastorale

Toujours sans vouloir être exhaustif, il est judicieux de relever que l’Église soutient, à travers les subventions versées par la CEC, bon nombre d’organismes, comme Caritas, le Centre catholique romand de formations en Église, le centre Sainte-Ursule ou plus modestement l’émission « Coin de Ciel » du dimanche matin sur Radio Fribourg.

En guise de conclusion, et toujours d’une manière générale, une paroisse dispose des deux tiers de son budget, le dernier tiers étant lié aux dépenses de la caisse des ministères et de la Corporation ecclésiastique. Enfin, il est très difficile d’estimer la part des dépenses d’une paroisse pour la pastorale ou pour son fonctionnement, tant la frontière entre ces deux types de dépenses est ténue. Mais selon un petit sondage auprès de conseils de paroisse, une bonne moitié des dépenses concernerait la pastorale.

 

Quelle place pour la souffrance ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), mars-avril 2021

PAR L’ABBÉ VINCENT LATHION
PHOTOS : ABBÉ MARTIAL PYTHON, DR (LA RÉSURRECTION D’ANDREA MANTEGNA)

L’Essentiel Unité pastorale Sainte Marguerite Bays

« A travers les écueils, plongés dans la détresse,
Les saints ont constamment marché vers la sagesse. »

Imitation de Jésus Christ, L1, chap. 13

La vie semble ainsi faite qu’on ne peut la traverser sans connaître, à côté des heures de bonheur, des heures plus sombres et douloureuses ; ces épreuves dans nos vies sont-elles des voies sans issue ou peuvent-elles trouver une place dans notre cheminement ? Essayons, dans une perspective de foi, de dégager quelques pistes de réflexion.

Tout d’abord, qu’est-ce que la souffrance ? Elle est une réaction naturelle d’aversion et de tristesse en présence d’un mal qui nous touche ou qui touche l’un de nos proches.

En tant qu’être humain, le mal auquel nous pouvons être confrontés est de deux types. Le premier est un mal que nous pourrions dire « naturel », qui se retrouve dans le règne animal et végétal : nous pensons ici aux maladies et aux accidents de toute sorte qui privent un être vivant, au moins en partie, des capacités qu’il devrait posséder. Le second type de mal est un mal qui concerne les créatures capables d’agir librement. Ici, il est question des peines et des blessures causées par tous les actes humains qui ont manqué le bien qu’ils devaient viser.

Si, dans le second cas, l’origine du mal est facilement identifiable, il n’en va pas de même dans le premier où l’individu subit un tort qui ne dépend pas nécessairement de lui. Ainsi cette souffrance n’est pas liée à une faute personnelle, comme l’explique le Christ lors du drame de Siloé – la chute d’une tour avait causé la mort de 18 personnes –, et il faut en écarter toute idée de châtiment (cf. Lc 13, 4). Ce mal naturel, aussi tragique ou pénible soit-il, n’affecte pas forcément la relation à Dieu, même si très souvent, il l’éprouve durement. Le livre de Job en est la meilleure illustration dans la Bible : après avoir tout perdu, Job élève sa plainte vers Dieu alors que ses amis cherchent, par des raisonnements, à justifier le mal qui le frappe. A la fin du texte, le Seigneur donne raison à Job tandis qu’il réprimande sévèrement ses compagnons, car ils ont voulu rendre Job responsable de ses souffrances.

Ces deux types de maux, le mal naturel et le mal qui dépend de l’homme, sont certes liés de manière mystérieuse dans l’histoire du monde, mais comme nous venons de le relever, ils ne le sont aucunement – sauf cas particuliers – dans l’histoire d’un individu. Ainsi, dans les situations les plus frappantes, nous voyons des saints souffrir de terribles maladies et affronter des événements tragiques, tandis que des hommes, qui ont commis de lourdes fautes, semblent traverser la vie sans la moindre maladie ni le moindre revers de fortune. Les uns pourtant cheminent péniblement vers leur salut, pendant que les autres courent allègrement loin de leur but. Nous ne pouvons résoudre cette équation existentielle si l’on s’en tient aux seuls faits extérieurs ; nous percevons en revanche, de manière obscure, que la joie d’une vie ne peut se mesurer à ces seuls critères.

Mais comment réagir face à ces maux qui nous atteignent ? Il y a tout d’abord une forme d’apprentissage de la douleur qui ressemble à l’entraînement des sportifs avant une compétition : telles sont les différentes formes d’ascèse, qui consistent en des privations de toutes sortes. Lorsqu’elle est vécue saintement, l’ascèse permet une maîtrise plus pleine de notre corps et de nos sens, tout en laissant notre sensibilité d’âme et de cœur intacte. Notons bien cependant que ce contact avec une certaine souffrance reste libre et volontaire : on en mesure la dose et les effets pour que les conséquences en soient positives.

Puis il y a cette vraie souffrance, qui n’est plus de l’ordre de l’exercice volontaire, mais de la réalité vécue et subie. Cette souffrance relève du mystère de la croix. L’ascèse peut y préparer lointainement, mais elle ne le fait pas complètement, car l’entraînement ne remplace jamais l’expérience. Dans ces cas-là, le contact avec
la douleur n’est plus choisi ni maîtrisé, mais subi contre sa volonté et éprouvé dans toute sa profondeur. Le Christ dans les évangiles nous invite à le suivre jusqu’à traverser de telles épreuves. Mais de même qu’il n’a pas cherché la douleur de la
Passion et qu’il a demandé au Père de l’en préserver si possible (cf. Mt 26, 39), de même il ne nous incite pas à chercher la souffrance ni la persécution ; elles apparaissent d’elles-mêmes lorsque nous marchons à sa suite.

Que dire pour conclure de cette dernière forme de douleur ? La croix est une expérience terrible, mais le chrétien sait que la présence du Christ l’habite, jusque dans son cri le plus bouleversant : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46) Il connaît également la fécondité mystérieuse que seul Dieu
peut lui donner, car viendra le jour où elle s’effacera devant la lumière de Pâques.

 

La passion de saint Joseph

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mars-avril 2021

PAR L’ABBE ALEXIS MORARD
PHOTO : DR

Au début de son Évangile, saint Matthieu nous raconte l’inextricable dilemme que saint Joseph a dû affronter. Alors qu’il était fraîchement marié, il s’aperçoit que Marie son épouse est enceinte, alors même qu’ils ne vivent pas encore sous le même toit (ce qui était chose fréquente dans le mariage juif). Joseph doit-il suivre la Loi et répudier Marie, ou suivre Marie et répudier la Loi ?

Joseph, en homme juste, ne veut pas manquer à la Loi, mais il ne veut pas non plus condamner celle qu’il aime et qu’il devait, à sa manière, savoir toute pure. Joseph trouve alors une solution pour le moins originale : répudier Marie, mais « en secret », c’est-à-dire sans fournir de raison valable, de sorte que l’opprobre retombe sur lui en raison de la légèreté de son attitude par rapport à sa fiancée. Ainsi, pas d’infidélité à la Loi, et la lapidation est
évitée. Cependant, voici que la Providence va pousser Joseph bien au-delà de la solution qu’il avait imaginée :

« Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». » (Mt 1, 19-20)

Joseph prit chez lui Marie

La réponse de Joseph et immédiate : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. » (Mt 1, 24) On pourrait véritablement parler ici de la « passion » de Joseph : son amour pour Marie n’est pas diminué par son doute, au contraire, il s’en trouve assumé un étage plus haut !

Et le pape François de commenter dans sa lettre apostolique Patris Corde (n. 4) :

« Bien des fois, des évènements dont nous ne comprenons pas la signification surviennent dans notre vie. Notre première réaction est très souvent celle de la déception et de la révolte. Joseph laisse de côté ses raisonnements pour faire place à ce qui arrive et, aussi mystérieux que cela puisse paraître à ses yeux, il l’accueille, en assume la responsabilité et se réconcilie avec sa propre histoire. »

Puisse ce temps de carême, au travers des situations inextricables qui se présentent à nous en ce temps de pandémie, nous révéler plus que jamais la folle passion de Jésus pour chacune et chacun de nous, et nous encourager à le suivre jusque dans sa Pâque où il fait « toutes choses nouvelles » (cf. Ap 21, 5).

 

Rencontre avec Marguerite Carrupt…

… infirmière indépendante

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mars 2021

TEXTE ET PHOTOS PAR VÉRONIQUE DENIS

Marguerite Carrupt est infirmière depuis plus de 35 ans. Après plusieurs années
à l’hôpital du Valais, elle complète sa
formation en soins palliatifs et en accompagnement de la personne âgée pour devenir infirmière indépendante. Elle a souhaité en quelque sorte se concentrer sur l’accompagnement des personnes
en fin de vie, car elle considère cette étape ultime primordiale pour toute personne. Un événement l’a fortement marquée :
l’accompagnement de son papa en fin de vie, il y a plus de 20 ans, en collaboration avec l’antenne François-Xavier Bagnoud. Suite à cette expérience forte en émotions, elle a entendu et répondu à cet appel : devenir infirmière indépendante.

Son choix a été aussi motivé par une prise en charge globale, pluridisciplinaire des patients à domicile, se développant sur un temps plus ou moins long, en lien étroit avec la famille et les proches.

Un mot pourrait résumer son travail : RELATION : relation d’aide, d’écoute sans jugement et dans une confiance réciproque. Marguerite précise en disant que l’essentiel de son travail, en plus des gestes techniques et des soins accomplis, consiste à être avec, à rejoindre la personne en souffrance là où elle est et l’accompagner à son rythme, jusqu’où elle veut aller. C’est une adaptation de tous les jours à vivre dans la confiance et l’abandon.

Les personnes qui arrivent au bout de leur chemin de vie sont confrontées à
une souffrance globale : douleurs physiques, souffrance psychologique, sociale (isolement, pertes des contacts) et spirituelle (Qu’ai-je fait de ma vie ?). Seule la personne peut exprimer ce qu’elle ressent. Ce qu’elle vit est parfois d’une violence extrême. Confrontée à ces situations de souffrances intenses, Marguerite se fait proche, chemine avec la personne, lui apporte ses connaissances professionnelles pour soulager, aider, anticiper, planifier les ressources disponibles. La souffrance reste un mystère, individualisé et vécu par chaque personne, de manière différente et particulière.

Croyante et ayant accompli le parcours FAME VI, Marguerite confie son travail, ses patients à la prière. Elle prie avant chaque rencontre, et elle confie à l’amour du Père les personnes décédées. Elle dit trouver dans la prière les gestes appropriés, les attitudes compatissantes pour chaque personne. A sa manière, elle témoigne
de sa foi, non par des discours, mais
par des attitudes ajustées et des actions adaptées à chaque situation.

Merci Marguerite pour le feu sacré qui t’habite : puisse ta passion d’être et de cheminer avec les personnes vers qui
tu es envoyée, se développer et te combler de joie, longtemps encore.

 

Les Conférences Saint-Vincent-de-Paul

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mars-avril 2021

Car j’avais faim et vous m’avez donné à manger;
j’avais soif et vous m’avez donné à boire. 

Matthieu 25, 35

Soutenez-nous

Vous êtes intéressé à rejoindre bénévolement ou à soutenir
financièrement une Conférence, n’hésitez pas à contacter votre secrétariat paroissial.

Si vous avez besoin d’aide,
n’hésitez pas à vous adresser à l’Accueil Sainte Elisabeth qui fera le lien avec la Conférence Saint-Vincent-de-Paul : 026 321 20 90,
www.accueilsainteelisabeth.ch

PAR MAX HAYOZ, DIACRE, PRESIDENT DU CONSEIL PARTICULIER DES CONFERENCES SAINT-VINCENT-DE-PAUL DU DECANAT
PHOTO : DR

Pour perpétuer l’œuvre de saint Vincent de Paul (1581-1660) en faveur des plus démunis, le bienheureux Frédéric Ozanam (1813-1853) crée en 1833 avec d’autres personnes à Paris, les Conférences de Saint-Vincent-de-Paul. La Société de Saint-Vincent-de-Paul a pour objectif d’aider les pauvres afin de soulager leurs souffrances et de promouvoir leur dignité et leur intégrité humaines.

Une œuvre discrète

Le canton de Fribourg compte actuellement 30 Conférences, dont 8 sur le décanat de Fribourg. Ensemble, elles travaillent en toute indépendance et dans la discrétion pour venir en aide aux personnes dans le besoin, sans distinction de religion, d’idéologie, de race ou de classe sociale.

Elles offrent :

– un accueil discret et une écoute respectueuse,

– de l’aide rapide et efficace,

– un accompagnement (le cas échéant orienté vers les services sociaux régionaux),

– un soutien dans les démarches officielles,

– l’entremise vers d’autres institutions d’entraide (Caritas, les Cartons du cœur, SOS futures mamans…).

Au service des plus pauvres

Les Conférences Saint-Vincent-de-Paul ne peuvent qu’apporter des aides ponctuelles et ne sauraient offrir un soutien à long terme. Leur but est de donner un coup de main rapidement là où c’est nécessaire. Leurs moyens étant limités, les Conférences offrent un service de dépannages, principalement dans le domaine alimentaire.

En plus de l’aide individuelle, elles interviennent à l’occasion d’actions spéciales deux à trois fois par an, à Noël, à Pâques ou en automne.

Durant cette période de pandémie, les Conférences sont particulièrement sollicitées pour la prise en charge partielle ou totale de primes d’assurance maladie, de loyers en retard, de diverses factures (par exemple le dentiste), de l’achat de vivres, des aides souvent sollicitées à cause d’une diminution, d’une perte de salaire ou dans l’attente de toucher les indemnités journalières du chômage. Les demandes d’aide dans nos Conférences sont en constante augmentation.

Ces dernières souhaitent rester attentives aux besoins des gens, particulièrement de nos aînés afin de pouvoir offrir à chacun accueil, écoute et partage.

Souffrir pour être sauvé ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mars 2021

TEXTE ET PHOTOS PAR JUDITH BALET HECKENMEYER

Jésus a souffert sous Ponce Pilate, disons-nous en récitant le symbole des apôtres.

Nous souffrons tous. En s’arrêtant un instant dans notre quotidien, nous trouvons facilement une douleur, une souffrance physique ou morale. Certaines restent dans l’ombre, d’autres sont évidentes.

A quoi peut servir la souffrance ? Nous laissons-nous écraser par elle ? Nous inviterait-elle à un dépassement ? Nous pousserait-elle à chercher à être meilleurs ?

Je rechigne à imaginer un Dieu qui serait assis sur son nuage, se délectant de la souffrance de son peuple pour mieux l’accueillir une fois trépassé. Permettez-moi un trait d’humour :

Un homme se réfugie sur le toit de sa maison car il y a une sévère inondation. Des voisins possédant une barque viennent lui demander de se joindre à eux pour aller se mettre en sécurité. L’homme répond : « Je suis très croyant, Dieu me sauvera. » L’eau monte de plus en plus. La protection civile est mise en action et vient trouver notre homme. Il ne veut toujours pas quitter son toit et redit la même phrase. L’eau monte encore et les secours héliportés viennent lui demander de partir. Il refuse toujours, et… il meurt noyé. Arrivé devant Saint Pierre, il est furieux : « Moi, je croyais fermement en Dieu. Il n’a rien fait pour me sauver ! » Sur ce saint Pierre réplique : « Les trois moyens de secours qui sont venus à toi, tu les as refusés. C’est pourtant Dieu qui te les a envoyés ! »

Un des choix de l’homme résiderait-il dans la manière de réagir à la souffrance ? Ce bref instant où tout peut changer. On parle de résilience dans la faculté à rebondir lors de traumatismes. Et si c’était cela être sauvé ? De pouvoir continuer son existence fort des expériences vécues, les utilisant comme des tremplins pour être un peu meilleur, plus aimant, plus tolérant envers soi et envers les autres, en bref plus vivant.

 

Pas un jour sans une ligne

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mars-avril 2021

L’Essentiel Unités pastorales du Grand-Fribourg

Trois curieux avant-bras seront bientôt déposés dans les niches de molasse de la solennelle chapelle du Saint- Sépulcre, à la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg. Il s’agit des bras-reliquaires du patron de la cathédrale éponyme, saint Nicolas de Myre et de celui du saint patron de la Suisse, saint Nicolas de Flüe. Ces deux reliquaires actuelle- ment gardés dans le trésor de la cathédrale se verront ainsi exposés aux côtés d’un nouveau venu: le bras-reliquaire de saint Pierre Canisius, projet lauréat d’un concours inter- national organisé en 2019 par le Chapitre cathédral.

PAR DANIELE PERNET | PHOTOS : MAURICE PAGE/CATH.CH *

Saint Pierre Canisius, jésuite hollandais du XVIe siècle, grand acteur de la Contre-Réforme à Fribourg (un article lui est dédié en page 16 de ce même numéro), repose depuis près de 400 ans dans l’église du collège Saint-Michel, collège dont il fut le fondateur. En avril 2021, une partie de ses restes mortels sera déposée dans un nouvel écrin pensé et élaboré par l’architecte Marc-Laurent Naef et l’artiste Frédéric Aeby (fig. 1). Leur projet, intitulé Nulla die sine linea (signifiant « pas un jour sans une ligne ») rappelle l’importance de la prédication et de l’écriture pour cet infatigable saint, qui rédige de nombreux ouvrages dans lesquels il défend corps et âme l’attachement aux préceptes catholiques et qui participe également à la création d’une imprimerie en ville de Fribourg.

Les reliques et le reliquaire

Si les reliques sont les fragments d’ossements du corps de saints que les fidèles catholiques vénèrent, les reliquaires en sont les récipients. Souvent richement décorés, ils connaissent diverses formes et permettent la conservation des reliques. Généralement, leur forme renseigne sur les os qu’ils contiennent. Pour les cas fribourgeois de saint Nicolas de Myre et de saint Pierre Canisius, il n’en est pas exactement ainsi : le reliquaire de saint Nicolas renferme depuis le XVIe siècle l’humérus du saint évêque de Myre tandis que le bras reliquaire moderne de saint Pierre Canisius conservera des fémurs, des tibias et deux autres os (à noter que les os de sa tête resteront dans le gisant de l’église Saint-Michel).

Connaître des saints

Dès le 26 avril prochain, les trois saints se verront réunis dans un seul et même lieu et les pèlerins et fidèles pourront alors les vénérer et apprendre à les connaître davantage. Pour le chanoine Claude Ducarroz, en réunissant un éminent évêque d’Orient de l’Antiquité, un laïc suisse de la fin du Moyen Âge père de famille et un jésuite qui guida notre Église dans les voies de la Réforme après le Concile de Trente, on rassemble trois formes de la sainteté, trois grandes vocations. Il ne s’agit ainsi pas tant de vénérer l’objet religieux en tant que tel, mais de faire plus ample connaissance avec des saints de chez nous, souvent méconnus et qui peuvent devenir des exemples de foi pour chacun d’entre nous.

Une main bénissante, celle de l’évêque de Myre, une autre priante, celle du saint suisse originaire du canton d’Obwald et la main de saint Pierre Canisius tenant une plume et s’apprêtant à écrire seront déposées côte à côte (fig. 2) dans la chapelle du Saint-Sépulcre. Le projet lauréat proposé par Marc-Laurent Naef et Frédéric Aeby (fig. 3) consiste en un coffret en aluminium, moins lourd et délicat que la céramique – un tel objet étant amené à être déplacé, par exemple lors d’une procession – en verre antique et en bois (pour la plume). Les trois reliquaires seront placés dans des niches déjà existantes et protégées par des grilles de fer forgé rappelant le travail des artisans de la cathédrale et s’inscrivant ainsi dans une continuité harmonieuse.

Pour les deux artistes, le fait de placer ces reliquaires dans le mur au pied de la tour de la cathédrale est significatif ; ce mouvement vertical, de la terre jusqu’au ciel « transcende les reliques des trois saints avec le thème de la Résurrection ». Il est également très symbolique pour Frédéric Aeby, qui a réalisé dix panneaux explicatifs sur le panorama de la ville de Fribourg et qui a également dessinée l’étiquette du biscôme de la Saint-Nicolas il y a quelques années !

 

Plusieurs visites, publications, vidéos sont prévues à cette occasion, dont la fondation de la nouvelle Province d’Europe centrale des Jésuites sous l’égide de saint Pierre Canisius.

Plus d’informations sur le site jesuites.ch

 

* Les photos sont tirées de l’article de cath.ch à lire sur

https://www.cath.ch/newsf/nouveau-reliquaire-pour-pierre-canisius-a-la-cathedrale-st-nicolas/

 

Souffrir pour être sauvé…

… Vraiment ?

Tiré du magazine paroixssial L’Essentiel, UP Saint-Barnabé (VD), mars-avril 2021

PAR CORINNE GOSSAUER-PEROZ, AUMÔNIÈRE (ÉGLISE CATHOLIQUE VD) ET AUTEURE DE « GARDE-MOI VIVANT ! VIEILLIR ET LE DIRE »,
PARU EN 2020 AUX ÉDITIONS SAINT-AUGUSTIN
PHOTOS : GRÉGORY ROTH / CATH.CH, CORINNE GOSSAUER-PEROZ

Aumônière dans cinq EMS de la Broye, la souffrance est au cœur de mes visites et des échanges avec les résidents. Les souffrances physiques et leur palette de douleurs anciennes, nouvelles et quotidiennes. Souffrances psychiques quand un événement, un traumatisme, une situation passée ou présente ne cesse de tourmenter l’esprit. Souffrances relationnelles parce que les proches et les contemporains sont décédés, ceux avec lesquels il était possible de dire : « Tu te rappelles… » Souffrances relationnelles quand un enfant (de 60 ans et plus !) ne donne plus de nouvelles, peu importe la raison. Souffrance et solitude commencent par la même lettre…

Pourtant, au cœur de ces souffrances, je vois et j’entends aussi le courage, la dignité, l’endurance, l’espérance et la foi. Je n’entends personne parler de ses souffrances comme une opportunité de « gagner son paradis ». Du reste, je rappellerai que « le Christ a tout accompli » (Evangile de Jean 19, 30). Il a tout porté et donné sa vie pour notre salut.

Dans l’écoute et le partage des souffrances des résidents, il nous arrive souvent de faire ce constat : la foi n’explique pas la souffrance, elle n’apporte pas de réponse et si c’était le cas, les églises seraient pleines !… La phrase de Paul Claudel me semble dire l’essentiel et le mystérieux : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence ». Jésus, le fils de Dieu, venu aimer et sauver les hommes, a aussi souffert en donnant sa vie. En ayant traversé la souffrance et la mort, Il peut comprendre l’épreuve de tout individu. Sa présence est consolation dans le cœur de tant de personnes que je rencontre.

Avec ou sans souffrance, la foi se nourrit dans et par la prière, la Parole de Dieu et les sacrements. Les EMS ne font pas exception à ces ressources. Dans le cheminement spirituel des personnes, la prière tient une grande place. Elle est ce lieu secret où les cris, les soupirs, les questions (« Quand vas-tu me consoler ? » Psaume 118, 82) et la reconnaissance peuvent se dire. « Si je ne prie pas, je tangue », me disait une nonagénaire. Au cœur des pertes et de la vieillesse, la prière est et demeure un élément vital. « Aux jours de ma vieillesse et de mes cheveux blancs, ne m’abandonne pas, ô mon Dieu ! » (Psaume 70, 18).

 

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp