Comprendre la liturgie et les sacrements

PAR CHANTAL SALAMIN | PHOTO : DR

Sacrements, sacramentaux, bénédictions, célébrations, rites, etc. sont là pour nous, mais en avons-nous conscience ? Ce mois-ci, découvrons-les à travers les enseignements et propositions du site liturgie.catholique.fr, édité par le Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle de la Conférence des évêques de France.

Non, la liturgie, ce n’est pas seulement le job du curé . Elle est là pour que nous puissions accueillir les dons de Dieu qui nous sont essentiels pour une vie pleine.

Ce site nous invite à nous laisser interpeller par ce que Notre Père veut pour nous, il nous invite à nous ouvrir à la liturgie et nous en donne les moyens.

S’ouvrir à la liturgie

Prendre le temps d’entrer dans la signification de la liturgie (lire « La participation active des fidèles durant la messe »), c’est entrer dans le combat spirituel sachant que Dieu nous accompagne, donc un combat dont nous ressortirons vainqueur d’une vie plus pleine (lire « La liturgie entraîne au combat spirituel »), en communauté (lire « En l’absence de rassemblement dominical, garder la communion entre nous ! ») en mettant nos pas dans ceux qui nous précèdent, membres de nos familles, de nos communautés, bienheureux et saints.

« Chaque année, le temps liturgique nous fait parcourir tout le mystère du Christ. A travers le cycle pascal, les fêtes fixes, la succession des dimanches, ce sont les grands mystères de la foi que les chrétiens sont invités à célébrer […] qui permet aux baptisés de se réapproprier toutes les dimensions de leur foi, au cœur de leur propre histoire et de celle de l’humanité. » (lire « L’année liturgique, chemin de conversion »).

Et se laisser creuser

Le site propose de nombreux éclairages par divers contributeurs (prêtres, religieux, laïcs), notamment une bibliothèque de dossiers avec des sujets qui nous interpellent aujourd’hui et creusent notre soif de découverte. Par exemple : « Prier et célébrer au temps du coronavirus », « La « Saison de la Création » : un temps pour protéger l’héritage du Créateur », « L’Eglise et l’art contemporain, un dialogue fécond », « Redécouvrir la prière du Notre Père », « « Protection, délivrance, guérison » : présentation et réflexions », « La pénitence a-t-elle un sens ? », « La Semaine sainte : une unité à l’épreuve du temps et de l’espace ».

Rites au pluriel !

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : CIRIC

On a tendance à voir l’Eglise catholique-romaine comme un monolithe, avec «la même messe» aux quatre coins du monde. Faux. Il y a, en son sein, certes le rite romain, majoritaire, les rites ambrosien à Milan et mozarabe à Tolède, mais également cinq autres familles rituelles: chaldéenne/syro-malabare; copte/éthiopienne; arménienne; syriaque/maronite/syro-malankar; et byzantine. Si chacune est gouvernée par un patriarche ou un archevêque majeur, le pape de Rome est tout autant leur pape !

Rite amazonien

Au contraire du slave Jean-Paul II – qu’on a vu vêtu des regalia des rites orientaux qu’il a fréquentés lors de visites apostoliques –, François l’Argentin s’intéresse à l’acculturation de la liturgie sur son continent. En effet, il parle de créer un nouveau rite dans l’Eglise catholique sud-américaine : l’amazonien.

Après le rite zaïrois 1, à propos duquel une excellente présentation 2 lui a permis d’en réévaluer la pertinence pastorale en préfaçant l’ouvrage, on n’avait plus vu un pape évoquer de nouveaux rites dans l’Eglise latine depuis Paul VI ! Or, un effet du synode pour l’Amazonie (2019) est l’élaboration d’un rite propre à cette large partie du continent sud-américain.

Acculturation

Cette initiative rappelle la nécessité de contextualiser la liturgie, messe et sacrements inclus. Dans l’exhortation post-synodale Querida Amazonia, François invite à intégrer dans la liturgie « beaucoup d’éléments propres à l’expérience des indigènes dans leur contact intime avec la nature et à favoriser des expressions autochtones en chants, danses, rites, gestes et symboles ». Et de reconnaître que malgré l’exhortation du Concile Vatican II à doubler d’efforts dans ce sens, « peu de progrès dans cette ligne » sont à constater, déplore le Pape dans
la préface de l’ouvrage précité.

Face à la crispation de certains puristes en matière de liturgie,
il est bon d’être encouragé par
le Pape de tous les catholiques
aux sept familles liturgiques – et bientôt huit ?

1 Du Zaïre, alors ancien nom
de ce qui deviendra la République démocratique du Congo ou RDC.

2 R. Mboshu Kongo, Le pape François
et le Missel romain pour les diocèses du Zaïre,
LEV, 2020.

 

« Rites à la carte »

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse catholique de langue française de Berne , novembre 2021

«Traditionis custodes», la lettre apostolique, publiée le 16 juillet 2021 par le pape François, remet à jour certains rites de l’Eglise; c’est une occasion de nous interroger sur le rôle des rites et leurs significations. Commentaires et portrait de l’abbé Antonio Ruggiero, prêtre remplaçant à la paroisse catholique de langue française de Berne.

PROPOS RECUEILLIS PAR XAVIER PFAFF | PHOTO : RP

Une présence internationale

Originaire d’Italie, mais né en Belgique et de langue maternelle italienne puis flamande, l’abbé Antonio a fait ses études à Louvain et connait très bien la Belgique. Actuellement, l’abbé Antonio Ruggiero vit en Suisse depuis 20 ans.

« J’ai été responsable de la Mission catholique italienne de Bienne pendant plus de 17 ans. La MCI comptait chaque année environ 200 enfants au catéchisme ; j’ai par exemple lancé et motivé avec succès une structure d’aides-catéchistes. Les jeunes sont très importants dans la vie d’une paroisse. » L’abbé Antonio a rejoint la paroisse catholique de langue française de Berne en septembre 2019 et en juillet 2021.

Rites et sacrements

« Les rites s’expriment particulièrement par les sacrements, mais il faut d’abord savoir que le sacrement par excellence c’est l’être humain lui-même, femme
et homme. Le Seigneur qui a créé l’être humain,
ne sait faire qu’une chose : aimer. Il nous aime tels
que nous sommes, d’un amour immuable et inconditionnel, au-delà de celle ou celui que nous voudrions être. »

Le reste, et donc les rites de l’Eglise, sont d’origine humaine et peuvent à tout instant être changés.

« Les rites sont une nécessité pour l’homme. Ils nous font du bien, ils nous ouvrent le cœur quand ils sont accompagnés de mots qui donnent Vie. Par exemple, pour le baptême, on observe des rites précis autour du cierge : remise du cierge, le père allumant le cierge, puis père, mère et parrain-marraine touchant le cierge pendant la lecture. Ils symbolisent la lumière du Christ présente dans la vie de l’enfant. La confirmation est un rite important dans le sens où la personne devient officiellement chrétienne et adulte. Et c’est lorsque l’on essaie de vivre la loi de l’Amour qui est le Christ, que l’on devient un chrétien adulte ; les autres rites sont alors sources d’inspiration.

Ils sont présents aussi en fin de vie, par exemple par le sacrement des malades, ou l’accompagnement des personnes en fin de vie. « Le prêtre qui donne ce sacrement entre en relation avec la personne malade ou mourante, ainsi qu’avec les proches présents. Les cœurs s’ouvrent en la présence du Seigneur. »

D’autres rites sont à mentionner, tels le baptême à l’âge adulte, la tradition de la crèche et du sapin de Noël, ou les rites associés au sacrement du pardon.

Au-delà des rites

La vie du chrétien est jalonnée par toutes sortes de rites exprimés principalement par les sacrements. Ils sont importants car ils répondent à des besoins humains. Mais plus que de suivre les rites, la vocation du chrétien, point majeur, est de « vivre l’Amour du Christ au quotidien. Le passé avec ses rites, son histoire et sa culture est primordial ; le futur, avec tout ce qu’il peut nous apporter, l’est tout autant. Mais c’est dans le présent que le Seigneur crée et donne Vie. Et c’est dans ce présent que je veux essayer de vivre authentiquement ma foi au sein de l’Eglise ».

Jeux, jeunes et humour – avril 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Qu’est-ce que l’octave de Pâques ?
L’Eglise aime faire la fête et la prolonger ! L’octave désigne les huit jours qui suivent une fête chrétienne importante, comme Noël ou Pâques. La fête de la Résurrection de Jésus se prolonge sur une semaine où chaque jour est considéré comme jour de Pâques jusqu’au dimanche suivant anciennement appelé In albis (en blanc). Là les nouveaux baptisés quittaient alors leur vêtement blanc porté durant toute l’octave.

Par Pascal Ortelli

Humour

Lors de l’eucharistie dominicale, un curé porte un pansement sur sa joue gauche. A la fin de la messe, un paroissien lui demande ce qui est arrivé. « Ce matin, je préparais mon homélie tout en me rasant. Une seconde de distraction et le rasoir m’a coupé la joue. » Le paroissien, du tac au tac : « M. le Curé, dimanche prochain, vous vous concentrez sur le rasoir et vous coupez le sermon ! » 

Par Calixte Dubosson

Permanence des rites

PHOTO : DR

PAR CALIXTE DUBOSSON

Lors d’une session réunissant plusieurs prêtres, un intervenant, le
sociologue Bernard Crettaz, nous a surpris en conseillant de ne pas abandonner certains rites au sujet des funérailles, mais de les renforcer. Ils permettent de bien faire son deuil et s’inscrivent dans la continuité d’une pratique ayant fait ses preuves.

J’ai connu l’époque où, dès le décès d’une personne, on commençait par sonner le glas. Le curé et le président étaient avertis. On appelait le menuisier pour le cercueil. Dans la maison, on préparait la veillée alors qu’un voisin prenait soin du bétail ou des travaux à terminer. Dans un tiroir, on trouvait les instructions pour habiller le défunt qui reposait dans sa chambre. Jusqu’au jour de la sépulture, il était veillé
jour et nuit par la famille et les amis dont certains abusaient de la dive bouteille à tel point que, le matin venu, seul le défunt était de sang-froid !

Ces pratiques rendaient la mort la plus naturelle possible. Alors, c’était mieux avant ? Dans cette perspective, certainement. A nous de relever le défi, de maintenir ou d’inventer des rites qui dédramatisent l’évènement de la mort et surtout qui traduisent l’espérance chrétienne de la résurrection.

Via Jacobi: Romont-Moudon

Notre-Dame des Pauvres.

Texte et photos par Pascal Ortelli

Le mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà des sentiers battus, la Via Jacobi regorge de curiosités. Chaque mois, L’Essentiel prend son bâton de pèlerin et en réalise un tronçon sous forme d’une balade familiale à faire sur la journée. Aujourd’hui, cap sur Moudon pour une longue étape, idéale à vélo.

Départ depuis la gare de Romont, 4h30 aller simple, 18 km

1. Depuis la gare, montez dans le bourg pour découvrir la collégiale où vous retrouverez une sculpture de saint Jacques sur les stalles.

2. Sortez de la ville par le sud-ouest jusqu’à la zone industrielle que vous traverserez pour vous rendre à l’oratoire de Notre-Dame des Pauvres. Poursuivez sur la droite sur un chemin de campagne.

3. A Billens, prenez à gauche le long de la route goudronnée et attaquez la montée. Arrivé sur la crête d’Hennens, frontière entre Fribourg et Vaud, prenez à gauche dans l’herbe jusqu’à l’antenne et attaquez la descente.

4. A Curtilles, ne manquez pas de visiter le temple, une ancienne église dont la reconstruction date de 1231.

5. Quittez ensuite le tracé de la Via Jacobi pour vous rendre à Lucens. La ville avec son imposant château mérite le détour. Au pont routier, remontez la Broye, en direction de Moudon jusqu’à la passerelle qui rejoint le chemin officiel.

6. Dans la ville basse de Moudon, les stalles de l’église Saint-Etienne valent le détour.

Les plus motivés et à vélo seulement (15 km) peuvent rentrer par Siviriez et la Pierraz pour découvrir la maison natale de Marguerite Bays (no 7) et la chapelle du Bois (no 8) avant de rejoindre Romont par la route principale.

Curiosité

L’église de Curtilles, dédiée à saint Pierre et dont la première construction remonterait à 1055, est considérée comme l’une des plus anciennes du diocèse de Lausanne.

Coup de cœur

Le musée Sherlock Holmes 
Sir Adrian Conan Doyle, le fils du romancier, fit du château de Lucens où il résida un musée dédié à l’œuvre de son père, qui se trouve aujourd’hui en contrebas dans la « Maison rouge ».

En librairie – avril 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Choisis la Vie !
Timothy Radcliffe

A propos de la pandémie du Covid, le philosophe André Comte-Sponville s’est écrié : « Ne sacrifiez pas l’amour de la vie à la peur de la mort ! » Par ce livre-confession, le frère dominicain Timothy Radcliffe rappelle que le chrétien doit témoigner et être du côté de la vie. Dans un monde où l’on parle d’aide au suicide, d’euthanasie et d’avortement, nous sommes invités à choisir la vie. « Je mets devant vous la vie et la mort : choisissez la vie », demande Dieu. « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et l’aient en abondance », répond Jésus.

Editions Cerf

Acheter pour 34.00 CHF

Entre tradition et décision
Sophie Tremblay

Un jeune couple doit décider de faire baptiser ou pas son enfant. Entre les parents, au bagage religieux différent, s’engage un dialogue sur la nature de la foi chrétienne qui s’étend peu à peu à leurs proches aux itinéraires spirituels tout aussi variés. A partir de cette mise en scène inspirée d’histoires vraies, et qui vise à demeurer au plus près de l’expérience, Sophie Tremblay développe sa réflexion sur la transmission de la foi dans une société plurielle et laïcisée. Ce livre qui jette des ponts entre tradition et modernité pose des bases solides pour repenser l’initiation chrétienne dans le contexte actuel.

Editions Médiaspaul

Acheter pour 30.20 CHF

L’Esprit renouvelle tout
Nathalie Becquart

A partir de sa riche expérience pastorale auprès des jeunes, Sœur Nathalie Becquart, nouvelle sous-secrétaire du synode des évêques, propose avec ce livre un véritable GPS, capable d’orienter une pastorale qui leur soit adaptée.

L’auteur donne également des exemples concrets et des conseils pratiques. Ces pages aideront ceux qui, dans l’Eglise, souhaitent accompagner les jeunes vers un renouveau, en lien avec leurs cultures et leurs nouveaux langages, dans un réel esprit de coresponsabilité. 

Editions Salvator

Acheter pour 27.60 CHF

Saint Irénée de Lyon
Etienne Piquet-Gauthier – Pascal Vitte

Après la mort de Jésus, les apôtres décident d’aller répandre la Bonne Nouvelle dans bien des pays, dont la Grèce. Touché par le message du Christ, Irénée, un érudit du IIe siècle, va partir jusqu’en Gaule. Porté par son zèle missionnaire, il souhaite encourager les chrétiens à entretenir une unité. Il deviendra par la suite évêque de Lyon. Le IIe et le XXIe siècle connaissent la tentation de la pensée scientifique qui en fait un absolu au mépris de la foi du simple croyant. Pétri de la Parole de Dieu, Irénée fait partie de ceux qui combattent l’erreur non par la sentence de la condamnation mais par la raison et la foi. Cette bande dessinée nous en dépeint les contours.

Editions Signe

Acheter pour 28.80 CHF

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Carême

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE) mars 2021

PAR JOEL AKAGBO | PHOTO : DR

« Seigneur, avec toi, nous irons au désert… »

Ce chant de Carême nous révèle le sens profond du Carême. Que signifie pour nous chrétiennes, chrétiens, « aller au désert ? ».

Le Carême est souvent associé à la notion du « désert » à cause des 40 ans du peuple élu au désert avant d’entrer en terre promise (Nb 11, 1-25, 18), aussi des 40 jours de jeûne et de prière de Jésus au désert après son baptême ( Mt 4, 1-11).

« Aller au désert » est perçu par le prophète Osée comme un temps de fiançailles : « Voici que moi je la séduis et la conduirai au désert et je parlerai à son cœur… Et je te fiancerai à moi pour toujours. » (Os 2, 14.16)

Si la période du désert est donc envisagée chez le prophète Osée comme une préparation au mariage, durant le Carême Dieu attend son peuple comme un fiancé attend avec impatience sa future épouse. Le désert est donc le temps d’attente et de préparation en vue d’un événement magnifique. En hébreu, le mot « désert » ressemble au mot « parole », c’est pourquoi durant le Carême, nous sommes appelés à ouvrir notre cœur pour écouter la voix du Seigneur et à manger sa parole.

Ces quarante jours sont le temps de grâce, le moment favorable que l’Eglise met à notre disposition afin de repartir d’un bon pas, réorienter notre marche, purifier notre cœur et secouer notre torpeur.

Le Carême nous invite à une démarche de réconciliation avec Dieu et avec notre prochain (2 Co 5, 20), à la prière persévérante, au partage généreux, à la miséricorde et à la compassion.

Il n’est rien d’autre qu’un chemin d’amour vers le Père. Ce temps fort commence le Mercredi des cendres et s’achève avec la Semaine sainte et le dimanche de Pâques.

En ce temps de crise généralisée, il nous faut simplement nous tourner vers notre Père, vers nos frères et sœurs avec une grande charité par l’intercession de saint Joseph.

Le pape François nous rappelle que notre vocation chrétienne est de faire connaître l’amour miséricordieux que le Christ porte à chacune et chacun de nous : « Tant de cœurs ont besoin d’être réchauffés à la flamme de son amour ! »

Bon et fructueux Carême et bonne Montée vers Pâques !

La Sagesse, notre divine Compagne pour 2021 ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

PAR MARIE VERENNE

« La sagesse de ce monde est folie auprès de Dieu. » (1 Co 3, 19)

La sagesse, voilà un mot qu’on n’utilise plus guère. Sait-on encore ce qu’il signifie ? On parle plutôt intelligence, performance, compétitivité…, dans notre culture athée, qualités requises pour prospérer sur terre en vue du succès et de la richesse. Jésus le dit, dans le domaine profane, « les fils de ce monde-ci sont plus avisés envers leurs propres congénères que les fils de la lumière ». (Lc 16, 8)

« Yahvé prend les sages au piège de leur ruse ; leurs habiles conseils se trouvent dépassés. Ils butent en plein jour contre l’obscurité, tâtonnant dans la nuit, alors qu’il est midi. » (Jb 5, 13-14)

La Sagesse avec un grand S, le Don le plus élevé de l’Esprit, n’a rien de commun avec cette « habileté » qui dévie trop souvent vers la malignité. Elle s’y oppose même, requérant les Vertus premières de la Foi : humilité, charité, pureté, douceur, obéissance…

« … mettez-vous à Mon école, car Je suis doux et humble de Cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. » (Mat 11, 29)

Etre sage selon la Bible, c’est se reconnaître créature pécheresse, entièrement redevable au Dieu d’Amour et au Sacrifice Rédempteur de Jésus, puis travailler à se soumettre toujours plus authentiquement à Sa Volonté très parfaite, exprimée par Sa Loi, avec le cœur d’un enfant aimant. Pourquoi ? Parce que l’homme est fait pour le bonheur et que c’est là l’unique voie qui y conduise. Il faudrait être fou pour se condamner à l’horreur éternelle ou même à un dur Purgatoire, quand Jésus nous propose les Félicités indicibles du Royaume !

Si nous nous confions corps et âme à Marie, Trône de la Sagesse, Elle nous rendra disponibles à l’accueil de ce Trésor divin et nous ramènera au Bien quand nous dévierons, tentés par les suggestions alléchantes de Satan.

La Sagesse est plus précieuse que tout l’or de la terre, préférable à la santé et à la beauté 1, car Elle est « un effluve de la Puissance de Dieu, émanation toute pure de la Gloire du Tout-Puissant » (Sg 7, 25) qui éclaire l’esprit et le cœur, conseille et console, sanctifie et apporte le Salut.

« Elle enseigne la modération, le discernement, la justice et la force. Dans la vie, il nest rien de plus utile aux humains. »
(Sg 8, 7)

Dans Sa grande Tendresse, le Père a voulu qu’Elle « se laisse trouver par ceux qui la cherchent » (Sg 6, 12), afin que les plus petits n’aient pas de peine à La prendre pour Maîtresse : « Elle se laisse facilement contempler par ceux qui Laiment… Elle va au-devant d’eux et… leur apparaît avec bienveillance. » (Sg 6, 12-16)

Y a-t-il plus beau et noble projet pour l’année nouvelle que de convoiter l’intimité avec la Sagesse ?

« Cest Elle que jai chérie et recherchée dès ma jeunesse ; jai désiré faire d’Elle mon épouse et je suis devenu amoureux de sa beauté. » (Sg 8, 1-2)

1 Cf. Sg 7, 10-11.

 

 

Le Notre Père, ses traductions

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

Dans le cycle de cours publics de la faculté de théologie de l’Unige, Anne-Catherine Baudoin, maître d’enseignement et de recherche en Nouveau Testament et christianisme ancien, a proposé une lecture du Notre Père sous trois angles : la transmission, la traduction et la transposition. Voici un bref aperçu de sa vision des traductions de cette prière.

PAR PASCAL GONDRAND | PHOTOS : WIKIMEDIA COMMONS

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

 

Le Notre Père est connu dans le christianisme indépendamment de sa position dans le Nouveau Testament, a rappelé Anne-Catherine Baudoin. Cette prière appartient tant à la culture orale qu’à la culture écrite, à la culture liturgique et spirituelle autant qu’à la Bible. La professeure a posé l’hypothèse que ce statut particulier la place dans une situation stratégique et facilite sa pénétration dans des domaines très divers. Un de ces domaines est sa traduction.

Au XVIe siècle, le premier savant à avoir recueilli des traductions de cette prière dans le but d’étudier et de présenter chacune d’entre elles est le Zurichois Conrad Gessner (1516-1565), un savant contemporain de Zwingli, qui a publié en 1555 un traité sur les différences entre les langues intitulé Mithridate. Sur les différences entre les langues.

Conrad Gessner a rappelé dans son introduction que Mithridate, celui que nous connaissons par la mithridatisation, roi de 22 peuples, était, selon Pline l’Ancien, capable d’haranguer chacun d’entre eux dans sa langue respective. On notera que dans la Zurich de la Réforme le multilinguisme était une arme pour diffuser le christianisme. D’ailleurs, dans son introduction, Conrad Gessner précisait que « Dans notre cité, toute limitée qu’elle soit, c’est en latin, en grec, en hébreu, en allemand, en italien, en français, en anglais et dans certaines autres langues qu’on lit, à la gloire de Dieu, les Saintes Ecritures, qu’on en acquiert la connaissance, qu’on les célèbre. » Comme on le voit dans le titre de son ouvrage, Differentis Linguarum, il met l’accent sur les différences entre les langues alors que d’autres humanistes, à la même époque, se lancent dans des études pour trouver une langue originelle, la langue d’avant Babel. Conrad Gessner présente dans son recueil 110 langues, par ordre alphabétique, en donnant pour 27 d’entre elles, celles dans lesquelles le christianisme s’est implanté, le Notre Père, à savoir son texte, ou sa transcription. Il pose ainsi les fondements de la linguistique comparée, sans faire lui-même œuvre de linguiste mais plutôt d’encyclopédiste. Cette pratique de la présentation des langues du Notre Père, accompagnée de ses traductions, a fait école et s’est étendue au XVIIe et au XVIIIe siècles. L’un des recueils qui a eu beaucoup d’influence est celui d’Andreas Müller (1630-1694), orientaliste berlinois spécialiste de la langue chinoise, qui a publié en 1680, sous un pseudonyme, un recueil de 83 versions du Notre Père, Oratio Orationum s s. Orationis Dominicae Versiones. Il n’a pas classé ces versions par ordre alphabétique comme l’avait fait Gessner mais par zones géographiques : langues asiatiques, langues africaines, langues européennes, etc. L’ouvrage fut notamment réédité en 1715 et cette dernière édition, due à John Chamberlayne (c. 1668-1723) est la plus étoffée – plus de 140 langues. Cet ouvrage conserve la présentation par régions, qui va permettre à Gottfried Hensel (1687-1765), dans sa Synopsis Universae Philologiae publiée en 1741, de proposer quatre superbes cartes qui ont été reproduites par la suite de manière indépendante.

Anne-Catherine Baudoin a rappelé que le Carmel du Pater, à Jérusalem, construit au XIXe siècle sur les ruines de la basilique constantinienne dite de l’Eleona, en raison de sa situation sur le Mont des Oliviers, est orné de plaques de céramique polychrome sur lesquelles figurent différentes traductions du Notre Père, plaques qui se sont multipliées au fil du temps dans un grand esprit de Pentecôte. Ce lieu est associé dans la tradition, en particulier à partir des croisades, à l’enseignement de Jésus. Au début du XXe siècle, sur le Monument de la Réformation, à Genève, on a fait la même chose. Autour des grands réformateurs, le Notre Père a été gravé dans la pierre en français et en anglais, puis plus tardivement en allemand. Avec le Carmel du Pater et le Mur des Réformateurs, Anne-Catherine Baudoin a alors fait un bond dans
le temps et a rejoint l’époque contemporaine.

En conclusion elle a lu le Notre Père dans quelques langues qui nous sont familières :

« Notre Père qui êtes au cieux… Restez-y » (Jacques Prévert, 1900-1977),

« Hallowed be thy Name »,

« Dein Reich komme »,

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »,

« Dacci oggi il nostro pane quotidiano »,

« Forgive us our trespasses as we forgive our debtors »,

« Und führe uns nicht in Versuchung » (la fameuse tentation),

« But deliver us from evil »,

« Dein ist das Reich »,

« The power is Yours »,

« Et la gloire »,

« Forever and ever »,

« Amen ».

Ainsi peut-on réciter le Notre Père, à condition bien sûr d’être multilingue !

 

 

Année Saint Joseph !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2021

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : DR

C’était le 8 décembre dernier, le pape François signe et édite une Lettre apostolique pour marquer les 150 ans de la proclamation de saint Joseph comme patron de l’Eglise universelle.

Un peu d’histoire

C’est le pape Pie IX qui, le 8 décembre 1870, signe une Lettre proclamant Joseph patron de l’Eglise universelle, chahutée par mille vents contraires – on est à moins de deux mois après la suppression officielle des Etats Pontificaux et de la non-fin 1 du Concile Vatican I ! – et qui cherche un équilibre spirituel dans le refuge auprès de la paternelle figure de Joseph. Ce sont les prélats qui avaient participé au Concile et dû fuir à l’entrée des troupes italiennes, qui pétitionnent le pape pour une telle démarche.

C’est également par cette Lettre que le
19 mars fut déclaré solennité à saint Joseph, comme « double rang de première classe » dans la hiérarchie des jours liturgiques 2. L’Eglise luthérienne et la communion anglicane le commémorent également le 19 mars, alors que l’Orthodoxie byzantine le fête le jour de clôture du cycle de Noël ! Et c’est Pie XII qui inscrivit la fête de saint Joseph, patron des travailleurs, au 1er mai, pour coïncider avec la Journée internationale des travailleurs…

Joseph pour le XXIe siècle

Le pape François commence sa lettre par Patris corde, « avec un cœur de père », ou, en paraphrasant un peu, « par une tendresse paternelle »… Tout un programme à l’heure du questionnement de la place du père dans la société, de son congé après l’arrivée d’un enfant, de la mode du coaching en masculinité et en paternité… La tendresse n’est donc pas l’apanage du sexe féminin, mais bien également de tout être humain ! Déjà une bonne nouvelle : on imagine que cette tendresse paternelle a servi l’enfant Jésus tout autant que celle de sa mère, qui plus est, n’était certainement pas réduite aux tâches ménagères !

Sept chapitres, ou sections, qui décortiquent sept façons pour Joseph d’être « plein de tendresse »… Chaque section est ciselée de manière adéquate pour une lecture par étape, une méditation fructueuse, et une rencontre : avec celui que l’on a trop longtemps laissé dans l’ombre de Marie, sujette d’une piété populaire parfois exacerbée… et qui n’aurait eu aucune légitimité à être ce qu’elle fut si Joseph l’avait répudiée selon la Loi de Moïse ! Combinaison des charismes, en somme !

1 Les troupes italiennes pénètrent dans Rome le 20 septembre 1870, et 15 jours plus tard, par plébiscite, le reste des Etats Pontificaux est incorporé au nouveau Royaume d’Italie…
Le pape Pie IX suspend alors
sine die le Concile qui avait cours…

2 C’est depuis 1479 qu’à Rome est célébrée la Saint-Joseph, étendue à toute l’Eglise de rite romain en 1570 par le pape dominicain Pie V.

 

 

Economies d’énergie : la paroisse s’engage

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mars-avril 2021

Les paroissiens sont de plus en plus sensibles aux économies d’énergie et au respect de la nature. Le Conseil de paroisse aussi, qui s’interroge sur les immeubles de la paroisse.

PAR OLIVIER CAZELLES | PHOTO : ANNE DE TREVERRET

Cela se remarque dans les conversations et les décisions : on pense à remplacer des fenêtres, on envisage de refaire l’isolation du toit, des murs, on achète une voiture électrique. On prend davantage les transports publics. L’application TooGoodToGo est très intéressante pour les clients et les magasins : elle permet de valoriser et de consommer les invendus qui sinon finiraient à la poubelle. Mais les déchets, hélas, ne vont pas toujours à la poubelle : quel plaisir, alors, de voir un voisin qui n’est pas concierge, main gantée, ramasser spontanément des masques de protection, des canettes vides, de petits emballages en carton, des sacs plastiques écrasés et même les mégots abandonnés près de notre immeuble.

Une meilleure isolation

Le Conseil de paroisse se pose les mêmes questions quant aux immeubles appartenant à la paroisse. A chaque rénovation revient la même interrogation : « Que peut-on faire de plus ? ». La loi sur les constructions et sur les restaurations est de plus en plus précise : elle fixe de nouvelles normes, exige des travaux d’isolation et définit la qualité des matériaux à employer. Ainsi, lors de la rénovation de la grande salle, et plus tard de la cure, toutes les fenêtres ont-elles été changées pour assurer une meilleure isolation thermique.

Lors des travaux à l’église à la Colombière, le Conseil de paroisse a mandaté un ingénieur pour proposer des mesures, car le toit est mal isolé. Ce travail est trop important pour être engagé maintenant. Quant à la future église de Gland, elle tient compte des nouvelles exigences : des panneaux solaires photovoltaïques sont intégrés au projet.

Les mentalités évoluent, nos points de vue changent. Nous commençons à voir les choses autrement et ce qui était impensable devient possible. Ce n’est qu’un début !

 

Une histoire de vie marquée par la maladie Stéphanie Schmäh témoigne

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), mars-avril 2021

TEXTE ET PHOTO PAR JOËL BIELMANN

Aucune maladie d’enfance (oreillons, coqueluche, varicelle…) ne l’a épargnée. Cela a induit bien des absences à l’école. A l’âge de 19 ans, elle perd 22 kilos en deux semaines. Les médecins s’interrogent : serait-ce dû à la drogue ? Faut-il conclure à une fragilité psychique particulière ? Finalement, 33 ulcères internes sont découverts. C’est cancéreux. Les médicaments prescrits à très hautes doses, brûlent son estomac au troisième degré. Il lui est impossible de manger. Elle est nourrie grâce à une sonde une période durant.

Aujourd’hui, Stéphanie Schmäh approche des 50 ans. Depuis sa jeunesse, elle ne cesse de combattre les maladies. Cancers et autres maux se sont enchaînés. Stéphanie ne connaît pas le nombre d’interventions chirurgicales qu’elle a subies. Durant des années, elle aspire fortement à devenir mère. Après plusieurs fausses couches, des soins invasifs l’obligent à vivre le deuil de la maternité.

A 34 ans, son activité professionnelle – elle est secrétaire de direction dans une société internationale – la conduit en Chine. Une très forte fièvre, des difficultés respiratoires et l’impossibilité de se mouvoir impliquent l’appel à une ambulance. Cette dernière arrive le lendemain sur les lieux, juste au moment où Stéphanie est frappée d’un infarctus. Le plongeon dans l’inconscience amène alors un étrange rêve. « Je disais au revoir à tout le monde, dit Stéphanie : aux membres de ma famille, à mes amis, aux personnes rencontrées en Chine. Je devais me dépêcher, n’oublier personne. Et tout à coup, ce fut la nuit totale. Je me voyais dans un train qui roulait à toute allure. Le crash semblait inévitable. Subitement vint la lumière. Je me suis réveillée, ai pris un peu de temps pour réaliser où je me trouvais. Puis ce fut l’évidence : c’était Dieu, la Trinité, les anges… comment dire… la puissance du Seigneur était entrée en moi. » L’expérience relève manifestement de l’indicible. Durant tout le trajet en ambulance, Stéphanie a serré la main d’un soignant à un point tel que les os en furent brisés. Elle a été transportée par l’une des deux ambulances que comptait l’île chinoise de deux millions d’habitants. Elle a bénéficié du seul défibrillateur dont disposait l’hôpital et qui se trouvait exceptionnellement dans l’ambulance. Un vrai miracle !

Depuis lors, tout a changé pour Stéphanie. Les sacrements, la prière, l’éducation religieuse d’antan ont pris des couleurs totalement renouvelées. Dès son retour de Chine, elle a été hospitalisée durant six mois. Elle recevait alors chaque jour la communion. Elle déclare avoir demandé au Seigneur pourquoi elle a été choisie pour vivre tant d’épreuves. « J’ai compris, ajoute-t-elle, que je dois être généreuse, aider mon prochain, prier pour les malades, la justice et entre autres pour mes ennemis, garder le sourire et la joie de vivre. » Sa générosité se concrétise par divers engagements personnels. Bénévole, elle est sacristine à l’église du Saint-Sacrement à Marly et membre de l’équipe de préparation au baptême pour notre unité pastorale.

« Il existe manifestement un registre chrétien comme un appel à faire face à la souffrance, à mystérieusement aussi s’y confronter et la vivre comme un possible espace de grâce sans pour autant la rechercher pour elle-même.1 » Stéphanie, par votre témoignage en paroles et en actes, vous nous laissez entrevoir ce « possible espace de grâce ». Merci à vous !

 

1 Dominique Jacquemin, La souffrance : une porte vers le ciel ? Revue Lumen Vitae, n° 3, 2016, p. 290.

L’œcuménisme, une réalité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mars-avril 2021

La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens a été célébrée du 18 au 25 janvier sur le thème « Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » (Jean 15, 5-9). A Gland, chaque soir, du 18 au 22 janvier, des membres des différentes Eglises
se sont retrouvés à la chapelle Saint-Jean-Baptiste.

TEXTE ET PHOTO PAR MARLÈNE ADAMAH

Des membres des Eglises de Gland se sont retrouvés de 19h30 à 20h15 du 18 au
22 janvier à la chapelle Saint-Jean-Baptiste pour partager et réfléchir sur un texte biblique, puis prier ensemble. Un cadeau offert par nos aînés qui ont cultivé l’œcuménisme durant ces quarante dernières années.

Œcuménisme domestique

Marlène Adamah, membre de la communauté catholique et du groupe inter-Eglises, partage ici ce qu’elle vit au sein de ce groupe et sa communion profonde avec ses frères et sœurs des autres Eglises chrétiennes.

« Je suis issue d’une famille catholique du sud-ouest du Bénin, en Afrique de l’Ouest. J’ai fait mes premiers pas dans la foi à l’église Saint-Martin de Cotonou, la capitale : catéchèse, première communion et confirmation.

Très tôt mon père, ancien séminariste, avait à cœur que ses enfants évoluent dans les groupes et mouvements de la paroisse. Il nous a inscrits dans le mouvement cœurs vaillants âmes vaillantes (CVAV). A 16 ans, je suis entrée dans le chœur des jeunes tout en continuant à accompagner des enfants au sein du CVAV.

Mes études m’ont ensuite conduite en Allemagne. J’y ai rencontré mon mari évangélique, que j’ai rejoint plus tard à Gland. Je suis devenue membre de l’Eglise catholique de Gland, mon mari membre de l’Eglise évangélique Arc-en-ciel de Gland. Mon expérience œcuménique domestique m’a permis de m’ouvrir davantage à d’autres confessions religieuses, car à Gland, nous avons la chance de collaborer avec d’autres Eglises chrétiennes – réformée, adventiste et évangélique.

Pour échanger et collaborer, les différentes communautés chrétiennes de Gland se retrouvent dans le groupe inter-Eglises. C’est un creuset œcuménique où elles vivent l’unité dans la diversité, toutes appartenant au Corps du Christ. Ce groupe collabore avec les représentants de la commune.

 

Le groupe inter-Eglises

PAR MARLÈNE ADAMAH
PHOTO : DR

Quelles Eglises sont membres du groupe inter-Eglises ?

Le groupe inter-Eglises, un groupe intercommunautaire à vocation œcuménique, regroupait jusqu’en 2018 quatre Eglises : catholique, évangélique réformée, adventiste et évangélique Arc-en-ciel. S’y sont ajoutés le Gospel Center et l’église @home.

Quelles sont les actions et les activités du groupe ?

Ses membres se rencontrent périodiquement pour échanger et réfléchir sur des projets œcuméniques qui permettent aux fidèles des Eglises de Gland de se retrouver pour s’enrichir des différences et des richesses des uns et des autres.

Chaque année, le groupe inter-Eglises prépare la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, au cours de laquelle une communauté accueille, du lundi au vendredi, toutes les autres communautés pour des soirées de prière. La prière du vendredi soir est dirigée par le groupe GRACE, qui rassemble les jeunes des six communautés. La semaine est clôturée, le dimanche, par une célébration œcuménique. En raison de la pandémie, cette célébration a été retransmise cette année en streaming des locaux de l’Eglise Gospel Center La Côte.

Une célébration œcuménique a lieu chaque année durant le carême. Elle réunit surtout des réformés et des catholiques qui soutiennent ensemble un projet de développement. A l’issue de la célébration, une soupe est servie.

Le dimanche le plus proche du 1er août a lieu une célébration œcuménique et patriotique à laquelle participent toutes les Eglises membres ainsi que la fanfare de Gland. La prédication est faite à tour de rôle par un pasteur et un prêtre. Le 1er août, lors de la cérémonie officielle organisée par la commune, un prêtre ou un pasteur est invité à prononcer un discours.

L’éveil à la foi est aussi œcuménique. Les enfants de 2 à 6 ans des différentes communautés chrétiennes se retrouvent pour des activités ludiques autour de passages de la Bible. Les enfants sont accompagnés par leurs parents qui restent avec eux tout au long de la rencontre. Les rencontres ont lieu quatre samedis par an de 10h15 à 12h.

Enfin, une fois par an, le groupe invite la compagnie de la Marelle pour une pièce de théâtre à thème (spirituel ou social) à l’issue de laquelle il y a un moment d’échange avec les artistes. D’autres activités ont eu lieu ces dernières années, comme la crèche vivante devant le temple en décembre 2019 et la lecture de la Bible en continu durant 96 heures.

Autant de projets qui permettent de vivre une authentique collaboration et des échanges vrais. Réalisant l’unité dans la diversité. Car nous sommes tous membres du même corps, le Corps du Christ.

 

Vivre en témoin du Christ aujourd’hui, un défi ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Troinex, Veyrier-Vessy et Compesières (GE), mars 2021

PAR ISABELLE HIRT
PHOTO : DR

L’humanité tout entière vient de vivre, et vit encore pour un temps, une épreuve. L’isolement, la solitude, la peur, la souffrance, l’appauvrissement, la précarité, la mort, l’acceptation d’une situation qui nous échappe.

Dans cette même période, nos communautés de Veyrier-Troinex -Compesières connaissent une mutation majeure. Notre Unité pastorale Salève se trouve unie à l’Unité pastorale Carouge-Acacias. Une évolution conséquente à laquelle nous adhérons avec plus ou moins d’enthousiasme et beaucoup d’appréhension, mais qui, néanmoins, requiert une participation active de notre
part.

Enfin, dans quelques semaines, les chrétiens du monde entier commémoreront Pâques, la Passion et la Résurrection de notre Sauveur, Jésus-Christ.

Ces trois événements nous rappellent qu’ici-bas, tout a une fin, que la vie est une succession de pertes et de ruptures, et que notre chemin sur cette terre est semé de peurs, de renoncement et de souffrances. Or, le message au cœur de notre foi, la mort et la Résurrection du Christ, ainsi que sa vie et sa Parole, nous révèle que notre Père Créateur n’est pas à la source du mal, de la souffrance ou de l’angoisse et que ces états de vie ne lui font aucun plaisir, mais au contraire l’attristent.

Quand on appréhende le mal de l’extérieur, trois possibilités s’offrent à nous spontanément : la première consiste à se résigner, la deuxième à se révolter et la troisième à désespérer. Ce sont en réalité des impasses. En bref, soit notre résignation justifie le mal pour vivre, soit on rejette la vie pour le rejeter, soit on désespère pour ne pas le justifier ni rejeter la vie ! !

Les réponses apportées longtemps par l’Eglise ne sont pas satisfaisantes non plus. On ne paie pas pour le mal provoqué par les générations antérieures, ni pour le mal que nous avons pu faire et encore moins pour gagner une vie meilleure. Jamais le message de l’Evangile n’a été tel.

La réponse à la souffrance ne se trouve pas hors de nous, mais en nous. Il n’y a pas de solution, nous sommes la solution. Le mot « martyr » vient du grec et signifie « témoin », il n’implique aucun masochisme ! Alors ouvrons-nous à cette minuscule part de l’Amour infini de Dieu qui est en chacun d’entre nous, laissons-la rayonner et aspirons uniquement à sa croissance. C’est ainsi et seulement ainsi que nous nous ouvrirons à Son véritable dessein, celui de faire de nous des êtres vivants, ses enfants dignes d’entrer dans sa Gloire. Job, Jésus-Christ et des témoins de tous les temps nous ont montré et nous montrent encore le chemin.

Le temps du courage

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mars-avril 2021

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

« Bon courage ! » Combien de fois, sortant de la messe, n’ai-je pas entendu cette exhortation à ne pas baisser les bras alors que la Covid-19 ne nous lâche pas, prolongeant les restrictions ? C’est que s’installe une fatigue psychologique qui rabote les bonnes volontés les plus enthousiastes.

Et voilà que nous chrétiens sommes entrés dans le temps du Carême… mais à quoi renoncer encore alors que la pandémie nous prive de relations sociales et de culture ? De quoi nous passer alors que nous peinons à retrouver la communauté, essentielle à notre vie chrétienne ? Où puiser courage pour repartir ?

Et si ce temps si étrange était propice au changement ? Le pape François en est si convaincu qu’il nous a offert, l’an dernier, ses propres réflexions sur la Covid-19 nées de conversations avec le journaliste britannique Austen Ivereigh sous le titre « Un temps pour changer. Viens, parlons, osons rêver… » (Flammarion). Un livre tonique qui invite au déplacement.

Au fil des chapitres qui le composent – un temps pour voir, un temps pour choisir, un temps pour agir –, François invite à « laisser un espace à la nouveauté » : « Soyez les créateurs de votre avenir ». Pour cela « il nous fait voir clair, bien choisir et agir correctement ». Commencer par regarder la réalité qui nous entoure, nous laisser toucher par elle et nous interroger : « Que pouvons-nous faire ? Comment puis-je aider ? » pour bâtir une culture du service et de la rencontre. Puis discerner « les chemins du bien qui mènent à l’avenir » en nous appuyant sur la dignité de la personne, les Béatitudes et la doctrine sociale de l’Eglise. Enfin, poser des gestes concrets : « Pour agir, tu dois te concentrer sur les petites actions concrètes et positives que tu peux entreprendre, en semant l’espoir ou en travaillant pour la justice ».

Beau programme ! A condition de nous ouvrir à l’action de l’Esprit pour « explorer des endroits que nous n’avions jamais remarqués auparavant ». Pour mettre en chantier des nouveautés qui « débordent de nos schémas et de nos catégories mentales ». « Laisse-toi entraîner, secouer, défier », lance le pape, décentre-toi, « ouvre des portes et des fenêtres ».

Un programme pour ici et maintenant, et pour chacun de nous. En paroisse, au travail, à la maison. Retroussons nos manches, il y a encore tant à inventer dans le tissu du quotidien ! Tant de couleurs neuves à trouver ensemble pour faire de ce temps le terreau d’une société de fraternité et de solidarité.

 

Campagne de Carême : la justice climatique

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), mars-avril 2021

PAR RAÏSSA LARROSA (VOIR-ET-AGIR.CH/INFO-CAMPAGNE)
PHOTO : FLICKR.COM

Affiche Carême 2021

La Campagne œcuménique 2021, qui se déroule du 17 février au 4 avril, braque les projecteurs sur la justice climatique […]. Les populations des pays du Sud souffrent déjà cruellement des conséquences des changements climatiques. Pain pour le prochain, Action de Carême et Etre Partenaires exigent que les pays responsables de la majeure partie des émissions de gaz à effet de serre assument leurs responsabilités […]. Nous revendiquons que la justice climatique soit rendue sans attendre ! Pour préserver la Création, il est nécessaire que nous adoptions un mode de vie plus sobre. Nous devons limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5° C. Pour que la justice climatique soit rendue, il est devenu indispensable que nous aspirions à consommer « moins » de ressources et que nous fassions preuve de « plus » de solidarité envers les populations qui subissent les conséquences des changements climatiques. Si, en tant qu’individus, nous sommes capables d’agir dans ce sens, les secteurs de l’économie et de la politique, ainsi que les Eglises sont, eux aussi, appelés à faire de même. […]

Le thème de notre campagne […] nous permet de révéler la face cachée de nos comportements et d’attirer l’attention sur les conséquences qu’ils entraînent dans d’autres régions du monde. Par exemple, une consommation excessive de viande nécessite une production importante de fourrage et de grandes superficies de pâturages. Cela exige entre autres de brûler la forêt tropicale pour la défricher. L’absence de forêt tropicale provoque à son tour des changements climatiques importants.

La Campagne œcuménique vous invite à plusieurs reprises à participer à la rédaction d’un scénario. C’est le cas par exemple dans le calendrier de carême (p. 15), dans les modules pédagogiques (à partir de la p. 6) ou à l’adresse justiceclimatique.ch, où vous pouvez visionner votre film personnalisé sur le thème du climat (p. 13). N’attendez plus et participez à la rédaction de ce scénario pour construire un avenir meilleur […].

 

«Souffrir pour être sauvé?»

Entretien avec l’iman Warith Deen Mohammed avant son discours à 3000 personnes dans la mosquée de Harlem (New-York) en 1997.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), mars 2021

Par l’abbé Etienne Catzeflis
Photo: DR

Puisse cette page participer un peu au délicat éclairage de l’abbé Amherdt dans l’Essentiel de ce mois sur le sujet de la souffrance. Il me plaît de redonner simplement diverses considérations de Chiara Lubich 1 (CL) sur la « face cachée » de la spiritualité de l’unité, prônée par le Mouvement des Focolari.

Car c’est habituellement un « château extérieur » plutôt souriant, jovial, plein d’optimisme (certains y voient même de la naïveté), que nous observons chez les membres et dans les réalisations de cette OEuvre, connue pour son dialogue à 360 degrés avec les hommes et femmes, quelles que soient leurs religions ou leurs convictions spirituelles.

Dans une série de conseils pratiques CL précise : « On ne peut pas aimer la souffrance pour elle-même, parce qu’elle est un nonêtre (…). Par contre, c’est Jésus crucifié et abandonné que nous pouvons aimer. Il est présent en toute souffrance et en toute personne qui souffre. »

« Jésus crucifié et abandonné » est l’image qu’elle garde constamment présente à son esprit et à son coeur. Le Maître est tendu vers son « heure », celle de sa Passion (Mc 14,35), qui est celle de sa glorification (Jn 17,1) ; pour Le suivre, Il nous invite à renoncer chacun à soi-même et prendre sa propre croix, Il rappelle (non sans s’émouvoir) la nécessité que le grain de blé jeté en terre meure pour porter du fruit en abondance (Jn 12,24).

Il s’agit donc de comprendre que sa croix et sa mort à Lui sont la réalité du plus grand amour. Nous nous sommes dit : « C’est dans l’abandon que Jésus a le plus souffert. Suivons-le donc là. A l’époque, ce n’était que des mots, ensuite c’est devenu la réalité. »

Pratiquement, « comment donc nous comporter lorsque la douleur se présente ? Nous pouvons nous recueillir et dire :’ Jésus, je veux Te suivre, même sur la croix, même abandonné. Or voilà que j’en ai l’occasion. Je T’offre cette souffrance, je suis heureux d’avoir cette souffrance à T’offrir. ’ Ensuite nous nous mettons à aimer le frère, ou bien nous continuons à faire la volonté de Dieu, quelle qu’elle soit. »

Convaincue par l’expérience, elle affirme : « De fait, si on se jette à accueillir, à ‘ embrasser ’ la croix, on ne trouve pas la souffrance, mais bien plutôt l’amour : on trouve Dieu, donc la joie. (…) Essayez de vivre ainsi, vous serez surpris ! » Et elle appuie : « Aimer Jésus abandonné en essayant de le faire (…) toujours, tout de suite, avec joie. Le matin je me consacre donc à nouveau à Jésus abandonné. Je veux, si possible, L’aimer encore plus fréquemment, le faire encore plus vite et ‘ avec joie ’ ».

Il n’est pas étonnant que de telles paroles, reposant sur la Parole de Dieu et sur la constance de la pratique, aient un fort retentissement sur diverses autres spiritualités, notamment asiatiques, qui s’interrogent sur cette dimension universelle de la souffrance.

1 Fondatrice de l’Oeuvre de Marie, nom sous lequel le Mouvement a été approuvé par l’Eglise catholique. Les citations viennent toutes du petit opuscule: Chiara Lubich, La Souffrance, Nouvelle Cité, 1998, pages 9, 63, 19, 30, 34).

Nyon, une paroisse multiculturelle

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), mars-avril 2021

Le samedi soir et le dimanche matin, l’église de la Colombière accueille, pour des messes, les communautés espagnole, portugaise et italienne de la région.
Et le dimanche après-midi, deux fois par mois, la communauté coréenne. Espagnols et Portugais prennent la plume, dans ce numéro, pour se présenter.

PAR ELVIRA RÖLLI-PEREZ, COPRÉSIDENTE | PHOTO : NÉLIDA RUIZ

La communauté espagnole de Nyon

La communauté espagnole de Nyon appartient à la Mission catholique de langue espagnole du canton de Vaud, composée des communautés de Lausanne-Renens-Morges, Vevey-Montreux-Aigle, Yverdon et Nyon. Sa finalité est d’accueillir, d’accompagner et de servir les personnes de langue espagnole résidant dans le canton de Vaud. On y trouve
trois catégories de membres : des Espagnols, des Latino-Américains et des personnes de diverses nationalités ayant vécu dans un pays hispanophone ou / et
ayant un lien familial avec un tel pays et, de ce fait, se sentant attachées à la communauté.

Ouvriers en quête de travail

Les premiers émigrants espagnols arrivent à Genève en 1957. A partir de cette date, et de manière progressive, entrent en Suisse des milliers d’ouvriers, hommes et femmes, de toutes les régions d’Espagne. Certains ont un contrat de travail fixe, d’autres en cherchent un. La majorité possède le fameux et triste permis temporaire de saisonnier. Tous arrivent en train à Genève et une fois sur le quai, ils subissent un lourd examen médical.

Le 1er août 1960 est créée l’Association de la Mission catholique de langue espagnole de Genève : la mission acquiert une personnalité juridique aux yeux de l’Etat de Genève. Les premiers prêtres à travailler au sein de cette mission sont des religieux de l’ordre des Servites de Marie. C’est ainsi que naît, cette année-là, la première mission catholique espagnole. En 1958, on trouvait déjà une présence pastorale pour les émigrants espagnols de Lausanne.

Nombreux changements

La Mission de Nyon est fondée en 1975 sous l’impulsion de l’abbé José Maria Catalán, originaire de Navarre. Il guidera la communauté espagnole de Nyon jusqu’en 2011, créant l’association des familles de langue espagnole, organisant avec elle les fêtes de fin d’année et des cours de flamenco. Puis, jusqu’à aujourd’hui, plusieurs prêtres se succèdent, apportant de nouvelles dynamiques.

Nous gardons un magnifique souvenir du Père Willinton López Vega, arrivé chez nous en 2014. Il a insufflé un bel élan de renouveau en mettant en place une catéchèse et une liturgie accessibles aux enfants avec de belles messes des familles. C’est grâce à lui que nous avons découvert Rafael Zamora, animateur de la chorale, merveilleux chanteur et guitariste.

Aujourd’hui, notre communauté traverse une période difficile, car beaucoup de personnes très engagées dans l’animation sont reparties chez elles (Amérique du Sud, Espagne). Il y a aussi eu beaucoup de changements au niveau des prêtres, ce qui ne facilite pas la continuité.

Une fois que la situation sanitaire si exceptionnelle et bouleversante que nous traversons sera passée, nous espérons pouvoir mettre à nouveau en place la catéchèse et les fêtes qui réunissaient nos fidèles: fête de Noël, kermesse et autres réunions conviviales. Nous y arriverons tous ensemble.

 

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