Après l’ordination presbytérale de mon confrère Hugues, le 27 août dernier au Châble, a eu lieu une prière des vigiles pour conclure cette belle journée festive.
Une proposition…
PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : ECR, ESPACE-MADELEINE
… de soutien à la future Maison d’Eglise

En 2024, une Maison d’Eglise ouvrira ses portes au cœur de Genève, sur la Plaine de Plainpalais. Pour soutenir ce projet architectural d’envergure, un concert de soutien a lieu le lundi 10 octobre prochain à 19h30, au Victoria Hall. Organisé par l’Eglise catholique romaine – Genève (ECR), l’Orchestre de Chambre de Genève et l’ensemble vocal Le Motet interpréteront le Requiem de Mozart, sous la direction de Gábor Takács-Nagy. Cette soirée musicale est l’occasion d’encourager les efforts déployés pour transformer le bâtiment en un lieu unique qui fera rayonner la présence de l’Eglise catholique au cœur de la ville.
« Dans ce lieu central, explique Fabienne Gigon, représentante de l’évêque pour la région diocésaine de Genève, le personnel administratif et pastoral de ECR sera sous le même toit et pourra proposer des activités de proximité, en lien avec leurs missions pastorales respectives. »
L’aménagement intérieur est dessiné par l’architecte Christian Rivola et le cabinet Ribo+. L’édifice sera éclairé par un puits de lumière traversant le bâtiment du sommet jusqu’au sous-sol. Un restaurant ouvrira ses portes à l’arrière du bâtiment. « La future Maison d’Eglise sera à la fois un lieu de culte pour les catholiques, de travail pour les collaborateurs de l’ECR, d’accueil, d’échange et de rassemblements », termine Fabienne Gigon.
Une levée de fonds projetant de réunir Fr. 2’255’000.– est en cours. Le concert est l’occasion de découvrir l’avancée des travaux et les personnalités impliquées dans ce projet d’envergure. La billetterie est en ligne sur le site de la ville de Genève sur billetterie-culture.geneve.ch
… et de pèlerinage intérieur

« Les Pèlerins » de l’artiste Johann Kralewski ont déjà pris place dans plusieurs églises de Suisse allemande, mais font halte pour la première fois en Suisse romande. « L’installation, sous cette forme, a spécialement été pensée par l’artiste pour le Temple de la Madeleine », confie Silvia Fiorini, coordinatrice de l’Espace-Madeleine, lors du vernissage de l’œuvre, le 16 août dernier.
Les 17 sculptures grandeur nature sont visibles dès l’entrée du temple. Ces pèlerins, disposés sur les bancs du temple, invitent à s’arrêter, à faire une pause sur nos propres chemins de pèlerinage. Plus loin, quelques souliers attirent l’œil du visiteur. L’artiste a tenu compte de la spécificité architecturale du lieu pour créer deux autres espaces, ou installations, rappelant le thème du pèlerinage. Né en 1949 en Pologne, le sculpteur et peintre Johann Kralewski vit depuis de nombreuses années en Suisse. Au travers de son art, il s’intéresse à de nombreuses problématiques sociétales. Il qualifie d’ailleurs lui-même ses Pèlerins de « pont entre la vie que l’on a laissée derrière soi, avec tous ses problèmes, et l’avenir, plein d’espoir, mais qui doit encore être façonné avec difficulté. Pèleriner, c’est partir, être prêt à affronter activement les risques et peut-être aussi souffrir en chemin ».
A visiter au Temple de la Madeleine jusqu’au 30 octobre, du mardi au dimanche, de 12h à 17h, avant qu’ils ne repartent en direction de l’Allemagne… Documentation et renseignements auprès de Silvia Fiorini à silvia.fiorini@ref-genf.ch ou auprès de l’Espace-Madeleine au 022 310 47 29.
Comment être témoin aujourd’hui ?
« Vous serez mes témoins ! » (Ac 1, 8), telle est la devise du mois de la Mission universelle 2022. Cette parole est celle que Jésus a laissée à ses amis avant qu’il n’ait été soustrait de leurs yeux au jour de son Ascension. Et voici la réalité à laquelle les disciples ont dû faire face…
PAR JOSÉ MITTAZ | PHOTO : DR

Celui qui assurait le leadership depuis trois ans s’en est allé sans avoir pris soin de décider quoi que ce soit pour faciliter un tant soit peu l’organisation de la vie après son départ. Le seul appui pour les disciples résidait dans une promesse d’avenir, celle qu’une force serait donnée, quand l’Esprit Saint viendrait sur eux. Mais parmi eux, nul ne savait ni où ni quand cela se manifesterait.
Dès lors, on comprend que les disciples démunis se soient figés en eux-mêmes, regardant éperdument vers le ciel. Et pour qu’ils se remettent en mouvement, il aura fallu l’intervention de deux hommes en blanc : venus d’on ne sait où, ils n’appartenaient pas au groupe des disciples. Leur prestance et leur présence font signes, du côté de ce Dieu invisible qui se laisse reconnaître lorsque nous quittons nos uniformes pour apprendre à nous rencontrer, simplement, avec « la fine chemise de notre humanité », selon la belle expression d’Etty Hillesum.
Vers la chambre haute
Les amis de Jésus vont se remettre en route : ils quittent le Mont des Oliviers pour trouver refuge du côté de « la chambre haute », là où, grâce à la prière partagée entre tous, s’échafaudera humblement le premier visage d’une communauté non encore chrétienne, mais déjà rassemblée au nom du Christ. Et c’est sur l’appui de cette fragile communauté que Pierre aura l’initiative de se lever au « milieu des frères » pour se risquer à mettre des mots sur un drame qui les a tous marqués : la mort tragique de Judas. L’événement est relu à la lumière des Ecritures qui leur inspirera un premier discernement : le choix de Matthias pour reprendre la part de ministère, laissée vacante depuis la défection de l’Iscariote.
A ce moment de l’histoire, l’Esprit Saint n’était pas encore descendu sur la communauté et pourtant celle-ci était déjà en train de se constituer. C’est comme si la chambre haute était la matrice au sein de laquelle la communauté encore embryonnaire se fortifiait pour naître à elle-même et au monde, avant de recevoir son baptême : la force venue d’en haut, la promesse de l’Esprit Saint accomplie au jour de Pentecôte.
Comment être témoins aujourd’hui ?
Je ne sais pas ! Et s’il fallait oser un renversement de perspectives ? Apprendre à recevoir de l’autre ce que je pensais initialement pouvoir lui apporter. Apprendre à reconnaître en chaque visage rencontré l’homme en blanc qui peut-être, me fait signe du côté de Dieu. Comme lors de la Visitation de Marie chez Elisabeth : Marie est la première à pouvoir témoigner de la présence du Christ en son sein et pourtant c’est l’enfant en Elisabeth qui tressaille de l’Esprit Saint. Dans son exclamation, Elisabeth dit ce que sa tête ne pouvait encore savoir, mais que la vie en son ventre déjà lui inspirait : « Tu es bénie… »
Prendre soin des autres
Rencontre avec Sébastien Gauye, jeune Sédunois engagé
PROPOS RECUEILLIS PAR ALINE JACQUIER | PHOTO : GS
Sébastien, qui es-tu ?
Je m’appelle Sébastien Gauye, j’ai 22 ans et habite à Sion. Je suis une formation en soins infirmiers à la HES-SO. J’aime m’occuper des autres, prendre soin d’eux. Dans ma paroisse de Saint-Guérin, je suis notamment engagé en tant que responsable des servants de messe et depuis une année, je préside le Chœur des Jeunes de Saint-Guérin.
En juin dernier, tu as reçu ton diplôme de JB 3 (Jeunes bénévoles en Eglise) des mains de l’aumônier jeunesse diocésain. Peux-tu nous expliquer en quoi consiste cette formation ?
JB signifie « Jeune bénévole en Eglise ». Cinq parcours sont proposés en fonction des âges et des engagements des adolescents et des jeunes. Pour ma part, je viens effectivement de terminer la première volée du parcours JB3 qui s’adresse aux jeunes adultes à partir de 18 ans. Nous avons participé à six journées de formation et d’approfondissement sur la Bible et la théologie. Nous étions cinq jeunes venant des quatre coins du diocèse et des liens forts d’amitié se sont tout de suite créés entre nous. Nous avions aussi un travail de diplôme à réaliser.
Je crois savoir qu’il y a également un aspect pratique à cette formation. Sur quoi a porté ton expérience de terrain ?
Je suis parti du constat que je suis le même Sébastien que ce soit avec mes amis, avec mes patients et mes collègues ou dans mes différents engagements paroissiaux. Dès lors, il était important pour moi que cette unité se retrouve dans mon travail de diplôme. C’est pourquoi je l’ai effectué dans le cadre du projet « Un soin… juste ! » créé par une infirmière, Aline Pellerin, et qui offre des soins aux personnes en précarité.
Tes lieux de ressourcement ?
La marche et la prière du chapelet. J’allie régulièrement les deux en arpentant le sentier qui mène à la Basilique de Valère ou à l’Ermitage de Longeborgne. Ce sont des lieux calmes et reposants. Au milieu de ces pierres plusieurs fois centenaires, on ne peut que s’arrêter et contempler. Là-haut, j’ai fait la connaissance de l’abbé Joël
Pralong qui accueille et écoute les pèlerins et les gens de passage. De nos échanges,
il en a tiré un livre qui verra le jour prochainement. Mais je vous en parlerai plus en détail une prochaine fois !
L’apparent silence de Dieu
TEXTE ET PHOTO PAR MARION PERRAUDIN
Dans l’apparent silence,
Où le cri de la prière,
Semble tomber au creux de la terre stérile.
Comme une pluie bienfaisante,
La douceur de la paix irrigue le cœur telle
une ondée apaisante.
Dans l’apparent silence,
De l’absence de Dieu
Lorsque tout semble être néant,
Comme le souffle léger de la brise
Une présence se révèle enveloppant
le cœur de tendresse.
Dans l’apparent silence,
Du souffle créateur du Père,
Lorsque la flamme de l’espérance vacille,
Telle la clarté d’un feu dans la nuit,
La Parole de vie vient éclairer le cœur
par le pardon donné.
Dans l’apparent silence,
De la présence de Dieu,
Cheminant à nos côtés sur le chemin de la vie,
Comme un secret d’amour, simple et discret
Cette présence, sa présence, devient rencontre
du Père et de son enfant.
Dans l’apparent silence,
De la prière qui rejoint le cœur de Dieu,
Dans l’apparent silence,
De l’abandon entre les mains du Père,
La force de l’amour devient réponse
qui relève et raffermit.
C’est dans l’apparent silence,
D’un simple morceau de pain et d’une coupe de vin
Entre les mains du prêtre,
Que le silence de Dieu devient présence.
Ecole buissonnière…
… la conversion de Pinocchio
VICAIRE DENIS LAMON
PHOTO: CC ANDERTOONS
Une nouvelle année pastorale commence, notre histoire avec Dieu continue, rythmée par nos chutes et nos relèvements. C’est un peu comme dans le conte de Carlo Collodi. Le vieil artisan Geppetto décide de créer une marionnette à l’image d’un garçonnet (le corps). La Fée bleue l’anime (l’esprit), Jiminy le criquet devient sa conscience (l’âme). Pinocchio souffre. Bien que marionnette animée, il désirerait être comme les autres humains. Sans doute ne se trouve-t-il pas beau ? Habité par ce malaise, il va tomber dans plusieurs pièges : paresse à l’école, mensonges qui provoquent l’allongement de son nez, fuite au pays merveilleux des jeux pensant trouver la liberté absolue, mais se retrouvant changé en âne et devenant animal de cirque. Pinocchio pensait devenir plus beau en devenant plus libre, et le voilà devenu captif et laid : un animal ! Suite à une blessure son patron le jette à la mer. C’est là que la baleine l’engloutit et qu’il retrouve et sauve Geppetto en faisant du feu pour faire éternuer la baleine et être recrachés sur le rivage. C’est à travers ces actes de bravoure et la droiture de vie qu’il va mener par la suite que la marionnette deviendra un vrai garçon ! Pinocchio est maintenant comme les autres enfants, de pâte humaine.
Belle métaphore de notre condition de créature, de nos blessures et de notre péché.
Belle image de la patience de Dieu dans l’histoire du salut et du travail de la grâce ! C’est en donnant et en se donnant que l’on grandit et que l’on devient meilleur.
Et si notre vraie beauté dépendait de nos actes, de notre sincérité, de notre bienveillance, de notre générosité et de nos efforts. Il nous appartient de l’accueillir comme un don de Dieu qui nous a fait à son image et à sa ressemblance.
Est-ce que Dieu a un genre?
Comment est-il Dieu au féminin? Quelle image vient à mon esprit?
Tout d’abord, je me pose la question: «Est-ce que Dieu a un genre?»…
Ecole buissonnière
Le paysage éducatif romand a longtemps été composé d’écoles et d’instituts confessionnels. Leur nombre s’est fortement réduit. Entre fermetures et reprises par l’Etat, les établissements qui subsistent cherchent à préserver la liberté de développer un projet de société autre que celui de l’Etat, tout en coexistant avec celui de l’école publique.
PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : FLICKR, PXHERE, DR
Les petits Romands ont repris le chemin de l’école. Près de quatre cents d’entre eux, tous degrés primaires et secondaires confondus, ont été confiés par leurs parents aux bons soins d’un des treize établissements gérés par Instruire.ch, un réseau romand d’écoles privées chrétiennes de sensibilité évangélique. « Les parents ont certaines convictions de foi et souhaitent que leurs enfants soient aussi instruits avec ces valeurs-là », indique Martine Pahud, présidente du réseau Instruire.ch. Le choix des parents de Philippe Walker s’est effectué de manière beaucoup plus prosaïque : « Le Cycle d’orientation avait alors très mauvaise réputation. Ils ont préféré m’envoyer à Florimont durant ces trois ans. » Maintenant lui-même enseignant au secondaire I et II à Genève, il note toutefois que cette option était aussi motivée par le caractère catholique de l’école, correspondant aux convictions de ses parents.
Une liberté de choix ?
« Aujourd’hui, l’optique est davantage d’offrir une meilleure formation à ses enfants ou de les mettre à l’abri d’un certain type de socialisation », relève Sarah Scholl, historienne et maître-assistante à la Faculté de théologie de Genève. Cette sélection éducative stratégique reflète aussi le phénomène de la liberté de choix dans tous les domaines de la vie. Or, à l’heure actuelle, il est possible de choisir son fournisseur téléphonique, mais pas l’établissement scolaire de son enfant. En théorie garanti par le Pacte de l’ONU relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, en vigueur depuis 1992 en Suisse, ce droit est difficilement applicable pour nombre de parents, surtout financièrement. Si cet aspect n’entrait pas en ligne de compte, peut-être que Philippe Walker réfléchirait à scolariser sa fille en privé, « mais avec beaucoup d’hésitations ». D’une part, parce qu’il trouvait ce monde « trop clos » et, d’autre part, à cause de la prise de distance avec l’aspect confessionnel. « Je pense qu’il y a une structure, une organisation et un sérieux vis-à-vis de l’éducation dans l’école confessionnelle, liés à certaines valeurs aujourd’hui estompées. »

Une responsabilité collective
« Pendant longtemps, si l’enfant allait bien, il était normal qu’il aille à l’école publique. Le privé était réservé, soit à des enfants de riches, soit à des enfants qui avaient besoin d’un cadre spécifique. Maintenant, beaucoup de chrétiens sont soucieux de savoir à qui ils délèguent l’éducation de leurs enfants », affirme Nicole Rosset, responsable pédagogique à la Bergerie. Egalement associée au réseau Instruire.ch, l’école située à l’Isle (VD) offre des possibilités de soutien pour les familles à plus bas revenus. Martine Pahud relève toutefois que « depuis quelques années, de nombreuses familles sont soutenues par les grands-parents ou les parrains-marraines ». La scolarité des plus jeunes semble donc devenue une responsabilité collective. En réalité, « cette responsabilité collective sur l’instruction des enfants date du XVIe siècle au moins. L’école était aux mains de l’Eglise et avait alors pour objectif premier de former l’identité confessionnelle et les valeurs morales des enfants. L’Etat, a depuis, récupéré cette prérogative », nuance Sarah Scholl. Elle estime d’ailleurs que la coexistence de différents projets éducatifs sert au maintien du pluralisme tout en posant des garde-fous à l’Etat lui-même. De plus, « l’existence d’écoles alternatives peut aussi être une source d’inspiration pour l’école publique et d’innovations pédagogiques ».

Panorama du privé en Romandie
Au niveau cantonal, Vaud remporte la palme avec le plus grand nombre d’écoles privées situées sur son territoire. Suit Genève, le Valais, Fribourg, Neuchâtel et le Jura. Aucun de ces cantons, hormis Genève, ne différencie les écoles privées confessionnelles des autres. Sarah Scholl y voit un indice d’une laïcisation de ces écoles pourtant « nées avec une visée de préservation de la transmission confessionnelle ». Chaque canton « a son propre curseur » quant à la gestion de ces écoles, par ailleurs encadrées dans les lois cantonales. A Genève (2016 et 2017) et dans le canton de Vaud (en cours), ces législations ont été revues, suite à des controverses concernant les écoles privées confessionnelles et l’enseignement à domicile. La polémique a émergé en 2014 lorsque les écoles privées chrétiennes ont été accusées d’enseigner le créationnisme en cours de sciences. Bien que blanchies de tous soupçons, le « dégât d’image a été important », se désole Nicole Rosset, dont l’école est membre du réseau incriminé. De plus, la Loi sur l’instruction publique (LIP) a été revue et durcie après cela.
Mainmise sur les esprits et les âmes
L’expression « école buissonnière » date du XVIe siècle où plusieurs écoles clandestines avaient été créées dans les campagnes en opposition aux écoles des villes dirigées par le clergé. Luther, qui avait du mal à répandre cette nouvelle religion, s’est mis à prêcher dans les bois.
« Il est intéressant de voir à quel point cela a été difficile de reprendre l’école aux églises et c’est ce qui explique la plus grande crise religieuse du XIXe siècle qu’on connaît sous le nom de Kulturkampf », détaille Sarah Scholl. En Occident, le secteur privé a longtemps été dans le giron presque exclusif de l’Eglise, catholique ou protestante. Au XVIe siècle, Luther plaide pour l’instruction des croyants afin de leur donner directement accès à la Bible pour les libérer de la tutelle du clergé. La Contre-Réforme lui réplique par la création de collèges gérés par les Jésuites et des petites écoles chrétiennes. « L’émergence de la laïcité des Etats, au XIXe siècle, est intimement liée à celle de l’école publique obligatoire et du suffrage universel » rappelle l’historienne. « Il y a un réel enjeu d’organiser la liberté d’opinion, la diversité confessionnelle et idéologique. Il faut des instances neutres permettant la coexistence, ce qui explique la laïcité. Même les cantons les plus catholiques sont tenus, à partir de la fin du XIXe siècle, de permettre cette diversité. Ce qui amène à ce que le fait religieux devienne facultatif à l’école et au compromis que constituent les écoles confessionnelles. »
La dignité d’être
Je connais de significatif seulement ce qui est porté par une dimension de réel. Le réel trouve son fondement dans le Livre de la Vie. La Bible révèle l’identité de l’homme, son origine, sa dignité.
Le Christ, maître de l’école buissonnière…
C’est une nouvelle rentrée pastorale, c’est une nouvelle rentrée des classes, et L’Essentiel semblerait nous guider vers l’école buissonnière, est-ce bien raisonnable?
TEXTE ET PHOTOS PAR MARIUS STULZ
L’école peut désigner l’établissement scolaire, l’ensemble des élèves et du personnel ou le mode d’enseignement lui-même.
A l’école de son Père, Jésus, par son incarnation dans notre monde (l’infini entre dans le monde du fini), va faire une école buissonnière en vue du bien de l’humanité, profitable à toutes et à tous. Pour cette rentrée scolaire ou pastorale, comme pour notre rentrée dans la vie, tous, nous sommes appelés à l’école de l’Amour, à l’école de Jésus.
Sa pédagogie, son école, est simple, exigeante et belle: «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.»
Etre chrétien c’est se mettre à l’école de Dieu, à l’école de la foi qui est avant tout une rencontre personnelle avec le Christ. Jésus, sans cesse, nous demande de faire l’école buissonnière de nos certitudes, de nos convictions avec comme seule règle indispensable, incontournable et irremplaçable pour chacun, celle de demeurer dans ce lien d’amour personnel avec lui. Mon seul devoir d’école, mon seul devoir de vie est de compter sur lui et avec lui (la liturgie dira par lui, avec lui et en lui) et saint Augustin de résumer à notre intention le devoir des bons écoliers que nous voulons être ou devenir par: «Aime et fais ce que tu veux.»
Sans cesse, dans cet excellent terreau qui est ce lien d’amour qui nous unit au Christ, Jésus pousse à l’école buissonnière et promet à celui qui lui fait confiance de vivre d’énormes dépassements et de vivre des événements plus grands que tout ce que lui-même a mis en route ou vécu (Jean 14, 12). Ou encore rappelons-nous lorsque Jésus amène les disciples d’Emmaüs, enfermés dans leur tristesse, leurs regrets et leur manque d’espérance, à vivre avec lui l’école buissonnière qui devient une expérience concrète de la liberté, de la résurrection et de l’infini de Dieu; que c’est bon d’être et de se savoir si bien accompagné sur notre chemin.
Ou encore, lorsque Jésus appelle Paul, le pharisien légaliste, le rigoureux, celui qui écoute et vit avec droiture la tradition juive, fidèle aux lois et aux rites, à devenir son apôtre en le poussant au dépassement, afin qu’il rende caduques ses lectures exhaustives de la loi qui séparaient les gens à cause du droit de naissance (lignage), de la culture et la tradition religieuse, de la place sociale, le poussant à revisiter et réinterpréter les rites et les usages à la lumière du ressuscité ; saint Paul l’a si bien fait avec le carcan des règles concernant des rites comme la circoncision et l’ensemble des lois de Moïse contenues dans les cinq premiers livres de la Bible que les juifs-chrétiens voulaient imposer aux païens qui ont accueilli le Christ; au Concile de Jérusalem, les apôtres sous la houlette de Pierre réduisent les centaines observances de la loi juive, en trois grandes orientations qui aideront les nouveaux chrétiens d’origine païenne à progresser dans leur spiritualité en leur demandant de s’abstenir de l’idolâtrie, de l’immoralité, de la viande étouffée et du sang (Ac 15, 5-21). C’est à l’école du maître que les apôtres on pu prendre ces positions nouvelles, rappelons-nous la méditation de Jésus «ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur, mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur», pensée qui ouvre à tous, même aux mécréants, aux pécheurs et aux rejetés, l’accès à une intense rencontre en Dieu, l’accès à la communion. Cette citation est un vrai tuteur pour n’importe quelle situation de vie, lorsque tu ouvres la bouche quel est le bien que tu pourras en faire sortir; … je pense que je devrais me taire plus souvent!
Jésus est et sera toujours le maître de l’école buissonnière pour l’Eglise qu’il ne veut jamais démolir, mais accomplir. «Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous appelle amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père.» (Jn 15, 15) Par l’Esprit-Saint, l’Esprit d’Amour accueilli chaque jour dans nos vies, nous sommes amis de Dieu, donc à même de découvrir dans l’Esprit ce qui est bien, ce qui est bon, ce qui est juste et nous n’avons pas peur de l’annoncer ni de le confronter avec les découvertes de nos sœurs et frères qui eux aussi vivent de l’Esprit, même si le plus souvent il s’exprime à travers eux d’une manière différente, mais qui vient nourrir, construire, édifier, s’harmoniser, communier à l’Esprit qui s’active en chacun de nous.
N’est-ce pas à ce déplacement intérieur auquel sont conviés les catéchumènes qui se préparent au baptême ou les confirmands qui vivent ou qui vont commencer à vivre à la rentrée le cheminement vers la confirmation ; par des moments communautaires où le vivre ensemble devient l’occasion de se laisser rejoindre par le Christ, afin de le reconnaître, de l’accueillir, de l’écouter et de se laisser transformer par cette relation d’Amour qu’il nous offre, et vivre cette école buissonnière qui emmènera chacun au-delà de ses limites, à battre campagne, pour vivre de son amour.
Bonne route et bon cheminement à tous !
« L’obéissance est une vertu d’homme libre »*
A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour de Pauline de Gromard (25 ans), étudiante en droit à Fribourg et future carmélite, de prendre la plume.
PAR PAULINE DE GROMARD
PHOTO : DR
Nous commençons par comprendre ce que signifie la liberté, avant même de nous poser la question de son lien avec l’obéissance.
Chaque homme nait avec le libre-arbitre, il est libre de choisir dans le champ des possibles qui s’étend devant lui. Mais la liberté est plus que cela. Celui qui est vraiment libre, selon Thomas d’Aquin, est celui qui réalise effectivement ce qu’il veut et cherche véritablement, à savoir le bien. Et plus haut est le bien atteint, plus il est libre. Seul donc ceux qui réalisent le bien sont dit véritablement libres (Liberté).
Par exemple, nous recherchons une amitié dans le but d’atteindre le bien qu’est l’amour. Or, il arrive que nous nous trompions en prenant pour un bien ce qui n’en est pas un. Ainsi la recherche du luxe à tout prix ou le plaisir de la drogue ne rendent pas heureux, ils ne sont pas des biens que nous voulons vraiment et ne nous rendent pas libres.
Maintenant que nous avons une définition plus claire de ce qu’est la liberté, nous pouvons nous interroger si l’obéissance s’oppose ou, au contraire, permet d’être libre.
Obéir signifie renoncer à sa volonté propre pour accueillir et faire la volonté de celui à qui on se soumet. Cela s’oppose peut-être au libre-arbitre, car cela réduit le champ des possibles. Mais cette obéissance n’est pas accordée à n’importe qui. L’obéissance est due à Dieu, et à l’Eglise que le Christ a instituée. Et concrètement, c’est par l’obéissance aux supérieurs religieux que le religieux obéit à Dieu.
Dieu choisit des médiations pour nous communiquer sa volonté. Par exemple, Dieu s’adresse à la Vierge Marie à travers l’ange Gabriel. Au moment de leurs vœux, les religieux remettent leur volonté dans les mains de leur supérieur et posent comme acte de foi de prendre ce dernier comme médiation de la volonté de Dieu. Celui-ci a été nommé et reconnu par la hiérarchie de l’Eglise à qui il doit obéir et rendre des comptes. Sa mission est de permettre aux religieux qui lui sont confiés, de suivre la voie qu’ils ont choisie. Le supérieur est là non pas pour écraser mais pour élever. Pour obéir vraiment, il faut être capable de désobéir !
Ainsi, le fruit d’une juste obéissance est la liberté, car obéir à Dieu, par l’intermédiaire des supérieurs, nous fait mûrir dans le bien.
* Labourdette
Le «fils prodigue» ou «un père a retrouvé»…
La parabole du «fils prodigue», lue en temps de Carême et durant ce mois de septembre est un texte d’une richesse extraordinaire qui vaut la peine d’être regardé dans son contexte: Luc en fait l’aboutissement d’une argumentation de Jésus, face à ceux qui lui reprochent ses mauvaises fréquentations.
La communauté Vie Chrétienne (CVX)
De nombreuses communautés sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur des groupes de laïcs dont la spiritualité d’inspiration jésuite s’incarne dans la pratique des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola.
PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR
Dates clés
1540 Approbation par le pape de la Compagnie de Jésus.
1563 Des premiers groupes de laïcs voient le jour au travers de la Congrégation mariale.
1967 A la suite du Concile Vatican II, les Exercices spirituels connaissent un regain d’intérêt. Les groupes de laïcs, alors appelés « Communauté dans le monde », redéfinissent leurs statuts et s’appellent désormais « Communauté vie Chrétienne » (CVX). En Suisse, Anna Beck s’attèle à ce renouvellement.
1982 Naissance des premiers groupes helvétiques.
2001 L’Association CVX en Suisse prend forme avec ses propres statuts
2013 La CVX mondiale fête ses 450 ans et un pèlerinage se déroule de Constance à Einsiedeln.
Organisation : une communauté mondiale constituée de petites équipes qui se réunissent une fois par mois pour discerner comment Dieu parle à chacun au travers de la prière et d’un échange autour des joies et peines du quotidien.
Mission : à la suite de saint Ignace, « chercher et trouver Dieu en toute chose », c’est-à-dire reconnaitre Dieu présent au cœur du monde et de notre vie, apprendre à nous voir comme il nous voit et devenir des « contemplatifs dans l’action ».
Présence en Suisse romande : deux équipes à Lausanne, une à Genève et une à Fribourg.
Une particularité : la relecture ou prière d’alliance, soit s’arrêter chaque jour un instant pour voir comment Dieu a été présent en nous à travers les situations et les personnes rencontrées afin de discerner ce qui va dans le sens de la vie ou ce qui divise.
Pour aller plus loin : gcl-cvx.ch
« Faire partie d’une équipe CVX, c’est… »
Par Catherine Guerbet (équipe Emmaüs, Lausanne)
« Pour moi, c’est un chemin de croissance qui m’aide à vivre ma foi dans mon quotidien, à unifier ma vie (travail, famille, loisirs, engagements…), à faire des choix porteurs de vie. Retrouver mon équipe chaque mois m’oblige à m’arrêter pour relire le mois écoulé, y voir les traces de Dieu ou ce qui est à transformer. Avec les membres de l’équipe, c’est un compagnonnage dans la foi. CVX m’invite également à plus de liberté intérieure et à être actrice de ce monde, à ma façon. »
Le pouvoir de pardonner
Pardonner: quelle gageure! Par-delà la blessure infligée, rester les mains ouvertes… Cela ne laisse-t-il pas nombre d’entre nous perplexes? La miséricorde, voilà bien une des plus puissantes et des plus étonnantes facettes de l’identité du Dieu de Jésus Christ. Une facette qui caractérise aussi proprement l’être humain.
Un pont entre la recherche et la société
Les développements de la biologie et de la médecine poussent l’Eglise à se positionner sur de nouvelles questions de société. Stève Bobillier, membre de la Commission de bioéthique des évêques suisses, tente de concilier valeurs chrétiennes et enjeux de la recherche scientifique.
PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER
En bioéthique, il est généralement question de limites. Quels sont les processus de discernement pour les fixer ?
Comme dans toute recherche scientifique, il faut d’abord laisser de côté ses opinions, établir les arguments pour et contre et éliminer ce qui semble incohérent pour tenter de discerner une réponse. Ce qui est intéressant, c’est de parvenir à trouver ce que j’appelle des « nœuds », c’est-à-dire des concepts fondamentaux comme la liberté ou la sécurité, qui entrent en concurrence dans une question éthique. Idéalement, il s’agit ensuite de trouver une solution pour les dépasser ou au moins de proposer des orientations. Le but n’est donc pas de convaincre, mais de donner à penser, car dans ces questions, il n’est pas possible de fixer une frontière stricte entre ce qui est juste ou non, mais plutôt une latitude.
Les discours concernant la vie humaine opposent fréquemment la logique du bénéfice individuel à celle du bien commun. Comment concilier ces deux logiques ?
Dans nos sociétés ultra-individualistes, nous oublions souvent que toutes nos actions ont un impact sur les autres. Idéalement, il faut viser le bien commun, parce qu’on comprend que c’est le bien et que c’est ce qu’il faut faire. Cela suppose de ne pas le confondre avec nos envies ou nos plaisirs individuels. Dans un second temps, comme nous faisons partie de la communauté, ce bien rejaillira d’une certaine manière sur nous.
Face à l’avancée des sciences et à leur impact sur l’humain, est-ce que la vérité d’hier est celle de demain ?
Il faut distinguer la vérité de notre saisie de la vérité. La vérité est universelle, elle vaut en tout temps et pour tous, mais notre compréhension change et doit s’approfondir. Cela vaut tant pour la philosophie ou la théologie que pour les sciences exactes qui se comprennent toujours « en l’état actuel de nos connaissances ». Donc les contextes changent, mais le questionnement fondamental, de ce qu’est l’homme et de son rapport au monde, demeure le même depuis toujours et ne
changera pas.
Dans ces domaines, les pratiques devancent bien souvent les normes qui permettent de les juger. La bioéthique a-t-elle un temps de retard ?
(Rires) Le rôle de la bioéthique est de mettre des garde-fous à la recherche. Souvent, nous intervenons après les découvertes, car la science évolue rapidement, mais il y a des questions que nous pouvons prévoir. La modification de l’ADN humain, par exemple, risque d’avoir des conséquences irréversibles et nous devons anticiper les problèmes pour mettre des limites claires à la recherche.
La bioéthique qui s’est imposée est de nature déontologique et juridique. Peut-elle faire face à des enjeux d’ordre anthropologiques, voire métaphysiques ?
La traduction pratique de la bioéthique se fait dans la loi. Cela dit, le droit fixe ce qui est légal, pas ce qui est juste. Il est important de défendre des valeurs humaines comme la défense du plus faible. Face aux questions bioéthiques qui concernent les limites de la vie, l’aspect juridique ne suffit pas, car la dimension spirituelle de l’homme resurgit inévitablement. Il y a par exemple aujourd’hui un fort tabou de la mort, qui est abstraite, statistique, chiffrée. On parle peu de sa propre mort comme d’une réalité. Il est pourtant essentiel de l’anticiper, pas seulement administrativement, mais surtout sous l’aspect humain et spirituel.
Autour de la vie humaine
La Commission de bioéthique des évêques suisses se penche sur toutes les questions touchant à la vie humaine. Des thématiques telles que le consentement présumé dans le don d’organes, le diagnostic préimplantatoire, l’euthanasie, l’expérimentation animale et humaine, le suicide assisté ou encore la procréation médicalement assistée ont été abordées.
Biographie express
Docteur en philosophie et éthicien, Stève Bobillier est aujourd’hui professeur au Collège Saint-Michel (FR) et membre de la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses (CES). Cette dernière officie en tant qu’organe consultatif de l’Assemblée des évêques ou de l’Etat. Composée d’éthiciens, de philosophes, de médecins, de juristes et de théologiens, la commission propose des éclairages sur toutes les thématiques entourant la vie humaine.

Notre belle ville ! Et nous, dans cette ville ?
Nous avons voulu, l’an passé, en Eglise, marquer pour la première fois, le mois de septembre comme «mois de la Création». Cela avait pris la forme de quelques «Chemins de traverse», sur Martigny et les alentours. Nous sommes tout motivés à récidiver cette année avec une proposition encore plus singulière! C’est que, au fil des mois, c’est une sorte de rêve qui a pris forme et qui pourrait, avec vous tous, devenir réalité!
« Une personnalité libre »
PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : VATICAN.NEWS
« Nous ne sommes plus en chrétienté, nous ne le sommes plus ! Nous ne sommes plus les seuls aujourd’hui à produire la culture, ni les premiers, ni les plus écoutés », dixit François à la Curie Romaine en décembre 2019 !
Et cela vaut aussi pour les écoles catholiques : le 29 mars dernier, la Congrégation pour l’Education catholique (et les universités) a publié une instruction sur l’identité d’une école catholique aujourd’hui. Et le constat est clair : « L’identité [catholique] n’est pas une notion défensive, selon le préfet du dicastère, le cardinal Versaldi, mais une notion proactive. Dans le sens où nous avons certaines valeurs que nous proposons et n’imposons à personne, aussi parce que ce n’est pas nous qui choisissons les élèves dans nos écoles, mais ce sont les élèves et les familles qui choisissent nos écoles. »
Dialogue
Former des élèves à avoir une attention à la personne et aux plus faibles spécialement, voilà le trait caractéristique d’une école catholique ! On est loin de l’esprit de croisades ou du « entre-soi » face au « méchant monde »… L’instruction précise le devoir de telles écoles : « Un jeune doit se sentir accompagné, non pas dans un climat de sévérité ou de scientificité, mais par des personnes qui respectent, proposent, corrigent et permettent l’émergence d’une personnalité libre, en tant que citoyen et en tant que chrétien. » Et cela doit aussi concerner les enseignants !
De « Education » à « Culture »
La marque du changement est également notoire dans le cadre de la réforme de la Curie romaine acté par sa nouvelle constitution Praedicate Evangelium : désormais, le dicastère se nomme « de la culture et de l’éducation », rassemblant deux anciennes entités datant respectivement du Concile Vatican II (le conseil pour la culture) et du XIXe siècle (congrégation des universités).
Ce furent les Papes qui soutinrent les premières académies (Bologne, Paris, Oxford…) depuis le XIe siècle et donc formèrent la culture européenne pendant des siècles. Désormais, Rome propose de développer les valeurs humaines selon l’anthropologie chrétienne… et dans le contexte du monde contemporain : « Nous n’y sommes plus les premiers à produire de la culture », alors cultivons modestement !
Oh le beau mois de… septembre !
Votre curé ne se trouve certes pas complètement, mais assez largement tenu à l’écart de l’activité pastorale, pour se concentrer sur sa santé probablement jusqu’à Noël et particulièrement une semaine sur deux où il «digère» les effets secondaires de sa chimiothérapie.
Vitrail de Cingria…
… église de Saint-Joseph (Rolle)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER
Le vitrail de Cingria qui se trouve dans l’église de Rolle nous invite à nous pencher sur l’histoire du diocèse de Lausanne. L’artiste a représenté : Notre-Dame de Lausanne entourée par deux saints évêques, Marius et Amédée.
Les deux saints apparaissent comme des statues, sur des socles portant leur nom.
Saint Marius (à droite) vit au VIe siècle. Il semble qu’il entre très jeune à l’abbaye de Saint-Symphorien à Autun. C’est saint Gontran, le Roi des Burgondes, qui le choisit pour devenir évêque. Marius vit sa mission avec humilité et ascèse. Il s’engage particulièrement auprès des plus pauvres. Il est aussi l’auteur d’une chronique universelle.
A l’époque, l’évêque réside dans la capitale de l’Helvétie : Aventicum (Avenches). Il aurait transféré le siège épiscopal à Lausanne.
A sa mort, il est canonisé par la population, ce qui était la pratique à l’époque.
Il est représenté ici avec la crosse à la main et la mitre à ses pieds (un signe de sa piété et de son humilité ?).
Saint Amédée de Lausanne (à gauche) vit au XIIe siècle. Il entre chez les cisterciens. Il est ici représenté avec un vêtement brun qui pourrait rappeler l’habit monastique. Jusqu’en 1335, la tenue des cisterciens se devait simplement d’être en laine non teinte. Les couleurs variaient donc entre l’écru, le gris et le brun.
Amédée est envoyé au monastère d’Hautecombe qui traverse une période de troubles. La réputation du moine est telle que la population de la ville de Lausanne le choisit comme évêque lorsque le siège devient vacant. Amédée refuse plusieurs fois, mais le Pape confirme son élection.
Dans la partie haute du vitrail, la Vierge Marie tient dans une main un calice et dans l’autre Jésus en train de lire. Est-ce une façon d’indiquer que le Christ est présent dans l’Eucharistie et dans la Parole ?
Le médaillon au-dessus de la tête de la Vierge porte l’inscription « Electa ut sol » : éclatante comme le soleil. Elle provient d’un hymne chanté à l’Assomption, lui-même issu du Cantique des Cantiques (Cant. 6, 10).
Suivre mon chemin
Mais qui peut bien se cacher derrière les colonnes du journal local «Le Carrefour»? Me poser la question ne m’a pas suffi: une rencontre s’est imposée. Damien Rapalli est le rédacteur du «Carrefour» depuis août 2021. Nous nous sommes rencontrés à la suite de sa demande d’interview. Il souhaitait que je lui parle du Carême! Et voici que, saisissant la balle au bond, j’en profite pour vous le présenter aussi.
PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL TORNAY | PHOTOS : DR

Damien a 26 ans et vit à Vétroz. Son patronyme trahit ses liens forts avec la Toscane. Damien a terminé ses études de Lettres à l’Université début 2021. Depuis longtemps déjà, le sport – spécialement le football – et la plume sont ses deux violons d’Ingres. Jeune homme affable et ouvert, il rédige actuellement non seulement pour « Le Carrefour », mais aussi pour la fameuse « Gazette des Reines ». Il lorgne sérieusement sur Le Nouvelliste qui serait pour lui une belle ouverture s’il pouvait décrocher un poste de stagiaire.
Comment est venue cette fougue pour la plume ?
En réalité, c’est devenir enseignant qui me bottait. Mais au fond, la petite voix du journalisme m’appelait plus fort. Les études, c’est nécessaire, mais ça me sature aussi assez vite. Ce qui me plaît davantage, c’est le terrain, la rencontre… le plus souvent avec des gens que je n’aurais jamais rencontré sans l’ancrage micro-local des journaux pour lesquels je rédige. C’est un job qui m’ouvre des horizons nouveaux. Il me permet de vivre une foule de situations différentes et il me met en contact avec des milieux étonnants.
En plus de pouvoir fonder une famille, un de mes rêves serait d’écrire un livre. Plus jeune, j’avais écrit un recueil de nouvelles que j’ai laissé dans un tiroir. Il me faudrait reprendre tout ça sérieusement.
Une famille ?
Oui, à 26 ans, ce désir est bien présent. J’espère pouvoir le concrétiser bientôt. Vous savez, une famille ça donne un sens à l’existence. C’est la perpétuation de la vie.
Et le Carême ?
Oui, je ne sais pas trop d’où m’est venu ce désir de vivre plus profondément le Carême cette année. Après 10 ans de rupture, je me suis dit qu’y revenir, ça pourrait me faire du bien. C’est aussi pour cela que je vous ai appelé pour une interview à ce sujet. Je trouve que les aspects religieux ont aussi leur place dans les colonnes des journaux locaux. Lorsque je disais à des amis que je voulais approfondir le sens du Carême, évidemment j’avais droit à des moqueries : « Tu crois encore à ces conneries. » Peu importe à mon sens, je suis mon chemin.
Et Dieu dans tout ça ?
Après la crise de foi de l’adolescence, j’avais envie de connaître, mais je remettais en question mes croyances. Je me disais : « Dieu n’est pas au ciel ! » Aujourd’hui c’est vrai que je ne prends pas le temps de m’adresser à lui. Les interactions entre la foi et la raison me questionnent. Si souvent, c’est lorsque l’on se retrouve dans une impasse ou une situation dramatique qu’on se met à prier. Je pense que la foi, ça donne un sens à l’existence, mais pour le moment je laisse tout aller. J’arrose de temps et temps et j’espère que ça pourra tout de même pousser…
